>Tohu & Bohu !

 

Le Tohu-Bohu, dans la Bible - Genèse I, 1-2 - c'est le temps de la préparation de l'univers, là où tout se mélange dans un indistinct provisoire. C'est l'origine de chaque chose en devenir, le "bouillon primitif" du Big Bang des astrophysiciens. L'actualité nous offre chaque jour le spectacle d'un chaos que l'on espère un jour organisé. Nous avons un mal fou à trouver nos repères et à donner une direction au flux incessant des informations. La violence semble devenir la boussole de l'époque. Comment se repérer lorsque les quatre points cardinaux n'en font plus qu'un ? "Est-ce ainsi que les Hommes vivent ?", demande Louis Aragon. A regarder le spectacle désolant du monde, on a envie de baisser l'espoir. Pourtant, nous ne renoncerons pas à questionner notre marche, même quand les meutes saturent de nihilisme le temps et l'espace. Le non-sens, c'est encore du sens. Tohu-Bohu lui est consacré. 

 

           

      Israël / Hamas: priorité à un cessez-le-feu et aux otages !

 

Pour paraphraser Franklin Delano Roosevelt, à propos de l’attaque japonaise contre la base navale américaine de Pearl Harbor, le 7 décembre 1941, le 7 octobre 2023, pour Israël et l’ensemble des communautés juives de la diaspora, sera à jamais marqué d’infamie. C’est que la boucherie pensée, planifiée et exécutée par le Hamas est une réplique islamiste, à l’identique, des pogroms nazis de la Seconde Guerre mondiale. La barbarie antisémite est de retour. L’objectif des Brigades Izz al-Din-Qassam et des civils palestiniens qui ont participé à cette monstruosité était "de se faire du Juif", d’en violer, torturer, découper en morceaux et achever le plus possible. Tuer le Juif parce qu'il est né juif. 1300 personnes, des kibboutzim et du concert techno "Tribe of Nova, la plupart derrière la création d’un Etat palestinien, ont ainsi été massacrées. Les laïques israéliens sont désormais orphelins d'un espoir de paix, victimes d'un ennemi qui ne jure que par la destruction d'Israël "de la rivière à la mer".

 

Depuis l’Europe et les Etats-Unis, il est visiblement difficile de saisir l’ampleur du traumatisme en Israël, tous bords confonds. L’idée même de continuer à vivre aux côtés des terroristes du Hamas et de leurs soutiens est devenue insupportable. C’est pourquoi, la très grande majorité des Israéliens soutient l’offensive de Tsahal dans la Bande de Gaza. Ce n’est pas le cas du premier ministre, Benjamin Netanyahou, qui porte la responsabilité historique, aux yeux d’énormément de personnes, de l’incapacité du gouvernement de droite et d’extrême droite à protéger la population.

 

Ces voyous ont préféré encourager les colons juifs de  Cisjordanie à persécuter les Palestiniens en leur envoyant la moitié de l’armée israélienne. Ces voyous, les mêmes qui ont armé l'assassin du premier ministre Yitzhak Rabin, qui ne cessent de vouloir détruire l'Etat de droit et la démocratie en Israël, pou la remplacer par une théocratie juive à l'image de la république islamique des mollahs en Iran. Ces voyous qui n'ont eu de cesse que de mettre de l'huile sur les feux du conflit israélo-palestinien. Leur "Grand Israël", en réalité un confetti, inspiré par un texte biblique sans aucun fondement rationnel, est un projet dangereux susceptible d'enflammer tout le Moyen-Orient.

 

Pendant que les colons, se sentant tout puissants et se sachant armés, en profitaient pour étendre en Cisjordanie leur poison, le sud du pays n’était absolument pas sécurisé; la barrière militaire et électronique séparant Gaza d’Israël étant franchie par les milices du Hamas avec une facilité déconcertante. C'est ainsi que le mythe sécuritaire israélien s'est effondré. On ne mesure pas encore l'étendue des conséquences d'une telle faillite politique et militaire. Cela viendra et fera mal.

 

Nous en sommes persuadés, le choix délibéré de Netanyahou et de ses alliés fanatiques (faire le jeu du Hamas, en convoyant chaque mois, dans l’enclave même gazaouie, d’importants fonds en provenance du Qatar; affaiblir autant que faire se peut l’Autorité palestinienne) se paiera en commission(s) parlementaire(s) à la Knesset, devant les tribunaux (indépendants en Israël) et lors du prochain scrutin national. Même si cette perspective apparait aujourd’hui illusoire à beaucoup d'observateurs, avec le temps - celui où l’immense émotion laissera la place à la réflexion, à la raison - l’heure sera venue où la voix raisonnable et la voie anti-guerre perpétuelle deviendront incontournables. Nous l’avons déjà écrit ici, et cela restera vrai dans le futur, qui désire une nouvelle guerre de 100 ans ? 

 

En attendant, il y a urgence. Tsahal a déjà détruit nombre de tunnels et d’immeubles utilisés comme boucliers humains par le Hamas. Elle a neutralisé, selon les sources, 10.000 terroristes. Le ministère de la santé de Gaza, sous contrôle de l’organisation islamiste, parle de 20.000 morts, particulièrement à Gaza ville et à Khan Younès. Dans ce chiffre, il comptabilise évidemment les membres éliminés par l’armée israélienne. Ce qui fait 10.000 civils tués dans les bombardements. C’est énorme. Le reste de la population palestinienne, réfugiée en grande partie au sud de Gaza, dans et aux alentours de la ville de Rafah, est soumise depuis deux mois et demi à un pilonnage constant et dévastateur. Deux millions de personnes sont en grand danger. Elles sont approvisionnées très insuffisamment, mal ou pas soignées. Toutes les organisations humanitaires sur place tirent la sonnette d’alarme. 

 

Le Conseil de sécurité de l’ONU vient de voter à l’unanimité - les Etats-Unis n’ont pas mis cette leur veto - une résolution exigeant l’arrêt "durable" des combats. Il demande à Israël, dont l’offensive se déploie vers le sud, et au Hamas, qui continue à tirer ses roquettes sur l’Etat hébreu, un cessez-le-feu permettant aux Gazaouis d’être secourus et épargnés durablement. Bien que notre voix ne compte guère à Jérusalem, nous nous joignons à la communauté internationale pour exiger des deux belligérants un cessez-le-feu immédiat. Il en va de la vie de dizaines de milliers de personnes, voire davantage. On ne peut comparer le pogrom du 7 octobre et la guerre asymétrique imposée à Israël. Mais aujourd'hui la priorité des priorités est de suspendre les hostilités. Après, une fois que l'on aura alimenté, soigné et sécurisé les populations gazaouies et récupérer les otages, il sera toujours temps pour les services, Mossad, Shin Beth et Aman, de tout faire pour détruire toutes les infrastructures du Hamas et du Jihad islamique et éliminer tous leurs dirigeants réfugiés en Algérie et ailleurs.    

 

Près de 130 otages sont toujours enfermés dans les sinistres geôles du Hamas et du Jihad islamique, avec la complicité, on le sait maintenant, de certains civils palestiniens. L'objectif premier devrait être de les faire libérer. Ils et elles ont assez souffert, traumatisés pour longtemps par les actes de sauvagerie et une captivité cruelle et interminable. Ils sont aussi menacés, c’est la réalité, par les bombardements israéliens. Israël se doit, c’est un impératif moral et politique, de les sortir rapidement de cet enfer. Le Talmud nous rappelle toujours "Qui sauve une vie, sauve le monde". L’ l’Etat des Juifs et d’autres personnes non-juives, ne peut pas oublier ainsi une valeur cardinale du judaïsme.

 

La vie est au-dessus de tout pour les Juifs, bien au-dessus de la haine destructrice et de la vengeance. Toute la philosophie juive s'incarne dans la vie. Oui, Israël a le droit de se protéger et de se défendre, sans faiblesse inutile. Mais à présent, pour un temps nécessaire, la croisade contre le Hamas doit céder la place à un espace humanitaire à Gaza ainsi qu’à un nouveau cycle de négociations pour sauver les otages, tous les otages. Chacun sait qu'Israël n'abandonnera jamais sa lutte pour sa survie. C'est légitime. Mais en quoi une trêve humanitaire menacerait-il l'existence d'Eretz Israël ? 

 

En cette veille de Noël et à quelques jours du Nouvel An, nous voulons lever notre verre à la vie, à toutes les vies, humaines, animales, végétales, sacrifiées sur l’autel des idéologies politiques et religieuses mortifères, des impérialismes, des nationalismes, des égoïsmes et indifférences à l’égard d’une biodiversité en péril. Notre humanité n'a-t-elle pas autre chose à faire que de se détruire ?

                                                                       L’Haïm, les amis !

                                                                    Le 25 décembre 2023.    

 

           Namur, capitale de la Wallonie. La maison des parlementaires au coût exorbitant et le parlement de Wallonie.

                                                                Photo fournie par les services de l'assemblée wallonne. 

                                                            

  Quand on vous disait que le sentiment d'impunité régnait !

 

A l'heure où les enquêtes sur la gestion calamiteuse et scandaleuse du parlement wallon illustrent à nouveau combien le parti socialiste francophone belge, ici, en la personne principalement du président de l'assemblée wallonne, Jean-Claude Marcourt, un homme qui s'autorise un train de vie dispendieux sur le compte du contribuable et qui n'a pas l'air de savoir ce qui se passe dans sa propre assemblée législative (*), mais aussi des quatre autres membres du Bureau de l'institution, tout aussi "irresponsables", de la majorité parlementaire wallonne (socialiste, libérale et écolo). 

 

Après une flopée d'affaires mafieuses qui ont touché ce même parti, à Charleroi (affaire de la Carolo: corruption à la Ville et dans les intercommunales); à Bruxelles (enrichissements personnels au Samusocial) et à Liège (système généralisé de détournement de fonds publics au profit de mandataires affairistes); voilà que la justice belge, avec l'appui de la Sûreté de l'Etat et cinq services de renseignement européens, met en lumière d'autres socialistes du parlement européen (des députés, dont peut-être deux socialistes belges, un ex-député italien véreux, des assistants parlementaires, un dirigeant syndicaliste italien), dont la vice-présidente grecque de l'assemblée européenne, Eva Kaili, tous directement accusés ou suspectés de trafic d'influence et de corruption au profit "d'un Etat du Golf", comprenez le Qatar. Le Maroc, via ses services extérieurs, serait également impliqué dans des opérations sonnantes et trébuchantes de relais bienveillants ... 

 

On se disait aussi que l'organisation de la coupe du monde de football au Qatar, petit et très riche Etat du Golfe, avait une odeur de soufre (voir ici même, article du 12 août dernier, dans la rubrique Fenêtre). L'enquête du juge belge, dit l'intraitable, Michel Claise, suit son cours ... 

 

Comment s'étonner après toute cette boue que des électeurs écoeurés donnent leur confiance aux partis extrémistes et populistes de gauche et de droite ? Donner des leçons de morale politique à tout bout de champ et crier avec les loups, en embuscade de la démocratie libérale, sont des discours et des comportements qui devraient se faire plus humbles au sein d'une social-démocratie par ailleurs en crise. Ce sont des actes forts que l'on attend désormais: le nettoyage des "écuries d'Augias." 

 

(*) Ce sont les plaintes pour harcèlement et menaces déposées par des fonctionnaires du parlement wallon à l'encontre de leur patron, greffier de l'assemblée, Frédéric Janssens (libéral), et sa façon hors contrôle de dépenser sans compter l'argent public, que ce soit pour des chantiers de construction ou pour son appétence au luxe, qui ont déclenché l'affaire.

                                                                    Le 14 décembre 2022. 

 

     Le parlement de Wallonie au coeur d'impunités !

 

Voilà de très nombreuses années que la classe politique francophone belge, particulièrement wallonne, se comporte comme une caste qui n'a de compte à rendre à personne, pas même à elle-même. Les dossiers de corruption, de trafic d'influence et de copinage jalonnent la vie politique des élus communaux, provinciaux et régionaux dans une république bananière qui ne dit pas son nom.

 

Nous ne reviendrons pas sur les scandales des tueurs du Brabant wallon, que nous avons traité dans nos rubriques; du drame du stade du Heysel; du marché des hélicoptères Agusta, où trempèrent les responsables socialistes francophones et flamands, jugés et condamnés par la justice; de l'assassinat à Liège de l'ex-président du parti socialiste, André Cools; de l'enlèvement, la séquestration et le meurtre de quatre petites filles par Marc Dutroux et enfin; enfin, de la gestion pour le moins poreuse et dramatique de la Ministre de la Santé de la crise sanitaire de la Covid 21 en son début. Tous ces dossiers, lourds de conséquences et marqués du sceau de l'Histoire, excepté le dossier Agusta, partagent un point commun: pas de responsables, pas de coupables indirects, voire directs.      

 

A Charleroi, dans les années 2014/2017, les réseaux de copinage souterrains ont dirigé la Ville et ses nombreuses intercommunales pendant longtemps, dans une allégresse qui n'avait d'égale que la voracité des mandats et la distribution des passe-droits. L'actuel bourgmestre socialiste, Paul Magnette, et président du Parti socialiste, semble y avoir fait le ménage parmi ses "camarades". 

 

Fin mai 2017, à Bruxelles, le dossier du Samusocial fait parler de lui par l'enrichissement personnel de sa directrice, Pascale Peraïta, et du président de l'association humanitaire et bourgmestre (maire) à la Ville de Bruxelles, Yvan Mayeur, tous deux socialistes. Ils ont nié les faits et tenté de justifier des émoluments et avantages aussi injustifiés qu'immoraux, au regard des missions d'assistance sociale aux plus démunis. Sous la pression des médias et des "camarades", ils ont fini par démissionner en juin. On peut se réjouir qu'aujourd'hui la Ville y a mis bon ordre.

 

Le plus grave, c'est à Liège, en 2014, que ça se passe. Le dossier Publifin/Nethys, du nom de cette nébuleuse entreprise publique, à cheval entre une intercommunalité des coûts et une privatisation des bénéfices, au profit d'un groupe d'hommes et de femmes censés défendre l'intérêt commun - socialistes, libéraux et démocrates-chrétiens - défraie la chronique et dépasse l'entendement. Il ressemble en ses ramifications, méthodes et agissements à une gestion que le professeur François Gemenne à l'Université de Liège et à l'Institut d'études politiques de Paris, a qualifié de "mafieuse". En Cité dite ardente, la Fédération liégeoise du PS, première force politique locale, à part le recours à un travail cosmétique qui ne trompe personne, n'a pas jugé nécessaire de prendre la moindre mesure structurelle et radicale pour éliminer le fléau de pratiques de corruption, apparemment dans l'ADN d'un parti, encore puissant en Principauté liégeoise, mais à la dérive quant au respect des deniers publics. Ne leur parler donc pas d'une charte éthique, valeur plus d'une fois ignorée ou inconnue en terre liégeoise. On est si bien entre nous. Cette affaire a pourri la vie du parti socialiste liégeois et "national" pendant trois longues années. Elle a fait des petits ...

 

Venons-en maintenant à ce qui se passe depuis quelques jours au parlement wallon à Namur. Une enceinte législative régionale qui auditionna en commission spéciale, il y a cinq ans, les principaux responsables de l'affaire Nethys, sans grands résultats probants et sanctions véritables. Comme si un sentiment d'impunité régnait sur un personnel politique visiblement plus soucieux de dissiper toute responsabilité et culpabilité ailleurs qu'en son sein, à savoir, nulle part. Triste tropisme. 

 

Ce fut encore le cas l'année dernière, après les dramatiques inondations, qui ont fait 39 morts et des dégâts dévastateurs dans les vallées liégeoises de la Vesdre et de l'Ourthe. La cause en était une dépression pluvieuse stagnante (un mois), des ruissellements et torrents qui plongèrent dans des bassins urbains déjà submergés, last but not least, la gestion des barrages en amont, de la Gileppe et surtout d'Eupen, dont les largages, beaucoup trop tardifs, ont provoqué, dans la nuit du 14 au 15 juillet 2021, un véritable tsunami en aval, détruisant des milliers d'habitations, commerces et usines. La commission d'enquête diligentée au parlement de Wallonie accoucha, comme il se doit, bien sûr, de recommandations, c'est le moins qu'on pouvait en attendre, mais d'aucune mise en cause de l'administration des voies navigables et hydrauliques. L'impunité à tous les étages, on vous disait.

 

Et voilà que "Le Soir" du 12 juillet dernier révèle plusieurs scandales au parlement wallon. Une gestion laxiste et non contrôlée de marchés publics douteux. Un comportement apparemment sans aucune limite déontologique ainsi qu'une prise d'intérêt problématique du greffier, un certain  Frédéric Janssens (étiquetté MR, à savoir, libéral). Une plainte, après d'autres laissées sans suite, a été déposée au Parquet namurois, qui dénonce une manière managériale humiliante, brutale et menaçante à l'égard du personnel administratif de l'institution, au vu et au su de toutes et tous. 

 

Suite à l'article du quotidien bruxellois, le Bureau du parlement s'est réunit en urgence, comme si il découvrait le dossier, et décide ... de ne rien décider. Comme toujours. Circulez, il n'y a rien à voir, c'est en substance ce qu'a affirmé le Président du parlement, Jean-Claude Marcourt. C'est son style. Mais too much is too much, c'en était trop pour les fonctionnaires victimes des méthodes musclées de leur patron, le greffier. Ils ont donc décidé d'interpeller par courrier ledit Bureau du parlement ainsi que l'ensemble des parlementaires de l'assemblée wallonne et ce, à quelques jours des Fêtes de Wallonie ... Nous publions ci-après la lettre des 52 signataires. Joyeuses fêtes, messieurs, dames !  

                                                                  Le 15 septembre 2022.   

 

Monsieur le Président, Madame et Monsieur les Vice-Présidents, Mesdames les Secrétaires, Mesdames et Messieurs les Membres du Bureau,

 

Votre communiqué du 13 courant n’a pas manqué d’interpeller une majorité d’entre nous. Les révélations de l’article du Soir ne nous ont guère surpris, mais face à une menace de mort, étayée par un enregistrement, nous espérions davantage de votre part. Au cœur de la démocratie, un acte illégal qui semble impuni est d’autant plus révoltant, et le justifier par un quelconque contexte est hors de tout entendement.

 

Nous éprouvons de la fierté à travailler au service de la démocratie, nous sommes très impliqués dans nos tâches et nous ne ménageons pas nos efforts au quotidien. D’ailleurs, les députés le constatent. Nous nous sentons néanmoins abandonnés à notre sort et salis par les techniques managériales de celui qui a autorité sur nous en votre nom et qui ternissent l’image du Parlement. Le monde politique a fermé les yeux pendant trop longtemps sur ces abus de pouvoir qui durent depuis plus d’une décennie, dont il avait pourtant parfaitement connaissance, et nous ne pouvons plus l’admettre.

 

Ce n’est pas la première fois qu’une plainte est déposée à l’encontre de M. Janssens et que des faits de harcèlement sont relayés par la presse. Depuis des années, nous sommes les témoins impuissants du départ précoce ou de la chute soudaine de nombreux collègues durablement abîmés psychologiquement par un management toxique. Deux responsables de direction sur quatre sont en burn-out, sans compter les nombreux fonctionnaires qui ont eu et ont à vivre cette terrible maladie après de longues années de dévouement sans faille envers l’institution.

 

Il est de notre devoir de les soutenir et de sortir de notre réserve afin que ces agissements indignes d’un haut fonctionnaire cessent une bonne fois pour toutes.

 

L’autoritarisme de M. Janssens, ses pressions, ses menaces, ses colères, ses insultes, ses humiliations ainsi que sa violence psychologique – et parfois physique – ont instauré une ambiance délétère, un climat de terreur et une résignation au mutisme qui impactent notre travail au service des parlementaires et des citoyens, et, au-delà même, notre vie privée ainsi que notre santé psychique et physique.

 

Il dénonce un absentéisme dont il est le responsable et, tel un pompier pyromane, il prétend vouloir le combattre.

Vous évoquez la concertation sociale. Trop souvent, nous n’avons assisté qu’à des simulacres de dialogue qui n’ont jamais abouti, notamment faute de confidentialité réelle et d’impartialité.

