Chinese matter !

 

                         Le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, lors de sa conférence de presse.

 

L'annonce de Thierry Breton est salutaire. Le commissaire européen au Marché intérieur est trop souvent bien seul à tirer la sonnette d'alarme. Ses déclarations montrent (en ombres chinoises) le retard pris par les Européens dans la production d'équipements de télécommunication de la 5G (entre autres) et dans la prise de conscience de la menace que fait peser la Chine et ses bras armés industriels sur notre indépendance technologique, sécuritaire et politique. Trop d'Etat européens continuent "à coopérer" ainsi avec une hyper-puissance qui cherche à nous soumettre, à neutraliser individuellement nos pays; chaque nation européenne étant traitée séparément de sorte à fragiliser, fragmenter et empêcher la constitution d'un front commun à l'échelle de l'Union européenne. La souveraineté du continent européen, qui n'est pas un vain concept, mais un objectif impératif, ne passe pas par de belles paroles. Elle passe par des actes de solidarité, de régulation et de protection - osons le mot - face aux ogres militaires, économiques et idéologiques à l'affût de nos faiblesses.

 

  La menace technologique, sécuritaire et politique chinoise !                            

"La Commission européenne durcit le ton contre les équipementiers télécoms chinois Huawei et ZTE. Dans une communication adoptée le 15 juin, Bruxelles "souligne ses vives inquiétudes quant aux risques que certains fournisseurs d’équipements de communication pour réseaux mobiles font peser sur la sécurité de l’Union". Elle cite nommément les deux groupes chinois, ce qu’elle n’avait encore jamais fait dans ses précédentes décisions sur le sujet. Selon la Commission, Huawei et ZTE "représentent des risques matériellement plus élevés que d’autres fournisseurs de 5G".

 

Lors d’une conférence de presse, Thierry Breton, le commissaire européen au Marché intérieur, qui avait envoyé quelques signaux ces dernières semaines sur le sujet, a donc appelé "tous les Etats membres et les opérateurs de télécommunications à prendre les mesures nécessaires sans plus attendre" pour bannir de leurs réseaux les matériels Huawei et ZTE.

 

La Commission appliquera la mesure pour elle-même : elle va demander à tous ses fournisseurs de télécommunications de ne plus utiliser les équipements des deux groupes chinois, y compris dans toutes ses représentations nationales, ce qui pourrait avoir un effet d’entraînement auprès d’autres institutions, espère Bruxelles.

 

Pourquoi ce coup de sang contre les équipementiers chinois ? Aucun événement récent n’est à l’origine de cette décision, assure-t-on à Bruxelles, où l’on dit avoir identifié depuis longtemps les risques pour la sécurité posés par la présence de matériel étranger dans les télécoms, en particulier dans les cœurs de réseaux, là où le risque d’interceptions à des fins d’espionnage est le plus élevé.

 

En octobre 2020, le Conseil de l’Union européenne avait appelé les Etats membres à mettre en œuvre les recommandations énoncées dans la boîte à outils sur la cybersécurité de la 5G (EU Toolbox), dévoilée en janvier de la même année par le groupe de coopération des autorités de cybersécurité, la Commission et l’Agence de l’Union européenne pour la cybersécurité (Enisa).

 

Depuis, Bruxelles s’inquiète du retard pris dans l’application de cette boîte à outils, d’où son insistance. Selon un rapport remis le 15 juin, 24 Etats membres ont adopté ou préparent une législation interdisant les équipementiers télécoms de pays jugés à risque pour la sécurité. Mais seulement dix d’entre eux appliquent réellement des mesures de restriction.

 

La France fait partie de ceux-ci. Huawei et ZTE ne sont pas formellement bannis de l’Hexagone. Mais depuis la loi d’août 2019, dite 5G, "visant à préserver les intérêts de la défense et de la sécurité nationale de la France dans le cadre de l’exploitation des réseaux radioélectriques mobiles", les opérateurs français doivent obtenir une autorisation de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) pour pouvoir installer un équipement d’un fournisseur non communautaire, ce qui revient dans les faits à interdire des matériels Huawei et ZTE dans les parties les plus sensibles de leurs réseaux. Le Portugal est le dernier pays européen à avoir adopté en mai une loi "anti-Huawei".

 

En durcissant le ton, la Commission européenne vise surtout l’Allemagne, seul grand pays européen à ne pas avoir pris de mesures contre les équipementiers télécoms chinois. Deutsche Telekom, plus grand opérateur du pays, continue d’utiliser Huawei. "Thierry Breton a abordé le sujet lors du conseil sur les télécoms organisé le 2 juin à Luxembourg et s’est montré très ferme avec Timotheus Höttges, le directeur général de Deutsche Telekom", assure-t-on à la Commission.

 

A Bruxelles, on se défend de durcir le ton à la demande des Etats-Unis, où Huawei et ZTE sont bannis depuis plusieurs années. "Il n’y a aucun suivisme, la boîte à outils date de 2020 et tout se fait dans un cadre uniquement européen", explique une source. Elle souligne que cette communication contre les équipementiers télécoms suit celle récemment prise à l’encontre de TikTok, le réseau social chinois, banni depuis le mois de février des téléphones mobiles du personnel de la Commission.

