>Focus !

 

 

En ce 30ème anniversaire de la tragédie rwandaise, nos pensées vont aux Tutsi, qui ont été massacrés dans le quatrième génocide du XXème siècle (1904/1905, celui des Héréros et des Namas, en Namibie, par les Allemands; 1915, celui des Arméniens par les Turcs; 1939-1945, celui des Juifs par l’Allemagne nazie; 1994, celui des Tutsi par les Hutus, milices et civils compris). Près d’un million de personnes ont été découpées à la machette en trois mois. La France de Mitterrand porte une responsabilité écrasante face à l’Histoire; elle aurait pu empêcher cette horreur. Toutes les enquêtes internationales indépendantes le prouvent. A l’inverse, avec son « Opération Turquoise », l’armée française a permis aux génocidaires de se réfugier au Congo Kinshasa. La Belgique et ses Casques Bleus, dont dix ont été tués à la grenade, n’ont rien fait pour arrêter le massacre. Ils ont abandonné les populations tutsi à leur sinistre sort. Le premier ministre belge, Guy Verhofstadt, a demandé pardon au peuple rwandais le 12 septembre 2011. Les présidents français, Nicolas Sarkozy, les 25 février 2010 et 6 mai 2021, et Emmanuel Macron, les 27 mai 2021 et ce 7 avril 2024,  ont reconnu la responsabilité de la France, "un aveuglement dramatique" pour le premier, une responsabilité "accablante et assumée" par le second. Le président français a demandé pardon, rejoignant ainsi l'attitude de la Belgique. Il n'est jamais trop tard pour bien faire. Le 07 avril 2024. 

 

 

 

                 

               Moscou: un attentat terroriste de l'Etat islamique

                   qui pourrait coûter cher aux Ukrainiens !

 

La fusillade sanglante dans la salle de concert et l'incendie du centre "Crocus City Hall" (banlieue de Moscou) sont des actes terroristes. Pour l'heure, plus de cent personnes y ont perdu la vie et il y a de nombreux blessés graves. Cela nous rappellent évidemment le Bataclan. Toute notre sympathie aux victimes et à leurs familles.

 

L'Etat islamique, groupe Khorassan, a revendiqué l'attentat, exécuté de manière professionnelle. L'EI ou Daech, dont la devise est "Pas de divinité digne d'adoration en dehors d'Allah", a toujours assumé ses opérations terroristes. C'est encore le cas. Le mode opératoire des 5 à 6 islamistes signe l'origine des auteurs. Des musulmans Afghans ou Tadjiks, voire Tchétchènes. Il est vrai qu'il y a un lourd contentieux entre Moscou et les djihadistes, qui n'ont jamais digéré les crimes de guerre du Kremlin en Afghanistan, en Tchétchénie, en Syrie et la mission prédatrice de la milice Wagner en Afrique. 

 

Il ne faut pas compter sur le pouvoir russe pour en savoir davantage. Aucune enquête criminelle en Russie n'est transparente. Aussi, il est à craindre que Poutine, qui vient d'être "réélu" triomphalement avec un score digne de Staline, son grand homme, en profite pour pointer le doigt et ses missiles vers l'Ukraine. L'ex-président russe, Dimitri Medvedev, sorte de voix déréglée de son maître, a donné le ton: "S'il est établi qu'il s'agit de terroristes du régime de Kiev (...) ils doivent tous être retrouvés et détruits sans pitié".

 

Le régime poutinien, qui pensait que la route serait dégagée pour agresser l'Ukraine et que la paix intérieure régnerait, voit aujourd'hui beaucoup de voyants rouges s'allumer. Ce régime mafieux, qui tient son peuple dans une main de fer pour préserver à tout prix la rente extraordinaire du pillage des ressources énergétiques du pays, après la mort "accidentelle" du chef du groupe Wagner, Evgueni Prigojine, et le décès tout aussi "accidentel" de l'opposant Alexeï Navalny, doit aujourd'hui avoir peur, peur de perdre le contrôle des événements et, à terme, le pouvoir et ses luxueux privilèges.

 

Humiliation suprême, il y a quinze jours, les Etats-Unis, la CIA, avait averti publiquement les Russes de la menace imminente d'attentat(s) de grande ampleur à Moscou. Le Kremlin avait ironisé en affirmant qu'ils n'avaient "pas besoin des Américains" pour identifier un tel danger ... "Cela ressemble à un chantage évident". Le FSB, ex-KGB, n'a rien vu venir. Poutine ne manquera pas de remercier ses services de renseignement ...

 

Attention, sa réaction à l'attentat terroriste d'hier pourrait être d'une violence sans précédent. Le peuple ukrainien, qui souffre depuis 2014 (annexion de la Crimée et occupation du Donbass) et 2022 (invasion de l'Ukraine) d'une guerre voulue et menée par la Russie poutinienne, pourrait bien dans les semaines et mois à venir en payer le prix fort, très fort. Vous verrez, Poutine et ses sbires ne tarderont pas à trouver un quelconque lien avec l'Ukraine ...

 

Les Occidentaux doivent anticiper et doter enfin l'Ukraine de tout l'armement nécessaire pour repousser l'agresseur et ne pas lui permettre de gagner la guerre. Sans quoi, il ne fait aucun doute, qu'après avoir détruite l'Ukraine, les régime du Kremlin ne s'arrêtera pas en si bon chemin. Des peuples européens avertis en valent le double. Le 23 mars 2024.

 

 

                Le courage de dire non au tyran !

 

   Cimetière de Borissovo, la foule se presse pour saluer son héros, Alexeï Navalny. Ioulia Navalnaïa au parlement européen.

 

Cet après-midi, dans la banlieue sud de Moscou, il y avait beaucoup de monde pour honorer la mémoire d'Alexeï Navalny, assassiné par le tyran et ses sbires. A son image et celle de son épouse, Ioulia Navalnaïa, ces Russes, jeunes et moins jeunes, ont montré leur courage devant les menaces proférées par le Kremlin en cas "de manifestation" ainsi qu'un service de sécurité qui filmait et photographiait une foule qui scandait "A bas la guerre", "Navalny, Navalny" ! Quand on sait qu'en Russie parler ouvertement de guerre peut vous envoyer en prison pour plusieurs années.

                                                                Le 1er mars 2024. 

 

 

  Recto/verso, "l'affiche rouge" de propagande nazie concernant les résistants étrangers. Mélinée et Missak Manouchian.  

 

Nos pensées pour le peuple arménien, pour tous les "étrangers" qui sont tombés pour nos libertés.

Adresse à une amie française d'origine arménienne,

 

Chère Nathalie,

 

Aujourd’hui, 21 février (2024), je pense à toi, aux tiens, au peuple arménien, jamais apaisés et toujours en alerte face à la menace existentielle. Depuis 1915, le pouvoir turc joue la scène abjecte du mensonge et de la dissimulation sur la scène de l’histoire. Mais en ce jour, un homme et une femme, Missak et Mélinée Manouchian, vont entrer dans le temple de la mémoire française. L’orphelin d’un père fusillé et d’une mère déportée a donné lui-même sa vie pour que la France et l’idée qu’il se faisait de la liberté, cet écho intime de sa terre natale pour la survie, adviennent. Missak et ses 22 compagnons de résistance, juifs polonais et hongrois, italiens, espagnols, ont été exécuté, en ce même 21 février (1944), au Mont Valérien, pour avoir affiché, rouge sang, à la face du bourreau nazi, allié d’une Turquie malade de ses dérèglements ethniques, le visage d’une jeunesse qui se lève. Rien n’a changé sur les flancs du Mont Ararat. Mais ce soir, au Panthéon, Missak et Mélinée reposeront aux côtés de Victor Hugo, de Jean Moulin, de Joséphine Baker et de Simone Veil. Ce n’est pas rien. Ce n’est pas une revanche. C’est la reconnaissance d’une seconde patrie, celle que l’on dit d’adoption, pour l’avoir servie à hauteur d’Homme, pour le sacrifice ultime à l’aube de la vie et de ses promesses.  

 

« Un charmant petit enfant

A songé toute une nuit durant

Qu’il fera à l’aube

pourpre et douce

Des bouquets de roses. »

 

« Laissant derrière moi

mon enfance

ensoleillée nourrie de nature

Et ma noire existence

d’orphelin tissée de

privations et de 

misères,

Encore adolescent ivre

du rêve des livres et des 

écrits,

Je m’en vais mûrir par

le travail de la

conscience et de la vie. » 

 

Missak Manouchian. 

 

Je t’embrasse.

 

 

                 

                   Poutine a assassiné Alexeï Navalny !

 

Charismatique et courageux militant anticorruption, ennemi numéro un de Poutine, Alexeï Navalny, 47 ans, est mort ce matin, a annoncé l’administration pénitentiaire russe. 

 

"Le 16 février 2024, dans le centre pénitentiaire numéro 3, le prisonnier A. A. Navalny s’est senti mal après une promenade et a presque immédiatement perdu connaissance. Le personnel médical de l’établissement est arrivé immédiatement et une équipe de secours d’urgence a été appelée. Toutes les mesures de réanimation nécessaires ont été prises, sans résultats. Les urgentistes ont constaté le décès du condamné, les causes de la mort sont en train d’être établies". Communiqué du service fédéral de l’exécution des peines (FSIN) du district autonome Iamalo-Nenets, dans le Grand Nord russe. Une prison sordide du cercle polaire, modèle stalinien, dont on ne revient pas ... 

 

"Alexeï Navalny s’est battu pour les valeurs de liberté et de démocratie. Pour ses idéaux, il a fait le sacrifice ultime. L’UE tient le régime russe pour seul responsable de cette mort tragique », a déclaré Charles Michel, le président du Conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernements européens. 

Il a poursuivi en écrivant : "J’adresse mes plus sincères condoléances à sa famille. Et à ceux qui luttent pour la démocratie partout dans le monde, dans les conditions les plus sombres. Les combattants meurent. Mais la lutte pour la #liberté ne se termine jamais".

 

Alexeï Navalny purgeait une peine de dix-neuf ans de prison pour "rébellion et extrémisme". Il avait été arrêté en janvier 2021 à son retour insensé en Russie après avoir été soigné en Allemagne pour empoisonnement, oeuvre des nervis du FSB (ex-KGB) sur ordre du Kremlin. Le petit Tsar avait fait transférer au Pôle Nord l'homme qui l'empêchait de dormir pour le voir dépérir et mourir.

 

C'est chose faite. A dater de ce jour, nul doute que ses dissidents intérieurs et extérieurs vont lui rappeler de manière permanente et obsédante ses crimes innombrables contre l'humanité. Poutine n'a aucune limite. Il serait temps que l'Occident lui montre vraiment les dents. Le 16 février 2024. 

 

 

 Israël: Un but de guerre pour quel objectif politique ?

 

Il y a tout juste deux mois que le Hamas infligeait à Israël un pogrom plus jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale. 1400 personnes y ont perdu la vie pour le seul fait qu’elles étaient juives. Les images des tortures, des viols, des décapitions et des tueries de masse demeureront dans nos mémoires comme autant de rappels vitaux à la vigilance existentielle pour le peuple israélien, plus largement, pour toutes les communautés juives en diaspora. Cela ne sera jamais pardonné. Le Hamas, dans sa capacité de nuisance, de menacer et de détruire Israël, doit effectivement disparaître. 250 otages ont été kidnappés, violentés et emmenés dans les sinistres tunnels gazaouis. Les très lourdes frappes aériennes et terrestres de Tsahal ont eu comme but de guerre l’éradication des infrastructures militaires et politiques de l’organisation islamiste terroriste. Ici, nous avons adhéré à cet axiome, car Israël est convaincu, les Israéliens très largement aussi, que l'Etat hébreu joue sa survie.  

 

Nous voyons donc bien le but de guerre recherché par Israël. Mais nous ne voyons pas, derrière le brouillard de la guerre, in fine, l’objectif politique du gouvernement de Benjamin Netanyahou. L’armée israélienne a durement touché Gaza-ville, au nord. Pour raison, elle a diffusé le récit des centres opérationnels du Hamas qui s’y trouvaient. Une grande partie de cette zone de l’enclave a été détruite. Différentes sources parlent de 10.000 morts, dont 3000 combattants; beaucoup d’entre eux passant du statut de milicien à civil aussi rapidement qu’il faut pour quitter une rampe de lancement de roquettes et rejoindre la rue parmi la population en détresse. 

 

On ne dira jamais assez que le Hamas fait de la population gazaouie un otage de masse; il n'a pas caché sa volonté qu'il y ait le plus de victimes possible parmi les civils palestiniens. Le Hamas détourne une très grande partie de l'aide humanitaire qui arrive à Gaza; nourriture, pour alimenter ses combattants dans les tunnels, produits pétroliers, pour le carburant des rampes de lancement de missiles et roquettes tirés chaque jour sur le territoire israélien. Le Hamas se fout de son peuple.   

 

La trêve d’une semaine a permis la libération d’une centaine d’otages et celle de 300 prisonniers palestiniens. Il en reste encore 140. Les uns victimes du terrorisme, les autres, pour certains d’entre eux, acteurs du terrorisme. La suspension des hostilités a également permis au Hamas de restructurer et déplacer sa logistique meurtrière vers le sud de Gaza. Tsahal détient de nombreuses informations recoupées par les observations au sol (de ses soldats mais aussi d’informateurs palestiniens), par les images satellitaires et de drones, par l’exploitation ultra pointue des algorithmes de l’Intelligence Artificielle, selon lesquelles le Hamas s’est installé, via les tunnels et les flux de populations, dans la deuxième grande ville de Gaza, Khan Younès. Yahya Sinward, son leader, s'y trouverait.  

 

Depuis le début du conflit, Israël a demandé au 1 million 800 mille Palestiniens qui vivaient au nord de l’enclave de migrer vers le sud. Pour la grande majorité, ils ont suivi la recommandation de Tsahal. Beaucoup d’entre eux se sont réfugiés à Khan Younès, aujourd’hui bombardée massivement. On évoque 5000 morts de plus, ce qui ferait 15.000 côté palestinien depuis le début de la guerre. Certaines sources israéliennes, issues de l’état-major de l’armée, reconnaissent 10 à 13.000 morts, dont 5000 terroristes islamistes du Hamas. Impossible de vérifier ces chiffres. Seule certitude, à Gaza, il y a beaucoup de civils victimes des bombardements. Une guerre fait toujours beaucoup de morts, et celle-ci, ne jamais l’oublier, est l’œuvre de l’agression barbare du Hamas, le 7 octobre. Mais le ratio de 1 combattants éliminé pour 3 civils tués, c’est exceptionnel, c'est trop.  

 

Après Khan Younès, Benjamin Netanyahou et ses acolytes d’extrême droite vont-ils ordonner à l’armée de poursuivre son offensive terrestre jusqu’à Rafah, à la frontière égyptienne ? Vont-ils pousser les 2 millions 500 mille Gazaouis à forcer le poste frontière sud de Gaza ? Vont-ils les précipiter dans la mer Méditerranée ? Rien de tout cela ne tient la route, vous vous en doutez. En attendant, Israël et la communauté internationale font face à une énorme crise sanitaire et humanitaire. Une tragédie humaine pourrait advenir.

 

Alors ? Quel est l’étape suivante dans la tête du gouvernement israélien ? Quid de la gestion future de Gaza ? Qui en sera responsable ? On ne voit rien venir. Israël a un but de guerre. Bien, mais sans objectif politique, la guerre devient un bain de sang absurde. L'Etat hébreu ne peut pas détourner la tête et dire,"après moi, les mouches !". L'éthique juive est en totale contradiction avec ce type

d' attitude.  

 

Israël semble sourd aux pressions internationales, aveugle aux drames humains et muet quant à l’avenir des relations israélo-palestiniennes. Ici, nous continuerons, en dépit des insultes d’un côté, des menaces de l’autre, d’en appeler à l’ouverture de nouvelles négociations de paix entre les parties.

 

Il n’y aura pas d’autres solutions viables sans l’édification d’une Etat palestinien cohérent, viable et démocratique, un Etat qui reconnait l’existence et la sécurité d’Israël comme l'un des points cardinaux de tout accord de paix. Cela se fera sans le Hamas, sans le Jihad islamique, sans le Hezbollah et son maître iranien. Cela se fera avec la contrainte des Etats arabes, des Etats-Unis et de l’Union européenne. Aux urnes, dans quelques mois, les Israéliens devront choisir. Soit la guerre éternelle et l’attrition des deux camps, soit le courage et la volonté de coexister. Nous sommes confiants dans la lucidité et la maturité politique d’une majorité d’Israéliens. 