 

Par cette démarche courageuse au vu du contexte de terreur et de délation dans lequel nous vivons au quotidien, nous vous demandons de prendre vos responsabilités et de ne plus cautionner cette situation inacceptable, car cette impunité ne peut plus durer.

 

Nous vous prions donc, cette fois, de nous soutenir et de tenir compte de notre situation lors de vos futures prises de décision nous concernant. Nous demandons à être reçus et entendus, urgemment et individuellement, en présence d’une personne extérieure et neutre.

 

Nous tenons par ailleurs à préciser que contrairement à ce que nous avons pu lire dans la presse, ce message n’est en rien lié à une quelconque révision du statut. Ces méthodes visant à nous discréditer nous mobilisent davantage car notre bien-être au travail nous importe bien plus que l’aspect financier et les avantages liés à notre fonction. 

 

52 statutaires parmi les 106 agents du greffe du parlement de Wallonie soutiennent ce courrier, qui n’est pas signé par la crainte de certains de mesures de représailles et d’intimidations." 15/09/22. 

 

 

"C'est un malheur du temps que les fous guident les aveugles !"

 

 

Le 7 juillet 2022, sous la pression générale, Boris Johnson a annoncé son départ. Après les démissions en cascade de son gouvernement, le rejet de son propre parti conservateur et le dégoût des électeurs, il n'avait plus le choix, malgré son extraordinaire capacité  à la résilience. Voilà un homme qui aura passé son temps, depuis trois ans, comme Premier ministre britannique, déjà, il y a une vingtaine d'années, lorsqu'il était correspondant à Bruxelles du journal "The Telegraph", à tromper le monde avec de pseudos informations, qu'on n'appelait pas encore fake news, à travestir encore et toujours la réalité, à mentir comme il respire. Il aura fait de la tromperie à la fois un protocole de communication et un système de gestion. 

 

Le personnage qu'il s'est construit au fil du temps est celui qui ose tout, iconoclaste attitré et reconnu, ambitieux sans limite et bouffon professionnel. Pourtant, il aura suivi dans sa jeunesse le parcours des élites britanniques, fréquentant avec succès les meilleurs collège et université d'Angleterre (Wheaton College et Oxford University). Il s'est juré un jour d'arriver au sommet du 10 downing street, résidence du chef du gouvernement, et ce, quels que soient les voies et moyens pour y parvenir. Il n'a pas lésiné. 

 

Après être passé par la case de la mairie de Londres, où il n'a pas laissé un grand souvenir, la décision improvisée et risquée de l'ex-Premier ministre, David Cameron, d'organiser un référendum sur le Brexit, sonna aux oreilles alertes de Boris Johnson comme l'appel du destin. Alors qu'il s'était toujours exprimé jusque-là contre la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, devant une opinion publique divisée mais tentée par l'aventure, il prit l'armure grotesque du chevalier blanc de la rupture. Pour vaincre, il n'hésita pas à inventer des sommes exorbitantes sur le coût de l'adhésion du royaume à l'Union. Mentez, mentez et mentez encore, il en restera toujours quelque chose ...

 

Le résultat serré ne l'empêcha pas de célébrer une victoire historique qui devait rendre à la Grande-Bretagne sa grandeur, sa puissance et son rayonnement. A l'écouter, l'empire était de retour. Outre-Manche, nombreux sont les nostalgiques d'un passé révolu. Pourquoi croyez-vous que la majorité des Britanniques s'accrochent avec ferveur aux fastes surannés d'une monarchie fascinante et pathétique ?

 

Depuis le vote des Britanniques, en Angleterre, au Pays-de-Galle - dans les grands centres urbains, où on a voté contre - en Irlande du Nord, où la minorité unioniste protestante pro-Brexit s'est sentie larguée et trahie, face à des catholiques partisans d'une réunification à la République d'Irlande, république membre de l'Union européenne, en Ecosse, où la volonté d'indépendance et de retour dans le giron bruxellois n'a jamais été aussi grande, depuis le vote des Britanniques, la période est au désordre, certains parlent de chaos, à la crise inflationniste, au déficit commercial, à la pénurie de main-d'oeuvre, au recul de la place financière de Londres, aux soucis administratifs, à l'isolement d'un royaume désuni. Les derniers sondages indiquent qu'une majorité des électeurs souhaitent l'abolition du Brexit. Ce n'est pas pour demain; on ne revient pas aussi vite sur un tournant historique. Il se passera à tout le moins une génération avant que la question revienne sur la table londonienne.  

 

Le bilan du Brexit, opération purement politique au départ, mais aux conséquences immenses pour l'avenir, à ce jour, n'est guère encourageant, tant les difficultés conjoncturelles se sont ajoutées aux problèmes structurels. A Bruxelles, le regard porté sur le travail de sape de Boris Johnson est sévère; particulièrement, le reniement de sa signature sur le protocole du traité sur la fixation de la frontière avec l'Ulster (Irlande du Nord), aujourd'hui en Mer d'Irlande, est jugé par la Commission européenne et la plupart des chefs d'Etat et de gouvernement européens comme un acte de quasi piraterie.

 

Le trop plein de mensonges et de turpitudes est venu d'abord de la crise sanitaire. Après avoir géré le covid comme une simple grippe, Boris Johnson, lui-même atteint par la maladie, imposa aux peuples britanniques des mesures strictes qu'il s'empressa de ne pas respecter. Personne n'oubliera sa garden-party dans le parc du 10 en plein covid. Personne n'oubliera ses fausses excuses en série pour avoir soutenu avec aplomb des ministres accusés et/ou avérés de violences sexuelles. Personne n'oubliera le montant extravagant de la rénovation de son appartement londonien aux frais du contribuable.

 

Il n'y a qu'un domaine où Boris Johnson n'a pas failli, celui du soutien politique et militaire à l'Ukraine, malgré sa volonté de tenter de faire oublier ses casseroles derrière l'agression de la Russie. Le Président Volodymyr Zelensky a d'ailleurs été le seul à regretter son départ et à le remercier. Le Kremlin s'est fendu d'un communiqué sur son espoir de voir "un professionnel" lui succéder, tout en exprimant une "détestation" réciproque. Les capitales occidentales feront le strict nécessaire lors de ses adieux. Qui peut sincèrement souhaiter le maintien au pouvoir d'un tel manipulateur ? Trump !   

 

Personne n'oubliera le passage à downing street d'un politicien aux allures inquiétantes: "C'est un malheur du temps que les fous guident les aveugles !", Le roi Lear, William Shakespeare. Fou, Boris Johnson ? Qui sait ? Aveugles, les Britanniques ? Trop longtemps, assurément.   

  

Bien que le Premier ministre ait annoncé hier sa sortie, il n'entend pas démissionner dans l'immédiat. La situation est suffisamment humiliante pour ne pas ajouter au déshonneur la honte de partir, non seulement comme un menteur, mais également comme un voleur. Il va donc chercher à prolonger son mandat pendant quelques semaines et mois, jusqu'à ce que les Tories, le parti conservateur, lui trouve un/une successeur(e). Qui lui succédera ? Un nouvel Edward Heath, qui n'a pas failli, une nouvelle Margaret Thatcher, qui restera dans l'histoire dans la colonne pertes sans profits, un autre Tony Blair, le réformateur, si le parti travailliste revient au pouvoir au terme des prochaines élections ? Nul ne le sait. Le parti conservateur, obsédé par le 10 downing street, devra faire un choix. Quoi qu'il en soit, Boris Johnson se prenait pour Winston Churchill, il n'était en fait que Bojo le fou. Le 08 juillet 2022.  

 

 

            Goya voit ainsi Chronos dévorant son enfant. Il est vrai que le temps nous est compté.

         Les ogres contemporains saturent l'air des libertés, une fois vicié, nous nous asphyxions. 

 

          --- Le temps des ogres ---                              

 

                                 « - Hélas, mes petits, répondit-elle, je suis l’épouse 

                                              d’un ogre qui vous dévorera …

                                - Les loups le feront de toute façon, répondit Poucet.

                           Cachez-nous pour cette nuit seulement. »

                                        Le petit Poucet, Charles Perrault.

 

Le XXème siècle n’a pas été avare en  monstres. Rien que Staline et Hitler, communisme et nazisme confondus, l’Histoire a compté, au bas mot, pas moins de 120 millions de morts, des centaines de millions de blessés, une Europe dévastée, un monde déchiré. Ces deux-là se partagent à égalité d’horreurs le bilan. Qu’on ne vienne pas dire que les victimes du communisme l’étaient moins que celles du nazisme, parce que le premier, dans ses attendus, avait des objectifs généreux pour l’humanité, tandis que le second, dès ses premiers pas, affichait une barbarie sans limite. Mourir par le tir d'une balle rouge ou d’un éclat de schrapnel brun, quelle différence ? Pourtant, il faut distinguer, car il y a un abîme entre les deux, sans précédent dans l'Histoire: c'est la Shoah, l'Holocauste, le projet nazi de la Solution finale, pensé, organisé et exécuté, où furent réduits en cendre 6 millions de Juifs pour le seul fait d'être nés. Le peuple tsigane a payé lui aussi un très lourd tribut à folie aryenne. Bien sûr, l'Union soviétique avait son Goulag. Y périrent des centaines de milliers de prisonniers politiques, parfois juifs et/ou homosexuels. Le témoignage du dissident et écrivain russe, Alexandre Soljenistsyne, ne peut passer par pertes et profits. Leur forfait n'était pas dans leur origine, mais dans leur résistance. C'est l'oeuvre d'un régime totalitaire. Mais les camps de concentration et d'extermination du National-socialisme allemand, Auschwitz, ses chambres à gaz et ses fours crématoires scellent à jamais la monstruosité d'un génocide qu'Hannah Arendt a eu tort de banaliser au travers la figure du mal universel. Avec le recul et l'analyse des nombreuses leçons de l'Histoire,  le « pour quoi » cède toujours le pas au « comment ». Le but que l’on s’assigne ne mange pas de pain, comme on dit. Enoncer un objectif n’oblige en rien à le réaliser. Les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent, disait Jacques Chirac. N’est-ce pas là le propre de tout politicien en quête de pouvoir ? L’unique indicateur objectivable est le chemin, car c’est bien sur le décompte de son tracé que l’on peut évaluer, a posteriori, l’action, et non l’intention, de toute doctrine politique et de tout projet mis en œuvre. A ce titre, il n’y a pas photo, le communisme stalinien et le fascisme hitlérien se partagent la vedette. Faudrait-il encore, pour être équitable, ajouter aux décombres soviétiques ceux, sans doute pires encore, des épurations massives des « Grands Timoniers » chinois, de Mao Zedong à Xi Jinping, en passant par Deng Xiaoping. Certains sinologues n’hésitent pas à avancer le chiffre effarant de plus de 100 millions de victimes, exécutées, déportées, disparues à jamais. Bien sûr, dans la hiérarchie de l’horreur, en-dessous de Joseph et d’Adolf, bien d’autres sinistres dictateurs sont venus entretenir la flamme des ténèbres au cours du siècle passé. Songeons aux frères de sang en Italie et en Espagne, Mussolini et Franco, à la Grèce des colonels, auux  juntes argentine et brésilienne, au général chilien, Pinochet. Mais en 1989, à la chute du Mur de Berlin et, quelque temps plus tard, suite à l’effondrement de l’empire soviétique, d’aucuns ont cru qu’une ère nouvelle advenait, une ère faisant la part belle aux démocraties libérales, débarassées pour toujours de la guerre et donc de l’engendrement des conflits. Certains ont même affirmé, comme Francis Fukuyama, en se revendiquant, à tort, de Hegel, que nous en étions à « La fin de l’Histoire ». En 1975, le sociologue allemand, Arnold Gehlen, s’était aussi aventuré à croire à un aboutissement final du processus innovatif. En vain, évidemment. Chez Hegel, ce concept est un processus recommencé, une dialectique qui, précisément, n’a pas de fin. Ce sont donc des fins successives dont l’Histoire accouche. Le grand historien français, Fernand Braudel, l’un des représentants les plus respectés de « l’Ecole des Annales », en a fait la brillante démonstration. Son approche transversale et matérielle de l’étagement des temporalités, sur la longue durée, a montré en effet que les strates de l’Histoire ne se superposent pas telles des lamelles de schiste, mais s’accouplent en cycles longs, ce qui permet à l’historien de travailler, non sur la seule chronologie événementielle, mais aussi et peut-être surtout, sur un continuum tectonique des mouvements structurels qui façonnent la vie des sociétés humaines.  La suite de l’après-soviétisme a montré que toute modélisation d’un arrêt supposé de l’Histoire se brise rapidement devant les faits. L’extraordinaire invention des Hommes pour se trouver de nouvelles raisons de se combattre, mais aussi la complexe imbrication entre leur volonté de s’adapter et de changer et leur impuissance existentielle devant l’accomplissement de la durée sont les marqueurs incontestables d’une roue de l’Histoire qui ne cesse de tourner en avançant. Telle est sa nature ontologique. En 1996, Samuel P. Huntington, dans son célèbre essai, « Le choc des civilisations », posait l’hypothèse d’un conflit possible et direct entre l’Occident - dont le déclin était déjà patent, avec la fin des accords de Bretton Woods, en 1971, qui autorisaient, depuis 1944, la convertibilité du dollar en or, ainsi qu’après le premier choc pétrolier de 1973 - et la puissance grandissante de l’islam, en ses différentes variantes, à commencer par l’islamisme, et la Chine, dont l’ambition, ce n’est un secret pour personne, est d’exercer sur le monde une hégémonie économique sans complexe. Le 11 septembre 2001, des terroristes d’Al-Qaïda, en dirigeant quatre avions sur des cibles symboliques ou stratégiques des Etats-Unis, inauguraient, à leur façon, le XXIème siècle. Chacun connait l’issue tragique de cette déclaration de guerre à la première puissance militaire mondiale. Le 7 octobre 2001, soit moins d’un mois plus tard, le président, George W. Bush junior, en représailles, envahissait l’Afghanistan, réactivant la guerre de 1979 que son président de père avait déclenchée aux côtés de ses alliés, notamment français, suite à l’invasion du Koweit par le satrape de Bagdad. Le 20 mars 2003, au prétexte que le régime de Saddam Hussein détenait des armes de destruction massive, ce qui s’avéra totalement faux, il envahissait l’Irak, ouvrant ainsi,  dans tout le Moyen-Orient et, bientôt, au-delà, jusqu’en Europe, une période d’incertitude, d’instabilité puis de chaos. Depuis et sans discontinuer, les « enfants » d’Oussama Ben Laden, éliminé à son tour, le 2 mai 2011, de Verviers et Molenbeek, en Belgique, des banlieues françaises, d’Angleterre, d’Espagne et d’Allemagne, d’ailleurs encore, vinrent en nombre grossir les rangs d’un l’Etat islamique, alors en expansion, à cheval sur le Croissant vertile, de la Syrie à l’Irak, matrice du nouveau grand califat, reliant les bords du Tigre et de l’Euphrate aux rives africaines de l’Atlantique. Notons qu’Israël, Etat juif ou plutôt Etat des Juifs, unique démocratie au Proche-Orient, fort malmené par la politique radicale de Benjamin Netayahu – avec ses amis nationalistes et ultra-religieux, il s’obstine à contourner la question centrale palestinienne – est une impureté à éliminer, car il fait tache dans ce grand projet salafiste. Les attentats terroristes dans les pays musulmans, premières victimes de la guerre idéologique, via leurs bras armés locaux, entre l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite, n’émeuvent guère nos médias. A Téhéran comme à Ryad règnent deux tyrans fort semblables : un Guide de la révolution, Ali Khamenei, sans pitié, et un prince du désert, Mohammed Ben Salmane (MBS), impitoyable. L’intrusion dans le conflit syrien du « Parti de Dieu », le Hezbollah chiite libanais, avec ses massacres de populations sunnites, et la guerre totale que mène MBS au Yémen contre les Houthis/zaydistes, d’inspiration chiite, provoquant une famine sans précédent depuis celle du Biafra, en 1969, ainsi que l’horrible assassinat du journaliste saoudien, Jamal Khashoggi, au consulat d’Arabie saoudite en Turquie, sont de macabres illustrations du triomphe des ogres. Les attentats terroristes en Occident, ceux de Londres, Madrid, Paris, Bruxelles, Nice, Berlin, Boston, Ottawa, Barcelone … nous ont meurtris profondément et plongés dans un océan d’interrogations quant à l’origine religieuse et sociale de ces actes abominables. Car, fait nouveau, les assassins ne venaient pas d’Asie, du Moyen-Orient ou d’Afrique, mais de chez nous, des adolescents et des jeunes adultes de troisième génération, éduqués, quel échec, dans nos écoles et élevés, quelle chute, dans nos quartiers. Ils représentent une nouvelle menace; sortant de nulle part, ils frappent et tuent avec des armes dites faibles (véhicules béliers et armes blanches) militaires, policiers, symboles de nos valeurs démocratiques, comme l'enseignant Samuel Paty, ou simples passants. Les guerres en Afghanistan, en Irak, en Syrie, dans le Sahel, celle qui nous est menée à domicile ont favorisé, au sein des démocraties occidentales, une crise migratoire aigüe, et, en réaction, une montée des partis populistes, de gauche comme de droite, et d’extrême droite. C’est ainsi qu’un flot quasi ininterrompu, en tout cas sur nos écrans de télévision, de migrants et de réfugiés, sur fond de réchauffement climatique, de sécheressee et de pauvreté, est venu alimenter dans nos opinions publiques les peurs et les angoisses légitimes, mais aussi les fantasmes instrumentalisés. C’est ainsi qu’un Donald Trump, lorsqu'il occupait la Maison Blanche à Washington, qu’un Viktor Orban, en Hongrie, qu’un Théo Francken, en Belgique, qu’un Matteo Salvini, en Italie, qu'un Jair Bolsonaro, au Brésil, et demain, qu’une Marine Le Pen, en France, ou qu’un Geert Wilders, aux Pays-Bas, ont été élus ou le seront peut-être par un électorat volatil, fragilisé et déboussolé par une mondialisation qui leur échappe économiquement comme culturellement. En si bon chemin, les régimes de démocratie « illébérale » et de  « démocrature », où le suffrage universel est une parodie, une manie de bourrage des urnes ou une croisade démagogique, se sont sentis réconfortés, voire encouragés à gouverner en autocrates satisfaits et repus, recourant aux scrutins électoraux soit pour la forme, soit comme passage obligé. Le phénomène est observable en Afrique, terre de grande tradition corruptive et sanguinaire. Voyez ces chefs d’Etat accrochés au pouvoir, qui bafouent leur constitution et qui n’hésitent pas à faire tirer sur les foules de leurs opposants ainsi qu’à maintenir leurs peuples dans la misère, véritables fonds de commerce pour divers et nombreux mouvements djihadistes qui sévissent un peu partout sur le continent noir. Les potentats africains puisent dans les caisses de l’Etat comme dans leur propre portefeuille. Ces pratiques sont aussi courantes dans la plupart des pays arabes. Israël, qui est un Etat de droit - pour combien de temps encore ? - n'échappe pas à la corruption au plus haut niveau, en la personne de l'actuel premier ministre israélien, Benjamin Netanyhou. En la matière, les démocraties occidentales ne sont pas en reste, faut-il le préciser ? Cette main-basse sur l'Etat saute aux yeux dans un pays comme la Turquie, transformé, depuis quelques années, par son président, Tayyip Erdogan, ce nouveau Pacha aux rêves impériaux, en une vaste prison pour des centaines de milliers de personnes, politiques, journalistes, enseignants, magistrats, fonctionnaires et même policiers et militaires « félons ». Le sort réservé aux Kurdes, citoyens de seconde zone, n’est pas acceptable, quand ils ne sont pas taxés de terroristes. L’empire ottoman est de retour. Faut-il rappeler le négationnisme généralisé dans ce pays, car il n’y a jamais eu de génocide arménien ? Et puis, comment ne pas en parler, sans doute le meilleur dans sa catégorie, à Moscou, depuis 1999, un certain Vladimir Poutine règne en Tsar matcho sur la Russie post-soviétique, administrée au fer rouge nationaliste. Voilà un président qui ne craint personne et qui sait se faire respecter par les faibles. Voilà un tyran, désormais en place jusqu'en 2036, qui fait disparaître tout opposant politique, soit dans la  Moskova ou la Volga, soit en camp de redressement, soit en prison, Alexeï Navalny en sait quelque chose. Voilà un ex-agent du KGB, aujourd’hui FSB, patron pointilleux du sinistre GRU, le renseignement militaire, qui empoisonne littéralement les « traîtres » et les journalistes trop curieux, trop indépendants. Voilà un empereur qui annexe la Crimée, en s’asseyant sur le droit international, qui occupe l’Est de l’Ukraine, via ses mercenaires, qui aide et soutient le dictateur vampire, Bachar el Assad, celui qui bombarde sa propre population civile avec des armes chimiques. Voilà un chef d’Etat "honorable", qui accepte, si pas, commandite, qu’une de ses unités abatte à l’aide d’un missile de fabrication maison, au-dessus du territoire est-ukrainien, un avion de ligne de la Malaysia Airlines, reliant Amsterdam à Kuala Lumpur, faisant 298 morts. Tout cela, finalement, sans que la communauté internationale ne réagisse fermement, si ce n’est par un programme de sanctions économiques plus cosmétique qu’efficace. Le 5 février dernier, l'Europe s'est fait humiliée au Kremlin en la personne de Josep Borell, le "Haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères", sans que cela n'émeuve ce "chef" de notre diplomatie. Cerise sur le gâteux, de janvier 2017 à janvier 2021, nous la communauté internationale a dû supporter l’arrogance, la désinvolture, les caprices, les  changements de pied, les tweets compulsifs et convulsifs, les mensonges, les manipulations, la brutalité, la haine et, pourquoi ne pas le dire, la santé mentale du 45ème président des Etats-Unis, Donald Trump. Il s’est retiré de la Cop21, sur le réchauffement climatique, de l’accord sur le nucléaire iranien, de celui sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI), signé en 1987 avec l'ex-Union soviétique. Il a mené une guerre économique à la Chine - rivalité de grandes puissances - et à l’Europe, particulièrement à l’Allemagne, en augmentant sensiblement les taxes sur l’importation de produits ciblés, comme l'acier et l'aluminium, ou de consommation courante. Il a juré d’œuvrer à la désintégration de l’Union européenne. Il a renié tous les engagements de son pays au sein de l’Alliance atlantique. Il a soufflé tant qu’il a pu sur les braises de la division au sein du peuple américain et de ses communautés ethniques. Il a organisé une chasse aux migrants, acceptant que l’on sépare les enfants des mères. Il s’est engagé plus largement dans une politique de repli et d’isolationnisme, provoquant dans le monde entier, vu le poids économique des Etats-Unis et financier du dollar, un bouleversement tel qu’il ne fut pas loin d’un chaos généralisé. Car toute régulation était pour lui mauvaise en soi, moins il y a d’Etat dans l’économie, mais aussi dans la santé, l’éducation, voire la sécurité, mieux il se portait, tandis que des dizaines de millions d’Américains, à commencer par les minorités noire et hispanophone, en prenaient plein la gueule. L'assassinat de George Floyd par un policier sous l'oeil des écrans tactiles en est un symbole affligeant. Le 6 novembre 2020, les élections midterm, de mi-mandat, se sont déroulées aux Etats-Unis. Elles ont vu le renouvellement complet des 435 sièges de la Chambre des représentants, désormais à majorité démocrate, et de 35 des 100 sièges du Sénat, lui aussi, mais d'une courte voix, à majorité démocrate grâce à la vice-présidente, Kamala Harris, qui, constitutionnellement, préside la seconde Chambre américaine. L'élection de Joe Biden, en novembre 2020, à la présidence fut une très bonne nouvelle et annonce peut-être une ère nouvelle pour le monde. Les ogres sont toujours là, mais ils auront sans doute moins facile désormais à agir impunément. Les Etats-Unis sont de routeur sur la scène internationale, l'Union européenne devrait en faire autant, à savoir, y être vraiment pour la première fois de son histoire. Pour l'heure, fini le jeu trouble du camp Trump pour s’acoquiner avec la Russie et faire en sorte que les candidats démocrates perdent à la présidentielle. Ce fut le cas pour Hillary Clinton, en 2016, malgré les scandales sexuels à répétition et les malversations financières au détriment du trésor américain qui ont caractérisé le personnage sulfureux qu'est Donald Trump. La droite républicaine, une bonne partie du peuple américain, à défaut, continuent à le soutenir et espèrent pour l'élection de 2024 ... La morale puritaine va se nicher où elle peut. Ainsi va le monde. Nous pouvons conclure de cette revue des époques passée et présente que, si le XXème siècle a vu naître et disparaître les deux plus grands totalitarismes de tous les temps, communisme sovétique et nazisme germanique réunis dans la folie meurtrière et l’effondrement, le XXIème siècle, qu’on eût espéré débarassé des despotes non éclairés, des mégalomanes autocrates et autres hommes forts au service de la haine, nous offre, depuis son ouverture de septembre 2001, le spectacle affligeant du retour des ogres, car, tragiquement, depuis Charles Perrault, ils n’ont pas fait leur temps. Aux peuples à se souvenir des leçons du passé et à exercer une vigilance à toute épreuve, de chaque instant. Encore faut-il qu’ils ne renoncent ni à la mémoire ni à leur intelligence. Les démocraties ne sont pas éternelles. Certaines, jadis libérales, sont désormais en quasi faillite. En Europe, sans faire injure à la pluralité des idéaux, des approches et du débat démocratique, bien nécessaires, il y aura, de plus en plus, je le crains, dans un face à face inédit, deux courants de pensée qui vont s’affronter. Le premier sera composé par les cohortes nationalistes et populistes, anti-sytème, comme elles disent, anti-européennes, à vrai dire. Leur objectif, aidées en cela par le soutien explicite des autocrates, particulièrement du toxique Vladimir Poutine, n’est autre que le délitement de l’Union, la désagrégation d’un projet, certes imparfait, qu’il faut remodeler et refonder, mais qui nous a préservé, depuis le Traité de Rome, de la guerre et qui a assuré à la grande majorité des peuples européens un niveau de vie moyen incomparable. Le second courant réunira les déçus de l’Europe, ils sont nombreux, mais qui n’entendent pas jeter le bébé avec l’eau du bain, et les optimistes non béats, il en reste, convaincus de l’urgence de relancer le projet européen vers plus de citoyenneté, de solidarité, de souveraineté et donc d’ambition. Ceux-ci voient en sa réalisation l’épanouissement possible d’une civilisation apaisée, attachée à ses valeurs et forte. En vérité, il s’agit d’une guerre d’un nouveau genre, certes, moins visible,  plus insidieuse – notamment par la diffusion organisée de fake news et la planification méthodique d’attaques cybernétiques redoutables pour nos entreprises et tout un chacun. Cette guerre, qui ne dit pas son nom, comme toutes les autres, fera et a déjà fait de nombreuses victimes. L’enjeu n’est autre que la démocratie partagée et l'indépendance, face aux grandes puissances qui menacent notre Europe, tant sur les plans économique, technologique, culturel, éthique et sécuritaire. Sous le joug des loups sans scrupule, nos démocraties pourraient vaciller et s’inscrire, sans coup férir, dans le grand livre de l’Histoire comme une douce, légère et nostalgique parenthèse, entre le temps des monstres et celui des ogres. A nos enfants et adolescents, il faut enseigner que la liberté n'est jamais acquise.

