>Fenêtre !

                                                                          De la maison du Lot, il me reste une fenêtre et de beaux souvenirs.

 

Alfred Hitchcock avait une lentille de caméra à la place de l'oeil. Il scrutait les failles humaines et en faisait des abîmes. Dans son écriture cinématographique, un frôlement, un grincement, une anomalie se transformaient en passion, fureur et dérèglement. La peur qu'il instillait en nous venait de l'inattendu dans l'écoulement des jours, des troubles du hasard et de la nécessité dans le plein, soudainement vide, d'existences non préparées au vertige. Observer cette dérive, cette suspension entre deux états, est un art. Le suspense ne se niche-t-il pas dans la maîtrise d'agencer les mots, les images et les sons les uns après les autres, sans que lecteur, spectateur et auditeur ne sachent en contenir l'impact ?  "Fenêtre", focus sur un jour particulier ou pas, du passé comme du présent, n'est qu'une tentative d'en relever les bornes, les empreintes et les stigmates. Chacun regarde l'Autre, sans se rendre compte le plus souvent qu'il est à son tour sous la loupe de voyeurs bienveillants ou non. Le monde est un déséquilibre, une cour intérieure où chacun s'expose et matte. La beauté comme le mal absolu. 

 

 

 

           Israeli police spokesperson. Le véhicule des terroristes au checkpoint des tunnels, à Jérusalem. 

 

                   Des terroristes du Hamas de Cisjordanie

  en route pour perpétrer une attaque d'envergure à Jérusalem !

 

"Quatre policiers et soldats ont été blessés ce jeudi matin, 16 novembre, lors d’un attentat à l’arme à feu au poste de contrôle des tunnels au sud de Jérusalem. Les services de secours du Magen David Adom (équivalent israélien de la Croix Rouge) ont indiqué qu’un jeune homme d’une vingtaine d’années se trouvait dans un état critique. La police a neutralisé les trois terroristes. 

 

Vers 9h 00, heure locale (8h 00 en Europe), quatre terroristes sont arrivés au point de contrôle des tunnels à bord d’un véhicule, en sont descendus et ont ouvert le feu. Plusieurs Israéliens ont été touchés, dont l’un grièvement. Les autres victimes étaient conscientes. Un jeune homme d'une vingtaine d'années, qui a perdu conscience, est dans un état très grave, une jeune femme d'une vingtaine d'années et un homme d'environ 32 ans sont dans un état plus modéré et un jeune homme d'environ 20 ans est légèrement blessé. Trois personnes sont en état de choc.

 

Une source des forces de sécurité a indiqué que les terroristes, dont deux viennent d'Hébron, étaient très bien équipés et qu'ils étaient issus de milices du Hamas en Cisjordanie. "Il s'agit d'un attentat planifié, probablement dirigé par des terroristes de haut rang. Ils envisageaient sûrement de mener une opération plus importante à Jérusalem, mais nous les avons éliminés avant qu'ils ne puissent le faire", a déclaré le chef de la police de la capitale israélienne, Doron Turgeman. 

 

Les terroristes auraient tiré avec un fusil de type M-16 et étaient en possession de plusieurs armes de poing de calibre 9mm. Des haches et des munitions ont été retrouvées dans le véhicule des terroristes suggérant qu’ils préparaient une attaque plus importante. Ils ont tenté d’entrer en territoire israélien depuis la Cisjordanie par le point de contrôle du tunnel en utilisant une fausse plaque d’immatriculation israélienne.

 

Les terroristes ont ouvert le feu que lorsque les forces de sécurité ont voulu contrôler leur véhicule. "Une attaque massive, imitant le massacre dans le sud, a été évitée. Cela a été confirmé tant l'arsenal des assaillants rappelait le massacre du 7 octobre. Les équipements trouvés dans le véhicule des terroristes indiquaient une intention de commettre un drame se déroulant à l'intérieur même de Jérusalem, impliquant un long séjour sur place, éventuellement dans plusieurs lieux", a confirmé un haut responsable de la police.

 

Les forces de sécurité ont passé le secteur au peigne fin et la circulation a été coupée jusqu’à la fin des investigations. Les blessés ont été évacués vers les hôpitaux de la capitale, ont indiqué les services de secours." I24, le 16 novembre 2023.

 

 

                                                         "Israel Defense Forces Spokeperson's UnitInfographie"

                                                        montrant l'utilisation de l'hôpital Shifa par le Hamas.

 

 

             Tsahal offre des incubateurs à l'hôpital Shifa

           pour sauver des bébés mais l'offre est refusée !

 

"L'armée israélienne a annoncé ce 14 novembre avoir proposé à la direction de l'hôpital Shifa de Gaza des incubateurs provenant d'un hôpital israélien, dans le but de sauver des bébés hospitalisés. D'après un enregistrement téléphonique diffusé par l'armée, le directeur de l'hôpital a d'abord accueilli favorablement l'offre et a demandé des respirateurs supplémentaires pour les enfants.

 

Tsahal a indiqué que la proposition avait été rejetée par les autorités palestiniennes, en réalité par le Hamas. En Israël, il a été souligné que cette aide humanitaire était offerte dans le cadre de la politique qui consiste à combattre l'organisation terroriste et non la population civile de Gaza.

 

L'enregistrement d'une conversation diffusée par Tsahal entre un officier supérieur israélien de la Direction de coordination et de liaison à Gaza et le directeur de l'hôpital Shifa révèle la proposition d'aide israélienne. L'officier déclare : "Nous sommes prêts à vous aider à évacuer les enfants et les patients ainsi qu'à fournir des incubateurs que nous placerons à l'entrée de l'hôpital. Est-ce utile pour vous ? " Le directeur répond affirmativement. À la question de l'officier sur la nécessité de 37 incubateurs, le directeur confirme de nouveau. "D'accord, je vais voir ce que je peux faire", répond l'officier, avant de demander si d'autres équipements sont nécessaires. Le directeur mentionne alors le besoin de quatre ventilateurs pour les enfants hospitalisés. Or, cette offre n'a finalement pas été acceptée ... par le Hamas, qui contrôle les faits et gestes des responsables gazaouis des hôpitaux. 

 

L'hôpital Shifa, le plus grand de la bande de Gaza, est devenu un refuge pour des milliers de personnes fuyant les bombardements de l'armée israélienne ces dernières semaines. Tsahal a intensifié sa présence autour de l'hôpital dans le cadre de préparatifs pour une opération visant des hauts responsables du Hamas qui, d'après les renseignements israéliens, s'y cacheraient. L'armée israélienne affirme que le quartier général principal du Hamas se trouve sous l'hôpital et accuse l'organisation terroriste de mener des attaques depuis cet emplacement.

 

La crise à l'hôpital Shifa s'est intensifiée, exacerbée par la pénurie de carburant et d'électricité. Les responsables de l'hôpital signalent que son fonctionnement est gravement compromis. D'après le ministère de la Santé de Gaza, sous la botte du Hamas, environ une centaine de corps se sont accumulés à l'intérieur de l'établissement, créant une crise sanitaire majeure en raison de l'impossibilité de les enterrer rapidement. Ashraf Al-Kidra, porte-parole du ministère, a déclaré que ces corps seraient enterrés dans une fosse commune à l'intérieur du complexe hospitalier, malgré l'absence de protection adéquate. Les Palestiniens rapportent que parmi les défunts, au moins 32 étaient des patients hospitalisés, dont trois bébés, décès attribués au manque d'électricité.

 

Le ministère de la Santé de Gaza a affirmé qu'il n'avait aucune objection à la proposition israélienne d'évacuer les bébés en danger, mais a ajouté qu'aucun mécanisme n'avait été mis en place à cet effet (sur décision du Hamas). Il a également déclaré qu'il n'était pas opposé à ce que les bébés soient emmenés dans des hôpitaux en Israël, en Égypte ou en Cisjordanie. En vain ..."

                                                            I24, le 15 novembre 2023.  

 

 

           L'agression de la Russie contre l'Ukraine

        massivement condamnée aux Nations Unies !

 

Il est de bon ton ces derniers temps, particulièrement dans certains médias français, allemands, belges et bien sûr hongrois, mais pas que, ainsi que dans les interventions d'experts ès-maîtres en confusion, d'affirmer que l'Occident, dans son soutien à l'Ukraine, est désormais isolé du reste du monde. Un an après le début de la guerre, ce 23 février 2023, une résolution de l'Assemblée générale des Nations Unies a condamné clairement l'agression de la Russie et le viol de la souveraineté de l'Ukraine. Il n'y a pas eu de bonus pour la barbarie.  

 

En octobre 2022, 145 pays avaient déjà exigé de la Russie qu'elle se retire de tous les territoires occupés. Les deux votes laissent à penser que la réalité est plus nuancée que le jugement péremptoire des adeptes de l'auto-flagellation transatlantique. La perte d'influence des Etats-Unis et de l'Europe dans le monde, bien réelle sous certaines formes, mériterait une approche moins idéologique, multi-sectorielle et argumentée. Si les essais géopolitiques ne manquent pas, aucune étude globale et scientifique n'a pas encore été réalisée sur le sujet.  

 

Bien sûr, les affreux se sont rangés comme un seul homme derrière leur modèle: le petit Tsar Poutine. Ils sont le 7 salopards: Russie, Biélorussie, Syrie, Corée du Nord, Mali, Nicaragua, Erythrée. 32 Etats Etats se sont abstenus: Chine, Inde, Brésil, Turquie, Algérie, Angola, Burundi, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Madagascar, Mozambique, Namibie, Soudan, Afrique du Sud, Sénégal, Tanzanie, Ouganda, Zimbabwe ...). Un groupe d'Etats qui jouent un "non-alignement" en forme de pied de nez à la sécurité mondiale.  

 

16 des 55 pays africains se sont réunis derrière la facilité et la lâcheté d'un ni ni qui cache mal la complaisance à l'égard de Moscou. Il s'agit d'un indicateur indiscutable quant à la régression ou plutôt l'absence au coeur de ces régimes des valeurs de l'Etat de droit. Ce qui démontre aussi que la  propagande de la diplomatie russe ainsi que l'activisme criminel des mercenaires du groupe Wagner sont à l'oeuvre dans une partie de l'Afrique. Les autocrates ne veulent évidemment pas choisir entre l'agresseur et l'agressé, entre le cancer et une opération; ils hésitent entre un séjour en Sibérie et dans les Alpes. Ils auront donc le cancer. 

 

En revanche, les 50 pays qui aident militairement et financent l'Ukraine ont été rejoints à New York par beaucoup d'autres. Sur 193 Etats membres de l'ONU, 141 ont voulu isoler la Russie et ses funestes alliés. 

 

La résolution réaffirme "l'attachement à l'intégrité territoriale de l'Ukraine et exige que la Russie retire, immédiatement, complètement et sans condition, toutes ses forces militaires du territoire ukrainien à l'intérieur des frontières internationalement reconnues du pays", référence aux territoires annexés.

 

Le texte voté appelle à une "cessation des hostilités" et "souligne la nécessité de parvenir, dans les meilleurs délais, à une paix globale, juste et durable conformément aux principes de la Charte des Nations Unies". Rappelons que celle-ci interdit et condamne toute modification du tracés des frontières par la force. 

 

"Une majorité écrasante de la part de la communauté internationale qui confirme son fort soutien à  l'Ukraine, victime de l'agression russe", a dit le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. Le conseiller à la Sécurité de la Maison Blanche, Jake Sullivan, parle d'un "puissant appel pour la paix."  

 

La paix, qui ne la souhaite pas ? Une majorité de Russes lobotomisés peut-être. Chacun sait qu'elle ne pourra se faire sans que l'Ukraine ne recouvre la totalité de ses territoires occupés et dévastés. Le 24 février 2023. 

 

 

   Pendant que les soldats ukrainiens se battent à Barkhmout, leur drapeau, signé par eux, est présenté aux élus américains.

                                 

                                  Le 21 décembre 2022,

                    le jour où l'Ukraine était américaine ! 

 

Ainsi donc, Volodymyr Zelensky continue à surprendre le monde et a insupporter le petit Tsar et despote. Se rendre à Washington en pleine guerre, par train de nuit, puis par avion présidentiel américain, alors que le président ukrainien, de Kiev à Bakhmout, incarne courageusement la volonté, le courage et la permanence de la résistance à l'agression russe, c'était prendre un grand risque pour sa vie - il semble insensible aux menaces - mais surtout, c'était un acte symbolique et politique majeur qui inscrira le 21 décembre 2022 dans l'Histoire.

 

Car si ce déplacement a retenu toute l'attention de la communauté internationale, à l'heure où Vladimir Poutine annonçait depuis Moscou sa volonté d'en découdre sur la durée, une bonne fois pour toutes, avec "nos frères ukrainiens" (on croit halluciner), c'est parce que sa rencontre avec Joe Biden à la Maison Blanche et son discours devant les élus du Congrès (représentants et sénateurs réunis) au Capitole, ont revêtu une dimension symbolique forte.

 

Certes, l'impérieuse nécessité pour les Ukrainiens de s'assurer que l'énorme soutien humanitaire et militaire américain ne va pas faiblir avec l'arrivée d'une majorité conservatrice à la Chambre en janvier prochain - c'est vital pour l'Ukraine - mais la présence de Volodymyr Zelensky à Washington, plutôt qu'à Bruxelles, Paris ou Berlin, est la confirmation que l'Europe, territoire où se déroule la guerre, vu la relative faiblesse de son aide à Kiev, comparée à celle des Etats-Unis, et surtout, après les incohérences et dissonances politiques au sein des 27 (les sorties inappropriées d'Emmanuel Macron, sur les "garanties à donner à la Russie" au terme du conflit, divisent profondément les pays de l'Union européenne) ont sonné aux oreilles des beaucoup de Chefs d'Etat et de gouvernement européens comme une faute politique historique, aux conséquences imprévisibles, et à celles de Poutine comme un encouragement à poursuivre son oeuvre de malheur.  

 

"Nous devons survivre à cet hiver", Volodymyr Zelensky. "La Russie utilise l’hiver comme une arme, pour geler les gens, les affamer, les couper les uns des autres", Joe Biden. Voilà qui résume la tonalité des échanges qu'ont eu les deux présidents. Moscou est prévenu, oui, la guerre sera longue. 

 

Volodymyr Zelensky a donc effectué ce premier déplacement à l’étranger depuis le début de la guerre au prix d’un long voyage, plutôt que de se rendre dans l'une des grandes capitales européennes. Washington était la destination la plus évidente au regard de l’énorme soutien politique, militaire et financier consenti par les Etats-Unis, que le dirigeant ukrainien est venu saluer. A ses côtés, Joe Biden a confirmé une nouvelle enveloppe d’aide militaire de 1,8 milliard de dollars (1,7 milliard d’euros), qui comporte notamment une batterie de missiles Patriot, attendue de longue date par Kiev.

 

Cette batterie "est un pas très important pour créer un espace aérien sécurisé pour l’Ukraine. C’est la seule façon pour nous de réussir à empêcher le pays terroriste et ses attaques terroristes de viser notre secteur énergétique, nos habitants et nos infrastructures", a déclaré Volodymyr Zelensky. Il faudra cependant former u préalable les militaires ukrainiens.

 

Le montant total de l’assistance sécuritaire apportée à Kiev par Washington en 2022 s’élève à 21,9 milliards de dollars, en attendant l’éventuelle adoption parlementaire, d’ici à la fin de la semaine, d’une tranche d’aide supplémentaire de 45 milliards de dollars, nécessitant le soutien de dix sénateurs républicains aux côtés des démocrates. Cela ne devrait pas être un obstacle.

 

"Quels que soient les changements au Congrès (avec la nouvelle majorité républicaine issue des midterms), je crois qu’il y aura un soutien bipartisan et bicaméral ", a estimé le président ukrainien, qui a foi dans la solidité de l’engagement américain.

 

"Il serait naïf d’attendre des pas vers la paix de la part de la Russie, qui se plaît à être un Etat terroriste", a-t-il souligné. Le président en guerre s’adressait au peuple américain, pour le convaincre de la justesse de la cause commune et le remercier de tous les efforts consentis. Le rassurer, aussi, sur le fait que Kiev ne désirait nullement l’engagement militaire direct de ses soldats. Mais Volodymyr Zelensky avait surtout face à lui des élus de la Chambre et des sénateurs qui examinent actuellement le paquet d’aide de 45 milliards de dollars à l’attention de l’Ukraine, accroché à un train de dépenses global de 1 700 milliards. Ce texte, dit "omnibus", faisait encore l’objet, dans la nuit, d’âpres et incertaines tractations.

 

"Votre argent n’est pas de la charité, a insisté le président ukrainien. C’est un investissement dans la sécurité internationale et la démocratie, que nous gérons de la façon la plus responsable possible. La Russie, si elle voulait, pourrait arrêter son agression. Mais vous pouvez accélérer notre victoire, je le sais." Il a évoqué l’importance de la bataille en cours autour de la ville de Bakhmout, dans l’Est du pays, et prédit un "tournant" en 2023, grâce au soutien américain et à la détermination des soldats ukrainiens.

 

"Cette bataille ne peut pas être gelée ou reportée, a-t-il dit. Elle ne peut pas être ignorée, avec l’espoir que l’océan ou autre chose offre une protection. Des Etats-Unis à la Chine, de l’Europe à l’Amérique latine, de l’Afrique à l’Australie, le monde est trop interconnecté et interdépendant pour permettre à quelqu’un de rester sur le bas-côté et, en même temps, de se sentir en sécurité, pendant qu’une telle bataille se poursuit. Nos deux nations sont alliées dans cette bataille."

 

Au terme de son discours, pour symboliser cette proximité, Volodymyr Zelensky a déroulé un drapeau ukrainien, signé par des soldats de Bakhmout. Kamala Harris, la vice-présidente des Etats-Unis, et Nancy Pelosi en ont tenu les bords dans son dos, au perchoir. La puissance recherchée de cette image était un message transmis au Kremlin, dans cette guerre cruelle qui est aussi une lutte d’usure, testant la résistance d’un peuple et la détermination de ceux engagés à le soutenir.

 

"Pour moi, en tant que président, une paix juste cela signifie aucun compromis au sujet de la souveraineté, de la liberté, de l’intégrité territoriale de mon pays, et le paiement pour tous les dégâts infligés par l’agression russe", a résumé le dirigeant ukrainien à la Maison Blanche. "Nous voulons tous les deux que la guerre s’achève, a répondu Joe Biden. Comme je l’ai dit, elle pourrait s’arrêter aujourd’hui si Poutine avait la moindre dignité et s’il faisait ce qu’il faut et se retirait simplement, mais cela n’arrivera pas."

 

Interrogé par une journaliste ukrainienne sur la possibilité de fournir immédiatement à Kiev tous les moyens nécessaires pour recouvrer son intégrité territoriale, Joe Biden a été franc. Certains équipements militaires dits "offensifs", réclamés par l’Ukraine, ne peuvent lui être accordés, car le risque serait de "fracturer l’OTAN et de fracturer l’Union européenne et le reste du monde", c’est-à-dire de mettre en péril l’alliance indispensable qui soutient l’Ukraine dans sa lutte. Ayant passé  plusieurs centaines d’heures à discuter avec les dirigeants européens, Joe Biden souligne que ces pays "ne souhaitent pas aller à la guerre contre la Russie". Qui en doutait ? 

 

l'issue de cette visite éclair à Washington, les Européens auront tout le loisir de réfléchir à la portée symbolique de cet événement. Un jour, l'Ukraine fera partie du club de l'Union européenne et ce sera une excellente chose. En attendant, que ça déplaise à certains, hier, l'Ukraine était américaine.

                                                                  Le 22 décembre 2022.  

 

 

                           Flop27 et Qatarstrophe !

 

Le flop de la Cop !

 

Ainsi donc la Cop27 s’est terminée ce dimanche à Charm El Cheikh en accouchant d’une résolution lamentable. Face aux enjeux climatiques qui annoncent, comme l’a déclaré le Secrétaire général de l’ONU,  Antonio Guterres, "la route vers l’enfer" si rien n’est fait, voilà une énième conférence internationale qui renonce à affronter de front les voies et moyens pour, non pas maîtriser, objectif désormais hors de portée, mais ralentir la montée continue de la température moyenne mondiale. 

 

La Cop21 de Paris, en novembre 2015, avait laissé espérer une hausse limitée à 1,5 °. En vain, puisque toutes les projections du GIEC tablent maintenant sur une augmentation au minimum de 2°, ce qui entraînera inévitablement l’explosion des événements climatiques hors contrôle ainsi que l’intensification de la destruction de la biodiversité. 

 

 Si en Europe quelques progrès, insuffisants, ont été observés en matière de réduction des émissions de carbone, en Chine et aux Etats-Unis, les deux principaux pollueurs de la planète, peu de véritables progrès ont été accomplis, tant dans les secteurs industriel, agricole, aéronautique qu'automobile. 

 

Seul un accord visant à créer un fonds d’investissement de compensation financière pour les pays du Sud, premières victimes d’un réchauffement de la planète causé essentiellement par les pays industrialisés, a été entériné. Mais les modalités d’accès à ce fonds ont été renvoyées à la Cop28 de Dubaï, en 2023. C’est dire le peu d’ambition affichée par les participants de la Cop27, à l’heure où l’irréversibilité d’une guerre climatique se rapproche chaque jour. 

 

Frans Timmermans, le Vice-Président de la Commission européenne, au terme de la conférence égyptienne, a déclaré: « Ce que nous avons là, c’est un pas en avant trop court pour les habitants de la planète. Il ne fournit pas assez d’efforts supplémentaires de la part des principaux émetteurs pour augmenter et accélérer leurs réductions d’émissions ». Et c'est dit en termes diplomatiques ...

 

L’Europe peut mieux faire, c’est une évidence, mais si les grandes puissances polluantes ne bougent pas davantage, ce sont tous les terriens qui en subiront les conséquences cataclysmiques … Rendez-vous donc aux Emirats arabes unis l’année prochaine ou au point de non-retour ? 

 

Le Quatarstrophe !

 

En août dernier, ici même (voir plus bas), nous avions écrit que la coupe du monde de football au Qatar sentait le soufre et la catastrophe humanitaire. Le lieu de la tenue de cette rencontre sportive est une aberration climatique, avec des stades climatisés, en plein désert (même en novembre) et des supporters obligés de prendre l’avion chaque jour pour pouvoir assister à leurs matchs, car il n’y a pas assez d’hôtels dans le pays, il n’y a pas assez d’hôtels accessibles pour un budget moyen; les conditions dans lesquelles ces infrastructures sportives ont été construites, chantiers qui ont causé la mort de 6.500 ouvriers, sont proprement abjectes; et, dans ce petit Etat du Golf, gonflé de suffisance, boursoufflé de pétrodollars et assis sur les droits humains, il ne fait pas bon de vouloir être une femme émancipée ou d’espérer vivre son homosexualité librement. Le Quatar n’est une vitrine séduisante que pour celles et ceux qui veulent croire à ce mirage politico-religieux. 

 

La Fédération internationale de football (FIFA), au fonctionnement opaque et corrompu depuis des décennies, et son Président, Gianni Infantino, dont les déclarations oscillent entre hypocrisie et ridicule, ont aggravé leur cas en se couchant devant les exigences moralistes et religieuses d’un pays qui tente de vendre au monde une modernité à l’occidentale. En fait, celle-ci a peu de rapport avec les réalités sociales et sociétales locales, au relents médiévaux. Pas de bière à consommer, ce n’est certes pas un drame, mais la promesse en avait été faite au sponsor américain Budweiser, et surtout, interdiction pour les équipes de foot de porter le brassard "One love", rappelant le droit à la différence. Ce n’est ni plus ni moins que le passage du pouvoir entre la FIFA et le Qatar ... 

 

Cet Etat, comme tous ses semblables dans le Golf persique, est gouverné telle une entreprise islamique; tout s’y monnaie: les voitures à 1 million d’euros, le vote d’une tenue de coupe du monde, l’esclavage des travailleurs migrants, le droit de polluer sans limite et même les indulgences pour le salut éternel.  Les liens étroits de Doha avec la dictature sanguinaire des mollahs iraniens, qui massacre sa jeunesse au vu et au su du monde entier, achèvent le tableau, aussi sombre qu’imbuvable.

 

Que sommes-nous allés faire dans ces galères pitoyables et disqualifiées ? Le 22 novembre 2022. 

 

 

            Le combat des femmes iraniennes est le nôtre,

                le vôtre, chères féministes occidentales !

 

Le 16 septembre 2022 mourait à Téhéran, sous les coups de la police politique iranienne, Mahsa Amini à l'âge de 22 ans. Son crime a été de "mal porter" son voile islamique. Arrêtée et emmenée au poste, elle y est décédée officiellement d'un arrêt cardiaque. Depuis, des dizaines de milliers de jeunes et moins jeunes femmes, soutenues par de nombreux hommes - grande différence avec la lutte solitaire des femmes afghanes contre les ténèbres des Talibans - manifestent dans les rues des villes du pays, brûlent leurs voiles ou se coupent les cheveux en signe de désobéissance civique à l'encontre de lois moralistes, rétrogrades et arbitraires.  

 

Il s'agit d'une révolte contre un pouvoir totalitaire et des institutions religieuses moyenâgeuses. L'obscurantisme à tous les étages. Comme partout ailleurs, la jeunesse iranienne souhaite vivre sans oppression, libre, et veut sourire à la vie qui se présente. Depuis la révolution islamiste de l'ayatollah Khomeini en 1979, exceptée une période de relative modération sous la présidence d'Hassan Rohani, l'Iran n'a connu que l'intégrisme radical des moeurs, la répression policière intérieure et la violence terroriste à l'international.

 

La tentative d'attentat contre l'opposition iranienne à Villepinte, dans la banlieue parisienne, en 2018, organisée directement par le ministère du renseignement et de la sécurité (VEVAK), montre que les mollahs ne reculent devant rien pour rester au pouvoir. Cet attentat terroriste a été déjoué in extremis par la Sûreté de l'Etat belge, avec le concours discret du Mossad israélien. Il aurait pu faire des centaines de victimes, dont des personnalités, comme Ingrid Betancourt, venues soutenir le combat des Moudjahiddines du peuple. Il a donné lieu à l'arrestation, le procès et la condamnation de quatre Iraniens. Un jeune couple sous couverture professionnelle à Bruxelles, pris en flagrant délit de détention d'une bombe et de son système d'allumage, placé à bord de leur voiture en partance pour la France. Un Belgo-iranien, soutien logistique des terroristes, et d'un "diplomate" basé à Vienne, Assadollah Assadi, intercepté dans la capitale européenne où il "passait ses vacances". En 2021, le tribunal d'Anvers les ont condamné à 20 et 15 ans. Aussitôt, les autorités iraniennes ont proposé à la Belgique un échange, eux qui détiennent un humanitaire pour "espionnage". La parlement fédéral s'est empressé de voter l'accord indigne, en acceptant le chantage de Téhéran. La question est désormais sous le coup d'un recours.  

 

L'Iran est soumis depuis de nombreuses années à des sanctions occidentales qui ont plongé son économie dans le marasme et la pauvreté. Seule une caste proche d'un chiisme radicalisé semble s'en sortir. A force de se mettre au banc de la communauté internationale aux côtés des pires criminels de guerre du XXIème siècle (la Russie poutinienne, la Syrie de Bachar al Assad et le Hezbollah libanais), en recourant à un programme nucléaire militaire tout aussi voilé que les femmes iraniennes, du Guide suprême, Ali Khamenei, à de l'actuel Président, Ibrahim Raïssi, le pays sombre dans une fuite en avant qui n'aura de limite que la résistance d'une large partie de son peuple qui refuse la dictature religieuse. En face, la théocratie n'entend pas lâcher le pouvoir, son influence régionale et ses privilèges. Aussi, comme c'est le cas depuis la mort de la jeune Mahsa Amini, il faut s'attendre à davantage de répression, de disparitions d'opposants et de morts. Peu d'éclaircie à l'horizon. 

 

La fronde de la jeunesse iranienne est magnifique, mais elle souffre d'un manque de relais politiques, puisque toute opposition intérieure y a été systématiquement anéantie. Les démocraties libérales, soucieuses de ne pas voir l'Iran dévisser complètement en optant pour la voie suicidaire der l'arme nucléaire, face à Israël, bien décidé à l'en empêcher, semblent croire encore aux négociations avec un régime qui ment et qui assassine. 

 

Dernière chose à observer, les mouvements féministes en Europe et aux Etats-Unis, ceux qui ont décrété que les hommes sont des porcs et qui essentialisent nos identités, qu'ils ancrent dans la verticalité et la guerre de tous contre tous (les victimes sont toujours femmes, noires ou islamiques), au détriment d'un universalisme transversal, sont étrangement muets face au sort réservé à leurs soeurs afghanes et iraniennes. Comme si la lutte légitime pour les droits des femmes, de toutes les femmes, combat que nous devons soutenir, s'arrêtait aux nombrils de militantes devenues borgnes à force de ne regarder que d'un seul côté.  Le 28 septembre 2022.     

 

 

      

         Le Royaume-Uni et le Commonwealth sont en deuil. Le roi Charles III est proclamé le 10 septembre 2022 sur un trône millénaire.   

 

     La reine Elisabeth II aura servi, comme elle s'y était engagée !

 

           "Je déclare devant vous tous que toute ma vie, qu'elle soit longue ou courte, sera consacrée à votre service."

 

Mourir à 96 ans, quoi de plus normal, de plus humain. Mais lorsqu'il s'agit d'une personne appelée Elisabeth II, qui vient de clore 70 ans de règne dans la lumière comme dans les zones d'ombre, avec constance, dignité et abnégation, l'on est surpris, quand la république vous tenaille le coeur et les valeurs, d'être touché par un départ qui ressemble à un vide. La reine Elisabeth II est morte "paisiblement" ce 08 septembre. Buckingham l'a annoncé ce soir, à 19 h 30, heure continentale.

 

Ici même, nous n'avons jamais été tendre avec un Royaume-Uni qui se l'est joué personnel au sein de l'Europe, un pied dedans, un pied dehors, toujours à prendre de l'Union ce qui l'intéressait, le commerce, la finance, et à laisser ce qui lui pesait tant, la solidarité ... 

 

Rappelons-nous l'éructation de Margaret Thatcher, "I want my money back !" ! Tout était dit du refus d'Albion du devoir européen commun. Nous l'avons écrit dans l'une de nos rubriques, tout fut décevant avec England, bien plus qu'avec United Kingdom, excepté Winston Churchill, à qui nous devons tant. Un merci aussi aux Beatles, aux Rolling Stones, à David Bowie, à James Bond, avec lesquels nous avons passé de bons moments. Ils sont une part de l'Outre-Manche. Mais nous n'avons pas changé sur le fond. Nous avons même été soulagé de voir l'arrogant paquebot britannique quitter les eaux de l'Europe lors du Brexit, en nous disant qu'il ne pourra plus barrer la route à l'intégration de l'Union.

 

Mais voilà, le décès de la reine Elisabeth, à l'âge de 96 ans, dans son château préféré de Balmoral, en Ecosse, pays que nous affectionnons particulièrement, nous dit quelque chose du courage et du don de soi. Car elle n'était pas destinée à accéder au trône millénaire, si son oncle, Edouard VIII, n'avait pas abdiqué aussitôt son couronnement, pour pouvoir épouser une mondaine américaine, Wallis Simpson. Par son refus du devoir, il obligea le père d'Elisabeth, Albert/George VI, à recevoir une couronne dont il se doutait qu'elle serait bien lourde à porter. Régner sans rien céder pendant la Seconde Guerre mondiale, à l'unisson des peuples britanniques, fut un acte héroïque. 15 années après avoir été proclamé roi, bègue et gros fumeur, en février 1957, il fut emporté par un cancer des poumons.

 

La succession d'Elisabeth fut donc précipitée. D'une plate-forme hôtelière juchée dans les arbres au Kenya à Buckingham Palace, la jeune princesse, héritière présomptive, n'eût que quelques heures pour encaisser, tel un coup de poing à l'estomac, un destin hors norme et se mettre au diapason d'un rôle protocolaire médiéval. Le faste suranné et les exigences impérieuses demeurèrent toujours son fil d'or.

 

La monarchie anglaise puis britannique évolua, bien sûr. La plus marquante de ces évolutions fut le passage d'un ordre absolu à un régime parlementaire, dès le XVIIème siècle. Une monarchie constitutionnelle s'imposa dans la douleur, mais montra l'exemple à l'Europe tout entière, encore sous le joug de monarques de droit divin tout puissants. Sans certitude, c'est peut-être ce qui manqua à la France pour éviter des brisures civiles, dont les conséquences furent un affaiblissement démocratique. 

 

Le Royaume-Uni est en deuil, l'Europe et le monde ont les yeux tournés vers Londres où les obsèques royales se tiendront d'ici 10 jours. Nous pensons au nouveau roi Charles III, formé depuis toujours à succéder à sa mère. Il aura bientôt 74 ans, lui qui consacra une grande partie de sa vie au développement durable, à l'environnement, à l'aide sociale et à l'architecture humaine. Il n'aura donc que quelques années pour imprimer sa marque discrète, fonction oblige, et faire face aux défis et périls d'une situation intérieure implosive (*) et d'un contexte géopolitique international explosif. Nous lui souhaitons courage, clairvoyance et bienveillance, au service d'un règne de transition, entre sa mère et son fils aîné, William, aux côtés d'une classe politique plutôt évanescente et médiocre.  

 

Nous nous joignons aux peuples britanniques, d'Angleterre, d'Irlande du Nord, d'Ecosse et du Pays de Galle et du Commonwealth ainsi qu'à la communauté internationale pour rendre hommage à une femme qui fit son devoir jusqu'au bout, comme elle l'avait annoncé au micro de la BBC, il y a 75 ans, alors qu'elle n'était pas encore reine: "Je déclare devant vous tous que toute ma vie, qu'elle soit longue ou courte, sera consacrée à votre service et au service de notre grande famille impériale à laquelle nous appartenons tous". Princesse Elisabeth, Le Cap, 21 avril 1947. Le 08 septembre 2022.  

 

(*) Il y a non seulement la colère sociale qui monte au Royaume-Uni, avec une inflation vertigineuse, mais encore une Ecosse, privée d'Europe après le Brexit, qui souhaite s'engager vers un troisième referendum sur l'indépendance, et une Irlande du Nord au bord d'une nouvelle guerre civile, en cas de rupture du traité sur la question de la frontière douanière entre cette dernière et la République d'Irlande, traité signé en bonne et due forme par l'ex-Premier ministre, Boris Johnson, avec l'Union européenne. Que va faire la nouvelle Première ministre, Liz Truss, elle qui est à l'initiative de la volonté britannique de renier la parole de Londres ? Il est vrai qu'on ne compte plus ses revirements tant ils sont nombreux.    

 

         

>La coupe du monde de foot au Qatar sent le soufre !

 

Le Qatar et la Fédération internationale de football association (FIFA) viennent d'annoncer que la cérémonie et le match d'ouverture de la coupe du monde auront lieu un jour plus tôt qu'annoncé, soit le 20 novembre prochain. Le match entre le pays hôte et l’Equateur, qui était programmé le 21 novembre, aura lieu le dimanche 20 novembre au stade Al-Bayt d’Al-Khor, au nord de Doha, tandis que la rencontre - qui devait être inaugurale - opposant le Sénégal aux Pays-Bas, prévue le lundi 21 novembre, a été décalée à 19 heures le même jour. Ah bon ? La belle affaire ! 

