>En France !
En France, berceau de mon enfance, de mes espoirs et de mes craintes, exactement là où j'ai placé mon coeur, ma pensée et mon imaginaire. La France tient en effet une place particulière dans le monde, dans le mien. Elle incarne tant de choses, qui font du bien, qui font du mal. Voyager et découvrir les pays, les nations et les peuples et, toujours, pour ma part, revenir au siège de cette tendresse particulière pour Hugo et les siens. Bien sûr, les Lumières, qui laissent en vérité une trace contrastée, avec cette aspiration singulière et merveilleuse à vouloir réussir la vie en commun, mais avec, sur le chemin, cette tentation mortifère de réduire l'adversaire en ennemi. Il y eut beaucoup d'amour pour en arriver là et, tout à la fois, trop de haine pour s'en satisfaire. Etranges Etats que les France royaliste et républicaine, toutes deux unies par la passion d'être comme étalon de l'agir, toutes deux nourries au lait de la grandeur, mais aussi, parfois, de la laideur; ces France, qui défont et refont l'ouvrage sur un métier usé par les discours "Grand Siècle" autant que "Grand Soir", incapables de tenir jusqu'au petit matin. La France est un héritage fabuleux bien lourd à porter pour hautains en manque de vision, pour vaniteux en recherche de gloire. Et pourtant, en dépit des travers d'un peuple enfiévré par lui-même, d'un peuple au nombril surdimensionné, malgré la fatigue qui vient au bord des larmes vous rappeler le tropisme français pour l'orage et la rage, comment ne pas tomber amoureux de la belle Marianne ?
Des Alpes aux Pyrénées et l’Himalaya à l’horizon !
Après avoir, une fois de plus, se prendre les pieds dans le tapis face au concours des égos et des écuries politiciennes, le président Emmanuel Macron, le couteau sur la gorge, a finalement nommé comme premier ministre le démocrate-chrétien et président du Modem François Bayrou. Un Béarnais succède ainsi au Savoyard, Michel Barnier. C'est que la France aime les sommets en tous genres.
D’emblée, le nouveau locataire à durée indéterminée de Matignon, ce qui n’est pas une garantie de stabilité, tant il va rencontrer sur son chemin les mêmes obstacles et postures que l’ancien commissaire européen, a déclaré, lors de la passation de pouvoir entre l’homme des Alpes et celui des Pyrénées, qu’il était "très conscient de l’Himalaya" qui l'attendait. C’est le moins que l’on puisse dire.
La composition éclatée de l’Assemblée national, avec trois blocs ennemis et sous-groupes rivaux qui se font face, un retour forcé aux plaisirs de la IVème République, un budget 2025 toujours pas voté, dans lequel il va falloir trouver 60 milliards d’économies, des projets de loi en rade, un déficit public 2023 de 154,8 milliards d’euros, soit 5,5% du PIB, une dette de 3.228 milliards d’euros, soit 112% du PIB, ainsi qu’une explosion de plans sociaux dans de nombreuses entreprises, tout cela, en effet, représente pour le maire de Pô une montagne de difficultés digne des plus hautes de la planète.
A 73 ans et après 40 années de trépignement, François Bayrou accède, non pas à la consécration, dont il a toujours fait son obsession, l’Elysée, mais à l’ambition du dessous, Matignon. Jusqu’au dernier moment, Emmanuel Macron, comme toujours, a fortement brouillé les cartes et hésité à le nommer à un poste, certes exposé, mais d’où le nouveau vice-roi pourra, en politicien madré, lui faire une ombre insupportable pour les deux dernières années et demie d’un second quinquennat qui ressemble de plus en plus au crépuscule de François Mitterrand. C'est qu'on ne se bouscule plus à l'Elysée.
Après avoir reçu tous les chefs de parti et les chefs de groupes parlementaires, à l’exception de ceux du Rassemblement national (RN) et de La France insoumise (LFI), le président a tergiversé tout au long de la semaine, repoussant plusieurs fois, malgré sa promesse de faire vite, le moment de nommer son premier ministre. Vendredi 13 au matin, le chef de l’Etat a d’abord prévenu par téléphone François Bayrou qu’il n’irait pas à Matignon. Avant de le recevoir longuement, puis, sous l'emprise d'un chantage ouvertement assumé, de changer d’avis devant la possibilité d’une rupture avec son principal allié et faiseur de Jupiter en 2017.