 

Benjamin Netanyahou et les radicaux juifs qui l’accompagnent, incapables de protéger leur peuple, on l'a vu le 7 octobre, devront partir et laisser la place à une nouvelle équipe bien décidée à affronter les dossiers qui pourrissent la vie des citoyens depuis longtemps. A commencer par les insupportables colonies juives en Cisjordanie, illégitimes, dangereuses, assassines. Nous n’avons pas la solution miracle, mais il est évident que rien ne pourra progresser sans un règlement (international). Du côté palestinien, il est évident que l’actuelle Autorité a perdu tout crédit, tant parmi les populations de Cisjordanie que pour beaucoup d’Etats de la région et dans le monde. Là aussi, de nouveaux dirigeants légitimes devront prendre la place d’un gouvernement palestinien exsangue. Que se dessine, enfin, un nouveau projet politique à deux Etats. Et le plus tôt sera le mieux.  Le 7 décembre 2023. 

 

   

       Qui est pour une nouvelle Guerre de 100 ans ? 

 

Le Hamas ou l’infamie ! 

 

Le 7 octobre dernier, un pogrom d’une ampleur sans précédent depuis l’Holocauste nazi, a marqué à jamais l’histoire contrastée d’Israël et tragique du peuple juif. 1400 personnes ont été massacrées, violées, torturées, éventrées, coupées en morceaux, pendant que les barbares du Hamas tiraient à la kalashnikov, hurlaient leur jouissance aux cris d’Allah akbar et dansaient frénétiquement devant les cadavres mutilés, déchiquetés et les agonisants, bientôt achevés, baignés dans leur mare de sang. 

 

Nous avons eu l’occasion de regarder, pour partie, les images filmées par les terroristes palestiniens eux-mêmes et montées par les services de Tsahal, l’armée israélienne. Comment dire ? Les scènes montrées, et il le fallait, resteront pour toujours dans le regard et la mémoire des journalistes et des représentants politiques qui ont accepté de les regarder. Beaucoup d’entre eux en sont ressortis en larmes, malades, le visage dévasté. Insupportable "spectacle", dont le groupe terroriste islamiste porte à jamais la culpabilité. Il s’est repu de l’extrême souffrance des innocents, forfait immonde planifié de longue date et exécuté en deux jours. Il signe là une infamie qui ne sera jamais pardonnée. 

 

Le piège iranien ! 

 

Le 7 octobre a été minutieusement organisé depuis Téhéran et Beyrouth; mollahs iraniens et Hezbollah libanais unis par une haine délirante pour détruire Israël. Mais, dans un premier temps, l'objectif était de briser les accords dits d'Abraham - patriarche spirituel dans le judaïsme et l'islam (Ibrahim) - qui, sous présidence Trump, avait permis le rapprochement stratégique entre l'Etat hébreu et certaines monarchies du Golfe persique, Arabie saoudite, Emirats Arabes Unis, Dubaï, le Maroc et le Soudan.

 

Pour les chiites iraniens et leurs proxis libanais, irakiens et yéménites, le fait que les Arabes sunnites se rapprochent économiquement et politiquement d'Israël était intolérable. D'où la planification sophistiquée, une horlogerie bien réglée, de l'attaque du 7 octobre. Elle a réussi à atteindre son but, en tout cas, jusqu'à présent. Le monde arabo-musulman sunnite a mis un arrêt aux négociations en cours avec Israël. Est-ce une simple suspension ? Il est trop tôt pour répondre. Quoi qu'il en soit, l'Iran et le Hamas sont les grands gagnants de toute cette opération. L'Arabie saoudite de Mohammed Ben Salman (MBS), leader arabe incontournable, va-t-elle tomber dans le piège iranien ?  

 

L'énorme faille des accords d'Abraham, c'est le total oubli des Palestiniens, comme si le conflit qui pourrissait la vie du Moyen-Orient et des nations depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale était passé par pertes et profits; perte pour le peuple palestinien, profit pour les ultras-israéliens. Benjamin Netanyahou, là encore, porte à cet égard une responsabilité écrasante, lui qui a fait du Hamas, via le Qatar, un interlocuteur utile à l'affaiblissement de l'Autorité palestinienne. L'attaque du 7 octobre, c'est une réalité difficile à admettre, qu'on le veuille ou non, a remis la question palestinienne au coeur des grands dossiers internationaux. Reste à s'en saisir une bonne fois pour toutes dans les mois et années à venir. Il est cependant un préalable fondamental que nul en ce monde ne pourra éluder.   

 

Israël ou le droit de se défendre !

 

Après le traumatisme de toute une nation et des diasporas juives, Israël et son armée ont répondu à l’agression en frappant durement le nord de la Bande de Gaza, après avoir encouragé les populations gazaouies, contre la volonté meurtrière du Hamas, de fuir vers le sud de l’enclave. L’objectif de guerre avoué était, et est toujours, l’éradication des infrastructures militaires et politiques du Hamas. Une fois déclaré, il faut le faire et ce n'est pas une mince affaire. Il fallait donc organiser une opération terrestre, aérienne et navale massive. Depuis plus d’un mois, les bombes et les obus israéliens n’ont cessé de pleuvoir sur tous les lieux de pouvoir occupés par le Hamas dans la ville de Gaza. Plusieurs milliers de ses combattants ont d’ores et déjà été neutralisés. D’autres suivront, c’est une certitude.

 

Beaucoup de Palestiniens civils ont été tués. Ce qui tient de "ministère de la santé" gazaouis, aux mains du Hamas, parle de 15.000 morts, chiffre invérifiable, dont des femmes et des enfants.  Beaucoup de corps, non recensés, sont toujours enfouis sous les décombres. Des hommes, dont une partie indéterminée et fantomatique faisait partie des milices du Hamas; combattant, non en treillis militaire, mais en habits civils. Aller distinguer après ça miliciens et non terroristes. 

 

La honte d’être belge et espagnol ! 

 

Les premiers ministres espagnol et belge, Pedro Sanchez et Alexander De Croo, se sont rendus en Israël, en Cisjordanie et en Egypte pour visiter notamment les kibboutzim dévastés du 7 octobre et rencontrer le président et le premier ministre israéliens, Isaac Herzog et Benjamin Netanyahou, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, ainsi que le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi. A la suite de quoi, les deux chefs de gouvernement européens n’ont pas trouvé mieux à faire, minimum syndical, qu'exprimer leur sympathie à l’égard des victimes et des familles israéliennes, mais surtout, dans la foulée et de manière solennelle, condamner dans des termes quasi unilatéraux les bombardements intensifs d’Israël sur certains quartiers de Gaza-ville. 

 

Il n’y a pas à dire, le premier ministre belge et son alter ego hispanique ont fait fort. A tel point que le Hamas lui-même, mais oui, dans un communiqué dédié, a qualifié le discours d’Alexander De Croo, nous citons, "de courageux et clair" … Pas moins. Etre félicité ainsi, en plein chantage des Brigades Al-Qassam (branche militaire du Hamas) sur les otages, par ce que les Etats-Unis et l’Union européenne rangent parmi les organisations terroristes constitue un fait de gloire pour les terroristes et de honte absolue pour les exécutifs belge et espagnol. Il s’agit ni plus ni moins d’un affront affligeant à l’égard des  démocraties du Vieux Continent. En hébreu, honte se dit "bousha" ! 

 

Le premier ministre belge condamne (pour la forme) le massacre du 7 octobre, ce qui lui permet, en miroir déformé, de dénoncer avec force les frappes de Tsahal à Gaza, dont il faut évidemment regretter les victimes civiles. Il laisse ainsi entendre que le véritable agresseur est Israël, alors que l’Etat hébreu, seule démocratie au Moyen-Orient, a dû répondre à un pogrom d’une organisation islamiste qui lui impose une asymétrie très défavorable. 

 

De Croo et Sanchez ne font aucune distinction dans l’intention. C’est une faute majeure. D’un côté, de massacrer des Juifs, femmes, enfants, hommes et vieillards, parce qu’ils sont nés juifs - aux yeux des nazis, la Shoah n’a eu d’autre raison d’être que celle-là - De l’autre, de tenter de réduire au maximum la capacité meurtrière et politique du Hamas, nichée dans les écoles, hôpitaux, mosquées, immeubles d’habitation. Comment une armée conventionnelle peut-elle faire face sans dommages collatéraux à une entité hybride qui pratique la guérilla terroriste ? 

 

Monsieur le premier belge, nous vous soupçonnons de n’avoir aucune référence philosophique; le concept d’intention, traité dans des textes fondamentaux, y est renvoyé à la responsabilité. Vous semblez par ailleurs amnésique concernant un principe juridique essentiel: l’intention, dans tout procès pénal, flèche directement la culpabilité à des degrés variables de gravité. L’intention dans ce conflit est la principale grille de lecture. Vous l’ignorez superbement derrière votre confortable leçon de morale. Il n’est donc pas possible de renvoyer dos à dos Israël, Etat de droit agressé sauvagement, et une milice terroriste à la solde d’un Etat totalitaire, lui-même terroriste, l’Iran chiite des mollahs. 

 

Il sort de l'anonymat par une lâcheté !

 

Connaissez-vous le premier ministre irlandais, Leo Varadkar ? Non, nous non plus, enfin, jusqu'à ce jour. Lors de la libération des otages samedi 25 novembre, la petite Emily, une fillette israélo-irlandaise de 9 ans, a pu retrouver son papa après 50 jours de détention, kidnappée elle aussi le 7 octobre par les fanatiques du Hamas. Après cette libération, le chef du gouvernement de la République d'Irlande a déclaré tout bonnement: "C'est un jour de joie et de soulagement immense", se réjouissant ... "qu'une enfant innocente ait été retrouvée après s'être perdue ..." Ça, c'est de l'information, ça, c'est de la déontologie politique ! Comme déni de ce qui s'est passé, comme lâcheté, c'est difficile de faire plus ignoble. Emily s'est perdue, tout simplement ... Comme à Bruxelles et à Madrid, où le courage des politiques n'est pas vraiment la marque de fabrique, vous devez savoir qu'une importante communauté arabe, notamment palestinienne, vit à Dublin. Elle est pas belle l'Europe des politicards ?       

 

Un ratio de 1 à 3 !

 

Depuis trois jours, suite à de laborieuses tractations en coulisses, un accord a été finalisé relatif à l’échange d’une cinquantaine d’otages détenus dans les tunnels du Hamas, le "métro" de Gaza, et 150 prisonniers palestiniens, femmes, jeunes enfants et hommes qui n’ont pas de sang sur les mains en Israël. Le ratio est donc de 1 à 3. Pour rappel, la libération du soldat Gilad Shahit, le 18 octobre 2011, après 1940 jours de détention, avait forcé Israël à libérer 1000 Palestiniens, dont de nombreux terroristes, ceux-là mêmes qui sont les organisateurs du pogrom du 7 octobre. Ces faits illustrent combien Israël, première armée du Moyen-Orient et puissance nucléaire, est vulnérable mais pas défait, face à l’asymétrie du terrorisme.

 

Les garants de l’accord, que sont les Etats-Unis, d’une part, le Qatar et l’Egypte d’autre part, ont eu raison des réticences du gouvernement Netanyahou, son extrême droite en tête, et de la perversité des dirigeants du groupe terroriste. Perversité calculée, car le deuxième échange, celui de la nuit passée, a fait l’objet au dernier moment d’un chantage crapuleux. Doha et Le Caire, humiliés, ont su rapidement faire revenir la branche militaire du Hamas au respect des engagements.

 

Le dilemme pour Israël est comment négocier avec un ennemi que l’on veut détruire et donc, d’une certaine manière, comment faire confiance aux dirigeants mafieux du Hamas, eux qui vivent grassement en sécurité dans leurs palais qataris, eux qui mentent et martyrisent le peuple palestinien ? En toute sécurité, mais pour un temps seulement. Le Mossad possède une mémoire longue. Les services de renseignement et d'action ont mis 20 ans pour éliminer tous les terroristes palestiniens qui avaient participé au massacre des athlètes israéliens aux Jeux olympiques de Munich, en 1972.

 

L’accord prévoit quatre phases. La première marche a été franchie vendredi 24 novembre. 13 otages, dont 4 enfants et 6 femmes et 3 étrangers thaïs ont été échangé contre 39 Palestiniens. Dans la nuit du 25 au 26 novembre, la deuxième marche a permis la libération de 24 otages, 13 Israéliens et 11 étrangers, pour 39 prisonniers palestiniens. Au troisième jour de la trêve, ce soir, ce sont 14 otages israéliens et 3 étrangers qui ont fait l’objet d’un échange avec 39 autres prisonniers palestiniens. Demain 27 novembre, en principe, la quatrième  partie de l’accord devrait être respectée. Rien n’est moins sûr cependant, tant les intox côté palestinien et les tensions côté israélien sont croissantes.   

 

Le Hamas est renforcé !

 

On en est là. Nul ne sait à ce stade si la trêve va pouvoir être prolongée - ce qui serait nécessaire pour les autres otages - ou si les combats vont reprendre d’ici le début de la semaine. En acceptant l’échange, en validant une négociation, même indirecte, avec le Hamas, sous l’intense pression de ses alliés occidentaux, Etats-Unis first, Etats européens ensuite, qui ne pèsent pas grand-chose, faut-il le préciser, si ce n’est le poids des financements aux Palestiniens. Israël a permis ainsi à l’organisation terroriste sunnite d’apparaître dans le monde arabe comme l’incarnation de "la résistance armée" au "satan sioniste". C’est assurément une grande victoire politique pour le Hamas, qui, depuis le 7 octobre, était déjà salué dans les rues arabes, au-delà, musulmanes, comme le fer de lance héroïque palestinien contre l’Etat juif, voué à disparaître, "tôt ou tard, du Jourdain à la Méditerranée" … 

 

Il devront s'y faire: Israël vivra !

 

Nous n’oublions pas qu’il reste dans les sinistres geôles du Hamas plus d’une centaine d’otages juifs israéliens et étrangers. Israël doit tout faire pour les faire libérer, à défaut, les libérer lui-même, mais à coup sûr, ce qui est loin d’être assuré. Toute erreur en la matière serait une faute criminelle, que la majorité des Israéliens de pardonnerait pas. Le gouvernement israélien va devoir choisir sa priorité.

 

Une partie importante de la communauté internationale a pris fait et cause pour "la résistance" palestinienne, terrorisme inclus. En Occident aussi, sur les campus américains et européens, dans les rues de Washington, Londres, Berlin, Paris, Madrid, Bruxelles, une certaine jeunesse, qui ne connait rien à l’Histoire, qui s’en moque apparemment, instrumentalisée par les islamo-gauchistes et les wokistes identitariens, toujours prompts à vomir l’Etat hébreu et à renvoyer le peuple juif à une errance éternelle, signifie manifestement à Israël qu’il doit dégager. Ils en seront pour leurs frais. 

 

Tous les moyens seraient bons pour parvenir à l’édification d’un Etat palestinien, massacres et pogroms compris, la belle affaire. Il semble que l’enseignement et l’éducation des enfants, adolescents et jeunes adultes aient eu de sérieux trous noirs dans la raquette de la mémoire et de la conscience humaine. Comme si les leçons du passé ne servaient plus qu’à remplir d'un vide sidéral les livres et documentaires d'information devenus aussi poussiéreux qu'obsolètes. Mais Israël a le cuir solide, Shoah oblige, malgré toutes les agressions depuis 1948. Ses ennemis devront s'y faire: Israël vivra ! 

 

Deux Etats ou le désastre général !

 

Ici même, nous continuerons à justifier le droit et le devoir d’Israël à se défendre et à protéger sa population. Une chose essentielle que le gouvernement nationaliste et ultra-religieux de Netanyahou n’a pas su faire le 7 octobre. A coup sûr, après la guerre, le premier ministre et les extrémistes qui en font partie en paieront le prix. Mais il faudra voir plus loin, au-delà du conflit, dont on ne discerne pas les contours d’une gestion future de Gaza. L’Histoire ne repasse jamais, dit-on, les mêmes plats. A voir. En ce qui concerne le conflit israélo-palestinien, ça fait 75 ans que cela dure et que les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. Quelqu’un est-il pour une nouvelle Guerre de 100 ans ? 

 

Israël devra bien déterminer un jour un objectif politique, cruellement absent en ce moment. La cécité abyssale est le handicap premier du gouvernement israélien. Soit l’Etat hébreu choisira, via de prochaines élections législatives, non encore fixées, de prolonger indéfiniment l’état de guerre, avec toutes les conséquences dramatiques pour chaque citoyen israélien, juif, arabo-sunnite, druze chiite, chrétien ou bédouin. Soit le peuple israélien donnera une majorité stable à de nouveaux représentants pour changer le cap politique catastrophique des 20 dernières années, un mandat clair pour donner une nouvelle chance à un processus de paix avec les Palestiniens, organisations terroristes exclues. Nous pensons qu’il n’y a pas d’autre solution. Les fascistes et les colons israéliens, minoritaires, devront s'y soumettre. A défaut, une guerre civile en Israël n'est pas exclue. 