 

Nous boycotterons cette coupe du monde de la honte. Tant le pays hôte, une pétrocratie boursoufflée et pourrie par l'argent, que les conséquences environnementales écoeurantes nous feront renoncer à regarder le moindre match. Le choix d'un Etat aussi artificiel que non-démocratique a été le fruit d'une corruption et d'un marketing intenses. La FIFA, qui a voulu ce lamentable événement bling-bling, et la communauté internationale, qui cautionne et participe, porteront aux yeux de l'Histoire la responsabilité de cette tartufferie. Cette coupe du monde sent le soufre. Son déplacement de l'été à l'automne fut déjà l'aveu d'une faute sportive, politique et climatique. Impossible de jouer par des chaleurs de près de 50 degrés. Les coûts des installations sportives "réfrigérées" pour rendre la pratique sportive possible - terrains et tribunes des nouveaux stades - dépassent l'entendement et sont une provocation à l'heure où "notre maison brûle et que nous regardons ailleurs ..." (*). Les images de ballons d'or et de sang, qui s'assoient sur la mort de centaines de travailleurs migrants, venus de pays pauvres pour construire un temple infernal dédié à l'idolâtrie de "stars" dérisoires et écervelées, nous brûleraient les yeux. Ce pourquoi nous y renoncerons et regarderons ailleurs. Le 12 août 2022.

 

(*) Déclaration du Président Jacques Chirac, en ouverture de son discours devant l'assemblée plénière du IVe Sommet de la Terre, le 2 septembre 2002, à Johannesburg, Afrique du Sud. 20 ans plus tard, les méga-incendies ravagent nos paysages ... 

                                                                                                                                                                     

 

         Ayman Al-Zawahiri et Oussama Ben Laden en 2005, au temps où ils narguaient l'Occident. Rien n'est oublié ...  

                   

                   11 septembre 2001 / 02 août 2022:

         il n'y a pas de prescription pour les terroristes ! 

 

Il n'y a pas de prescription pour les terroristes, où qu'ils se terrent. Le temps ne fait rien à l'affaire, leur traque ne s'arrête jamais. Après Barack Obama, avec l'élimination de Ben Laden 10 ans après les attentats de New-York contre les Tours jumelles, quasi 21 ans après le 11 septembre, le même message vient d'être rappelé par le Président Joe Biden à tous les candidats islamistes au martyr.  

 

"Ayman Al-Zawahiri est la figure de l’islam radical et djihadiste ayant connu, jusqu’à sa mort annoncée mardi 2 août par le président américain, Joe Biden, la plus grande longévité. Sa vie recouvre, à elle seule, toutes les mutations du djihadisme contemporain, de son essor en Egypte dans les années 1970, jusqu’au triomphe des talibans, de retour au pouvoir à Kaboul depuis août 2021, où vivait le chef d’Al-Qaida, tué dans une frappe de drone américain ayant visé le balcon de la demeure où il vivait à Kaboul, sous la protection de ses hôtes afghans.

 

"De toutes les figures de la mouvance djihadiste internationale, c’est l’Egyptien Ayman Al-Zawahiri qui illustre le mieux l’histoire de l’islamisme radical sunnite contemporain, écrit le chercheur Stéphane Lacroix, spécialiste des mouvements islamistes, dans Al-Qaida dans le texte (PUF, 2008). Trente ans durant il va, depuis l’Egypte, l’Afghanistan, le Soudan – entre autres –, poursuivre un unique objectif", instaurer le règne de l’islam en Egypte, avant de donner, par "un revirement spectaculaire", la priorité à la lutte contre les Etats-Unis et l’Occident chrétien, accusés de faire la guerre à l’Islam.

 

Diplômé de médecine à 23 ans

 

Ayman Al-Zawahiri est issu d’une lignée de religieux, faisant de lui un rejeton de l’aristocratie islamiste. Il est né en 1951, au Caire, au sein d’une famille de la bourgeoisie sunnite, dont l’ascendance est doublement riche en hommes de religion engagés auprès de la confrérie des Frères musulmans, depuis sa fondation par l’instituteur Hassan Al-Banna en 1928 à Ismaïlia, au bord du canal de Suez. Son grand-oncle paternel était imam de la prestigieuse université religieuse d’Al-Azhar tandis que son grand-père maternel, un religieux, était, entre autres, le fondateur de l’université du roi Saoud à Riyad, en Arabie saoudite, où se sont réfugiés nombre de Frères musulmans après le début de leur répression par le régime de Gamal Abdel Nasser, en 1954. Brillant élève et étudiant − il décroche son diplôme de médecine à l’âge de 23 ans –, plutôt réservé et pieux, Ayman Al-Zawahiri entre en politique dès l’adolescence.

 

En 1966, il rejoint une cellule clandestine des Frères musulmans et se fixe un objectif : le renversement du régime. La date n’est pas indifférente. Elle correspond à la condamnation à mort et à l’exécution du penseur fondamentaliste égyptien Sayyid Qutb, généralement considéré, avec le Pakistanais Abou Alaa Al-Mawdoudi, comme l’inspirateur des mouvements djihadistes sunnites. Qutb a théorisé la violence comme réponse à la répression impitoyable et aux tortures que subissent les Frères musulmans – et lui-même – dans les prisons du régime nassérien.

 

Ancien du Jihad islamiste

 

Pour rendre le pouvoir à Dieu dans un monde revenu au temps de la "jahiliya" (l’ignorance, en arabe), la violence, plaide-t-il, peut être utilisée contre des pouvoirs politiques et religieux, même musulmans, et contre tous ceux qui les suivent, dès lors qu’ils sont "kouffar", c’est-à-dire impies. Pour Qutb, le djihad est le devoir impératif de tout musulman ; il est le corollaire du takfir, l’excommunication. L’enseignement et le "martyre" de Sayyid Qutb, déjà violemment anti-occidental à la suite d’un séjour d’études d’un an aux Etats-Unis, marqueront durablement tous les milieux islamistes égyptiens.

 

Ayman Al-Zawahiri est également traumatisé, comme une majorité de ses concitoyens, par la défaite arabe face à Israël lors de la guerre des Six-Jours, en juin 1967. Lorsqu’il accède à la présidence égyptienne, à la mort de Gamal Abdel Nasser en 1970, Anouar El-Sadate laisse les islamistes sortir de prison afin de contrer l’influence de la gauche nassérienne, dont il veut se défaire. Les islamistes, radicaux inclus, en profitent pour multiplier leurs activités sur les campus universitaires, où ils prennent rapidement le dessus.

 

Plusieurs organisations radicales émergent, dont les Gamaat Al-Islamiya, et le Jihad islamique. Ayman Al-Zawahiri rejoindra cette dernière organisation, qui se distingue par son élitisme et son culte du secret. Contrairement aux Gamaa Al-Islamiya, qui entendent faire régner la charia en agissant au grand jour dans la société, le Jihad islamique ambitionne de prendre le pouvoir par le haut, en infiltrant les milieux militaires.

 

Lorsque Sadate signe les accords de paix de Camp-David avec Israël, à la fin des années 1970, la rupture est consommée avec les milieux islamistes. Des militants du Jihad islamique appartenant à l’armée saisissent l’occasion d’une parade militaire, le 6 octobre 1981, pour assassiner Anouar El-Sadate et tenter de s’emparer du pouvoir. Le coup d’Etat échoue. Zawahiri fait partie des centaines d’islamistes raflés dans la foulée. Ils sont soumis à la torture, dont, dans le box des accusés et à la demande de ses compagnons, le jeune Zawahiri rendra compte en anglais auprès des journalistes présents au procès des assassins de Sadate. Il le racontera aussi plus tard dans un ouvrage en langue arabe. Sous la torture, lui-même est contraint de révéler les noms de ses camarades voire de contribuer à l’arrestation de certains, dont l’un de ses plus fidèles alliés, l’officier Issam Al-Qamari, et de témoigner contre eux devant le juge.

 

Bras droit de Ben Laden

 

Mis hors de cause dans le complot contre Sadate, mais condamné à trois ans de prison pour port d’arme illégal, Ayman Al-Zawahiri est relâché en 1984. Le chirurgien, qui, en 1980, avait déjà effectué un court séjour en Afghanistan, où il avait mis son expertise au service des moudjahidines en lutte contre l’invasion soviétique, y revient en 1985, avec la bénédiction du pouvoir égyptien, trop heureux d’éloigner cet opposant.

 

C’est au Pakistan, à Peshawar, base arrière des moudjahidines afghans, que Zawahiri rencontre puis se rapproche d’Oussama Ben Laden, fils d’une grande famille marchande saoudienne, qui a mis sa fortune au service des combattants de l’Islam affluant de tout le monde arabe et musulman. A l’époque, le guide spirituel de Ben Laden est un Jordanien d’origine palestinienne, Abdallah Azzam, disciple de Sayyid Qutb et théoricien du djihad. Azzam est mystérieusement assassiné dans un attentat à la bombe en novembre 1989, qu’une des hypothèses attribue à Ayman Al-Zawahiri, qui aurait ainsi mis fin à sa rivalité avec lui auprès du richissime héritier saoudien. De fait, il deviendra à partir de ce moment-là, l’allié indissociable de Ben Laden et son bras droit.

 

L’année 1989 marque un tournant. L’URSS achève son retrait d’Afghanistan, la guerre est terminée. « On voit alors se désagréger l’unité imposée aux groupes disparates d’extrémistes islamiques ayant combattu l’armée soviétique », écrit Jason Burke, spécialiste britannique des mouvements islamistes dans Al-Qaida, la véritable histoire de l’Islam radical (La Découverte, 2005). Les divisions nationales et ethniques commencent à renaître et s’affermir parmi les volontaires. "Al-Qaida est créée dans l’intention explicite de surmonter ces divisions et de créer une armée internationale qui protégerait les musulmans de l’oppression", ajoute Burke. Il s’agit alors d’un petit groupe aux contours très lâches, à la tête duquel se trouvent Zawahiri et Ben Laden.

 

Combattre "l’ennemi lointain"

 

Les deux hommes s’installent en 1989 au Soudan, où une junte islamiste a pris le pouvoir. L’idée fixe de Zawahiri demeure le renversement du régime égyptien, "l’ennemi proche". Il conçoit et commandite plusieurs attentats manqués contre des dirigeants cairotes, dont une opération d’assassinat avorté du président Hosni Moubarak, à Addis-Abeba, en 1995. Mais l’invasion du Koweït par l’Irak en 1990, le débarquement des troupes américaines en Arabie saoudite et l’opération "Tempête du désert", qui chasse l’armée de Saddam Hussein de l’émirat, ont rebattu les cartes. Ben Laden préconise de combattre non seulement le régime saoudien impie et corrompu, mais également "l’ennemi lointain", à savoir les Etats-Unis, dont les forces souillent la terre des deux mosquées sacrées.

 

Après de brefs séjours dans des pays européens, Zawahiri rejoint Ben Laden en Afghanistan, qui a trouvé refuge auprès du chef des talibans, le mollah Omar, auquel il prête allégeance, et se range à ses vues en 1998. Sa priorité n’est plus l’Egypte, mais le djihad transnational au sein d’un Front islamique mondial pour la guerre sainte contre les Juifs et les croisés, créé en association avec Oussama Ben Laden en 1998. Pour avoir refusé la violence ou y avoir renoncé au profit de l’islamisation par le bas, tant l’association des Frères musulmans égyptiens que les radicaux des Gamaa Al-Islamiya − qui renoncent à la lutte armée après un attentat particulièrement atroce contre des touristes à Louxor en 1997 − sont la cible de ses foudres.

 

Après les attentats de New York et Washington du 11 septembre 2001 et l’offensive lancée par les Etats-Unis contre le régime afghan des talibans, Ayman Al-Zawahiri devient un personnage public. Il est désigné comme le numéro deux d’Al-Qaida et les Etats-Unis mettent sa tête à prix : 25 millions de dollars (environ 24,3 millions d’euros). Alors que nul ne connaît son sort, pas davantage que celui de Ben Laden, après la chute des talibans, il réapparaît dans un enregistrement vidéo en octobre 2002 pour mettre en garde les Etats-Unis contre une invasion de l’Irak, déjà en germe.

 

De son repaire, supposé se trouver dans la zone tribale pakistanaise limitrophe de l’Afghanistan, il se met alors à distiller, à intervalles plus ou moins réguliers, des messages à double détente, qui cherchent à la fois à terroriser l’Occident, les Etats-Unis en particulier, et à fixer aux djihadistes à travers le monde, des objectifs précis selon la conjoncture. Ses "apparitions", avec son turban blanc et ses grosses lunettes, sont plus fréquentes que celles de Ben Laden dont le distingue aussi un discours au ton implacable.

 

Le Saoudien, au débit lent et articulé, se manifeste par des enregistrements uniquement sonores, toujours sur un ton monocorde et bas, quelle que soit la dureté de ses propos, et propose à l’occasion à ses ennemis une "trêve sous conditions". Zawahiri, lui, est l’imprécateur impitoyable qui apparaît à l’image, le « procureur » toujours en quête de la "peine maximale" contre la "coalition des Juifs et des croisés" et "les régimes mécréants", "usurpateurs" du pouvoir en terre d’Islam. Se tenant visiblement au courant de l’actualité internationale – y compris de la loi sur le voile en France – il profère sur un ton sec, et d’un débit rapide, les menaces et les incantations les plus virulentes promettant l’apocalypse aux "ennemis de l’islam". Obsédé par les caricatures du prophète, parues en 2005, Ayman Al-Zawahiri pousse à frapper l’Europe en général et la France en particulier, qu’il estime être le "fer de lance de l’impiété". Ben Laden, lui, donne la priorité au combat contre "l’Amérique et les Juifs".

 

Idéologue en chef

 

Dans le même temps, Zawahiri rédige deux ouvrages (Cavaliers sous l’étendard du prophète et L’Allégeance et la rupture) qui l’imposent comme l’idéologue en chef du mouvement. "Il théorise le combat que mène (…) Al-Qaida contre "l’ennemi lointain" et s’efforce de produire les éléments de légitimation religieuse nécessaires à la poursuite de la lutte", écrit Stéphane Lacroix, pour qui l’apport de Zawahiri au mouvement islamiste radical depuis la fin des années 1990 est fondamental, tant par la clarté de son exposé de la stratégie et de l’idéologie de ce mouvement que comme "figure médiatique". A l’instar de Ben Laden, souligne le chercheur, Zawahiri "est devenu un personnage mythique, traqué et pourtant insaisissable".

 

Lorsque Oussama Ben Laden est tué, le 2 mai 2011 dans sa demeure d’Abbottabad, au Pakistan, par un commando américain, c’est donc naturellement Ayman Al-Zawahiri qui reprend le flambeau d’Al-Qaida. Privée de son chef charismatique, prise de court par les révolutions arabes qui ont débuté en janvier 2011 en Tunisie avant de s’étendre comme une traînée de poudre à l’Egypte, la Libye, le Yémen, Bahreïn et la Syrie, l’organisation djihadiste est mal en point. L’islam et la charia ne semblent pas faire partie des revendications des immenses foules qui poussent à la chute des tyrans que vilipendait Zawahiri dans ses longues diatribes.

 

Enfin, le centre du pouvoir de l’organisation semble s’être déplacé vers le Yémen où prospère Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA), tandis que les soubresauts du djihad irakien, qui a pris son autonomie sous Abou Moussab Al-Zarkaoui dans les années 2000 sous le nom d’Etat islamique en Irak, semblent sous contrôle. Les attentats en Europe et aux Etats-Unis se font de plus en plus rares et difficiles à monter.

 

Le prédicateur égyptien, qui est un homme de réflexion plus que d’action, multiplie les interventions dans un paysage politique en rapide mutation : il admoneste notamment les Frères musulmans en les conjurant de ne pas participer au jeu démocratique et électoral, contraire à ses yeux aux valeurs de l’islam. Sur le terrain, Al-Qaida s’adapte rapidement en fondant des cellules politico-militaires locales sous le label d’Ansar Al-Charia (les partisans de la charia) afin d’occuper le terrain laissé libre par les dictatures en repli. La stratégie est payante au Yémen, où AQPA prend le contrôle de régions entières, et en Libye, où une de ces cellules parvient à assiéger et tuer l’ambassadeur américain à Benghazi, le 11 septembre 2012.

 

Mais, bien vite, c’est le théâtre syrien qui occupe tous les acteurs de la région. La répression particulièrement meurtrière et cruelle du régime de Bachar Al-Assad a donné naissance à une rébellion armée, infiltrée de plus en plus ouvertement par l’Etat islamique en Irak dont le discours antichiite trouve un fort écho auprès des insurgés syriens. En 2013, l’OPA lancée par l’Etat islamique en Irak et son chef, Abou Bakr Al-Baghdadi, sur le djihad syrien et le Levant abouti à la scission du Front Al-Nosra, la principale organisation djihadiste syrienne, dont le chef Abou Mohamed Al-Jolani, reste fidèle à Al-Qaida. A partir de 2014, Al-Qaida envoie plusieurs de ses cadres, réfugiés secrètement en Afghanistan ou en Iran, rejoindre le Front Al-Nosra et sa place forte, la poche d’Idlib, dans le nord de la Syrie. Ils seront éliminés un par un par les drones américains présents dans la région dans le cadre de la coalition internationale contre l’Etat islamique en Irak au Levant.

 

Protégé par les talibans

 

Les combats fratricides sont sans pitié et l’Etat islamique (EI) prend le dessus, réalisant le rêve jamais accompli de Ben Laden et Zawahiri de proclamer en juin 2014 un "califat" à cheval sur l’Irak et la Syrie. Dès lors, l’EI devient le véritable visage du djihad mondial, réussissant à recruter des milliers de jeunes Européens et à monter des attentats spectaculaires et sophistiqués comme les attaques simultanées du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis. Paradoxalement, ce "11-Septembre français" a été annoncé par deux opérations montées par des disciples d’Al-Qaida : les tueries de Toulouse et Montauban en 2012 par Mohamed Merah, formé par un dissident d’Al-Qaida en zone tribale pakistanaise ; l’attentat de janvier 2015 contre Charlie Hebdo, commis par les frères Kouachi, missionnés par Al-Qaida au Yémen, et accomplissant ainsi un vieil objectif d’Ayman Al-Zawahiri.

 

Les excès de l’EI et la coalition internationale montée par Barack Obama pour le combattre permettent de reprendre Mossoul en 2017 puis Rakka, sa capitale syrienne, l’année suivante. L’effondrement du califat redonne à Al-Qaida une place de choix dans le djihad mondial, d’autant que ses adeptes au Sahel, parviennent à survivre à l’opération "Serval" menée par la France au Mali en 2013 puis à étendre leur influence en jouant des antagonismes ethniques et régionaux. Mais ce succès se fait au prix d’une autonomisation quasi complète du djihad sahélien, qui suit sa propre logique et répond à ses objectifs.

 

Surtout, Ayman Al-Zawahiri a bénéficié de la victoire éclair des talibans contre le régime au pouvoir à Kaboul, qui n’a pas survécu au retrait des forces américaines, à l’été 2021. Le retour au pouvoir des talibans, fidèles alliés d’Al-Qaida, plus de deux décennies après en avoir été chassés, a visiblement permis à Ayman Al-Zawahiri de quitter sa cachette au Pakistan pour s’installer dans la capitale afghane, où il a pu jouir d’une liberté réelle de mouvement et d’action, sans que l’on observe, pour le moment, un regain d’activité de la centrale d’Al-Qaida.

 

C’est sûrement ce sentiment de sécurité qui a été fatal à Ayman Al-Zawahiri. Dans l’accord de Doha, signé avec les talibans en 2021, les Etats-Unis avaient conditionné leur retrait à un abandon du terrorisme international. Ils ont préféré prendre les devants." 

"Le Monde", Christophe Ayad et  Mouna Naïm, le 02 août 2022.

 

 

   C'était au temps du confinement ... Pour une pensée commune !

 

>Accepter d'abandonner une part de nous-même pour mieux vivre en soi et avec autrui ! 

 

Bientôt les Juifs du monde entier vont célébrer Pessah, la Pâque juive, du 8 au 16 avril. Lundi 13 avril, les chrétiens célèbreront la fête de Pâques. Ces deux temps d’espérance marquent deux événements fondateurs. Le premier, selon la tradition, la libération du peuple juif, à travers la fin de l’esclavagisme, la sortie d’Egypte et l’horizon d’une Terre Promise. Le second commémore la mort de Jésus sur la croix et l’espoir lié à sa « résurrection ». Cette année, les croyants et pratiquants de ces deux traditions devront vivre Pâque/Pâques dans le confinement. Ce qui sera très difficile pour les personnes seules, car Pessah comme le lundi de Pâques se célèbrent normalement en communauté et en famille. Bien au-delà des fidèles, nous avons une pensée particulière pour toutes les personnes qui n'ont pas aujourd'hui et qui n'auront pas demain auprès d'elles un autre regard pour leur dire leur affection, leur amitié ou leur amour. Leur solitude devrait nous rendre plus "présents" auprès d'elles.  

 

En lisant les chapitres de la Torah, que vous pouvez retrouver dans l’Ancien Testament, consacrés aux Dix plaies d’Egypte, je tombe sur ce passage: « Moïse convoqua tous les anciens d’Israël et leur dit: (…). Lorsque le Seigneur s’avancera pour frapper l’Egypte, il regardera le sang appliqué au linteau (…) et il passera au-dessus de la porte, et il ne permettra pas au fléau d’entrer dans vos maisons pour sévir. Vous garderez cette loi, comme une règle immuable pour toi et pour tes enfants ». L’Exode, XII, 21-24. 

 

Personnellement, je lis cette Paracha en ayant toujours à l’esprit que le Texte biblique est l'oeuvre d’êtres humains et non de Dieu, auquel je n’arrive toujours pas à croire, malgré une certaine espérance qui ne m'a jamais quitté. J’ai la faiblesse de penser que les écrits spirituels nous enseignent indifféremment, que l’on soit croyant, agnostique ou athée. Je regrette toujours que les plus incroyants, qui en font métier, rejettent en bloc et sans connaître la portée philosophique et existentielle de ces Textes. Il leur manquera toujours une fréquentation aussi fondamentale que celle des mythologies païennes ou de la philosophie des Lumières.

  

Comme toujours, il faut lire en contextualisant, car un texte, surtout si il est ancien, nécessite une prise en compte de son historicité et ne peut se lire au XXIè siècle comme pendant l’Antiquité, le Moyen-Age ou le XIXè siècle. Tout texte reste toujours ouvert à une multitude d’interprétations, celles d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Aucun texte dit sacré ne peut s’affranchir du temps, de l’espace et de la situation réelle de son lecteur. C’est ainsi que ce que d’aucuns appellent la vérité n'est qu'une construction humaine qui exige humilité et tolérance. Personne ne représente à lui seul le bien et le mal, même si certains individus incarnent plus que tout autre le côté sombre de l’humanité.

 

Pour revenir au passage de l’Exode, je comprends que le confinement, un jour, le vaccin, pour protéger et préserver la vie, sont des règles et des moyens nécessaires en tous temps, qui peuvent nous faire souffrir, pour l'un, nous protéger, pour l'autre. Je comprends aussi qu’il y a un temps pour tout. Avant, pendant et après. Il y aura un après, c’est certain, et là est l’espoir, car le confinement ne peut être l’emprisonnement, pas plus que le vaccin, puisqu'ils sont au service de la liberté. Je comprends aussi que cet après ne pourra pas être comme l’avant; un temps où sans doute nous avons collectivement raté quelque chose, où nous sommes passés à côté de l'essentiel. 

 

Posons-nous donc la question: qu’est-ce qui est le plus important pour moi, mes proches et nous tous, et qu’est-ce qui ne peut plus l’être ? Il n’y a pas de réponse impérative, il n’y a pas de gourou pour nous indiquer ou imposer un chemin. Chacune et chacun me semble en mesure d’apporter à ces interrogations personnelles et éthiques les réponses appropriées et bienveillantes. Rien n’empêche ensuite de partager nos nouvelles attentes. La résilience, chère à Boris Cyrulnik, n’est-ce pas accepter d’abandonner une part de nous-même pour mieux vivre en soi et avec autrui ? 05/04/2020. 

 

 

                  Le vide laissé par l'explosion des Bouddhas de Bamiyan est désormais le nôtre.                           

    Le 15 août 2021, à Kaboul, l'Occident a renoncé à exister !

 

Les Bouddhas de Bamiyan en Afghanistan, dynamités par les Talibans il y a 20 ans, viennent de s'effondrer pour la deuxième fois. La chute du régime islamiste, allié d'Al-Qaïda à l'époque, avait permis au peuple des montagnes d'espérer une nouvelle vie sans guerres, sans massacres et sans privation des droits essentiels des petites filles et des femmes afghanes, privées d'éducation et d'études. Une faible perspective de démocratie pointait à l'horizon ... les chefs de guerre tribaux trompant l'espace, le temps et l'ennui en organisant leurs sales trafics à l'abri des micros et des caméras.   

 

Deux décennies plus tard, le départ des forces armées américaines, amorcé par l'ex-président Trump et achevé précipitamment et de manière incompréhensible par le président Biden, ainsi que des forces spéciales de certains pays de l'OTAN, a ouvert la voie aux Talibans en moins d'un mois. Ils ont ainsi reconquit le pouvoir du Nord au Sud. Kaboul est tombée ce 15 août 2021, rappelant la débâcle de Saïgon, le 30 avril 1975, les hélicoptères US en détresse évacuant les ressortissants étrangers. 

 

C'est comme si le symbole de l'explosion des Bouddhas de Bamiyan s'affichait désormais en lettres de sang sur les espoirs détruits d'un peuple martyrisé. L'Amérique et ses alliés de l'OTAN laissent derrière eux des milliers de personnes qui ont "collaboré avec l'occupant". Nous leur avons menti, nous les avons trahis. Leur sort sera tragique, à l'image des Harkis algériens abandonnés par la France aux mains des égorgeurs. Et que dire de ces milliers de soldats américains, européens et afghans morts pour rien au champ du déshonneur ? 

 

Fallait-il labourer la mer à l'heure des ouragans, des tremblements de terre et des tsunamis ou demeurer campés dans les conforts des cocktails de l'entre-soi, vautrés dans nos canapés à juger  la scène humaine obscène et le courage des hommes, des femmes et des enfants sacrifiés depuis nos certitudes idéologiques et nos expertises de salon ? Oui, évidemment, car aucune cause d'urgence, d'injustice et de détresse ne peut être ignorée. Quitte à être Don Quichotte, cela n'est jamais vain de combattre par fraternité, il aurait fallu le faire avec les armes de la vérité, du respect de la parole et de la fidélité aux victimes et à soi-même. 

 

Intervenir pour des raisons humanitaires et géo-stratégiques - le terrorisme islamiste, au Pakistan voisin et en Afghanistan, y fait encore son beurre rance; il est maintenant en capacité renforcée de l'exporter - était une juste décision. Une fois l'élan entamé, il fallait s'y maintenir jusqu'au but final; l'intervention militaire n'étant qu'un des moyens au service des objectifs politiques. A défaut de pouvoir tenir la distance, la légitimité et la crédibilité nous l'interdisaient. Est-il ainsi vain de refaire l'histoire. Que nenni ! Car l'exercice sonne comme l'apprentissage vital et nécessaire du réel, pour autant qu'il enfante une conscience et des actes ...     

 

La responsabilité des Occidentaux dans cet effondrement, qui n'ont rien retenu des enseignements de l'intervention militaire soviétique de décembre 1979, est immense et catastrophique. Ou comment faire croire aux opinions internationales que les Etats-Unis et leurs alliés sont les garants de la démocratie et des libertés et, dans le même temps, accumuler jour après jour, mois après mois, année après année, revers militaires, fautes morales et échecs politiques.

 

A l'évidence, les valeurs démocratiques que les Etats occidentaux sont sensés incarner, se réduisant comme peau de chagrin, ne concernent désormais qu'une partie minoritaire de l'humanité, tel un universalisme atomisé. Les experts en cynisme vont expliqueront en long et en large la théorie du deux poids et deux mesures - nous, c'est nous, eux, c'est eux - tout en se répandant dans les médias sur le thème: "dormez tranquilles, bonnes gens, les Talibans et leurs excroissances islamistes n'ont que de louables intentions à notre égard". Les Américains en sont garants - tandis que les Européens, comme souvent, sont spectateurs - puisqu'ils ont négocié avec eux depuis des années leur prise de pouvoir actuelle ... Parler à Doha avec son ennemi est une chose, lui donner les clés d'une reconquête revancharde et sanglante en est une autre. Quelle misérable et infâme diplomatie !  

 

Qui peut affirmer réellement que dans quelques mois ou années de nouveaux attentats terroristes ne frapperont pas à nouveau nos démocraties fragilisées et naïves ? Les présidents américains Trump et Biden portent ensemble la responsabilité de ce qui vient de se passer et de ce qui adviendra. Quant aux alliés européens, France en tête, ils tentent de faire bonne figure dans ce naufrage collectif.   

 

Le bilan en Afghanistan est donc lamentable ! Désormais, le message de l'Occident au monde est d'une clarté, si on peut dire, coranique: nous sommes le passé et dépassés, détenteurs d'une civilisation et de valeurs obsolètes, enfoncées et ridiculisées par les régimes illibéraux, les démocratures, les autocraties et autres totalitarismes religieux. C'est la Chine de Xi Jinping, la Russie de Poutine, l'Iran de Raïssi, la Turquie d'Erdogan et autres Etats islamistes radicaux qui se frottent les mains. Pour battre l'Occident, il suffit à présent de le laisser faire et se défaire.

 

Il sera dit dans les livres d'histoire, pour autant que nos académies des savoirs, nos universités humanistes et nos centres de recherche survivent au cataclysme culturel et politique qui menace, que le 15 août 2021, l'Occident a renoncé à exister. Le 16 août 2021.   

 

   

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>Le 10 mai 1981 installe au pouvoir un François Mitterrand opaque !

 

En cette période de commémorations multiples - c'est vrai, fort nombreuses, sans doute trop nombreuses; j'observe cependant qu'elles apportent du réconfort aux victimes du terrorisme et constituent un matériau mémoriel signifiant pour les générations futures - celle de l'élection à la présidence de la République, le 10 mai 1981, de François Mitterrand et celle de sa mort,  le 08 janvier 1996, me troublent. C'est que cet être hautain n'est pas passé dans nos vies sans blessures. 

 

Depuis son meeting à Angleur (Liège), en 1973, devant mon actuel domicile, dans le parc du Théâtre de Verdure, derrière le château de Peralta - j'ai fait partie de la génération Mitterrand, mitterrandolâtre, eh oui, lecteur assidu de ses essais et biographies - que de sentiments mêlés à l'égard d'un homme autant habité par la volonté que par la dissimulation.  Son socialisme électoraliste ne me séduisait pas, je savais son parcours oxymorien. En revanche, sa personnalité, que je croyais cerner, me fascinait. Je croyais tout savoir de sa vie baroque et de sa romanesque personnalité. J'avais même eu le privilège, pensais-je, de lui serrer la main, de l'approcher aussi, aux côtés de mon patron d'alors, Jean-Maurice Dehousse, premier ministre-président de la Wallonie, lors de sa visite en Belgique et à Liège, en octobre 1983. Un passage furtif par l'Elysée fut aussi pour moi comme une Légion d'honneur.

 

Bien sûr, l'abolition de la peine de mort, portée par l'éloquent Garde des Sceaux, Robert Badinter, l'épanouissement d'une politique culturelle audacieuse (la Pyramide du Louvre et la rénovation complète de son musée, l'Opéra Bastille, la Grande Arche de la Défense, la Cité et la Fête de la musique, la décentralisation des patrimoines et des actes architecturaux novateurs en province, le prix unique du livre, l'avance sur recettes pour les cinémas, la libération des radios libres etc.), incarnée par le flamboyant ministre Jack Lang, resteront, à coup sûr, comme des marqueurs d'une présidence au final contrastée.  

 

Après l'indispensable politique de rigueur de 1983, que le Premier ministre, Pierre Mauroy, proposa au président, d'abord réticent avant d'être convaincu, rigueur budgétaire imposée par les choix dispendieux et nécessaires de 1981 (la relance du pouvoir d'achat des salariés, des familles, la retraite à 60 ans), et le second septennat d'inertie d'un François Mitterrand malade, puis à l'agonie, laisseront un goût de trop peu d'abord et d'amertume ensuite dans la bouche de nombreuses personnes. Les suicides du Premier ministre, Pierre Bérégovoy, et du Conseiller et ami, François de Grossouvre, achèveront de donner l'image d'une fin de règne aussi lugubre qu'inquiétante. Les lampions du 10 mai '81 laisseront la place aux rituels cartharciques que le président finissant puis le résident mourant de l'avenue Frédéric-Le-Play ne manqua pas de distiller tout au long de ses derniers mois d'existence.     

 

Mais il y a plus grave. C'est le moment de la sortie d'une biographie, en 1994, celle que consacre Pierre Péan à l'ex-président, "Une jeunesse française". L'enfant de Jarnac, le séducteur de ses dames et le parangon de vertus du "peuple de gauche" se mute, d'un coup, d'un seul, en un personnage au double visage; médailles à deux faces, la légende (vraie) du résistant en recto, le voile caché d'une présence à Vichy en verso. Le voila démasqué, l'héritier de Jaurès et de Blum,  par un épisode enfoui dans les plis d'une culpabilité tenace. L'homme à la rose sentait-il le rance ? Ou, à tout le moins, les pétales rouges de la fleur qu'il arborait fièrement étaient-ils flétris par un passé décomposé ? 

 

L'encombrant, alors, fut la rose qui mentait ... Car oui, il devint difficile de respirer le parfum désormais moisi d'un symbole trahi. Le 06 février 1934, la présence du jeune Mitterrand dans les manifestations des ligues fascistes françaises devint une énigme pour ses plus fidèles amis. Sa participation à l'administration de Vichy pendant 18 mois, fût-elle mineure, comme il le soutint, sous et avec Pétain, travail tout de même récompensé par le vieux maréchal par l'ordre de la Francisque, plus haute distinction de la collaboration, porte un coup sévère à mes dernières illusions. Les Juifs de France et de Navarre sont affligés, abasourdis, 

 

En 1943, comme pour se refaire la cerise, François Mitterrand rejoint la résistance au péril, c'est vrai, de sa vie. Grâce à cet engagement courageux, la biographie du futur président en sera toujours borgne. Jusqu'à Pierre Péan et ses informations sulfureuses. Car le lecteur admiratif de Barres et ami, dans le même temps, d'Elie Wiesel, resta discret sur sa relation amicale et tardive avec René Bousquet, l'ex-secrétaire général de la police de Vichy, sous gouvernement Laval, et organisateur, à ce titre, de la rafle du Vél' d'Hiv ... Tout cela, révélé par la somme du biographe trop curieux, me plongea dans une désolation dont la profondeur n'eut d'égale que mon ex-passion pour le Florentin.

 

Cette rafle permit la déportation dans les camps d'extermination de plusieurs milliers de Juifs étrangers, pour la plupart réfugiés, et français. Meurtri par tant de révélations, qui n'en étaient pas pour son entourage proche, je fus d'autant plus atteint que je m'aperçus que ses collaborateurs et anciens ministres d'origine juive, je pense à Jacques Attali, Robert Badinter et Laurent Fabius, en particulier, n'étaient pas, eux, informés de ces  épisodes de la vie de leur maître et patron.

 

Le général de Gaulle en fut informé lors de la campagne présidentielle de 1965, qui l'opposa au second tour à François Mitterrand. Il n'en usa pas contre son adversaire, qui, pourtant, ne l'épargna nullement dans ses philippiques acerbes. Il est vrai que l'homme du 18 juin avait de la dignité et de la grandeur.

 

Le sentiment de trahison était grand chez ces hommes qui aimaient François Mitterrand et pour lequel ils avaient beaucoup donné. La communauté juive était sous le choc et ne cachait pas sa colère. Perdant mes illusions sentimentales plus que socialistes, beaucoup d'autres déceptions sont venues grossir le flot des regrets et des remords.