Le premier ministre nommé dit accepter sa nouvelle mission "en abandonnant toute considération de carrière, parce que la situation est grave". Parviendra-t-il à former une coalition suffisamment solide pour soutenir son action ? Si LFI a d’ores et déjà annoncé le dépôt d’une motion de censure, qui s’en étonnera de la part de véritables adeptes du chaos, les socialistes ne semblent pas hostiles, soyons prudents, au nouveau premier ministre. Après l’annonce de sa nomination, le PS, qui a annoncé qu’il ne participerait pas au gouvernement, lui a demandé, en échange d’une non-censure, de renoncer au 49.3, article de la constitution qui permet de faire adopter un texte sans vote.
Les Républicains (LR), quant à eux, sont restés silencieux. La relation est conflictuelle entre François Bayrou et la droite, qui n’a jamais pardonné au centriste d’avoir appelé à voter pour le candidat socialiste, François Hollande, contre Nicolas Sarkozy, au second tour de l’élection présidentielle de 2012. Les députés LR, qui se sont réunis dans l’après-midi, ont finalement conditionné leur participation au "projet" que doit leur présenter le Béarnais : "On a toujours dit qu’on ne bloquerait pas. Ce qui compte, c’est la feuille de route", a rappelé le chef du groupe, Laurent Wauquiez. Tandis que le ministre de l’Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, volant au RN l’essentiel de ses propositions en matière d’immigration, on le sait, on le voit, est à l’affût pour rester place Beauvau.
Le démocrate-chrétien pourrait bénéficier, du moins dans un premier temps, de la bienveillance de Marine Le Pen, la Césarine au pouce baissé du RN, qu’il a toujours ménagée. On n'est jamais assez prudent. Même si elle a déjà prévenu "qu’un prolongement du macronisme ne pourrait mener qu’à l’impasse et à l’échec". Le président du parti d’extrême droite, Jordan Bardella, a annoncé de son côté "qu’il n’y aurait pas de censure a priori" du prochain gouvernement.
Après la faillite de la solution Barnier, très préjudiciable aux finances et à l’économie de la France, le choix du prince en la personne de François Bayrou, même sous la menace, ne nous semble pas la plus appropriée. D’abord, parce que celui qui s’est présenté trois fois à l’élection présidentielle est doté d’un caractère ombrageux et susceptible ainsi que d’un égo surdimenssionné. Ce qui n'annonce rien de bon dans sa relation avec un Emmanuel Macron blessé, après ce qui s’est passé entre eux juste avant la nomination. Il dit avoir de l’entregent avec toutes les formations politiques du parlement. Derrière les mots de circonstance et de prudence en situation aussi sérieuse, il faut se méfier des chausse-trapes qui ne manqueront pas de se tendre devant les pas du nouveau premier ministre.
L’idée d’aller plutôt vers une personnalité issu de la gauche gouvernementale était pourtant séduisante. Elle aurait permis de contrebalancer le choix d’un Michel Barnier, homme certes raisonnable, mais de droite, par celui, c’était notre préférence, de Bernard Cazeneuve, l’ancien premier ministre de François Hollande. Un homme d'Etat au profil social-démocrate sans compromission avec l’extrême gauche, un courant politique dont la France a un urgent besoin. Compatible avec la plupart des LR, n'a-t-il pas fait ses preuves à l’Intérieur et à Matignon ?
Malgré nos réserves sur la personnalité de François Bayrou, nous espérons vivement que son gouvernement sera courageux et bénéficiera d'une stabilité indispensable, du soutien d’une majorité de députés et de sénateurs. A défaut, nous en sommes convaincus, si les jeux politiciens venaient à nouveau donner le tempo et le la à l’Assemblée nationale (au Sénat, la sagesse prévaut plutôt), alors, il ne se passera guère de temps avant la chute du sixième gouvernement d’Emmanuel Macron, ouvrant ainsi grande la porte à une crise de régime doublée d’une crise financière et économique majeure. Le président devrait alors réévaluer l’hypothèse d’une démission anticipée et d'un départ honteux.
Le 14 décembre 2024.
Un gouvernement Barnier qui n’existe que par la peur du chaos !
Après la dissolution improvisée et incontrôlée de l’Assemblée nationale du 09 juin dernier par Emmanuel Macron, nous avons réfuté la prétention selon laquelle la gauche NFP (Nouveau front populaire) serait majoritaire, pas plus d’ailleurs que le RN (Rassemblement national) ou l’axe central EPR (Ensemble pour la République). Trois blocs plus ou moins égaux se partagent les bancs du Palais Bourbon. Et comme il n’y a pas de volonté à gauche de coalition entre libéraux, socialistes et écologistes – ils sont scotchés à LFI (La France insoumise) – le camp macroniste a donc dû se tourner vers la droite LR (Les Républicains) pour trouver une équation gouvernementale « stable » …
Nous y voilà. Le gouvernement de Michel Barnier a été laborieusement formé, tant les rivalités de partis, les égos et la perspective des présidentielles de 2027 ont pris le pas sur l’intérêt national. La France manque cruellement de culture de compromis, atomisée par un mode de scrutin majoritaire qui fait taire le dialogue et la nuance. A croire que tous les autres pays européens sont l'exception ...