                                                            " Le Monde, le 16 juin 2016. 

       

         La grande marche de la dictature chinoise !

 

                  Le Président chinois, Xi Jinping, s'inscrit dans une longue lignée impériale et nationaliste.

  

 

   Une nouvelle fois, Emmanuel Macron affaiblit l'Occident

       dans sa confrontation avec les régimes despotiques !

 

 

La visite à Pékin de quatre jours, du 05 au 08 avril, du président français fut une bonne surprise pour le président chinois Xi Jinping. Les déclarations d'Emmanuel Macron dans l'avion de retour vers Paris sur l'équidistance - même si il n'a pas prononcé le mot - de la France entre les Etats-Unis et la Chine, deux hyper-puissances en confrontation directe depuis plusieurs années, ont enchanté le régime despotique de Pékin et fortement inquiété les alliés des démocraties américaine et européennes.

 

C'est peu dire qu'à Washington, tant du côté démocrate que républicain, la prise de distance française avec l'allié stratégique américain a été très mal vécue. L'Elysée se défend aujourd'hui d'avoir indiqué sa volonté de s'éloigner des Etats-Unis, à l'heure où ces derniers intensifient leurs efforts militaires à l'Ukraine, victime d'une agression sans précédent en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

 

Au-delà de l'intense compétition technologique et économique entre Pékin et Washington, le sujet brûlant qui cristallise les relations entre les deux mastodontes mondiaux se situe à Taïwan; île indépendante non-reconnue par les instances internationales, à quelque 120 kilomètres de la côte sud-est chinoise et considérée par Xi et le parti communiste comme faisant pleinement partie de la Chine. 

 

La tension ne cesse de croître entre les deux capitales, avec, d'un côté comme de l'autre, la volonté affichée de montrer ses muscles. Pour l'une, en soutenant ouvertement le régime de Taïpei dans son rapport de force avec Pékin. Pour l'autre, en signifiant au monde que, "tôt ou tard", Taïwan rentrera dans le giron de la mère patrie, que ce soit par des moyens pacifiques ou par la guerre. Des exercices militaires d'intimidation à l'égard de l'île succèdent au visites entre dirigeants taïwanais et américains.  

La présence de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, aux côtés d'Emmanuel Macron avait pour ambition de montrer aux Chinois que l'Europe des 27 parlait aussi au travers les propos du président français. Mal lui en a pris. La représentante de l'Union européenne n'a pas caché le fossé et les défis qui séparaient la vision chinoise de l'ordre international, qu'elle entend briser à son profit, de celle des Européens, soucieux de préserver une certaine stabilité. Dans le même temps, l'hôte de l'Elysée s'est attaché à séduire le président Xi, en lui susurrant, certes à distance, que "l'autonomie stratégique européenne" par rapport aux Etats-Unis, point central de la souveraineté de l'Europe aux yeux du président français, passait avant tout alignement de Bruxelles sur Washington.

 

Autrement dit, l'Europe n'est suiviste de personne. Très bien, mais les dégâts d'un tel positionnement à un moment particulier de l'Histoire sont là et bien là. Aux Etats-Unis comme en Europe, chez de nombreux alliés, de Berlin (*) à Kiev en passant par Varsovie et ailleurs, la déclaration macronienne, c'est le moins que l'on puisse en dire, n'a pas du tout été appréciée. Comment comprendre une sortie aussi hasardeuse que déloyale de la part d'un membre important de l'Otan, à l'heure où le soutien massif financier et militaire américain à l'Ukraine fait la différence sur le territoire européen ? Sans Washington, à coup sûr, Kiev serait désormais russe, sans Washington, l'Europe serait davantage dépendante de Pékin. Nous ne sommes plus sous Mao Zedong, de Gaulle et Nixon, où la main tendue et  la diplomatie du ping-pong étaient bienvenues; la Chine ne s'était pas encore "réveillée" ...

 

A tout le moins, il s'agit de la part d'Emmanuel Macron d'une nouvelle déclaration maladroite, déplacée, pour tout dire, incompréhensible. La solidarité entre alliés ne peut fonctionner que dans les deux sens, c'est ce que d'aucuns Outre-Atlantique et en Europe ont immédiatement signifié à Paris. Le sous-entendu est clair: si les propos du président français reflètent la position de l'Union européenne, alors les Européens devront se passer à l'avenir de l'aide américaine à l'Ukraine, c'est-à-dire en réalité à l'Europe. Décidément, le président français a un problème avec ses propos hasardeux comme avec le timing de leur diffusion. Sait-il que sa marche solitaire est contre-productive en Europe ?  

 

Après ses mamours de la honte à Vladimir Poutine, sur "il ne faut pas humilier la Russie" et "il faut donner à la Russie des garanties de sécurité", Emmanuel Macron caresse Xi Jinping dans le sens du poil. Le nouvel empereur chinois adore ça. Est-ce que des contrats commerciaux juteux ou pas et un égo surdimensionné valent ce que certains qualifient de coup porté à l'unité des alliés occidentaux ?