 

Nous croyons que ce chemin est nécessaire, vital pour Israël, auquel nous sommes très attachés, et incontournable pour le peuple palestinien. Le monde entier y est favorable. Nous pensons maintenant que les parrains occidentaux et arabes d’une négociation à venir doivent anticiper et préparer demain, à savoir, baliser dès à présent entre le souhaitable, le possible et l’indispensable. C’est-à-dire comprendre que l’étape première pour y parvenir passera nécessairement par la contrainte: imposer, oui, imposer, aux deux belligérants (sans Hamas et Jihad islamique), dès que les armes se seront tues, une nouvelle et audacieuse architecture de négociations. Pourquoi pas sur base des accords d’Oslo ? 

 

A terme, ici même, nous continuerons à oeuvrer, modestement mais fermement, pour une cohabitation pacifique entre deux Etats, qui devront vivre côte à côte, et non plus face à face, dans un rapport d'attrition asymétrique. Dans cette perspective - selon nous, c’est une question d’une demie décade à une décennie - Israël doit pouvoir disposer de toutes les garanties relatives à sa légitimité et à sa sécurité. C’est incontournable. Les représentants démocratiquement élus et légitimes des Palestiniens doivent pouvoir à leur tour s’appuyer sur une configuration d’un Etat viable et cohérent, quel que soit le choix arrêté du périmètre de ses frontières. La route sera longue et difficile. A défaut, l’alternative, c’est un désastre pour la communauté internationale, la ruine et le malheur pour toute la sous-région du Levant. Il ne devrait plus y avoir de place, là-bas et ici, pour la haine nationaliste et religieuse. 

                                                                     Le 26 novembre 2023.    

 

 

                          Les colonies juives de Cisjordanie

                  doivent être démantelées ou échangées !

 

Cela fait des dizaines d’années que les gouvernements israéliens successifs, ceux de Benjamin Netanyahou en tête, tolèrent, favorisent ou promeuvent la colonisation juive dans le territoire palestinien. Appelons un chat un chat. Il n’y a aucune légitimité à une entreprise d’épuration ethnique qui ne dit pas son nom. Que les religieux ultras et orthodoxes juifs ne viennent pas justifier cette occupation par le récit de la Bible, respectable à bien des égards, mais truffé de paraboles peu historiques, essentiellement à vocation symboliques. Spinoza, dans son "Traité théologico-politique", a suffisamment démontré les incohérences et les contradictions de la saga biblique pour ranger les imprécations religieuses d’un judaïsme dévoyé, parce que dogmatique, dans la colonne des fakes news.

 

La guerre entre Israël et le Hamas, provoquée par le groupe terroriste palestinien aux ordres de l’Iran et de la Russie, est une nouvelle tragédie dans la longue marche des deux peuples concernés. Ce qui s’est passé le 7 octobre dans les kibboutzim, au cours du festival de musique techno ainsi qu’au commissariat de Sderot est une infamie génocidaire qui exigeait d’Israël une réponse militaire à la hauteur de ces pogroms. C’est bien le cas, avec toutes les conséquences humanitaires catastrophiques. A ce jour, Israël dénombre 1300 civils massacrés les 7 et 8 octobre et 366 soldats tués depuis. 

 

On ne dira jamais assez la responsabilité du Hamas quant à la prise en otages des populations civiles de Gaza. Ses combattants, lâches et barbares, n’hésitent pas à s’installer dans et sous les hôpitaux, les écoles, les mosquées et les immeubles d’habitation gazaouis et interdisent aux civils, par la menace et l'exécution, comme le demande Tsahal, de quitter le nord de l’enclave pour se réfugier au sud.

 

Mais le gouvernement de Benjamin Netanyahou, au sein duquel siègent des fanatiques d’extrême droite, nationalistes et religieux, portent aussi une grave responsabilité dans les événements. Ces incapables n’ont pas hésité à envoyer des dizaines de milliers de soldats en Cisjordanie occupée pour protéger les colons, colons qui ne cessent de harceler et d’agresser les habitants palestiniens. Pendant ce temps, le sud-ouest d’Israël n’était pas protégé le 7 octobre …

 

Le Hamas et le Jihad islamique, parfaitement informés des béances coupables de la sécurité israélienne, en ont profité pour accomplir leurs massacres. Les comptes en Israël se régleront dès que cette guerre se terminera. On mesure mal aujourd'hui l'ampleur des conséquences de tout ceci.

 

La présence de 400.000 colons en Cisjordanie est LA plus pierre d’achoppement sur le chemin de la paix. La perspective vitale d'un apaisement pour les deux peuples ne pourra s’ouvrir qu’à la condition que l’épineux dossier de la colonisation soit réglé. A savoir, soit le démantèlement pur et simple des colonies juives, soit un accord d’échange de territoires permettant la viabilité d’un Etat palestinien démocratique. Oui, démocratique, car Israël ne saurait vivre aux côtés d’un Etat islamiste terroriste, qui inscrit dans sa charte ou sa constitution la disparition de l'Etat hébreu, à l’image du Hamas, du Hezbollah libanais et de l’Iran des mollahs.

 

Un tel processus de négociations entre les deux belligérants, nécessairement encadrés par les partenaires occidentaux et arabes des deux camps, ne pourra s'accomplir qu'à la force du poignet de chacun. Il faudra aussi régler le problème de Jérusalem, qui, sans mur de séparation, pourrait être dédiée à deux capitales, l’une juive, à l’ouest, l’autre palestinienne, à l’est. La France et l’Allemagne, les Etats-Unis et le Japon, après l’atroce Seconde Guerre mondiale, qui a fait plus de 60 millions de morts, dont 6 millions de Juifs exterminés parce que nés juifs, ont pu et ont su surmonter leurs antagonismes, voire leur haine réciproque pour construire l’après. Y avait-il une autre voie ? 

 

Pourquoi Israéliens et Palestiniens n’en seraient-ils pas capables ? Il n’y a pas de fatalité, l'histoire fourmille d'exemples qui montrent que la volonté et la détermination humaines peuvent déplacer des montagnes. Toute guerre doit un jour finir, même celles de 100 ans. Seule la paix, même dans la défiance, car il n'est guère facile de serrer la main de son ennemi, est à même d’assurer un avenir aux peuples. Nous n’en sommes évidemment pas là. La coupe de sang est encore très éloignée des lèvres qui recevront celle de vin. Mais il n’y a pas d’autre alternative. A défaut, un conflit meurtrier d’attrition ne pourra mener, par lassitude et découragement, qu’à une déflagration générale.

                                                                 Le 15 novembre 2023.

 

                               Quel est l’objectif de paix d’Israël ?

 

Un mois après les pogroms génocidaires du 7 octobre en Israël (1), planifiés et exécutés par l’organisation terroriste palestinienne Hamas - 1400 femmes, enfants, nourrissons, hommes et vieillards ont été torturés et massacrés, au seul fait qu'ils étaient juifs (2), et 250 otages, dont des bébés, emmenés et emprisonnés dans les tunnels sous Gaza - ce que tout le monde attendait est arrivé: la réaction du gouvernement de crise israélien et de l’état-major de son armée a été et reste massive et intensive. Ces massacres, qui rappellent les pires heures de l'histoire juive, ont réveillé un lion. 

 

Tsahal n’a eu de cesse de pilonner les positions des islamistes, pour la plupart installées sous des bâtiments civils, hôpitaux, écoles, mosquées et immeubles d’habitation. Le bilan réel des pertes humaines est inconnu. Le ministère de la santé gazaoui, rattaché au Hamas, parle à ce jour de plus de 10.000 morts. Evidemment, ce chiffre est invérifiable; toute la communication de l’hydre frériste étant basée sur la manipulation et le mensonge. 

 

Il ne fait cependant aucun doute que le nombre de victimes dans l’enclave palestinienne est très important. Dès le début de l’offensive de Tsahal, Israël avait demandé aux populations qui vivaient au nord de Gaza de quitter les lieux et d’aller se réfugier au sud. Sur 1.500.000 personnes, plus d’1 million sont parties, en se rapprochant de la frontière égyptienne. L’aide humanitaire s’y est organisée beaucoup trop lentement; le double veto égyto-israélien freinant l’acheminement des biens de première nécessité. Il semble aujourd’hui que l’afflut logistique en provenance d’Egypte se soit fortement accéléré; une centaine de camions de ravitaillement accède chaque jour aux réfugiés. 

 

Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, n’a pas caché l’objectif de guerre de son pays: éradiquer toute l’infrastructure militaire et politique du Hamas. C’est-à-dire, anéantir cette branche palestinienne des Frères musulmans. Sera-ce possible ? On l'espère, mais beaucoup en doutent, évoquant l’impossibilité de détruire une idéologie. On pourrait répondre à ces sceptiques que les alliés ont réussi à pulvériser le IIIème Reich hitlérien et, dans le même temps, le nazisme, même si des nostalgiques de cette abomination ont perduré après la Seconde Guerre mondiale.

 

Toujours est-il que l’élimination du Hamas - on parle de plus de 30.000 terroristes - et de ce qu’on appelle "le métro de Gaza", à savoir, plus de 500 km de tunnels sophistiqués, construits jusqu’à 70 mètres de profondeur, s’avère une tâche à la fois très complexe et très risquée. Complexe par la densité et l’hétérogénéité des galeries sous Gaza, risqué, par le nombre important de soldats israéliens qui ont et vont perdre la vie dans l'opération, mais aussi - et là est le piège tendu à Israël ainsi qu'une autre tragédie - par la quantité, insupportable au regard du droit humanitaire, des victimes collatérales des bombardements au sein des populations civiles palestiniennes.

 

Israël et sa puissante armée, précisément au nom des valeurs morales qu'incarne la philosophie juive, bien réelles, doivent éviter, autant que faire se peut - Tsahal encercle désormais le nord de l'enclave - de frapper les civils gazouis, pour la plupart, à la fois otages consentantes ou non du Hamas et victimes innocentes. Il est évidemment plus facile de demander le respect du droit international qu'à le faire respecter, dès lors qu'une guerre totale avec un ennemi sans limite dans la barbarie est en cours.    

 

Dans un précédent article sur ce même site (3), le 15 octobre, au-delà de l’émotion immense suscitée par la sauvagerie du Hamas et la légitimité d’Israël à se défendre, nous relevions l’impérieuse nécessité pour l’Etat hébreu de penser, d’ores et déjà, à l’après, à ce momentum, si pas de la fin du conflit, du moins de la fin de la guerre. Il y aura un jour où la question du "que faire ?" se posera. 

 

Et alors, que se passera-t-il ? Pendant qu’une incontournable et nécessaire commission parlementaire israélienne devra établir toutes les responsabilités politiques et militaires dans la faillite intégrale de la protection du peuple israélien, viendra la période, extrêmement périlleuse, de la gestion d'une triple relation: celle avec l’Autorité palestinienne discréditée et les Palestiniens de Cisjordanie, celle avec les futurs représentants des Palestiniens de Gaza et celle avec les Etats arabes du Levant.

 

La situation sera telle qu’une nouvelle faute de parcours du gouvernement israélien pourrait remettre le feu aux poudres. Car il y en a eu des fautes, et non des moindres, comme la priorité donnée par le gouvernement extrémiste Netanyahou à l'intolérable colonisation juive de la Cisjordanie. Si rien n’est fait de positif et de constructif de la part d’Israël, à savoir remettre sur le métier inlassablement un processus de négociations avec les Palestiniens - ceux qui reconnaissent la légitimité d’Israël et qui ont renoncé au terrorisme - alors, l’embrasement général au Moyen-Orient, que tout le monde redoute, ne sera plus une simple hypothèse d’école.

 

L'acteur israélien n'est évidemment pas seul à assumer des responsabilités politiques historiques au Levant. Les Etats-Unis, l'Union européenne mais aussi les Etats arabes devront suivre avec une sur-vigilance la géo-stratégie du chaos que mène l'Iran; Etat terroriste chiite, qui manigance tout ce qui se passe d'explosif dans la région et au-delà et qui menace régulièrement Israël d'extinction. 

 

Le pauvre Liban, martyrisé par une crise sociale, financière et économique majeure, pays et peuple otages du Hezbollah chiite à la solde de Téhéran, véritable bantoustan aux yeux des mollahs iraniens, pourrait être le terrain d'un prochain affrontement avec Israël. L'Iran, pour élargir son emprise sur le Moyen-Orient, manipule et arme ses proxis, au premier rang desquels le Hezbollah libanais. Israël, Etat diabolisé parce juif, "une impureté" au sein de l'immense espace musulman, sert dans les mains des gardiens de la révolution de levier idéologique pour favoriser l'avènement d'un nouveau califat chiite, sorte d'oumma (communauté des croyants) au service de la grandeur d'un nouvel empire perse.

 

Du sud-ouest yéménit, chez les Houthis, à l'Irak, où les chiites sont majoritaires, à la Syrie, sous la botte des bouchers alaouites chiites, jusqu'au Liban, terre d'élection d'un chiisme fanatique, Téhéran tire les ficelles et ressert chaque jour davantage la corde, si pas pour étrangler, du moins pour paralyser les Etats arabes. Les sunnites, ainsi instrumentalisés derrière la cause palestinienne, sont aveuglés par la haine "de l'ennemi sioniste" et foncent tête baissée dans le chausse-trape de la revanche perse. Car la guerre des deux islams a toujours couvé sous la cendre chaude du djihad. 

 

Le récent rapprochement Arabie saoudite/Iran sous parrainage d'une Chine qui compte ses points et ses bénéfices, vu depuis l'ayatollah Khamenei, guide de la révolution iranienne et digne successeur de l'ayatollah Khomeini, n'est qu'un écran de fumée pour endormir la vigilance de Riyad et de ses alliés.

 

L'intérêt systémique iranien, pour en venir à une éventuelle déflagration générale, serait que ses proxis, Hezbollah en leader régional, entrent en guerre contre Israël; une voie à faible coût humain pour l'Iran et à visée d'affaiblissement, voire de destruction "du satan sioniste". Cette option, qui n'est pas encore à l'ordre du jour aux yeux d'Hassan Nasrallah, le secrétaire général du mouvement terroriste libanais et de ses maîtres iraniens, serait l'occasion pour sidérer, enthousiasmer et mystifier la rue arabe, en demande hystérique de revanche sur Israël. Il est vrai que toutes les agressions arabes contre l'Etat hébreu se sont soldées par des défaites aussi cuisantes qu'humiliantes.        

 

Que fera Israël lors d'une possible prochaine déflagration élargie ? Quel chemin l'Etat hébreu pourra-t-il choisir ? La guerre permanente ? Quel cadeau pour le futur des enfants d'Israël ! Un gros grain de sable pourrait enrayer l'engrenage de la force de frappe conventionnelle d'Israël. Il n'est pas écrit de toute éternité que ses alliés occidentaux, à commencer par le plus stratégique, les Etats-Unis, et l'opinion publique américaine, ne se lasseront pas de financer et de prendre des risques non-négligeables pour un conflit interminable. Les Israéliens eux-mêmes, exceptés les plus fanatiques, sont déjà épuisés, lessivés par une guerre qui a 75 ans. Qui veut d'une nouvelle "Guerre de 100 ans" ?

 

C’est pourquoi, nous nous posons la question: quel est l’objectif politique d’Israël, quel est l'objectif de paix d'Israël ? En a-t-il seulement un ? Beaucoup en doutent, en tout cas dans le chef de Benjamin Netanyahou, personnage corrompu et incapable, et de l'extrême droite israélienne.  

 

Nous en appelons à tous les hommes et les femmes de bonne volonté, juifs, chrétiens, musulmans et non-croyants, à tous ceux et celles qui aiment Israël et qui font de sa sécurité un préalable, mais qui refusent la dérive ultra-religieuse et ultra-nationaliste, qui disent non aux extrémistes et aux fascistes avec lesquels Netanyahou a cru bon s’associer pour éviter la prison, une fois la guerre en Israël et à Gaza terminée, ce qui ne manquera pas d'arriver, de revenir à la raison, de tout faire pour imposer par les urnes aux responsables politiques israéliens d’inscrire à l’agenda du pays, pour les mois et les années qui suivront, la relance d’un nouveau processus de paix ayant pour objectif l’édification d’un Etat palestinien démocratique aux côtés d’Israël. Quelle autre alternative, sinon la mort généralisée ?

 

Comme pour les accords d'Oslo, les contours et contenus d’un tel rapprochement devront être recherchés avec imagination, courage et détermination. Ils ne se feront pas sans l'accompagnement serré de la communauté internationale. On ne peut laisser les deux parties seules, en face à face et livrées à elles-mêmes. A défaut, nous ne croyons pas nous tromper, car la négation de l'Autre et le déni du réel sont des impasses, il n’y aura plus que des objectifs de guerre à endurer pour après jour pour Israël, les Juifs et les Arabes israéliens, pour les Palestiniens, en errance depuis trop longtemps.

 

(1) Ces pogroms du 07 octobre 2023 rappellent celui du 24 août 1929, en Palestine sous mandat britannique (°). Des islamistes des Frères musulmans ont massacré à Hébron, là où le tombeau des patriarches israélites se trouve, 120 Juifs, faisant 70 morts et 50 blessés graves dans les maisons juives et les synagogues de la cité historique. 