 

Je me suis intéressé de plus près au Mitterrand Garde des Sceaux de 1956. Il avait été ministre de l'intérieur au début de l'insurrection algérienne. Là, face aux revendications d'indépendance, il avait plutôt enfilé les habits du modéré. A la justice, tout change, on en est plus à une révolte mais à la guerre d'Algérie. Il est intraitable avec les nationalistes algériens. Selon les recherches des historiens (voir l'hebdomadaire "Le Point", du 15 octobre 2010, "Le dernier tabou de Mitterrand" et la biographie référence de François Malye et Benjamin Stora, "François Mitterrand et la guerre d'Algerie", 2012), le président de l'abolition de la peine de mort fut aussi le ministre qui ne s'est pas opposé à la guillotine pour 45 nationalistes algériens.

 

C'est alors que je me suis souvenu que dès son élection à la présidence de la République, François Mitterrand s'empressa de faire voter par l'Assemblée nationale la loi d'amnistie des généraux putschistes d'Alger de 1961. Il y avait de la constance dans ce personnage, pas toujours la plus belle.

 

Outre les grands travaux à Paris et dans toute la France, je souhaite me souvenir aussi de trois de ses discours. Le premier, à la Knesset, à Jérusalem, sur la double reconnaissance de la légitimité et de la sécurité d'Israël et des droits des Palestiniens à disposer d'un État. Le deuxième, à l'Hôtel de Ville de Bruxelles, sur la nécessité pour l'Europe de se défendre face à la menace soviétique. Le troisième, au Bundestag, à Berlin, sur la réunification de l'Allemagne et donc de l'Europe, à la fois prudent et visionnaire. Je pense que nous devons lui en savoir gré, car ces trois étapes de son chemin résonnent encore avec la marche de l'Histoire.  

 

Cependant, la face sombre de François Mitterrand restera à mes yeux comme une tâche indélébile qu'aucune commémoration, fût-elle hagiographique, ne pourra effacer. Ainsi va l'histoire des "Grands Hommes", trop vite inscrite au fronton des hommages et des honneurs, mais, avec le temps, ramenée à leur juste place. Celle du 4ème président de la Vème République est aussi le temps et le lieu de dissimulations - son cancer, caché au peuple français dès 1982 et jusqu'en 1992 - d'une opacité coupable, celle de ses liens avec un passé aux remugles rances -  je n'évoque évidemment pas ici sa fille naturelle, tant aimée et pourtant cachée aussi, Mazarine, qui relève de sa vie privée, même si ce secret personnel a eu incontestablement une dimension d'Etat - un mensonge qui ne le grandit pas et l'éloigne définitivement de la trace grandiose qu'il a voulu laissée de son passage. Le 10 mai 2021.    

 

                                                                 

>Napoléon en Belgique, terre de fin de règne et règne de survivance !

 

En 1950, afin de sauvegarder la ferme du Caillou, dernier QG de Napoléon, proche de Waterloo, une souscription fut lancée pour compléter les recettes de l'exposition "Napoléon Bonaparte", prêtée par l'Hôtel des Invalides. Des passionnés par l'histoire du continent fondèrent la Société Belge d'Etudes Napoléoniennes. Parmi ceux-ci, Louis Lepage, industriel liégeois et grand-père maternel de mon regretté beau-frère, Stéphane Nyst. Peu avant sa mort, en 2019, il m'offrit le présent document témoignant de l'intérêt porté aux faces claires et sombres de l'empereur. "La Sben apporte aux passionnés et curieux ses publications, conférences et visites, aux chercheurs une audience; pour tous, les plaisirs de la découverte." L'histoire a façonné de manière durable les relations fortes et complexes entre les Pays-Bas autrichiens, la Principauté de Liège, enclavée au sein du Saint-Empire germanique, et la France. Qu'on le veuille ou non, Napoléon est de ceux qui ont bâti le socle actuel de l'Europe moderne. 

 

 

Document présenté à l'exposition "Napoléon, au-

delà du mythe", du 03 avril 2021 au 09 janvier 2022, 

Gare des Guillemins, Liège. Tél: 00.32.224.49.38.

 

Bonaparte au pont d'Arcole. Antoine Jean Gras / Bonaparte en Premier consul. Jean-Auguste / Napoléon dans son cabinet de travail. Jacques 

                Château de Versailles                           Dominique Ingres. Musée de la Boverie, Liège / Louis David. National Gallery, Washington. 

                         1796                                                                               1804                                                             1812

 

>Les Juifs et le monde doivent-ils commémorer Napoléon ? 

 

Loin d’être un moment de glorification aveugle, le bicentenaire de la mort de Napoléon Bonaparte, le 5 mai 1821 à Sainte-Hélène, est l’occasion pour les Juifs de France et de Belgique, pour le monde aussi, de se souvenir de l’ambivalence d’un homme d’Etat qui a consolidé l'émancipation des Israélites, tout en nourrissant à leur égard des préjugés acerbes et hostiles. Son bilan global est par ailleurs très contrasté, entre des avancées de droit incontestables - entre autres, l'organisation administrative et judiciaire de l'Etat moderne et, bien sûr, le code civil  - des régressions imbuvables - le rétablissement de l'esclavage, le sous-statut de la femme face à son époux - et de nombreuses guerres en Europe; boucheries ignobles avec, pourtant, l'idée de faire du Vieux Continent, par la force et la contrainte si nécessaire, la terre d'un universalisme à la française. Le général Bonaparte fut flamboyant, mais l'empereur Napoléon éteignit beaucoup trop de Lumières pour qu'il restât dans la mémoire collective du côté des héros. Le chevalier blanc des justes causes laissa vite la place au cavalier d'une apocalypse. Le culte de sa personne est toujours bien vivace. De nos jours, Napoléon est encore honoré en France et sur toute la planète. Les reconstitutions de ses batailles attirent les passionnés comme les foules. Les expositions consacrées à sa personne, à ses faits de gloire et d'infamie sont légion. Les livres qui lui sont consacré, dans plus d'une centaine de langues, se comptent par dizaines de milliers. C'est dire l'intérêt et la curiosité qu'il suscite depuis sa mort. Il est honni aussi dans l'Hexagone, dans le monde anglo-saxon et ailleurs. Quoi qu'il en soit, d'où que l'on regarde son destin, il fascine. Il est une page de la grande Histoire, une de celles qui ont fait ce que nous sommes. Nul ne peut contester ce constat. Il ne s'agit donc pas de l'aimer ou de le détester - laissons cela aux esprits faibles et revanchards - mais d'explorer, au-delà d'un homme, l'univers culturel, politique et économique qu'il nous laisse. Chacun trouvera en ces temps de commémoration, et non de célébration, de quoi assouvir sa soif de connaissance. Pour l'heure, chose moins connue, revenons à sa relation hétérodoxe aux Juifs, qu'il émancipa, certes, mais en s'en défiant comme d'un mal nécessaire.    

 

"Pour bien cerner toute l’importance de la politique de Napoléon Bonaparte envers les Juifs, il convient de revenir sur la portée inédite, mais également incomplète, des décrets d’émancipation des Juifs adoptés par la Constituante en 1790 (Juifs de Bordeaux et du Comtat Venaissin) et en 1791 (Juifs d’Alsace). En faisant des Juifs de France des citoyens à part entière, la Révolution française met fin à leur statut particulier de collectivité autonome soumise à l’autorité de leurs rabbins et de leurs chefs de communauté. Si l’émancipation ne suscite aucun trouble majeur ni d’émeute sanglante, la suite des événements n’est guère favorable aux Juifs. L’émancipation n’a pas pris de disposition concernant l’intégration des Juifs ni l’organisation du judaïsme.

 

Or, les mouvements antireligieux qui apparaissent avec la Terreur n’épargnent pas les Juifs. Ainsi, en Lorraine, les jacobins se montrent particulièrement virulents envers les Juifs allant jusqu’à réclamer leur expulsion de France. Bien que le Directoire (1795-1799) rétablit la liberté religieuse, les préventions contre les Juifs demeurent, tout particulièrement en Alsace où vit plus de la moitié (40.000 personnes) des Juifs de France.

 

Une fois qu’il proclame l’Empire en 1804, Napoléon veille à rétablir la paix civile après les débordements de la Terreur en définissant les rapports entre l’Etat et les différents cultes, dont le judaïsme. En bon héritier des Lumières, Napoléon nourrit envers les Juifs des sentiments mêlés de préjugés, de méfiance et de générosité. C’est suite à une vague de mécontentement visant l’émancipation des Juifs d’Alsace qu’il est amené à s’intéresser aux Juifs. Comme de nombreuses plaintes concernant les usuriers juifs d’Alsace lui parviennent, il estime qu’il y a un problème qu’il doit régler. C’est ce qui le conduit à poser la question de l’intégration des Juifs dans la nation.

 

Digne héritier de Voltaire et des Lumières

 

A la fois fils des Lumières et homme d’Etat pragmatique, il songe à résoudre la « question juive » en organisant le judaïsme français et en « régénérant » les Juifs. « En digne héritier de Voltaire, il considérait les Juifs comme un peuple à part, profondément corrompu par une foi superstitieuse et par la pratique de l’usure », fait remarquer Freddy Raphaël, sociologue spécialiste des Juifs de France et professeur émérite de l’Université de Strasbourg. « Mais son ambition personnelle et son sens de la cause publique, tout comme son opportunisme, l’amènent à passer outre ses préjugés lorsqu’il estime que l’intérêt de l’Etat est en jeu ». Faut-il considérer que Napoléon soit obsédé par cette minorité forte de 40.000 âmes ? Sûrement pas. Comme le rappelle très justement le directeur de la Fondation Napoléon, l’historien Thierry Lentz, « L’empereur ne se levait pas chaque matin en se demandant comment il allait pouvoir faire du mal à une communauté qui, au fond, ne présentait ni un danger ni une question insurmontable pour l’Empire ».

 

Bien que les Juifs ne constituent pas sa préoccupation majeure, Napoléon est malgré tout persuadé que leur émancipation – qu’il approuve – est l’illustration par excellence de la conception moderne de la nation qu’il veut imposer à l’Europe, c’est-à-dire la nation entendue comme un groupe humain constituant, sur une base égalitaire, une communauté politique de citoyens établie sur un territoire défini, personnifiée par une autorité souveraine.

 

Désireux d’y mettre bon ordre et de placer les Juifs de l’Empire sous sa gouverne, Napoléon fait plancher le Conseil d’Etat sur la question et convoque le 30 mai 1806 une assemblée d’une centaine de notables juifs désignés par les préfets. Siégeant à Paris du 26 juillet 1806 au 6 avril 1807, cette assemblée doit répondre à un questionnaire relatif aux mœurs et au comportement des Juifs, à leur adhésion patriotique à la France, à leur soumission au droit civil, à la compatibilité du judaïsme avec le droit commun, etc. Ayant constamment mis en avant l’adage Dina de 
Malkhouta Dina (la loi du pays est la loi), les notables juifs répondent en insistant sur leur volonté d’être soumis au Code civil et d’être traités comme tous autres citoyens français. Napoléon décide alors d’entériner solennellement leurs réponses par une haute instance du judaïsme qu’il convoque en 1807 : un Grand Sanhédrin composé de 71 membres (dont deux tiers de rabbins) ratifie les réponses des notables pour que Napoléon puisse soumettre la pratique religieuse des Juifs aux lois de l’Empire.

 

Le décret infâme

 

Le 17 mars 1808, Napoléon publie trois décrets rédigés par les ministères des Cultes et de l’Intérieur. Les deux premiers décrets portent sur l’organisation des communautés et des synagogues, à travers la création du Consistoire. Le troisième décret, le plus problématique, vise les pratiques des Juifs en matière de crédit et leurs activités commerciales. Considéré par les Juifs comme le « décret infâme », il leur impose des mesures contraires au droit commun et au principe d’égalité devant la loi, notamment en annulant leurs créances, en les obligeant à se faire délivrer chaque année par les préfets une autorisation pour exercer le commerce, en leur limitant le droit de se faire remplacer en cas d’appel sous les drapeaux et en limitant l’installation des Juifs en Alsace. Seuls les Juifs d’Alsace sont finalement soumis à ce décret pour une durée de 10 ans. Fort heureusement pour les Juifs, le décret ne sera pas reconduit par Louis XVIII ni par ses successeurs.

 

C’est précisément ce décret infâme qui a façonné l’image d’un Napoléon pétri de préjugés antisémites que l’historien français Pierre Birnbaum a qualifié de « prince des antisémites » dans son livre L’Aigle et la synagogue, Napoléon, les Juifs et l’Etat (éd. Fayard). Selon cet historien spécialiste des rapports entre les Juifs et l’Etat, Napoléon a retiré aux Juifs d’Alsace la citoyenneté que la Révolution leur avait accordée en 1791. « Napoléon impose aux Juifs des restrictions juridiques allant à l’encontre de la loi commune, qui dénotent une franche hostilité à l’endroit de ceux qu’il qualifie de “sauterelles”, de “corbeaux” ou de “nouveaux féodaux” et autres amabilités qui feront, tout au long du 19e siècle et jusqu’à Vichy, les délices des pamphlétaires antisémites ».

 

Napoléon est certes peu amène dans ses propos envers les Juifs mais son but ultime n’est pas de les persécuter. « Dans les discriminations qu’il leur impose, son but n’est pas de leur nuire, encore moins de se débarrasser d’eux, mais de les forcer à changer pour qu’ils s’intègrent au reste de la population », insiste l’historien français René Moulinas. Napoléon a toujours été explicite sur cette dimension assimilatrice. Dans son discours du 7 mai 1806 devant le Conseil d’Etat, il proclame : « On ne peut rien me proposer de pis que de chasser un grand nombre d’individus qui sont hommes comme les autres (…) il y aurait de la faiblesse à chasser les Juifs ; il y aura de la force à les corriger ».Pendant dix ans, les Juifs d’Alsace sont effectivement mis en retrait de l’émancipation même s’ils ne connaissent pas les persécutions de leurs frères vivant dans l’Empire tsariste.

 

Une fois que ce régime d’exception est aboli en 1818, les Juifs d’Alsace connaissent une mobilité sociale extraordinaire et demeureront de grands patriotes fidèles à la France. Ils ne seront plus marchands de bestiaux ni usuriers. Ils quittent les professions juives génératrices d’hostilité et deviennent avocats, médecins, journalistes, professeurs, banquiers, industriels, fonctionnaires, militaires, responsables politiques etc.

 

Ambivalence et contradictions de son héritage

 

Depuis qu’ils commémorent tous les dix ans la création du Consistoire israélite, cette institution conçue et mise en place par Napoléon Ier en 1808 et dont la mission est d’administrer les intérêts temporels du judaïsme auprès des pouvoirs publics, les Juifs de France et de Belgique se saisissent de cet événement pour évoquer sans glorification les différents aspects de la politique napoléonienne envers les Juifs, et plus particulièrement la manière avec laquelle il a consolidé l’émancipation des Juifs, tout en prenant simultanément des mesures discriminatoires envers les communautés juives d’Alsace. S’il est de bon ton de présenter Napoléon comme celui qui voulait réduire l’identité juive à une peau de chagrin, l’Histoire montre au contraire que ni les Juifs de France ni ceux de Belgique n’ont abandonné toute expression collective de leur identité, ni perdu leur conscience d’appartenance au peuple juif.

 

Les décrets de Napoléon n’ont pas empêché ces Juifs de créer un tissu très riche d’associations juives culturelles et politiques tout comme ils n’ont pas non plus empêché les Juifs de créer au 20e siècle le CRIF en France ou le CCOJB en Belgique pour porter une voix collective juive plus politique auprès des pouvoirs publics. L’héritage napoléonien est sûrement plein d’ambivalences et de contradictions dans sa perpétuation, mais il a le mérite d’avoir consolidé le judaïsme dans l’espace institutionnel français et belge, et d’avoir permis aux Juifs de ces pays d’y développer librement les déclinaisons de l’identité juive dans toute sa diversité." Regards, CCLJ, le 05 mai 2021. 

 

 

 

>Le génocide arménien est inscrit dans les tables de l'Histoire !

 

Alors que le président américain, Joe Biden, après le Congrès des Etats-Unis, en décembre 2019, vient à son tour de reconnaître le génocide arménien, le président français, Emmanuel Macron, s'est rendu devant le mémorial arménien au centre de Paris. Le 24 avril est désormais la Journée nationale de commémoration du génocide de 1915. Dans une lettre rendue publique, l'Elysée a souligné le "devoir d'empêcher le déni et le mensonge". A Ankara, Recep Erdogan s'est étranglé et campe dans son négationnisme. Sinistre sire ! 

 

Le geste d'Emmanuel Macron survient alors que, dans la journée, Joe Biden est devenu le premier président américain à reconnaître le génocide arménien par les troupes de l'Empire Ottoman pendant la Première Guerre mondiale. Le génocide est reconnu par une trentaine de pays, dont la France et la Belgique. La Turquie, plus nationaliste que jamais, tous partis turcophones confondus, en est malade.

  

"Se souvenir du passé, en acceptant la vérité, rendre hommage aux morts et respecter la mémoire des vivants est notre devoir pour empêcher l'oubli, le déni, le mensonge", a écrit le chef de l'Etat français dans sa lettre adressée à son homologue arménien, Armen Sarkissian. "Nous nous souvenons ensemble des effroyables souffrances d'un peuple martyr". "La France et l'Arménie sont unis dans l'amitié et la fraternité", ajoute-t-il.

 

"Engagé à vos côtés dans l'Histoire, nous le sommes aussi pour l'avenir, à l'heure où votre pays vient de traverser un conflit si meurtrier dans une région où le sang a trop coulé", écrit Emmanuel Macron en allusion au récent conflit du Nagorny-Karabakh entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Il a appelé à "construire une nouvelle page, celle de la paix de la prospérité et de la réconciliation".

 

Arrivé place du Canada, où a été érigé, en 2003, un monument en mémoire du génocide, il s'est recueilli aux côtés de la maire de Paris, Anne Hidalgo, de l'ambassadrice d'Arménie, Hasmik tolmajyan, ainsi que des co-présidents du Conseil de coordination des organisations arméniennes de France, Ara Toranian, et Mourad Papazian.

 

La démarche et les déclarations du président s'inscrivent sur fond de tensions entre la France et la Turquie, régulièrement accusée d'ingérence auprès des musulmans. La loi contre le séparatisme islamiste voulue par Emmanuel Macron, qui veut notamment lutter contre les influences étrangères sur le sol français, a également suscité une violente réaction du président turc contre Paris.

 

En février 2019, le chef de l'Etat avait annoncé que le 24 avril deviendrait Journée nationale de commémoration du génocide arménien, que la France a reconnu le 29 janvier 2001. C'est la première fois depuis qu'il participe à une commémoration officielle de cette journée.

 

La date du 24 avril, la même que celle retenue en Arménie et dans de nombreux pays, correspond au jour d'une rafle d'intellectuels arméniens assassinés à Constantinople par le pouvoir ottoman. Le génocide arménien est un fait historique, toutes les sources et documents sont là pour en témoigner, seule la Turquie s'obstine à le nier. Il est inscrit à jamais dans les tables de l'Histoire, à l'instar des génocides juif et tutsi. La Turquie se grandirait en acceptant de regarder en face son passé. 

 

Selon les estimations, entre 1,2 million et 1,5 million d'Arméniens ont été tués pendant la Première Guerre mondiale par les troupes de l'Empire ottoman, alors allié à Allemagne et à l'Autriche-Hongrie.

                                                                                  Le 24 avril 2021.

 

 

 >22 mars: le souffle de la vie n'efface rien, il rend plus fort !

 

Le 22 mars 2016 restera pour tous les Belges et les Européens une date à jamais marquée d'infamie, de souffrance et de tristesse. Nous pensons aux 32 victimes qui nous ont quittés, aux centaines d'autres personnes, traumatisées, blessées, mutilées, qui ont survécu dans la douleur et la peine, aux familles et proches, si mal traités par l'Etat et les compagnies d'assurances, dont la mémoire est pour toujours habitée par les tragédies de l'aéroport de Zaventem et de la station de métro Maelbeek. Après l'Angleterre, l'Espagne, la France, l'Allemagne, les attentats terroristes de l'Etat islamique ont fait basculé à son tour la Belgique dans l'horreur. En ce jour de deuil, il faut dire et répéter que la démocratie, fragile par ses valeurs de générosité, d'ouverture et de respect, devient puissante, dès lors que l'unité, la résistance et la confiance sont la réponse à la barbarie. Nul ne devra nous faire dévier de l'Etat de droit, nul ne pourra nous empêcher d'aimer la vie. Aujourd'hui, Daech est vaincu dans sa version institutionnelle et territoriale, certes, mais ses héritiers fanatisés ne renonceront pas à nous frapper à nouveau. Ecoutez les femmes et les hommes de l'Etat islamique prisonniers en Syrie et en Irak, leurs admirateurs en Occident, tapis dans nos villes, leurs tristes enfants manipulés et détruits par des images atroces, la haine se lit dans leurs yeux, la soif de revanche s'entend dans un flot de paroles désarticulé. Une chose essentielle leur a échappé. Le souffle de la vie n'efface rien, pas plus les sons que les scènes, pas plus la mémoire que le regard. Il rend plus fort ... jusqu'au dernier.   

                                                                        Le 22 mars 2021

 

>8 mars: une journée ne suffit plus pour un combat au long cours !

 

Il fut un temps où Jean Ferrat, jamais en retard d’un combat, pour le meilleur, les droits des salariés, des modestes, des exploités, pour le pire, il est vrai, pendant un temps seulement, aux côtés des frères communistes soviétiques, il fut un temps donc où le compagnon de route de Louis Aragon et d’Elsa Triolet chantait « La femme est l’avenir de l’homme ». Quelques années plus tard, Julien Clerc chevrotait « Femmes, je vous aime », sans que la vie quotidienne de dizaines de millions d’entre elles ne changeât d’un pouce.

 

En 1975 et 1982, ces incantations ne choquèrent guère de monde, elles plurent même, tant elles ne mangeaient pas de pain, comme on dit. Dans l’air du temps, bien après « Le Deuxième Sexe » de Simone de Beauvoir, paru en 1949, ces refrains gentillets rappelèrent tout de même à chacune et chacun que l’histoire et le monde avaient jusqu’alors fait la part belle aux hommes, en sacrifiant dans la mémoire collective et le droit celle et celui de nos sœurs humaines.  

 

Ce fut donc, malgré le prêchi-prêcha des amis Jean et Julien, une piqûre de rappel salutaire. Elle n’était pas suffisante. Elle ne l’est toujours pas.

 

Les discriminations à l’égard des femmes ont la vie dure. L’égalité hommes/femmes, dans l’univers du travail, que ce soit en termes de rémunérations, de promotions et de postes à responsabilité, les écarts de traitement y sont encore et toujours très sensibles.

 

Est-il besoin de rappeler l'enjeu déterminant de l'accès à l'éducation pour les filles, accès non assuré dans les pays les plus pauvres et même interdit dans les plus rétrogrades religieusement ? Oui, c'est toujours nécessaire de le rappeler. Quant à l'IVG, conquis de haute lutte en France grâce à Simone Veil, elle est toujours inaccessible dans bon nombre d'Etats, encore sous le joug d'un catholicisme conservateur, de Juifs ultra-orthodoxes ou d'un islam réactionnaire, voire une remise en cause par ces mêmes milieux religieux dans les pays qui l'ont légalisée.

 

Là comme ailleurs, la lutte ne doit pas faiblir. Il est illusoire de croire que les droits sont acquis une fois pour toutes, comme il est naïf de penser que la démocratie, fragile face aux dictatures, aux autocraties, aux régimes illibéraux et populistes, est par essence immortelle. Ce sont des édifices aujourd'hui menacés qu'il nous faut absolument préserver, protéger et défendre. 

 

Notre environnement urbain n’échappe pas à l’atteinte aux droits des femmes. Il suffit d’observer la manière dont ceux-là y conquièrent l’espace, en occupant le terrain, tout le terrain, en groupes ou en solitaires, agneaux et loups réunis, alors que, dans le même temps, une grande partie de celles-ci s’interdit de fréquenter certains quartiers, établissements de loisir et parcs de détente.

 

Les témoignages sont légion de leur autocensure quant au non-choix de porter en toute insouciance des vêtements « décontractés ». Au bout de la rue, sur les trottoirs de nos villes, dans l’espace public, tous les sondages concordent, quatre femmes sur cinq, jeunes et moins jeunes, affirment être victimes de réflexions déplacées, de commentaires machistes ou d'insultes sur leurs « tenues provocantes ». Plus grave encore, beaucoup disent subir des attouchements qui les terrifient.  

 

Le summum est atteint avec les violences physiques au sein des couples et des familles. En Belgique, selon un sondage de 2020, commandé par Amnesty International et SOS Viol, 20% des femmes ont subi un viol, 48% d’entre elles y ont été exposées avant l’âge de 19 ans. Une plainte sur trois est classée sans suite, 70% de ces dernières sont déposées par des femmes et 30% par des hommes, soit plus du double. Flandre, Bruxelles et Wallonie sont des régions où tous les 10 jours une femme meurt sous les coups d’un conjoint. 

 

Ces situations insupportables ne peuvent plus durer. Bien évidemment, la Belgique n’est qu’un exemple représentatif d’un phénomène mondial. De New Delhi à Brasilia, de Téhéran à Moscou, en passant par Ryad, d’Abuja à Rabat et Alger, de Paris à Londres, de Rome à Madrid, de New York à Los Angeles et de Sydney à Tokyo, bien d’autres lieux encore, une même vague féminicide traverse les océans et vient se fracasser sur la tolérance, l’indifférence ou l’impuissance des autorités publiques à l’égard d'un massacre qui ne dit pas son nom.

 

Rappelons que le mot féminicide, même si il fut utilisé comme adjectif dès le XIXème siècle, en tant que substantif, est récent dans le langage courant. La résistance au poids symbolique fort de son signifié fut en effet grande et hésitante, tant sociologiquement, juridiquement que politiquement.   

 

En ce 8 mars 2021, bien des combats demeurent inachevés. Celui des droits des femmes, de leur droit fondamental d’exister en tant que telles, à part égale avec les hommes, qui ne devraient jamais être leurs prédateurs, pas plus qu'ils ne sont leurs ennemis, de leur droit de vivre librement, sans autre entrave que celle légitime de l’Etat de droit, oui, ce combat-là est l’un de ceux auxquels l’humanité tout entière ne peut plus se soustraire, que ce soit par habitude, lâcheté ou complaisance. 

 

« La femme est l’avenir de l’homme », certes. Si seulement si, les Etats, dans le cadre national et multilatéral, engagent fermement la conquête des pleins droits des femmes où que ce soit dans le monde. « Femmes, je vous aime », c'est super. Si seulement si, à l’échelle individuelle et collective, les hommes acceptent enfin et concrètement de laisser toute leur place à leur compagne, leur mère, leur sœur, leur cousine, leur amie, leur copine, leur collègue, leur voisine ainsi qu’à toutes celles qui vivent à leurs côtés et qui viennent d’un ailleurs, proche ou lointain.    

 

On ne le dira jamais assez. Avoir fait du 8 mars la journée des femmes fut une heureuse initiative. Elle est désormais insuffisante, voire contre-productive. Car elle soulage peut-être certaines consciences ou rassurent quelque peu les victimes. Avouons-le, par sa célébration même une fois l’an, elle avoue ses limites. Cette date reste nécessaire néanmoins, mais c’est tous les jours de l’année et partout que le droit des femmes doit être désormais défendu, affirmé et fondu dans la loi. 

 

Il ne faudrait pas que le 8, une fois couché sur le flanc, chiffre qui symbolise l’infini, signifie le report aux Calendes grecques d’une tâche humanitaire essentielle. Il est vrai qu'elle est herculéenne.

                                                                           Le 8 mars 2021.  

 

 

      Rien n'est oublié !

 

En ce 13 novembre, nous n'oublions pas les 130 personnes massacrées et les centaines d'autres blessées physiquement et psychologiquement par les attentats terroristes islamistes au Stade de France, au Bataclan et sur les terrasses de café à Paris. Depuis cinq ans, de nombreux autres actes de barbarie ont frappé les démocraties. Toutes ces victimes innocentes sont dans nos coeurs et le resteront. Quant à notre raison, nous ne l'abandonnerons jamais, pas plus que les valeurs qui servent la vie et non pas la mort. 

                   Le 13 novembre 2020.

 

                            

                                          Isabelle Adjani, dans "La reine Margot", de Patrice Chéreau. 

 

 

>La Saint-Barthélemy, symbole de notre extrême difficulté à vivre ensemble !

 

Pour des raisons diverses, beaucoup d’entre nous passerons aujourd’hui sous silence la commémoration du massacre de la Saint-Barthélemy, le 24 août 1572, il y a donc exactement 448 ans. 

 

Ce jour marque le massacre de centaines de protestants, principalement à Paris, attentat perpétré au Louvre et dans les rues alentour par la volonté de la Ligue catholique. L’emblématique duc de Guise et ses affidés y sont pour quelque chose. 

 

Le 8 août 1570, afin de ramener le calme dans le royaume de France entre catholiques et protestants, sous le règne de Charles IX, fils de Catherine de Médicis, la Paix de Saint-Germain-en-Laye est signée. Les guerres de religion ont saigné l'Europe et la France n'y a pas échappé. 

 

Le 18 août 1572, le mariage entre la fille de Catherine de Médicis et sœur de Charles IX,  la catholique Marguerite de Valois, dite Margot, comme l’appelait ainsi le roi son frère, et le protestant Henri de Navarre, duc d’Anjou, futur roi Henri IV, est célébré. 

 

La volonté de Catherine, veuve du roi Henri II, dont le pouvoir sur ses quatre fils est grand, est d’unir politiquement Marguerite à Henri, de ramener ce dernier au bercail, afin, croit-elle, d’apaiser les tensions. C’est un mariage de pure raison, qui doit sceller une alliance et non un couple.

 

Ce projet cabre les princes catholiques, qui redoutent un coup fourré des huguenots. Il effraie les princes protestants, qui voient dans ce mariage la possible fin du protestantisme en France. Les horreurs du passé les confortent dans ce sentiment. 

 

Bien qu’Henri III de Navarre laisse entendre qu’il pourrait se convertir au catholicisme pour rassurer les partisans du pape et du roi, la peur s’installe définitivement dans le clan catholique, où nombreux sont les nobles à vouloir en découdre avec la noblesse protestante.

 

La perspective de voir la France devenir huguenote, rejoindre ainsi les nations bannies et de se mettre à dos la très catholique Espagne hérisse le ban et l’arrière ban romain (les fidèles du « Saint-Siège »).  

 

 

Un fait a inquiété particulièrement les catholiques. L’Amiral Gaspard de Coligny, protestant, a été réintégré au conseil de la couronne. Il s’entend bien avec le roi Charles IX. 

 

Les chefs du parti protestant sont donc venus à Paris pour participer à la célébration du mariage princier. Ils logent pour la plupart au Louvre.

 

Le 22 août, Coligny est blessé dans une tentative d’assassinat. Une tension extrême monte alors entre les deux bords ennemis de la chrétienté.

 

Un conseil restreint de la couronne se réunit dans la nuit du 23 au 24 août 1572. Il y est peut-être décidé du massacre, sans aucune certitude. 

L’implication dans cette tragédie de Charles IX et de Catherine de Médicis divisent les historiens. Selon les uns, ils n’y seraient pour rien, débordés par leurs extrémistes. Selon les autres, ils n’ont pas pu faire autrement. Le débat court encore quant à la préméditation du massacre de la Saint-Barthélemy …   

 

Au matin du 24 août, l’Amiral de Coligny est achevé à son domicile. Il suit ainsi son ancien patron, le prince de Condé, chef des protestants, lui-même assassiné à Jarnac le 13 mars 1569. 

 

En ce 24 août, les rues de Paris sont livrées aux meurtriers. Un bain de sang qui marquera l’histoire et la mémoire collective. L’ordre catholique est ainsi rétabli en France.

 

Le 30 mai 1574, Charles IX meurt à Vincennes de la tuberculose. Henri III de Navarre, converti semble-t-il au catholicisme, devient roi de France, sous le nom d’Henri IV. Il sera couronné le 13 février 1575. 

 

En avril 1598, « le bon roi Henri IV » promulgue l’édit de Nantes, dit édit de tolérance, qui octroie aux protestants dans certaines régions de France des droits de culte, civils et politiques. Cela ne plaît pas à tout le monde.  

 

Le 14 mai 1610, Henri IV est assassiné à Paris sous les coups de couteau d’un illuminé catholique, François de Ravaillac. Il sera exécuté sauvagement quelques jours plus tard, le 27 mai. 

 

Le 18 octobre 1685, Louis XIV révoque l’édit de Nantes et le remplace par l’édit de Fontainebleau, visant à faire disparaître du royaume de France le protestantisme. Louis XIV n’aimait guère les groupes minoritaires, sorte de contre-pouvoirs au sien, absolu. Les huguenots étaient à ses yeux trop proches des nations européennes protestantes et constituaient, à ce titre, un ennemi intérieur intolérable. Retour à la case départ !

 

Ce petit résumé pour dire combien ce 24 août, jour de la Saint-Barthélemy, est pour moi une date importante. Car cette date incarne l’incapacité ontologique des religions à s’entendre. Ce n’est pas un jugement, c’est un constat. 

 

Elles n’ont certes pas le monopole de l’intransigeance et de la violence. Pensons aux « œuvres » païennes et sinistres d’Hitler et de Staline, tous deux dictateurs sanguinaires sans religion. 

 

Tout de même. Le problème n’est pas de croire ou de ne pas croire, conviction légitime et intime de tout un chacun. Mais de penser que « Mon Dieu » (si il n’y en a qu’Un, c’est donc le même …) est meilleur que celui des autres, supérieur, que « Mes pratiques » et « Mon interprétation » des Textes s’imposent à toutes et à tous. Le prosélytisme de deux des trois monothéismes fut et demeure la cause de bien des malheurs. 

 

L’humanité est plurielle et c’est très bien ainsi. Le massacre de la Saint-Barthélemy est un marqueur de l'histoire parmi d’autres. Mais il est un symbole, celui du sceau de notre difficulté à vivre ensemble, de l'intolérance imbécile et mortifère. Le 24 août 2020. 

 

 

 

Le Hezbollah, ce cancer libanais !

 

Le 4 août 2020 restera dans l'histoire tragique du Liban comme une date chargée dun lourd symbole. L'explosion gigantesque d'un silo de nitrate d'ammonium a ravagé non seulement le port de Beyrouth mais encore une partie importante de la capitale. C'est tout le peuple libanais qui en est victime collatérale. Disons les choses. Il serait temps que le Liban et Israël, toujours en guerre officiellement, en viennent à choisir la coopération régionale plutôt que la confrontation. Malheureusement, le Hezbollah, ce véritable cancer libanais, importé depuis Téhéran, tel qu’il fonctionne pour l’heure, avec sa dépendance idéologique et logistique vis-à-vis de l’Iran, ses objectifs militaires et son emprise sur la totalité du Liban, ses communautés confessionnelles et son gouvernement fantoche, toujours considéré par l’Union européenne et les Etats-Unis comme une organisation terroriste (très puissante) - ce qu’il est - représente un obstacle majeur pour atteindre une étape de collaboration positive pour les deux peuples. En attendant, derrière la haine d’Israël, entretenue savamment du Sud au Nord du Liban, beaucoup de Libanais remercient aujourd’hui Israël pour son aide suite à la catastrophe. C’est un signe encourageant. Il en dit long sur le réel état d’esprit de Libanais fatigués et excédés par un système clanique corrompu, qui a transformé un pays jadis relativement prospère en pays sous-développé. Le 05 août 2020. 

 

 

 

      Dans les files d'attente de la guerre ou du Covid aujourd'hui, la Libération est au bout du tunnel, mais qu'en fait-on ?

 

>L’histoire est tragique, oui mais, qu’en faisons-nous ?