                                                                                  Le 25 avril 2021.             

 

 

                  Nicolas Bedos 

Le fascisme individualiste et      libertarien serait-il à nos portes ?

 

"Vivez à fond, tombez malade, allez au restaurant, engueulez les flicaillons, contredisez vos patrons et les lâches directives gouvernementales. Nous devons désormais vivre, quitte à mourir . Nos aînés ont besoin de notre tendresse davantage que de nos précautions. On arrête d’arrêter. On vit. On aime. On a de la fièvre. On avance. On se retire de la zone grise. Ce n’est pas la couleur de nos cœurs." ... 

 

Voilà, texto, ce que Nicolas Bedos a posté, ce 24 septembre 2020, sur le réseau Instagram au sujet des mesures de protection relatives à la crise sanitaire du Coronavirus ! Rien de plus, rien de moins, et tout est dit de la stupidité, de la monstruosité de son égoïsme aussi, d’une sortie délirante de la part d’un homme intelligent et sensible, à l’humour corrosif souvent salutaire. Mais là, il a clairement dérapé au nom de sa sacro-sainte « LIBERTE », quitte à sacrifier celle de beaucoup d’autres, à commencer par les plus fragiles …  

 

Libre à lui de vivre pour se suicider, libres à ses fallowers de muter en secte sacrificielle. Mais il n'a pas le droit, ils n'ont pas le droit d'user de leur liberté pour transformer celle des autres en enfer. 

 

Qu'il n'y ait aucune ambiguïté. Ici même, nous ne nous reconnaissons pas dans la dérive hystérique qui vise à administrer nos sociétés et nos vies, cette tentation totalitaire de médicaliser tout rapport social. Les experts en chambre qui décident de tout, sans contrôle démocratique, imposant des mesures sanitaires incohérentes et dogmatiques, souvent contestées d'ailleurs par bon nombre d'autorités médicales, ne sont pas notre tasse de thé. Mais, à l'inverse, nous n'appartenons pas plus aux gangs des adeptes de l'irresponsabilité qui agissent sous l'unique sceau de leur bon plaisir égoïste.

 

Ce que vient de publier Nicolas Bedos dépasse toute limite. Franchement, nous le préférions dans le rôle de « One man show », brillant comme la lumière, grinçant comme la malice. Nous le préférions lorsqu’il prend les habits d’acteur doué et de brillant réalisateur. Le Capitole est toujours aussi proche de la roche Tarpéienne ... Grandeur et misère de la condition humaine.  

 

Nous le préférions en fils digne d’un père indigné, toujours soucieux du bien commun. Qu’est-ce que l’homme de gauche Guy Bedos, qui cachait sa générosité, aurait dit d’une sortie, qui en appelle à l’insurrection incivique au prix de répandre parmi ses semblables la peste, le choléra de la Covid19 ? 

 

Triste monde que celui-là, qui voit l’ombre du fascisme individualiste et libertarien menacer notre plus chère liberté : vivre pleinement en sécurité collective !  Le 25 septembre 2020. 

 

 

  >A l'exception de Churchill, tout est amertume avec les Anglais !

 

 

A force de cultiver leur nationalisme étriqué, leur atlantisme béat et leur insularité congénitale, les Britanniques, Anglais en tête, nous ont montré une nouvelle fois, de manière irresponsable, combien leurs pieds sont peut-être en Europe, mais leur cerveau ailleurs. Boris Johnson est un homme dangereux, toujours prêt à sauter sur l'occasion pour signifier au monde son arrogance et, dans ce cas, sa bêtise. Son rétropédalage quant à la stratégie de combat contre le Covid-19 est pathétique. UK est désormais hors de l'Union européenne et c'est visiblement une bonne chose. S'acharner depuis des siècles à se singulariser à tout prix a des limites. Au bout du compte, Churchill aura été l'un des rares contre-exemples, et encore, cela dépend des moments de sa vie et de l'Histoire, à agir, au cours de la Seconde Guerre mondiale, en allié solidaire et salutaire du continent européen. Eternellement, nous lui serons reconnaissants. Mais il est l'exception, tout le reste est amertume avec eux. 19 mars 2020.

 

 

>Le monde se replie comme une huître en attendant le tsunami !

 

Cela fait plus de trois mois et demi, peut-être davantage, que, quelque part en Chine, de frêles chauffe-souris ont peut-être transmis, par contact direct ou indirect, à d'inoffensifs (jusque-là) pangolins un virus inconnu capable de contaminer l'Homme. Des habitants de l'honorable cité de Wuhan ont acheté pour les consommer ces petits Manidés sur un marché d'animaux sauvages. C'est en effet une tradition là-bas. Quelques semaines plus tard, un jeune médecin de 34 ans, Li Wenliang, observa que beaucoup de ses concitoyens étaient atteints par les mêmes symptômes: toux, maux de tête et fièvre, toutes manifestations ressemblant aux effets d'une simple grippe. Mal lui en a pris. Il fut accusé par les autorités communistes locales de trahison, avant que de mourir lui-même du coronavirus, non sans avoir alerté la population et être aujourd'hui le héros de tout un peuple. Bientôt hospitalisées en masse, la plupart de ces dizaines de milliers de personnes étaient âgées. Entre 3 à 4% d'entre elles, selon les chiffres gouvernementaux de Pékin, décédèrent suite à des crises pulmonaires aigües. C'est alors que la Chine tout entière fut saisie d'effroi, car les personnes infectées et les morts se comptèrent en centaines de milliers de malades et milliers de défunts. Vingt millions de Chinois furent alors confinés strictement pendant de très longues semaines. Partout dans le monde les médias et les opinions publiques regardaient l'épidémie chinoise comme un phénomène étranger, serti à la seule couronne du territoire contaminé. Quand, voici un mois, des cas similaires se propagèrent rapidement dans le Nord de l'Italie, les autorités publiques de Rome ne prirent pas tout de suite la mesure de la menace. Et puis ce fut au tour de toute la péninsule italienne d'être terrassée par la propagation du coronavirus et par une peur, sans doute salutaire, car elle permet la mobilisation générale, encore plus contagieuse. Toute l'Italie est à présent à l'arrêt, confinée autant que faire se peut. A ce jour, plus de 1000 morts reposent désormais dans les cimetières de Milan, Turin, Venise, Naples et Catane. Pendant ce temps, la France fut elle-même touchée, avec une progression que chacun sait exponentielle. Le cas italien est aujourd'hui l'horizon de la plupart des pays. Le monde entier est plongé dans un cauchemar nourri aux terribles récits sur les pandémies de la peste et du choléra. Ce 12 mars 2020, la France, la Belgique, le Danemark, certains Landers allemands et d'autres Etats ont décidé de fermer les écoles, les lycées et les universités, avec des modalités différentes, d'interdire tout rassemblement festif, sportif, folklorique et culturel, et même, pour la Belgique, de fermer les brasseries, cafés, discothèques et restaurants. Du jamais vu. Les personnes âgées sont fermement priées de ne sortir que pour le nécessaire. Elles sont la première cible de l'ennemi viral, vraisemblablement pas la seule. Certains pays ferment leurs frontières. C'est le repli général, y compris au sein des pays de la zone Schengen. En Europe, non seulement séparée par un océan, mais également coupée dès demain, 13 mars, des Etats-Unis, par décision unilatérale du président Donald Trump, on s'apprête à affronter dans les semaines à venir le spectre et les conséquences du pic de contamination et de morts. L'accumulation impressionnante des mesures drastiques annoncées aujourd'hui, mesures absolument nécessaires, ainsi que les informations alarmantes sur une possible, voire probable saturation des structures d'accueil et de traitement des hôpitaux en Europe, risque de décupler les peurs et de les rendre ingérables. Beaucoup de médecins et d'experts reconnaissent que nos systèmes hospitaliers ne sont pas dimensionnés pour affronter une pandémie majeure. D'où les mesures d'urgence que les ministres de la Santé s'apprêtent à prendre, afin d'éviter l'afflux de patients dans les services spécialisés. Il leur faudra nécessairement faire un tri selon le degré de gravité de l'état des personnes atteintes et, ce n'est pas exclu, selon leur âge. Les Américains ne sont guère mieux lotis. Un excellent système de santé, certes, mais réservé aux riches et aux bénéficiaires de coûteuses assurances privées. Avec 30 millions de personnes sans aucune protection sociale, qui vont hésiter à consulter un médecin ou un service d'urgence de crainte de ne pouvoir payer les honoraires exorbitants demandés ... Il faut donc malheureusement s'attendre à des mouvements de panique de foules et de populations. Comme énormément de personnes vont être infectées (beaucoup ne seront même pas malades ou seront asymptomatiques; ce qui renforce évidemment l'inquiétude), mais nombre d'entre elles vont être dans l'obligation de rester à la maison. On peut craindre que ce confinement massif entraîne, à moyen terme, à savoir d'ici plusieurs semaines, le ralentissement ou l'arrêt de chaînes de production et de distribution. Cela sera certainement le cas des constructeurs de voitures, en pleine révolution électronique et électrique, révolution qui exige de gigantesques investissements. Ils vont être impactés de plein fouet. Leurs chaînes d'assemblage vont être durement affectées,  en amont et en aval, leurs fournisseurs et leurs distributeurs aussi. Se profile une guerre logistique de dimension inédite. Des secteurs entiers de nos économies vont s'effondrer; ceux de l'aviation civile, du tourisme et de l'HORECA (Hôtels, Restaurants, Cafés) ne sont plus désormais seuls en première ligne. Beaucoup d'entreprises vont connaître de grandes difficultés de trésorie ou feront faillite. Elles risquent d'entraîner dans leur sillage les banques les plus fragiles, déjà affaiblies depuis plusieurs années par des taux d'intérêts bas, l'obligation d'investir énormément dans la transition numérique et l'absence structurelle de rentabilité. De nombreux plans sociaux sont déjà évidemment sous ou sur la table. Ils ne manqueront pas de s'appliquer. Des dispositifs particuliers en direction des personnes immobilisées à leur domicile (confinées par décision gouvernementale ou médicale), comme l'intervention de l'Etat en matière de chômage partiel vont s'avérer indispensables, afin que les salariés soient disponibles dès la reprise dans quelques mois. A la crise sanitaire, à la crise économique, il faudra tout faire pour éviter une crise sociale de grande ampleur. Sans parler d'une crise des représentations, à savoir psychologiques et culturelles. Le secteur financier, la Bourse, tous deux très sensibles à la moindre information, vont sans doute perdre confiance et risquent de dévisser. Le mouvement est malheureusement en cours. Un krach boursier d'une ampleur exceptionnelle n'est pas impossible. Sans certitude. Ce ne sera pas 2008, mais pire. Ce ne sera pas non plus 1929, car les autorités bancaires et les Etats disposent aujourd'hui d'une boîte à outils de régulation et d'intervention inexistantes à l'époque. Des milliers de milliards d'euros et de dollars vont être injectés sans limite dans les circuits économiques et sociaux. Si Wall Street plonge, c'est la planète qui tombe malade. Indépendamment de de la santé des milieux financiers, toute l'économie mondiale va être entraînée dans une récession durable aux conséquences sociales redoutables pour les salariés, les consommateurs et les familles. A terme, ce sera l'occasion de revoir le paradigme d'un capitalisme déréglé et les conditions d'une mondialisation de nos économies obsédées par la rentabilité immédiate et dépendante de la Chine. La guerre sanitaire est donc déclarée par les gouvernements, mais de manière désordonnée et c'est préjudiciable à l'efficacité des dispositifs arrêtés. L'Union européenne, non compétente en matière de santé publique, tente de réagir à l'unisson. En vain. Chacun le voit, ce sont les Etats qui donnent le La et il ne sonne pas juste. Face au tsunami économique qui pointe le nez, les gouvernements et les banques centrales doivent sonner maintenant l'alerte et prendre rapidement les dispositions qui s'imposent. Il va leur falloir sortir des carcans budgétaires classiques, en Europe continentale, la règle des 3% de déficit du PIB, et accepter l'injection dans les tissus industriels et commerciaux ainsi que les circuits bancaires et financiers de très importantes liquidités. Il faudra fermement, non pas qu'ils soutiennent, objectif irréaliste à l'heure actuelle, mais qu'ils maintiennent à flot, ce serait déjà une victoire, ce qui va rester de la croissance. La panique est aussi contagieuse, si pas davantage, que les virus. Il faut s'attendre dans les heures, les jours et semaines qui viennent à des scènes de razzias dans les magasins et supermarchés. La panique est irrationnelle et c'est pour cela qu'elle est hautement toxique. Le plus grave, c'est que la crise sanitaire, qui est historique et qui va faucher des dizaines de milliers de personnes d'ici le mois de mai, sera certainement moins destructrice que la crise économique et financière systémique qui éclate sous nos yeux. Seule bonne nouvelle dans cette catastrophe: le bilan carbone de l'humanité va sensiblement baisser. A courte vue, le prix du baril de pétrole et le litre à la pompe vont chuter. Moins bonne nouvelle pour la planète. En tout cas, la preuve est sous nos yeux donnée que c'est bien l'activité humaine qui est la cause première du réchauffement climatique. Les images satellites de la Chine et les graphiques des relevés le démontrent amplement. Notre scénario est sombre, c'est vrai, mais loin d'être infondé. Qui peut dire le contraire ? Tous les indicateurs sont au rouge et nul ne sait quand ils vont repasser au vert. L'incertitude nous gouverne plus que jamais. Ni hystérie, ni hypocrisie, mais un langage de vérité et transparent. Gardons la tête froide, évitons la panique et soyons lucides, à l'heure où le monde se referme comme une huître en attendant le tsunami. Le 12 mars 2020.