) Rappelons que le nom "Palestine" est celui d'une région et non d'un Etat, région baptisée ainsi en 135 par l'empereur romain Hadrien, afin de punir les Hébreux de leurs révoltes. Le nom de Judée disparaît de la carte pour devenir "Provincia palaestina syria", du nom du petit peuple philistin disparu depuis.      

(2) Dernier témoignage des unités spéciales israéliennes: un bébé mis vivant dans un four d'une cuisinière à gaz et carbonisé.

(3) Voir rubrique "Cycles", article "L'humanité dans la guerre", du 15 octobre 2023.  

                                                                  Le 07 novembre 2023.

 

   

                                    Israël vivra !

 

Comme beaucoup de personnes, juives et non-juives, cette nuit, je n'ai guère dormi. C'est fatiguant et désespérant de lire des textes, des prises de position qui crient, à raison, souvent dans le désert, l'immense indifférence, leur répugnance et horreur de la haine, de la barbarie d'un terrorisme islamiste qui n'a rien à voir avec la liberté légitime des peuples à l'autodétermination. L'éternel recommencement d'une histoire qui bégaye, qui vomit à chaque génération, sous divers régimes et latitudes, son flot immonde d'obsession juive. Le mot même d'antisémitisme me paraît usé par le temps et les paroles pour définir, en un cycle sans fin, ce que le peuple juif doit subir pour simplement exister. Les images de lynchage de soldats israéliens par des civils palestiniens et de simples citoyens israéliens, enfants, femmes, vieillards, battus et emmenés de force par les mercenaires du Hamas, quand ils ne sont pas massacrés dans leurs maisons, dans des arrêts de bus ou lors d'un festival de musique Techno de jeunes (*), sont insoutenables. Et puis, il y a la prise massive d'otages, d'innocents, marque de la barbarie et du totalitarisme, pratique courante de l'Etat terroriste iranien. En cette fin de jour, on en dénombre 150, leurs visages défilent sur toutes les chaînes israéliennes. Ils vont servir de boucliers humains et de monnaie d'échange, ils et elles seront détenus dans des conditions inhumaines, exposés aux frappes de Tsahal à Gaza. Le bilan actuel est de 700 morts, 2000 blessés et 50 soldats israéliens tués dans les combats avec les groupes mobiles islamistes. La réponse de l'Etat hébreu est celle d'une nation humiliée, traumatisée et en colère. Elle va s'intensifier et va expédier le Hamas en enfer. Mais Israël vivra.

(*) Un massacre innommable !

     260 corps de jeunes ont été retrouvés sur le site du festival Techno. Ils ont été massacrés par les hordes du Hamas.

                                                                           Le 08 octobre 2023. 

 

 

 

    La magnifique militante iranienne pour les droits humains, des femmes et d'une jeunesse sacrifiées, Narges Mohammadi.  

 

                                        Nobel de la paix:

   acte d'accusation contre la République islamique iranienne !

 

 

Un peu plus d’un an après l'assassinat en garde à vue de la jeune Mahsa Amini par la police des moeurs iraniennes, qui a entrainé un soulèvement populaire impitoyablement réprimé, le Nobel de la paix a couronné, ce vendredi 6 octobre, la militante iranienne Narges Mohammadi, actuellement emprisonnée dans les geôles de la République islamique. En tout, elle aura été condamnée à pas moins de 31 années de prison. 

 

La journaliste de 51 ans est récompensée "pour son combat contre l’oppression des femmes en Iran et sa lutte pour la promotion des droits humains et la liberté pour tous", a insisté la présidente du comité Nobel norvégien, Berit Reiss-Andersen, à Oslo, en interpellant Téhéran pour obtenir sa libération.

 

Infatigable défenseuse des droits humains, Narges Mohammadi a tout sacrifié pour continuer son combat en Iran. Lorsque son mari, Taghi Rahmani, militant comme elle, a décidé de quitter le pays en 2012, après des années d’emprisonnement, elle n’a pas voulu lui emboîter le pas. Leurs deux enfants jumeaux, Ali et Kiana, sont restés en Iran jusqu’en 2015, avant de rejoindre leur père à Paris. 

 

Narges Mohammadi a été durant des années la porte-parole de l’Association iranienne des défenseurs des droits humains, fondée par la lauréate du prix Nobel de la paix en 2003, l’avocate Shirin Ebadi.

 

Comme beaucoup en Iran et au sein de la communauté internationale, Narges Mohammadi a voulu croire à la possibilité de réformer le régime de l’intérieur. En utilisant un bulletin de vote. Elle s’est ainsi mobilisée pour le président réformateur Seyyed Mohammad Khatami en 1997.

 

Vingt ans plus tard, en 2017, elle a voté depuis l’intérieur de sa prison pour la réélection du président de l’époque, Hassan Rohani, plus modéré que ses rivaux. Après la répression féroce des manifestations de 2019 contre la cherté de la vie et le blocage politique en Iran, Narges Mohammadi rompt avec ce positionnement et s’en explique : "Etre réformateurs n’a pas été un engagement, mais notre tactique pour une la démocratie. Je suis toujours engagée pour cette même cause.

 

Ce choix des Nobel dérange profondément la dictature des mollahs iraniens, qui a immédiatement réagi en le taxant "d'action partiale et politique". Nul doute qu'il va encourager la jeunesse et une grande partie du peuple iranien, femmes en tête, à reprendre espoir et à trouver de nouveaux moyens pour faire entendre, de Téhéran à Ispahan, la voix de la révolte anti-islamiste et de la libération. 

                                                                Le 06 octobre 2023. 

 

 

 

  Denis Mukwege, l’homme qui veut réparer la RDC !

 

Le Prix Nobel de la paix 2018 a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle de la République démocratique du Congo (RDC) de décembre prochain. Connu pour son engagement humanitaire en faveur des femmes violées et détruites, le gynécologue promet de soigner son pays, "devenu la honte du continent". Cette déclaration, qui en dérange plus d'un à Kinshasa, va à l'exact opposé ce qui se passe en Afrique; elle fait du bien et lève un peu, peut-être beaucoup, d'espoir sur un continent en prise avec ses vieux démons: pauvreté croissante, maladies endémiques, corruption systémique des pouvoirs en place, guerres civiles interminables, pillage des ressources naturelles, main-mise chinoise, djihadisme islamique, mercenariat et terreur russes, présence occidentale surannée.   

 

"Il y a un an, dans l’hôtel cossu du centre de Paris où il recevait les visiteurs lors d’un court séjour en France, Denis Mukwege aimait faire défiler sur l’écran de son téléphone les dizaines de messages qui chaque jour lui parvenaient. Des textes et des vidéos de femmes de son pays qui, disait-il, le priaient d’être candidat à la prochaine élection présidentielle.

 

De retour d’une tournée européenne qui l’avait mené à Londres, Bruxelles, Naples et jusque chez le pape François, au Vatican, pour plaider la cause des victimes de violences sexuelles dans l’est du Congo, le gynécologue semblait hésitant quant à la suite à donner à cette demande. On sentait chez lui à la fois l’excitation et l’anxiété. Le tiraillement entre le fantasme d’un destin de président rédempteur et la crainte d’emprunter une impasse dans un parcours jusque-là sans faute.

 

Le plus célèbre médecin congolais a désormais tranché. Les deux poings levés, il a traversé la foule venue l’acclamer, lundi 2 octobre à Kinshasa, pour monter sur scène. "Je suis prêt", a-t-il lancé à la tribune, visiblement galvanisé par le soutien de ses partisans : "Je me suis longtemps abstenu de répondre à cet appel, ce n’était pas à moi de m’engager", mais "j’accepte d’être votre candidat à la présidence de la République", bravant ainsi les énormes risques personnels qu'il va désormais encourir dans un pays immense, très riche de son sous-sol et la proie structurelle de prédateurs.

 

Interrompu tantôt par les vivats de la foule, tantôt par une coupure d’électricité, le médecin de 68 ans a décrit un pays "devenu la honte du continent et la risée du monde", aux mains d’une classe dirigeante "corrompue" et menacé par la balkanisation". En un discours, il s’est mué en opposant au chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, qui brigue un second mandat lors de l’élection du 20 décembre.

 

"On a souvent discuté d’une éventuelle candidature, mais il ne m’avait rien dit de sa décision. Jusqu’à récemment, peu de gens étaient informés de son choix, peut-être pas même sa femme", confie Thierry Michel, le documentariste belge, auteur, en 2015, de "L’Homme qui répare les femmes : la Colère d’Hippocrate", un film qui a contribué à faire connaître à l’étranger ce médecin de la ville de Bukavu, installée entre une forêt dense et le lac Kivu, dans l’est de la RDC, et à populariser son surnom, imaginé par la journaliste belge du "Soir", Colette Braeckmann.

 

Je suis un citoyen révolté !

 

"L’homme qui répare les femmes" est ce chirurgien gynécologue qui a créé l’hôpital de Panzi en 1999, une clinique inédite et hors norme qui soigne les femmes victimes de violences sexuelles dans une région en proie aux crimes des milices et des rébellions. "Je suis un citoyen révolté !", a-t-il déclaré. Lauréat du Prix Sakharov en 2014 et du Prix Nobel de la paix en 2018, Denis Mukwege est le premier Congolais à s’être battu pour réparer les vagins déchiquetés et les corps meurtris de dizaines de milliers de femmes dans un pays devenu la "capitale mondiale du viol", selon l’expression utilisée en 2010 par Margot Wallström, représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies sur la violence sexuelle dans les conflits.

 

Depuis des années, il raconte les atrocités et l’indifférence qui entourent les massacres commis depuis trente ans dans son pays. Sans cesse, dans les bureaux de chefs d’Etat ou aux tribunes des grandes institutions internationales, il pourfend le rôle trouble du Rwanda voisin et le silence de grandes puissances occupées à se livrer une bataille pour les métaux rares en RDC – des "rapaces", dit-il. Lui qui assure passer encore la majeure partie de son temps dans sa clinique – devenue un passage obligé pour les visiteurs de marque dans l’est de la RDC, dont François Hollande en 2022 – mène son combat en défiant les périls.

 

En 1996, à Lemera, une ville située dans les forêts de l’est, puis en 2012, à Bukavu, il a failli y laisser sa vie. La seconde fois, c’est sa maison qui a été attaquée par un groupe armé. Il est alors parvenu à s’enfuir mais son gardien, Joseph, a été tué. Le gynécologue formé entre la France, la Belgique et le Burundi s’est alors exilé à Boston, aux Etats-Unis, décidé à ne jamais remettre les pieds dans son pays. Mais des femmes de sa région se sont cotisées pour payer son billet retour. Il n’a pas résisté à leur appel et est rentré. Quitte à vivre depuis sous protection policière – "comme en prison", dit-il.

 

Aujourd’hui, il assure que c’est encore sous l’injonction des femmes de l’est de la RDC qu’il s’est porté candidat à la présidence. Mi-septembre, le gynécologue s’est vu remettre un chèque de 100 000 dollars, le montant de la caution nécessaire pour déposer son dossier de candidature à la présidentielle, par des organisations de la société civile.

 

Icône de la lutte pour les droits humains, Denis Mukwege est moins populaire dans son propre pays qu’à l’international. Peu connu dans l’ouest de la RDC, il souffre d’un manque d’implantation politique. Le médecin n’a pas de parti, mais est désormais soutenu par deux formations : un "Appel patriotique", issu de la société civile, et l’Alliance des Congolais pour la refondation de la nation (ACRN), dirigée par un de ses proches.

 

Sa parole ne suffit plus !

 

Cela ne suffira pas s’il veut l’emporter face au chef de l’Etat au scrutin de décembre, qui se joue à un tour, rendant indispensable l’union des forces d’opposition. Plusieurs opposants de poids, comme Martin Fayulu, Adolphe Muzito, Moïse Katumbi ou Delly Sessanga, ont déjà assuré qu’ils se lanceraient dans la course. Alors que les dépôts des dossiers se clôturent le 8 octobre, les négociations pour le retrait de certains d’entre eux devraient débuter après la validation des candidatures par la Cour constitutionnelle.

 

"La participation de Denis Mukwege à cette élection est une bonne chose. Il est peu commun qu’un Prix Nobel se lance dans une telle entreprise : cela va susciter l’intérêt de l’opinion internationale", se félicite Olivier Kamitatu, le porte-parole de Moïse Katumbi, qui s’inquiète depuis plusieurs mois du climat de répression et de restriction des libertés publiques. Aucun des représentants de l’opposition contactés par "Le Monde" ne se dit pourtant prêt à se ranger derrière Denis Mukwege, tandis que plusieurs cadres du parti de Félix Tshisekedi, qui part favori, assurent n’avoir "absolument pas peur" de sa candidature.

 

Dans son discours lundi, le candidat a dénoncé la "corruption". "Je n’ai pas d’argent, pas même de tee-shirt" à vous donner, a-t-il lancé à ses sympathisants. Le projet qu’il propose, c’est "le travail et la discipline", a-t-il conclu. Gamin, ce fils de pasteur s’était convaincu de devenir médecin en observant les limites du métier de son père, qui ne soignait que les âmes. Désormais, il se lance en politique après avoir constaté les limites de son plaidoyer. "Comment continuer de fouler les tapis rouges quand l’honneur de notre peuple est humilié chaque jour ?", a-t-il questionné devant ses partisans.

 

Au risque de perdre de sa crédibilité et son intégrité dans un marigot politique réputé pour sa violence et ses coups bas ? "Certains l’accusent d’être le candidat de la communauté internationale, mais à ma connaissance, aucune chancellerie ne l’a encouragé, assure un diplomate occidental qui requiert l’anonymat. Il y a beaucoup à perdre : pour sa clinique de Panzi, dont il va devoir céder la charge durant la campagne ; pour son honneur, au contact de la vie politique. Le docteur Mukwege va peut-être se discréditer, alors que rien ne lui assure la victoire. N’est-ce pas du gâchis ?"

 

"On l’accuse de risquer de se salir les mains ?, répond Thierry Michel, ami de M. Mukwege. C’est vrai, il va s’abîmer. Mais s’il veut changer les choses, sa parole ne suffit plus." Celui dont la candidature avait déjà été évoquée lors du précédent scrutin présidentiel, en 2018, et dont le nom ne cessait d’être évoqué ces derniers mois, a définitivement répondu : "Certains m’ont conseillé de ne pas salir ma blouse blanche", mais "j’y vais maintenant !", a clamé le médecin, officialisant sa candidature dans un impeccable costume bleu nuit."

                                        Le Monde, Anna Sylvestre-Treiner, le 03 octobre 2023. 

 

 

               Lâchés par la Russie en dépit d'un traité d'assistance,

     l'Arménie et les Arméniens du Haut-Karabakh en danger ! 

 

L'Azerbaïdjan, avec le soutien militaire de la Turquie d'Erdogan, remet les plats. Depuis quelques jours, Bakou a dépêché dans le Haut-Karabakh un corps expéditionnaire pour "nettoyer" la résistance des Arméniens qui y vivent depuis des siècles. Enclave autonome chrétienne, ce petit territoire du Sud-Caucase est une obsession azéri depuis 30 ans, dans la foulée de l'effondrement de l'Union soviétique.

 

En pleine assemblée générale des Nations-Unies à New York, où l'invasion de l'Ukraine par la Russie tient une place prépondérante avec le discours du président Volodymyr Zelensky, il semble que ce précédent d'une grave violation du droit international et de la charte de l'ONU ait encouragé le président de l'Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, à vouloir en finir avec les Arméniens de Stepanakert et de Chouchi. Il se prépare de nouveaux massacres au vu et au su de toute la communauté internationale. Les condamnations velléitaires fusent, mais elles ne sont que lettres mortes face à Bakou et Ankara ...  

 

Expliquons la genèse du conflit. Le génocide arménien de 1915, toile de fond des événements actuels, permit à l'empire ottoman de dépecer de larges territoires arméniens. Le Mont Ararat, historiquement arménien et si important pour les chrétiens d'Arménie, fut annexé par la Turquie, héritière rétrécie et nostalgique de l'empire. Pour le peuple arménien, le Mont Ararat  est le lieu où Noé posa le pied sur la terre ferme en quittant l'arche après le déluge. Balise géopolitique de l'histoire de l'Arménie, ballotée au gré des traités entre les grands empires, russe, ottoman et perse, entre Caucase et Asie mineure, l'Ararat, désormais inaccessible aux Arméniens, entretient dans l'imaginaire collectif un rêve multiséculaire. D'où la charge symbolique forte des deux côtés de la frontière. 

 

Après la révolution bolchevik de 1917, le glacis communiste gela la situation entre la "République socialiste soviétique d'Arménie" et la "République socialiste soviétique d’Azerbaïdjan", jusqu'en 1988, année du début de la guerre entre les deux pays et trois ans avant l'effondrement de l'URSS. En 1994, suite à la victoire de l'Arménie, une ligne de cessez-le-feu fut fixée séparant le territoire azerbaïdjanais et le Haut-Karabakh, où vivent depuis toujours les Arméniens. En 1923, ils représentaient 94,4% de la population. En 1989, 76,9%, à présent, 75%. 