 

Nous célébrons aujourd’hui, 8 mai, la victoire des forces alliées sur les ténèbres du Troisième Reich. Il me semble que nous devons nous en pénétrer pour l’avenir. 

 

Peu après la Première Guerre mondiale, il y eut les années folles et la folle idée que la boucherie européenne ne rouvrirait plus jamais ses portes. C’était « la der des ders », avec, dans le frigo décongelé des vainqueurs, un Traité de Versailles, dont la principale qualité fut d’humilier le peuple allemand en lui imposant des indemnités de guerre écrasantes et des dispositions unilatérales quasi impossibles à honorer. Le terreau était prêt pour la revanche ...   

 

On pouvait cependant comprendre la crainte de la France, qui venait de récupérer l’Alsace et la Lorraine, annexées par la Prusse germanique en 1870, de voir l’hydre du Rhin renaître de ses cendres. Les cendres, c’était justement la spécialité d’un petit caporal d’origine autrichienne.

 

Les années ’30 ne ressemblèrent en rien aux années ’20. La crise financière internationale de 1929, la montée des périls et l’inflation exponentielle en Allemagne étaient passées par là. Le Deutsch mark était devenu roupie de sansonnet. Une miche de pain, qui coûtait 300 marks en décembre 1922, valait 200 milliards de marks onze mois plus tard. 

 

De ce chaos, le médiocre artiste peintre de Braunau, devenu le chef tout-puissant du parti nazi, de Munich à Kiel, de Dresde à Düsseldorf en passant par Berlin, en fit un Nouvel Ordre. Il promit au peuple allemand la fameuse "rache" ou revanche. Il tint parole.

 

 L’Europe et le monde ne tardèrent pas à renouer avec l’art de la découpe de viande humaine. La Seconde Guerre mondiale remit les plats (précaution de langage et non la deuxième), mais en plus industriel. C’est ainsi que la race aryenne, sûre de son droit et de sa supériorité, occupa tout l’espace vital nécessaire à son déploiement. Il fallait faire de la place et vider les culs-de-basse-fosse où se terraient les Juifs et les Tsiganes, cloportes nuisibles à la renaissance du Reich pour mille ans … 

 

Une fois encore, notre continent fut dévasté. Une nouvelle coalition alliée, par le recours à des moyens sans commune mesure avec les guerres précédentes, au bout de cinq années et non sans des pertes immenses, parvint à vaincre la barbarie nazie. 

 

Après la « der des ders », l'antienne, ce chant liturgique en langue allemande, résonna dans toutes les cathédrales politiques et les capitales religieuses du monde : « Plus jamais ça ! » Rien de moins. 

 

Les années qui suivirent furent difficiles. Celles d’après, moins. Le Plan Marshal et la reconstruction de l’Europe accouchèrent, fin ’50 et début ’60, de belles années de croissance et d’espoir illimité dans la consommation de biens de confort et de plaisir. La civilisation des loisirs était née. 

 

Pendant que les peuples occidentaux s’adonnaient à leurs passions nouvelles, d’autres, dans ce qui fut nommé « le Tiers Monde », entre bloc communiste et camp des démocraties capitalistes, d’autres peuples, animés par des leaders nationalistes, luttaient dans la douleur pour leur indépendance. 

 

De nouveaux conflits, dits locaux, éclatèrent. Le peuple juif, trahi par les Alliés, car abandonné à sa tragédie pendant la guerre, sur ses terres ancestrales, obtint de haute lutte, non sans engendrer dans sa course un conflit violent et durable avec les Arabes palestiniens, la création d’un Etat, Israël, unique garantie à ses yeux d’avoir un foyer où la sécurité lui serait enfin garantie.  

 

D’Inde à l’Algérie, d’Indochine au Congo, les prisons du colonialisme tombèrent une à une. Dans les cours d’histoire et de philosophie de nos universités, les doctes professeurs apprirent à leurs étudiants étonnés que l’histoire est tragique. De fait, elle l’est. 

 

La jeunesse dorée occidentale des sixties et seventies refusa de payer le prix fort et d’aller à la guerre pour servir, comme leurs aînés, de chair à canon. La guerre du Vietnam était passée par là. Le printemps ’68 vit exploser les révoltes, de Prague aux campus américains, en passant par la Sorbonne au Quartier latin. 

 

L’ordre fut rétabli sous la botte soviétique en Tchécoslovaquie, avec la débâcle américaine à Saigon, avec des concessions sociales et sociétales à Paris. C’était reparti pour une bonne tranche d’achats compulsifs dans des hypermarchés qui crachaient, à volumes croissants, dans les années ’80, ’90 et 2000, l’électronique japonais. Depuis les années ’10, "l’usine du monde", la Chine, nous faire voir la vie en rose pas cher. Pour vivre heureux, vivons idiots. 

 

L’intensification des échanges commerciaux, des voyages en avion « low cost », la frénésie de communication numérique, avec nos saints smartphones et autres écrans plats, le vomissement continu des usines et des voitures polluantes, tout cela et le reste, transforma notre environnement en serre globale de plus en plus irrespirable.   

 

Entre temps, la chute du Mur de Berlin et l’effondrement de l’empire stalinien donnèrent à réfléchir à d’aucuns. On parlait de fin de l’histoire. Sous les facilités, contraintes et menaces d’une mondialisation à tout va, la compétition économique entre les puissances battait son plein.

 

Les Etats-Unis, en relatif déclin, exception faite des GAFAM, ce qui n’est pas rien (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), depuis George Bush junior à Donald Trump, y compris Barack Obama, jouent la carte du protectionnisme, à défaut de ne plus pouvoir imposer au monde son pouvoir. 

 

La Chine, émergente, énergique et espionne, se lance dans une stratégie de conquête des marchés à coups de transferts de technologies, de participations ou reprises d’entreprises et d’infrastructures. Ses nouvelles routes de la soie font merveille à voir.

 

 L’Inde, prise entre son désir d’émerger sur la scène internationale et ses démons nationalistes, en eau trouble, tente de maîtriser un développement qui tarde à venir. On y détourne le regard sur la misère persistante pour y dénoncer "l’impureté" ethnique qui règne au nord du pays. 

 

La Russie, renouant avec les ambitions impériales, ses très mauvaises manières et son cynisme, nain économique mais puissance militaire, résiste à l’ennemi occidental et à l’inquiétant voisin à l’est, en spécialiste des fake news, crée le désordre politique sur la Toile, en agent d’influence, déstabilise des territoires est-européens et au Moyen-Orient.

 

Quant à l’Europe, toujours en recherche d’unité, elle se morfond de ses divisions internes, de son incapacité à fédérer ses forces ainsi qu’à apaiser les vents contraires entre « cigales du sud et fourmis du nord ». Partenaire majeur sur le plan économique, l’Union européenne demeure une non-puissance politique, empêtrée entre désir d’exister et fascination d’imploser.   

 

Tous ces acteurs sont interdépendants et ne pourraient survivre durablement sans les autres. C’est la loi d’une économie planétaire. Mais ils sont tous travaillés de l’intérieur par la tentation de dominer l’autre, de lui régler son compte. "Une bonne fois pour toutes" ? 

 

C’est pourquoi, ils ont transformé peu à peu la compétition en guerre économique, délaissant les outils de régulation multilatéraux, comme l’ONU et l’OMC, pour se consacrer à la lutte finale. Inévitablement, à ce jeu de la roulette russe, Il y aura des gagnants et des perdants. 

 

Où voulons-nous être, nous, les Européens, héritiers de la civilisation greco-romaine, du judéo-christianisme, de l’islam d’Al-Andalus et des Lumières ? Oui, où voulons-nous vivre, nous épanouir et voir grandir, s'élever nos enfants ?

 

Quel monde choisir, celui des Américains, face, sympas, pile, voraces ? Celui des Chinois, face souriants, pile, gloutons ? N’avons-nous rien d’autre à proposer à nous-mêmes et au monde ?

 

La conflagration mondiale de la crise sanitaire du Covid-19, qui n’épargne personne et qui sera suivie d’une crise économique et sociale peut-être plus dévastatrice encore, a renvoyé l’humanité, surtout la nôtre, celle des pays développés (car les autres savaient déjà) à sa fragilité, au spectre de la déchéance et de la mort. Bien sûr, ce ne sont là que projections et fantasmes morbides. 

 

Ils influent cependant sur nos comportements et nous façonnent à la manière lente d’une imprimante 3D. La peur intime et l’angoisse collective sont sœurs. Elles se nourrissent l’une l’autre de nos nombreuses incertitudes. Ce vide que nous devons remplir de ce que nous ne sommes pas encore.  

 

Ce 8 mai, la commémoration du 75ème anniversaire de la Libération est l’occasion, plus que jamais depuis 1945, de saisir à bras le corps, sans distanciation sociale, de la question : l’histoire est tragique, oui mais, qu’en faisons-nous ? 08 mai 2020.

 

        

>1er mai: Un nouveau monde, oui, mais le quel ?

 

Quel nouveau monde ? Pas celui, en tout cas, des néo-marxistes qui rêvent de refaire le coup des révolutions totalitaires, version PTB ou France insoumise. Les fréquentations de Robert Vertenueil sont à ce sujet éclairantes. On connaît la chanson, l'Internationale comme entrée d'honneur dans le confinement mental et physique ... Une chose me gêne dans cette image attendrissante de "l'Action commune", c'est l'idée que pour être admis dans "la famille rouge", il faudrait être un bon petit soldat, le doigt sur la couture du pantalon: voter pour le PS, pourquoi pas; adhérer à la FGTB stalinienne, jamais, et payer sa cotisation à Solidaris, ce que je fais depuis plus de 40 ans. Donc, si on adhère à la CNE/CSC, on est exclu du saint triptyque. Si on paie sa cotisation aux Mutualités chrétiennes, tout en votant socialiste, idem. Si on vote Ecolo et qu'on cotise à Solidaris, dehors aussi ... Je pense sincèrement que cette réunion de famille, avec clin-d'oeil appuyé totalement décalé, représente le monde d'hier, la verticalité qui a tant ignoré et détruit du haut de sa superbe. Davantage d'horizontalité dans l'approche socio-politique ne ferait pas de tort à un triumvirat qui apparaît désormais hors sol, comme étranger aux réalités d'un monde qui semble lui échapper.  Cohérence du discours et de la doctrine, oui, bien sûr, mais non au monolithisme des idéologies à vocation totalisante, incapables de prendre en charge la complexité et l'hétérogénéité des situations. Un courageux aggiornamento me semble incontournableLe 1er mai 2020.

 

 

>75 ans après, je me souviens de mon reportage sur l'enfer d'Auschwitz !

 

 

                         Reportage d’avril 1978 : 80 jeunes à Auschwitz-Birkenau !

 

En mars 1978, l’Amicale belge des ex-détenus d’Auschwitz-Birkenau organisa le tout premier pèlerinage de 80 jeunes sur les lieux du génocide juif. Jeune rédacteur, je collaborais, entre autres, avec le quotidien « Le Drapeau rouge ». Dès lors qu’ils n’étaient pas censurés, cela arriva plus d’une fois, mes articles mal écrits, y étaient publiés. Du haut de mon inexpérience rédactionnelle, j’avais 22 ans, j’ai voulu couvrir l’événement, que je pressentais important pour la mémoire de la Shoah en Belgique et déterminant pour mon parcours personnel. En ce jour de commémoration de la libération du camp par l'armée russe, je n'ai rien oublié de ce voyage vers l'enfer, qui n'était pourtant qu'un pâle reflet de la réalité. Je n'ai rien oublié non plus des échanges, chaque soir à Cracovie, que j'ai eu la chance d'avoir avec un ami, le regretté Dr. Maurice Goldstein. Son témoignage de jeune adulte rescapé de l'horreur nazie n'a jamais déserté ma mémoire. Au-delà des derniers survivants, qui vont bientôt nous quittés, il m'enseigna le devoir de transmission, l'impérieuse nécessité d'aider la jeunesse à connaître, à comprendre et à agir. L'histoire bégaie parfois. C'est à cette tâche-là qu'une partie de ma vie a été consacrée. Le 27 janvier 2020. 

 

En février 1978, un appel fut lancé à la jeunesse dans la presse belge. 80 places étaient proposées aux moins de 21 ans. 500 jeunes répondirent à cette invitation. Le tirage au sort départagea les nombreux candidats. On ne pouvait mieux obtenir un large éventail représentatif d’une jeunesse jusque-là confortablement installée dans l’insouciance de l’après-guerre et d’une certaine prospérité.

 

Un groupe d’environ 70 personnes (journalistes, représentants d’organisations politiques et de jeunesse et certains anciens détenus des camps hitlériens) accompagnait les jeunes.

 

Varsovie, capitale de la Pologne, un million et demi d’habitants, ville d’une improbable séduction, détruite par l'occupation allemande, puis reconstruite par des bâtisseurs staliniens impersonnels, Varsovie résonne en nous comme un appel à la résistance mais aussi à l'indifférence. La nation polonaise, c'est une riche culture d’un peuple fier, indépendant et romantique, tourmenté par une histoire tragique et déchiré par une mémoire contrastée entre statut de victime et celui de complice.

 

La délégation belge se rend dès son arrivée au ghetto de Varsovie. C’est l’hommage solennel et lourd aux 400.000 Juifs parqués dans ce lieu sinistre, assassinés sur place pour partie, envoyés dans des trains à bestiaux dans les camps d’extermination pour la majorité. Des hommes et des femmes, dans une lutte acharnée et combien symbolique, ont donné leur vie pour montrer le chemin de la libération des peuples de la barbarie nazie. Une minute de silence pour se souvenir et ne jamais oublier. 

 

Cracovie, en Silésie, 700.000 habitants, a plus de charme que sa grande sœur du Nord. La nature y est plus présente et son patrimoine, relativement préservé de la guerre, renvoie le regard aux riches heures d’une Pologne fantasmée. 

 

Nous partons tôt le matin pour Auschwitz, le petit camp, « le paradis », comme l’appelle avec ironie le Docteur Maurice Goldstein, le président international des ex-détenus et survivants, par rapport au campa de Birkenau, véritable abattoir humain à l’échelle industrielle.

 

1.100.000 Juifs sur les 6.000.000 exterminés de la Shoah périrent dans ces lieux à jamais infamants pour l’humanité. La visite ressemble à une vision d’horreurs, que la plupart des jeunes présents n’imaginaient pas une seconde au préalable.  Des témoignages bouleversants, au-delà du supportable, pour certains d’entre eux. Notre guide et les survivants expliquent, décrivent, détaillent les terribles conditions de vie dans l’univers concentrationnaire. Pour celles et ceux qui n’étaient pas envoyés directement dans les chambres à gaz, le quotidien s’appelait souffrance. La nourriture se composait d’un bol de « soupe » et d’un morceau de pain par jour, d’une tranche de saucisson de porc (provocation alimentaire des Allemands ?) d’un peu de confiture par semaine. Il fallait tenir le coup, compte tenu de journées de travail de dix, douze heures, plus les interminables appels du matin et du soir. Il fallait que le nombre recensé de prisonniers soit toujours exact, sans cela, les bourreaux recommençaient l’appel jusqu’à ce que le décompte soit juste. Cela pouvait durer des heures. Des personnes étaient décédées la veille d’épuisement, il incombait alors aux vivants, aux moribonds, de les ramener dans la cour auprès des SS. Ce rite absurde et sadique se déroulait par tous les temps, chaleur torride en été, - 20 à - 30 en hiver. L’unique vêtement était un pyjama rayé, vite déchiré ... 

 

Les Allemands triaient les déportés selon leur origine. Les Juifs, l’immense majorité, étaient marqués de l’étoile jaune, les Tziganes du triangle bleu, les politiques du triangle rouge, les droits communs du triangle vert et les homosexuels du triangle rose. 

 

Nous visitons les premiers blocs, c’est le choc ; les témoignages sont légion, révélateurs, souvent insupportables. Par tonnes, derrière les vitrines, sont exposés des cheveux de femmes, des petits habits d’enfants, des prothèses de jambes, de bras qui s’amoncellent en tas mécaniques, des paires de lunettes par milliers rappellent les regards, jadis insouciants, d’une humanité disparue. Des valises, des sacs, des accessoires de cuisine, des photographies atroces d’enfants torturés, nus, squelettiques, castrés font couler des larmes discrètement sur les joues des visiteurs. 

 

Arrivé à Birkenau, le plus grand camp jamais construit par les nazis, en suivant la ligne de chemin de fer qui pénètre dans les entrailles du monstre, il ne s’agit plus seulement d’émotion, mais de stupeur, qui coupe le souffle et rend malade. 42 kilomètres carrés, 660 baraquements où s’entassaient 300 à 600 détenus, 6 chambres à gaz et 4 fours crématoires, fonctionnant jour et nuit, d’une capacité de 20.000 personnes par 24 heures. Les fumées des cheminées acres, obsédantes, noircissaient le ciel et disaient que Dieu avait abandonné son peuple. Les tonnes de cendres étaient noyées dans des étendues d’eau transformées en bourbiers infâmes. Parmi les 28 nationalités de suppliciés, 90% furent exterminés, dont 800.000 enfants. (...) Le 13 avril 1978.

 

Comment cela fut-il possible ? Comment des êtres humains ont-ils pu agir ainsi pour envoyer collectivement et industriellement d'autres êtres humains au néant ? Pourquoi les nations démocratiques, qui étaient informées de la réalité des camps de concentration et d'extermination, n'ont-elles rien fait pour arrêter le massacre ? Et Dieu, où était-Il pendant que l'Allemagne nazie tentait de faire disparaître un peuple qu'Il est sensé avoir choisi ? La Shoah est-elle inscrite dans les gênes de l'humanité ? Le négationnisme des ennemis des droits humains pourrait-il un jour menacer la conscience, la connaissance et l'enseignement de la vérité historique ? Si oui, que faisons-nous pour empêcher ce noir dessein ? Tout cela peut-il renaître sous une forme ou sous une autre ? C'est à ces questions fondamentales que chacun se doit de réfléchir et d'y apporter ses justes et fermes réponses. Le 27 janvier 2020.

       

>Coup de colère d'Emmanuel Macron sur des policiers israéliens !

 

Bravo au président ! Je ne peux que saluer sa double démarche: réaffirmer que la négation d'Israël en tant qu'Etat est une forme, parmi d'autres, de l'antisémitisme contemporain - à savoir, cet anti-sionisme haineux, hors de tout débat démocratique et de toute critique légitime, faux-nez de l'antisémitisme - et faire en sorte que le gouvernement israélien entende clairement qu'il n'a pas autorité, ni juridiquement, ni politiquement, ni historiquement, sur les territoires occupés et colonisés en toute impunité. 22 janvier 2020.

 

                                            « Je n’aime pas ce que vous avez fait devant moi ! »

 

La basilique Saint-Anne, construite par les croisés au XIIe siècle et offerte par l’Empire ottoman à la France en 1856, est l’un des quatre territoires français de Jérusalem. Dans la matinée, un accrochage a eu lieu près du site entre un membre des forces de sécurité israéliennes et des membres du groupe de sécurité d’Emmanuel Macron.

Un membre des forces de sécurité israéliennes est, dans un premier temps, entré dans la basilique, propriété de la France, puis en est ressorti. Lorsqu’il a tenté d’y entrer à nouveau, il en a été expulsé par des membres du Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR), ont relaté plusieurs journalistes présents, dont le photographe du Monde Jean-Claude Coutausse. Un de ces journalistes a affirmé que deux hommes s’étaient pris par le col. Plus tard dans la journée, Emmanuel Macron lui-même a repris des policiers israéliens qui le gênaient pour entrer dans l’église Saint-Anne. « I don’t like what you did in front of me » (« Je n’aime pas ce que vous avez fait devant moi »), a crié le président français à un policier israélien, en lui demandant de quitter l’église: "Go out !" ... Le 22 janvier 2020. 

 

 

>Israël célèbre le 75è anniversaire de la libération d'Auschwitz !

 

Vladimir Poutine, Emmanuel Macron, le vice-président américain Mike Pence se rendront cette semaine en Israël pour commémorer le 75è anniversaire de la libération du camp d'extermination nazi d'Auschwitz-Birkenau. L'Etat hébreu se prépare à accueillir une quarantaine de dirigeants pour l'un des plus grands rassemblements de leaders jamais organisés à Jérusalem. Le roi Philippe de Belgique, accompagné du ministre des Affaires étrangères, Philippe Goffin (MR), sera présent. La Pologne n'a pas été invitée à s'exprimer.

 

Des milliers de policiers et autres forces de sécurité quadrilleront la ville dès aujourd'hui pour l'arrivée des premiers dirigeants, en grande partie européens, qui discuteront cette semaine de la recrudescence de l'antisémitisme, mais aussi de géopolitique au Moyen-Orient.

 

« Je vais discuter avec eux de l'Iran, des développements dans la région et des moyens de renforcer les relations entre nos pays », a déclaré dimanche le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, voulant ainsi donner le « la » de cette séquence.

 

Le point d'orgue des commémorations est prévu jeudi au mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem, où Emmanuel Macron, Vladimir Poutine, le prince britannique Charles et les présidents allemand et israélien, Frank-Walter Steinmeier et Reuven Rivlin, doivent prononcer les discours pour commémorer, sur les 6 millions de Juifs assassinés par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, les 1.100.000 qui l'ont été dans le seul camp d'extermination d'Auchwitz-Birkenau.  

 

Andrzej Duda, le président polonais, ne participera pas aux commémorations, car n'ayant pas été invité à prononcer un discours lors de la cérémonie. Le tout se déroule sur fond de tensions avec Vladimir Poutine, qui a récemment accusé la Pologne d'avant-guerre de collusion avec Hitler et d'antisémitisme. Le président russe sera au cœur des commémorations à Jérusalem. Il doit inaugurer un monument en l'honneur des victimes du siège de Leningrad par les nazis, qui aura coûté la vie à 800.000 personnes, de 1941 à 1944. Le 21 janvier 2019.

   

    Nous sommes et resterons Charlie, quoi qu'il advienne !

 

Le 7 janvier 2015, à Paris, c'est à notre mode de vie que le terrorisme islamiste a voulu s'en prendre. Nos amis  journalistes et dessinateurs de Charlie Hebdo ont payé de leur vie leur passion de la liberté. Le blasphème est un crime pour les fanatiques. Ils y voient la célébration des droits humains qu'ils exècrent et l'injure à leurs dogmes tristes et hystériques. A l'opposé, nous y puisons le sens de la nécessaire mise à distance, de l'esprit critique et de l'humour salvateur. Peu avant ce massacre, une policière en service était froidement assassinée. Deux jours plus tard, le 9 janvier, un employé et trois clients de l'Hyper casher de Vincennes étaient à leur tour abattus par la même idéologie mortifère. Ils sont morts parce qu'ils étaient juifs. L'époque est mauvaise, l'antisémitisme frappe à nouveau. Il n'est pas bon d'être juif.         

                                         Le 8 janvier 2020.

>Israël, deux poids et deux mesures !

 

    L'élimination du chef djihadiste à Gaza, Baha Abri al-Ata, cerclé, et la pluie de roquettes lancées aujourd'hui sur Israël.

 

Ce matin, Israël, ses Forces de défense (FDI) et le Shin Bet (service de sécurité) a bombardé la maison d'un chef djihadiste à Gaza, Baha Abri al-Ata, éliminant ainsi un terroriste sunnite à la solde de l'Iran chiite, responsable d'un nombre importants d'actes meurtriers, comme la planification de nombreuses attaques contre Israël par le lancement de roquettes à longue portée. Les islamistes ont répondu en projetant des centaines de roquettes sur l'Etat hébreu, la plupart dans le Sud du pays, mais aussi sur Tel-Aviv, obligeant le gouvernement israélien à fermer notamment les écoles. Le Hamas, organisation politique qui contrôle Gaza, se tient pour l'heure à l'écart des échanges de tirs, respectant apparemment le cessez-le-feu conclu avec Jérusalem. Il n'en demeure pas moins qu'il laisse faire "ses frères musulmans", comme il laisse une relative liberté de manoeuvre à l'Etat islamique dans son enclave, espérant sans doute un jour les agréger à son mouvement terroriste. 

 

Pour ne prendre que deux exemples du jour, lors de la matinale de la radio francophone belge de la RTBF, "La Première", le billet du correspondant à Jérusalem précisait, sans que l'auditeur puisse faire la part entre le commentaire du journaliste et l'accusation du groupe palestinien, qu'il s'agissait "d'un assassinat". Quant au quotidien français "Le Monde", il titrait sur la mort d'un "commandant palestinien", comme s'il s'agissait de déplorer le décès malheureux d'un officier militaire respectable et d'accuser Israël de neutraliser un ennemi mortel. Faut-il rappeler que la plupart des Etats dans le monde éliminent des cibles qui menacent leur territoire ou leurs ressortissants ? La France, le Royaume-Uni, les Etats-Unis le font. Personne ne trouve cela illégitime, si ce n'est certains "droitsdelhommistes" naïfs ou instrumentalisés. Leur condamnation tonitruante des démocraties qui se défendent répond à leur silence assourdissant sur les crimes des pires dictatures. La conscience morale n'est-elle pas pour eux un concept idéologique plus qu'une valeur qui fonctionne à plusieurs vitesses ? 

 

Dès lors qu'il s'agit d'Israël, la mise en scène est spectaculaire, les grands mots sont stigmatisants, presse écrite, chaînes radios et télés, réseaux sociaux massivement à l'unisson pour pointer la responsabilité sioniste. Mais ils font généralement l'impasse sur les causes des neutralisations israéliennes ainsi que, ou si peu, sur les conséquences humaines du côté des populations israéliennes juives, arabes, chrétiennes et autres d'ailleurs.

 

Ceux-là seraient davantage crédibles s'ils rompaient leur mutisme devant les 500.000 morts en Syrie, massacrés par un régime chiite alaouite, soutenu et armé par la Russie poutinienne. Ces gens seraient peut-être plus légitimes à parler si on les voyait dans la rue pour dénoncer le sort tragique réservé au peuple kurde depuis un siècle, depuis le Traité de Sèvres. Préfèrent-ils défiler à Bruxelles ou Paris sous les bannières "Mort aux Juifs" ? 

 

Le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahou a commis bien des erreurs et se conduit à l'égard du peuple palestinien de manière inacceptable. Son soutien à la politique de colonisation est une honte. Il est aussi contre-productif, si l'on veut bien mesurer les intérêts vitaux d'Israël à moyen et long termes. Ce jour, la décision de l'Union européenne d'autoriser l'étiquetage "colonies israéliennes" sur les marchandises, produits et services exportés depuis les territoires occupés est compréhensible. Elle rappelle à Israël qu'il ne peut se moquer ainsi du droit international et qu'il y a un prix à payer, certes modeste mais symbolique, pour une politique aussi agressive. Rappelons tout de même que toutes les entreprises israéliennes installées en Cisjordanie emploient beaucoup de Palestiniens et permettent aux populations locales d'accroître pouvoir d'achat et niveau de vie.

 

Mais dans le cas qui nous occupe aujourd'hui, comme dans cent autres, que nous avons par ailleurs déjà traités et sur lesquels nous reviendrons certainement, il y a deux poids et deux mesures. Le 12 novembre 2019.

 

 

>La barbarie antisémite frappe à Yom Kippour ... en Allemagne !

 

Cette fois-ci, c'est en Allemagne, six jours après l'attentat terroriste à la Préfecture de police de Paris, que la barbarie frappe le jour du Grand pardon juif (Yom Kippour). Une fusillade en pleine rue a fait deux morts, un homme et une femme, à Halle (Saxe-Anhalt), devant la synagogue de la ville et devant un commerce turc. Le parquet antiterroriste a été saisi. L’un des auteurs présumés de l'attentat a été arrêté, a annoncé la police locale, qui appelle les habitants à rester chez eux. L’hôpital universitaire de Halle a admis deux blessés par balles.

 

L’un des tireurs a été arrêté peu avant 14 heures, a annoncé la police locale. Plus tard, de nouveaux tirs ont été entendus à Landsberg, une ville située à environ 15 kilomètres de Halle, mais aucun lien pour l'heure n’a été établi entre les deux. 

 

Le parquet antiterroriste allemand s’est saisi de l’enquête. Cette juridiction a justifié cette démarche par « l’importance particulière de l’affaire » qui concerne des « crimes violents affectant la sécurité intérieure de la République fédérale d’Allemagne ».

 

Selon l'hebdomadaire "der Spiegel", les tirs à Halle ont eu lieu vers midi et ont visé une synagogue, située au 52 Humboltstrasse, et un restaurant, situé au 12 Lüdwig Wucherer. En ce jour de Yom Kippour, les tireurs ont tenté d’entrer dans celle-ci, où se trouvaient entre 70 et 80 fidèles, rapporte Max Privorotzki, président de la communauté juive de Halle. Les mesures de sécurité à l’entrée de l’édifice religieux « ont permis de résister à l’attaque », a-t-il précisé. Une charge explosive ou une grenade a été lancée en direction du cimetière juif, dans la Dessauer Strasse.

 

Sur une vidéo amateur reprise par de nombreux médias, on peut voir un homme habillé en kaki et casqué, d’apparence calme, sortir d’une voiture et tirer en pleine rue. Des mesures de sécurité ont été prises aux abords de Dresde et Leipzig, où des policiers en armes ont été déployés. Désormais, il apparaît que cet attentat terroriste est celui d'un néo-nazi, antisémite obsédé. Depuis plusieurs années, l'extrême droite allemande n'hésite plus à commettre des crimes contre "les symboles d'une République allemande gangrenée de l'intérieur". L'Allemagne, que l'on pensait immunisée de la peste noire, en revient-elle à ses vieux démons ? Angela Merkel  et chaque Allemand doivent y réfléchir  sérieusement avant que les vieux démons ne se déchaînent à nouveau Outre-Rhin.  10 octobre 2019.

 

 

>Le coeur des renseignements français attaqué par l'islamisme !

 

                                   La Direction du Renseignement de la Préfecture de Paris attaquée de l'intérieur ! 

 

Le 3 octobre dernier, quatre fonctionnaires de la Direction du Renseignement de la Préfecture de Paris (DRPP) étaient abattus par l'un des leurs, Michaël Harpon. Une cinquième victime a été grièvement blessée. Cet homme s'est révélé, après les habituelles retenues et anto-censures officielles pour qualifier un tel acte, être un terroriste converti à l'islam depuis plusieurs années. Marié à une marocaine, il fréquentait une mosquée cornaquée par un imam salafiste. Comment une telle radicalisation a-t-elle pu se faire au sein même de la préfecture et passer tous les filtres de contrôle et d'évaluation de la menace ? Harpon, qui a été neutralisé par un jeune gardien de la paix, avait 45 ans, sourd et muet mais pas visiblement aveugle. Il était d'origine gaudeloupéenne, habilité au sein de son institution "secret défense" ... Il a ainsi pu prendre connaissance d'informations sensibles. Les enquêteurs ont retrouvé sur son ordinateur de bureau une clé USB contenant des vidéos de décapitations en Syrie ainsi que les coordonnées de plusieurs agents de la DRPP. A Gonesse, banlieue parisienne, "une manifestation de soutien" à Michaël Harpon a été ce jour interdite sous les huées de la foule. Cela en dit long, très long sur l'état de santé de la démocratie et de la laïcité dans les banlieues. Combien de fois faudra-t-il le répéter ? L'islam n'est pas l'islamisme et la grande majorité des musulmans ne sont pas des terroristes. Cela doit être clair. Mais l'islamisme est un enfant monstrueux de l'islam. Certaines sourates du Coran, les haddits (paroles rapportées du prophète) sont très problématiques. Combien d'imams ne lisent-ils pas ces textes littéralement, sans les remettre dans leur contexte historique, culturel et politique ? Ces types "enseignent" des horreurs à une masse de personnes qui, pour beaucoup d'entre elles, n'ont aucune connaissance exégétique de leurs textes  sacrés. Ils sont donc manipulés, instrumentalisés à des fins malveillantes: nourrir l'hydre islamiste, comme l'a qualifiée le président Emmanuel Macron, au coeur même de nos cités, affaiblir nos démocraties, les combattre et les abattre. Toutes et tous, nous devons regarder cette réalité en face, être vigilants, sans sombrer dans la paranoïa et la délation. Il nous faut apprendre à reconnaître les signaux faibles, ces mots prononcés, ces gestes esquissés ou accomplis et ces actes interpellants qui dénotent dans le débat démocratique. D'aucuns persistent à nier la dérive islamiste sous prétexte qu'une telle dénonciation serait de "l'islamophobie", à savoir du racisme anti-musulmans. C'est un peu court, chers amis. Sortez de vos salons douillets, de vos bureaux bunkers, allez sur le terrain, de Molenbeek à Gonesse, et j'en passe, voir, écouter et entendre le chant des sirènes fondamentalistes. Une certaine gauche fait le jeu de ces courants dévoyés de l'islam. Dans le combat qui s'annonce, car nous ne sommes qu'au début, nous avons besoin des musulmans comme ils ont besoin de nous, les laïques, les démocrates. C'est ensemble que nous pourrons éradiquer cette excroissance malfaisante de l'islam, oui, cet enfant monstrueux. Il y aura encore de nombreux attentats terroristes. Il y faudra du courage, il y faudra du temps. Mais rien ne serait pire que de regarder ailleurs. 08 octobre 2019.  

 

 

>11 septembre: World Titanic Center ou reconstruire notre imaginaire ?

 

    1912 / 2001, deux incipit. 89 ans séparent ces deux images. Elles se ressemblent et nous parlent de ce que nous sommes.

   18 ans ont passé et le monde tourne toujours aussi mal. Il faut donc reconstruire notre imaginaire sans perdre la mémoire.

J’ai parfois la faiblesse de penser que l’histoire de l’humanité est jalonnée de symboles annonciateurs. Pourtant, je crois avant tout à la volonté des Hommes de forger leur destin. Mais il est arrivé plus d’une fois que le hasard et la nécessité se marient un temps pour le meilleur et le pire. Il en va ainsi de tous les siècles où des êtres humains, des peuples, des Etats et des nations se sont confrontés aux défis de leur temps en y répondant avec les moyens disponibles, mais aussi grâce à d’improbables interventions. Je n’ai jamais pu y voir un doigt céleste, un message d’un Dieu, envoyé aux atomes cosmiques que nous sommes. Trop raisonnable est mon cerveau. Je m’en suis plus d'une fois réjoui, en d’autres occasions, je l’ai regretté. Car, je ne peux nier que l’irruption dans l’Histoire de personnages, de faits et de circonstances exceptionnels ont changé la face du monde. C’est évidemment le cas des grandes invasions et des guerres innombrables, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Ça l’est aussi dans le chef d’individus, souvent nés sous le signe du pouvoir, pas toujours, et capables d’en user avec suffisamment de force, d’intensité et quelquefois de malignité, voire de perversité, pour faire de leur passage une légende, un mythe, heureux ou tragique, la trame de l’accouchement des âges.