 

Quoi qu'il en soit, la diplomatie française aura fort à faire auprès de ses alliés américains et européens pour rattraper le coup. Non, à l'évidence, quand Emmanuel Macron parle au maître de la Chine comme au dictateur russe, il ne s'exprime pas au non des 27. Au contraire, il sublime, comme à satiété, son isolement sur la scène internationale. Il souligne une solitude toute marmoréenne tant à l'intérieur de la France qu'à l'extérieur. A force de se singulariser, il sortira de la grande Histoire par la petite porte, lui qui se donne des airs gaulliens sans comprendre que l'époque a changé.   

 

Car on ne peut pas d'un côté demander la solidarité incontournable des Etats-Unis sur le Vieux Continent et de l'autre, leur refuser, par principe doctrinaire aujourd'hui hors sol, la même solidarité dans leur confrontation avec la Chine. La désescalade, concept si cher à Emmanuel Macron, lui sert de cache-sexe à son impuissance, qu'il vit de plus en plus mal à l'évidence. Mais à qui la faute ?

 

Les Européens ne pourrons échapper au choix final de savoir de quel côté ils penchent. Ici, malgré de nombreuses critiques que nous pouvons faire aux Américains, nous savons ce que l'Europe doit aux Etats-Unis, hier et aujourd'hui, demain sans doute, et il n'est pas question pour nous de participer de quelle que manière que ce soit à l'affaiblissement systémique de l'Alliance atlantique.

 

Une légitime et nécessaire souveraineté européenne, encore à construire, ne pourra s'édifier sur le cadavre transatlantique. Ce serait un scénario catastrophique, qui ne manquerait pas de favoriser à la fois la marginalisation stratégique de l'Occident et la montée en puissance d'une Chine impériale aux ambitions démesurées et de vassaux régionaux comme il se doit soumis. Le 11 avril 2023.

 

(*) L'Allemagne n'a aucune leçon à donner en matière de dépendance et de complaisance à l'égard de la Chine et, jusqu'à récemment, à l'égard de la Russie. Le chancelier Olaf Sholtz s'est rendu à Pékin en novembre dernier à la tête d'une délégation d'investisseurs et d'industriels impressionnante. Il s'est bien gardé de déclarations tonitruantes - ce n'est pas le genre de la maison - mais n'en a pas moins ciré les pompes du président Xi Jinping; des contrats commerciaux et économiques sonnants et trébuchants méritent bien d'avaler orgueil et critiques d'un Etat chinois inquiétant et totalitaire. Quant aux relations avec la Russie, Berlin a été l'acteur le plus enthousiaste pour un "partenariat" énergétique et industriel sans aucune comparaison dans le monde avec Moscou. L'ancien chancelier Gerhard Schröder, dès son départ du pouvoir et après avoir signé le fameux contrat gazier Nord Stream 1, s'est empressé d'intégrer la nomenklatura russe au sein des conseils d'administration de Gazprom et de Rosneft. Angela Merkel, en bonne chancelière, en a rajouté une couche avec la signature du contrat Nord Stream 2 ou comment mettre toute l'économie allemande dans les mains du maître du Kremlin. Il aura fallu de longs mois après l'agression russe de l'Ukraine, le 24 février 2022, pour que l'affairiste Schröder accepte de démissionner de ses mandats très lucratifs offerts par "son ami" Vladimir Poutine, en remerciement pour services rendus ...

 

    

                             La Chine, juge et partie,

             n’est pas crédible pour jouer l'ombudsman !

 

La guerre russe contre l’Ukraine a un an. Cela fait long pour tout le monde, surtout pour le peuple ukrainien. La Chine, qui ne cesse d’agir depuis une vingtaine d'années comme la contre-puissance des Etats-Unis par excellence, a proposé récemment un "Plan de paix" en 12 points. C'est un véritable catalogue de bonnes et beaucoup moins bonnes intentions, qui dissimule mal un affichage de communication et une hypocrisie politique majeure. Voyons cela de plus près. 

 

Quelles sont ces intentions ?

1 - Respect de la souveraineté

2- Fin de la logique des blocs

3 - Cessation des combats

4- Reprise des pourparlers de paix

5- Solution à la crise humanitaire

6- Protection des civils et des prisonniers de guerre

7- Sécurité des centrales nucléaires

8- Pas d’escalade nucléaire

9- Exportation facilitée des céréales 

10- Fin des sanctions

11- Stabilité économique

12- Reconstruction

 