Bref, 40 ministres, 18 de plein exercice et 22 secrétaires d’Etat ou chargés de. Qui réunit-il ? Le gros des troupes, ce sont les soldats si mal traités par Emmanuel Macron, ici récompensés. Puis viennent se placer à des postes importants, dont le ministère de l’Intérieur aux mains du très droitier Bruno Retailleau, le reliquat LR, ex-parti gaulliste. Quelques Horizons et Modem d’Edouard Philippe et François Bayrou pavoisent sur le tableau, 1 divers droite, 1 divers gauche, perle rare, en la personne de Didier Migaud, ancien député socialiste et président de la Cour des Comptes, désormais ministre de la Justice et Garde des Sceaux.
Question: pourquoi n'ont-ils pas choisi cette même coalition à l'issue des élections législatives des 12 et 19 juin 2022 ? Réponse: la droite républicaine n'en voulait pas, préférant faire mariner la majorité relative présidentielle jusqu'à noyade. On a vu le résultat, deux ans plus tard, ces messieurs/dames LR ne sont pas du tout fâchés de se retrouver à nouveau au pouvoir après 12 années d'absence. La soif des ministères, de leurs lambris et autres avantages a été cette fois-ci plus grande que la posture.
Entre le gouvernement de Gabriel Attal et celui de Michel Barnier, guère de différence, si ce n'est à la marge droite, finalement pas si marginale que ça. Ce qui inquiète nombre de parlementaires du centre, peu en phase, c'est le moins que l'on puisse dire, avec des personnalités qui ont voté contre le mariage pour tous, contre la PMA et qui voient en une loi sur la fin de vie "un crime médical institutionnalisé".
Un attelage plus qu’une alliance qui devrait pouvoir compter sur le soutien de 220 députés (165 EPR : 97 Renaissance, 36 Modem, 33 Horizons, 10 alliés et 55 LR et divers droite). Il détient donc une majorité relative; il dépasse en nombre les blocs de gauche (193 : 72 LFI, 66 PS, 38 Ecolo et 17 divers gauche), et du RN (144 : 128 RN, 16 La droite). Le reste des élus étant constitués de non-inscrits et d’indépendants, qui tirent leur fierté d'un point de balance ou d'impuissance selon les cas.
Combien de temps, de semaines, de mois ou d’années peut-il tenir ? Bien malin qui peut le dire. Les embûches et chausse-trappes ne vont pas manquer. A commencer par l’élaboration du budget 2025, véritable juge de paix ou de guerre à venir. Quels en seront les arbitrages ? La France est sous le poids d’une dette de plus de 3000 milliards d’euros, d’un déficit qui atteint les 5,6% du PIB et 6,5 % l’année prochaine. Le Trésor public doit déjà rembourser aux prêteurs chaque année 50 milliards d’euros d'intérêts, ce qui représente une charge énorme sur un budget annuel de 276 milliards d'euros.
Les nouveaux occupants de Bercy, à l’Economie et aux Finances, vont devoir faire des choix douloureux : sabrer dans les dépenses, les quelles, augmenter les impôts, les quels et pour quelle catégories de Français et de secteurs ? Nul doute que la gauche du NFP, gangrenée par le poison de son extrême, avec l’appui de la rue et des syndicats, va tout faire pour faire basculer le fragile édifice gouvernemental mis en place par un premier ministre Barnier sous contrôle tatillon du président.
A l’autre côté du spectre, l’extrême droite, forte de ses 11 millions d’électeurs aux élections européennes du 9 juin, est en embuscade. Nous parions qu’elle ne va pas immédiatement suivre la fuite en avant de la gauche, qui ne va pas manquer de déposer rapidement une motion de censure. Le RN a besoin de respectabilité et de crédibilité, à deux ans et demi d’une élection présidentielle décisive pour Marine Le Pen. Franchira-t-il le gué qui le sépare pour l'heure de la rive opposée ?
Réunis dans une opposition radicale, RN et NFP peuvent à tout moment faire tomber un gouvernement qui n’existe que par la peur du chaos, un état préparé de manière incompréhensible et suicidaire par Emmanuel Macron, "en même temps" Jupiter, Pluton et Vulcain ... L’extrême gauche mélenchoniste n’attend que ça : son grand soir révolutionnaire et totalitaire. Et dire que les sociaux-démocrates du parti socialiste jouent, eux aussi, avec un feu qui pourrait se propager un jour au-delà d'un périmètre parlementaire dépassé par les événements. Scénario redouté et désormais possible.