 

Il en est ainsi de certains chefs militaires et conquérants. On peut citer Alexandre le Grand (356 av . JC – 323 av. JC) ; Hannibal (247 av. JC – 183 av. JC) ; Jules César (100 av. JC – 44 av. JC) ; Attila (395 – 453) ; Tamerlan (1336 – 1405) ; Jeanne d’Arc (1412 – 1431) ; Christophe Colomb (1451 – 1506) ; Napoléon Bonaparte (1769 – 1821) ; Geronimo (1829 – 1909) ; Hitler (1889 - 1945); Staline (1878 - 1953). D’autres encore. Il y eut également, dans le sillage de certains d’entre eux, des figures emblématiques, qui surent s’élever contre leurs ambitions ou leur tyrannie, des êtres qui expriment à eux seuls la liberté. Pour l’époque contemporaine, je ne citerai que le général Charles de Gaulle, Sir Winston Churchill, pour leur résistance infatigable au nazisme, Mohandas Karamchand Gandhi, Martin Luther King et Nelson Mandela, pour leur courage, sagesse et vision. Ils ont fait l’Histoire. Ils ont fait ce que nous sommes, en tout cas en partie. Ce qui détermine et fixe l'Histoire, qui l’inscrit dans le Grand Livre de la mémoire, c’est l’incroyable agencement des causes et des conséquences, maelström qui concourt, par hasard et par déterminisme, à une issue. Est-ce aussi simple ? Je ne saurai vraiment le dire, tant mes petites cogitations sont peu de choses dans l’extraordinaire complexité dialectique entre les lois cosmiques - sont-elles universelles ? - la nature et les êtres humains. Bien malin qui pourrait affirmer connaître le fin mot de l’histoire. En tout cas, pas moi. Mais qu’ai-je à perdre à tenter de me tromper et de commettre des erreurs ? Ne suis-je pas un homme ?    

 

Un fait me trouble et hante le songe de l’humanité depuis plus de 107 ans : la décision du lieutenant William Murdoch, le 14 avril 1912, à 23 heures 40, de vouloir éviter au Titanic le choc par tribord d’un iceberg. Question : cette décision est-t-elle née d’un dramatique concours de circonstances ou d’un dessein inévitable inscrit dès la construction du « plus grand paquebot des mers » ?  Après coup, les deux lectures semblent légitimes, tant les contingences humaines, les conditions météorologiques couplées à l’avènement d’un destin symbolique sont liés. Le Titanic est né à Belfast et fut lancé le 31 mai 1911. Pour son voyage inaugural, il partit de Southampton, le 10 avril 1912, via Cherbourg, et n’atteignit jamais sa destination, New York. Comme chacun sait, il coula dans l’Atlantique Nord, au large de Terre-Neuve. 1500 passagers et membres d’équipage y laisseront la vie. 700 survivront, sans plus jamais retrouver l’apaisement. Parmi ces personnes, de toutes nationalités, navigaient des membres de la grande bourgeoisie américaine et britannique, des couples de la classe moyenne européenne et états-unienne ainsi que, dans les ponts inférieurs, de nombreuses familles de migrants européens venus chercher outre-atlantique l’espoir d’une Terre Promise. La plupart périront dans le naufrage, contrairement à la majorité des  femmes et des enfants du pont supérieur qui seront sauvés. Comme un microcosme de la société occidentale du début du XXème siècle. 

 

Un autre épisode nous bouleverse et ne cesse de nous poursuivre : la décision, prise quelques mois plus tôt dans les montagnes de l’Afghanistan, de 19 terroristes de percuter, le 11 septembre 2001, à bord de quatre avions piratés et détournés, les Tours jumelles de Manhattan, inaugurées le 4 avril 1973 au World Trade Center; la façade du Pentagone ainsi que le Capitole à Washington. Cette dernière cible, grâce à l’héroisme de passagers qui se sont sacrifiés, n’a jamais été atteinte. Question : cette décision est-elle le fruit simplement, si je puis écrire, de cerveaux islamistes fanatisés ou est-elle en réalité la première pierre d’un conflit de civilisations majeur à venir ? Ici encore, il semble que les deux hypothèses se confondent. 3000 personnes périront directement dans l’effondrement des Twin towers. Elles étaient issues de tous les pays du monde, de sociétés et civilisations différentes. Le 11 septembre 2001, elles ont partagé une tragédie qui inaugura le XXIème siècle. 

 

Je ne sais pas vous mais pour moi, tout comme certains personnages incarnent à eux seuls un événement, je pense que certains événements incarnent à eux seuls une époque et annoncent, par leur fracassant et unique déroulement, la suite d’un cycle historique. Ne fut-ce pas le cas du naufrage du Titanic ? Il fut le bébé de l’architecte naval Thomas Andrews et le symbole de l’arrogance de la White Star Line, cette compagnie maritime britannique au faîte d’une gloire aveuglante, au point d’en perdre le sens des réalités météorologiques, à l’instar de ce capitalisme industriel triomphant du XXème siècle, qui embarqua, dans son sillage compartimenté, toutes les classes et inégalités sociales dans deux guerres mondiales et de mulitiples crises économiques. Ne fut-ce pas aussi le cas des tours jumelles new-yorkaises ? Elles furent d’abord le projet de David et Nelson Rockefeller, puis, sous la responsabilité des autorités portuaires de la Grosse Pomme, la réalisation de l’architecte japonais Minoru Yamasaki. Elles furent la fierté du peuple américain et le totem du capitalisme financier international du XXIème siècle, celui de Wall Street, temple de l’argent roi et de la spéculation folle. Autre forme d’arrogance, qui n’entend rien céder à sa toute puissance et qui, pourtant, dès 1929 et en 2008, pour ne prendre que deux exemples représentatifs, précipitèrent le monde au bord d’une faillite générale. Mais, dans le cas du World Trade Center, une autre dimension s'impose, celle d’une possible guerre entre l’Occident, ses travers et ses qualités, et un certain monde musulman, celui de l’islamisme et du salafisme radical. Le 11 septembre 2001 ne fut-il qu’un prélude ? Depuis, bien d’autres attentats terroristes ont frappé les Etats-Unis et l’Europe, mais aussi, ne l’oublions pas, des pays musulmans eux-mêmes. Les cris des naufragés du Titanic n’étaient-ils pas ceux des victimes innombrables d’un système économique déréglé, qui se joue des lois de l'Etat de droit, un peu comme l’armateur du Titanic, Joseph Ismay, crut pouvoir se passer du respect d’une élémentaire prudence face à une mer de glace ? Les corps défenestrés et désarticulés, qui tombent sur les flancs des Twin Towers, ne sont-ils pas ceux de millions d’être humains ballotés d'une part, par le cynisme des marchés financiers, qui jouent les entreprises et les emplois comme d’autres les cartes d'un poker menteur, et d’autre part, par l’idéologie nihiliste islamiste, qui a décidé qu’être innocent, c’est être coupable d’aimer la vie ? Comment ne pas rapprocher ces tragédies, en tant que marqueurs de leur époque et de notre temps ?

 

Vivons-nous désormais à l'heure du World Titanic Center, le village global des terriens où la fraternité a cédé le pas à la haine ? N'oublions pas le 11 septembre 2001, enfant de la monstruosité d'humains dévoyés. Est-ce un avertissement d'une ère nouvelle ? Peut-être, nul ne peut écarter l'hypothèse. Mais mon espoir est tout autre. Il est tourné vers la reconstruction d'un imaginaire individuel et collectif, sans perdre la mémoire, un imaginaire double qui cohabiterait pacifiquement. Pour ce faire, nous avons toutes et tous à travailler notre pierre, à refuser l'abîme d'un destin joué d'avance. Il n'y a aucune fatalité, seules les idéologies déterministes et les religions de la soumission proclament notre impuissance eschatologique, en dernière analyse ... Oui, il y a urgence, en tous domaines, du réchauffement climatique à l'effondrement de la biodiversité; de l'explosion démographique aux flux migratoires liés à la sécheresse, à la pauvreté, aux pandémies, à la guerre, au terrorisme; des inégalités sociales à l'hégémonie sournoise des algorithmes et des datas; des nationalismes, populismes et radicalismes renaissants à la fragilité de la démocratie libérale. Tout cela est vrai. Mais si nous renonçons à faire face, à relever ces défis, alors à quoi bon espérer une vie meilleure pour nos enfants et petits-enfants ? "Un homme, ça s'empêche, disait Albert Camus. Le doigt de Dieu est en réalité celui de l'Homme, matérialiste ou mystique, peu importe, déraisonnable et cupide. Il appartient à chacune et chacun de combattre avec opiniâtreté les instincts primaires de la barbarie qui sommeille dans notre part d'humanité chancelante. Rappelons-nous ce qu'a écrit Hannah Arendt: "Sans les masses, le chef n'existe pas. Les mouvements totalitaires sont des organisations massives d'individus atomisés et isolés". A bon entendeur, penseur et acteur de la vie, salut ! 11 septembre 2019. 

 

>A croire que Boris Johnson, quitté par les siens, est vraiment idiot !

 

 

A l'heure où l'Italie tourne le dos au populisme fascisant de Matteo Salvini, l'ex-ministre de l'Intérieur, en le renvoyant dans l'opposition au profit d'une alliance entre le parti 5Stelle (5étoiles) et le parti démocrate, ex-parti socialiste, le Royaume-Uni barre la route à la dérive isolationniste du tout jeune et déjà vieux premier ministre, Boris Johnson. Voilà un homme qui a hérité du poste de premier ministre britannique en étant seulement élu par la majorité des membres du parti conservateur, soit 80.000 personnes, sur 66 millions d'habitants.

 

Dès son installation au 10 Downing Street, il n'a pas hésité à violer tous les principes du droit parlementaire, comme l'aurait fait un sagouin dans une parfumerie. Mauvaise manière, comme si il avait uriné sur la lunette des toilettes et avait obligé la reine Elisabeth II à s'y asseoir. Vous me direz que c'est toujours un trône, oui, certes, mais il est percé. Voilà notre homme rattrapé par sa folie, son obsession récente - car il fut pro-européen avant le référendum sur le Brexit - de vouloir sortir de l'Union européenne sans accord.  

 

La Chambre des Communes, opposition travailliste, libéraux, Ecossais et sécessionnistes conservateurs réunis, est bien décidée à lui "remettre toutes les frites dans son sachet", comme on dit en Wallonie (*). La loi bloquant la possibilité d’une sortie sans accord a en effet été définitivement adoptée cet après-midi. Après les votes des députés ayant refusé le chantage aux élections anticipées aux conditions imposées par Johnson et choisi de  reporter de trois mois la date du Brexit, ce fut au tour de la Chambre des Lords d'adopter le texte qui oblige le premier ministre à demander un report au 31 janvier 2020.

 

Comment ce boy, dont certains vantent l'intelligence, n'a-t-il pas vu venir la fronde des élus britanniques ainsi que celle d'un pays au bord de la crise de nerf ? A croire qu'il ne voit pas les conséquences humaines et économiques d'un "no deal", destiné uniquement à faire mousser la fièvre nationaliste suicidaire qui s'est emparée ces dernières années d'une partie du Royaume-désuni. A croire que Boris Johnson, quitté par les siens - sa soeur, son frère, ses amis - est vraiment idiot.

 

Il est dit que le pouvoir, qui corrompt, rend surtout fou. A Londres, c'est plutôt l'impuissance du pouvoir qui caractérise une classe politique discréditée et démonétisée. 

 

Le texte adopté par les parlementaires britanniques bloque de fait la possibilité d’un « no-deal ». Il s’agit d’une nouvelle défaite au terme d’une semaine infernale pour le premier ministre britannique, qui, jeudi, a affirmé qu’il préférait « être mort dans un fossé » plutôt que de formuler une telle demande à l’Union européenne ...

 

Cette législation doit entrer en vigueur lundi 10 septembre, après approbation de la reine Elizabeth II. Pour se sortir d’une crise qui paraît de plus en plus inextricable, le gouvernement devrait de nouveau soumettre au vote des députés une motion pour obtenir la tenue d’élections anticipées le 15 octobre. Pour être adoptée, cette motion a besoin du soutien de l’opposition : elle doit réunir les deux tiers des voix des députés, soit 434 voix. Les partis de l’opposition, favorables à des élections, mais selon leur calendrier, se concertent en vue de ce vote.

 

En cas de report, un accord est-il possible ? Pour le premier ministre finlandais, Antti Rinne – dont le pays assure la présidence tournante de l’UE – la possibilité d’un compromis avec Londres, en faveur d’une sortie organisée du Royaume-Uni de l’Union, « ne semble maintenant pas possible. Nous ne savons pas ce qui se passe là-bas. Il semble tout à fait évident que nous ne parviendrons pas à un accord de Brexit », a t-il déclaré, après une réunion à Helsinki avec le président du parlement européen, David Sassoli.

 

Boris Johnson a toutefois obtenu un répit de la justice britannique : vendredi, la Haute Cour de justice à Londres a rejeté une demande d’annuler la suspension du parlement, décidée par le chef du gouvernement. L’action en justice avait été intentée par Gina Miller, une femme d’affaires et militante anti-Brexit, soutenue par l’ancien premier ministre conservateur, John Major.

 

Un juge écossais avait déjà opposé cette semaine un refus similaire. Dans les deux procédures, les plaignants ont annoncé leur intention de faire appel. « Mon équipe et moi n’abandonnerons pas le combat pour la démocratie », a déclaré Mme Miller à l’issue de l’audience, elle, qui avait déjà remporté une victoire judiciaire à propos du Brexit en 2017. « Abandonner maintenant serait manquer à notre devoir ». Elle affirme se battre pour « les futures générations ». Qui ne le dirait pas ?

 

En Angleterre plus spécifiquement, les opinions n'ont jamais été aussi tranchées et éclatées. Vous avez d'abord les pro-Brexit sans accord qui n'ont pas changé d'avis. Puis les pro-Brexit qui souhaitent un accordPuis les anti qui se rangent au vote majoritaire pro-Brexit par respect du verdict des urnes. Ensuite, les anti qui veulent un nouveau référendum, les anti qui acceptent le Brexit mais avec accord. Enfin, il y a les personnes qui en ont assez et qui demandent n'importe quelle solution pour autant qu'elle soit rapide ... On en est là et ce n'est pas fini. 06 septembre 2019.

 

(*) "Il n'a plus toutes les frites dans son sachet", expression populaire en Belgique francophone, qui signifie que la personne 

      a perdu la tête et n'a plus toute sa raison. 

 

 >Une victoire personnelle pour le socialiste Pedro Sanchez !

 

 

Les élections législatives espagnoles de ce 28 avril, pour renouveler le parlement de Madrid, ont retenu l'attention de tous les observateurs européens. D'abord parce que la social-démocratie est en grande difficulté sur le Vieux Continent et qu'il était intéressant de voir comment le corps électoral ibérique allait sanctionner ou non le premier ministre socialiste sortant. Ensuite, parce que les partis populistes et nationalistes en Europe ont fait des percées inquiétantes ces dernières années. Hongrie, Pologne, Autriche, Italie, Hollande sont des pays qui ont largement permis à ces courants anti-système d'accéder au pouvoir ou de menacer d'y être à moyen terme. Les récents sondages d'opinion laissaient entrevoir, certes une victoire relative du PSOE, le Parti socialiste ouvrier espagnol, mais aussi une montée de Vox, cette toute jeune formation d'extrême droite sans complexe et nostalgique de la période noire du franquisme.  Pedro Sanchez, le premier ministre et chef de file des socialistes, est le vainqueur de ces élections, davantage, nous semble-t-il, que son parti. Derrière les enjeux classiques socio-économiques et la question de l'indépendance de la Catalogne, la campagne a été très personnalisée, en dégageant principalement les profils d'une opposition frontale entre la nouvelle coqueluche de Vox, Santiago Abascal, 43 ans, et Pedro Sanchez, 47 ans. Celui-ci a su démontrer la crédibilité et le sérieux de sa gouvernance, son souci constant de ne pas couper les ponts avec les nationalistes catalans et basques modérés, ce qui contrastait avec la politique de répression aveugle de la droite espagnole. Il a su mobiliser son camp, avec un programme basé essentiellement sur l'augmentation du pouvoir d'achat des classes moyenne et modeste, classes fortement touchées ces vingt dernières années par la politique ultra-libérale et anti-sociale du parti populaire. Le PSOE est arrivé en tête dimanche, avec 28,7 % des suffrages. Il capitalise ainsi 123 sièges au parlement sur un total de 350, loin tout de même de la majorité absolue de 176 élus. Il en avait 85 dans le précédent Congrès. Au passage, notons qu'il obtient la majorité absolue au Sénat. La gauche radicale de Podemos passe de 67 à 42 sièges et 14% des voix, avec un programme difficilement compatible avec une gestion certes progressiste mais réaliste du pouvoir. Le centre-droit de Ciudadanos progresse et passe de 32 à 57 sièges (de 13,1% à 15,8%). Avec seulement 16,7 % des voix, les conservateurs du Parti populaire enregistrent une débâcle historique et perdent la moitié de leurs sièges (4 millions de suffrages), passant de 134 à 66 sièges. Vox fait son entrée au Parlement, avec 24 députés et 10 % des voix. Santiago Abascal réussit là où les vieux franquistes avaient échoué depuis la mort de leur cher dictateur. Ce matin, les militants d'extrême droite semblaient déçus. Ils ne devraient pas l'être. L'entrée de leur parti au Cortes est un succès en même temps qu'un signal inquiétant pour l'Etat de droit en Espagne. Les nationalistes basques modérés obtiennent 10 sièges, tandis que 5 séparatistes de la gauche radicale catalane de l'ERC, détenus et jugés actuellement à Madrid pour leur rôle dans "la tentative de sécession de la Catalogne" en 2017, ont été élus. A 53 sièges de la majorité absolue, le PSOE va devoir choisir. La plus logique des alliances serait une coalition avec Ciudadanos. Elle permettrait à ces deux formations de disposer d'une majorité confortable. Reste à en convaincre les responsables du parti centriste. Se tourner vers Podemos, qui a déjà fait offre de service, entraînerait les socialistes vers une gestion trop étatiste, passéiste et inefficace de la gouvernance, affaiblirait la crédibilité internationale de Madrid et accentuerait le virage idéologique autoritaire de la droite et de l'extrême droite espagnoles. Elles n'attendent que ça pour transformer, tôt ou tard, le pays en régime illibéral. Ce que d'aucuns appellent une démocrature. Pedro Sanchez pourrait être tenté de gouverner à nouveau seul, en négociant au cas par cas des soutiens au parlement. Quoi qu'il en soit, rien ne lui sera donné sur un plateau d'argent. En Espagne comme partout en Europe, la fragmentation et la radicalité sont en marche. Rien n'est décidément facile pour les fragiles démocraties. Le 29 avril 2019. 

 

>Notre-Dame, son incandescence rougit le ciel de Paris et nos yeux !

 

"Certains édifices anciens semblent défier les lois de la pesanteur. A leur propos, on n'est sûr que d'une seule chose: pour les comprendre il faudrait les démonter, avec toutefois la certitude de ne jamais pouvoir les remonter". La malédiction d'Edgar, Marc Dugain, 2005.

 

   Il est 19 h 57 quand la flèche de Notre-Dame s'effondre sous nos yeux rougis. Photo de Geoffroy Van Der Hasselt - AFP -

 

Le 15 avril 2019 restera dans la mémoire collective du monde et individuelle de chacun comme un jour incandescent dans le ciel de Paris. C’est Notre-Dame, blessée et défigurée,  car telle que nous l’avons connue depuis près de 850 ans, elle n’est plus désormais, c’est notre très chère grande dame qui a ainsi rougi par le feu nos écrans et par nos larmes nos yeux. 

 

A l’heure de rentrer dans nos foyers pour retrouver les nôtres et partager le repas du soir, il était 18 h 43, quand les alarmes retentissent pour la seconde fois dans toute l'église. Une première inspection des lieux n'avait rien donné. Une messe est interrompue et la foule des croyants et des touristes est rapidement évacuée. Les sirènes signalent un début d'incendie sous la toiture de plomb, quelque part entre la voûte et la forêt de trois hectares de charpente. Que s'est-il passé ? Ce n'est qu'une hypothèse. La voici: un matériau non identifié, chauffé à blanc, s'est probablement consumé après le départ des ouvriers et a dû propager flammèches et flammes, atteignant bientôt les poutres médiévales puis le plomb. Très rapidement, toute la toiture se transforme en un embrasement dantesque et insupportable. 

 

A 19 h 57, nous avons tous vu la flèche centrale s’effondrer sur elle-même, elle qui avait la jeunesse, puisque seulement édifiée au XIXè siècle par l’architecte Eugène Viollet- Le-Duc, lors des travaux de restauration de 1844 à 1865. L’incendie d’aujourd’hui trouve probablement son origine dans un autre chantier de rénovation démarré à l’été 2018. 

 

Les pompiers, nombreux et courageux, semblaient impuissants à maîtriser le feu ravageur, juchés, au péril de leur vie, sur des rampes trop petites pour arroser de leurs lances d’incendie la géante religieuse. L’enquête, qui prendra des mois, confirmera ou non la cause accidentelle de l’incendie. 

 

On ne peut comparer ce drame avec la tragédie de l’effondrement des tours jumelles, à New York, le 11 septembre 2001. Car 3000 personnes innocentes y ont perdu la vie. Mais l’effet de sidération, toutes et tous scotchés devant nos télévisions, était quasi le même. Entre ce que nous voyons, le spectacle d’une agonie lente et cruelle, et ce que notre cerveau enregistre, puis transmet et impacte nos émotions et notre raisonnement, il y a comme un temps mort, un no man’sland neuronal étrange, qui provoque en nous, autour de nous, une seule chose, l’incrédulité, la stupeur. Vient ensuite la réalisation de ce qui arrive, l’anticipation sur ce qui va advenir. On pleure la perte immense d’un joyau unique du patrimoine de la France et de l’humanité. On revit des souvenirs lors de visites ou de recueillement sous les voûtes bienveillantes de la belle église. 

 

On songe à ces hommes lointains, disparus depuis bien longtemps, accaparés jour après jour par ce chantier au long cours, un engagement de toute une vie, de plusieurs générations ; apprentis, compagnons et maîtres opératifs rassemblés, qui ont fait de leurs ingénieuses connaissances et de leurs grands savoirs-faire, de leurs plans, de leur travail minutieux, de leurs mains de tailleurs de pierre, de maçons, de couvreurs, de menuisiers, de charpentiers, de carreleurs, de verriers, à l’aide de leurs compas, équerres, niveaux, ciseaux, marteaux, burins, truelles et fours, qui ont fait un chef-d’œuvre absolu pour les siècles et les siècles. 

 

Nous les voulons, ces chefs-d’œuvre, pour l’éternité. Ils ne sont que mortels, comme nous, mais à leur échelle, celle du souffle long et pourtant fragile. Croyants, agnostiques ou athées, catholiques ou non, on ne peut s’empêcher de regarder cette extraordinaire montée au ciel de pierres, de bois, de vitraux, de carreaux, de tableaux, de sculptures, de gargouilles, à présent détruits ou en grand péril, parfaitement agencés selon la tension entre le doigt du petit et du Grand architectes, comme les nomment les esprits en recherche. On ne peut s’empêcher d’admirer ces bâtisseurs de vaisseaux célestes. Combien d’hommes sont-ils morts pour lui donner vie ? On ne le saura jamais.

 

Elle est la mère des cathédrales, celle par où tout commence, celle du mètre-étalon et de la mesure, du zéro kilomètre, vers toutes les directions de France, vers Saint-Jacques de Compostelle et Jérusalem. A chaque fois que nous tournions le regard vers son histoire, celle de France, vers ses grands personnages et son peuple rebelle, qui ont vu de leurs yeux vu la chaire de ce grand et magnifique corps, à chaque fois que nous écoutions son grand orgue aux notes de la Passion selon Saint-Mathieu de Jean-Sébastien Bach, sa voix unique, un son magique, nous ne pouvions éviter, en même temps, de nous approprier, comme un seul homme, cet espace dédié à la prière, à l’espérance, aussi à la beauté de la rencontre comme à la laideur de l’intolérance. 

 

En 1238, Louis IX, dit Saint-Louis, achète au prix fort aux marchands vénitiens, qui, eux-mêmes, l'avaient acquise des barons latins de Constantinople, la couronne d'épines du Christ. Dans un premier temps, elle reposera à la Sainte-Chapelle, construite par le fils de Blanche de Castille et Louis VIII, avant d'être accueillie, aux côtés d'autres reliques, dans le trésor de Notre-Dame. C'est encore dans la cathédrale que se tint le procès en réhabilitation de Jeanne d'Arc, en 1456. En révoquant l’édit de Nantes, promulgué par Henri IV, en avril 1598, Louis XIV, en octobre 1685, précipite dans la mort, au pied de la cathédrale très catholique, des milliers de protestants. Le 2 décembre 1804, Napoléon Bonaparte s’y fait introniser empereur, sans redouter la démesure et le ridicule. Subjugué par le lieu, le 16 mars 1831, l'immense Victor Hugo, en publiant Notre-Dame de Paris, en fera la trame de l’un des romans les plus lus dans le monde. A la Noël 1886, Paul Claudel, qui a 18 ans, s’y convertit à hauteur du pilier de la statue de  Marie : « J’avais eu tout à coup le sentiment déchirant de l’innocence, l’éternelle enfance de Dieu, une révélation ineffable ». Le 26 août 1944, le général de Gaulle y célèbre la libération de Paris et prononce son fameux : « Paris, Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé mais Paris libéré ! » Sa messe d’adieu et celles des présidents Georges Pompidou et François Mitterrand y seront célébrées. 30.000 personnes parcouraient chaque jour nef et déambulatoire du monument le plus visité en Europe.

 

Le chantier de la construction de Notre-Dame la gothique, notre maison commune - car qui peut nier ne pas y avoir ressenti un jour une forme de protection et d'élévation, le sentiment que le sens profond de la vie nous dépasse et se cache dans les mystères de l’infini ? -  le chantier donc, sur les ruines de l'ancienne cathédrale Saint-Etienne, en ce Moyen-Age dont on a dit trop de mal, a débuté en 1163, sous Louis VII, et s’est terminé en 1345, sous Philippe VI de Valois, soit 182 ans plus tard. Les deux maîtres d'oeuvre successifs s'appelaient Maurice de Sully et Odon de Sully, sans lien de parenté, auxquels il faut rendre hommage.

 

Il aura fallu moins d’une journée et d'une nuit pour que cette merveille soit en partie détruite ce 15 avril 2019. La couronne d'épine sensée être celle du Christ, la tunique de Saint-Louis ainsi que les trois rosas ont été sauvées. On estime à plus ou moins 20% le total des oeuvres qui ont disparu dans la catastrophe, notamment de grands tableaux du XVIIè siècle, offerts au diocèse de la capitale par les différentes corporations de métiers de Paris. Cette destruction est due principalement aux trombes  d'eau déversées par les soldats du feu sur le bâtiment. L'essentiel a été sauvé. Nos frères chrétiens peuvent trouver là un signe rassurant, comme ils verront certainement un autre symbole particulier à la vue de la croix dorée intacte au centre d'un choeur dévasté par la chute de la flèche.

 

Le président Emmanuel Macron, fort ému, comme toute la nation et le monde entier, on le voit au travers les innombrables messages de tristesse, de sympathie et de solidarité, à même le parvis, d’où l’on observe toujours l’incendie en début de nuit, a pris la parole: « Cette cathédrale, nous la rebâtirons » Il a salué « le courage et le professionnalisme des 400 pompiers qui se battent contre les flammes. » Leur engagement a permis semble-t-il,  à la façade et aux deux tours principales de ne pas s’effondrer. Il faudra s'assurer dans les jours à venir qu'ils ne s'effondreront pas en les stabilisant.

« Ma pensée, a poursuivi le chef de l'Etat, va aux catholiques, aux Parisiennes et Parisiens, à l’ensemble des Français pour qui Notre-Dame est notre histoire, notre littérature, notre imaginaire, le lieu où nous avons vécu tous nos grands moments et où nous avons vécu épidémies, guerres, libérations. » Il a appelé à « une souscription nationale, et bien au-delà de nos frontières, qui sera lancée dès demain. Nous ferons appel aux plus grands talents pour rebâtir l’édifice. C’est ce que les Français attendent ». Des images émouvantes d'unité entre les personnes présentes sur les lieux nous ont quelque peu rassuré sur la capacité des Français à se rassembler dans l'adversité.

 

Le désastre et l’émotion sont tels qu’il ne fait aucun doute que l’élan de solidarité internationale sera considérable. Il est également certain que la reconstruction exigera beaucoup d’argent, assurément plus d'un milliard d’euros, et demandera du temps, certains parlent d'une dizaine d'années, voire davantage, si la commission supérieure des monuments et sites française décide une reconstruction à l'identique. Il faudra trouver une forêt de chênes vénérables ou collecter quelques arbres auprès de milliers d'exploitants forestiers; ce qui, écologiquement, pose un problème éthique. Cela imposera une longue période de séchage des bois, certains parlent de plusieurs années. Mais qu'est-ce que reconstruire à l'identique ? C'est une vue de l'esprit. La cathédrale n'a jamais connu un état figé de son aspect. Viollet-le-duc, en édifiant sa flèche, qui remplaça l'ancienne disparue dès le XIVè siècle, n'a en rien restauré "à l'identique", imposant à Notre-Dame sa vision très XIXè de l'architecture, influencée par l'esprit scientiste de l'archéologie de son siècle, donc de la modernité. A l'autre bout du spectre, une affirmation comme celle de l'ancien ministre de la culture, Jack Lang, qui a évoqué un chantier de trois ans et demi, semble totalement fantaisiste. Pour sa part, le président Macron a annoncé un délai de 5 ans. D'aucuns doutent que cela soit réaliste. D'autres, surtout au sein du corps professionnel des architectes, pensent que cet objectif est adapté aux temps présents. 

 

Le président ne le dit pas, sans doute par souci de ne pas lancer trop vite une polémique, mais il faut savoir que cet échéancier serré intègre nécessairement un modèle de reconstruction contemporain. Car pour ce faire, les experts devront recommander de travailler avec des matériaux modernes de synthèse, comme le titane au lieu du plomb pour la toiture, le carbone au lieu du bois pour la flèche et des poutrelles d'acier ou en béton pour la charpente. Le tout amené au pied de Notre-Dame via la Seine. Comme l'enceinte de la cathédrale a été fragilisée, principalement son pignon nord, le choix de recourir aux  technologies du XXIè siècle permettrait d'alléger le poids porté par les structures du bâtiment, de réduire le risque d'un nouvel incendie et de raccourcir le délai de reconstruction. 

 

Une fois le diagnostic des travaux à entreprendre terminé, qui prendra du temps, le débat entre  "anciens et modernes" prendra une acuité nouvelle. La cathédrale de Reims, incendiée par les Allemands en 1918, a été reconstruite en 20 ans, pour l'essentiel, avec une charpente de poutres de béton, plus légère que celle en chêne, et en 40 ans pour l'achèvement. Chacun sait que tout patrimoine de cette importance exige un entretien permanent. Ce qui n'est pas souvent le cas, d'où l'explosion des coûts des gros chantiers. Notre-Dame pourra-t-elle renaître sous le ciel parisien ? Assurément. Nous avons la décision politique du président, nous avons à disposition des technologies performantes et nous avons dès à présent le financement; la mobilisation des mécènes et des donateurs est en marche. Dès fin de semaine, 1 milliard d'euros aura été récolté. Nous sommes en deuil, le bourdon Emmanuel de la cathédrale ne sonnera plus avant quelques années. Mais c'est l'espoir et la confiance qui tiennent debout l’être humain, comme le sont encore les deux tours vaillantes de Notre-Dame. 17 avril 2019.

                                                           A l'heure des premiers soins, ce 19 avril 2019,

                                                                       je ne résiste pas à la capter à nouveau.

                                                                       Notre-Dame est meurtrie mais vivante.

      Il y a un mois, j'avais figé le vaisseau de pierre, de plomb, de bois et de verre, qui renaîtra de ses cendres, tel le Phénix.

 

 

>Israël, à qui te donnes-tu aujourd'hui et pour quel chemin ?

 

    Benjamin Netanyahu peut être satisfait du résultat des élections du 9 avril.

                                           La diversité israélienne est une richesse. Les nationalistes et ultra-religieux veulent l'ignorer.

 

Après une campagne électorale israélienne marquée comme jamais par le populisme et la démagogie du premier ministre sortant, Benjamin Netanyahu, le 9 avril dernier, les électeurs lui ont permis de rester à la tête du gouvernement pour un nouveau mandat. Son parti, le Likoud, a en effet recueilli 26,27% des voix et 35 sièges à la Knesset, le parlement. Ainsi, avec l’apport des petits partis nationalistes et ultra-religieux, Bibi, comme on l’appelle là-bas, n’aura aucun mal à constituer un nouvel exécutif. En face, si on peut dire, puisque la gauche a quasi disparu du paysage israélien, le tout récent parti Bleu-Blanc centriste de Benny Gantz, ancien chef d’état-major de l’armée, en moins de trois mois, a tout de même réussi le pari de faire jeu égal avec le Likoud, en remportant 35 sièges, avec 25,94% des votants. Cette nouvelle formation politique, si elle veut capitaliser sur son relatif succès électoral, devra s'ouvrir à toutes les couches de la société sans exclusive. Car pour mettre en difficulté l'hégémonie des droites, il lui faudra davantage que de la chance. Le taux de participation a été de 67,8%, ce qui démontre, dans les circonstances présentes de défiance internationale à l'égard des politiques, une assez bonne santé démocratique. Le Parti travailliste, jadis première formation politique d’Israël, qui compta parmi ses rangs de grandes figures historiques, comme Yitzhak Rabin, assassiné par un extrémiste juif le 4 novembre 1995 à Tel Aviv, et Shimon Peres, décédé à Ramat Gan, le 28 septembre 2016, passe quasiment à la trappe, avec 5% des voix et 6 sièges. La Nouvelle droite, le Foyer juif, Zehout, le Shass, Judaïsme unifié de la Torah, Israël Beitenou et l’Union des partis de droite récoltent une bonne trentaine de sièges à se répartir sur un total de 120. Une petite dizaine de sièges seront occupés par les représentants israéliens arabes, dont le faible nombre s'explique par le taux d'abstention important  au sein de leurs électeurs. Benjamin Netanyahu n’aura aucun mal à assurer, avec le soutien de plusieurs partis extrémistes, la majorité absolue de 61 sièges. Israël se sent fort de ses puissants moyens de défense dans ses frontières d’après 1967. Israël connait une croissance économique exceptionnelle, un taux de chômage bas, malgré des poches de pauvreté au sein de la communauté arabe (la majorité d'entre eux vit assez correctement, rien à voir avec le niveau de vie des peuples arabes dans les Etats voisins) et y compris dans certaines couches de la population juive. Israël a su ces dernières années nouer des alliances internationales avec pas mal de pays, le dernier en date n’est autre que le Brésil de Bolsonaro, et bénéficie de l’appui inconditionnel de l’administration américaine de Donald Trump comme de la bienveillance de Vladimir Poutine. Israël a discrètement engagé un rapprochement avec des monarchies arabes du Golfe persique, l'objectif étant d'affaiblir l’ennemi commun iranien. Ça, c'est pour le côté positif du bilan. Mais Israël a tourné le dos à tout dialogue avec l’Autorité palestinienne et a décidé de placer la création d’un Etat palestinien démocratique au rang d’accessoire de grenier. Pire, pendant la campagne législative, le premier ministre, afin de séduire tout ce qu’Israël compte de Juifs obsédés par leur idéologie nationaliste, voire suprématiste, et accrochés à leurs dogmes religieux, a promis d’annexer purement et simplement la Cisjordanie, déjà colonisée comme un gruyère par des implantations totalement illégales depuis plusieurs années. La majorité des Israéliens a malheureusement abandonné tout projet de paix avec les Palestiniens, de Gaza, certes, mais aussi de Cisjordanie. La perspective d’une absorption intégrale des Arabes palestiniens au sein d’un seul Etat n'est plus une utopie pour les partisans du Grand-Israël. La solution à deux Etats est donc morte et enterrée, en tout cas à court et à moyen terme. En ce cas, il est légitime de poser la question de savoir si la majorité juive respectera dans ses droits et devoirs la minorité arabe, qui croît démographiquement de manière sensible; ce qui pose tout de même la question des futurs rapports de force entre les deux communautés d'ici une vingtaine ou trentaine d'années. Les Juifs pourraient devenir minoritaires. L’enjeu ne serait autre que le caractère démocratique d’Israël, caractère dont les pères fondateurs, David Ben Gourion en tête, ont voulu assurer la pérennité dans la constitution. La tentation serait grande au sein d'un même Etat d'établir deux régimes de citoyenneté différents. Contrairement à la propagande véhiculée dans certains médias et sur Internet, Israël demeure un Etat de droit. Sa justice est indépendante, pour preuve, un ancien premier ministre, Ehud Olmert, est en prison et Benjamin Netanyahu lui-même est trois fois inculpé pour corruption. Même chef du gouvernement, il n'en aura pas fini avec les poursuites judiciaires. Les mondes académique, scientifique et culturel, productifs, efficients et florissants, constituent souvent des espaces de contestation à la politique menée par le pouvoir. La diversité ethnique est bien réelle en Israël; une ville comme Tel Aviv regorge de richesses plurielles et sociétales. Mais demain, avec la chape de plomb des ultra-religieux orthodoxes et des nationalistes, qui ne manquera pas de s'abattre sur la société israélienne si rien ne change, Israël pourrait progressivement se transformer en un Etat théocratique, à l’image renversée de l’Iran honni et dangereux des mollahs. Israël pourrait ainsi exercer un abus de pouvoir manifeste à l’encontre des Arabes israéliens. Une tache indélébile dans son C.V. C’est alors que les mensonges des ennemis de l’Etat hébreu, nombreux de part le monde, en France et en Belgique particulièrement, de l’extrême droite à l’extrême gauche, en passant par les légions islamistes, prendraient tragiquement une autre résonance; celle d'un apartheid qui ne dit pas son nom. Une honte absolue pour tout Juif fidèle au message humaniste de la Bible et attaché aux valeurs démocratiques et laïques. Israël, à qui te donnes-tu et pour quel chemin ? 13 avril 2019. 