Ce "Plan de paix" chinois commence bien, avec le rappel du principe international de respecter la souveraineté des Etats à laquelle Pékin semble particulièrement tenir. Sauf que le président Xi Jinping n’a pas dit un mot jusqu’ici pour condamner la violation des frontières de l’Ukraine et les crimes de guerre de la Russie. La fin des blocs ? Certainement. Mais là encore, la Chine fait tout pour maintenir et accroître la logique d’affrontement qu'elle entretient savamment avec les Etats-Unis. La cessation des combats ? Très bien. Mais si c’est pour geler l’occupation illégale de 18% du territoire ukrainien par la Russie, ce point est alors une pure provocation. Il ne pourra y avoir de reprise des pourparlers qu’à partir du moment où Poutine acceptera de retirer son armée d’Ukraine. Jamais le peuple ukrainien et son président ainsi que la grande majorité des pays qui soutiennent Kiev n’accepteront d’ouvrir des négociations de paix sur base d’une situation figée qui fait la part belle à Moscou. Il ne pourra y avoir de "solution à la crise humanitaire" tant que la Russie frappera les infrastructures et les immeubles d’habitation ukrainiens. La protection des civils et des prisonniers ? Il faut demander au petit Tsar de renoncer à broyer chaque jour des vies ukrainiennes. La sécurité des centrales nucléaires passe par le retrait des militaires russes de la centrale de Zaporijia, qu’ils occupent et menacent à tout moment de faire sauter. Quant à "l’escalade nucléaire", qui d’autre que Poutine et ses sbires ne cessent de vouloir terroriser à intervalles réguliers les opinions publiques européennes et mondiales d’une apocalypse nucléaire ? L’exportation des céréales, pour l’heure, ne semble plus poser trop de problème. Elles assurent ainsi l’approvisionnement en nourriture des populations africaines et asiatiques. Pour la "fin des sanctions", on croit rêver. A nouveau, Pékin vient au secours de son allié russe, qui, très, trop progressivement subit l’étranglement financier et économique des sanctions occidentales. C’est un aveu tout de même qu’elles commencent à produire leurs effets. Qui d’autre que la Russie déstabilise l’économie mondiale et le commerce international ? Il faudrait que la Chine fasse pression sur ses amis russes pour qu’ils cessent séance tenante leur agression et se retirent d’Ukraine. Peine perdue, bien sûr. Enfin, la reconstruction sera bien évidemment un jour à l’agenda de la communauté internationale. L’Union européenne s'y prépare activement et complète chaque mois le dossier de son colossal financement. En attendant, du point de vue chinois, ce point n’est là que pour faire bonne figure et n’apporte rien à la solution du conflit, pas même un premier yuan. En conclusion, le plan de paix de la Chine sert avant tout sa diplomatie. L'objectif est de positionner Pékin sur la scène internationale comme une puissance "faiseuse de paix" et faire oublier sa complicité avec Moscou. C'est de la communication et de l'hypocrisie. Comment la Chine pourrait-elle se prévaloir d’une quelconque neutralité, dès lors qu’elle exprime clairement depuis un an sa solidarité avec le Kremlin, quand elle n'est pas au bord de lui fournir des armes ? Juge et partie, la Chine n’est tout simplement pas crédible pour jouer l’ombudsman, le facilitateur ou le conciliateur. Le 1er mars 2023.  

         

             >Quand la Chine se révoltera !  

                                 A Shanghai, comme ailleurs, la foule brandit la page blanche, symbole de la privation de liberté.  

 

Tout le monde se souvient de l’essai d’Alain Peyrefitte, « Quand la Chine s’éveillera … le monde tremblera », publié en 1973, qui annonçait, quarante ans en avance, le réveil politique et économique de Pékin. Pendant des siècles, voire davantage, « l’empire du milieu » a été gouverné et administré dans un relatif isolement, comme indifférent plus qu’ignorant aux évolutions du monde. Ce qui ne l’empêcha pas d’oeuvrer au profitable commerce de la soie. 

 

Avec Mao Zedong (1949/1976) et son communisme révolutionnaire, il s’est agi d’unifier les territoires éparses revendiqués comme historiquement chinois, dont le malheureux Tibet, et d’imposer au peuple, très majoritairement paysan, par l’endoctrinement et la répression, un mode de pensée unique (la révolution culturelle des années ’60 a fait au bas mot plus d’une centaine de millions de victimes). L’objectif était aussi d’imposer l'Etat chinois sur la scène internationale comme interlocuteur incontournable, particulièrement vis-à-vis des Etats-Unis, déjà perçus dans les années ’70 comme une menace idéologique et ontologique. Ce fut la stratégie des rencontres sino-américaines de ping-pong et la première visite d’un président américain à Pékin, Richard Nixon, le 21 février 1972, reçu par le président Mao avec les égards protocolaires.   

 

Des années plus tard, avec l’arrivée au pouvoir de Deng Xiaoping, (1978/1989), son mot d’ordre était la prospérité mais sans … la liberté. L’idée était de transformer radicalement la structure socio-économique de la Chine, en faisant passer les secteurs économiques et de services en priorité. Ainsi, à l’orée des années 2000, on vit apparaître et se développer considérablement une classe moyenne avide de consommation et de confort, classe sociale estimée aujourd’hui à plus ou moins 500 millions de personnes sur un total d’1, 412 milliard (chiffres 2021).

 

Entre 2010 et 2020, la Chine est devenue la principale entreprise de production du monde et a vu ses villages et ses cités traditionnelles remplacés par des conurbations gigantesques. Les buildings chinois ont alors poussé comme des champignons, créant au passage une bulle spéculative aux conséquences dramatiques pour des millions d'acheteurs, privés de leurs appartements.