 

 

>L'asymétrie militaire de l'Iran cache la volonté d'une symétrie nucléaire ! 

 

 

L'élimination du général iranien Qassem Soleimani fait couler beaucoup d'encre et répand dans le monde le spectre d'une guerre frontale entre l'Iran et les Etats-Unis. Elle n'adviendra pas. L'Union européenne s'est empressée de montrer son embarras et de cacher son désaccord. Le chef des milices chiites Al-Qods des Gardiens de la révolution (les hommes de main des basses oeuvres des mollahs) implantait, organisait et planifiait, depuis des dizaines d'années, le terrorisme au Moyen-Orient.

 

Il était une menace permanente pour Israël et pour les forces de la coalition présentes au Levant, au premier plan les militaires américains en Irak. Rappelons-le, depuis la chute de Saddam Hussein, en 2003, ce pays est dirigé par les représentants de la majorité chiite et donc directement sous influence perse. D'où d'ailleurs, les manifestations anti-iraniennes récurrentes de la minorité sunnite irakienne, contestations réprimées dans le sang. 

 

La question est de savoir si la disparition de Soleimani, que personne ne peut regretter, allègera ou accentuera la capacité de Téhéran à nuire. Il faudra en faire l'évaluation précise dans quelques semaines et mois. La réplique ne fait aucun doute, la question est de savoir où et quand. 

 

Le régime théocratique est au bord de l'asphyxie économique et d'un ras-le-bol d'une grande partie de la population et de la jeunesse. Sans l'aide de la Russie putinienne et de la Chine de Xi Jinping, l'Iran serait à l'agonie. Les sanctions économiques et financières imposées par Donald Trump portent donc leurs fruits et frappent non seulement les dirigeants mais aussi durement le peuple iranien.

 

Depuis la mort du héros national, le Guide suprême, Ali Khamenei, et ses acolytes ne cessent de menacer les Etats-Unis et leur allié régional sioniste d'une vengeance terrible. Que peut-il se passer ?

 

Soit le régime islamiste, sous les diverses pressions, va imploser à court ou moyen terme, soit il jouera sa survie par une fuite en avant tous azimuts. Il faut s'attendre à une intensification d'une répression féroce à l'interne et, à l'extérieur, à une multiplication des actes et attentats terroristes, directs et indirects, via les satellites chiites au Liban, en Syrie, en Irak et au Yémen.

 

L'Iran pourrait-il mener un confit ouvert avec Washington ? En aucun cas, sa faiblesse militaire structurelle en armements classiques, malgré le soutien de Moscou, rend une guerre frontale impossible. En revanche, le choix d'une stratégie protéiforme, à savoir asymétrique - frapper là où l'ennemi ne s'y attend pas, au coup par coup - est hautement probable. De prochaines actions de ce type sont certaines: attaques de bases militaires américaines au Moyen-Orient, de raffineries des pays arabes producteurs de pétrole, destruction de tankers approvisionnant l'Europe dans le Golfe persique, le Détroit d'Ormuz et la Mer d'Oman, assassinats ciblés, attentats terroristes revendiqués ou non par les milices chiites, sur le modèle de l'Etat islamique, au coeur des cités.

 

Pour l'Iran, l'asymétrie militaire, qui ne lui permet pas de mener une guerre conventionnelle, est donc un avantage en tant qu'Etat totalitaire prêt à recourir au terrorisme pour survivre. C'est une donnée géopolitque tactique incontournable. Ce qui l'est bien davantage, c'est le programme nucléaire iranien stratégique. Selon plusieurs sources de renseignement, il n'a jamais cessé sur le volet civil, mais aussi militaire, le passage de l'un à l'autre est une question de capacité d'enrichissement de l'uranium. Il va désormais bon train depuis le retrait unilatéral des Etats-Unis le 8 mai 2018.

 

Mais l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien de 2015 était mité. A savoir, des dispositions à trous, laissant la place à l'interprétation et au glissement technologique clandestin entre le nucléaire civil, autorisé, et le nucléaire militaire, interdit jusqu'en ... 2025. Ce veto de la communauté internationale était censé empêcher Téhéran de produire suffisamment d'uranium enrichi pour pouvoir fabriquer une arme nucléaire. Rien n'est moins sûr, d'autant que l'accord était muet  sur l'après 2025. Eh oui. 

 

Les nombreuses failles qui caractérisaient cet accord ont donc permis à Donald Trump de le dénoncer et à Benjamin Netanyahu, trop heureux, de s'en réjouir. C'est sans doute regrettable. Mais à qui la faute ? Barack Obama et François Hollande, les ex-présidents américains et français, étaient beaucoup trop pressés et demandeurs d'un tel accord, médaille de première classe dans leur bilan respectif au terme de mandats contrastés. Et que dire de Moscou et Pékin, satisfaits de voir la position géostratégique de leur allié iranien préservée et même renforcée ? Quand les Russes jouent aux échecs et les Chinois au jeu de Go, les Occidentaux tapent la Belote ... Joli Poker menteur en réalité !  

 

L'enrichissement en cours d'une quantité critique d'uranium et sa maîtrise permettraient à Téhéran de rétablir comme par miracle une symétrie de la terreur, inédite pour ce régime. C'est pour le pouvoir religieux iranien une urgence absolue, car l'asymétrie ne sera pas tenable dans le temps. Le nucléaire, ne nous voilons pas la face, est désormais son maître atout, carte majeure tout simplement inacceptable pour Israël et les démocraties occidentales, les Etats arabes sunnites et même pour la Russie et la Chine. A bons entendeurs. La seule issue possible, en dehors d'une escalade dramatique entre les deux parties,  c'est le retour à la table des négociations. Le 04 janvier 2020.      

 

 

>Le président Recep Tayyip Erdogan est l'héritier de l'histoire turque !

 

Erdogan est non seulement un éradicateur mais encore, comme malheureusement la grande majorité des Turcs, de l’extrême droite à l’extrême gauche, un négationniste. Le nationalisme est un cancer qui ronge ce pays depuis le génocide arménien et la prise de pouvoir des Jeunes-Turcs. Il fut jadis une terre de tolérance; l’Anatolie était une mosaïque de peuples qui vivaient côte à côte assez pacifiquement. Le démantèlement de l’empire ottoman, après la défaite de 1918, aux côtés de l’Allemagne et de l’empire austro-hongrois, n’a jamais été digéré par des Turcs en mal de grandeur et de domination, que ce soit sous le régime dit laïque des militaires ou sous l’emprise sunnite islamiste du parti de la justice et du développement (AKP). Voilà une nation prisonnière de son histoire et d'un nationalisme maladif.

                                                                                          Le 26 octobre 2019.

 

 

> Le peuple kurde, une nouvelle fois trahi par les Occidentaux !

 

 La Turquie d'Erdogan est un danger continental, quand l'Europe est hypocrite et que les Etats-Unis de Trump sont cyniques.

 

La Turquie a lancé, mercredi 9 octobre, comme elle s’y était engagée, son offensive contre les forces kurdes du nord-est de la Syrie, alliées des Occidentaux dans la lutte antidjihadiste., Ainsi, le nationaliste religieux Ergogan fait fi des mises en garde internationales. L’offensive a provoqué un tollé à travers le monde. Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni en urgence jeudi.

 

La Turquie « paiera un prix économique fort » si son offensive en Syrie est « injuste », a réagi mercredi le président américain, Donald Trump, tout en espérant que le président turc, Recep Tayyip Erdogan, agira de manière « rationnelle ». En début de semaine, c’est pourtant le retrait des troupes américaines de secteurs frontaliers en Syrie et les déclarations contradictoires de la Maison Blanche qui ont ouvert la voie à l’offensive.

 

Depuis ce volte-face de l’imprévisible Trump, c’est en spectateurs que les Etats-Unis observent l’offensive turque dans le Nord de la Syrie et ce à la grande colère des Européens. Avant même le sort des populations kurdes menacées, ceux-ci sont surtout préoccupés par le devenir des prisonniers de l’Etat islamique détenus par les Kurdes. Ils pourraient profiter du chaos pour s’évader et reprendre le chemin de l’Europe pour y perpétuer de nouveaux attentats terroristes. Merci Trump, merci Erdogan !

 

La vraie menace, pour Ankara, semble ne pas se situer à la Maison Blanche, mais plutôt du côté du Capitole; des parlementaires américains, des deux bords de l’échiquier politique, en première ligne, ont promis de faire « payer très cher » à la Turquie son offensive. Le sénateur républicain Lindsey Graham et son collègue démocrate Chris Van Hollen ont dévoilé  une proposition visant à sanctionner sévèrement Ankara si l’armée turque et ses supplétifs ne se retirent pas de Syrie.

 

L’influent Lindsey Graham, qui soutient d’ordinaire Donald Trump, mais l’accuse d’avoir « honteusement abandonné » les Kurdes a promis des « sanctions infernales », « de grande ampleur, draconiennes et dévastatrices », contre l’économie et l’armée turques. En présentant son texte mercredi 9 octobre, il s’est dit certain d’obtenir un « fort soutien des deux bords politiques », remontés par l’inaction de l’exécutif.

 

La proposition parlementaire tape très fort : gel des avoirs aux Etats-Unis des plus hauts dirigeants turcs, y compris du président Erdogan, et restrictions à l’octroi de visas américains ; embargo sur les ventes d’armes américaines et étrangères à Ankara ; mesures punitives contre le secteur énergétique turc ; et enfin mise en œuvre sans délai des sanctions liées à l’achat des missiles russes S-400.

 

L’offensive turque a été annoncée par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, dont l’objectif est d’éloigner de la frontière la puissante milice kurde syrienne des Unités de protection du peuple (YPG). « Les forces armées turques et l’Armée nationale syrienne [des rebelles syriens soutenus par Ankara] ont débuté l’opération “Source de paix” dans le nord de la Syrie », a annoncé M. Erdogan. En réalité, le nationalisme exacerbé des Turcs sert les islamistes syriens, qui voient dans l’intervention d’Ankara l’occasion de récupérer les territoires perdus et occupés par les Kurdes. Une alliance sunnite turco-syrienne islamiste est une évidence. En empêchant le peuple kurde d’accéder à une forme d’autonomie à ses frontières, la Turquie d’Erdogan fait le jeu des fondamentalistes musulmans et s'inscrit dans le plan géo-stratégique russo-iranien d'occuper durablement le terrain à la place des Occidentaux ...

 

Il faudra bien un jour mettre la Turquie devant ses responsabilités historiques (ne parlons même pas du génocide arménien qu’elle persiste à nier) et l’éjecter de l’Alliance atlantique. Son jeu est trouble avec les forces islamistes, qui bénéficient étrangement, à tout le moins, d'une complaisance si pas d'un appui du régime sunnite d'Ankara. Cela supposera d’avoir le courage de régler le problème des deux millions et demi de réfugiés syriens parqués actuellement en territoire turc et ce, contre rétribution de l’Union européenne à concurrence de 7 milliards d’euros. L’Europe ne pourra plus très longtemps faire semblant de ne pas savoir et de ne pas voir le loup turc dans la bergerie européenne. 

 

Les Kurdes sont visiblement les grands oubliés des XXème et XXIème siècles. Hier, trahis par les puissances occidentales triomphantes au sortir de la guerre 14-18. Aujourd’hui, trahis par l’Amérique de Donald Trump. Ces Occidentaux, en permanence auto-centrés sur leurs intérêts immédiats, plutôt que par le respect des engagements, n’ont peur de rien, surtout pas d’avoir laissé dans l’histoire la trace d’une lâcheté indélébile. Le 10 août 1920, les vainqueurs de la Première Guerre mondiale, de l’Allemagne, de l’empire austro-hongrois et de l’empire ottoman, par le Traité de Sèvres, promettent aux Kurdes la création d’un Etat indépendant. Jamais leur parole ne sera tenue. Rien n'a changé.

 

Le peuple kurde est depuis balloté entre quatre entités, bien décidées à l’empêcher d’accéder à son indépendance, voire à son autonomie : l’Iran, l’Irak, la Syrie et la Turquie. Observons que le sort du peuple kurde, dont l'existence et la culture remontent à plusieurs millénaires, n'interpelle aucune des belles consciences européennes pro-palestiniennes. A juste titre, lorsque c'est démocratiquement et sans haine d'Israël, elles réclament la création d'un Etat palestinien, dont le peuple, en réalité, est arabe. Il ne se distingue en rien du peuple jordanien de l'autre côté du Jourdain. Au passage, rappelons que l'actuelle carte du Moyen-Orient, artificielle et tracée à la règle, est l'oeuvre de la Grande-Bretagne et de la France, qui, dès 1920, se sont partagé le gâteau de la région. Egypte et Palestine pour l'une, Syrie et Liban pour l'autre. On en paie encore le prix aujourd'hui.

 

Quand en 132, l'empereur romain Hadrien, afin de punir les Juifs de la révolte dite de Bar-Kokhba, qui entraîna la destruction une nouvelle fois de Jérusalem et du Temple (après les saccages sous le Babylonien, Nabuchodonosor, en 601 av. JC, et sous l'empereur romain, Titus, en 70), Hadrien donc débaptise la Province de Judée pour l'appeler Provincia palaestina, création ex-nihilo, basée sur la présence le long des côtes méditerranéennes d'un groupe d'éleveurs de chèvres, les Philistins, peuple, selon les sources les plus récentes, d'origine indo-européenne et non sémitique. Les Egyptiens les ont appelés les peuples de la mer, venus vraisemblablement du Nord. C'est à ce changement d'appellation que l'on doit le patronyme de Palestine, entité non étatique qui, depuis le XIXème siècle, désigne des territoires au Moyen-Orient sous emprise ottomane puis britannique. De là est né le vocable de "peuple palestinien", attribué en réalité à des tribus arabes, il est vrai  présentes depuis des siècles. 

 

Revenons aux Kurdes. Après l’émergence du monstre islamiste, les puissances occidentales, au premier chef les Etats-Unis, n’ont pas hésité à demander aux Kurdes de les aider à vaincre Daech. Ils les ont encadré et équipé. Dotés d’un armement américain et français, les Kurdes, femmes en tête, ont été la cheville ouvrière, la chaire à canon qui servit à défaire l’Etat islamique. A présent, sans état-d’âme, la Maison Blanche lâche son allié kurde sans se soucier le moins du monde des drames humains parmi les populations, une nouvelle fois victimes du double jeu de l’Occident.

 

D'ores et déjà, à ce jour, on compte des dizaines de morts et plus de 130.000 personnes déplacées. Les Kurdes, assiégés et menacés en tant qu'entité politique et institutionnelle, sans doute la mort dans l'âme, ont demandé le soutien et l'intervention de l'armée régulière du boucher alaouite Bachar el-Assad (branche minoritaire chiite en Syrie). L'occasion pour le président syrien de récupérer les territoires du Nord, riches en pétrole, administrés depuis plusieurs années par les Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), bras armé du Parti de l'union démocratique. Tout gain pour la Russie de Poutine et l'Iran des mollahs chiites. Pendant ce temps, pas à pas, les Occidentaux reculent et laissent le Moyen-Orient, en grand désordre, aux mains de ce qu'il faut bien appeler des ennemis. 

 

Une nouvelle catastrophe humanitaire s'annonce. Les Européens ont beau crier au loup et dénoncer en choeur le coup de force militaire d'Erdogan et la duplicité morale de Trump, à part une gesticulation diplomatique, ils laissent faire et vont laisser faire. Cette Europe-là, c'est l'impuissance au pouvoir. Ils se préoccupent, on peut le comprendre, des djihadistes qui pourraient menacer à nouveau les pays européens suite à l’intervention turque. Des centaines d'entre eux ont déjà profité du chaos généré par l'intervention turque pour s'échapper des camps où ils été détenus sous autorité kurde. L'impuissance des Européens, prompts à se diviser et à faire la morale, confine à l'indifférence à l'égard du destin tragique du peuple kurde. On nage dans  l’hypocrisie et le cynisme, de part et d’autre de l’océan atlantique. A défaut de voir loin, l'improvisation n'a jamais tenu lieu de politique. Le 12 octobre 2019.

 

 

>La Cour suprême britannique en guise de guillotine pour Boris Johnson !

 

La Cour suprême britannique a unanimement jugé « illégale », mardi 24 septembre, la suspension du Parlement décidée par Boris Johnson. Cette décision, spectaculaire, est une défaite majeure pour le premier ministre. Les onze juges ont décidé à l’unanimité que l’avis de M. Johnson demandant à la reine de suspendre le Parlement pendant cinq semaines, jusqu’au 14 octobre, à deux semaines du Brexit, n’était pas légal. Non seulement la suspension est illégale, mais elle est nulle et non avenue. C’est comme si la feuille, sur laquelle était écrite la décision de suspendre les travaux de Westminster pendant cinq semaines, était en réalité blanche, insiste l’arrêt.

 

Le Parlement n’a tout simplement « pas été suspendu », a déclaré la présidente de la Cour suprême, Brenda Hale, jugeant qu’il devait à nouveau siéger « dès que possible ». Le président de la Chambre des communes, John Bercow, a déclaré qu’elle devait « se réunir sans délai » et qu’il allait consulter à les chefs des différents partis de toute urgence. Il a invité les députés à siéger dès mercredi matin.

 

Depuis Brighton, où se tient le congrès du parti travailliste, le leader du Labour, Jeremy Corbyn, a aussitôt appelé Boris Johnson à « considérer sa position », à savoir démissionner. Les délégués du Labour, en plein débat contradictoire et houleux sur le Brexit, ont accueilli le discours de leur chef avec enthousiasme, hurlant « Johnson dehors ! ». L’intéressé a exclu cette éventualité. Le Royaume désuni prend l'eau de toutes parts. On en est là et ce n'est pas fini ... Le 24 septembre 2019. 

 

 

>L'hôpital est malade et son médecin tarde à le soigner !

 

Il suffit de voyager dans le monde pour s'apercevoir que notre sytème de santé en Europe est un îlot protégé de la misère pécuniaire africaine ou indienne comme du modèle mercantile américain. Il est vrai que nous bénéficions toujours d'une sécurité sociale qui assure globalement ses missions. Certes, le filet de sécurité que nous offre nos réseaux hospitaliers tient encore la route, mais chacun sait qu'il est au bord du burnout. Combien de temps encore avant qu'il ne s'effondre ? Car en France comme en Belgique, ailleurs aussi, les services de nos hôpitaux, les urgences, dans le secteur public particulièrement, sont au bord de l'explosion. Il n'est pas question ici de nier la nécessité pour l'Etat de maîtriser les comptes publics. Notre sécurité sociale coûte en effet cher, très cher. Les abus sont légion, ce n'est un secret pour personne, notamment en matière d'actes médicaux techniques, qu'il faut réguler dans l'unique souci de la santé et du bien-être des patients et non du chiffre d'affaire des centres et des cliniques. Les équilibres budgétaires en ce domaine ne sont toujours pas atteints et l'effort ne doit pas être relâché. Cela dit, nul ne peut nier que les personnels médicaux, aides soignantes et infirmières en tête, sont aujourd'hui pressés comme des citrons. Un manque de moyens financiers, matériels et en ressources humaines est criant. Nous avons voulu donner la parole à l'une de ces formidables femmes, une infirmière, qui témoigne ici d'un métier exceptionnel, exigeant et désormais en péril. L'hôpital est donc malade, mais son médecin tarde à le soigner. Avec l'école, la justice et la sécurité, la santé n'est-elle plus un domaine régalien de la puissance publique à préserver en bon père de famille et à protéger des logiques purement financières d'un ultralibéralisme sans foi ni loi ? Le 02 septembre 2019. 