 

 

>Christchurch: Le Grand Remplacement ?

 

   Jacinda Ardern, la première ministre travailliste de Nouvelle-Zélande, au message clair pour ses concitoyens musulmans.

 

C’est par une de ces coïncidences que nous réservent parfois l’actualité et l’histoire que la petite ville néozélandaise de Christchurch, l’Eglise du Christ, s’est fait tristement connaitre et que 50 personnes, dont un petit garçon, dans deux mosquées, ont été massacrées par un terroriste d’extrême droite. 

 

La belle et paisible Nouvelle-Zélande a en effet connu, vendredi 15 mars, jour de prière pour l’islam, une horreur absolue. Le militant d’extrême droite australien, Brenton Tarrant, 29 ans, ancien communiste, anarchiste libertarien, est en effet passé à l’acte, matérialisant tragiquement sa haine des musulmans et son islamophobie, bien qu'il s'en défende dans son manifeste, "The Great Replacement", mis en ligne juste avant l'attentat. Un tel événement a traumatisé les Néozélandais, plus habitués à voir leur pays sur la liste des destinations touristiques et des tournages cinématographiques.

 

Brenton Tarrant ne cache pas sa filiation avec Anders Breivik, son modèle, ce Norvégien de 32 ans qui, le 22 juillet 2011, à Oslo, a d’abord tué 8 personnes et blessé 15 autres dans le centre-ville, avant que de se rendre sur l’Ile d’Utoya, où se réunissaient les membres de la Ligue des jeunes travaillistes, pour abattre de sang froid 69 jeunes norvégiens et blesser 33 autres. Le 24 août 2012, Breivik a été condamné à 21 ans de prison. Il a accueilli le verdict par le salut nazi. 

  

Le rapprochement entre ces deux personnages est évident. Où sont-ils allés chercher leur inspiration ? Bien sûr, dans les eaux putréfiées du néo-nazisme, caractérisées par l’idéologie suprémaciste, répandue aux Etats-Unis et en Europe au sein des mouvements racistes blancs. Leurs cibles ? Les Noirs, comme à « la belle époque » du Ku Kux Klan, les Juifs - non ciblés directement par Breivik et Tarrant, "du moment qu'ils restent à leur place" - et tout qui se reconnait dans les valeurs d'égalité, d’émancipation de la personne et de progrès social. Selon les cas, les militants de la cause racialiste sont soit climatosceptiques, à l’image d’un certain président, soit, comme le revendique Brenton Tarrent, ils se déclarent « écofascistes », sans doute animés par la volonté de nettoyer la planète en éliminant tout ce qui n’est pas blanc et chrétien. Idéologie hygiéniste en réalité, que l'on retrouve dans le mouvement allemand völkisch du début du XXème siècle, dont le régime hitlérien en fera l'un de ses marqueurs, avec la culture du corps et de la propreté, assimilée aux qualités innées des Aryens. 

 

Brenton Tarrant s'inscrit aussi dans l'héritage du courant nativiste anglo-saxon, promouvant, fin XIXè et début XXème siècle, la nécessité de favoriser les populations blanches, d'autant, écrit-il, "la faible natalité des populations d'origine européenne par rapport à la fécondité des populations arabo-musulmanes". Pour lui, "le peuple européen" est assimilé à la "race blanche". 

 

Depuis une petite vingtaine d’années, plus précisément depuis les attentats terroristes islamistes du 11 septembre 2001 à New-York, faisant 3000 morts dans l’attaque aérienne et l’effondrement des Twin Towers, s’est ajouté à ce vieux fond raciste et antisémite de l’extrême droite, la haine des musulmans, portant l’islamophobie en étendard identitaire.

 

Le titre du manifeste de Brenton Tarrant est emprunté directement à un écrivain et idéologue français, bardé de diplômes (en droit, en Lettres, en philosophie, en sciences politiques), Renaud Camus, rallié sur le tard à l’extrême droite. Assurément, l’un des contemporains qui ont alimenté par leur plume la dérive meurtrière des terroristes racialistes. Pourquoi ? 

 

D’abord membre du PS français et militant, dans les années ’70 et ’80, des droits des homosexuels, à l’entame des années 2000, il se radicalise et fait siennes les valeurs identitaires et souverainistes nationales, suite au déferlement des attentats terroristes islamistes dans le monde. En 2011, Renaud Camus livre sa conception paranoïaque dans un entretien à l’hebdomadaire « Le Nouvel Observateur », aujourd’hui « L’Obs ». C’est là qu’il développe publiquement son fantasme complotiste, qu’il décline en trois parties, au travers son « Abécédaire de l’in-nocence » : « Le Grand Remplacement ; La nocense, instrument du Grand Remplacement ; Que peut être une pensée libre aujourd’hui ? » En 2012, il publie l’intégral de sa théorie d'un nouveau Cheval de Troie, sous le titre « Le Grand Remplacement », éditions Chez l’auteur. En 2014, parmi une impressionnante bibliographie, il publie un autre essai qu’il intitule : « France : suicide d’une nation », aux éditions Mordicus. Son obsession est de croire et d’affirmer que l’islam, sous toutes ses formes, quelles que soient  l’approche du Texte coranique et la pratique religieuse, en réalité plurielles, a pour objectif de réduire d’abord l’influence dans le monde de la civilisation occidentale, entendez judéo-chrétienne, ensuite de l’anéantir pour la remplacer. C’est là, vous l’aurez remarqué, un autre type de complot que celui attribué aux Juifs « qui tirent les ficelles pour contrôler le monde ».  

 

Il ne fait guère de doute qu’une idéologie, qui voit dans chaque musulman, si pas un terroriste, du moins un agent complotiste, nourrit la pensée et les actes d’individus racistes et islamophobes. A l’instar d’une Marine Le Pen en France, Matteo Salvini en Italie, Viktor Orban en Hongrie, Jair Bolsonaro au Brésil, d’autres encore, ils voient le multiculturalisme et la diversité sociale, source de richesse humaine, dès lors que chacun se respecte, comme la base de la guerre ultime que mène le monde musulman à la civilisation blanche et chrétienne occidentale. Mais comme chacun sait, les mots ne sont pas innocents ; car les actes en sont le prolongement ... C’est pourquoi, d’une certaine manière, avec les intellectuels qui nourrissent leur idéologie et leur action, ces politiques portent une responsabilité, pour le moins morale, dans la recrudescence de la violence d’extrême droite qui nous horrifie et que nous constatons. 

 

Chose frappante, les islamistes, les salafistes et les djihadistes de leur côté, propagateurs d’une lecture primaire, littéraliste et non contextualisée du Coran et des hadiths (les paroles, faits et gestes de Mohammad, dit Mahomet) et donc d’une vision radicale et totalitaire de leur religion, épousent symétriquement, mais a contrario, telles les deux faces opposées d’une même carte, l’analyse de l’incompatibilité confrontationnelle entre les peuples soumis (islam signifie soumission en arabe) à l’enseignement du Salut du Prophète et les nations « civilisées », héritières d’un christianisme rédempteur. Deux universalismes prosélytes et liberticides pour les tenants radicaux des deux bords.  Ils sont objectivement alliés et complices du piège dans lequel ils tentent de nous pousser.

 

Les centaines de milliers d’innocents, qui ont payé de leur vie le déchaînement du terrorisme islamiste, à commencer par les fidèles d'Allah eux-mêmes, et ces musulmans qui pratiquent pacifiquement leur religion, la grande majorité, victimes, comme à Christchurch, de la haine de l'extrême droite, devraient être unis par une même cause : défendre la liberté de conscience, de croire ou de ne pas croire, de changer de religion, la liberté d’expression, d’aller et venir, la liberté d’être ce qu’ils sont ou veulent devenir, quelles que soient leur origine sociale et ethnique, leur couleur de peau, leur spiritualité, leurs valeurs philosophiques et leur sexualité. 

 

Chacune et chacun souhaite légitimement être une personne singulière et respectée. Mais il ne peut y avoir de tolérance sans l’adhésion pleine et entière aux valeurs humanistes, démocratiques et laïques, sans la capacité de reconnaître à l’Autre le droit à la différence, ici et ailleurs. Comme il ne peut y avoir de vie sereine et épanouie, pour tous et ensemble, sans le souci constant de préserver la planète des graves atteintes qu’elle supporte et subit par l’intervention chaotique et irresponsable de l’Homme. L’humanité fait corps avec la nature. Elle en est la partie la plus dominatrice, mais elle la partage avec beaucoup d’autres formes de vie qu’elle menace désormais. Elle ne pourra survivre qu’au prix de l’effort de se supporter elle-même, dans sa complexité et sa diversité, et à la condition de renoncer à sa toute puissance. Car le prix à payer par la nature, les végétaux, les animaux et les humains eux-mêmes, sur terre et dans les mers, serait bien trop lourd pour que l’humanité puisse survive sans ce changement de paradigme, sans cette Grande Métamorphose.  Le 19 mars 2019.

                              Au lieu de se diviser et de se détruire, en inventant des fantasmes de peur de l'Autre,

                           les humains feraient bien de prendre conscience qu'ils font corps avec le destin de la nature.

 

 

>Les Foulards rouges de la République ! 

 

 

A Paris, entre Nation et Bastille, ce dimanche 27 janvier, selon la Préfecture de police, plus de 10.000 personnes ont participé à la manifestation des « Foulards rouges », réponse citoyenne au mouvement des casseurs d’extrême droite et d’extrême gauche, des Gilets jaunes radicalisés qui, sous couvert de revendications sociales et politiques, s’en prennent violemment aux forces de police et de gendarmerie ainsi qu’aux biens privés et publics. Chacun a pu voir sur les écrans leurs slogans sommaires, parfois racistes et antisémites, et entendre sans retenue cracher leur dégoût des institutions républicaines. Les Gilets jaunes sincères et pacifiques sont aujourd’hui les dindons de cette farce inquiétante, car assimilés désormais par une majorité de Français à une dérive populiste et antidémocratique. Face au danger, les Foulards rouges – l’origine de l’appellation provient de citoyens basques excédés par le désordre recherché – ont voulu témoigner de leur soutien aux valeurs républicaines ainsi qu’à la démocratie. A remarquer et, pour notre part, à regretter, la frilosité du parti du président de la République, qui n’a pas souhaité s’associer à cette manifestation de peur de se voir taxé de parti pris. Ils oublient que les thèmes des Foulards rouges sont tous positifs, rassembleurs et laïques, aucunement basés sur l’expression d’une quelconque volonté de revanche ou de confrontation. M. Stanislas Guérini, Délégué général de LaREM, et ses amis ont eu tort de ne pas venir. Pour un mouvement « En Marche », la marche arrière n’est pas recommandée. Il est vrai que les écueils et obstacles n’ont pas manqué. D’abord, l’information sur l’événement s’est limitée à un groupe sur Facebook. La presse et les médias traditionnels ont traité le sujet sur le bout des lèvres, préférant ouvrir leurs pages et leur antenne, de manière obsessionnelle, au défoulement des Gilets jaunes. Puis les menaces ont fusé, provoquant la crainte de violences chez beaucoup de Français désireux cependant de participer. Ensuite, le lieu de rassemblement a dû être changé au dernier moment, de République à Nation, car la première place, haut lieu symbolique, à la même heure, était aussi le rendez-vous d’une manifestation pour le climat. Celle-ci, comme à Bruxelles, fut une belle réussite et l’on s’en réjouit (pour toute la France, ils étaient 80.000, rien que dans la capitale belge, 70.000). Enfin, le temps, pluie et froid, en a découragé plus d’un. Dans ces conditions, rassembler 10.000 personnes, uniquement sur des valeurs, et non sur des intérêts personnels et collectifs, constitue un succès. Nous avons marché avec bonheur parmi ces milliers de Foulards rouges. L’ambiance y était bon enfant, teintée d’exaspération potache à l’égard des Gilets jaunes en pleine confusion démocratique. Les gens riaient et chantaient La Marseillaise, scandaient « Nous sommes aussi le peuple », « Démocratie », « Vive la République ». Que du positif, loin des vociférations de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, unis dans la haine populiste et l’amour du chaos. Ils n’ont cure du débat national organisé partout en France et auquel adhèrent beaucoup de Français. Pour le bien de tous, du pays et même de l'Europe, qui voit en Emmanuel Macron une chance, il faudra transformer l’essai : faire de ce grand chantier citoyen un projet républicain fort et revivifié. 28 janvier 2019.

 

>La Russie de Poutine menace de plus en plus la paix en Europe !

 

 

On a déjà vu ça quelque part ... La situation diplomatique est à nouveau très tendue entre la Russie et l’Ukraine, lundi 26 novembre, au lendemain d’un grave incident sans précédent, ayant conduit à la capture de trois navires ukrainiens par la marine russe en mer Noire. Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a convoqué une « réunion extraordinaire » avec l’Ukraine lundi après-midi, à Bruxelles, « pour examiner la situation ». Dimanche, le détroit de Kertch, qui délimite les eaux de la mer d’Azov et celles de la mer Noire, a été le théâtre d’une escalade et d’un face-à-face entre plusieurs navires de guerre russes et ukrainiens. Celui-ci s’est soldé par des tirs de la marine russe sur trois bateaux ukrainiens. Mis hors de combat, ils ont ensuite été capturés par des commandos du FSB, les services de sécurité russes, qui ont la charge de la protection des frontières. Selon Kiev, six de ses marins auraient été blessés et vingt-trois capturés – les plus sérieux dans cette zone où la tension n’a cessé de monter ces derniers mois. Le président ukrainien, Petro Porochenko, a dénoncé « un acte agressif de la Russie visant une escalade préméditée » et réclamé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU), imité un peu plus tard par la partie russe. Cette réunion doit se tenir dans la journée à New York. M. Porochenko a aussi exigé la libération de ses marins et de nouvelles sanctions contre la Russie. Il a par ailleurs demandé à son parlement, qui doit se réunir dans l’après-midi, d’envisager l’introduction de la loi martiale pour soixante jours. Il s'agit probablement d'une manoeuvre visant à neutraliser le processus démocratique des prochaines élections présidentielles ukrainiennes. A Kiev, des dizaines d’Ukrainiens, parmi lesquels des groupes nationalistes, se sont rassemblés devant l’ambassade russe dans la nuit de dimanche à lundi, en lançant des fumigènes et en installant des bateaux en papier devant le bâtiment. Selon les médias locaux, une voiture appartenant à un diplomate russe a également été brûlée. Les cinq pays de l’Union européenne actuellement membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont appelé la Russie à « rétablir la liberté de passage » dans le détroit de Kertch. Ils ont exprimé « leur grave préoccupation » dans un communiqué commun. Les représentants de la France, de la Grande-Bretagne, de la Suède, de la Pologne et des Pays-Bas demandent à la Russie « de libérer sans attendre les marins ukrainiens retenus et de restituer les navires capturés ». Ils soulignent « leur pleine reconnaissance de l’intégrité territoriale » de l’Ukraine « dans ses frontières internationalement reconnues ». Nul doute que le Tsar de toutes les Russies, Vladimir Poutine, sera impressionné par cette déclaration. Ce qui est sûr, c'est que ce dernier coup de force, qui foule au pied une fois de plus toutes les règles du droit international, ne doit pas rester impuni. Les sanctions économiques, financières et commerciales à l'égard de Moscou doivent être renforcées. Le peuple russe doit maintenant comprendre que leur président les mène droit dans le mur, car la situation économique de leur pays, qui n'est guère brillante, va se dégrader encore. Le maître du Kremlin ne pourra pas tenir encore des années en finançant sa sale guerre en Syrie, en dépensant sans compter et à crédit les chers et lourds équipements de ses forces armées et en sacrifiant les retraites de ses concitoyens, tout en leur demandant toujours plus de sacrifices. Pendant ce temps, lui et sa nomenklatura, via une corruption inégalée, s'en mettent plein les poches. Sa grossière propagande, via des médias et sites Internet aux ordres et toxiques, les autres ont été éradiqués, trouveront leurs limites dans la prise de conscience du grand et courageux peuple russe. Là, il faudra qu'il décampe de son trône à grandes jambes, même si elles sont bien courtes pour un futur parias du FSB, ex-KGB, services auxquels il n'a jamais cessé d'appartenir depuis ses premiers pas d'espion à Leningrad, aujourd'hui Saint-Pétersbourg. En attendant, il menace de plus en plus la paix en Europe et provoque l'effroi ainsi que des réflexes nationalistes dans les pays nordiques, Baltes et d'Europe de l'Est. Ils n'ont en effet rien oublié. Eux qui ont payé le prix fort pour avoir eu le privilège de vivre sous la botte de l'empire soviétique pendant des décennies. Nombre d'entre eux se réarment et en appellent à la solidarité des alliés ... Le 26 novembre 2018.

 

 

>L'indignité nationale de Pétain est imprescriptible !

 

                                                             Le valet des basses oeuvres et son maître ! 

 

Le président français, Emmanuel Macron, a jugé « légitime », ce mercredi 7 novembre, de rendre hommage au maréchal Pétain, samedi, aux Invalides.  Il a souligné que le dirigeant du régime de Vichy avait été « pendant la première guerre mondiale un grand soldat », même s’il a « conduit des choix funestes » pendant la seconde. Avec les sept autres maréchaux de la Grande Guerre, Philippe Pétain sera célébré aux Invalides, lors d’une cérémonie à laquelle participeront les responsables militaires français, dont le chef d’état-major particulier du président, l’amiral Bernard Rogel. (*)

 

J'ai soutenu Emmanuel Macron dès l'été 2016. J'ai adhéré au mouvement En Marche dès sa création et rejoint cet homme hors du commun, lors d'un échange en petit comité dans un bar bruxellois à l'automne de la même année. Il m'a d'abord séduit, ensuite convaincu. Au nom des réformes structurelles nécessaires de la France et de la refondation urgente d'une l'Europe malade, pour plus de solidarité et d'efficacité. Malgré les déceptions, inévitables, je n'ai cessé de lui maintenir mon appui. Là, c'en est trop. Quoi, Pétain, un grand soldat ? Comment le président peut-il ainsi séparer le soi-disant bon grain de Verdun, cette boucherie nationaliste, au commandement insensible à la chaire à canon, de l'ivraie de Vichy, à jamais une infamie antisémite ? Pas plus que Céline ne peut être un grand écrivain, car l'ordure antisémite qu'il fut a définitivement détruit toute possibilité de retenir de lui la fulgurance de son style, pas plus il n'est possible de fragmenter, par effet de loupe, la vie de Staline ou celle d'Hitler, au prétexte que des faits antérieurs à leurs crimes, supposés exemplaires, permettraient d'atteindre "la vérité historique", en réalité biaisée, car victime d'un rétrécissement  au service d'une relativité des faits. En 1994, Jacques Delors publiait un livre d'entretiens avec Dominique Wolton, intitulé "L'unité d'un homme". Ce titre nous rappelait que la vie d'un être humain est un tout et qu'aucune de ses parties ne peut s'apprécier sans leur somme évaluée. La déportation des Juifs par Pétain et ses larbins de la collaboration fut une décision et un acte qualifiés de crime contre l'humanité. Pétain lui-même, lors de son procès, en juillet et août 1945, a été condamné à mort, peine commuée ensuite à la prison à vie par de Gaulle, et frappé d'indignité nationale. Ce jugement est imprescriptible. Il ne peut y avoir d'amnistie pour de tels faits. Les déclarations du jour de ce jeune , brillant mais imprudent président sont, elles, funestes. Pour le peuple juif, la France libre de 1945 et la France démocratique d'aujourd'hui. 07 novembre 2018. 

 

(*)  

Fin d'après-midi de ce 7 novembre,  on apprenait que l'Elysée opérait un rétropédalage concernant l'hommage qui devait 

être rendu à Pétain au Panthéon. Devant le tollé général, le président a fait savoir qu'il n'en serait rien. Reste que le grand

homme est responsable de la déportation de 75.721 Juifs, dont près de 11.000 enfants, entre mars 1942 et août 1944.

On dénombre 74 convois en direction des camps de concentration et d'extermination. 90% de ces 76.000 Juifs ont été

envoyés dans les chambres à gaz et fours crématoires d'Auschwitz. Il faut ajouter les 3000 Juifs décédés dans les camps

d'internement français et les 1000 autres qui furent exécutés sur le sol français. En tout, 80.000 Juifs massacrés par le bon

vouloir ou la complicité du "grand soldat" Pétain. La petite phrase du jour d'Emmanuel Macron, une de plus, une de trop,

restera comme la pierre noire incrustée dans un curriculum vitae remarquable, hier encore admirable. A l'heure où, selon un relevé publié aujourd'hui par le premier ministre, Edouard Philippe, les actes antisémites en France ont augmenté, en 2018, de 69% par rapport à 2017, à tout le moins, quand on est président de la République, il eut fallu aborder le problème, car c'en est un, aussi difficile que conflictuel, non par une sortie dans la rue au débotté, mais dans le cadre d'une intervention réfléchie et pesée au trébuchet. Dans ce cas précis, le "en même temps" macronien NE MARCHE PAS. Le 9 novembre 2018.

 

 

>Pittsburgh: une fusillade dans une synagogue fait 11 morts !

 

 

ATTAQUE ANTISÉMITE

 

Un tireur a ouvert le feu ce samedi dans la synagogue « Arbre de vie » (Tree of Life) de Pittsburgh, dans l'Est des Etats-Unis (Pennsylvanie), où les fidèles étaient rassemblés pendant le shabbat. Le tueur a été appréhendé, blessé, suite à un échange de tirs avec la police et placé en garde à vue. Quatre agents de sécurité ont été touchés et transportés à l'hôpital.

 

Le président américain a immédiatement dénoncé le climat de « haine » aux Etats-Unis et dans le monde, tandis que sa fille, Ivanka, convertie au judaïsme, a jugé que l'Amérique était « plus forte » que les actes d'un « antisémite pervers et sectaire ».

Selon plusieurs médias, le tireur est un homme de 46 ans, nommé Robert Bowers, auteur de messages antisémites sur les réseaux sociaux. Il aurait crié des propos antisémites lors de l'attaque. En plus du bilan désormais officiel de 11 morts, le directeur de la sécurité publique de Pittsburgh, Wendell Hissrich, a précisé qu'il y avait six blessés, dont quatre parmi les forces de l'ordre. « La scène est terrible à l'intérieur », a-t-il ajouté devant les caméras, apparemment très ému. « C'est l'une des pires scènes de crime sur laquelle je me sois rendu, et j'ai été sur des accidents d'avion », a-t-il confié. En Israël, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, a exprimé sa solidarité avec la communauté juive de Pittsburgh. "Nous sommes solidaires avec le peuple américain face à cette violence antisémite horrible", a-t-il déclaré, dans une vidéo publiée sur son compte Twitter. 

 Ce nouvel acte barbare, à l'égard d'une communauté juive et donc à l'égard du peuple juif, atteste, si cela était encore nécessaire, que l'antisémitisme, dont on a pu penser, après la Shoah, que nous en serions débarrassés, se répand comme une trainée de poudre infecte, du Moyen-Orient aux Etats-Unis, en passant par l'Europe. Sans remonter aux Jeux olympiques de Munich, d'août et septembre 1972, où onze athlètes israéliens furent massacrés par l'organisation terroriste palestinienne Septembre noir, personne ne peut oublier l'enlèvement, la séquestration, la torture et le meurtre d'Ilan Halimi, par le gang des barbares, entre le 20 janvier et le 13 février 2006, dans la région parisienne. Pas plus que la tuerie de Mohammed Merah, le 19 mars 2012, à l'école juive Ozar Hatorah, à Toulouse, faisant cinq victimes, dont 3 enfants. Ou l'attaque de Medhi Nemmouche, contre le Musée juif de Bruxelles, le 24 mai 2014, qui a fait quatre victimes. Comme la tuerie d'Amedy Coulibaly, à l'Hyper-casher de la Porte de Vincennes, à Paris, le 9 janvier 2015, et ses quatre autres victimes. Plus récemment, à Belleville, dans le 20ème arrondissement de Paris, le 4 avril 2017, comment ne pas évoquer Sarah Halimi, une femme juive de 65 ans, qui a été rouée de coups puis défenestrée par son voisin musulman au cri de "Sheitan", satan en arabe ? Et que dire de Mireille Knoll, une vieille femme juive de 85 ans, rescapée de la Shoah, qui a été poignardée à son domicile ? Bien d'autres faits encore, plus ou moins banalisés par une justice sceptique et des médias soupçonneux. Ce qui s'est passé ce samedi 27 octobre 2018, jour de shabbat, à Pittsburgh, est glaçant et bouleversant. A chaque propos, attaque ou attentat antisémite, moteur d'une haine inextinguible, je sais ce qui se passe dans le coeur et le corps de chaque Juif: un abattement, une désolation et cette question qui hante, au-delà des morts et des massacres passés: "Cela n'en finira donc jamais." Et puis, comme toujours, la vie continue et reprend le dessus, et on se dit qu'elle est la plus forte, car c'est inscrit dans l'ADN du judaïsme, aussi parce qu'on ne sait pas faire autrement. Il y a quelques années, j'ai remarqué que ma fille avait enlevé son Magen David, comme si cette étoile à six branches était devenue un problème. Est-ce acceptable que les Juifs soient encore obligés de raser les murs ? Il semble que la grande majorité de nos concitoyens s'en accommode. Mais à chaque acte antisémite, elle était défaite, comment ne pas l'être, et, discrètement, depuis sa Bat Mitsvah, qu'elle avait pourtant vécue avec bonheur, prenait de la distance avec ses origines. Pour ma part, je l'ai fort regretté. J'espère qu'un jour, elle reviendra à cette part essentiel de son être. Comme tant d'autres Juives et Juifs, sans doute tétanisée à l'idée qu'elle porte en elle, parce qu'elle est née, la cause irrationnelle pour nos ennemis de nous nuire, voire davantage, d'être un jour massacrée. Cela est insupportable et le père que je suis le vit très mal. C'est un euphémisme. Mon sang parle et je me vois, honteusement et désespérément, avoir moi-même de la haine. Je sais qu'elle m'abîme littéralement. Je sais aussi qu'en de telles circonstances l'impuissance est plus souvent aux commandes que la volonté. Alors, il reste au peuple juif, en Israël comme en diaspora, l'obéissance aux Lois qu'il s'est données, aux instincts de survie aussi, au repli mortifère et à la peur existentielle. Chacun sait qu'ils ne sont pas toujours de bons conseils. J'enrage à l'idée que l'antisémitisme et l'anti-sionisme pourraient un jour changer l'âme du peuple juif. Lui qui sait, au-delà de sa grande et riche singularité, dont il est le gardien et le praticien, s'ouvrir à l'Autre et s'intégrer partout où il est accueilli. Il n'en est pas souvent récompensé. Mais,  jusqu'à ce jour, il n'en renonce pas moins à son devoir d'humanité à l'égard de ses semblables. Cela est-il acquis à jamais ? Rien n'est moins sûr. Moi qui suis un agnostique, qui doute et ne sait pas, mais qui vit toujours avec l'espoir de Le rencontrer, car je ne Lui ferme pas ma porte, je demande au Tout-Puissant qu'il en soit toujours ainsi. Le 27 octobre 2018.

 

>Belgique: des tags antisémites lors des élections communales ! 

 

 

 

 

CAMPAGNE ÉLECTORALE 2018

 

DES TAGS ANTISÉMITES VISENT DES CANDIDATS JUIFS

Mardi 9 octobre 2018 par Géraldine Kamps, Site CCLJ, magazine "Regards".

 

Accolée sur le garage d’une habitation de la rue Everard, à Forest, l'affiche électorale de Marc Loewenstein a été prise pour cible ce samedi après-midi, la tête de liste DéFI se voyant affublée d’une mèche « à la Hitler » et d’une petite moustache, en référence à ses origines juives. Un acte inacceptable que condamne avec la plus grande fermeté le CCLJ.

 

 

« Cela me touche bien sûr », nous confiait Marc Loewenstein, bien placé pour connaitre lui-même l’évolution des actes antisémites puisqu’il coordonne depuis plusieurs années le site de vigilance antisemitisme.be « Ces dessins peuvent sembler anecdotiques pour certains, mais cela montre que tous les moyens sont bons pour diviser. Il est clair que si j’ai été pris pour cible ici, ce n’est pas parce que je m’appelle Dupont. Même si ce genre de caricatures révèle souvent aussi malheureusement un manque d’arguments ».

 

Le député bruxellois et échevin avait déjà été victime d’insultes antisémites en 2011, alors qu’il était conseiller communal. « J’avais lancé une pétition contre les nuisances sonores de la salle de concert de Forest National, et quelqu’un m’a renvoyé en retour : "Je ne signerai pas, votre nom me dérange". C’était bien sûr anonyme, mais j’ai tout de même porté plainte ».

Marc Loewenstein ne semble pas être le premier à faire les frais de ses origines, puisque d’autres candidats juifs ont également été victimes d’attaques antisémites pendant cette campagne électorale. C’est le cas de Jacques Brotchi (MR) à Uccle, lui aussi affublé d’une petite moustache, et de Stéphanie Koplowicz (tête de liste PTB) à Forest, qui a retrouvé une croix gammée sur l’un de ses portraits. « On peut difficilement mettre cela sur le même pied qu’un candidat auquel on aurait juste ajouté des cheveux ou une barbe », souligne Marc Loewenstein.

 

Il semble qu'au sein même des partis, certains pour éliminer de possibles rivaux n’hésitent pas à mentionner l’origine juive d'autres candidats pour les discréditer, comme a pu en faire la triste expérience Roland Douhard, sur une liste DéFI à Liège. Sans réaction à l’égard des intéressés, après en avoir pourtant référé aux instances du parti, le candidat a finalement préféré se retirer. (*)

 

« Mieux vaut dénoncer sans punir, que de perdre »

 

Pour Marc Loewenstein, les sanctions actuelles pour contrer l’antisémitisme sont insuffisantes, d’autant plus que les plaintes ne sont recevables que si l’incitation à la haine peut être démontrée. « La marge entre la liberté d’opinion et le délit est très faible », déplore celui pour qui Facebook et Internet dans son ensemble constituent aujourd’hui un énorme enjeu. « Les auteurs s’expriment parfois de leur vrai nom et sont bien plus identifiables, les poursuites devraient donc être plus faciles », relève encore Marc Loewenstein. « En dehors du simple retrait des publications incriminées, je n’ai pourtant pas le souvenir d’une quelconque condamnation ».

 

Régulièrement en contact avec Unia pour gérer les plaintes, le coordinateur du site antisemitisme.be sait aussi que perdre un procès en matière de lutte contre l’antisémitisme serait la plus grande délégitimation. « Il vaut mieux dénoncer sans punir, que de perdre dans une procédure judiciaire de ce type, le message serait pire », observe-t-il.

Reste que les peines fixées -quand il y a condamnation- sont souvent commuées en travail d’intérêt général, avec la question de leur efficacité sur les auteurs, comme on a pu s’en rendre compte avec Laurent Louis, condamné à devoir visiter des camps de concentration et à en rendre compte sur son blog… Actuellement, une majorité de plaintes sont classées sans suite, faute de moyens. « Il ne suffit pas que le législatif prenne mieux en compte la réalité d’internet, il faut que la Justice suive. Et qu’il y ait la volonté politique ».

 

(*) Un candidat DéFI sur la liste municipale s'est autorisé, lors d'une réunion programmatique provinciale, à laquelle il ne devait pas participer, afin de contester, sans argument de fond, le choix de la tête de liste à la province, proposée par des militants et soutenue par la direction, tête de liste avec laquelle ce candidat avait eu une divergence politique, a relevé, entre autres griefs, voire tares, devant une trentaine de participants, qu'il était ... juif. Ce dernier a aussitôt renoncé à toute candidature. Les instances bruxelloises de ce parti ont été informées du fait, sans davantage de réaction qu'un vague rappel à l'ordre. Le candidat en question est plus que jamais en place. Il y a loin, n'est-il pas, des déclarations vertueuses médiatiques à certaines pratiques tolérées pour des raisons purement électoralistes. Souligner en public qu'une personne est juive pour la discréditer s'apparente-t-il à de l'antisémitisme ? Poser la question, c'est y répondre, me semble-t-il. 15 octobre 2018.

 

 

 

>Monsanto/Bayer: enough is enough ! 

 

 

"La justice est passée. Le 10 août, à San Francisco, jour qui fera date, Monsanto/Bayer a perdu son procès devant un tribunal de l’Etat de Californie. La firme américaine, devenue allemande, a été condamnée à verser près de 290 millions de dollars (254 millions d’euros) d’indemnités à Dewayne « Lee » Johnson, un jardinier atteint d’un cancer qu’il attribue au glyphosate, la substance active du Roundup, l’herbicide le plus vendu au monde. Ce jugement, le premier à associer exposition au glyphosate et cancer, est historique. Il pèsera à l’évidence sur la prochaine réévaluation de la substance en Europe, prévue pour 2022." Le Monde, 13 août 2018. Cette sentence, qui terrifie l'état-major de la multinationale, même si elle est frappée d'un appel, fera jurisprudence et permettra aux milliers de victimes de cet insecticide, établi désormais comme un homicide, car le cancer tue, de porter devant la justice de leur pays ce scandale sanitaire planétaire. Depuis trop longtemps, nos gouvernants se sont laissés intoxiqués, manipulés et parfois achetés par un lobbying incessant et puissant de l'industrie chimique, au premier rang de laquelle on pointe Monsanto/Bayer. Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique et solidaire français, a réagi, enfin, en parlant de "guerre contre les insecticides". Il a raison. Le glyphosate, ses dérivés et ses semblables ont fait la guerre à la santé des populations depuis trop longtemps. Combien sont morts dans l'indifférence générale et la complicité des autorités publiques ? Nous ne le saurons jamais. Nos enfants méritent mieux qu'un monde aux mains de cette mafia internationale. Enough is enough ! Le 13 août 2018.

 

>La Flandre, qui méprise la Wallonie, est allergique à la France !

 

                                Bart de Wever, véritable premier ministre belge, passe son temps à humilier Charles Michel !