 

Dans un premier temps, période qui n’est pas close, les industriels et les commerçants ont ouvertement joué la compétitivité par les prix. Ensuite, une fois en capacité de dominer les marchés et de maîtriser les process technologiques, ils ont misé sur la montée en gamme des produits et marchandises de pointe, le plus souvent acquis grâce à l'espionnage industriel et l'achat des savoirs-faire occidentaux.  

 

Il faut bien le reconnaître, les Etats-Unis et l’Union européenne n’y ont vu que du feu et ne se sont pas méfiés. Ils s’en mordent les doigts et  réagissent moins naïvement en tentant de rééquilibrer les rapports de force. Ces succès socio-économiques sont le fruit incontestable de l’ensemencement du pondéré et "sage" Deng.

 

En 2012, la roue tourne, avec l’accession au poste de président et patron du parti de Xi Jinping. Son ambition est à la mesure de sa détermination, lui qui vient d’être réélu, en octobre dernier, par le XXème congrès du parti communiste pour une période de 5 ans. Sans doute plus si tout va bien ...

 

Pourquoi ? Parce que cet homme est avant tout un apparatchik impitoyable et visionnaire, doublé d’un nationaliste obsessionnel. A ses yeux, l’économie et le bien-être des populations passent après le pouvoir absolu, après le maintien d’un régime tout entier voué à la puissance d’une Chine sans complexe et conquérante. Pour ce faire, M. Xi s’appuie sur une architecture organisationnelle verticalisée à outrance, sur un parti caporalisé et à son service exclusif, comme à la "belle époque" de Mao, à l’intérieur, sur une police politique intraitable avec la moindre déviance (sorte de gardes rouges reconstitués), sur un système technologique de surveillance et de fichage orwelien, et, à l’extérieur, sur des forces armées renforcées et menaçantes. En mer de Chine, et même au-delà, sur l'ensemble extrême-oriental, les intentions sont clairement affichées. L’armée chinoise est la deuxième du monde, derrière celle des Etats-Unis, dotée de capacités projectives impressionnantes. 

 

Avec la crise du covid, en 2020, qui a éclaté, rappelons-le, dans la ville de Wuhan, capitale de la province du Hubei, sans que l’on sache toujours aujourd’hui l’origine précise de la diffusion du virus, un (gros) grain de sable s’est immiscé dans les rouages de la machine répressive chinoise. L’autocrate Xi a décidé, d’une part, d’imposer à la nation tout entière l’objectif sanitaire du zéro covid, d’autre part, de tourner le dos à une vaccination généralisée de la population, exposant particulièrement les personnes âgées et celles atteintes de comorbidité. Il y a bien eu un vaccin chinois, le Sinovac, mais son administration est demeurée marginale et son efficacité problématique. Ajouter à cela, le refus du gouvernement d’importer le vaccin américain Pfizer, pourtant performant, et vous aurez là le tableau de l’état sanitaire catastrophique du peuple chinois face à la pandémie. 

 

Car une fois la politique du zéro covid imposée dans tout le pays, dans les villes aux des dizaines de millions d’habitants vivent, avec une immunité collective quasi inexistante, le pouvoir chinois s’est enfermé lui-même dans une gouvernance de la crise plus que jamais totalitaire. Elle prive en effet les citoyens et les résidents étrangers de toute liberté de circulation et d'expression, dans beaucoup de cas, les prive aussi de travailler. Dès lors qu’une seule détection de covid ou de cas contact est signalée, c’est le bouclage des immeubles d’habitation et des usines. Ainsi, des centaines de millions d’habitants sont depuis près de trois ans soumis à un contrôle et un enfermement policiers devenus insupportables aux yeux des masses urbaines chinoises.

 

Dix personnes sont mortes et neuf autres ont été blessées dans un incendie à Urumqui, capitale régionale du Xinjiang, prisonnières dans leur immeuble d'habitation qui avait été bouclé par les forces de l'ordre au nom du dogme du zéro covid. Les pompiers n'ont pu intervenir que tardivement ... Ce drame a été l'un des catalyseurs des émeutes dans tout le pays.  

 

Plus largement, de très nombreuses manifestations, inédites depuis la place Tien am Men, se sont emparées des grandes villes chinoises ces derniers mois et semaines. Les manifestants n’hésitent plus à mettre directement en cause Xi Jinping lui-même, chose impensable jusqu'à récemment. Selon de nombreux témoignages, beaucoup disent préférer la prison d'Etat ou la mort à la privation de libertés. 

 

De la Chine à la Russie, dans une moindre mesure pour celle-ci, en passant par l’Iran, on voit les peuples se réveiller et qui refuser la dictature. Les tyrans et leurs porte-paroles auront beau dire que l’Occident est à la manoeuvre; rien n’entamera l’espoir et la volonté des gens de vouloir respirer librement et de se saisir des moyens pour y parvenir. La liberté n'est pas une valeur exclusivement occidentale, la liberté n'est pas réservée à des privilégiés du droit, la liberté est universelle. 