 

Depuis 1994, l'Azerbaïdjan n'a eu de cesse de vouloir intégrer le Haut-Karabakh à ses frontières, ignorant la réalité culturelle et religieuse de la population arménienne et l'accord signé avec Erevan. Après plusieurs mois de tensions bilatérales, le 27 septembre 2020, l'Azerbaïdjan déclenche une offensive contre les Arméniens du Haut-Karabakh. Celle-ci durera 13 jours et se soldera par une défaite massive de l'Arménie et la médiation purement formelle de Poutine. Le 13 septembre 2021, avec l'appui de la Turquie et dans l'indifférence de la Russie, pourtant considérée jusque-là comme l'alliée de l'Arménie, l'Azerbaïdjan remet les plats et lance une nouvelle offensive. Plus d'un millier d'Arméniens seront massacrés et des milliers de familles sont obligées d'aller se réfugier en Arménie.

 

Le nouveau président arménien, Vahagn Khatchatourian, élu il y a presqu'un an par le parlement, et son premier ministre, Nikol Pachinian, un démocrate, ne cessent d'alerter la communauté internationale, plus particulièrement les Occidentaux, Européens en tête, concernant l'intention manifeste du président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, avec le soutien de la Turquie d'Erdogan et, cette fois, pense-t-on à Erevan, avec l’accord de Moscou, de faire progresser son armée vers le territoire arménien, en profitant de la faiblesse militaire et géo-politique de l'Arménie.

 

M. Khatchatourian a déclaré que l'armée arménienne n'interviendrait pas dans le Haut-Karabakh. Un tel propos, que l'on peut comprendre, étant donné le rapport de force très déséquilibré entre les deux pays, ne pouvait évidemment qu'inciter Bakou à tenter de régler le compte des Arméniens de l'enclave. 

 

La passivité du Kremlin, pour ne pas dire la complicité, tout à sa guerre contre l'Ukraine et soucieux de ne pas détériorer ses bonnes relations avec Ankara, a provoqué la colère du président, du gouvernement et du peuple arméniens, diaspora comprise. Face à la force brute de Bakou, à son pétrole dont les Européens ont besoin, l'Arménie se retrouve aujourd'hui bien seule. La menace est réelle. Le grignotage progressif de l'Arménie, patrie des tout premiers chrétiens, avec au bout, l'objectif de faire tomber la capitale Erevan, est pris très au sérieux à Washington, Paris et Bruxelles. 

 

Que faire ? Alors que les Occidentaux sont engagés fortement dans la guerre aux côtés de Kiev, malgré leurs protestations, ils sont impuissants. Peut-on pour autant abandonner un peuple qui a eu le malheur d'être chrétien, à ce qui pourrait devenir un jour un holodomor arménien ? Certainement pas.

 

Comment empêcher une nouvelle tragédie ? Le Conseil de sécurité de l'ONU est paralysé par le blocage systématique de la Russie et de la Chine, dès lors que leur vision géopolitique d'un monde désoccidentalisé, au service d'un nouvel ordre international monopolaire, avec des démocraties fragilisées, voire marginalisées, est contesté au nom des droits humains et de la souveraineté des Etats.

 

Les régimes autoritaires et despotiques ont évidemment l'avantage de pouvoir se passer du jugement de leurs peuples. En la matière, l'efficacité politique est donc de leur côté. A l'opposé, c'est l'honneur des démocraties de devoir constitutionnellement consulter à échéance régulière leurs citoyens. C'est aussi une faiblesse face aux machines de guerre des dictatures. Faisons en sorte que les processus démocratiques qui sont les nôtres deviennent une force. Pour cela, il faudra que les politiques osent dire la vérité, quitte à être impopulaires, et que les peuples se réveillent. L'histoire est en marche. 

 

Nous entrons de plain pied dans une ère de bouleversements climatiques, migratoires, technologiques et d'insécurité planétaire. Le réchauffement climatique accélère comme jamais les catastrophes naturelles et menace à terme la biodiversité, espèce humaine comprise. En plus, l'Afrique, l'Amérique latine et l'Asie mineure et centrale sont soumises au terrorisme islamiste, aux putschistes, aux narcotrafiquants ainsi qu'aux jeux mortels de puissances régionales nostalgiques de grandeur. La guerre de haute intensité, que les stratèges et experts militaires avaient cru obsolète, est de retour avec l'agression de la Russie poutinienne contre l'Ukraine. La Chine de Xi Jinping pourrait être tentée d'en faire autant avec l'île de Taïwan, qu'elle considère comme sa propriété, comme jadis le Tibet. Tout cela constitue un cocktail délétère. Nous n'en avons pas fini, c'est un euphémisme, avec la déstabilisation.     

L'Union européenne, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, le Canada, le Japon, la Corée du Sud, l'Australie et la Nouvelle Zélande, d'autres pays alliés démocratiques, sont dans la ligne de mire des puissances impériales. Avec la complicité d'Etats boiteux et revanchards du "Sud global", pour diverses raisons historiques, politiques, économiques, religieuses et culturelles, elles veulent, d'un commun dessein, renverser la table internationale et nous voir disparaître en tant qu'espace de droits.  

 

L'Occident ne pourra pas éviter très longtemps d'affronter directement cette menace existentielle. A lui de faire bloc au-delà des intérêts nationaux et des calculs conjoncturels. A ses adversaires, un seul message s'impose: nous n'avons pas peur, nos démocraties sont plus fortes que vous ne l'espérez ...       

                                                                Le 21 septembre 2023.  

   

                                    

 Le combat des jeunes femmes iraniennes est le nôtre !

 

 

Il y a tout juste un an, le régime despotique des mollahs iraniens assassinait Masha Amini, âgée de 22 ans. Son unique crime fut de "mal porter" un voile islamique. Arrêtée et emmenée au poste de la police des moeurs, elle y est décédée officiellement d'un arrêt cardiaque. C'est ainsi que les islamistes iraniens appellent la torture. Des centaines de milliers de jeunes femmes, soutenues par de très nombreux hommes, ont manifesté sur les places, dans les rues et depuis les immeubles d'habitation contre la dictature. Elles ne lâchent rien. Très nombreuses ont été celles qui ont brûlé leur voile, coupé leurs cheveux, crié leur haine des religieux chiites. On en parle moins dans les médias occidentaux, mais leur combat continue à défier les autorités et les forces de répression iraniennes. L'histoire n'est pas dite. Le régime est ébranlé. Il a peur. Il a raison.  

 

Pendant ce temps, en Occident, en France, en Belgique, les islamo-gauchistes dénoncent les lois laïques qui interdisent le port de signes et vêtements religieux dans les écoles et administrations publiques. Leur choix est vite fait. Entre soutenir la révolte des jeunes femmes iraniennes contre le port du voile obligatoire ou renforcer l'instrumentalisation des femmes musulmanes en Europe, la voie communautariste et électoraliste s'impose. Car encourager la révolte anti-voile en Iran les obligerait à dire oui aux dispositions législatives qui interdisent toute manifestation d'appartenance religieuse dans les enceintes publiques, des lieux qui doivent rester neutres. 

 

Il s'agit d'une révolte contre un pouvoir totalitaire et des institutions religieuses moyenâgeuses. L'obscurantisme à tous les étages. Comme partout ailleurs, la jeunesse iranienne souhaite vivre sans oppression, libre, et veut sourire à la vie qui se présente. Depuis la révolution islamiste de l'ayatollah Khomeini en 1979, exceptée une période de relative modération sous la présidence d'Hassan Rohani, l'Iran n'a connu que l'intégrisme radical des moeurs, la répression policière intérieure et la violence terroriste à l'international.

 

La tentative d'attentat contre l'opposition iranienne à Villepinte, dans la banlieue parisienne, en 2018, organisée directement par le ministère du renseignement et de la sécurité (VEVAK), montre que les mollahs ne reculent devant rien pour rester au pouvoir. Cet attentat terroriste a été déjoué in extremis par la Sûreté de l'Etat belge, avec le concours discret du Mossad israélien. Il aurait pu faire des centaines de victimes, dont des personnalités, comme Ingrid Betancourt, venues soutenir le combat des Moudjahiddines du peuple.

 

Il a donné lieu à l'arrestation, le procès et la condamnation de quatre Iraniens. Un jeune couple sous couverture professionnelle à Bruxelles, pris en flagrant délit de détention d'une bombe et de son système d'allumage, placé à bord de leur voiture en partance pour la France. Un Belgo-iranien, soutien logistique des terroristes, et d'un "diplomate" basé à Vienne, Assadollah Assadi, intercepté dans la capitale européenne où il "passait ses vacances".

 

En 2021, le tribunal d'Anvers les ont condamné à 20 et 15 ans. Aussitôt, les autorités iraniennes ont proposé à la Belgique un échange, eux qui détenait un humanitaire pour "espionnage". Le parlement fédéral belge s'est empressé de voter l'accord, en acceptant le chantage de Téhéran. Ce précédent est évidemment une incitation pour le pouvoir iranien à recommencer ... Il faut évidemment se réjouir qu'Olivier Vandecasteele ait été libéré le 26 mai dernier. Il était incarcéré dans les geôles iraniennes, dans des conditions inhumaines, depuis le 24 février 2022.  

 

L'Iran est soumis depuis de nombreuses années à des sanctions occidentales qui ont plongé son économie dans le marasme et la pauvreté. Seule une caste proche d'un chiisme radicalisé semble s'en sortir. A force de se mettre au banc de la communauté internationale aux côtés des pires criminels de guerre du XXIème siècle (la Russie poutinienne, la Syrie de Bachar al Assad et le Hezbollah libanais), en recourant à un programme nucléaire militaire tout aussi voilé que les femmes iraniennes, du Guide suprême, Ali Khamenei, à de l'actuel Président, Ibrahim Raïssi, le pays sombre dans une fuite en avant qui n'aura de limite que la résistance d'une large partie de son peuple qui refuse la dictature religieuse.

 

En face, la théocratie n'entend pas voir le pouvoir lui échapper, son influence régionale et ses privilèges s'évanouir. Depuis la mort de Mahsa Amini, le pouvoir des mollahs n'a jamais relâché la bride, choisissant comme réponse plus de répression, d'emprisonnement, de morts et de disparitions. C'est un signe qu'il est aux abois. Combien de temps tout cela va-t-il encore durer ?

 

La fronde de la jeunesse iranienne est magnifique, mais elle souffre d'un manque de relais politiques, puisque toute opposition intérieure y a été systématiquement anéantie. Les démocraties libérales, soucieuses de ne pas voir l'Iran dévisser complètement en optant pour la voie suicidaire der l'arme nucléaire, face à Israël, bien décidé à l'en empêcher, semblent croire encore aux négociations avec un régime qui ment, manipule, torture et assassine.

 

Dernière chose à observer, les mouvements féministes en Europe et aux Etats-Unis, ceux, pas tous,  qui ont décrété que les hommes sont des porcs et qui essentialisent nos identités, qu'ils ancrent dans une verticalité asséchante et une guerre inter-communautaire au détriment d'un universalisme transversal, sont étrangement muets face au sort réservé à leurs soeurs afghanes et iraniennes. La lutte légitime pour les droits des femmes, de toutes les femmes, combat que nous devons soutenir, ne s'arrête pas aux nombrils de militantes devenues borgnes à force de ne regarder que d'un seul côté.

                                                                      Le 16 septembre 2023. 

 

 

          De la nécessité du courage et de la guerre ! 

 

A l'intention de celles et ceux qui ne cessent de se retrancher derrière un pacifisme de façade naïf ou complice. Le seul résultat d'une telle aberration est la condamnation en réalité de la résistance du peuple ukrainien à l’abjecte agression de la Russie. Ainsi, il leur faudrait faire la paix à tout prix, celui de se soumettre à l’occupation, d’accepter l’annexion de territoires entiers, les crimes de guerre, la torture, les crimes contre l’humanité, la déportation de milliers d’enfants. En somme, renoncer à toute souveraineté et à soi-même: 

 

" (…) Antithèse de la lâcheté et de la soumission, du renoncement et de la corruption, le courage n’est pas la témérité ou le virilisme. Il ne se mesure pas aux décibels émis ou à la violence des mots prononcés. Il s’oppose à l’hybris, la démesure que les anciens Grecs redoutaient tant. Si l’hybris du guerrier ne reconnaissant aucune limite à sa violence ébranle les bases de la cité, le courage du citoyen prêt au sacrifice ultime en forme le socle le plus solide. Il se distingue à la fois de la lâcheté du collaborateur et de l’exubérance du conquérant ou du fanatisme du terroriste. Il ne se manifeste pas en bombant le torse, mais en se tenant droit face à la tempête. Le résistant fait la guerre non parce qu’il l’aime ou parce qu’il la veut (c’est le cas du fanatique ou du conquérant), mais parce qu’elle lui tombe dessus et que la seule alternative au combat serait de renoncer à être (…) ".          

                 Raphaël Glucksmann, LA GRANDE CONFRONTATION, Allary Editions, 2023. 

 

 

 

            Le nouvel axe du mal et des affreux:

                 Téhéran/Moscou/Pyongyang                                     

 

 

 

Ce 13 septembre 2023 restera dans les annales du mal absolu comme un must. Vladimir Poutine et Kim Jong-un se retrouvent en bons parias de la communauté internationale à Vladivostok, aux confins orientaux de la Russie. Le tyran nord-coréen a parcouru dans son train blindé près de 700 kilomètres pour rejoindre Vladivostok depuis Pyongyang. Quant au despote russe, c’est en avion qu’il a rejoint la ville portuaire russe du Pacifique, sur une distance de plus de 9000 kilomètres depuis Moscou, soit à peu de choses près la distance entre Paris et San Francisco.

 

Demandeur d’une telle rencontre, pour des raisons évidentes de manque d’armes et de munitions dans sa guerre d’invasion de l’Ukraine, ce long déplacement sonne objectivement comme un aveu de faiblesse du Kremlin. Il constitue aussi une nouvelle étape dans la remise en cause du consensus international contre la prolifération nucléaire. Deux experts en terrorisme nucléaire, s’il en est.

 

Accusé de crimes de guerre et contre l’humanité par la Cour internationale de justice, recherché à ce titre, Poutine n’avait pu être présent au sommet des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), organisé fin août à Johannesburg, ainsi qu’à celui du G20, qui s’est tenu à New Delhi les 9 et 10 septembre. Le tête-à-tête du jour entre le Nord-Coréen et l’ancien agent du KGB se tient faute de mieux; la Corée du Nord étant un Etat paria, doté d’un arsenal militaire conventionnel et nucléaire, pas toujours moderne, mais suffisamment dissuasif pour y être très attentif. 

 

Poutine, dont l’ambition est visiblement d'appartenir au nouvel axe du mal Iran/Russie/Corée du Nord, est devenu lui-même persona non grata dans une partie du monde. Il faut rappeler que Téhéran et Pyongyang ont compté parmi les rares pays à soutenir sans réserve, y compris par leurs votes aux Nations-Unies, l’agression russe contre l’Ukraine. Le pays, enchaîné entre népotisme et autarcie, a besoin d’aide alimentaire, de devises et de coopérations technologiques à visée militaire.

 

Personne ne doute de la réalité des stocks nord-coréens, ni de leur compatibilité avec les matériels russes (comme la Chine, l'URSS a été un allié stratégique des communistes coréens lors de la guerre de 1954). Du fait des sanctions internationales qui pèsent sur Pyongyang, la fiabilité de ces munitions est tout de même sujette à caution. Le bombardement de l’île sud-coréenne de Yeonpyeong, en 2010, avait été marqué par un taux élevé d’échecs pour les obus nord-coréens.

 

Mais là n’est pas le véritable objectif de la Russie poutinienne. Il est dans le message envoyé au monde, à l’Occident, aux Américains et aux Européens: Attention, nous sommes capables de ... C'est la rhétorique habituelle des régimes dits forts, affaiblis en réalité par leurs fuites en avant. L'association internationale des affreux. Les démocraties souvent trop fragiles sont prévenues.   

 

La rencontre des deux satrapes présente une logique évidente. Elle témoigne de la réalité d’un axe violemment anti-occidental, qui séduit au-delà de la poignée d’Etats qui ont exprimé des votes favorables à Moscou dans les instances onusiennes. La neutralisation obtenue par Moscou, sur la question ukrainienne, du communiqué final du sommet du G20 en est la preuve. Rappelons que le communiqué du G20 de 2022 citait l’agresseur russe et l’agressé ukrainien. Il n’en est rien en 2023.

 

En juillet 2022, la visite en Iran du petit Tsar, en pleine relance d’un autre très inquiétant programme nucléaire, avait déjà constitué une incursion de Moscou en dehors du consensus nucléaire international, un temps partagé par le Kremlin. Il est vrai que la Russie a un besoin crucial des drones militaires iraniens qui frappent quotidiennement les populations ukrainiennes.