 

"L'avion de combat français, Rafale, n'est pas un bon plan. Il n'est pas suffisamment performant pour notre défense. La prolongation des F-16 est exclue également", a indiqué dimanche Bart De Wever: "3,4 milliards d'euros pour un appareil qui permet de ne rien faire, cela n'a aucun sens" a lâché le président du parti nationaliste flamand, N-VA. Ce 24 juin, Charles Michel, libéral francophone du MR, en principe premier ministre belge, s'est à nouveau fait humilier par son "allié" nordique de la majorité fédérale, en réalité, nous le voyons chaque jour, véritable détenteur du pouvoir en Belgique. Le pays doit renouveler la flotte de ses avions de combat, les vieux F-16, qui arrivent en bout de piste. La Flandre, qui s'honore, chaque 11 juillet, de manière tonitruante, d'avoir vaincu, avec de pauvres moyens, les fières troupes françaises du roi Philippe IV, lors de la bataille de Courtrai, dite des éperons d'or, en 1302, n'en a toujours pas fini avec son allergie à la France. Il s'agit en fait d'empêcher tout rapprochement économique, voire culturel entre les Wallons et la France.  Par exemple, de manière tout-à-fait anormale, la Belgique n'a jamais accueilli de Sommet de la Francophonie, alors que Paris, Québec, Beyrouth et bien d'autres capitales africaines ont été choisies pour recevoir cette organisation internationale. Malgré une offre de coopération industrielle exceptionnelle, qui permettrait aux entreprises belges de l'aéronautique, il est vrai, aussi wallonnes, de participer à la construction du nouvel avion de combat franco-allemand, projet hautement européen, annoncé la semaine dernière par Emmanuel Macron et Angela Merkel, les nationalistes flamands n'en démordent pas. Pour eux, il faut absolument tuer dans l'oeuf toute tentation française, donc écarter la France et son Rafale, probablement le meilleur avion militaire au monde, la plupart des spécialistes internationaux s'accordent sur ce point. L'Inde (36 appareils), le Qatar (36 appareils), l'Egypte (24 appareils), la Malaisie (18 appareils)  ont choisi le Rafale et l'Arabie saoudite s'apprête à faire de même. Et, bien sûr, la France elle-même, pour son armée de terre et ses forces navales embarquées, s'est dotée actuellement de 122 Rafale, avec l'objectif, en 2030, de disposer d'une force de frappe globale de 250 appareils. Pour un avion "qui ne sert à rien", faut croire qu'il n'y a que des abrutis dans ces pays pour préférer l'appareil de Dassault. "Nos amis flamands" veulent se tourner résolument vers l'avion américain de Lockheed Martin, le F-35, et signer avec les Etats-Unis, un pays en proie à une poussée nationaliste et isolationniste aiguë. "America first", pour Donald Trump et désormais la Flandre. L'Europe attendra. Pour la forme, afin de respecter les règles juridiques qui régissent les appels d'offre, Il y a aussi dans la course l'Eurofighter Typhoon, qui n'a aucune chance de séduire Bart de Wever ... Trump, voilà un président américain, qui nous crache littéralement au visage, qui passe son temps à nous faire une guerre économique, à tenter de nous diviser et, pour les beaux yeux de l'Etat flamand, nous devrions rompre la solidarité européenne, tourner le dos au projet plus que jamais nécessaire d'une Europe de la défense ? Non. La Flandre, en voulant imposer aux francophones belges un partenaire déloyal, somme toute, dangereux, aux côtés de ses partis frères europhobes, voire racistes, veut soumettre davantage la Belgique au diktat américain, tout en espérant recueillir pour ses entreprises électroniques des retombées commerciales. Le F-35 n'est certainement pas meilleur que le Rafale, mais il est plus cher, notamment en coûts d'entretien. Il ne peut être question d'écarter l'offre française, sous prétexte qu'elle est proposée hors appel d'offre, procédure juridique, rappelons-le, à un seul coup qui peut, à tout moment, être abandonnée par le gouvernement fédéral belge. Le véritable partenariat structurel, industriel et militaire européen qui s'ouvre à la Belgique représente une plus-value pour le pays, ses entreprises et ses travailleurs. Et si la Wallonie, pour une fois, y trouve son compte, où est le problème ? Tout autre choix serait incompréhensible, si ce n'est son rôle de cheval de Troie américain dans l'enceinte européenne. La Flandre, ivre de son nationalisme, méprisante à l'égard de la Wallonie, fidèle à sa répulsion de la France et alliée des europhobes, n'est pas à une fourberie près. Le 24 juin 2018.  

 

 

>A tort et à Travert !

 

                        Le président, Emmanuel Macron, et le ministre de l'agriculture français, Stéphane Travert.

 

 Sous la pression des lobbies de l’industrie agroalimentaire et du principal syndicat agricol français qui lui est proche, la FNSEA, le groupe majoritaire de l’Assemblée nationale, La République En Marche (LREM), le 30 mai dernier, a adopté en première lecture le projet de loi agriculture et alimentation. 

 

Si on peut relever de petites avancées en matière d’alimentation, comme l’interdiction des publicités pour aliments trop gras et l’étiquetage nutritionnel obligatoire, en revanche, en matière de lutte contre la maltraitance animale et les atteintes à l’environnement, c’est la bérézina !

 

L’interdiction des élevages de poules pondeuses hors sol et des pratiques brutales et cruelles à l’égard des animaux d’abattoir a été rejetée. La vidéosurveillance dans ces mêmes abattoirs rendue facultative, autant dire qu'elle restera absente de ces enceintes de torture.  

 

Le candidat Emmanuel Macron, lors de sa campagne présidentielle, en 2017, s’était engagé à interdire le glyphosate, cet herbicide non sélectif classé, depuis mars 2015, « probablement cancérogène » par l’agence de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMC), le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC). 

 

Les députés de la majorité ont rejeté plusieurs amendements visant, à terme, d’ici 2021, la totale interdiction du glyphosate, en contradiction avec la promesse similaire, non plus du candidat, mais du président Macron, faite au Conseil européen il y a quelques mois à peine. 

 

Il est évident que le ministre de l’agriculture français, Stéphane Travert, a joué dans ce vote parlementaire la courroie de transmission des intérêts commerciaux des industriels, à commencer par la multinationale Monsanto/Bayer. Sans doute vert de rage, le ministre français de la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, s'est tu dans toutes les langues, même celle de bois ...  

 

Alors qu’un doute raisonnable est permis concernant la dangerosité du glyphosate, le bien-être des consommateurs et des habitants proches des zones de répandage est passé purement et simplement à la trappe. De même, la protection de la flore et de la faune, victimes directes des herbicides et autres insecticides, on le voit avec la disparition des abeilles, a été sacrifiée sur l’autel d'un cynisme économique écoeurant.

 

« Make Our Planet Great Again », on en est loin, très loin ... C’est regrettable pour un président qui entend tenir ses promesses électorales. C’est préjudiciable pour la santé des personnes, au premier rang desquels les enfants. C'est catastrophique pour la biodiversité en danger. 03 juin 2018.

                                                 Répandez, répandez, il en restera toujours quelque chose ...

 

 

 

>Liège frappée par le terrorisme islamiste !

 

 

Une nouvelle fois, près de 7 ans après l’attentat à la grenade sur la place Saint-Lambert, Liège, ma chère Cité ardente, est frappée par un attentat terroriste. Ce matin, vers 10 heures trente, Benjamin Herman, de Rochefort, province de Namur, sorti la veille de la prison de Marche-en-Famenne, province de Luxembourg, pour un congé pénitentiaire, où il s’est converti et radicalisé à l’idéologie islamiste, au cri d'Allah Akbar et vêtu de noir, couleur de Daech, a poignardé dans le dos, puis abattu deux policières avec leurs armes de service. Elles étaient toutes deux mamans, l'une d'un fils de 25 ans, l'autre de deux jumelles de 13 ans, déjà orphelines de père. Ensuite, il s’en est pris à un jeune étudiant, passager, aux côtés de sa maman, d’une voiture qui passait par là. Il avait 22 ans et allait recevoir son diplôme d'instituteur. Bilan, trois morts et plusieurs blessés ainsi que l'individu neutralisé. Avant que d'être abattu, à la manière d'Amedy Coulibaly, à l'Hyper-casher de Vincennes, le 9 janvier 2015, sortant en trombe du Lycée Léonie de Waha, où il avait pris en otage une femme de ménage, qui ne doit son salut, selon son propre témoignage, qu'au fait qu'elle était musulmane et qu'elle faisait le ramadan, il n'a pas hésité à tirer sur les policiers, montrant ainsi sa volonté de mourir en martyr. L'Etat islamique a revendiqué opportunément l'attaque. La Sûreté de l'Etat belge connaissait Herman; il avait fait l'objet de deux rapports internes et d'une fiche de signalement de la police fédérale quant à sa proximité avec plusieurs radicalisés. Manifestement, contrairement à ce que toutes les autorités politiques et judiciaires affirment dans toutes les langues et dans tous les médias, il y eut, dans le chef des services de renseignement, un manque de vigilance et de carence d'analyse concernant les signaux, même faibles, de la dérive d'un profil identifié et bien connu pour sa délinquance et sa violence. Dans sa cellule, on a retrouvé un Coran et un tapis de prière, ce qui n'est évidemment pas en soi un crime, mais une confirmation de la conversion du tueur à l'islam. A l'évidence, la Belgique est à la traîne concernant la lutte contre la radicalisation dans les prisons. Les faits dramatiques se sont déroulés au coin de la rue des Augustins et du boulevard d’Avroy, en plein centre-ville. Les Liégeois, les Belges, les Européens sont une nouvelle fois sous le choc, la cible de djihadistes et sympathisants enragés, à la solde directement ou indirectement de l’Etat islamiste. Il serait temps, dans certains milieux faussement naïfs et véritablement nocifs pour nos démocraties, particulièrement à gauche, mais pas seulement, d’ouvrir les yeux sur une réalité sociale, culturelle et politique mortifère. Le projet n’est ni plus ni moins que de détruire nos valeurs humanistes et laïques. Tout déni en la matière est une indécente lâcheté, une impardonnable duplicité. Nous devons faire front, ne pas nous désunir et ne rien céder à l’islamisme qui gangrène l’islam de l’intérieur depuis trop longtemps. Avec notre plein soutien, nos amis musulmans les plus éclairés doivent se mobiliser davantage pour combattre et éradiquer en leur sein toute manifestation et tout acte qui feraient de cette idéologie religieuse, c'en est une, le moteur de leur discours, le coeur de leur identité délirante. Nos pensées affectueuses à toutes les victimes innocentes du terrorisme. Le 29 mai 2018. 

 

>Happy Birthday Israel !

 

 

70 ans après, Israël demeure pour nombre d'Etats et de personnes dans le monde une anomalie, voire une impureté au Moyen-Orient. Le peuple juif a trouvé en Eretz-Israël cette terre promise qu'il chérissait déjà il y a 3500 ans. Entre Méditerranée, Jourdain, Mer Rouge, Golan et Sinaï, d'autres peuples y ont également vécu. Ils ont pour la plupart disparu, dont les Philistins. Les Juifs sont toujours là, après, pourtant, bien des occasions de disparaître à leur tour, suite aux massacres, pogroms, déportations, exils et Shoah. Les Arabes, les frères sémites, sont venus au VII ème siècle propager leur idéal religieux en recourant au concept de djihad. Au XIX ème siècle, l'anti-judaïsme, dévastateur depuis des centaines d'années, laisse la place à l'antisémitisme. Le premier se nourrit à l'accusation de crime déicide à l'égard de la personne de Jésus, terrible accusation proférée par un christianisme haineux. Au XXI ème siècle, fort heureusement, les choses ont bien changé; les gestes forts de réconciliation de l'Eglise catholique sont venus cicatriser les plaies anciennes. Le second puise son infinie et mortifère énergie autant dans le fantasme que la conviction que naître juif est impardonnable. Le nazisme et son obsession du complot juif ne viennent donc pas de nulle part. Après la Seconde Guerre mondiale, sous la pression des mouvements sionistes et, à n'en pas douter, d'une culpabilité inavouée, la communauté internationale, après bien des rejets et des hésitations, finit par prendre acte de la nécessité de la création d'un Etat hébreu aux côtés d'un Etat arabe palestinien. Le premier est crée le 14 mai 1948. L'autre toujours pas. A qui la faute ? Les pays arabes, à l'ONU, votent contre l'avènement d'Israël et sacrifient ainsi l'Etat palestinien, car le binôme est lié. Dès la première année d'existence, l'Etat juif se voit agressé par une coalition de pays arabes. Ils remettront les plats plusieurs fois. Sans succès. Israël fête aujourd'hui son 70ème anniversaire sous tension. Comme toujours. Ses ennemis n'ont pas désarmé. Reste qu'il faudra un jour négocier une paix durable avec le monde arabo-musulman et reprendre le dialogue sur la création d'un Etat palestinien viable et démocratique. Il y faudra de la volonté, du courage, des sacrifices et des preuves tangibles de bonne foi. Quant à l'Iran des mollahs islamistes, qui signifie, eh oui, "le pays des Aryens", il apparaît aujourd'hui comme l'incarnation de la menace. Ce qui fut une grande civilisation, la Perse, devra donner quant à elle plus que des gages pour convaincre Israël de sa volonté de cohabitation pacifique. Nous en sommes très loin. En attendant, sans approuver la politique aberrante de l'actuel gouvernement israélien, je salue nos frères d'Eretz-Israël. Je me réjouis de partager avec eux ma joie de voir une si jeune nation aussi dynamique, inventive et forte. Je veux croire que les Pères fondateurs laïques, au premier chef desquels, David Ben Gourion, en sont fiers, malgré les défauts, les erreurs, les fautes, les doutes et les errements. Mais quelle réussite à l'échelle de l'histoire ! 14 mai 2018.

 

    

>Faire le lit de l'antisémitisme sans être antisémite !

 

Ce n'est pas la première fois que le président du PS, Elio Di Rupo, dérape sur la question juive. N'est-ce pas lui qui avait lâché: "Je ne savais pas qu'il y avait des Juifs pauvres", lors d'une table ronde organisée à Herzliya, Israël, en mars 2005, organisée par la Friedrich Ebert Stiftung (fondation berlinoise liée au SPD, le parti social démocrate allemand) ?   

 

Dans un entretien accordé le 28 avril dernier au journal économique et financier, L’Echo, Elio Di Rupo, le président du Parti socialiste belge, a critiqué le gouvernement fédéral en l’accusant de mener une politique favorable aux plus riches et de faire du pays « une Belgique des diamantaires anversois ». Cette expression ne manquera pas de réactiver certains préjugés, notamment celui associant les Juifs à l’argent, dans la mesure où, dans l’imaginaire belge, le diamant est toujours associé, à tort, aux Juifs. D'une part, les diamantaires juifs sont une extrême minorité de la communauté juive belge, d'autre part, plus de 80% du marché anversois du diamant sont aux mains des Indiens issus de la communauté jaïn et originaires du Gujarat ou du Maharastra.

 

Il n'est sans doute pas antisémite. Je veux le croire. Mais ses propos agissent comme une piqûre de rappel d'un venin que nous connaissons bien. Le président du PS devrait puiser ses métaphores scabreuses ailleurs que dans l'imagerie des années '30. Il surfe sur une vague effectivement ancienne. Elle n'a jamais cessé de forcir à l'extrême droite, aussi au sein des droites populistes, vague qui inonde, toujours, le marais islamiste et, trop souvent, certaines communautés sunnites et chiites, vague qui reprend vigueur à l'extrême gauche et à gauche depuis quelques années; conflit israélo-palestinien en guise de justification. Ce n'est plus seulement la dénonciation du sionisme, faux-nez porté fièrement par les borgnes, c'est encore la mise en scène de figures juives liées à l'argent, nous le voyons, au complot, ah, le complot, il a encore de beaux jours devant lui, à certaines maladies - il n'est pas rare de lire l'expression "la peste juive", sémantique rappelant les grandes pandémies médiévales causées évidemment par les fils d'Israël - à la "boursoufflure de la culture victimaire", à l'élitisme, peuple "élu" oblige, au sentiment de supériorité ... Comme un procès en eugénisme, afin d'inséminer à la notion de mal absolu une relativité bienvenue et ainsi pouvoir confondre, quelque part dans un destin partagé, victimes juives et bourreaux aryens. J'ai même entendu le reproche "d'excès de réussite", renvoyant à l'intelligence sournoise et autres filouteries juives pour tirer les ficelles d'un monde manipulé en sous-main. Tout cela est certainement très loin des intentions d'Elio Di Rupo. Mais, tout de même, c'est manier l'irresponsabilité en toute responsabilité. Comme quoi, on peut faire le lit de l'antisémitisme sans être antisémite soi-même ... 04 mai 2018.

 

 

>La vérité des hommes n'est pas la sincérité des Etats ! 

 

                                                      Mai 2017, ambassade des Etats-Unis à Bruxelles, 

                                                               une première poignée de main, pour jauger !

       En dépit des crises qui ont jalonné leurs relations, le marquis de La Fayette symbolise l'alliance franco-américaine !

 

La visite de trois jours, du 23 au 25 avril, du président français à Washington, premier chef d’Etat étranger à faire l'objet d'une invitation officielle du président Donald Trump, ne devrait étonner personne. Il est de tradition et conforme aux liens anciens qui unissent les Etats-Unis à la France de voir les représentants de ces deux nations se rencontrer, se parler et échanger. L’inverse serait inquiétant. Ils réactivent ainsi une alliance historique que personne ne peut oublier des deux côtés de l’Atlantique. Elle fut renouvelée en 1917 et 1944. Rappelons-nous. Le 20 avril 1777, le marquis de La Fayette, il a 20 ans, embarque clandestinement dans le port espagnol de Pasajes, sur La Victoria. Il veut soutenir la guerre d'indépendance des Etats-Unis contre l'ennemi commun : l'Angleterre. Rallié à la cause de la jeune nation par son ami Benjamin Franklin, La Fayette avait une affection filiale pour le général George Washington, qui, d’ailleurs, la lui rendit, en l’intégrant dans son état-major. Il vient en aide aux insurgés. La franc-maçonnerie lie fraternellement ces trois figures de l'Indépendance. « C'est à l'heure du danger que je souhaite partager votre fortune » lance-t-il à ses frères d’arme. Les Français apporteront aux combattants américains une aide précieuse que l’Amérique n’a jamais manqué d’honorer dans sa mémoire nationale. Les Etats-Unis doivent à la France leur indépendance et la France aux Etats-Unis sa liberté. On peut aussi retenir l'essai "La démocratie en Amérique", d'Alexis de Tocqueville, publié en 1835, qui fut le théoricien de l'importance du soutien de la France à la construction d'une vraie démocratie sociale Outre-Atlantique. La Fayette fut à l'action philo-américaine ce que de Tocqueville fut à la pensée franco-américaine. Voilà pour l’Histoire. Il y a aussi la petite histoire, celle de la première poignée de main entre les présidents américain et français, le 25 mai 2017, à Bruxelles. Elle est restée célèbre pour sa virilité et sa charge symbolique. Emmanuel Macron le conquérant souhaitant ainsi envoyer un message clair à l’impénitent Donald Trump : « Je suis ton allié, pas ton vassal ! ». Et l’autre de répondre : « T’es peut-être pas mon vassal, mais respecte ma personne ! » C’est sur cette base que s’est construite, depuis un an, une relation asymétrique. L’un est conservateur, nationaliste et isolationniste. L’autre est libéral, européiste et mondialiste. L’un est climato-sceptique, pendant que l’autre clame son climato-alarmisme. L’un communique par tweets sommaires, l’autre par textes sophistiqués. L’un est entrepreneur dans l’immobilier newyorkais, l’autre énarque de la haute administration française. L’un collectionne les aventures féminines, l’autre est l’homme d’un seul amour. Sur des sujets aussi graves que la guerre contre le terrorisme, avec des accents différents, les deux se retrouvent pour affronter, en Irak et en Syrie, l’Etat islamique et pour punir, fort symboliquement, le régime sanguinaire de Bachar al-Assad de ses frappes chimiques sur des populations civiles. Ils s’accordent aussi pour tenir un langage ferme à la Russie de Vladimir Poutine, bien que l’un doit sans doute son élection aux services du nouveau Tsar et que l’autre fut élu, en dépit des fake news propagées à son encontre par les réseaux poutiniens. Ils maintiennent cependant, à raison, un dialogue, qui doit être difficile, avec le maître du Kremlin. Là s’arrête l’entente internationale entre Washington et Paris. Car, sur l'accord sur le nucléaire avec l’Iran, sur le conflit israélo-palestinien, sur la Chine, sur les barrières douanières acier/aluminium, sur le multilatéralisme, point cardinal défendu bec et ongle par le président français, un gap sépare les deux capitales. Mais, il y a un mais, tous deux n’ont pas de passé politique, ou si peu, n’appartiennent donc pas au landerneau politicien, qu’ils exècrent et qu’ils ont contribué, à leur manière, à faire exploser. Ils sont coutumiers des chemins de traverses, tantôt pirate, pour l’un, flibustier pour l’autre. L’idée d’avoir invité Donald Trump et son épouse au défilé du 14 juillet 2017 ainsi qu' à dîner dans le prestigieux restaurant du chef étoilé, Alain Ducasse, Le Jules Verne, au deuxième étage de la Tour Eiffel, a énormément plu à l’égo du président américain. Mélania Trump et Brigitte Macron, bien que exactes opposées, par l’âge, le style et la culture, semblent s’entendre assez bien et permettre à leurs maris d’arrondir les angles de la conversation. Voici deux couples parfaitement dissemblables. Le premier a vu un homme d'affaires d'âge mur épouser une mannequin est-européenne beaucoup plus jeune que lui. Le second a consacré l'union d'une professeure de théâtre accomplie à un étudiant juvénile promis à rejoindre l'élite intellectuelle française. Quoi de plus asymétrique là encore ? En Europe, cheval de bataille pour sa refondation d’Emmanuel Macron, Theresa May, première ministre d’un pays qui s'apprête à quitter l'Union européenne, proche allié aligné sur le grand frère yankee en politique étrangère, semble vouée à un purgatoire immérité. Angela Merkel regrette tellement Barack Obama que Donald Trump s’empresse, si pas de l’ignorer, du moins de l’humilier. Toutes deux ont sans doute le défaut d’être cheffes d’Etat et non épouses de … C’est dire le statut privilégié que réserve Donald Trump à Emmanuel Macron, malgré les différences et les divergences, qui, une fois n’est pas coutume, ne constituent pas un socle suffisant pour empêcher les deux Etats d’entretenir d’excellentes relations bilatérales. Pour les deux hommes, il y faut de la volonté, sans doute du courage, mais aussi un minimum de confiance. Pour les Etats, toute vérité humaine n’est pas celle de la sincérité ; les calculs, la tactique et la stratégie, les intérêts fondamentaux des uns et des autres, voilà ce qui conduit ces monstres froids à recourir parfois à la tape sur l’épaule, parfois à la frappe dans la gueule. Faut-il s’en offusquer ? Ce serait vain. La realpolitik et les rapports de force sont les seules boussoles pour trouver nos repères. A l’heure où tout est bouleversé, de la crise climatique à la révolution numérique, en passant par l’émergence de nouveaux acteurs politiques sans foi ni loi sur la scène internationale, rien ne serait plus dommageable qu’un divorce entre les Etats-Unis et la France, soit au nom de circonstances liées aux personnes, soit aux dossiers, fussent-ils source de tension. La stabilité internationale, évanescente ces dernières années, a besoin d'un couple franco-américain solide. L’essentiel, c'est la constance du paradigme, qui établit, depuis près de deux siècles et demi, la qualité de leurs relations et les intérêts bien compris de chacun. L'important, c'est que ce paradigme géo-politique demeure et façonne leur destin croisé. Finalement, au-delà des crises, qui ont jalonné leurs rapports, au-delà des qualités/défauts de chacune, des singularités, qui nous enchantent ou nous exaspèrent, ces deux nations partagent tout de même - ce n’est pas un détail - une même passion, parfois excessive, l’histoire l’a prouvé, pour ce qu’il y a de plus beau et de plus grand dans le combat pour l’émancipation de la personne et des peuples : la fraternité et la liberté. Sur le chemin, nul n’échappe aux erreurs et aux fautes, c’est humain. Elles furent de part et d'autre nombreuses. Nul ne regarde la responsabilité des Etats, sauf exception, comme une culpabilité imprescriptible. Tout le monde s’en accommode et le cynisme tient lieu en la matière de gouvernail. Mais nul ne peut s’exonérer de son devoir de vérité. Donald Trump, personnage que l’on ne peut appréhender aisément, les avis sont unanimes, et Emmanuel Macron, personne que l’on apprécie ou pas, les avis sont partagés, témoignent, à leur manière, dans cette époque complexe et ténébreuse, de leur appétit de vérité, à défaut, diplomatie oblige, de sincérité. La Fayette a dit : « J’ai pu me tromper mais je n’ai jamais trompé personne. » Là est sans doute ce qui sépare l’époque actuelle de la sienne. Le 23 avril 2018.

 

 

>Le gauchiste, le président  et le populiste !

 

 

Hier soir, sur le plateau de BFM TV et du site Mediapart, dans le magnifique écrin du Palais de Chaillot, qui, au terme de l'émission de plus de deux heures trente, finit par dénoter, Emmanuel Macron avait rendez-vous pour un match de boxe française, où tous les coups sont quasi permis. Faut dire que la crème de la crème du journalisme engagé et racoleur avait été conviée pour débattre avec le président de la République. A aucun moment, les deux machos du micro, qui avaient tout de même la responsabilité d'éclairer les Français sur le bilan de la première année du quinquennat macroniste, n'ont daigné s'adresser au chef de l'Etat par un Monsieur, pas davantage par un Monsieur le président. Sans doute l'air du temps. Sans cravate et sans élégance, ces adeptes, comme on le voit, de l'égalitarisme idéologique, armés d'une brutalité toute parisienne en guise de sérieux, ont ainsi inauguré un nouveau style d'interview, qui plaira, à n'en pas douter, aux amateurs de pugilats. S'il y avait bien un président sur le plateau, répliquant coup pour coup et démontrant sa profonde connaissance de chaque dossier abordé,  devant le chef de l'Etat, il n'y avait pas deux journalistes. Il y avait deux militants, le gauchiste et le populiste, les porte-paroles de la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon et du Rassemblement national de Marine Le Pen, ces frères jumeaux en démagogie. Lamentable spectacle que nous ont offert Edwy Plenel et Jean-Jacques Bourdin, mais également un Emmanuel Macron, certes, assuré de les dominer de la tête aux pieds, mais aussi trop confiant, semble-t-il, dans le succès populaire d'une bastonnade très regrettable et bien peu pédagogique. Triste soirée, lorsque l'indépendance journalistique, coeur du métier, troque sous statut contre le degré zéro du professionnalisme. 16 avril 2018.

 

 

>Etats-Unis, France et Royaume-Uni frappent la Syrie et après ?

 

 

Ce vendredi 13 avril, 21 heures à Washington, samedi 14 avril, 3 heures à Paris, le président américain, Donald Trump, annonçait que les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni avaient coordonné des frappes aériennes et marines sur le territoire de la Syrie. La ligne rouge du recours aux armes chimiques ayant été franchie, une nouvelle fois, le 7 avril dernier, à Douma, dernier bastion rebelle, dans la Ghouta orientale. Les Occidentaux, hésitants jusque-là, avaient tout de même prévenu Damas, Moscou et Téhéran depuis un certain temps. Ils ont enfin décidé, ensemble, là est la nouveauté, d'envoyer aux intéressés un message clair, certes plus symbolique et politique que militaire, mais d'une grande limpidité. Il s'agit de faire comprendre au triumvirat que les Etats démocratiques ne toléreront plus l'usage d'armes de destruction, ici, potentiellement massive - interdites par toutes les conventions internationales et le droit de la guerre - contre des populations civiles ou des soldats. Toute banalisation de ce genre de vecteurs, dits sales, serait catastrophique pour la paix mondiale et la conception que le monde libre se fait des droits humains. Il ne peut en effet y avoir de précédent en la matière, qui ne soit suivi d'une condamnation ferme ainsi que d'une sanction/punition militaire rapide. Les frappes ont eu un caractère limité et proportionné, ne ciblant qu'un centre de recherche chimique dans la banlieue de Damas et deux unités de production, de stockage et d'assemblage dans la région de Homs. Selon les analyses des services de renseignement occidentaux, il semble que les objectifs aient été atteints, en tout cas, en partie. Les services israéliens, souvent très bien renseignés, doutent ouvertement de l'efficacité des frappes, intervenues trop tardivement et trop faiblement. La réaction de Damas, de Moscou et de Téhéran ne s'est pas fait attendre, renvoyant la responsabilité des attaques chimiques sur les forces rebelles - qui se seraient donc frappées elles-mêmes - Ils dénoncent en choeur "une agression barbare et brutale", qualifient de "criminels", les présidents américain et français ainsi que la première ministre britannique, sans oublier de menacer, en affirmant que "de telles actions ne resteraient pas sans conséquence" ... Fermer le ban. Nous ne pouvons que soutenir la décision de Donald Trump, d'Emmanuel Macron et de Theresa May pour avoir pris enfin la mesure du danger que font courir au monde entier la stratégie jusqu'au boutiste du boucher de Damas et de ses deux protecteurs, le nouveau Tsar, Vladimir Poutine, et le chef suprême iranien, Ali Khamenei. Oui, il y a un risque d'escalade, pourquoi le nier ? Mais l'inaction face à ces irresponsables prêts à tout pour survivre et asseoir leur pouvoir serait pire encore, ouvrant la voie à une ère géo-stratégique, asymétrique et totalitaire. Il est encore temps de stopper ces va-t'en-guerre. Mais il est moins 5. Le temps pour les peuples des démocraties et leurs dirigeants de comprendre les véritables enjeux au Moyen-Orient, c'est-à-dire aux portes de l'Europe - sans parler de l'Asie et de l'Afrique, continents en proie tout autant à la complexité des conflits du XXIème siècle - de faire front, unis, et d'accepter la part possible de risque, y compris celle de devoir un jour se battre pour ne pas perdre leurs libertés et leurs droits dans un conflit devenu inévitable. Qu'il n'en soit jamais ainsi. Ceci n'est évidemment qu'une hypothèse. Mais il serait suicidaire de ne pas admettre son éventualité, car l'état du monde est inquiétant. Les forces de déstabilisation et la mode des autocrates autoproclamés à vie accentuent les dérives et fragmentations à l'oeuvre aujourd'hui. Sur la guerre en Syrie, la messe est dite, les forces syro-russo-chiites ont gagné la bataille. Reste à assurer désormais une transition politique en vue d'un arrêt durable des hostilités, de l'ouverture d'un dialogue entre toutes les parties et de la mise en place d'un plan massif d'aide humanitaire aux populations et de reconstruction du pays. Pour ce faire, chacun doit travailler et ferrailler, si nécessaire, notamment au sein du Conseil de sécurité de l'ONU, à l'élaboration d'une feuille de route claire et précise. C'est le sens de la démarche actuelle du président français, Emmanuel Macron. Mais il sera impossible de faire l'impasse sur le sort à réserver au dictateur alaouite. C'est un criminel de guerre, responsable de la mort de plus de 350.000 personnes. Il devra un jour ou l'autre être traduit devant la Cour pénale internationale, avec ou sans l'accord des Russes et des Iraniens. En attendant, il ne faudra pas lâcher du regard et du canon ces deux-là. Nous ne pouvons ignorer en effet leurs objectifs réels. Au-delà du conflit présent, Russie poutinienne et République islamiste iranienne réservent des cartes régionales et internationales ambitieuses, un agenda à peine voilé sous haute tension. L'une veut restaurer un empire inspiré des modèles tsariste et soviétique, sans trop se préoccuper des moyens pour y parvenir. L'autre veut instaurer, entre le Golfe d'Oman et la Méditerranée, un arc politico-chiite fort, anti-Arabie saoudite et anti-israélienne, en équipant massivement des milices amies, tel le Hezbollah libanais, qui a fait main-basse sur le Pays du cèdre et rêve d'en découdre avec l'Etat hébreu. Il y a là un cocktail explosif qui ne demande qu'à être activé. La communauté internationale ne peut se permettre d'y être indifférente. La realpolitik, concept tombé en désuétude dans les années '90, après la chute du Mur de Berlin, en 1989, et réactualisé par la nouvelle Guerre froide, impose aux démocraties une vigilance à toute épreuve. L'avenir nous dira si la paix mondiale est à ce prix. 14 avril 2018. 

 

 

>L'Occident est-il oxydé ?

 

 

 

Dans les lois de la guerre, depuis la fin du premier conflit mondial, en 1918, il y a toujours eu un tabou, une interdiction absolue: le recours aux armes chimiques. Lors de la guerre Iran-Irak, en 1981, Saddam Hussein n'avait pas hésité à utiliser du gaz sarin pour éliminer son ennemi perse. Le dictateur de Bagdad  y a eu recours à nouveau contre les populations kurdes du Nord de l'Irak, en 1988, extermination connue sous le nom d'Anfal, occasionnant la mort de 50.000 à 180.000 personnes. Bachar el-Assad, en proie à une guerre civile depuis 2011, pour sauver son régime sanguinaire et son clan alaouite chiite, n'a pas hésité à massacrer des centaines de milliers de ses concitoyens et à détruire son pays. Une ligne rouge avait été formulée par l'ex-président américain, Barack Obama, en 2013, celle des frappes et bombes chimiques. Elle fut franchie allègrement, à plusieurs reprises, dans la région de la Ghouta orientale, par le boucher de Damas, avec la complicité de son protecteur russe, l'autocrate sans scrupule de Moscou. La Russie poutinienne ne cesse de s'asseoir sur les principes démocratiques du droit international et du droit intérieur russe. Les faits sont là. En toute logique et bon sens, ils devraient nous alerter sur l'absence précisément de limite de l'ex-agent du KGB. Jusqu'où peut-il aller et nous entraîner ? Son délire de grandeur impériale et son désir de restauration de la Grande Russie - en conformité avec les politiques tsariste et soviétique - se renforcent chaque jour à mesure que les pays démocratiques, Etats-Unis et Union européenne en tête, renoncent à lui faire comprendre, si pas la raison, du moins la prudence. Cet homme de calcul ne comprend que les rapports de force. En joueur d'échecs avisés, il avance ses pions depuis une dizaine d'années, sans que, de ce côté-ci de la liberté, on ne change de stratégie. Aveuglement, impuissance ou lâcheté ? Voyez plutôt: intervention en Ossétie du Sud, en 2008; annexion de la Crimée, occupation de l'Est de l'Ukraine et destruction de l'avion de ligne MH17, faisant 297 victimes, en 2014; guerre en Syrie depuis 2015, avec appui massif du régime assassin d'Assad, faisant plus de 350.000 morts, des millions de blessés et de personnes déplacées; élimination des opposants politiques et des journalistes critiques, censure et contrôle généralisé sur la presse; diffusion systématique de fake news et de rumeurs; interventions grossières dans les campagnes électorales des Etats démocratiques, notamment américain et français, via des officines de propagande, comme la télévision Russia Today et le site internet Sputnik, ainsi qu'une activation, à peine discrète, d'une armée de hackers, visant à déstabiliser nos démocraties. Face au nouveau Tsar, qui menace un peu plus chaque jour l'ordre international, nous reculons toujours plus. Serions-nous rouillés, amnésiques, quant à la leçon de Munich de septembre 1938 ? Ce déshonneur, signé Chamberlain et Daladier, comme l'a appelé Winston Churchill, qui encouragea Hitler à déclarer une guerre totale à la Pologne, puis à la France, l'Angleterre et la Russie, entraînant à son tour, en 1944, l'intervention des Etats-Unis dans ce deuxième, sans doute pas second, conflit mondial. Bien sûr, les contextes sont très différents et l'autocrate du Kremlin n'est pas le dictateur du Reichstag. Mais il y a de quoi s'interroger et s'inquiéter. Pour tout dire, l'Occident est-il définitivement oxydé ? 11 avril 2018.