 

Elle s'appelle Manue R. et ce qu'elle écrit est fort et troublant:

 

- Quand-même... Vous avez un métier particulier ! Se lever dans la nuit quand tout le monde dort, se préparer rapidement, le minimum. Douche, anti-cernes, manger un peu pour tenir jusqu'au prochain repas, peut-être vers 14h00. Faire un bisou à son bébé qui dort enfin après une nuit agitée. Retrouver une équipe, son équipe. Celle sans qui on ne supporterait pas, sans qui on aurait claqué la porte du vestiaire depuis longtemps. Ce vestiaire, soupape d'où s'échappent des rires, des banalités, parfois des confidences, des ras-le-bol... 

 

Puis le tourbillon du service : relais avec l'équipe de nuit, tenter de soulager les maux, offrir un sourire, un café chaud. Ça s'accélère. Médicaments, échelle de douleur, injections, perfusions, traçabilité, téléphone, ne pas faire ressentir à cette personne qui vit les pires moments de sa vie que non, vous n'avez pas le temps, le prendre quand-même quand on peut. 

 

Se prendre en pleine tête la douleur des proches, encaisser. Visite des médecins, prescriptions, urgences, sonnettes, brancardages, toilettes, pansements. Odeurs d'urine, de selles, de putréfaction, de savon, de dakin, d'alcool, se laver les mains encore et encore, à en saigner. 

 

Puis le temps s'arrête dans une chambre où une âme va bientôt s'échapper d'un corps épuisé. Alors les gestes sont lents, doux et mesurés, on parle tout bas. Le voilà notre métier.

 

Accompagner, tenter de soulager l'angoisse et la douleur, rendre plus confortable ces adieux, soutenir au mieux les familles. Avec des mots, des gestes, des soins, des médicaments. Alors on sédate pour apaiser la peur de la mort. On injecte, on endort... Pas facile d'endormir quelqu'un quand on sait que ce somme est le dernier avant le grand départ...

 

Etrange choix que de venir se confronter aux moments les plus tristes d'existences qui ne sont pas nôtres. Mais la beauté est partout. Dans un sourire, un regard, une larme d'amour, un geste tendre. Une photo posée là ou un rayon de soleil nous rappelle à la vie. On regarde dehors deux secondes pour s'échapper.

 

Vous pouvez partir tranquille, les femmes en blanc sont là. Mais ne vous méprenez pas, on leur a coupé les ailes depuis longtemps, maintenant on leur coupe les moyens humains et matériels. Bientôt on leur coupera les mains. Pas d'inquiétude, elles panseront vos plaies avec leurs moignons, leurs orteils ou leurs dents. Parce que, quand une à une nous nous éteindrons d'épuisement à vous soulager sans armes, il y en aura toujours d'autres qui prendront la relève et se battront, s'arracheront de créativité pour sauver votre dignité. 

 

Et le soir, fatiguées et frustrées ne ne pas avoir mieux fait, elles retrouveront leur bébé déjà endormi, mangeront un peu, verseront peut-être quelques larmes sous la douche pour pas que ça se voit. Et demain, elles raccrocheront leur sourire qui commence déjà à se faner. 02 septembre 2019.

 

 

Y a pas à dire, ce type a de la classe. Le voilà propulsé depuis hier matin à la tête du gouvernement britannique. Il en rêvait du 10 Downing street, dès l'âge de 8 ans, selon sa soeur. Et pour s'asseoir dans le fauteuil de Winston Churchill - quelle ironie de l'histoire - il n'a pas lésiné sur les moyens. Il n'y a pas si longtemps, il proclamait haut et fort son attachement à l'Europe. A la mairie de Londres, son passage a laissé une trace, celle de l'opportuniste ou l'art de trouver dans la confusion de ses adversaires comme de ses amis le sens de ses intérêts personnels. Et puis, il y eut l'idée risquée de David Cameron du référendum sur le Brexit. L'ancien premier ministre de Sa Majesté pensait bien qu'il s'agissait là d'une simple formalité. Il en profiterait pour mettre au pas les récalcitrants de son parti. Non seulement le peuple s'est prononcé pour la sortie de l'Union européenne, il est vrai à une majorité qui manquait de franchise, mais en plus, les élus conservateurs, ceux-là même qui mangeaient chaque matin un morceau d'Europe à leur breakfast, s'en sont dès lors donné à coeur joie dans une pathétique croisade nationaliste, du genre: "l'Empire-est-de-retour-et-notre-grandeur-avec". Excusez du peu. Ils n'avaient et n'ont toujours pas compris que le Royaume-Uni n'est plus depuis longtemps une grande puissance et qu'il est désormais plus désuni que jamais, plus isolé aussi. Quid du sort réservé à la relation entre l'Ulster et la République d'Irlande ? Que feront les Ecossais qui, eux, ont voté pour rester dans l'Union ? BoJo, comme on l'appelle familièrement, a donc saisi l'occasion pour se rallier à la cause de l'isolement. Car il aime brouiller les cartes, afin que chacun ne puisse lire en lui et s'en trouve déstabilisé. Il chevaucha hue, il enfourchera dia. Faut dire que la raison raisonnée n'est pas son fort, un peu comme son grand frère d'Amérique, Donald Trump. Il est vrai qu'ils ont le même coiffeur. Comme il est de tradition, notre homme est allé saluer la Reine Elisabeth II et, devant un parterre de brexiters purs et durs, les vrais  les tatoués, il a réaffirmé que UK sortirait avec ou sans accord de l'Union le 31 octobre prochain. La Commission européenne, par la voix de Michel Barnier, son négociateur, a répété pour la centième fois qu'il n'y aurait pas de nouveau deal et que les textes resteraient en l'état. Partir sans accord signifierait pour Londres un nouveau saut dans le vide. Comment renégocier en effet, dans un délai raisonnable, des milliers d'accords commerciaux endossés jusque là, via sa représentation multilatérale, par l'Europe ? Impossible, surtout au vu de l'impréparation abyssale du gouvernement, de l'administration et des entreprises britanniques. Un accord avec le protectionniste président américain, sur lequel Johnson compte beaucoup ? N'y comptez pas ou si peu. Si il se fait un jour, il sera ficelé en fonction des intérêts des Etats-Unis et le Royaume-Uni devra se plier aux exigences de Washington. De plus, même en cas d'accord équilibré, ce qui ne sera pas le cas, il ne pourra pas remplacer et compenser la plus-value engendrée par l'Union européenne dans ses relations avec le reste du monde. Pourquoi croyez-vous que le Canada, le Brésil, l'Argentine, le Vietnam, d'autres encore, s'empressent de se tourner vers l'Europe ? Un face à face avec les Etats-Unis de Donald Trump serait catastrophique; l'exemple du mano a mano avec la Chine de Xi Jinping fait réfléchir tout le monde. S'envoyer en l'air est une chose, Boris, retomber sur terre en est une autre. Alors, Good luck, Albion ! Le 25 juillet 2019. 

 

>Le judaïsme traverse une crise identitaire entre tradition et modernité !

                                          Delphine Horvilleur en questionnant le monde sur son rapport aux Juifs, questionne le judaïsme.

 

Le judaïsme, en Israël et surtout en diaspora, à l'épreuve de la modernité, sur des enjeux et problèmes tels que la place des femmes, en terme d'égalité, la nette séparation entre le religieux et le politique, sphère privée et domaine public, une lecture et une étude des Textes bibliques à l'aune de la complexité contemporaine, ainsi que des répercussions de la manière dont le gouvernement actuel israélien gère ses relations avec ses voisins palestiniens, le judaïsme donc, malgré les déclarations apaisantes, du genre, "Circulez, il n'y a rien à voir !", traverse une période de turbulences qui questionne son identité. L'émoi et l'intérêt suscités par les écrits notamment de Delphine Horvilleur, l'une des trois rabbins femmes en France, démontre combien les sujets abordés, entre tradition et modernité, sont désormais au coeur de l'orthopraxie israélite. En questionnant le monde sur son rapport aux Juifs, à l'antisémitisme, elle questionne dans le même temps le judaïsme et les Juifs dans leurs relations aux nations. Dans l'édition du "Monde", version papier du 26 mars dernier, voir ci-après, à l'occasion de la réunion annuelle à Washington de l'Aipac (l'American Israel Public Affairs Committee), vous pourrez lire un intéressant article sur "Le malaise des Juifs américains face à la politique israélienne". Vous y trouverez toutes les raisons politiques et religieuses qui expliquent le fossé grandissant entre la majorité des Juifs américains, le plus souvent libéraux, contrairement aux Juifs européens, et les choix et décisions du gouvernement de Benjamin Netanyahu. Pour ma part, je crois que le premier ministre actuel, qui a cédé le levier de sa politique aux religieux et nationalistes pour se maintenir au pouvoir, entraîne le pays vers un statut nouveau: Eretz Israël, terre d'un sionisme ouvert, humaniste et pragmatique, se transforme progressivement, sous les coups de boutoir des ultras, en une citadelle fermée et crispée sur des dogmes politico-religieux mixtes, dogmes plutôt populaires, qui font la part belle à une forme de crypto-suprémacisme. Ainsi, ils ont entrepris une métamorphose identitaire par rapport aux visées des pères fondateurs: à savoir, faire d'Israël un Etat théocratique. Si les prescriptions du Grand-rabbinat d'Israël, pour nombre de soutiens du premier ministre, doivent supplanter les lois civiles votées à la Knesset, pire, si de plus en plus de projets et propositions de lois ont pour raison d'être la soumission juridique  à ces mêmes prescriptions, alors, cette évolution représente un danger pour tout démocrate, laïque ou non, soucieux de l'Etat de droit et du respect de la séparation des Eglises et de l'Etat. C'est là toute l'ambiguïté de l'Etat hébreu, qui, grâce à sa démocratie toujours bien vivante, est une porte grande ouverte où s'engouffrent les tenants d'une lecture étrangement littéraliste des Textes hébraïques, car en contradiction totale avec l'enseignement dialectique et interprétatif du Talmud. Une telle lecture aurait pour mission de s'imposer, par l'exclusive autorité religieuse, à l'ensemble de la société civile et laïque d'Israël. L'exemple du guett, ce document d'un autre temps, qui trouve sa source dans le Deutéronome, 24, 1 - 4 (*) et qui a donné lieu à une prescription dans la Halakha, détenu par le seul époux pour accepter ou refuser un divorce demandé par sa femme, en est l'illustration même. Les Textes religieux juifs sont d'une infinie richesse pour qui sait les lire et interpréter à la lumière, certes, de la tradition, mais nécessairement revisitée par le libre examen des défis de la modernité. Le débat est à ce sujet fort animé, pour ne pas dire davantage, entre les courants traditionaliste et libéral  d'un judaïsme en crise identitaire. Le travail de Delphine Horvilleur qui, ne le cachons pas, dérange dans certaines sphères rabbiniques et consistoriales, est un appel au retour sur soi, à l'amour et à la survie. Le retour sur soi qui permet le recul, tel le Shabbat au terme de la semaine, la compréhension aussi de la complexité qui nous entoure et la reconnaissance de la part féminine du judaïsme. L'amour d'Israël et de l'humanité tout entière, sans naïveté et avec lucidité. L'amour du partage au-delà des frontières et des murs. La survie d'Israël et du peuple juif, riche de sa diversité - croyants et pratiquants, croyants sans pratiquer, libéraux, laïques, agnostiques ou athées et participants, agnostiques ou athées et non participants - mais fidèle, par l'esprit créatif plus que par la lettre figée, au message de la Bible, qui fait de ce peuple le porteur d'un message autant singulier qu'universel. C'est pourquoi, malgré ses riches particularités et ses nombreux défis dans sa relation au monde, il faut le réaffirmer, le peuple juif est le frère des nations. 

 

(*) "Quand un homme aura pris une femme et cohabité avec elle; si elle cesse de lui plaire, parce qu'il aura remarqué en elle quelque chose de malséant, il lui écrira un libelle de divorce, le lui mettra en main et la renverra de chez lui". ...   

 

>Aux sources de la violence de Jean-Luc Mélenchon !

 

J'ai souvent pensé que cet homme avait un problème d'équilibre; son égo démesuré en perpétuel conflit avec son idéal collectif. "Moi, je ..." et "Vous, les gens ...". Il n'y a pas d'autre explication. Observez-le, dans ses crises de fureur, placé à l'hyper-centre de son monde, vindicatif, arrogant et fier de sa "personne sacrée", distribuant gratifications et exécutions au gré de ses humeurs changeantes, prisonnier d'un confort intellectuel inaccessible parce que bouffé par l'ambition. 11 janvier 2019.

 

 Ce jour, nous apprenons que le leader populiste de la France insoumise fait l'objet d'une procédure en procès maçonnique par le Conseil de l'ordre de son obédience, le Grand Orient de France (GODF). Il lui est reproché son attitude irrespectueuse, ses attaques violentes ad hominem et ses graves mises en cause de la magistrature, de la police et des médias. Rien dans ses propos comme dans son comportement n'honore l'engagement humaniste et républicain qu'il est sensé avoir en tant que franc-maçon. Il n'y a ici aucun dévoilement, puisqu'il s'est déclaré lui-même publiquement.

Le 30 octobre 2018.

 

 

Avec le temps, il est devenu un danger pour la démocratie; l'hystérie du débat politique en France est en partie son fait. Appartenant à une société philosophique et philanthropique, je n'hésite pas à dire qu'il est la honte incarnée des nobles et belles valeurs que nous servons, lui, qui les fragilise jour après jour. Il bafoue tous les principes de la République, à commencer par le respect des institutions et des personnes. Il est désormais un problème pour un Etat de droit digne de ce nom. Le 22 octobre 2018.

 

>Le foutoir en marche ?

 

Depuis l'élection à la présidence de la République française d'Emmanuel Macron, en mai 2017, pas moins de sept démissions sont venues scander, voire scandaliser, la vie gouvernementale du premier ministre, Edouard Philippe. Sept, sur fond de contestations diverses des choix économiques et sociaux de la majorité, emmenée par l'imposant groupe parlementaire à l'assemblée nationale de la République en Marche (LREM). La stratégie du président de concentrer l'effort, d'une part, sur les jeunes et les actifs sans emploi, en transférant vers eux un prélèvement financier - augmentation de 2% de la CSG - raisonnable pour les uns, excessif pour les autres, des retraités ayant un revenu moyen mensuel de plus de 1500 euros, d'autre part, sur les restructurations d'entreprises publiques comme la SNCF et le périmètre de l'administration de l'Etat et des collectivités locales, peut, me semble-t-il, se comprendre. Il s'agit de réactiver l'économie française en perte de vitesse et de recréer de la richesse que l'on pourra redistribuer une fois cet objectif atteint. L'idée est de remettre au travail des centaines de milliers de chômeurs en leur permettant d'accéder à des formations adaptées ainsi que de jouir d'une plus grande flexibilité sociale, sans pénaliser leur statut et revenu. L'autre axe prioritaire, tout aussi coûteux, est l'éducation, particulièrement dans l'enseignement maternel et primaire, par l'engagement  de nombreux maîtres d'école et la diminution par deux du nombre d'enfants par classe. Ces orientations imposent des choix en matière de rentrées fiscales comme de dépenses, décisions forcément difficiles à accepter pour celles et ceux qui n'en sont pas bénéficiaires. N'oublions pas que la dette française, qui, représente, en 2018, 97,6% du PIB, plus concrètement, 38.000 euros par habitant, demeure un boulet pour le budget de l'Etat et surtout un fardeaux insupportable pour les générations futures. Il faut bien, si l'on ne veut pas les pénaliser lourdement à l'avenir, faire en sorte que cette dette soit, non seulement dans les clous des décisions européennes - le déficit public des Etats de l'Union doit être inférieur à 3% du PIB - mais encore supportable quant à son financement - les taux d'emprunt sont encore, à ce jour, très bas, mais cela ne durera pas forcément; à chaque augmentation des taux d'intérêt de 1%, cela correspond pour l'Etat français à 2 milliards d'euros cumulés à rembourser chaque année - Ensuite, et ensuite seulement, Emmanuel Macron et Edouard Philippe souhaitent, d'ici deux ans, desserrer l'étreinte budgétaire pour redistribuer plus largement les fruits récoltés pendant les trois premières années du quinquennat. C'est un pari, qui demande de la cohérence et de la constance ainsi que de la chance, celle de voir la croissance reprendre vigueur et gagner la rive des 2% annuels d'augmentation. Pari qui n'est pas gagné et qui  exige une lisibilité et une pédagogie claire en direction des opinions publiques. Il faut le reconnaître, cela n'a pas été le cas jusqu'à présent. D'autant que l'action gouvernementale a été parasitée par certaines affaires personnelles, une rupture politique et, hier encore, par une crise psycho-politique d'ampleur inédite, avec la démission tragi-comique de Gérard Collomb. Celle-ci est en effet la septième depuis la mise en place du gouvernement de Edouard Philippe. Il y eut celle de Richard Ferrant, ministre de la Cohésion des Territoires, liée à un dossier immobilier peu transparent des Mutuelles de Bretagne. Celle de François Bayrou, ministre d'Etat et de la Justice ainsi que celle de Marielle de Sarnez, ministre des Affaires européennes, toutes deux précipitées par de supposés emplois fictifs d'eurodéputés, au siège de leur parti. Puis, rebelote, celle de Sylvie de Goulard, ministre des Armées, tout aussi engluée dans cette affaire fort embarrassante pour le Modem. Fin août dernier, Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, claque la porte en direct sur France Inter, sans même avoir prévenu le président et le premier ministre. Ambiance. Ici, il s'agit d'une fracture de fond, car la politique des petits pas et l'incessante pression des lobbies industriels, commerciaux et agricoles, avec le relai bienveillant du ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert, devenaient insupportables aux yeux du militant de la cause environnementale. Dans la foulée, plus discrètement mais non moins mystérieusement, la ministre des Sports, Laura Flessel, s'éclipse par la petite porte sans demander son reste. Enfin, hier, le claquage de porte du ministre d'Etat et de l'Intérieur, Gérard Collomb. La passation de pouvoir glaciale entre l'intéressé et le premier ministre, qui reprend la charge vacante le temps de trouver un successeur compétent et de confiance, a estomaqué tous les observateurs de la vie politique. Le moins qu'on puisse en dire, c'est qu'il ne s'agit pas, contrairement à ce que Emmanuel Macron prétend, d'une péripétie. Il s'agit d'une crise politique importante, peut-être pas (encore) majeure, car elle s'inscrit dans un climat de dégradation sans précédent de la popularité du président, avec à peine 30% d'opinion favorable, et d'une succession de départs, aux causes plurielles, qui laisse les Français et la majorité présidentielle dans le questionnement, le doute, voire désormais la défiance. Autant les premières démissions pour raison judiciaire et celle de Nicolas Hulot pour divergence politique sont compréhensibles et justifiées, autant celle du ministre des forces de sécurité, en pleine menace terroriste, est choquante par son caractère emporté, émotionnel et, pour tout dire, irrationnel, eu égard aux relations privilégiées qu'entretenaient jusque-là Emmanuel Macron et Gérard Collomb. L'épisode Benalla a laissé des traces. Le président et le premier ministre n'ont pas apprécié la déloyauté du ministre de l'Intérieur, lors de son audition devant la commission d'enquête parlementaire et ce dernier a très mal vécu, tout semble affectif chez cet homme, la déflagration médiatique et le conflit personnel avec ses patrons. Ce fut comme un désaveu. Il est vrai, comme l'avait déclaré Jean-Pierre Chevènement, qu'un "ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne" ... Ah, mais mon Collomb a fait les deux, rendant ainsi à la République une mauvaise manière d'enfant gâteux. Le président aurait tort de ne pas comprendre l'intensité et l'impact de la crise, car il s'agit d'une crise, que son autorité et sa politique traversent actuellement. Il lui faut d'urgence revoir sa façon d'être et d'agir, davantage à l'écoute des Français et, en revanche, renoncer à ses petites phrases provocatrices et inutiles. Sans doute aussi respecter mieux son premier ministre, qui souffre, à l'entendre, de l'éloignement de sa ville, Le Havre, ainsi que de ses ministres, visiblement au bord de la crise de nerfs. C'est le foutoir, il n'y a pas d'autre mot, et, pour l'heure, celui qui s'est incarné, tout seul comme un grand, en Jupiter, est nu. Et l'hiver approche ... 4 octobre 2018.  

 

Une affaire d'Etat ou une affaire d'étalage ?