 

Le temps long a toujours été une donnée de base pour comprendre notamment la grande nation chinoise. Mais quand la Chine se révoltera, certes, le monde tremblera, tant les risques de dérapages et de déstabilisation seront présents. Nous sommes convaincus que le temps de la bascule viendra. Nous y verrons davantage le travail de l'Histoire, tel un déterminisme humaniste en marche. Car, contrairement à ce qu’une certaine pensée conservatrice a laissé croire, autant par peur que par intérêt, nul peuple ne peut être assigné à vie à la privation des libertés. Le 28 novembre 2022.  

 

 

  >La Chine montre ses muscles, le temps est son atout maître ! 

 

Leader maximo de l'extrême gauche française, Jean-Luc Mélenchon, vient d'exprimer en conférence de presse sa compréhension et son soutien à l'opération militaire chinoise autour et au-delà de la ligne de démarcation de Taïwan. Eh bien, qu'il s'exile à Moscou, Pékin ou Caracas, où il vient de passer une partie de ses vacances ... Il y sera reçu en ami. Cet homme a toujours été fasciné par la force, frère en despotisme avec les autocrates communistes ou qu'ils l'ont été, pétris de haine des valeurs des démocraties libérales qu'ils exècrent solidairement. Mélenchon est toxique et dangereux pour l'Etat de droit ! Comment les socialistes et les écologistes ont-ils pu s'embarquer dans sa galère où il n'y a de place que pour sa vision totalitaire ? (*)

 

Ainsi donc la Chine communiste est passée à l'offensive, frustrée et offensée par la visite de 24 heures à Taïwan de la Présidente de la Chambre des représentants américains, Nancy Pelosi. 

 

Avant la prise du pouvoir par la force de Mao Zedong, en 1949, la République chinoise était un régime nationaliste aux mains de Tchang Kaï-chek, aussitôt réfugié à Taïpei, où il est décédé en avril 1975. Aucun Etat démocratique n'a reconnu alors la République populaire de Chine. Ce n'est qu'en janvier 1964 que la France, sous présidence de Charles de Gaulle, trop content de faire un pied de nez à l'allié transatlantique, reconnait le régime stalinien, à la fureur du Président Lyndon B. Johnson. Le Président Richard Nixon, après un travail diplomatique intense d'Henri Kissinger, son Secrétaire d'Etat, reconnait à son tour Pékin en décembre 1978.

 

Après le bloc soviétique, les Occidentaux, par réalisme, se rangent à la raison des rapports de force. Taïwan est alors privée de son statut officiel chinois, perd son siège à l'ONU, mais n'en continue pas moins à échanger économiquement avec la planète entière et à recevoir l'aide financière et militaire de Washington.

 

Depuis 1949, pour les dirigeants communistes chinois, de Mao Zedong, responsable d'une révolution culturelle qui fit au bas mot une centaine de millions de morts, à Xi Jinping, digne héritier du "Grand Timonier", en passant par le réformateur modéré, Deng Xiaopping, il n'y a qu'une Chine; Hongkong et Taïwan, entre autres, doivent se soumettre. Les partisans hongkongais de la démocratie, la plupart du temps issus de la jeunesse estudiantine, se sont révoltés il y a quelques années contre la main-mise et la chape de plomb chinoises sur leur enclave, jusqu'alors libre. La loi chinoise dite "sur la sécurité nationale", criminalise les atteintes au pouvoir de Pékin et viole la constitution de Hongkong en vigueur depuis la rétrocession de la Grande-Bretagne en 1984.

 

Aujourd'hui, Hongkong est "normalisée" et subit la dictature sans grand soubresaut. Les citoyens taïwanais ont été particulièrement touchés par le sort réservé à leurs amis hongkongais. Depuis, l'île ne cesse de renforcer  sensiblement son arsenal militaire avec l'appui des Etats-Unis et d'un certain nombre d'Etats discrets. La menace d'invasion chinoise, appelée "réunification" par Pékin, est prise très au sérieux par les Américains, un peu moins par les Européens, qui voient les tensions actuelles d'un peu loin. Attention tout de même pour eux de laisser croire à la direction chinoise qu'elle a quitus pour imposer à ses voisins sa vision unilatérale et totalitaire. 

 

Avec la montée de la rivalité Chine/Etats-Unis, tous secteurs confondus, le soutien américain à Taïwan est de plus en plus mis à l'épreuve. Le passage éclair de Nancy Pelosi à Taïpei doit donc être compris comme la volonté de Washington de ne pas faillir dans son face à face avec Pékin et de ne pas déstabiliser les alliés du Sud-Est asiatique. Non seulement prouver au peuple taïwanais que la parole des Etats-Unis, mise à mal en juillet 2021, avec leur débâcle en Afghanistan, et un accord bilatéral valent acte et démontrer à tous les Etats de la région leur crédibilité. Ce qui n'empêche pas ces mêmes alliés d'exprimer leur ambarras devant la réaction chinoise suite au passage de Nancy Pelosi à Taïwan. Sur le fond, ils demandent à la Chine de stopper illico son opération.

 

Mais céder au chantage de la Chine eut été aussi interprété à Tokyo, Séoul ou Bangkok, davantage comme une main tremblante, reléguant l'engagement politique fort américain à une posture diplomatique branlante. 