 

La normalisation de Poutine avec Kim Jong-un représente une sérieuse alerte. D’autant qu’elle intervient après la visite, fin juillet, du ministre de la Défense russe, Sergueï Choïgou, à une exposition militaire organisée à Pyongyang, dans laquelle figuraient notamment des armes nucléaires, témoignant de l'aventurisme militaire nord-coréen. Mais qui s'en étonne encore ? 

 

Reste à voir si la Chine de Xi Jinping, grand protecteur et fournisseur en tous genres de la Corée du Nord, verra ce rapprochement d’un bon oeil. D’un côté, elle peut se réjouir d’un format bilatérale et idéologique frontalement anti-américain. D’un autre, elle peut y voir par la bande une atteinte géo-politique à ce qu'elle considère comme son pré carré. Et avec Xi, celui-ci est de plus en plus large. 

                                                               Le 13 septembre 2023. 

 

 

  "L'Occident a mis un Juif ethnique à la tête d'un Etat néo-nazi !"

 

"Les puissances occidentales ont placé un Juif ethnique à la tête de l'Ukraine moderne, avec des racines juives, des origines juives, dans le but de dissimuler une essence anti-humaine. Cela rend la situation extrêmement dégoûtante, qu'un Juif ethnique couvre la glorification du nazisme et couvre ceux qui ont dirigé l'Holocauste en Ukraine". 05/09/23.  

 

Tout est dit. Il n'y a rien de plus abjecte que cette déclaration de l'assassin de masse Vladimir Poutine, antisémite notoire, qui avait demandé au néo-nazi, Dimitri Outkine, de créer le groupe mafieux et terroriste Wagner. On connait la suite des "oeuvres" de ces mercenaires sans foi ni loi commandé par Evgueni Prigojine. Les pays africains sous la botte Wagner, organisation qui sera bientôt rebaptisée, suite à la disparition, le 23 août dernier, des deux mafieux dans le crash de leur jet privé, font l'amère expérience russe, au travers le pillage systématique de leurs ressources naturelles et les massacres standardisés à l'encontre de populations civiles. Faudra-t-il qu'ils boivent la cigüe jusqu'à la lie ?

 

Traiter le président ukrainien de "Juif ethnique" en dit long sur l'auteur de cette infamie. Que signifie "Juif ethnique" ? On ne sait pas trop, si ce n'est que ces deux mots associés exhalent une confusion savamment nauséeuse, la haine systémique, bref, l'antisémitisme primaire, valeur cardinale sous le régime poutinien. Quant aux Juifs dont se prévaut le despote, qui les appelle "mes amis", ils sont oligarques et corrompus, tout aussi mafieux que lui et fiers de l'être. Ils sont ses faire-valoir.

 

La propagande impériale, qui refait l'histoire en bricolant en six mois de nouveaux manuels scolaires à destination d'une jeunesse que le régime russe veut lobotomiser et militariser, ne revient jamais, mais jamais, sur la date du 23 août 1939. C'est en effet le jour de la signature du pacte germano-soviétique, dit pacte Molotov-Ribbentrop, ministres des Affaires étrangères des dictateurs Staline et Hilter. C'était l'heure de "l'amitié" entre les deux régimes totalitaires, alors alliés contre les démocraties. Un tel accord de non-agression leur permit de se partager la Pologne et de préserver leurs capacités expansionnistes. La suite a vu l'URSS s'engager dans une guerre totale contre le nazisme, avec succès, mais l'épisode germano-soviétique fut vite remisé dans les poubelles de ces deux Etats prédateurs. 

 

Volodymyr Zelensky serait à la tête d'un Etat néo-nazi. Si l'Ukraine a été pendant la Seconde Guerre mondiale le théâtre de ce que les historiens ont appelé "la Shoah par balles" (un million de morts sur les six millions de Juifs exterminés) - c'est vrai - depuis l'indépendance du pays, en 1991, rien, dans son histoire, ne vient corroborer les affabulations de la nomenklatura russe. Si l'Ukraine compte mille à deux mille néo-nazis - c'est encore vrai - sur 40 millions d'habitants (avant la guerre), les autorités ukrainiennes, depuis l'élection du président Zelensky, le 21 avril 2019, confrontées à une guerre d'invasion et d'attrition, ne laissent aucune place à ces groupuscules fascistes pour s'exprimer. Il y a beaucoup plus de néo-nazis en Allemagne, en France ou en Italie qu'en Ukraine ... 

 

Le grand-père de Volodymyr Zelensky, Semyon Ivanovytch Zelensky, a servi dans l'infanterie, atteignant le grade de colonel de l'Armée rouge pendant la Seconde Guerre mondiale. Le père et les trois frères de Semyon ont été assassinés durant la Shoah. C'est dire à quel point le président ukrainien porte dans son coeur les nazis, leurs alliés ukrainiens de l'époque et les néo-nazis d'aujourd'hui.  

 

Nous regrettons amèrement que le gouvernement israélien, dirigé par Netanyahou et ses amis ultras nationalistes et religieux, cette extrême droite qui veut neutraliser les institutions démocratiques de l'Etat hébreu, soit aussi indifférent au sort tragique réservé au peuple ukrainien. Voilà un signe noire, un de plus, envoyé à la communauté internationale par un pouvoir qui mène ses affaires avec autant de lucidité qu'un aveugle dans la caverne de Platon. Il est vrai que la sagesse n'est pas son fort. Il va droit dans le mur et pas le bon, sur les plans intérieur comme extérieur. Quelle affliction ! (*)

 

Poutine et les siens sont un véritable virus. Depuis 2014, il s'est introduit en Europe. L'Occident, les Etats-Unis, l'Union européenne et leurs alliés (plus d'une cinquantaine de pays), ne peuvent et ne doivent laisser se propager sur le territoire du Vieux Continent la maladie mortelle en provenance de Moscou. Après l'Ukraine, si, par malheur, elle venait à perdre cette guerre - ce qui est tout de même peu probable - qui ne voit que la contagion impériale toucherait la Géorgie, la Moldavie et, c'est le rêve absolu du Kremlin, les pays Baltes, la Pologne et la Roumanie ... Que ferons-nous alors ?

 

(*) Selon nos informations, recoupées en Israël, le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, devrait rencontrer le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, en marge de l'Assemblée générale des Nations-Unies à New York dans deux semaines. Ce serait Israël qui aurait souhaité cette rencontre. Certains au gouvernement ukrainien ne seraient pas très enthousiastes par l'idée: "Nous avons invité Netanyahou à Kiev, qu'il y vienne", ont-ils déclaré ...   

                                                                            Le 07 septembre 2023.

 

 

                      Prigojine et Outkine sont dans un avion !

   Forcément, un jet vole beaucoup moins bien avec une seule aile !

 

    Les acteurs d'une série à nulle autre pareille. Le parrain, Poutine, son Frankenstein, Prigojine, et son néonazi, Outkine. 

 

Deux mois quasi jour pour jour après la marche insurrectionnelle sur Moscou du groupe Wagner, l’Embraer Legacy 600, un jet privé appartenant à Evgueni Prigojine, s’est écrasé au nord de la capitale russe dans la région de Tver. En provenance de Moscou, l’avion avait pour destination Saint-Pétersbourg. Selon l'agence Tass elle-même et de nombreuses sources locales, le boucher de Barkhmout se trouvait à bord avec son ami néonazi, Dimitri Outkine, le vrai fondateur des voyous de Wagner. Huit autres personnes, dont trois membres d’équipage, sont également décédées. 

 

Les images de la chute verticale de l’avion, avec une aile en moins et des traces furtives de panache provenant du sol, ne laissent planer, si l'on peut dire, aucun doute sur l’origine du crash. Il est acquis que des batteries anti-aériennes de l’armée étaient positionnées en périphérie de Tver. La menace quotidienne de frappes ukrainiennes, via l’envoi de drones de fabrication propre, sur le territoire de la Russie explique que le chef d’état-major général des armées, Valeri Guerassimov, ait décidé de disposer ces dispositifs dans la profondeur du territoire. Une autre hypothèse est avancée, notamment par les Américains: une bombe aurait été introduite soit dans le train d'atterrissage, soit dans une soute en dessous des toilettes, soit encore dans un carton de vin prestigieux. Quoi qu'il en soit, missile ou sabotage, l'avion de Prigojine s'est écrasé. Les services russes, GRU et FSB (1) savent y faire. 

 

La guerre s'est invitée en Russie depuis plusieurs semaines. Les forces spéciales ukrainiennes n'hésitent pas non plus à traverser le Dniepr pour certaines opérations sur la rive-est du fleuve ainsi qu'à planter le drapeau ukrainien en Crimée le jour même de la fête de l'indépendance (2).    

 

Bien sûr, la nomenklatura poutinienne va s’efforcer d’éviter autant que possible de parler de "cet accident d’avion". Ça va être tout de même difficile, tant le retentissement national et international du feuilleton Prigojine est énorme. Poutine va-t-il rester muet et ne plus citer le nom de son Frankenstein maudit ? Il le fait systématiquement pour son opposant principal, Alexeï Navalny, emmuré par une justice aux ordres dans la colonie pénitentiaire IK-6 de Melekhovo pour … 19 ans. L’obsession et le but du dictateur sont évidemment de s’en débarrasser et de le voir mourir en prison.  

 

La mort d’Evegueni Prigojine ne changera pas la donne sur le front, où l’armée ukrainienne, depuis plus de deux mois, bute sur les lignes de défense russes lourdement minées et disposées. En l’absence de suffisamment de munitions (obus, drones et missiles à longue portée) et d’armements massifs, lourds et pénétrants (chars en beaucoup trop petite quantité, avions de combat occidentaux, dont le F-16 américain, livrés en ... 2024); il ne faut pas être grand expert pour comprendre que le handicap imposé par les Occidentaux aux Ukrainiens (se battre contre un molosse une main dans le dos) les a considérablement déforcés. Ils livrent bataille courageusement avec ce dont ils disposent. 

 

Le résultat est là: la contre-offensive ukrainienne est, à ce jour, un échec. Elle va être probablement reportée au printemps 2024. Les Russes ont eu tout le temps nécessaire pour fortifier leurs trois lignes de défense sur une profondeur d’une vingtaine de kilomètres. L’équation pour Kiev est simple et complexe à la fois: il faut percer quelque part, de préférence au sud du front, en direction de Melitopol et de la mer d’Azov, tout en contenant des centaines de milliers de soldats russes sur 800 kilomètres de front et les empêcher à leur tour la moindre offensive. L’objectif stratégique est de couper en deux les forces armées ennemies ainsi que de se réapproprier l’espace maritime annexé par Moscou. 

 

Voici ce que nous écrivions ici même, voir ci-après, le 25 juin dernier, au lendemain de la tentative de coup d’Etat d’Evgueni Prigojine. On ne plante pas impunément "un poignard dans le dos" à Poutine: 

 

Poutine n’a évidemment pas supporté que son Frankenstein retourne ses armes contre lui. Ce 24 juin, dans une allocution sinistre, le petit Tsar, la mine défaite et le costume sombre, n’a pas hésité, sans le nommer, à désigner sa marionnette comme traitre et à lui annoncer un avenir à l’ombre d’un cachot ou d’une tombe. (…) Le parrain du Kremlin est apparu faible, à contretemps à chaque étape de la crise. Pendant des mois, il a gardé le silence face aux provocations, vociférations et insultes de Prigojine, laissant l’abcès s'épanouir. Son intervention de samedi matin a constitué un changement radical. Dans son discours, le despote a présenté une Russie au bord de la "guerre civile". Son parallèle avec la révolution de 1917 le plaçait dans la peau du perdant, le Tsar Nicolas II. (…) Sur le plan intérieur, un probable raidissement est à craindre. La chasse aux traîtres est ouverte, elle va s’amplifier, puisqu’il s’avère que ceux-ci sont partout, même parmi ceux que le Kremlin a nourri en son sein. "Après avoir perdu la face, Poutine ne peut que choisir la terreur", a écrit sur Telegram  Anatoli Nesmiyan, un opposant blogueur. "Le lâche est toujours furieux quand il a dû exposer sa lâcheté aux yeux de tous." ' 

 

La disparition du camarade voyou saint-pétersbourgeois de Poutine va certainement faire bouger les rapports de force au sein même du système mafieux russe. Le petit Tsar vient de montrer au monde entier, et surtout à ses opposants plus nationalistes encore, que la vengeance est un plat qui se mange froid (60 jours) et qu’il n’y a aucune place pour les traitres en son emprise. A coup sûr, il s’agit d’un séisme qui aura ses répliques à court, moyen et long termes. Les clans qui, jadis, se partageaient le pactole des rentes énergétiques et financières, se font face désormais. Le processus de désintégration du régime despotique du Kremlin va devenir la série numéro 1 à regarder dans les mois à venir et les prochaines années. Il n’est pas improbable que le parrain lui-même finisse au cachot ou au bûcher. Tout est possible dans cet Etat malade de sa paranoïa et de ses délires de puissance. Le 24 août 2023.  

 

(1) Le GRU est le service de l'armée. Le FSB est le digne successeur du NKVD et du KGB. 

(2) Le 24 août, c'est aussi la fête nationale d'indépendance en Ukraine, jour où le boucher de Barkhmout est tombé sur un os. 

 

 

                         Une rébellion qui en dit long

             sur un régime russe malade et déréglé !

 

    Poutine déverse sa colère contre Progojine. La milice Wagner soutenue par la population de Rostov. Le sourire du traite.  

 

Ainsi donc le monde a pu assister médusé ces derniers jours à une grande tradition de la Russie: la mutinerie, l’insurrection, le coup d’Etat avorté ou non au service d’ambitions féroces. Ainsi va cet empire déréglé, quels que soient le régime, l'époque et le spectacle ahurissant qui va avec: quand des groupes mafieux au pouvoir, depuis leurs alcôves, tanières ou quartier général s’affrontent pour le contrôle d’une gouvernance où la force brutale et vitale n’est mue que par et pour l’argent, la puissance pure et un récit national aussi délirant que dangereux. Depuis des siècles, le peuple russe a pris l'habitude de vivre dans un autre espace-temps. A-t-il jamais eu le choix de changer d'univers ?

  

La menace de l’état-major russe de faire rentrer dans le rang les hordes sauvages de la milice Wagner était insupportable pour son patron, le boucher Evgueni Prigojine. Après avoir donné à la mère patrie à Barkmouth la seule petite victoire russe depuis le début de la guerre et avoir perdu entre 10 à 15.000 hommes dans les combats contre l’armée ukrainienne, voilà que Poutine décide de le remercier en le forçant à dissoudre par pertes et profits son oeuvre criminelle. Le sous-texte d’une telle menace du Kremlin pouvait se lire comme suit: l’Etat ne financera plus désormais tes mercenaires et toi-même, après t'avoir utilisé jusqu'à la corde, tu es devenu incontrôlable ...  

 

Poutine n'est pas le premier et ne sera pas le dernier à voir sa créature se retourner contre son créateur. Ainsi va la loi des apprentis sorciers. Menteurs, manipulateurs et destructeurs pour l'idée unique qu'ils se font de leur destin; cette fable ignoble d'un monde parallèle qu'ils se sont approprié au point de s'y mirer et de s'y noyer. Poutine est dans l'ordre des choses au sein d'une nation complexée, dont les miroirs déformants lui ont fait croire au mythe de la puissance impériale éternelle, tournant le dos avec vanité au principe de réalité. Une nation ainsi décomplexée qui ignore l'altérité autant qu'elle adore sa propre mise en scène. Historiquement, la Russie a cette capacité hors du commun de semer en permanence les grains empoisonnés de la misère humaine. Le chaos organisé par cet Etat malade est un processus en cours. Le Kremlin fait en effet très bien le travail méthodique vers sa lutte finale.

 

Poutine n’a évidemment pas supporté que son Frankenstein retourne ses armes contre lui. Ce 24 juin, dans une allocution sinistre, le petit Tsar, la mine défaite et le costume sombre, n’a pas hésité, sans le nommer, à désigner sa marionnette comme traitre et à lui annoncer un avenir à l’ombre d’un cachot ou d’une tombe. Et puis, sans coup férir, "pour éviter un bain de sang intra-russe", Satan lui-même, ange déchu par Dieu, semble s’être penché sur la tragédie qui se jouait sous nos yeux. Son bâton de sorcier a fait le reste. En Russie, le diable ne se cache pas toujours dans les détails. 

 

Un deal secret, dont nul aujourd’hui ne connait les closes, conditions et marchandages, passé entre Prigojine et Loukachenko, le président biélorusse, et dont la teneur fixera les termes des rapports de force à venir, a permis illico l’arrêt de la marche factieuse sur Moscou. Un semblant d’ordre, dont personne n'est dupe, est de retour dans un film catastrophe qui n’a peut-être pas encore révélé toutes ses intrigues et ses rebondissements. Tolstoï aurait fait ses choux gras de cette série guerre sans paix. 