Outre la faute professionnelle d'un chargé de mission de l'Elysée, l'épisode regrettable de l'affaire Benalla est révélateur de deux autres dérives. Car l'hystérie collective qui s'est emparée des médias et de l'opposition, qui n'avaient pas grand-chose à se mettre sous la dent en cet été torride, a atteint des sommets de grotesque journalistique et de manipulation politique. La presse se justifie en parlant de travail d'enquête et d'indépendance. L'investigation ne consiste pas à monter un épisode individuel en affaire d'Etat et l'indépendance ne consiste pas à la justifier par une campagne à double détente: dénoncer le comportement de l'intéressé, tout en désignant la véritable cible, le président lui-même. Quant aux enragés de l'opposition, sans idées positives et désormais sans boussole, leur unique raison d'être et seul objet de désir est nuire et détruire ... 

 

Le 1er mai 2018, pendant que le président effectuait un voyage officiel en Australie, Alexandre Benalla, que l'on voit ici à la droite d'Emmanuel Macron, son garde du corps, "prêtait main forte" à la police parisienne, lors d'une manifestation d'opposants à la politique de la majorité présidentielle. Il y aurait été invité par la hiérarchie policière. Certains des manifestants, appartenant à La France insoumise, souvent excités et incontrôlables, d'autres aux enragés des Black Blocs, furent admonestés par les forces de l'ordre et par M. Benalla. L'homme portait un casque (pour se protéger des projectiles, dit-il) et un brassard de la police (pour ne pas être confondu avec un manifestant) et disposait d'un talkie-walkie en toute illégalité. Il ne se contenta pas d'assister en tant qu'observateur, ce qu'il était sensé faire, mais il s'en prit à deux personnes particulièrement turbulentes, voire déchaînées, un couple, les traînant dans la rue et les frappant au passage, afin de les remettre aux forces de l'ordre relativement dépassées par la tournure des événements. Préalablement, l'homme et la femme avaient lancé des bouteilles sur les policiers et fait des doigts d'honneur. Des vidéos de témoins ont été réalisées des différentes séquences. Ce n'est que récemment, le 17 juillet dernier, à la faveur de révélations du quotidien "Le Monde", que l'affaire Benalla est devenue une affaire hautement sensible. La France est coutumière d'hystérie collective dans sa manière toute particulière d'appréhender les événements, d'en discerner les faits du flot des commentaires. A cet égard, une certaine presse et bien sûr l'opposition, en manque de munitions face à l'offensive tous azimuts d'Emmanuel Macron, ne s'est pas gênée pour se lancer dans une opération politique sans commune mesure avec la réalité des faits. Au bout du compte, lorsque la mayonnaise retombe, comme souvent, beaucoup de bruit pour rien ... M. Benalla a réellement commis une faute professionnelle - son statut d'agent de sécurité privé, de chargé de mission à l'Elysée, ne l'autorisait pas à agir ainsi - Son intervention injustifiée ne relève pour autant pas d'une soi-disante police parallèle. L'Elysée, le président lui-même (*), une fois informé des griefs émis à l'encontre de  son collaborateur, a visiblement sous-estimé la  dimension symbolique et donc politique des faits reprochés à M. Benalla. Une mise à pied de deux semaines, dès le 4 mai, fut assurément une réponse faible. Le directeur de Cabinet du président, M. Patrick Strzoda, doit aussi expliquer cette mansuétude. Alexandre Benalla ainsi qu'un de ses amis, M. Vincent Craze, employé de sécurité au parti LREM, ayant eu le même type de comportement lors des échauffourées du 1er mai, et trois policiers, suspendus de leurs fonctions à titre conservatoire, doivent désormais répondre de leurs actes. Il est reproché aux policiers incriminés d'avoir livré à M. Benalla les images de vidéosurveillance de la place de la Contrescarpe, où s'est déroulée l'émeute. L'Elysée, du moins, le Cabinet restreint, le ministère de l'Intérieur et le Préfet de police de Paris doivent quant à eux en tirer toutes les leçons. Il n'est cependant pas envisageable, comme le réclament Jean-Luc Mélenchon(LFI), Marine Le Pen (RN), Olivier Faure (PS) et Laurent Wauquiez (LR), que la fonction présidentielle, en la personne d'Emmanuel Macron, pour des faits, certes sérieux, mais qui n'ont rien à voir avec la dérive factieuse que d'aucuns décrivent, requiert la moindre mise en illégitimité. Ceci serait hors de proportion par rapport à la dimension individuelle des attitudes et actes commis. Mais tirer toutes les leçons de l'épisode, c'est ce qu'ils sont en train de faire. C'est nécessaire. Le président devrait bientôt s'exprimer sur cette regrettable et bien inutile affaire, sans pour autant interférer au niveau des autres pouvoirs constitutionnels. La justice a été saisie et une commission parlementaire a été mise en place. Les magistrats et les élus de la nation auditionnent en toute indépendance chacun de leur côté. Ainsi va la séparation des pouvoirs. Il faut désormais les laisser travailler. Le déchaînement médiatique et politique auquel on assiste laisse à penser, si on ne suit pas le dossier de près, qu'il y eut torture et mort d'homme. Ce n'est devenu une affaire d'Etat que par les pulsions morbides des uns et la passion du buzz des autres. Il s'agit aussi d'une affaire d'étalage. 23 juillet 2018.

 

(*) On le verra dans les prochains jours, si pas dans les prochaines heures, Emmanuel Macron est homme à assumer toute sa charge. Ainsi, il n'hésitera pas à prendre seul la responsabilité du dérapage de son ancien garde du corps. Cela ne le conduira donc pas à reporter celle-ci sur ses collaborateurs; fidèle à l'idée qu'il se fait du rôle éminent et solitaire d'un président élu au suffrage universel sous la Vème République. N'est-ce pas ce qu'avait voulu le général de Gaulle ? 

  

Comme toujours, les réseaux sociaux se délectent de ce genre d'affaire. Ici, un détournement d'image, qui aurait été léger et amusant, s'il ne s'était agi de l'assassinat du président John Fitzgerald Kennedy, le 22 novembre 1963, à Dallas.  A la place du gouverneur du Texas, John Bowden Connally, qui fut grièvement blessé lors des tirs croisés des tueurs, le sieur Benalla ! 

 

>Ping et Pong sont sur un radeau !

 

 

Ainsi donc, après plus de 60 ans de crise, de tension, d’incidents aux frontières, parfois mortels, après cette dernière année d’insultes et de menaces nucléaires, Ping et Pong se sont rencontrés ce 12 juin 2018 à Singapour. Kim Jong-un et Donald Trump ont signé « un accord » sur une « dénucléarisation totale de la péninsule coréenne ». En les observant dans leur étrange pas de deux, parfaitement symétrique, je me disais qu'ils avaient beaucoup en commun. Bien sûr, cela n’est pas discutable, les Etats-Unis, malgré leur imprévisible président actuel, demeurent une grande démocratie et la Corée du Nord une des plus féroces dictatures depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Kim, alias Ping, n’a-t-il pas fait exécuter, dès son accession au trône népotique communiste, tous ceux qui auraient pu lui faire de l’ombre, à commencer par son oncle et son demi-frère ? Ne réduit-il pas son peuple, malgré quelques modestes progrès en clair-obscur, à une masse informe et délirante, condamnée à honorer sa gloire et à vivre dans une extrême pauvreté ? Donald, alias Pong, n’a-t-il pas été élu selon un processus démocratique, certes injuste, mais légal ? Ce qui lui permet aujourd’hui, en toute légitimité constitutionnelle, on peut le déplorer, mais c’est ainsi, de rompre unilatéralement la plupart des principaux accords internationaux et traités signés par son pays avec ses alliés et ennemis. La farce sinistre du dernier G7, au Québec, a démontré, si besoin en était, que le chef de la première puissance mondiale méprise ses "amis", traités en vassaux et non en partenaires. Le multilatéralisme, qui a élaboré, bon gré mal gré, les règles de base et de droit d'une vie en commun à l'échelle de la planète depuis la création de l'ONU à San Francisco, le 24 octobre 1945, est atteint d'une maladie grave: "Me first !". Contrairement aux apparences - "Le monde a échappé à une catastrophe nucléaire", dixit Pong - le spectacle de Singapour en donne une pitoyable illustration. "Mieux vaut faire confiance à son ennemi que de s'entendre avec ses amis" semble devenir l'antienne avouée de Donald Trump. Le contraste avec les roucoulades singapouriennes entre Ping et Pong est sidérant. La communauté internationale est bouche bée devant un spectacle aussi affligeant. Le soi-disant accord bilatéral américano-nord-coréen, inscrit sur une seule page, n’est en réalité qu’une vague déclaration d’intention, laissant dans le brouillard le calendrier, la désignation des installations nucléaires concernées, le type d'armement ainsi que les modalités techniques de démantèlement. Ping et Pong sont sur un radeau au milieu de nulle part. Pour l’heure, il ne prend pas l’eau, mais rien ne dit que d’autres scènes d’invectives et de chantage au « gros bouton » atomique et aux missiles à ogives nucléaires ne sont pas devant nous. Jong-un et Trump sont logiques avec eux-mêmes ; ils sont ivres de leur pouvoir, aiment la provocation et sont prêts à déstabiliser le monde pour parvenir à leurs fins. C’est dire qu’il n’y a pas grand-chose de rationnel actuellement dans leur attitude, si on veut bien se donner la peine de revoir et relire les dernières séquences tragi-comiques de ces 15 derniers mois. Est-ce à un « Sommet historique », comme l’a titré le quotidien « Le Monde », ou hystérique auquel nous venons d’assister ? Sans doute les deux. Ce n’est pas rassurant. Ce qui est sûr, c’est que le président américain a permis à son interlocuteur de gagner à l’international ses galons de respectabilité. Chose impensable il y a quelques semaines encore, chose écoeurante, si l’on songe aux nombreux crimes et atteintes aux droits humains du despote de Pyongyang. C’est évidemment la Chine, protectrice vigilante d’une péninsule coréenne divisée, qui sort une nouvelle fois vainqueure de cet épisode géo-politique.  Pas certain que la Corée du Sud soit véritablement zen en voyant les mines goguenardes de Ping et Pong sur les écrans de télévision. Mais à coup sûr, l’Union européenne, le Canada et le Japon devraient y réfléchir à deux fois avant que d’autres séquences aussi grotesques que déroutantes n’interviennent dans le jeu biaisé du président américain. Nous vivons dans un monde instable sous le joug de Donald Trump, Xi Jinping, Vladimir Poutine, Recep Erdogan, Kim Jung-un, Ali Khamenei, Viktor Orban et consorts. La démocratie et l'état de droit ne sont pas leur plat favori. Ce sont de grands fauves. Là où il y a un fou, il y a un flou ? Nous, les Européens, ne soyons pas naïfs. Il nous faut réagir avec vision, raison et détermination. Dans l'immédiat, le prochain Sommet de l’OTAN, les 11 et 12 juillet à Bruxelles, risque d’entériner ce qui est désormais une fracture transatlantique. Le cirque arrogant de Donald Trump devrait au moins avoir le mérite de resserer les rangs des Européens. Ils n’ont désormais plus rien à perdre en ouvrant la voie à une Europe de la défense. Dans un peu moins d'un an, les élections européennes seront cruciales. Elles opposeront deux camps: les partisans du repli, du populisme et du nationalisme, synonyme de déclin européen, et les tenants lucides d'une Europe refondée, car malade, mais indispensable. Si nous voulons survivre dans les nouveaux équilibres internationaux qui se mettent en place, nous aurons besoin d'une Europe protectrice des citoyens, sociale, sécurisée et puissante.  Le 13 juin 2018.

 

Golda Meir n'avait pas tort, mais la haine ne vient pas de nulle part !

 

                                                                                                                                     17 mai 2018.

 

>Signes extérieurs de séparation !

 

En Belgique, comme dans tous les pays européens, le voile se porte à l'école plus fréquemment que la kippa. C'est logique, les musulmans sont près de 800.000 sur 11.000.000 d'habitants. La communauté juive, à Anvers et à Bruxelles, principales villes où vivent les Juifs religieux et laïques, marginalement à Liège, ne compte un peu plus de 30.000 personnes. Le voile comme la kippa ou la croix chrétienne ostentatoire n'ont pas leur place dans l'école publique. Il faut défendre le droit à choisir sa religion et de pouvoir la pratiquer librement - la laïcité garantit et protège ce droit - mais les croyants, de toutes appartenances, se doivent de respecter la séparation entre les cultes et l'Etat. Sans quoi, le vivre ensemble s'éloignera inexorablement du précieux bien commun.

 

Ancien professeur pendant 13 ans dans l'enseignement général d'un établissement du degré secondaire officiel situé en région bruxelloise, j'ai souvent observé le manque, voire l'absence de repères "juridiques" d'élèves qui, venant d'ailleurs, où les signes religieux ostentatoires étaient autorisés, débarquaient dans mon athénée et s'apercevaient que ces mêmes étendards y étaient interdits. Il y a trop longtemps que le pouvoir politique se défausse sur les directions d'écoles. Celui-ci doit légiférer en la matière et prendre enfin ses responsabilités - ce qu'il fait rarement, le courage n'étant pas la qualité première des politiques - Je suis convaincu qu'il faut laisser les appartenances philosophiques et religieuses à l'extérieur du cadre pédagogique, sans quoi, le communautarisme, qui ne cesse de s'étendre au sein de l'espace public, finira par enfermer chacune et chacun dans sa chapelle (église, mosquée, synagogue et temples divers). Faudra pas s'étonner que ce qui constituait jadis des différences et une richesse se soit métamorphosé en indifférence, voire en ignorance de la vie d'autrui. 02 avril 2018.

 

 

>Les scories de l'obscurantisme !

 

Sur la chaîne de télévision israélienne, I24, Delphine Horvilleur, l'une des deux femmes rabbins françaises, a dénoncé récemment les attaques violentes dont elle fait l'objet sur les réseaux sociaux, coupable, aux yeux de certains Juifs incultes et donc bornés - il y en a - de ne pas respecter une vision orthodoxe de sa religion. Il est vrai - est-ce la véritable raison ? - qu'elle vient de publier, en compagnie du philosophe musulman, Rachid Benzine, au Seuil, un livre de réflexion intitulé: " Des mille et une façons d'être juif ou musulman". Elle aurait donc commis deux fautes majeures: mettre le doute, source de tout engagement intellectuel et spirituel, au coeur de l'intelligence des Textes, dialoguer librement et respectueusement avec un fils du Prophète. Il n'en faut pas davantage en ce bas monde pour subir la malveillance morale, voire la violence théologique d'une part fourvoyée du peuple juif. Il est vrai que Baruch Spinoza, le 27 juillet 1656, en la synagogue d'Amsterdam, subit une sentence radicale de "séparation", un herem d'excommunication de la communauté juive prononcé par les anciens. Son crime ? Avoir exercé son libre arbitre, son esprit rationnel, critique et pourtant bienveillant sur les Textes sacrés de la religion israélite. Près de 362 ans plus tard, en diaspora comme en Israël, il semble que les affres de la pensée unique et la gangrène de l'entre-soi sévissent toujours dans certains espaces grégaires et salles d'assemblées. Voilà une femme, Delphine Horvilleur, généreuse et intelligente, que j’ai eu la chance de rencontrer, qui a choisi un judaïsme libéral délibérément tourné vers une lecture non dogmatique, un judaïsme ouvert à la modernité et à la pluralité du monde contemporain, qui se fait injurier et harceler par les tenants dévoyés d’une hyper/tradition intolérante et figée dans un marbre qui insulte la lettre même de la Torah (« Tu ne te vengeras pas ou tu ne porteras pas grief contre les enfants de ton peuple, tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis le Seigneur. » Lévitique, 19:18) et tout l’esprit du Talmud (lecture plurielle, contradictoire et donc dialectique de la Torah: « Ce que tu ne voudrais pas que l’on te fit, ne l’inflige pas à autrui. C’est là toute la Torah, le reste n’est que commentaire. Maintenant va et étudie ». Rabbin Hillel, début du 1er siècle de l’ère chrétienne, Talmud de Babylone, Traité Shabbat 31 a). Comme quoi, chacun devrait balayer à sa porte les scories, c’est un euphémisme, mortifères de l’obscurantisme, qu’il soit musulman, chrétien ou juif. Tout cela est insupportable. Mon entière solidarité à Delphine Horvilleur. 29 décembre 2017.

 

>L'indépendance n'est pas pour tout de suite !

 

 

Ce 21 décembre, le peuple catalan s’est exprimé clairement, une majorité, en sièges, 70 sur 135, permet aux trois partis indépendantistes de revendiquer la victoire. Si Ciudadanos, le parti unioniste de centre droit, gagne en voix cette élection, avec 37 sièges, il ne pourra cependant transformer ce succès relatif en majorité absolue au parlement catalan. A remarquer le très faible résultat de l'extrême gauche, Podemos, qui a fait campagne contre l'indépendance, et, comme ailleurs en Europe, l'effacement progressif du Parti socialiste. Autant le référundum unilatéral du 1er octobre dernier fut entaché d’une procédure non démocratique et de violences policières du pouvoir central, autant le caractère démocratique de ce scrutin ne peut être contesté. Le Président démissionné, toujours en exil à Bruxelles, Carles Puigdemont, peut donc légitimement affirmer que Madrid a été désavoué, d’autant plus que la formation du Premier Ministre, Mariano Rajoy, le Parti populaire, subit une défaite historique, avec seulement 3 députés régionaux. Il semble que la raison revienne au gouvernement national et, espérons-le, chez les indépendantistes. Le Premier Ministre espagnol, qui, jusqu'à présent, n'a montré que le visage de la brutalité et de la menace, vient de déclarer en effet qu’il proposait désormais aux représentants catalans élus « une coopération ». Cependant, il semble toujours allergique à la personne de l'ex-Président de la Catalogne ... Cette demi-main tendue de Madrid, qui est une première, ne devrait pas être laissée sans réponse positive de Barcelone. Si cela n'était pas le cas, Carles Puigdemont et ses soutiens, Mariano Rajoy et les unionistes en porteraient la responsabilité, car les conséquences pourraient être imprévisibles. Reste à voir ce que chaque partie voudra bien mettre dans le concept de « coopération » … L'Europe, les gouvernements européens, quels qu'ils soient, ne doivent pas, par des déclarations hasardeuses, compliquer la tâche longue et difficile qui attend les Espagnols et les Catalans. 22 décembre 2017.

 

>Faire place à une nouvelle génération !

 

                                                           Jean-Pascal Labille, le Président des puissantes mutuelles socialistes "Solidaris".

 

Jean-Pascal Labille, le patron des mutuelles Solidaris et ancien et excellent ministre de la Fonction publique, écarté à Liège systématiquement par un triumvirat de dirigeants apparatchiks, dans l'édition du "Soir" de ce jour, met les pieds dans le plat: il faut que le Président du PS, Elio Di Rupo, qui règne depuis trop longtemps en bon autocrate sur un parti caporalisé, parte, car il n’incarne plus un projet moderne de société ! Enfin, voilà un cacique de la nomenklatura socialiste qui ose dire tout haut ce que beaucoup de sympathisants, membres et militants pensent tout bas. Problème, la diva de Mons n’entend pas faire place à une nouvelle génération, il aime trop sa verticalité, faire place à une autre manière de faire de la politique, il se méfie beaucoup trop de l’horizontalité ... 16 décembre 2018.

 

>Le foutoir bruxellois !

 

 

C'est peu de le dire que les Bruxellois jugent la capitale de la Belgique et surtout de l'Europe mal gérée. Bruxelles et ses 19 communes sont un condensé de tout ce qu'il ne faut pas faire en matière de gouvernance. Dans ce territoire pas plus grand qu'un confetti, il y a plus d'élus, de mandataires en tous genres (conseillers communaux, de CPAS, échevins, bourgmestres, députés régionaux, ministres régionaux, sans parler des COCOF, COCON, COCOM et autres intercommunales et asbl nombreuses et nébuleuses) que dans les grands pays européens. Les tunnels qui s'effondrent par manque d'entretien. Le chaos permanent de la circulation routière. Les modes de transport alternatifs à la voiture négligés, voire sacrifiés. Les polices locales en relation aléatoire avec la police fédérale et la Sûreté de l'Etat, lors des attentats terroristes de mars 2016. Les zones de police bruxelloises qui ne se coordonnent pas, lors des trois récentes émeutes. Le salage des voiries éclaté entre les 19 communes et la Région, ouvrant ainsi la porte à une désorganisation lamentable, dès qu'il y a 5 cm de neige ... Dire que les principaux élus francophones bruxellois trouvent que tout cela doit continuer ainsi, puisqu'ils se scandalisent, lorsque les Flamands, en toute bonne logique, proposent de rationaliser quelque peu ce véritable foutoir ... 12 décembre 2017.