 

Depuis trois jours, Pékin montre donc ses muscles par des exercices aériens et navals à balles réelles autour de Taïwan et même au-delà de la ligne de démarcation entre le continent et l'île. Le Président XI Jinping veut rappeler à ses ennemis et au monde qu'il ne transigera pas avec le principe "une seule Chine". Dans le même temps, il montre la faiblesse de sa fermeté, puisqu'il ne va pas jusqu'à commander à sa puissante armée d'envahir le petit Poucet. Rappelons que celui-ci est le premier exportateur mondial de semi-conducteurs utilisés dans énormément de secteurs électroniques et industriels, dont l'automobile ... 

 

Une telle invasion, à l'aune des grandes difficultés rencontrées par l'allié russe en Ukraine, ne ressemblerait en rien à une sinécure. Tout au contraire. Certes, on peut penser que l'issue d'une guerre "sino-chinoise" serait acquise à Pékin, mais le prix à payer serait très lourd en pertes humaines, destructions mutuelles et dommages politiques et économiques collatéraux. Pour l'heure, la Chine veut imposer à Taïwan un mini blocus, précurseur à ses yeux d'un embargo total sur les exportations et importations de l'île en cas de nouvelle "provocation". 

 

Les actuels dirigeants chinois ne sont pas fous. Ils ripostent comme ils peuvent à l'initiative légitime, faut-il le dire, de la Présidente de la Chambre des représentants américains. Beaucoup de propagande, d'intoxication, de fureur impuissante en mer de Chine, rétorsions et sanctions commerciales. Voilà le présent arsenal à la disposition de la deuxième puissance mondiale.

 

Monsieur Xi ne peut pas aller trop loin. Les Occidentaux, Europe et Etats-Unis en tête, sont les premiers clients de l'hyper-puissance chinoise, dont l'un des piliers stratégiques, ses routes de la soie, son économie, peut s'avérer fragile. Ce qui limite sa force de frappe.

 

La Chine joue la montre, comme toujours, le temps ne lui est pas compté, contrairement à un Occident pressé. Cependant, une année sera à surveiller de près, 2049, centième anniversaire de la fondation de la République populaire. Avec évidemment en point d'orgue, l'ordre dans les rangs et une réunification pleine et entière ...  

 

(*) Au sein de nos démocraties libérales, certains n'ont peur de rien et expriment leur compréhension des manoeuvres militaires musclées chinoises. Il n'y a pas si longtemps, les mêmes, extrêmes droite et gauche réunies, déclaraient leur sympathie au régime despotique russe. Jean-Luc Mélenchon est de ceux-là, vociférant sa fidélité à la violence. L'ambassade de Chine à Paris ne s'y est pas trompée. Elle vient de le remercier publiquement pour sa déclaration et son soutien ... 

                                                                               Le 05 août 20022. 

 

   

                                >L'univers concentrationnaire chinois !

                                              Visages des détenus ouïgours dans le camp d'internement

                                                  de  Konasheher, dans la province du Xinjiang. 

 

Des milliers de documents de la police chinoise, livrés à un chercheur et publiés par des médias internationaux, témoignent de la folie sécuritaire dans les camps d’internement de la minorité musulmane. Comme si l'islam était une  atteinte à la consanguinité des Hans.

 

"Si les élèves n’écoutent pas les consignes, les policiers armés peuvent effectuer des tirs de semonce. Si les élèves ne cèdent pas à la dissuasion, s’ils continuent de faire monter la tension, tentent de s’échapper ou de s’emparer des armes des agents, ceux-ci les tueront."

 

Ainsi va la discipline dans un "centre de formation professionnelle" réservé aux minorités musulmanes, à Shufu, dans la "région autonome ouïgoure" du Xinjiang, en Chine.

 

Datée de 2018, cette "instruction pour éliminer toute perturbation et tentative d’évasion pendant les cours" est extraite d’un lot piraté de quelque 100.000 documents de police, dont une grande part est consacrée à la "transformation éducative" (jiaoyu zhuanhua) des Ouïgours – soit leur enfermement de masse à visée de "rééducation", au sens du Parti communiste chinois (PCC).

 

Les documents – plusieurs milliers de fichiers informatiques de 2000 à 2018, 452 registres contenant plus de 20.000 noms de Ouïgours arrêtés, d’innombrables instructions, briefings et rapports de travail des policiers – sont extraits des ordinateurs du bureau de la sécurité publique (BSP) de deux districts, Konasheher – Shufu en mandarin –, dans la préfecture de Kachgar, et Tekes, dans celle d’Ili.

 

Souvent rédigés dans un langage bureaucratique et abstrait, les documents décrivent, de l’intérieur, l’organisation armée et coercitive des nouveaux camps dits de "formation professionnelle", ainsi que le déploiement des forces de police sur le terrain. Soit la mise en œuvre concrète de l’appareil sécuritaire destiné à "stabiliser" le Xinjiang, que le PCC dit menacé par les "séparatistes" musulmans.

 

"Les fichiers internes de Konasheher contiennent les informations personnelles de 286 000 habitants du district, indiquant qu’entre 12,1 % et 12,5 % des adultes des minorités ethniques subissent en 2018 une forme d’internement, en rééducation, en détention ou en prison", établit ainsi M. Zenz, qui publie ses recherches dans le "Journal of the European Association for Chinese Studies".