 

Le parrain du Kremlin est apparu faible, à contretemps à chaque étape de la crise. Pendant des mois, il a gardé le silence face aux provocations, vociférations et insultes de Prigojine, laissant l’abcès s'épanouir. Son intervention de samedi matin a constitué un changement radical. Dans son discours, le despote a présenté une Russie au bord de la "guerre civile". Son parallèle avec la révolution de 1917 le plaçait dans la peau du perdant, le Tsar Nicolas II. Poutine aura du mal à expliquer aux Russes que malgré le sérieux de la confrontation avec l’Occident, "l’agresseur", comme chacun sait, ils peuvent continuer à vivre en toute quiétude à l’ombre de l’étoile de Saint-Georges. Impossible pour lui de prétendre que les choses se sont déroulées "selon le plan", mantra de la nomenklatura russe. 

 

L’enquête criminelle ouverte contre Evgueni Prigojine pour "appel à l’insurrection armée" a été classée, l’annonce en a été faite par le porte-parole du Kremlin, l’imperturbable Dmitri Peskov. Même le ministère de la Défense considère apparemment l’épisode comme clos. Sur les réseaux sociaux, il a publié une photo proclamant, rions un peu, "cohésion et unité" ! Tout va pour le mieux Madame la marquise … Les dégâts et les morts causés par l’aventure Prigojine sont, semble-t-il (attendons la suite), passés par pertes et profits : les blogueurs militaires russes évaluent ces pertes entre 13 et 20 militaires dans les rangs de l’armée, tous tués à bord d’appareils abattus (6 hélicoptères et 1 avion).

 

Pour le monde, pour le fameux "Sud global", Brésil, Afrique du Sud et tous les autocrates patentés admirateurs et alliés du dictateur, pour la Chine, si soucieuse de stabilité, forte inquiète, pour le peuple russe lui-même, il est maintenant évident que le président de la Fédération de Russie, Etat qui siège au Conseil de sécurité de l'ONU, ne contrôle plus "les siens", et qu’à un moment donné, tout ou partie d’entre eux peut devenir une menace pour l’ensemble du système mafieux poutinien. Le fait que Prigojine n’ait pas pu, ou pas voulu, aller au bout de son projet ne change rien: le pouvoir n'est plus indéboulonnable !  A coup sûr, ceci ne manquera pas d'avoir de sérieuses retombées et conséquences. 

 

Sur le plan intérieur, un probable raidissement est à craindre. La chasse aux traîtres est ouverte, elle va s’amplifier, puisqu’il s’avère que ceux-ci sont partout, même parmi ceux que le Kremlin a nourri en son sein. "Après avoir perdu la face, Poutine ne peut que choisir la terreur", a écrit sur Telegram Anatoli Nesmiyan, un opposant blogueur. "Le lâche est toujours furieux quand il a dû exposer sa lâcheté aux yeux de tous." Les Russes des cages à poule des villes et des isbas des campagnes n'y comprennent plus rien. Ceux des datchas non plus, d'ailleurs. La peur en est le ciment commun.   

 

Quant au peuple ukrainien, dans un premier temps très satisfait de la rébellion wagnérienne, en espérant y trouver des éléments d’affaiblissements structurels de l’ennemi russe, il doit maintenant, comme il le fait depuis 2014 et 2021, s'attendre à des jours, des semaines et des mois très difficiles. Il y est préparé, son armée aussi. Celle-ci ne cessera sa contre-offensive qu'au prix de gains territoriaux majeurs. Pour l'heure, les combats font rage, toujours et encore, les pertes en hommes et matériels militaires sont importantes des deux côtés. Les avancées ukrainiennes sont modestes, la détermination le n'est pas, elle est intacte, tant à Kiev, qu'à Washington, Bruxelles, Paris, Berlin, Varsovie ...

 

La réunion de l'Otan à Vilnius, en Lituanie, les 11 et 12 juillet prochains, marquera une étape capitale dans le processus de sécurisation de la souveraineté de l'Ukraine en Europe. L'étape systémique qui s'y planifie n'est autre que son adhésion à l'Union européenne et à l'Alliance atlantique. Poutine, ses sbires, amis et alliés ne doivent se faire aucune illusion à ce sujet. Les mécanismes juridiques, politiques et militaires sont d'ores et déjà en marche, leur déploiement dans les faits se fera au pas forcé - seule issue à terme pour empêcher la Russie de récidiver - mais sans dérapage institutionnel.    

 

C'est une évidence, la guerre va s’intensifier. Le dictateur du Kremlin est désormais dans les cordes. Il va jouer ses dernières cartes conventionnelles. Elles risquent d'être encore plus dévastatrices. Lui, le paranoïa forcené, plus que jamais isolé, qui se cache dans ses bunkers, qui n’a jamais osé se rendre sur le front, contrairement au président Zelensky, est terrorisé à l’idée même d’être malade. Quant à mourir avec sa clique et son régime pourri sous le déluge nucléaire, il y regardera à 10 fois, d'autant que la chaîne de commandement en Russie est sécurisée par des maillons qui ne souhaitent nullement être désintégrés. Seuls les pires cauchemars du petit Tsar lui parlent sans doute de sa fin inéluctable.

                                                                        Le 25 juin 2023.  

 

 

          L'empire paria !

 

"La Russie a survécu à l'invasion napoléonienne, à l'effondrement de l'empire tsariste, à l'agression hitlérienne, à sept décennies de communisme, au Goulag, à la perte de son glacis en Europe centrale, à la dislocation de l'URSS ... Elle survivra bien à l'ère poutinienne, mais dans quel état ? En instrumentalisant le passé de la Russie, Vladimir Poutine lui a dérobé son avenir. Son aventurisme en Ukraine a mis en branle un désastre accéléré. Des centaines de milliers de jeunes ont été sacrifiés comme chair à canon sur le front du Donbass; des centaines de milliers d'autres, parmi les plus instruits et les mieux formés, ont choisi l'exil. Le plus grand pays du monde s'est coupé de son lien avec l'Europe, à laquelle il appartient culturellement et vers laquelle il regardait depuis trois siècles. Il est devenu un quasi-vassal de la Chine. Son économie est à terre, ses immenses ressources énergétiques ont perdu l'essentiel de leurs débouchés. Le maître du Kremlin a transformé la grande Russie en Etat paria. Son ambition était celle d'une restauration néo-impériale; sa guerre restera, plus vraisemblablement, comme le dernier soubresaut d'un empire déclinant. Et sur le champ de ruines qu'il laissera, nombre d'experts et de politiques français (européens et américains) devront se demander comment ils ont fait pour ne rien voir venir.". Luc de Barochez, Le Point. Russie. (Géopolitique). "Les secrets d'un empire en guerre". Cartes, analyses, reportages.       

                                                                               Le 18 mai 2023.

 

 

Intelligence Artificielle : une révolution ou le grand remplacement ?

 

Il y a à peine quelques mois, pas grand monde ne connaissait l’application de la société OpenIA, ChatGPT. Depuis, des millions de personnes se sont inscrites sur la plateforme. Que nous propose-t-elle ? La rédaction de textes divers, recherches scientifiques, philosophiques, littéraires, plans, structures, développements, analyses, synthèses. D'autres applications proposent des images et des vidéos de synthèse, complètement fabriquées et donc irréelles. Tout cela composé à partir de suggestions, questions et interrogations que nous posons à l’IA. Le temps de réaction est généralement très court ; les algorithmes qui fonctionnalisent le cerveau qui répond opèrent en un temps record. 

 

Ainsi, le journaliste en mal d’inspiration trouvera-là de quoi compléter, élargir ou carrément renouveler son regard sur les sujets qu’il souhaite traiter. Le doctorant en médecine se verra proposer une nomenclature toute faite pour sa future thèse. Le philosophe trouvera matière à générer une dialectique étonnante sur des thèmes infinis. L’étudiant soumis à dissertation recevra un modèle dont il aura peut-être du mal à reconnaître qu’il en est l’auteur. Plus concrètement, des millions  d’employés à tâches répétitives, de compilation, de contrôle ou d’interaction protocolarisée avec des consommateurs ou des clients se verront remercier par leurs employeurs, car désormais concurrencés par un service moins cher, plus rapide, constant et disponible H 24. 

 

Allons plus loin. Les enseignants, certains personnels soignants, les notaires, les rédacteurs de notices, de dépêches d’agences, les "plumes" des ministres et des maisons d’édition, d’autres encore, ne vont-ils pas tout simplement disparaître dans les années à venir ? Les groupes terroristes, les dictatures et les Etats illibéraux, dotés de moyens de propagande, de désinformation et de manipulation nouveaux, ne seront-ils pas tentés de recourir à l’arsenal disponible de fake news (infox) et de deepfake (technique de synthèse multimédias) ? Poser ces questions, c’est y répondre.

 

Il y a sous nos yeux une révolution systémique qui est en cours. A côté, l’imprimerie, la machine à vapeur et l’informatique sont de gentilles évolutions. Car un nouveau paradigme pourrait s’imposer : si l’humanité ne se dote pas des instruments de contrôle, de régulation et d’évaluation à la hauteur des défis existentiels qui lui sont posés, elle ne tardera pas à être rattrapée, dépassée et déclassée.

 

Le surhomme, cher à Friedrich Nietzsche et aux adeptes du transhumanisme, ne sera plus humain. Il sera une entité informe dotée d’une intelligence sans limite. "Brave New World" d’Aldous Huxley et  "1984" de George Orwell ne feront plus qu’un. Il ne s’agira plus d’une révolution, même majeure, il s'agira du véritable et irréversible grand remplacement.

 

D'ores et déjà, tous les algorithmes du monde entier, au service de l’IA, se connectent entre eux. Ainsi, ils ne cessent d’améliorer leurs capacités cognitives, qualitativement et quantitativement. Ils dialoguant en permanence. A court et moyen termes, non seulement ils vont augmenter de manière exponentielle le volume de leurs connaissances, mais encore, selon certains experts, non des moindres, ils ne tarderont pas à performer en matière de sensibilité. Quelle en sera la marque ? Evitons de parler  d'émotion, sujet trop connoté et discutable pour le retenir parmi les hypothèses aujourd'hui plausibles.   

 

Les consciences sont nombreuses à demander aux gouvernements un moratoire sur la recherche en Intelligence Artificielle. D’autres éminences grises s’y opposent, en arguant que cela ne pourrait profiter qu’à la Chine, qui ne retient aucun de ses coups lorsqu’il s’agit d’affaiblir et de dominer les démocraties. Nous n’avons pas ici les compétences pour trancher. Ce que nous savons à ce jour est suffisamment interpellant et inquiétant pour que la communauté internationale se saisisse rapidement du sujet. Tout arrêter n’est pas possible. Laisser faire "les progrès" de la recherche est-il pour autant acceptable ? Le XXIème siècle ne devrait pas accoucher d’un monstre hors de contrôle. Le 04 mai 2023.  

 

 

  

   

  Réforme des retraites : les limites de "l’opération catharsis" ! 

 

 

"Pour clore la crise des retraites, Emmanuel Macron occupe le terrain, multipliant les déplacements et les interventions médiatiques. Cette opération de communication, savamment pensée à l’Elysée, ne règle rien de l’équation politique, explique Solenn de Royer dans une chronique au "Monde".

 

Désireux de purger la crise des retraites, qui l’a plongé dans l’impopularité et risque de paralyser son mandat, Emmanuel Macron déroule l’"opération catharsis" qu’il a dessinée à l’Elysée. Celle-ci passe par une omniprésence médiatique, ad nauseam : saturer l’espace pour catalyser la colère ("Il n’y a rien de pire que la colère rentrée, il faut que ça sorte", explique le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Stanislas Guerini), tout en faisant diversion.

 

Après la crise des "Gilets jaunes", le président de la République avait lancé le "grand débat", répondant aux questions des élus, partout en France, pendant de longues heures, moyen (symbolique) de renouer avec le pays. Même chose depuis dix jours mais cette fois, sans intermédiaires : sur le terrain, il multiplie les "petits débats" (comme l’a joliment théorisé le ministre de l’industrie, Roland Lescure, dans l’émission "Dimanche en politique", sur France 3) au contact des Français, affrontant physiquement la colère de cette "foule" qu’il avait sévèrement critiquée.

 

M. Macron se montre tout aussi actif sur le front médiatique. Dimanche, il a accordé une interview fleuve aux lecteurs du Parisien. Pas d’annonces tonitruantes – il confirme vouloir "lancer un grand projet de restauration écologique de nos écoles" – mais il balaye tous les sujets (immigration, inflation, écologie, institutions…), afin de signifier qu’au-delà des retraites, et du rejet que cette réforme continue de susciter, la vie doit continuer. Un "président du quotidien" qui "parle de tout avec tous", louent ses proches.

 

Clauses de revoyure

 

En vieux routier, le maire Les Républicains de Meaux, Jean-François Copé, s’amuse de cette "habile" séquence de "communication politique". S’il la juge utile pour "faire atterrir les tensions", il redoute que le Chef de l’Etat en profite pour mettre "au congélateur" la vie politique. "Il y a beaucoup de phrases, beaucoup de choses dans tous les sens, on va tout faire, tout refaire… Mais, pendant cent jours, il ne va rien se passer d’important !", a lancé, le 20 avril sur BFM-TV, l’ancien ministre, qui se demande comment M. Macron va pouvoir "gérer les quatre années" qui lui restent, afin que celles-ci soient "utiles".

 

De fait, sur plusieurs sujets – référendum, institutions, Service national universel… –, le président de la République reste flou, indiquant qu’il pourrait soit faire, soit… ne pas faire. Sur d’autres (l’inflation), il semble se contenter d’un rôle d’observateur, prédisant des jours difficiles ("Je vais être honnête, les prix alimentaires, ça va être dur jusqu’à la fin de l’été"), mais sans annoncer de mesures immédiates. 

 

La première ministre, Elisabeth Borne, doit détailler sa feuille de route mercredi.Comme souvent, alors que beaucoup, dans la majorité, espéraient qu’il "renverse la table", M. Macron gagne du temps. C’est d’ailleurs l’une des caractéristiques de ce pouvoir qui multiplie les clauses de revoyure (les "cent jours", "d’ici à l’été", "d’ici à 2024"…), autant de lignes de fuite. Comme si, dans ce rapport glissant au temps, le Chef de l’Etat s’épanouissait pleinement, se prévalant aussitôt de ces réalisations incertaines, sans se lier véritablement les mains.  "C’est le futur antérieur de l’action comme moyen de communication", ironise un familier de l’Elysée.

 

"Redoubler d’humilité !"

 

Mais l’"opération catharsis" se heurte au tempérament présidentiel. Alors qu’il reconnaît quelques loupés sur les retraites, M. Macron ne peut pas s’empêcher de jeter du sel sur les plaies – quand il assume, par exemple, sa petite phrase sur "traverser la rue pour trouver du travail" –, contrairement à son vœu d’apaiser. "Avancer ne veut pas dire cliver", soupire un ministre selon lequel il faudrait, au contraire, "redoubler d’humilité".

 

Ce n’est pas la posture choisie par le président de la République, qui dit vouloir se "réengager dans le débat public, parce qu’il y a des choses qui ne sont pas claires", laissant entendre que sans lui, les choses n’embrayent pas. En creux, c’est une sévère critique de son dispositif politique. En mettant la pression sur sa première ministre, il entend lui faire jouer à plein le rôle de bouclier-fusible. Mais en la soutenant du bout des lèvres, il l’affaiblit et s’affaiblit lui-même.

 

Surtout, derrière l’opération de communication, l’équation politique reste pour lui inchangée : comment trouver une majorité pour continuer d’avancer ? Il y a peu, M. Macron voulait découper le projet de loi immigration en deux, afin d’améliorer les chances de faire voter chaque volet : fermeté avec la droite, travail avec la gauche. Là, il dit l’inverse, préférant "un seul texte" (à la fois "efficace et juste") sans dire comment il compte le faire adopter : "Je ne sais pas vous dire quel sera le chemin"…

 

Selon l’un de ses éminents stratèges, l’entretien dans "Le Parisien" s’inspire "volontairement" de la contre-offensive menée fin 2005 par Jacques Chirac, après la crise des banlieues. Alors que ce dernier s’était montré très discret pendant les émeutes, il avait tenté de revenir dans le jeu en recevant cinquante lecteurs du "Parisien" à l’Elysée, au milieu desquels il avait posé sur les marches du palais.

 

En "Une", le quotidien avait titré : "Nos lecteurs à l’Elysée. Le président répond". Même mise en scène ici ("Emmanuel Macron répond à nos lecteurs") et même photo, devant la porte vitrée. Curieux parallèle : il y a vingt ans, Jacques Chirac, usé par dix années au pouvoir et fragilisé par un AVC, voyait le pouvoir lui échapper, au crépuscule de son règne." Solenn de Royer, le 26 avril 2023. 

 

 

                          Le rapport de synthèse du GIEC

          Un modus operandi pour éviter la catastrophe finale !