 

>Trump et Netanyahu sont des imbéciles !

 

                          La belle synagogue de Göteborg, en Suède, victime à nouveau d'actes antisémites.

 

En plus de la violence à Jérusalem, à Gaza, dans les territoires occupés et au Moyen-Orient, provoquée par l'irresponsable et imbécile décision de Trump de transférer l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, fallait s'y attendre, et là, Netanyahu et Cie ne sont pas présents pour y faire face et en payer le prix, on relève, comme il se doit, dans plusieurs endroits de la planète, des propos et des actes antisémites. Ici, en Suède, où l'on crie mort aux Juifs dans une manifestation et où l'on s'attaque à une synagogue ... Bilan: la diplomatie américaine est seule au Conseil de sécurité de l'ONU, à juste titre, Israël est plus que jamais isolé de la communauté internationale et les Juifs de la diaspora sont à nouveau menacés. Il est à craindre que ce ne soit qu'un début. Tout cela pour satisfaire, de manière purement symbolique, car rien, en réalité, ne change sur le terrain, le nombrilisme insensé et la vision à courte vue des nationalistes juifs, religieux ou pas, et des évangélistes chrétiens américains ...

10 décembre 2017.

 

>Jean-Luc Mélenchon, quel écoeurant et sinistre personnage !

 

Regardez comment Jean-Luc Mélenchon traite Laurence Debray, fille de Régis Debray, historienne, écrivain franco-vénézuélienne. Sa grossièreté verbale et sa violence gestuelle en disent long sur son respect de la femme, du débat démocratique et de la laïcité. De plus, fidèle en totalitarisme, il maintient son soutien à la dictature marxiste du Président du Vénézuela, Nicolas Maduro, digne successeur d'Hugo Chavez, qui affame son peuple et remplit les prisons de ses opposants. Mélenchon ? Ecoeurant et sinistre personnage ! 2 décembre 2017.

 

>Le combat solitaire au PS de Charles Picqué !

 

«Il n’y a pas d’insertion sociale possible pour ces casseurs», c'est la déclaration que fait Charles Picqué, président du parlement bruxellois, au journal "Le Soir" aujourd'hui. Elle fait suite aux trois émeutes qui se sont déroulées dans les rues de la capitale de l'Europe en ce mois de novembre 2017. La première, à l'occasion de la qualification du Maroc pour la coupe du monde de foot en Russie l'été prochain, la deuxième, lors de la venue à Bruxelles d'un paradeur, mi-comique mi-sinistre, sur Internet, véritable idole des jeunes ados, et la troisième, dans la foulée d'une manifestation de dénonciation de l'esclavagisme pratiqué en Libye. Parmi tous ces jeunes, il ne sert à rien de se voiler la face, des dizaines, peut-être des centaines de casseurs, profitant d'événements extérieurs à leurs clans et prêts à tout détruire. 27 novembre 2017.

Il m'est arrivé plus d'une fois de me reconnaître dans le pragmatisme de Charles Picqué. Si sa vision sociale démocrate et réformiste avait vraiment prévalu au PS - l'écart entre les paroles de tribunes et les actes de gestion y est sidérant - ce parti n'en serait pas à courir derrière les thèses gauchistes et populistes du PTB. Homme de terrain plus que d'idéologie, sage bourgmestre de Saint-Gilles, ancien excellent ministre-président de la Région Bruxelles-Capitale et actuel Président de son parlement, il a toujours délibérément tourné le dos aux discours démagogiques et communautaristes en vogue au PS francophone belge. Voilà un socialiste qui ne s'enferme pas dans les fantasmes marxistes et qui rompt avec l'immaturité d'un parti aujourd'hui en perdition. Le sirupeux Di Rupo, son éternel président, jamais aussi bon que dans le façadisme, intouchable coulé dans le marbre de la langue de bois, est dramatiquement acclamé par son armée d'apparatchiks, qui vote avec des majorités staliniennes - ce qui en dit long sur la "richesse" du débat démocratique au sein du parti - enivrés par le pouvoir quand ils le détiennent, véritables junkies, accros aux mandats et prébendes, et pitoyables de démagogie quand ils sont dans l'opposition. Charles Picqué est bien seul dans son combat pour le réalisme, la lucidité et le courage. Le 27 novembre 2017.

 

>L'antisémitisme d'une certaine gauche !

Voici le montage et le tweet de Gérard Filoche, après une longue période de militant d'extrême gauche, ancien responsable du PS français, inspecteur du travail à la retraite. Coutumier de coups bas, mais là, son coeur de cible n'est autre que les Juifs. Emmanuel Macron, doté d'un brassard qui ne souffre d'aucune équivoque, manipulateur triomphant du monde, inspiré, voire manipulé lui-même, comme il se doit, par trois figures juives: Patrick Drahi, chef d'entreprise, Jacob Rothschild, banquier, et Jacques Attali, écrivain. Le tout sur fond des drapeaux américain et israélien, au cas où le message ne serait pas assez clair ... Ce genre de sortie sur le "complot juif" n'est pas le monopole de l'extrême droite et des islamistes, versus Tariq Ramadan. Elle est aussi la sinistre compagne politique et culturelle d'un certain nombre de femmes et d'hommes de gauche, qui, sous couvert d'antisionisme, déversent leur antisémitisme viscéral à longueur de tribunes et d'interventions sur les réseaux sociaux. Gérard Filoche a baissé le masque, lui, il se passe très bien du faux nez antisioniste pour montrer sa vraie nature. Malheureusement, il n'est pas seul sur la scène obscène de la haine des Juifs ! 18 novembre 2017.

 

>Charlie Hebdo joue sa mediapartition ! 

 

Charlie Hebdo se paie la tête de l'islamo-gauchiste et admirateur de Tariq Ramadan, Edwy Plenel, ancien journaliste au "Monde" et fondateur de Mediapart. Cela ne lui plaît pas, évidemment ...

 

<Le Prophète en personne !

 

Les journalistes de "Charlie Hebdo" sont à nouveau menacés de mort, suite à la Une de cette semaine. Fidèle à ses valeurs de liberté et de laïcité, l'hebdomadaire satirique titre sur Tariq Ramadan, accusé par plusieurs femmes de violence et d'abus sexuels. A croire qu'il représente pour la horde sauvage islamiste qui le suit l'incarnation du Prophète en personne ...

6 novembre 2017.

 

>L'intelligence ne prévaut dans aucun des deux camps !

 

En mettant en prison les ex-membres de l'exécutif catalan, les autorités judiciaires espagnoles, à l'unisson du gouvernement de Madrid, offrent une bonne raison au camp de l'indépendance de reprendre la main. Avec une certaine bonne conscience, les indépendantistes dénoncent une justice partiale aux ordres et l'ex-président, Carles Puigdemont, depuis Bruxelles, dispose désormais, jusqu'à sa probable extradition, d'une tribune internationale victimaire. Ainsi, les résultats de l'élection régionale du 21 décembre, dont on pouvait penser qu'ils permettraient au camp national de remporter le scrutin, après l'amateurisme affiché par Barcelone, sont plus qu'incertains. La nouvelle galvanisation des partisans de la sécession ne manquera pas de se manifester dans les jours et les semaines à venir. Des deux côtés, le constat n'est guère encourageant: on tourne le dos au dialogue - il faudra bien tôt ou tard le reconstruire, voire le construire - et on manque d'intelligence dans la stratégie, car on semble aimer les difficultés et les embrouillamini. 4 novembre 2017.

 

 

>Carles Puigdemont pas à la hauteur, Charles Michel, otage de la N-VA !

  Le Premier Ministre belge, libéral francophone, Charles Michel, cède souvent à son Secrétaire d'Etat à l'Asile, Théo Francken, nationaliste flamand. 

 

Carles Puigdemont, l’ex-président de la Catalogne, est en Belgique et s'est exprimé depuis Bruxelles. Dès le vote des Cortès sur la mise sous tutelle de sa région par le pouvoir central espagnol, après une brève apparition pour faire diversion à Gerone, il s’est envolé pour la capitale de l’Europe en sachant que des amis l’y attendaient. Les nationalistes flamands, jamais à court de provocation, lui ont lancé en effet une invitation à se réfugier en Belgique, en Flandre, plus précisément. Un avocat flamand, spécialisé dans le droit d’asile, lui a été recommandé ... Certes, il déclare ne pas demander l'asile, mais laisse entendre qu'il restera un certain temps dans la capitale européenne. La honte s’abat sur la Belgique qui donne ainsi le flanc à une critique justifiée, car cette invitation, en provenance du cœur du gouvernement fédéral belge, laisse à penser que l’Espagne n’est pas un Etat de droit et qu’elle n’a pas ou plus sa place au sein de l’Union européenne. On peut reprocher la manière peu nuancée dont use le Premier Ministre espagnol, Mariano Rajoy, dans la gestion de la crise, mais on ne peut pas qualifier l'Espagne d'Etat non démocratique. Tout dans le comportement de Carles Puigdemont montre un amateurisme au service d’un aventurier inconséquent. Cet homme n’est tout simplement pas à la hauteur de la situation qu’il a lui-même créée. Sa conférence de presse bruxelloise, suivie par de très nombreux journalistes internationaux, a tout de même permis de voir un Carles Puigdemont soucieux de récupérer quelque peu sa légitimité. Ainsi, il a déclaré qu'il respecterait le verdict des urnes de l'élection régionale catalane du 21 décembre prochain. Il a demandé à Mariano Rajoy d'en faire autant. Mais, faut-il le rappeler, depuis le début de la crise entre Barcelone et Madrid, il n’a eu de cesse d’improviser, précipitant son peuple dans un schisme dramatique. L’autodétermination d’un peuple est légitime, mais elle ne peut s’obtenir qu’au terme d’une négociation avec le pouvoir central et ce, dans le cadre d’un processus transparent et démocratique sans faille. Cela n’a pas été du tout le cas lors du référundum du 1er octobre et de la déclaration unilatérale d’indépendance du 27 octobre. Aujourd’hui, ce même homme, après avoir généré une forme de chaos en Espagne, en venant à Bruxelles, pour y demeurer ou en partir, peu importe, entraîne dans son sillage une crise de confiance au sein de l’Europe, entre l’Espagne et la Belgique, si pas une crise diplomatique. Le Premier Ministre belge, Charles Michel, après les multiples dérapages de Théo Francken, son Secrétaire d’Etat N-VA à l’Asile, aurait mieux fait de le mettre au pas et de le démissionner, quitte à se brouiller avec son partenaire de coalition. Mais le rapport de force n’est pas en sa faveur. Jour après jour, Charles Michel apparaît de plus en plus comme l’otage des nationalistes flamands, qui font donc la pluie et le mauvais temps dans ce petit et parfois ridicule royaume. 31 octobre 2017.

 

>Le président de la Généralité de Catalogne se discrédite !

 

 

Carles Puigdemont, le président catalan, s'il semble savoir où son objectif devrait le conduire, l'indépendance de sa région, en revanche, ses déclarations aussi velléitaires qu'incohérentes renforcent l'image d'un responsable politique à la dérive; il ne sait visiblement plus où il va. Tiraillé entre son aile gauche radicale, ultra-minoritaire mais activiste, et son aile modérée, soucieuse de ne pas affaiblir davantage la Catalogne, il balance quotidiennement entre ce qu'il promet depuis deux mois à son électorat, déclarer unilatéralement l'indépendance, et un biais, introuvable, qui lui permettrait de ne pas rompre avec Madrid. Du coup, le premier ministre Mariano Rajoy a beau jeu de dénoncer, non seulement l'inconstitutionnalité d'une déclaration d'indépendance, ce qui est juridiquement exact, mais encore et désormais l'illégitimité du président Puigdemont. Par ses improvisations politiques, celui-ci n'est plus en situation de négocier quoi que ce soit avec l'Etat espagnol. Il avait l'occasion de reprendre l'initiative positivement, en convoquant de nouvelles élections régionales. Ainsi, il en aurait appelé à la responsabilité et à la décision du peuple catalan, rattrapant quelque peu le sentiment de flottement constitutionnel du référendum du 1er octobre. Il aurait également permis de couper l'herbe sous le pied de l'activation de l'article 155 de la constitution nationale, qui autorise le pouvoir central à destituer l'exécutif catalan et de neutraliser, par une mise sous tutelle, l'autonomie de Barcelone. A-t-il eu peur du vote du peuple catalan ? Tout le laisse croire. Est-il le jouet des forces contraires au sein du mouvement indépendantiste ? Assurément. Garde-t-il la main dans ce jeu de dupes ? Non, évidemment. La déclaration d’indépendance du parlement catalan de cet après-midi comme l’application de l’article 155 votée par le parlement espagnol ce même jour n’ont aucune chance d’être réellement opérationnelles. Il va y avoir une épreuve de force entre les deux camps, sous forme de résistance civile en Catalogne et d’exercice régalien, voire autoritaire de l’Etat espagnol. Espérons qu’à Barcelone comme à Madrid on saura raison garder. L’Etat de droit en Espagne et en Catalogne a tout à perdre d’une crise politique majeure et bientôt économique au cœur de l’Europe. Le précédent serait très préjudiciable à l’unité de l’Union européenne. 27 octobre 2017.

 

>L'Espagne en irresponsabilité !

 

 

Le premier ministre Mariano Rajoy, représentant de l'Etat de droit ibérique, dont nul ne peut contester l'authenticité et la légitimité, s'est comporté dans la lignée du sinistre régime franquiste: au dialogue nécessaire, il a choisi la violence comme unique réponse à la volonté d'une partie, c'est vrai, du peuple catalan qui souhaite l'indépendance de la Catalogne. Il est aussi regrettable que le Roi Felipe VI ait cru bon de condamner sans nuance plusieurs millions de Catalans, emboîtant ainsi le pas à un gouvernement central ultra-rigide. Il est évident que les conditions juridiques du référendum n'étaient pas réunies. Il est également vrai que dans le chef des indépendantistes se cache, ici et là, un sentiment égoïste, qui semble refuser la solidarité nationale entre régions espagnoles. Ce n'est pas aux Wallons qu'il faut expliquer ce tropisme de nantis ... Il est encore juste de craindre une annonce unilatérale d'indépendance, qui n'aurait aucune chance d'aboutir, tant peu de conditions du droit seraient assurées. Mais ignorer avec mépris et force une telle aspiration est irresponsable. L'Union européenne a mieux à faire que de relayer l'aveuglement institutionnel de Madrid ou la propagande sécessionniste de Barcelone. En la matière, elle marche sur des oeufs; tout précédent aurait des conséquences ailleurs, sur le Pays basque, l'Ecosse, la Flandre, voire la Corse et l'Italie du Nord ... C'est précisément pour cette raison qu'elle se doit d'éviter tout encouragement nihiliste des uns et des autres. De même, les gouvernements des Etats nationaux européens doivent s'abstenir de mettre de l'huile sur le feu en soutenant, par des propos carrés, comme l'a déclaré le président français, Emmanuel Macron, depuis Tallinn, la marche impériale et insensée du conservateur Rajoy. Etre droit dans ses bottes, certes, mais pas des bottes guerrières. Le 1er octobre 2017 restera dans l'histoire de l'Espagne et de l'Europe comme une occasion manquée de promouvoir la capacité des composantes à se respecter et à trouver, par l'indispensable effort de compréhension, un nouvel équilibre politique conforme aux constitutions démocratiques des Etats-nations, unitaires, fédéralistes ou confédéralistes, ainsi qu'au désir légitime des peuples d'être reconnus pour ce qu'ils sont. Toute diabolisation, comme n'a pas hésité à le faire le gouvernement sang et or espagnol, est voie sans issue, si ce n'est celle de la percussion et de l'affrontement. Les communautés humaines, quelles qu'elles soient, ont droit à l'écoute et à la prise en compte, en tout ou partie, de leurs revendications. Ce qui ne signifie pas leur reconnaissance de facto, selon une mécanique sans échanges. Il ne peut y avoir de règlement à ce conflit que politique. Dans cette perspective, le Parlement européen, instance démocratique élue par les citoyens, pourrait proposer ses services pour une médiation nécessaire. Nul ne peut en effet refuser le dialogue, le respect et le compromis. 2 octobre 2017.

 

>Un débat vif, de bonne tenue et sans conséquence !

 

 

Analyse du débat de ce 20 mars entre les cinq grands candidats. Précisons tout d'abord qu'il a été d'une bonne tenue, malgré l'enjeu et la pression de l'événement sur les intéressés. Ce débat n'aura pas permis, me semble-t-il, de bousculer les actuels rapports de force, tout juste déplacer légèrement, dans le cadre des marges d'erreur, un à maximum deux points, ici et là. Rien, en tout cas, qui permette un basculement ou un effondrement des cotes des uns et des autres. Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ont été excellents dans leur genre. Les extrêmes ont fait le spectacle, car, sans se rassembler, sur le social comme sur l'Europe, ils se ressemblent. Ils auront conforté dans leur conviction leurs sympathisants et leur électorat respectif. François Fillon et Benoît Hamon ont été bons, sans plus, tentant de donner le change sans trop d'agressivité, sauf à l'égard d'Emmanuel Macron. Comme attendu, celui-ci fut bien souvent la cible des quatre autres, davantage, mais c'est normal, de Marine Le Pen, car elle pense qu'elle aura en face d'elle au second tour le candidat d'En Marche. Pour sa part, Emmanuel Macron a bien résisté aux attaques tous azimuts et a même pu et su montrer les dents quand il le fallait. Sa prestation a été satisfaisante, sans plus, au regard des risques qu'il encourait dans un match qui l'opposait à ses quatre compétiteurs. C'est lui en effet qui avait le plus à perdre. Je crois qu'il n'en a rien été. Un bémol cependant, alors qu'il a un programme ambitieux et précis, il doit encore améliorer ses interventions, notamment en étant plus concret en terme de propositions. Il ne faut donc pas s'attendre à voir Marine Le Pen dévisser, au contraire, elle pourrait engranger un à deux points de plus dans les intentions de vote, grappillant sur le grand nombre d'indécis. Rappelons qu'elle est donnée à l'heure actuelle à 26% par plusieurs instituts de sondage. Elle pourrait donc atteindre 27 à 28% dans les prochaines enquêtes. François Fillon devrait rester stable, à +- 19 à 20%, n'ayant fait aucune erreur et n'ayant pas été la cible des autres candidats concernant les emplois présumés fictifs de sa femme, de ses enfants et des cadeaux reçus sous forme de costumes à 6.500 euros pièce. Je ne vois pas où le candidat de la droite pourrait trouver une réserve électorale afin d'augmenter son score. Il devrait conserver la confiance de sa base, socle de sa performance actuelle. Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon devraient échanger un à deux points au profit du second, tant sa prestation fut supérieure à son concurrent de gauche. Emmanuel Macron devrait quant à lui demeurer deuxième dans les classements, derrière Marine Le Pen, avec un léger tassement, à 25%. Pour terminer, notons paradoxalement qu'un grand nombre de problèmes ont vu s'exprimer des accords entre Emmanuel Macron et, selon la manière de les aborder, Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon ou François Fillon, validant ainsi, de visu, l'analyse du candidat d'En Marche sur la caducité, sur bien des sujets, du clivage gauche/droite. Voilà, pour l'heure, mon analyse. Attendons les sondages à venir qui la confirmeront ou l'infirmeront. 20 mars 2017.

 

 

>Marine Le Pen trumpiste !

 

Marine Le Pen admire Donald Trump. Elle l'admire tellement qu'elle le copie, ne sachant plus comment répondre au scandale financier qui la vise elle et son parti. Après les emplois fictifs au parlement européen, il y en a tout de même pour près d'un million d'euros, le Front national, à la demande de sa cheffe suprême, a mis en place un système de surfacturation pour les tracts et affiches qu'il met à disposition de ses candidats pour toutes les élections. C'est le kit de campagne. Comme l'Etat rembourse ensuite les frais électoraux, résultat, ce sont les contribuables français qui remplissent les poches de Marine Le Pen et de ses amis. Elle n'a donc plus que la haine trumpiste contre les institutions de l'Etat de droit et les contre-pouvoir - justice et médias - pour expliquer l'injustifiable. Son slogan de campagne, "Au nom du peuple", me rappelle l'opposition radicale que le nazi belge, Léon Degrelle, ami d'Hitler, faisait entre "le pays réel et le pays légal" ... 16 mars 2017.