 

Le nouveau "centre de formation professionnelle" (CFP) de Konasheher détient, alors, 8.000 personnes – dont un registre fournit également toutes les données personnelles. Ce taux de détention considérable dépasse ceux du stalinisme ... Et "il est 64 fois plus élevé que le taux d’emprisonnement national de la Chine", tel que figurant en 2021 dans les données pénitentiaires pour l’Asie de Leander Von Kameke, écrit Adrian Zenz.

 

"J’étais morte de l’intérieur" : une Ouïgoure rescapée des camps de rééducation en Chine témoigne ...

 

En outre, pour la première fois sont publiées quelque 5.000 photos de Ouïgours fichés, âgés de 3 à 94 ans, pour beaucoup des paysans, prises au poste de police ou au centre de rééducation entre janvier et juillet 2018, à Konasheher. Parmi elles, 2.884 internés ont pu être authentifiés avec certitude. Le plus jeune a 15 ans, le plus vieux 73 ans.

 

La Chine qui pousse le monde à l'hyper-consommation de ses produits, biens et services, tout en assumant un protectionnisme rigide à l'égard de ses importations, au-delà de son communisme capitalistique, se ferme comme une huitre. C'est la grande marche de la dictature.  

 

Les faits parlent, les Ouïgours sont persécutés comme le sont et le furent les Tibétains depuis 1950.

 

Xi Jinping profite de la crise sanitaire du covid, dont la Chine est probablement à l'origine, pour rappeler à sa population que si le parti leur a permis d'élever son niveau de vie, cela ne l'autorise pas à jouir des droits fondamentaux pratiqués ailleurs. Faire du business, d'accord, mais sans faiblesse. 

 

Shanghaï, Pékin, d'autres grandes villes, sont soumises depuis de longues semaines à un lockdown total ou partiel. Pour dire les choses, les habitants de ces immenses cités sont assignés à résidence, parfois sans pouvoir se ravitailler, ce qui entraîne, ici et là, des révoltes citoyennes vite réprimées.  Le régime se rappelle à leur bon souvenir en leur imposant une privation des droits élémentaires. Sous nos yeux, l'Empire du Milieu redevient une prison à ciel ouvert. C'est dans sa nature et son histoire. 

 

Il y a 2240 ans, la dynastie Qin entamait  la construction de la Muraille de Chine, afin de protéger sa frontière Nord des invasions  mongoles. Les dynasties Han, Yuan, Ming et Qing ont achevé l'ouvrage sur une longueur de plus de 6000 km. En 2022, le régime communiste de Xi Jinping, fidèle au message stalinien et nationaliste de Mao Zedong, renoue avec le fantasme des menaces étrangères, intérieures et extérieures. Patiemment, les dirigeants chinois ont construit un mur qui sépare chaque jour davantage le monde corseté de leur idéologie totalitaire de l'espace libre d'un Occident honni.  

 

Le maître actuel chinois déploie tous azimuts sa volonté de puissance au travers les routes de la soie, dont l'Europe et l'Afrique font les frais, un communisme de combat, domestique et international, et une présence militaire navale, sous-marine et terrestre intense en Asie-Pacifique. La Chine n'est pas en reste dans les domaines spatial et cyber. Les Etats-Unis, le Japon, la Corée du Sud, l'Australie et le Royaume-Uni se préparent au pire. L'Union européenne, plus circonspecte, tente de trouver un biais avec un partenaire commercial majeur, sans oublier, espérons-le, l'ogre qui se cache derrière.    

 

Alliée de la Corée du Nord et de la Russie - ça en dit long sur ses valeurs - la Chine, nouvelle hyper-puissance à projection mondiale, entend donc régner sans partage sur la région du Sud-Est asiatique. Elle menace directement ses voisins à régime libéral, ne cache rien à la communauté internationale de son objectif d'envahir Taïwan, cette île indépendante depuis la révolution de 1949, qu'elle considère comme partie intégrante de la "grande nation", et entend rivaliser, en les affaiblissant durablement, les Etats-Unis d'Amérique. Quant à l'Europe, puissance économique mais acteur politique et militaire de second plan, il s'agit d'en faire l'idiote utile en la vassalisant. Ce dessein se réalisera-t-il ?   

 

L'impérialisme communiste chinois, orfèvre en propagande et mensonges, ne s'interdit plus rien pour occuper le pouvoir, pour vendre et vomir ses productions manufacturières et ses services; pour imposer un contre-modèle efficace aux démocraties fragiles.

 

Il est urgent que l'Occident en prenne toute la mesure, particulièrement les Européens, bien naïfs jusqu'ici, et s'émancipe d'une dépendance commerciale déséquilibrée et technologique dangereuse à une Chine sans complexe, agressive et conquérante. De quoi faire réfléchir tout un chacun quant aux buts stratégiques, systémiques et géo-politiques d'un Etat communiste qui voue à l'Occident un mépris aussi visible que nuisible. Le 24 mai 2022.