 

 

>Trois mois de grève à la SNCF: Syndrome Nuisible Contre la France ?

 

 

Les idées reçues ont la vie dure chez les syndicalistes français. La dette de la SNCF est de 50  milliards d'euros, somme colossale que l'Etat devra bien un jour rembourser. On parle de 35 milliards à charge du contribuable ... Les agents de la SNCF nommés, 85% des 135.000 cheminots, préservent leurs avantages et leur statut. L'ouverture à la concurrence, qui a fait ses preuves en Allemagne (*) - investissements plus importants, employabilité du personnel plus souple, tarifs moins chers, qualité de service plus grande, meilleure ponctualité et donc augmentation sensible des usagers/clients - ne se fera que progressivement, étalée jusqu'en 2035. Les syndicats bloquent tout. Ils s'adonnent au jeu du chat et de la souris, en menaçant de paralyser la France. Si ils vont jusqu'au bout de leur mouvement, ils vont rendre la vie impossible aux Français, mettre en danger les entreprises et affaiblir l'économie du pays. Ce n'est guère malin. Ce ne sera pas efficace. Ils se tirent une balle dans le pied, c'est un euphémisme, en fragilisant ainsi eur outil de travail. Il n'y a pas plus conservateur que ces organisations syndicales, cramponnées à un modèle social périmé, faut-il dire fort avantageux par rapport aux salariés du secteur privé, et dépassé par le monde réel tel qu'il va. Il ne faut certes pas s'y soumettre, car le changer est indispensable, mais l'ignorer et regarder ailleurs, avec les oeillères idéologiques du passé, est catastrophique. Sans réforme, la SNCF est condamnée, si pas à disparaître, du moins à rétrécir durablement son périmètre d'activités. Qu'ils ne se fassent aucune illusion, le gouvernement d'Edouard Philippe est ouvert à la négociation, mais ne reculera pas sur l'essentiel. A savoir, les conditions indispensables à la survie de la SNCF. Le président Emmanuel Macron ne cédera pas au chantage, pas plus que sur l'objectif, engagement pris avec les électeurs pendant la campagne présidentielle de 2017. 04 avril 2018.

(*) En Allemagne, le coût au km de voie ferrée est de 18 euros. En France de 25 euros ...

 

 

>Gaza, pas comme ça !

 

 

 

L'événement

 

Le Hamas, milice terroriste basée à Gaza, organise, pendant six semaines, une marche palestinienne en direction de la frontière avec Israël, en prévision de la célébration de la création de l'Etat juif, le 14 mai 1948. Rappelons tout d'abord que la sécurité d’Israël passe par le désarmement et la dissolution des groupes terroristes djihadistes sunnites et du Hamas des Frères musulmans à Gaza ainsi que du Hezbollah chiites au Sud Liban. Elle passe aussi par la pleine et entière reconnaissance de l’Etat hébreu par toutes les autorités palestiniennes. Les manifestations violentes programmées à la frontière d'Israël sont une provocation dans l'attente de la "Nakba", catastrophe en arabe, à savoir, l'avènement de l'Etat juif. Mais les morts de Gaza ajoutent de la souffrance d’un côté, retirent de l’éthique de l’autre. C'est une évidence. Pour notre part, sans jamais renoncer à à notre esprit critique, nous fêterons dans la joie et la dignité le 70ème anniversaire d'Israël. 

 

 

 Avant tout, les faits 

 

La résolution 181 de l’ONU, du 29 novembre 1947, sur le plan de partage de la Palestine sous mandat britannique (il n’y a jamais eu de Palestine sous forme d’Etat. C’est l’empereur romain Hadrien, qui, en 134, afin de punir les Juifs de leurs révoltes, débaptisa la Judée et la nomma « Provincia palaestina syria », du nom des Philistins, petit peuple d’éleveurs de chèvres) donc, cette résolution prévoyait l’émergence de deux États, l’un juif, l’autre palestinien. Si ce dernier n’a pas été créé, c’est uniquement en raison de la volonté des pays arabes de ne pas reconnaître l’Etat juif, au risque de sacrifier l’Etat palestinien.

 

 

Ensuite, le constat

 

L’objectif ne peut être que la solution à deux États, l’Etat juif, État de droit, l’Etat palestinien, nécessairement démocratique. La politique actuelle de Benjamin Netanyahu est un non sens. Défendre Israël, ce n’est pas nier l’Autre, défendre Israël, ce n’est pas s’isoler, tel un autiste volontaire et funambule, défendre Israël, ce n’est pas absorber les Arabes israéliens et les Palestiniens, qui, d’ici moins de 40 ans, au sein d’un seul et même État israélien, seraient majoritaires et rendraient ainsi les Juifs minoritaires dans leur propre pays. À moins que la droite nationaliste et/ou religieuse, alliée à l’extrême droite, otage de l’extrême droite, n’opte délibérément pour un État non démocratique - ce qui est sans doute sa funeste orientation actuelle - en faisant des Arabes israéliens des citoyens sous statut différencié, non égalitaire avec le statut des Juifs. Solution non envisageable pour Israël, car sa création politique et son essence éthique sont indissociables de son identité juive et démocratique.

 

Enfin, le réalisme 

 

Pour en revenir aux événements actuels à Gaza, provoquer n’est pas tuer, mais tuer, c’est provoquer. Pour avoir la paix, il faut sortir du cercle de la violence. A terme, une paix durable ne peut être possible que par la reprise du dialogue entre les deux parties et l’ouverture de nouvelles négociations sur le statut de Jérusalem, l’arrêt des colonies de peuplement, l’échange de territoires, en vue d’une continuité territoriale viable entre Gaza et la Cisjordanie et l’indemnisation des familles arabes spoliées lors de la fondation d’Israël en 1948.  03 avril 2018.

>Le sacrifice d'Arnaud Beltrame, un message fort !

 

              Arnaud Beltrame, vous tuez, nous résistons !

 

L’acte terroriste de l’islamiste, Radouane Lakdim, est marqué d’une symbolique particulière. Cela faisait six mois qu’aucun fait terroriste n’était signalé en France. Pendant cette période, les services de renseignement et de sécurité ont empêché une douzaine de projets terroristes de se réaliser. Ce qui incita certaines « bonnes âmes » à réclamer la baisse de la garde ainsi que le renoncement aux lois répressives appropriées, discutées et votées pourtant, comme il se doit, dans le cadre de l’Etat de droit.

Ce vendredi 23 mars, à Carcassonne puis à Trèbes, dans l’Aude, des civils et deux membres des forces de l’ordre ont été sauvagement attaqués et tués, pour quatre d’entre eux. Il faut rendre hommage à ces personnes innocentes tombées sous les coups mortels d’un homme de 25 ans, qui s’est radicalisé sur les réseaux sociaux et les sites djihadistes. L’enquête devra déterminer le degré d’implication de son entourage, sa compagne et un ami mineur d'âge, voire des complices au sein de la communauté musulmanne salafiste française et internationale.

Mais ce qui retient l’attention et pousse à la réflexion, c’est le choix délibéré du Lieutemant-Colonel, Arnaud Beltrame, de se substituer à une otage, une caissière du Super U de Trèbes. Tous les témoignages concordent. Ce gendarme était un homme généreux, intelligent, un militaire exemplaire. Major de sa promotion à Saint-Cyr, il aura passé toute sa carrière au service de la collectivité, développant aux yeux de tous un courage hors du commun et une volonté constante d’honorer son pays, son corps d’armée et son grade. S’il y a une élite républicaine, elle est pleinement incarnée par cet homme marié de 44 ans. Une pensée émue pour sa veuve, meurtrie à son tour, pour les familles des autres victimes, endeuillées et désormais en souffrance.

Que nous dit l’acte héroique d’Arnaud Beltrame ? Voilà un militaire rompu aux exercices anti-terroristes qui, convoqué par le hasard autant que par le destin, se retrouve face à une prise d’otages dans un supermarché. L’auteur de celle-ci a déjà tué le passager d’un véhicule volé et blessé plusieurs personnes. L’officier de gendarmerie écoute son cœur, sa morale et son devoir. Rien ne l’oblige. Il ne demande à aucun de ses subalternes de faire ce qu’il s’apprête à faire. Il s’écoute donc et comprend instantanément qu’il faut agir et exprimer dans le même temps un message fort. Il se rend au terroriste et permet ainsi à la jeune femme d’être libérée. Une existence contre une autre. Voilà l’acte incroyable, sans condition, le don sacré de sa vie. Nous sommes toutes et tous frappés par l'intensité et la profondeur symbolique d'un geste exceptionnel, dont l'exemplarité bouscule notre confort et fait notre admiration. 

Car, lui, le professionnel, l’homme aguerri, sait à ce moment précis qu’il prend tous les risques et même qu’il choisit, en toute connaissance de cause et de conséquence, de mourir. Le huis clos va durer plus de deux heures. Le téléphone portable du gendarme est branché, il le dépose sur le tapis roulant de la caisse, désormais figé. Les forces d’intervention, ici, le GIGN (Groupe d'Intervention de la Gendarmerie Nationale), présentes devant le magasin, entendent et suivent les échanges entre les deux hommes et tout bruit qui les instruit sur le déroulement de la scène. Il y a des tirs et des mouvements secs non identifiés. L'unité spéciale de la gendarmerie donne l'assaut. Le boucher du Super U gît à terre, lâchement assassiné par le terroriste. Il n’y a aucun doute, Lakdim est venu pour mourir en « martyr », comme ses sinistres prédécesseurs, Mohammed Mérah, Abdelhamid Abaaoud, les frères Chérif et Saïd Kouachi, Amedy Coulibaly … Arnaud Beltrame le sait. Mais sa présence, qui prend fin, devant le terroriste est aussi un message à tous ses semblables, de France, d’Europe, du Levant, du Sahel et d’ailleurs. 

Quel est-il ? Le voici, imaginé et reconstitué :

« Ne t’y trompe pas, à ce moment précis, tu es mon ennemi, je suis le tien. Il n’y a aucun compromis possible entre nous. Je sais tes sources et je connais ton désir profond. Je sais que tu souhaites m’emmener avec toi dans la mort. Je ne suis pas dupe et je l’accepte. Tu n’es pas courageux. Tuer des innocents n’est pas le courage, c’est la lâcheté. Mais moi, qui te fais face et te regarde droit dans les yeux, je te montre où sont le courage et la liberté. Comprends-moi bien, les valeurs que je représente, au travers la République française, sa laïcité, ne baisseront jamais la garde, ne renonceront jamais à ce que qu’elles signifient en terme de droits et de devoirs, n’abandonneront jamais nos libertés à votre fanatisme, y compris au prix du sacrifice ultime. Regarde, mon salaud, je n’ai pas peur de ta violence. Je suis prêt à mourir, non seulement pour vous exprimer, à toi et les tiens, mon mépris à l’égard de votre idéologie religieuse, qui n’a d’égal que ma foi en notre démocratie, mais surtout, au-delà d’une vie épargnée, pour sauver l’humanité tout entière des griffes de votre inhumanité. Vous tuez, nous résistons ! »

Arnaud Beltrame meurt, non par balles, mais par les coups portés à la gorge par l'arme blanche de l'assassin. L'Etat islamique a revendiqué, à défaut certainement d'avoir organisé, le massacre de Radouane Lakdim. Il était armé d'un pistolet 7.65, d'un poignard et de trois charges explosives. Comment croire qu'il ait agi seul ? Comment comprendre qu'il soit passé entre les mailles du filet des services de surveillance, alors qu'il était fiché "S" depuis 2014, qu'il avait un passé criminel et qu'il affichait clairement sur Internet sa haine de l'Occident, son engagement islamiste et son appel au djihad ? Si aucun signe de passage à l'acte ne fut détecté, cela pour expliquer l'absence de surveillance ou de mise en rétention de l'individu, pourquoi les services n'intègrent-ils pas le concept chiite de "Takia", bien présent dans leur corpus juridico-théologique, à savoir la dissimulation, assimilé par nombre d'islamistes sunnites, dans l'étude des profils identifiés ? En effet, l'analyse fine des signaux faibles, comme les écrits, les relations apparemment fortuites, s'avère désormais comme le principal défi des services affectés jusqu'alors au traitement des mouvements plus manifestes. Un "testament" a été retrouvé au domicile de ses parents où il vivait. Preuve, s'il en était, que son équipée sauvage fut le fruit d'un projet, plus ou moins préparé.

Les victimes et les familles de Carcassonne et de Trèbes ont le droit de savoir. Les Français et les Européens ont le droit d'être protégés le plus efficacement possible. Nul besoin de renforcer davantage l'arsenal administratif, juridique et législatif anti-terroriste dans la plupart des pays européens. C’est évidemment le cas en France. Tous les spécialistes du droit et de la sécurité le disent. Le dispositif actuel est suffisant. En revanche, les carences en matière de renseignements (*), particulièrement sur le terrain, dans les cités, les centres sportifs, en prison, et de surveillance rapprochée sont, à l'évidence, béantes. Il n'y a pas d'états d'âme à avoir en la matière. Les démocraties ont été, sont et seront encore longtemps menacées par l'idéologie islamiste, Frères musulmans, salafistes et djihadistes réunis, endogènes et exogènes. Même si, chacun le sait, les Etats et l'Union européenne ne peuvent mettre un policier derrière chaque suspect, une équipe de suivi derrière les dizaines de milliers de profils fichés. Il ne fait cependant guère de doute, au vu des trop nombreux échecs rencontrés, malgré les succès connus et inconnus, qu'ils peuvent et doivent faire mieux en matière d'efficacité. La nations démocratiques, si elles ne veulent pas disparaître sous les coups répétés du terrorisme et, par réaction, du populisme et de l'extrémisme, de gauche comme de droite, doivent se donner les moyens de préserver la sécurité et la vie de leurs citoyens. Il n'y a pas d'autre alternative que la résistance, sous toutes ses formes, au totalitarisme, quel qu'il soit. 26 mars 2018.

 

(*) Le FSRPRT (Fichier des Signalements Pour la Prévention et la Radicalisation à caractère Terroriste), base de données française qui reprend plus de 20.000 identités d'individus radicalisés, donne la mesure de l'énormité et de la difficulté de la tâche à réaliser en matière de surveillance et d'analyse de la menace. 

 

 

>8 mars: "S'il vous plaît, faites-vous légers, moi je ne peux plus bouger" !

 

Je crois que je n'ai jamais entendu un aussi bel hommage aux femmes. J'étais au Canada, à Québec, lorsque, scotché à un fauteuil, je regardais et écoutais Pauline Julien le chanter, l'incarner. Chanson écrite par Anne Sylvestre, "Une sorcière comme les autres" prend aux tripes et nous renvoie, nous, les hommes, à nos lâchetés séculaires, laissant trop souvent à nos compagnes le soin de soigner les blessures, de porter la charge et de réparer le monde, le "tikkun olam" juif, que j'ai toute ma vie tenté d'atteindre, sans succès, évidemment. Merci à nos soeurs d'humanité, d'être ces réparatrices du monde des hommes. 08 mars 2018.

 

 

Les peuples ont-ils le droit de mieux respirer ?

 

 

La demande d'autonomie, voire d'indépendance de certains peuples est-elle légitime ? Ont-ils le droit de vouloir mieux respirer ou respirer autrement ? Le droit international reconnait la légitimité d'un peuple à l'autodétermination. Faut-il encore que ce peuple puisse démontrer l'existence de racines historiques, ses caractéristiques culturelles propres, comme la pratique courante d'une langue et, ne l'oublions pas, qu'il puisse démontrer, qu'en tant que minorité, il souffre et subit unilatéralement la loi d'un plus fort. C'est ici que la question catalane, basque ou corse ... se corse. Pour ce qui concerne la Catalogne, qui peine à prouver  tout de même  la maltraitance de Madrid à son égard, la demande du peuple catalan, faiblement majoritaire, à obtenir plus d'autonomie, à terme, l'indépendance, est suffisamment complexe pour éviter tout ajout superflu à ce brouillard institutionnel. Les interférences extérieures européennes, elles existent, de part et d'autre, compliquent la tâche des acteurs du bras de fer Madrid/Barcelone. Parce qu'il y est né, qu'il est donc d'origine catalane et espagnole, Manuel Valls, toujours dans sa traversée du désert, après la bérézina des socialistes français à l'élection présidentielle de mai 2017, s'autorise à intervenir régulièrement sur la scène politique ibérique, à tel point qu'il sera en 2019, à n'en pas douter, candidat à l'élection municipale de Barcelone, où il est né, pour en devenir le prochain maire. L'ancien premier ministre français exprime, avec force, sa condamnation de tout séparatisme, catalan ou autre, d'ailleurs. Ce qui lui vaut la sympathie des tenants conservateurs, de gauche, de droite et d'extrême droite, de l'intégrité juridique et politique du pays: "Le séparatisme est la pire des choses qui puisse advenir à l'Espagne et à l'Europe". On peut comprendre son souci de l'unité espagnole. Mais n'oublie-t-il pas ainsi de prendre en compte sa riche diversité ainsi que son mode d'emploi, qui ne peut se réduire à un mépris ? On peut aussi et doit s'inquiéter de toute menace de fragmentation de l'Union européenne, garante d'une survie des peuples européens dans un espace mondialisé compétitif et féroce. Mais une Europe trop centralisée, bunkerisée à Bruxelles, ne fait-elle pas déjà le jeu des forces centrifuges eurosceptiques, voire anti-européennes ? Je fais partie des soutiens de Manuel Valls, pour son courage, sa lucidité, son pragmatisme, sa lutte incessante pour la laïcité, son combat contre le racisme et l'antisémitisme. Mais je ne partage pas son jacobinisme à la nuque raide, façon colonel. Le problème catalan pose la question en effet de la respiration des peuples. N'est-ce pas le droit des Catalans de vouloir mieux respirer ? Où je suis d'accord avec l'ancien premier ministre, c'est que Barcelone doit négocier toute bouffée d'air frais supplémentaire dans le cadre de l'Etat de droit espagnol, non dans une fuite en avant aux allures de coup de force. 

19 février 2018.

 

 

>L'automobile allemande au banc des accusés.

                        Les singes et les humains au banc d'essai !

 

                                          Mais pourquoi donc les fabricants de cigarettes n'ont-ils pas pensé

                                               à réaliser aussi des expériences sur les fumeurs, afin de démontrer

                                        l'innocuité du tabac sur la santé humaine ? Quant à faire fumer des animaux ...

 

Je suis plutôt germanophile, davantage francophile, il est vrai. Je possède une voiture allemande, mon épouse également. Je me rends régulièrement en Bavière, région des Alpes que j'apprécie. Je salue le travail de mémoire que l'Allemagne a réalisé sur son passé nazi, contrairement à l'Autriche, notamment à l'égard du peuple juif - ce qui n’empêche malheureusement pas le retour des démons de l’extrême droite de l’AFD - ainsi que son apport déterminant à la construction européenne. Mais là, pardon, quand on est humain, qui plus est, allemand, il y a des actes abjectes, hors de tout entendement, qui exilent notre humanité au rang d'expérience de laboratoire. Le Dr. Mengele aurait-il des héritiers aryens distraits, décomplexés ou écervelés ? Rappelons que dès 1933, Hitler a ordonné de "purifier" la race allemande de ses éléments dits dégénérés, à savoir les handicapés principalement mentaux. En 1940, afin de faire de la place dans les centres psychiatriques et les hôpitaux, il les fait gazer dans des chambres dédiées ou des camions aménagés. Gazer, sans tuer, cela faisait partie, semble-t-il, du protocole de "recherche" des constructeurs automobiles allemands - à vérifier tout de même pour les singes - mais gazer tout de même - il n'y a pas d'autres mots - des animaux et de jeunes étudiants sans le sou pour tester le degré de "non-dangerosité" des moteurs diesel ... Toutes proportions gardées, voilà qui évoquent des souvenirs insupportables. Nous le savions, la barbarie est de retour, en nos murs.

02 février 2018.

 

 

>Le courage et la culture, outils de résistance !

 

Quand tout vascille, il reste la culture,

qui n’est pas un vain mot grossier,

car demeurer libre n’est jamais acquis,

demeurer libre a un prix !

 

Qui peut prétendre que notre monde est désormais assagi ? Qui peut affirmer sans faillir qu’il court vers des temps apaisés et heureux, loin de la barbarie des siècles passés, enrichi de l’histoire, de l’humanisme et de l’expérience ? Personne ! A l’heure où les Kim Jong-Un, Poutine, Trump, Erdogan, Assad, Ben Salman, Viktor Orban, Beata Szydlo enlaidissent le monde de leurs délires idéologiques, nationalistes ou religieux, dans le même temps, des hommes et des femmes de culture leur répondent avec leurs moyens, certes, moins tonitruants, mais beaucoup plus profonds. Exemples : deux films à l’affiche, « Les heures sombres », de Joe Wright, sur la solitude de Churchill au moment décisif, et « Pentagone papers », de Steven Spielberg, sur le violent conflit qui opposa l’administration Nixon au New York Times et Washington Post, concernant la véritable nature de l’intervention américaine au Vietnam. Quand tout semble fini et que votre entourage renonce, voire trahit, il reste le courage, dont on ne fait pas assez l’éloge, et cette action, valeur cardinale, qui mériterait un cour obligatoire dans nos écoles, et qui s’appelle résister ! Dire non à celle et celui qui vous abuse, vous maltraite et vous asservit, dire non à la marche des bottes, des chars et des vérités absolutistes sur nos libertés, voilà la véritable leçon morale que nous enseigne Winston Churchill. Un Charles de Gaulle, de l’autre côté du Channel, au même moment, ne fait pas autre chose. Face au mensonge d’Etat, une femme, Katharine Graham, propriétaire du Washington Post, et un homme, Benjamin Bradlee, rédacteur en chef, vont affronter la puissance du pouvoir d’un président bien décidé à écraser dans l’œuf la volonté d’une presse indocile de dévoiler plus de 7000 pages de documents compromettants sur la guerre du Vietnam. Quelle est la valeur ici exprimée par Spielberg ? Quand certains régimes politiques s’arrangent avec la vérité, qu’ils diffusent, via des officines spécialisées, fake news et autres manipulations de l’opinion publique, nous avons besoin d’une presse indépendante, garante de nos libertés. Ou comment des hommes et des femmes de culture nous rappellent l’essentiel : demeurer libre n’est jamais acquis, demeurer libre a un prix, parfois cher mais toujours nécessaire. C'est pourquoi le courage et la culture sont outils de résistance.

26 janvier 2018.

 

 

>La complexité du monde !

 

               

Au travail, les amis !

Mon soutien à Emmanuel Macron vient de plus de 40 années d’étude et d’observation du champ politique, économique et social. 

 

La complexité du monde explique mon choix ! C'est le "en même temps", d'Emmanuel Macron, que d'aucuns lui reprochent, en le taxant de simpliste, pourtant concept bi-face indispensable, si l'on veut rendre compte de l'hétérogénéité des questions difficiles que la modernité nous pose. Le noir ou blanc a quasi disparu de nos sociétés, à savoir qu'il n'y a plus de réponses simples à des problèmes complexes. Les nuances de gris marquent désormais notre temps comme la variété et la richesse des sentiments face au destin, à l'amour, à la beauté, au bien et au mal, à la nostalgie, la nouveauté, la maladie, la mort. Nous devrons nous y habituer, car le réel est plus fort que toutes les idéologies. 

 

Je dois y revenir, car certains s'interrogent légitimement sur le sens de mon soutien à la candidature d'Emmanuel Macron, sur le sens de ma présence dans le mouvement En Marche. Pardonnez-moi pour les explications techniques, voire technocratiques de mon choix, mais je pense que personne ne peut s'exempter de la complexité du monde moderne, pas plus que de se permettre de juger et jauger, les uns et les autres, sans accepter le nécessaire effort de compréhension de leur rapport à cette même complexité. En arithmétique comme en économie, bien que différentes ontologiquement, par leur articulation aux affects humains qui les traversent ou non, toutes deux ont cependant à respecter des règles, des contraintes et des réalités qui s’imposent à leur discipline. Personne ne peut nier le résultat d’une multiplication, comme nul ne peut ignorer l’indice de rentabilité d’une entreprise. Soyons concrets. Si les entreprises, prises globalement, sont malades et donc n'investissent pas ou plus, elles n'engagent pas, voire licencient ou délocalisent leur production et services, afin de retrouver des ratios plus conformes à leur survie. Je reconnais que ce n’est pas toujours le cas, car certaines quittent le pays d’origine pour accroître leur cash flow, donc les bénéfices, pour d'autres, il s'agit, ni plus ni moins, que de ne pas mourir. En ce cas, comment espérer que le pouvoir d'achat des travailleurs et des familles soit assuré ? Là où la micro-économie rejoint la macro-économie, c’est lorsqu’une politique publique encourage l’augmentation du pouvoir d'achat, ce qui, sur le plan moral et social, est légitime, mais en distribuant les bienfaits de cette politique, soit en creusant unilatéralement les déficits publics, qui sont aujourd’hui abyssaux, et cela ne fait que plonger davantage l'économie dans la récession et reporter la dette sur les générations futures, soit, pour trouver une source de financement suffisamment solide, c’est le recours à l’impôt sur le travail, impôt direct, et/ou à la TVA, impôt indirect injuste, qui ponctionne le pouvoir d’achat des ménages les plus pauvres. Il y a une troisième voie, qui n’est plus possible à l’échelle nationale en Europe, depuis la création de l’euro, c’est faire tourner la planche à billets et provoquer mécaniquement de l’inflation, donc de la perte de pouvoir d’achat. Cette politique redistributive généreuse dans son principe, c’est la doctrine de la gauche classique, sans contre-partie réelle sur le plan des réductions de la dépense publique, n’empêche pas, qu’un jour ou l’autre, il faut rembourser les sommes empruntées par les Etats. A qui ? Aux systèmes bancaire et financier internationaux. Avec des taux d’intérêt bas, comme ce fut le cas depuis quelques années, cela se passe relativement sans grande douleur. Problème, ces mêmes taux d'intérêt, c'est aujourd'hui la politique de la Réserve fédérale américaine, demain, celle de la Banque centrale européenne, augmentent depuis quelques mois. Il ne fait pas de doute, car tous les indicateurs disent la même chose (les taux de croissance, la politique pétrolière de l'OPEP, l'inflation et le protectionnisme de retour), que ces taux s’apprêtent à rentrer dans un cycle long économique, moins favorable évidemment aux prêts bancaires et aux investissements, puisque l’argent sera de plus en plus cher à l'avenir. Ce qui aura pour conséquence de gonfler les dettes publiques des Etats et de tendre mécaniquement le coût de toutes les politiques publiques de redistribution, voire de simple régulation. L’accroissement de pouvoir d'achat, par l'injection dans les circuits économiques de masses financières à crédit, sert avant tout, il faut le dire aux tenants des politiques laxistes keynésiennes, les financiers, qui se nourrissent grassement sur la dette publique et favorise l’importation de biens de consommation courante, ce qui a pour effet d’accroître le déficit de la balance commerciale des Etats. Il est donc urgent que les tous les gauchistes et les socialistes ancien modèle, qui leur emboîtent le pas, comprennent les mécanismes complexes qui régentent l’économie mondiale, qu’ils arrêtent de se murer dans le déni du réel et qu’ils se rendent compte, enfin, que le socialisme doctrinaire, qu'ils poursuivent dans leurs rêves chimériques et dangereux, est mort avec Karl Marx. Je suis social-démocrate ou plutôt, c’est plus clair ainsi, social libéral. Mon modèle de société, s'il doit y en avoir un, c'est le modèle des pays nordiques adapté à la révolution numérique et à l’urgence de l’innovation. Ces Etats ont édifié des sociétés modernes, tolérantes, ouvertes sur le monde et solidaires, oui, solidaires. Concilier les impératifs économiques et les exigences sociales, voilà un projet porteur, audacieux et révolutionnaire. Si j'ai rejoint le mouvement En Marche d'Emmanuel Macron, c'est que ce rassemblement d’hommes et de femmes, de gauche, du centre et de droite, portés par des valeurs humanistes et libérales, rompt avec les vieux conservatismes des uns et des autres et offre de nouvelles solutions aux immenses défis qui s’ouvrent devant nous. C’est parce ce que Emmanuel Macron incarne la voie équilibrée d’un social-libéralisme soucieux, à la fois, du bien-être des personnes, de la bienveillance entre les personnes, et de la nécessité de libérer les énergies, de casser les carcans d’une bureaucratie asphyxiante, de fluidifier la société, pour tout dire, de reconnaître que la quête du bonheur personnel et familial n’est pas et ne peut pas être antagonique avec les grands équilibres nécessaires de la société. Les sociaux libéraux sont non-dogmatiques. Ils ne sacrifient pas le réalisme sur l'autel de l'idéologie. La social-démocratie plonge ses racines dans l'histoire du mouvement ouvrier allemand, elle a évolué, par nécessité, car le pragmatisme est dans son ADN. Elle s'est émancipée d'une conception ringarde du monde, dans laquelle la vieille gauche l'enferme et s'enferme. En France, car ce pays reste un référent dans le monde, cette social-démocratie honteuse doit aujourd’hui faire un choix. Soit demeurer dans sa vieille maison socialiste marxisante, soit rejoindre ce grand courant qui se lève dans le pays, qui s’oppose radicalement au projet affolant du populisme de l’extrême droite et qui marche avec Emmanuel Macron. Je trouve sévère et injuste les attaques sommaires, grossières, voire abjectes contre cet homme courageux, contre son choix de proposer aux Français une transgression: dépasser la guerre de tranchées gauche/droite pour rassembler le meilleur du social de la gauche et le meilleur de l'économique de la droite. Nous sommes loin d'une politique conservatrice et réactionnaire. Allons voir du côté de la Grèce, du Portugal et de l'Espagne ce que représente une véritable politique d'austérité asséchante: coupes claires dans les budgets de l'éducation, de la sécurité sociale, de la santé, diminution du montant des pensions, report généralisé et aveugle à 67, 68 ans du départ à la retraite, vente du patrimoine culturel de l'Etat etc. La rigueur budgétaire, oui, elle est indispensable, elle n'exclut pas, tout au contraire, une politique sociale intelligente car sélective. L'époque de mesures indistinctes est révolue. Le temps est venu de dire aux citoyens responsables que les droits imposent des devoirs et que les devoirs donnent des droits. On ne peut plus en effet appliquer des politiques linéaires, alors que les situations locales et individuelles sont de plus en plus diverses, entre privilégiés de statuts, qui ne sont plus acceptables, et laissés-pour-compte. C'est la philosophie politique que propose à la France et à l’Europe Emmanuel Macron. Il n'y a pas d'autre alternative, si ce n'est le retour de la droite brutale au pouvoir, qui n'hésitera pas, au cas où elle serait majoritaire au terme des élections législatives de juin, de sabrer dans les budgets sociaux et de provoquer de véritables saignées. Si l'échec des progressistes sociaux libéraux et humanistes est le véritable souhait du Parti socialiste français, ses responsables seront les premiers à en payer le prix fort - ils le paient déjà - avec leur relégation dans l'opposition pour très longtemps. Il est essentiel aussi de ne pas encourager davantage l'hystérisation de la société française. Prendre le risque d'accroître les divisions, les schismes et les guerres civiles, comme l'extrême droite ne manquerait pas de le faire en cas de victoire de Marine Le Pen, c'est affaiblir durablement ce merveilleux pays qu'est la France. La révolution, au sens de la nécessité d'un changement complet des paradigmes de toute politique publique, sociale et économique, n'est pas le choix du dogmatisme rigide et irréaliste de la gauche doctrinaire. Ce n'est pas plus le choix d’un programme rétrograde et violent de la droite dure. Au premier tour de l’élection présidentielle, les électeurs ont tranché entre ces options. A présent, nous nous retrouvons face à l’extrême droite. Le programme de Marine Le Pen, s’il devait être appliqué, serait un désastre économique, social et culturel. L’aventure populiste et la fuite en avant nationaliste qu’elle propose mèneraient la France et l’Europe droit dans le mur. On sait d’où elle vient, l’héritière d’une lignée qui va de Pétain à Le Pen père. On sait où elle veut aller, en déchirant le cœur de France par une guerre civile mijotée dans son arrière boutique. La révolution démocratique, citoyenne et radicale que représente Emmanuel Macron, même si la tâche est immense, c'est, j'en suis convaincu, ce que la liberté, l’égalité et la fraternité peuvent offrir de meilleur aux citoyens en attente d’un renouveau démocratique. Au travail, les amis ! 27 avril 2017.

 

 

>La responsabilité de la France dans la déportation des Juifs français !

 

 

Ce n'est pas seulement l'Etat français, mais la France elle-même qui déporta 13.152 juifs vers Auschwitz, les 16 et 17 juillet 1942. A l'occasion du 75ème anniversaire de la Rafle du Vel d'Hiv, il fallait que cela soit dit avec force. Le propos du Président de la République, Emmanuel Macron, doit se comprendre, non comme une vaine et absurde demande de contrition au peuple français, mais comme la volonté, une bonne fois pour toutes, car le déni rode encore dans les esprits intentionnels, de dire toute la vérité historique, dans le sillage élargi des Présidents Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande. C'est l'honneur de la France de regarder l'histoire les yeux grands ouverts, de ne plus se cacher et se mentir derrière l'ombre magnifique et, faut-il le dire, assez solitaire du Général de Gaulle ! 16 juillet 2017.

 

 

>"Make our planet great again" ! 

 

 

Le Président français, en interpellant, voire en défiant, en anglais, directement Donald Trump, se positionne intelligemment et opportunément comme un leader mondial dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les actes qui suivront, aiguillés par Nicolas Hulot, le nouveau Ministre de l'Ecologie, diront si Emmanuel Macron tient cette promesse nécessaire. J'ai la conviction que nous ne serons pas déçu par ce jeune et énergique président. 1er juin 2017.

 

<Un nouveau Président pour une France rajeunie !

 

                                                          Le Louvre, Paris, dimanche 7 mai 2017.

 

 

>Un combat plus qu'un débat, mais à qui la faute ?

 

Le débat de l'entre-deux tours de l'élection présidentielle française fut un combat. Dès l'entrée, Marine Le Pen a cogné et caricaturé Emmanuel Macron, avançant des slogans et des mensonges en veux-tu en voilà. Il lui a répondu sur le fond, chaque fois que cela était possible, car la parole d'en face crachait telle une Kalachnikov, démontrant la teneur et la pertinence de son projet. La candidate de l'extrême droite, au bord de l'hystérie, perdue dans ses écrans de fumée, ses notes brouillonnes et ses effets de manche d'avocate ratée, évita soigneusement de parler de ce qui fâche vraiment: l'amateurisme affligeant de ses propositions économiques, son mépris de la justice, sa haine infinie comme moteur de son action, bref, le vide sidéral de sa pensée ! A l'opposé, Emmanuel Macron, tout en cohérence et efficacité, resta calme, malgré la tentation permanente de saillies bien senties, comme lorsqu'il lui envoya cette volée: "Vous êtes la grande prêtresse de la peur !", et fit en sorte, sans toujours y parvenir, d'élever le débat au niveau des véritables enjeux de cette élection. Il n'y a aucun doute, ce combat n'a guère honoré le débat républicain - mais à qui la faute ? - Pas de doute non plus quant à l'attitude et la réaction des Françaises et des Français ce dimanche 7 mai 2017; ils donneront à Emmanuel Macron, par un vote clair et déterminé, qui ne sera en aucun cas un chèque en blanc, il en est pleinement conscient, l'énergie humaine, il n'en manque pas, et le poids politique, il lui en faudra, afin de mettre en oeuvre immédiatement sa méthode de travail, elle surprendra, et sa grande ambition, qui finira par être contagieuse, j'en fais le pari, pour la France et pour l'Europe.