 

>Hamon et Mélenchon sont dans un bateau !

 

 

Après la droite la plus bête du monde, la gauche la plus stupide. Mélenchon et Hamon, c'est Dupond & Dupont dans un bateau. Ils pêchent dans les mêmes eaux, leurs programmes, sur bien des points, sont similaires, notamment par le côté "pensée magique", leur électorat aussi, ils ont tous deux le melon, c'est normal, mais leurs bretelles sont boutonnées au pantalon de l'autre. Du coup, ils se débattent et font du sur place. Alors qu'une alliance serait en principe profitable aux valeurs et aux objectifs qu'ils sont sensés incarner, derrière une mascarade d'appel à l'unité, ils se méprisent, s'invectivent et se nuisent. Ceci fait les affaires des autres candidats, à commencer par Emmanuel Macron. Ou comment inventer la machine à perdre.

12 mars 2017.

 

>Le programme économique d'Emmanuel Macron !

 

 

La crédibilité d'un programme économique s'identifie au fait que chaque dépense est compensée par une rentrée financière équivalente. Le plan d'investissements d'Emmanuel Macron sera financé jusqu'au dernier euro. Il s'agit d'un programme économique, non pas de rigueur, mais rigoureux. Pour le financer, le détail sera publié le 2 mars prochain, il faudra diminuer la dépense publique de 60 milliards, en 5 ans, car la dette globale de l'Etat, si on la laisse filer, sera payée par nos enfants et petits-enfants. 120.000 postes de fonctionnaires, dont 70% dans la fonction territoriale, seront supprimés, les postes, pas les fonctionnaires, par le non renouvellement d'une personne sur trois qui part à la retraite, toujours sur 5 ans. Baisse de 20 milliards d'impôt pour les classes moyennes et les ménages au revenu plus faible et exonération de la taxe d'habitation, fort injuste, pour 80% des contribuables. Il s'engage aussi à respecter l'étiage des 3% de déficit public pour le ramener, au terme du quinquennat, à 2,9%. Il table sur une croissance modeste, hypothèse prudente, d'une moyenne de 1,6 % l'an sur le quinquennat. L'objectif est de maintenir l'épure budgétaire et de regagner en crédibilité en la matière auprès des partenaires européens, de l'Allemagne, vu son poids économique, au premier titre. Une réforme complète du chômage sera réalisée, qui verra ses allocations s'ouvrir aux indépendants et artisans ainsi qu'aux personnes qui souhaitent démissionner de leur emploi et repartir dans un nouveau projet de vie. Ce qui nous distingue de la droite, c'est que les efforts demandés seront équilibrés et que la protection des personnes les plus fragiles, les allocataires sociaux, les petits retraités, les jeunes sans emploi, sera assurée. Les jeunes feront l'objet de dispositions spécifiques visant à les sortir du chômage, à les former, si ils n'ont pas de diplôme, et à les aider à se réinsérer. Fillon veut supprimés 500.000 postes de fonctionnaires, ne plus faire rembourser par la sécurité sociales les petits soins et augmenter de 2% la TVA sur tous les produits, y compris les plus courants, pénalisant ainsi les revenus faibles. Ce qui nous distingue de la gauche, ce sont les mesures proposées, indispensables, qui seront financées intégralement. Pas de déni du réel, pas de mensonge idéologique. On ne peut pas promettre de distribuer 270 milliards, pour Mélenchon, 400 millards pour Hamon, sans dire clairement où on va prendre l'argent. Ces deux candidats se ressemblent, ils sont l'incarnation de la pensée magique. La réponse est simple: par l'impôt. Ce seront donc les classes moyennes, car les plus pauvres paient peu d'impôts, et les riches l'éludent par l'ingénierie fiscale ou quittent le territoire pour se réfugier dans des paradis fiscaux, qui devront assumer l'effort qui n'est pas annoncé, car c'est invendable, dans les deux programmes du Front de gauche comme du Parti socialiste. Ne parlons pas du programme économique catastrophique de Le Pen, qui prévoit l'abandon de l'euro, le retour au franc et la sortie de la France de l'Union européenne. Jean-Luc Mélenchon prévoit un plan B, proche de la position du Front national, au cas où l'Allemagne ne cèderait pas à son chantage politique une fois au pouvoir. Bonjour la crise économique et sociale, la perte massive du pouvoir d'achat des Français, avec une inflation hors contrôle et l'explosion des déficits publics. En ce cas, la désintégration de l'Europe serait au rendez-vous ...

 

>Un alignement de planètes exceptionnel !

 

Rien n'est fait ! Mais l'institut de sondage belge, Dedicated, publie ce jour un sondage qui place Emmanuel Macron, dans tous les cas de figure, vainqueur de l'élection présidentielle française. Dedicated, à deux mois de l'échéance, a plus d'une fois dans le passé publié une photographie de l'état de l'électorat français, dans le cadre de la marge d'erreur, proche du vote réel. Contrairement à ses homologues français, cet institut n'est pas soumis à l'interdiction de publier des sondages sur le second tour, quant aux différentes hypothèses qui pourraient opposer tel candidat à telle candidate. Voici mon analyse. 
Indépendamment de son projet, qui ne sera connu que dans une semaine, et de l'appréciation positive ou négative que l'on portera sur son contenu, Emmanuel Macron bénéficie d'un alignement de planètes exceptionnel. Regardez plutôt. A droite, le candidat qui aurait dû l'empêcher de figurer en bonne place était Alain Juppé, moins clivant que François Fillon. Il a été éliminé lors de la primaire. François Fillon dévisse totalement, empêtré dans le scandale des emplois surpayés et fictifs de son épouse et de ses enfants. A gauche, le seul qui pouvait menacer Emmanuel Macron, c'était Manuel Valls. Il a été lui aussi éliminé lors de la primaire. Benoît Hamon, bien sympathique, apparaît non comme le candidat du PS, mais de son aile gauche, doté d'un programme peu crédible financièrement. De plus, il pêche dans quasi les mêmes eaux que Jean-Luc Mélenchon. Malgré des velléités de rapprochement, ils sont en train de s'affaiblir mutuellement, car aucun des deux ne veut se retirer pour l'autre. Reste Marine Le Pen, qui sera au second tour, tous les sondages sont unanimes depuis plusieurs mois. Mais, parce qu'il y a un mais, elle subit l'effet du plafond de verre qui lui interdira de remporter l'élection au terme du second tour. Elle plafonne en effet aux alentours des 40%, ce qui est beaucoup mais insuffisant pour gagner. Conséquence de tout cela, Emmanuel Macron, c'est presque mathématique, malgré le creux qu'il traverse en ce moment, suite notamment à ses deux gaffes, l'une, sur la guerre d'Algérie, qualifiée erronément, de "crime contre l'humanité", crime de guerre eut été plus juste, et l'autre, sur la Manif pour tous, qui aurait été "humiliée", a des chances sérieuses et raisonnables de devenir le 8ème président de la Vème République française. Le 20 février 2017.

 

>Emmanuel Macron l'imprudent !

 

 

De passage en Algérie, Emmanuel Macron a cru bon de revenir sur la question du colonialisme, sujet sensible des deux bords de la Méditerranée. Il a qualifié de "crime contre l'humanité" cette période de l'histoire de France. Cette expression est en général réservée aux génocides, herero et nama, arménien, juif et tutsi, y recourir dans le cas de la guerre d'Algérie, est hasardeux. Sans doute "crime de guerre" eut été plus approprié. Le fait aussi que le candidat d'En Marche s'exprime depuis l'étranger, et par n'importe où, n'est pas anodin; aborder le sujet d'une manière aussi lapidaire ne relève pas de la bonne méthode. La question mérite une étude approfondie, les historiens s'y emploient, tant sa complexité saute aux yeux dès lors que l'on s'y intéresse de près. Il y a de l'anachronisme dans ce jugement, même si la colonisation, de manière générale, la France n'est certes pas seule concernée, représente une page noire de l'histoire de l'Occident. Pendant la sale guerre d'Algérie, plus tôt, en Indochine, il y eut beaucoup d'atrocités des deux côtés. Les méthodes expéditives du FLN ou du Viêt Minh n'avaient rien à envier à celles de l'armée française. Toujours est-il que c'est la France qui s'appropria des territoires qu'elle occupa sous la contrainte et qu'elle colonisa, non l'inverse. On l'aura compris, on ne peut traiter un aussi vaste sujet en un trait de plume. Mais pourquoi dès lors, si l'on veut être exhaustif sur le phénomène de la colonisation, ne pas revenir, sur le mode scientifique aussi, et non politicien, sur l'une des plus sanglantes périodes de l'histoire que fut le Djihâd islamique, la Guerre-Sainte des débuts de l'islam, au VIIè siècle ? La conquête et son expansion, dès le Prophète, davantage encore pendant le cycle des Califats, ouvrirent une période de violence et de massacres à grande échelle, d'occupation de terres étrangères et de colonisation religieuse. En mois d'un siècle, l'islam s'établit par la force bien au-delà de son lieu d'origine, l'Arabie, dans quasi tout le Moyen-Orient, l'Asie Mineure et l'Afrique du Nord. Pourquoi sommes-nous amnésiques quand il s'agit de comprendre la sédimentation actuelle de nos sociétés, qui ne s'est pas faite sans partage des crimes contre l'humanité ? Emmanuel Macron a eu tort de revenir trop rapidement et unilatéralement sur un passé qui demande aujourd'hui, plus que jamais, étude et recul. C'est pourquoi je lui ai exprimé mon étonnement devant ses déclarations d'Alger. Pourquoi raviver le feu des ressentiments et rouvrir ainsi un débat politique bien inutile ? Laissons cela à l'historiographie. 

 

>Accords de libre échange !

 

 

Je ne pense pas que le CETA, l'accord de libre-échange Europe-Canada, soit le cheval de Troie des méchants capitalistes. Il s'agit là d'une vision simpliste de l'économie moderne. D'une part, la mondialisation est incontournable. D'autre part, elle génère de la richesse et de la redistribution. C'est un fait. Il est donc vain de vouloir "démondialiser", ainsi que le proposent la vieille gauche et l'extrême droite. En revanche, face aux forces du marché qui veulent faire du profit à n'importe quel prix, les Etats, et pour nous, l'Union européenne, doivent réguler, à savoir fixer des règles, contrôler, à savoir évaluer, et sanctionner, à savoir infliger de lourdes amendes aux entreprises et fonds d'investissement qui ne respecteraient pas les cadres juridiques et politiques fixés par les pouvoirs publics. Suite au combat qu'a livré la Wallonie contre le projet d'accord CETA, les conditions de son application ont été amendées dans deux domaines essentiellement. Les normes sanitaires et d'environnement, à surveiller, et les tribunaux arbitraux. Les premières sont plus sévères, les seconds ne seront plus privés. Merci à Paul Magnette et à son gouvernement wallon. Le texte du CETA lui-même, c'est vrai, n'a pas été modifié, mais bien ses annexes, tout aussi juridiquement contraignantes. Alors, sortons des slogans simplistes et réducteurs et regardons la réalité de l'économie mondiale en face. Le repli sur nos économies nationales, comme le veulent Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et, dans une moindre mesure, François Fillon, serait catastrophique. L'Etat-nation n'est plus en la matière le bon interlocuteur. Là où une vigilance accrue et de la protection, c'est-à-dire l'adoption de mesures fiscales intelligentes, sont absolument nécessaires, c'est au niveau européen. L'Europe ne peut plus être la passoire de l'économie mondiale quand les autres puissances, la Chine, les Etats-Unis, notamment, pratiquent un protectionnisme assumé. Ce 15 février 2017, le parlement européen a voté majoritairement pour le CETA.  

 

>François Fillon, l'homme par qui la morale se déroule !

 

                                       François Fillon aime à dire qu'il possède "une maison", dans la Sarthe ...                                                                                                    

 

"Il ne sert à rien de parler d'autorité si on n'est pas soi-même irréprochable", Francois Fillon. Quand on veut faire la course en tête et qu'on fait la morale (catholique) à tout le monde et que l'on se présente comme un parangon de probité, vaut mieux être irréprochable soi-même. Si ce n'est pas le cas, on ne marche que sur une jambe. C'est apparemment aujourd'hui le cas de François Fillon. "Le Canard Enchaîné", de ce mercredi, révèle que son épouse, Pénélope, a été engagée par son Ulysse de mari, lorsqu'il était député, comme assistante parlementaire pendant de très nombreuses années et aurait touché pour cette fonction honorable, je l'ai été moi-même, une indemnité de 500.000 euros. Elle touchait 9000 euros bruts par mois. Jusque là, pas (trop) de problème, si ce n'est le népotisme de l'affaire. Oui, mais, personne à l'Assemblée nationale ne peut témoigner de sa présence dans l'hémicycle, dans ses couloirs et ses bureaux. Lorsque François Fillon est devenu le "collaborateur" de Nicolas Sarkozy, Pénélope a continué à bénéficier des largesses parlementaires, en étant recrutée ensuite par le suppléant du premier ministre. L'hebdomadaire satirique, toujours bien informé, révèle encore que la même Pénélope aurait touché un salaire de 5000 euros par mois, en tout, pour 100.000 euros, comme "conseillère de publication", à la très catholique "Revue des deux mondes". Pourquoi pas ? Seulement voilà, le propre directeur de cette revue déclare, à part, en deux années, deux notes de lecture assumées par l'épouse du châtelain de la Sarthe, qu'il n'a jamais ni reçu et ni lu de la part de l'intéressée, c'est le mot, la moindre autre publication ... Christine Kelly, la propre biographe de Francois Fillon, dit ne jamais avoir été au courant des supposées fonctions parlementaires de Pénélope Fillon. Elle dit aussi maintenant qu'elle est menacée à cause de son témoignage. Il faut bien avouer que tout cela ressemble à s'y méprendre à des emplois fictifs, l'un sur le compte des deniers de l'Etat, l'autre sur celui d'amis qui siègent au conseil d'administration d'une revue, fût-elle prestigieuse. Et devinez qui fait la Une ce mois-ci de "La revue des deux mondes" ? François Fillon, bien sûr, pour parler certainement de son appétit légitime pour le pouvoir, mais pas, à coup sûr, pour évoquer cet obscur objet du désir qu'est l'argent. Dans le monde de la bourgeoisie catholique, de province et d'ailleurs, à l'image du discret François Fillon et de ses zones d'ombre - taiseux, par exemple, sur son cabinet d'affaires, Gossement Avocats - il est déplacé et vulgaire de parler argent, encore moins de le montrer. Le château de Beaucé, acheté en 1984, que le candidat de la droite préfère appeler manoir, voire maison, je n'invente rien, affiché complaisamment dans "Paris Match", est sans doute une erreur de casting.

 

>François Hollande, si peu président !

 L'humeur vagabonde ...

 

 Il y a la fonction, il y a l'homme, la lumière du pouvoir suprême, la douche des mauvais jours; un clair-obscur que François Hollande incarne jusqu'à l'épuisement. Il y a la fatigue de celles et ceux qui ont vraiment cru à son discours du Bourget, où il fustigeait, par complaisance électoraliste, les hommes de l'ombre de la finance, les ennemis, où il promettait de réanimer le cadavre de la gauche fantasmatique et hors sol. Ça leur a plu ... ils n'en sont jamais revenus. Il y a la droite, dont la mauvaise foi est sans limite, qui n'a jamais appliqué ce qu'elle réclame à coups de hurlements, d'injures et de dérives populistes et martiales, qui promet à son tour, en Narcisse accompli, ce que veut entendre son pré-carré, son électorat chéri, qui a soif de revanche. La droite, qui refuse de voter avec la gauche, et inversement, même lorsque le projet ou la proposition de loi est conforme avec ses propres engagements. Il y a la gauche, toujours en retard d'une révolution, rarement en accord avec le réel, trop absorbée par ses dogmes doctrinaires, ses effets de tribune, qui n'hésite jamais à sacrifier la vérité sur l'autel des promesses non tenues, car irréalistes, et ses haines de clans, qui en disent long sur sa fidélité à la fraternité. Il y a ce dérèglement du débat démocratique, où le verdict des chiffres et des faits ne compte pas, où l'argumentation est un vestige du passé, remplacé par le discours incantatoire et accusateur, où le mensonge prend trop souvent la place de la parole politique, oui, la parole, vous savez, celle, sacrée, que l'on donne aux citoyens comme à un ami que l'on ne veut ni tromper ni trahir. Il y a donc François Hollande, un homme taillé pour la politique politicienne, mais pas pour la présidence d'un pays comme la France. Quand on connait le parcours et la personnalité de François Hollande, où tout concourt au goût du combat politique, il ne fait aucun doute que sa décision de renoncer à se représenter est courageuse. Pourquoi ? Parce que, précisément, elle est un faire-part de mort annoncée, comme l'apparition soudaine et inattendue à l'écran d'un suicide programmé. François Hollande part évidemment sur un échec. Son départ est un échec. Certains lui ont toujours préféré Nicolas Sarkozy. Celui-ci a été un pitoyable président de démagogie et de vulgarité, l'homme des casseroles. François Hollande est un honnête homme, cela ne fait aucun doute. Mais il est bien naïf. Son bilan est contrasté, d'excellentes mesures, comme le mariage pour tous; le Pacte de responsabilité et de solidarité; la loi Macron, avec la libéralisation de certains secteurs économiques; la création de la Banque publique d'investissement; la réforme territoriale; le choc de simplification administrative; l'engagement de 45.000 profs; la guerre contre le terrorisme islamiste; la Cop21. À côté de ça, le choc fiscal, pour ne pas dire la rage taxatoire des deux premières années du quinquennat a été catastrophique pour les classes moyennes; 500.000 chômeurs de plus en 2016 qu'en 2012; l'aggravation de la désindustrialisation de la France; l'affaire Cahuzac, terrible sur le plan symbolique; celle de Trierweiler, abominable de médiocrité, toutes deux lamentables; la sortie rocambolesque et casquée au scooter, ridicule; la déchéance de la nationalité, faute majeure; et, plus récemment, les trop nombreux livres de "confidence" et de commentaire en tous genres, dont le dernier, "Un président ne devrait pas dire ça", intéressant sur le plan de la science politique, mais catastrophique, voire dramatique, pour l'image à la fois de l'institution présidentielle et de la personne du président lui-même. On le voit, ce bilan n'est ni blanc ni noir. Je crois que la personne de François Hollande lui-même ne l'a pas aidé à asseoir sa stature présidentielle. Il en a tiré les conclusions et compris la gravité, en renonçant, oui, courageusement, à se représenter. Pour conclure cette réflexion, je crois également qu'il a pris toute la mesure de l'impossibilité de rassembler les socialistes, profondément divisés entre la vieille gauche, incarnée aujourd'hui par Benoît Hamon, Martine Aubry derrière, sans parler du populiste stalinien, Jean-Luc Mélenchon, et les réformistes sociaux démocrates que symbolise Manuel Valls. Il y a là, comme l'a déclaré l'ancien premier ministre lui-même, deux gauches "irréconciliables". C'est pourquoi je pense que le PS français a de grande chance de ne pas survivre à la présente campagne présidentielle. Mon candidat, pour toutes les raisons que je viens d'évoquer, reste et demeure Emmanuel Macron, seul à même, selon moi, de moderniser le pays, d'opérer une véritable révolution culturelle démocratique, sans aggravation de la fracture sociale et sans révolte dans la rue, seul capable de transcender les clivages obsolètes gauche/droite et la guerre de tranchées qui nuit tant à l'économie, à l'emploi et au rayonnement de ce merveilleux pays qu'est la France. Emmanuel Macron, c'est aussi l'homme qui, sans complexe, aspire à plus d'Europe, à mieux d'Europe. Pour moi, à l'heure des replis identitaires, des velléités de casses sociales et des envolées démagogiques, chacun reconnaîtra les siens, cela signifie quelque chose.

                                                                                                                                 Souvent douché, toujours touché !