 

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) vient de publier la synthèse de huit années de travaux. Il entretient l’espoir qu’il reste une chance de limiter le réchauffement à 1,5 °C. Pour ce faire, un très rapide sursaut international est impératif. 

 

Nous sommes au bord du précipice. Les activités humaines bouleversent le climat à un rythme et avec une ampleur sans précédent depuis des millénaires, voire des centaines de milliers d’années, entraînant des impacts toujours plus ravageurs, généralisés et désormais souvent irréversibles. Alors que les vies de milliards de personnes sont déjà affectées, la poursuite des émissions de gaz à effet de serre va renforcer les menaces sur la production alimentaire, l’approvisionnement en eau, la santé humaine, les économies nationales et la survie d’une grande partie du monde naturel.

 

Pourtant, l’humanité peut encore reculer et éviter le grand saut. Conserver un monde vivable pour tous implique de réduire immédiatement et drastiquement les émissions dans tous les secteurs. Les options pour y parvenir, mais aussi pour s’adapter au dérèglement climatique, sont nombreuses, efficaces et disponibles dès maintenant.

 

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui a publié, lundi 20 mars, la synthèse de huit ans de travaux, entretient l’espoir – ténu – qu’il reste une chance de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C par rapport à la période préindustrielle, à condition d’un sursaut international. "La bombe à retardement climatique poursuit son compte à rebours, mais ce rapport est un guide pratique pour la désamorcer, un guide de survie pour l’humanité", a réagi le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, Antonio Guterres.

 

Cette somme, rédigée par 93 scientifiques, se veut l’état le plus complet et condensé de la science climatique, afin d’éclairer l’action mondiale. L’instance onusienne y résume à la fois les trois volets de son 6e rapport d’évaluation (parus en 2021 et 2022, et consacrés aux bases physiques du réchauffement, aux impacts et aux solutions), et trois rapports spéciaux qui portaient sur les conséquences d’un réchauffement de 1,5 °C (2018), sur les terres et sur les océans et la cryosphère (2019). L’organisation clôture ainsi un cycle lancé en 2015. (*)

 

Même s’ils réitèrent des messages déjà connus, la synthèse et son résumé à l’intention des décideurs ont été adoptés par les représentants des 195 pays membres du GIEC au terme d’une semaine à Interlaken (Suisse), qui a joué les prolongations. La trentaine de pages du résumé a été négociée ligne par ligne avec les auteurs, comme le veut l’usage de l’instance.

 

Le résumé le dit à nouveau de manière catégorique : les activités humaines ont "sans équivoque" provoqué le réchauffement climatique. La température à la surface du globe s’est élevée d’environ 1,1°C, lors de la dernière décennie par rapport à 1850-1900. Le rythme de hausse du mercure sur les cinquante dernières années est le plus rapide depuis au moins 2 000 ans ...

 

Les activités humaines, en particulier la combustion d’énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz) et la déforestation émettent des gaz à effet de serre qui ne cessent d’augmenter année après année – elles ont atteint 59 milliards de tonnes en 2019. Les émissions varient d’un pays à l’autre, mais dépendent largement des niveaux de revenu. 

 

Conséquence : les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ont atteint des niveaux inégalés depuis deux millions d’années pour le dioxyde de carbone (CO2), le principal d’entre eux, et 800 000 ans pour le méthane. Sous l’effet de cet excédent d’énergie, les extrêmes climatiques – canicules, sécheresses ou pluies diluviennes – sont devenus plus fréquents et intenses, la fonte des glaciers s’accélère, de même que l’élévation du niveau des mers.

 

On ne pourra pas dire que nous n'étions pas prévenus. Il appartient à chacun et chacune d'entre nous, aux Etats et aux organisations régionales, nationales et internationales de tout faire pour neutraliser la machine infernale d'ici la fin du siècle. A défaut, l'humanité fera régner sur terre l'enfer de Dante.

(*) Voir, ici même, articles détaillés sur les différents rapports du GIEC dans la rubrique "Sans attendre".

                                                                      Le 21 mars 2023.  

 

 

  Réforme judiciaire en Israël : le monde de la Défense sonne l’alarme !

 

Anciens combattants et officiers réservistes alertent sur la dérive autoritaire du gouvernement Netanyahou et les risques que ses réformes font peser sur l’armée et la nation tout entière.

 

"Le 23 février dernier, une centaine de soldats et d’officiers réservistes de la division des opérations spéciales de Tsahal, parmi lesquels un général et des lieutenants-colonels, ont menacé dans une lettre adressée à Netanyahou de ne plus servir si la réforme judiciaire est adoptée : "Cette loi détruira tout ce pour quoi nous nous sommes battus". Ce sont les réservistes les plus hauts gradés à s’opposer ainsi au plan du gouvernement. Tsahal craint que ce ne soit que le début d’une vague de désobéissance dans ses rangs.

 

La grande muette étouffe sous les contestations. Il n’est pas un jour où des anciens combattants, des réservistes, voire des officiers en poste, se montrent inquiets face aux projets visant à casser la Cour suprême et à remettre une partie de la sécurité entre les mains des suprémacistes juifs Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich. Pour l’instant, Netanyahou reste sourd à leurs demandes. Rien ne le perturbe ; ni les missives adressées par d’anciens officiers du Corps blindé mécanisé et des commandos de Marine, ni les avertissements de 400 anciens responsables de la Sécurité, dont d’anciens chefs du Mossad, du Shin Bet, de la Police, et des conseillers à la Sécurité nationale, vent debout contre « des lois qui contredisent le caractère juif, démocratique et progressiste du pays ».

 

"Tsav 8 [appel d’urgence] pour la démocratie"

 

La grogne déborde dans la rue. Des manifestations monstres secouent les grandes villes d’Israël chaque samedi soir depuis le 14 janvier. Dans la foule se dressent des milliers d’anciens combattants et des réservistes "en civil". Au sein du Mossad, la colère est déjà si grande et les manifestants si nombreux que le conseiller juridique a officiellement autorisé les agents à participer aux protestations. Par ailleurs, des centaines d’anciens combattants libérés du devoir de réserve ont organisé une marche de trois jours depuis le fortin de Latroun, lieu de mémoire des batailles de 1948 et 1967, jusqu’à la Cour suprême, à Jérusalem.

 

Leur slogan : "Tsav 8 [appel d’urgence] pour la démocratie". Dans le Nord, des vétérans de la guerre du Kippour sont allés jusqu’à mettre un char en tête de leur cortège, recouvert d’une banderole figurant la déclaration d’Indépendance. Le symbole saisit aux tripes. Quiconque se souvient des périls auxquels Israël a pu réchapper ne peut qu’être bouleversé par le dernier combat de ces "frères d’armes".

 

"J’ai combattu dans toutes les guerres depuis 1968, à Gaza, en Cisjordanie, etc. Cette bataille est le combat le plus important de ma vie, celui qui a le plus de sens", nous confie en hébreu l’ancien chef d’état-major Moshe Boogui Ya 'alon. Celui qui fut ministre des Affaires stratégiques puis de la Défense dans trois gouvernements Netanyahou (2009-2016) est aujourd’hui la voix claire, ferme et patriotique des opposants à la coalition. "Si le Premier ministre a tous pouvoirs, nous sombrerons dans une dictature", prévient Ya 'alon. Dans sa rage d’échapper à son procès pour corruption, fraude et abus de confiance, Netanyahou veut réduire au silence la Cour suprême, politiser la nomination des juges et pouvoir décider de tout par un vote à la majorité simple, sans garde-fou.

 

Il s’est entouré pour cela d’un quarteron d’extrémistes : le ministre de la Justice Yariv Levin (Likoud), résolu à passer la réforme, si besoin en limogeant la procureure général, le chef du Shas Aryeh Deri, pressé d’effacer sa négociation de peine pour fraude fiscale et devenir ministre de l’Intérieur, Yitzhak Goldknopf, à la tête du parti antisioniste Judaïsme unifié de la Torah, soupçonné de corruption et les kahanistes Ben Gvir et Smotrich, multi-condamnés pour propos racistes. "Ce gouvernement est un gouvernement de criminels. 80 ans après la Shoah, Israël est en passe de devenir un Etat juif et fasciste, raciste et homophobe, messianique et corrompu", assène Ya’alon.

 

"Nous devenons des mercenaires"

 

Boogui Ya’alon n’est pas le seul à prononcer le mot de dictature. "De plus en plus de gens disent nous ne servirons pas sous une dictature" a déploré l’ancien chef d’état-major Dan Halutz sur la radio militaire. Et d’en conclure : "C’est ainsi que nous devenons des mercenaires. Nous nous sommes enrôlés dans l’armée d’un Etat démocratique. Si c’est une dictature, autant servir en Ouganda ou au Rwanda, où ils paient plus". Le drapeau noir ne flotte pas encore sur la Knesset, mais le gouvernement se montre déjà omnipotent. Il veut faire main basse sur la Justice et réduire la liberté d’expression en fermant la chaîne publique Kan.

 

Sa politique est partisane, communautariste, méprisante pour les minorités. Elle se fait dans un esprit de revanche sur Oslo et sur l’évacuation de Gaza, approuvée en 2005 par la Cour suprême. Les ultra-orthodoxes sont reconnus comme un Etat dans l’Etat et l’extension des droits et services aux résidents des implantations équivaut à leur annexion de facto. Culot ultime, la coalition veut nommer le grand rabbin militaire en accord avec le Shas, un parti qui exige que les étudiants de yeshivot soient exemptés de service militaire. "Voilà aussi pourquoi les réservistes manifestent", explique Ya’alon. "En Israël, ils sont ceux qui servent et donnent beaucoup. Ils travaillent, paient des taxes, et il leur faut encore prendre les charges des haredim sur le dos ! C’est sur eux que repose l’Etat. Notre économie forte, la high-tech, c’est à eux, les réservistes, qu’on le doit".

 

Les militaires sont inquiets par la casse judiciaire comme citoyens et comme soldats. L’affaiblissement de la Cour suprême les laisserait sans protection face à des mandats d’arrêt émanant par exemple de la CPI, laquelle s’est déclarée compétente en 2021 pour enquêter sur de possibles crimes de guerre dans les Territoires occupés. L’un des moyens pour un pays d’échapper aux poursuites internationales est de diligenter ses propres investigations. Or quelle serait leur légitimité aux mains d’une justice politique ?

 

Comme si cela ne suffisait pas, la refonte sécuritaire en Cisjordanie vient aussi saper l’autorité du nouveau chef d’état-major Herzi Halevi, qui voit la police des frontières lui échapper au profit du ministre de la Sécurité Ben Gvir, tandis qu’une grande partie de l’Administration civile revient désormais à Smotrich. Autant offrir des allumettes à "deux pyromanes", s’insurge Ya’alon : ces deux annexionnistes "veulent faire la guerre aux Palestiniens, et le plus vite possible. La Cour suprême les en empêche, c’est pourquoi ils tiennent tant à la démanteler".

 

Au moment où Tsahal doit gérer l’une des pires situations sécuritaires, avec un Hamas toujours plus fort face à une Autorité palestinienne en lambeaux, Ben Gvir continue ses provocations, sur le mont du Temple et ailleurs. Il a récemment dit vouloir ordonner à la police de lancer l’"Opération Rempart n°2" contre Jérusalem-Est sur le modèle de l’intervention militaire à Gaza en 2002. Une initiative sans lendemain. Mais cela échauffe les esprits alors que la tension monte à l’approche du Ramadan, fin mars.

 

Des lois dangereuses

 

D’autres lois présentées par la coalition se révèlent tout aussi dangereuses. Elles n’ont aucun sens sinon de jeter de l’huile sur le feu, comme l’assouplissement des règles d’engagement dans les Territoires ou la peine de mort pour les terroristes (la plupart sont neutralisés). Quant au projet de garantir l’immunité aux soldats, il scandalise au plus haut niveau. "La récompense et la punition font partie intégrante de l’expérience militaire", fustige le dernier chef d’état-major Aviv Kohavi dans un entretien à Haaretz, "il n’y a aucun moyen de maintenir une armée éthique, professionnelle et correctement conduite sans cela".

 

Le ministre de la Défense Yoav Gallant a beau tenter de rassurer sur les réformes en cours, la crise est majeure. Elle mine le moral des troupes, questionne la place de Tsahal dans la nation et aggrave le conflit avec les Palestiniens. Elle a d’autres effets dangereux. La dérive autoritaire du gouvernement Netanyahou détourne les investisseurs d’Israël et embarrasse ses alliés, à commencer par Washington. Un soutien politique et financier dont Tsahal ne peut se passer au moment où l’Iran annonce avoir franchi une nouvelle étape de son programme nucléaire. 

 

On ne compte plus le nombre de fois où les décideurs militaires ont averti qu’Israël courait un grave danger moins tant en raison des menaces extérieures que de ses divisions internes. Nous y sommes. Le monde de la défense alerte. D’une voix sûre, responsable, foncièrement légitimiste. Heureusement la mobilisation populaire est forte. Elle finira par l’emporter, la réforme ne passera pas et cette coalition tombera, assure Yaalon, plein d’espoir : "Nous devons sauver l’Etat d’Israël"."

                                           Frédérique Schillo, CCLJ, Regards, le 08 mars 2023. 

 

 

                                  

                                     24 février 2022

                                         "Une date à jamais frappée d'infamie !" 

                                                   Franklin Delano Roosevelt, président des Etats-Unis d'Amérique.

                                        A propos de l'attaque japonaise sur la base navale américaine de Pearl Harbor.

                                                                                      7 décembre 1941. 

 

                                Avons-nous encore le choix ?

 

Certains craignent que l’engagement militaire des Occidentaux derrière l’Ukraine ne nous conduisent, par un enchaînement de situations incontrôlables, vers une confrontation directe avec la Russie. On peut comprendre ces peurs, mais elles ne peuvent nous priver d’un regard lucide sur l’origine, le développement et les conséquences de la guerre russe en Ukraine. Nous n’en sommes plus à l’étape d’éviter une escalade avec Moscou. Elle a déjà eu lieu, elle est en cours et elle va crescendo.

 

Nous l'avons ici même souvent affirmé, nous ne croyons pas à une "régulation" du conflit par le recours à des frappes russes nucléaires, dites tactiques. Aucun intérêt pour le Kremlin de voir l'Otan anéantir  l'armée russe en Ukraine, y compris en Crimée, et en Mer Noire, ou d'ouvrir la voie à une atomisation de l'humanité.  

 

Sur le terrain conventionnel, nous n’avons plus le choix. Nous sommes en guerre, pour l’heure, indirectement. L’Europe, davantage que les Etats-Unis, ne peut se permettre une défaite de l’Ukraine; les Ukrainiens ne nous le pardonneraient pas et l’Union européenne n'y survivrait certainement pas. 

 

Qui peut croire que Poutine et ses sbires ne seraient pas encouragés à poursuivre leur croisade impériale ? Ils ne feraient qu’une bouchée de la Géorgie et de la Moldavie, en attendant l’étape suivante: récupérer la Pologne, obsession du Kremlin depuis l’arrivée au pouvoir du petit Tsar. Ce n’est pas un hasard si l’armée polonaise est devenue la première en Europe, hors armes nucléaires. La destruction de l'Ukraine sur le sol du Vieux Continent serait annonciatrice d'une confrontation majeure entre l'Alliance atlantique et la Russie.

 

Nous sommes donc au pied du mur ! 

 

Soit nous renonçons et nous aurons un jour une facture exorbitante à payer pour notre cécité et notre lâcheté. Soit nous prenons nos responsabilités, en adoptant pour partie une économie de guerre et faisons face, et nous nous donnons la chance de défaire la Russie (en Ukraine et nulle part ailleurs) et de bâtir une nouvelle Europe puissance, véritablement intégrée, notamment sur le plan de la Défense. Même avec des accords de paix dûment ratifiés, la Russie, si elle ne change pas radicalement son paradigme doctrinaire - elle n’en prend pas vraiment la direction - restera longtemps encore une menace existentielle pour les démocraties libérales.

 

Davantage encore dans le champ profond de l’Histoire, le problème chinois - d'aucuns le nient - qui doit être abordé en intégrant le cycle long au court et moyen termes, devra recevoir des réponses appropriées, débarrassées de tout angélisme, non pas similaires - l’Union européenne doit se doter rapidement des moyens de sa souveraineté - mais coordonnées avec les Etats-Unis, notre allié stratégique, qu’on le veuille ou non.

 

Cette analyse contrastée, à la fois sombre quant au moment présent et les choix qui vont en découler, et plus encourageante dans l'hypothèse de décisions occidentales fermes et courageuses, se fonde sur des fondamentaux qui affleurent aujourd’hui à la surface des rapports géopolitiques et qui colorent l’avenir de l’humanité d’un clair-obscur instable et systémique. Ne pas s'y préparer reviendrait à l'erreur des Américains, qui n'ont pas pris au sérieux la menace nippone sur Pearl Harbor les mois précédents le 7 décembre 1941.

                                                                                 24 février 2023.