C’est peut-être là que l’extrême droite, qui feint le sérieux, la responsabilité et qui prétend s’installer à l’Elysée, pourrait y réfléchir à deux fois avant que de se lancer tête baissée dans une aventure institutionnelle aux côtés de la gauche ? Elle aurait plus à perdre qu'à gagner dans une voie qui sent la poudre et le soufre. Son électorat populaire, déjà fragile, en serait la première victime.
Nous en sommes persuadés, derrière la crise politique et financière actuelle, si elle n’était pas surmontée, maîtrisée et que l’hypothèse du désordre venait à se confirmer, perspective tant recherchée par les admirateurs de Maduro, président-dictateur socialiste d'un Venezuela exsangue, alors, la crise de régime qui couve sous la gouvernance hasardeuse du 8ème président de la Vème République, ouvrirait les portes à un incendie dont nul ne pourra contrôler l’ampleur. Le 23 septembre 2024.
Michel Barnier,
un homme de droite raisonnable et de compromis !
Michel Barnier est un Européen convaincu, un homme de droite raisonnable et totalement rallié à la culture du compromis.
Il y a 24 heures encore, nous hésitions entre rire ou pleurer face à l'imbroglio politique - et la crise institutionnelle qui pointe, voire de régime - dans lequel le président Emmanuel Macron a plongé la France depuis sa décision, au soir des élections européennes du 09 juin dernier, de dissoudre l'Assemblée nationale. On en connait le résultat: la constitution de trois blocs parlementaires (NFP, Ensemble, RN), dont aucun ne dispose de majorité dans l'hémicycle.
Depuis, le président de la République a réfléchi, beaucoup réfléchi, a consulté, énormément consulté, puis, depuis une quinzaine de jours, il a testé auprès de ses interlocuteurs tous azimuts différentes hypothèses de coalition. Et jour après jour, l'un après l'autre était récusé et menacé d'une motion de censure, une fois par la gauche radicale et ses alliés roses et verts, une autre fois par le Rassemblement national (RN). Ce fut le cas de Xavier Bertrand, le président de droite de la région des Hauts-de-France. Ce fut aussi celui de Bernard Cazeneuve, l'ancien dernier premier ministre socialiste de François Hollande. Entre les deux, un certain Thierry Beaudet, président du Conseil économique, social et environnemental, à peine pressenti, qui n'avait rien demandé, a subi une bronca générale dont il se souviendra. Malheur à celui qui se trouvent par hasard dans l'oeil d'un cyclone.
Et puis, voici 48 heures, le bruit a couru que l'Elysée opterait finalement pour l'ancien commissaire européen et ministre gaulliste, canal ... on ne sait plus trop quoi, Michel Barnier. Malgré un très regrettable dérapage contre la Cour européenne de justice, coupable à ses yeux d'empêcher les Etats de l'Union de mener à leur guise une politique d'immigration rigoureuse - ce qui est en grande partie faux - alors qu'il sortait, il y a cinq ans, de deux mandats réussis au sein de la Commission européenne (il y a fait de l'éxcellent travail, notamment lors des âpres négociations avec les Britanniques en phase du Brexit), nous voici plutôt rassuré de le voir entrer à Matignon. C'est un choix judicieux et raisonnable, qui annonce une cohabitation assumée, sans doute le seul capable de permettre au pays de sortir par le haut d'une crise qui commençait à prendre des proportions inquiétantes.
Bien plus que la classe politique, toujours prompte à s'exciter, c'est l'attitude des marchés qui envoyait, ici et là, des signaux d'impatience quant à "une impuissance française" incompréhensible, alors que les finances publiques sont dans le rouge vif; un déficit cette année qui sera probablement de 5,6% (de 6,2% en 2025) et une dette de 3000 milliards d'euros ... C'est dire que l'évolution des taux d'intérêts des prêteurs était surveillée comme le lait sur le feu. Le "spread" ou différence entre les taux en Allemagne et en France, indicateur de confiance des investisseurs, ne disait rien qui vaille.
Avec la désignation de Michel Barnier, on peut dire que c'est maintenant que tout commence, soit pour quelques semaines, soit pour une petite année, jusqu'à de prochaines élections législatives en juin 2025, soit pour deux ans et demi, au terme du second mandat présidentiel d'Emmanuel Macron en 2027 ... Comment vont se positionner les différents groupes et coalitions parlementaires lorsque le nouveau premier ministre fera son discours de politique générale ? Il ne fait aucun doute que le Nouveau Front populaire (NFP) votera massivement la censure. Mélenchon et ses alliés "modérés" n'avalent pas qu'Emmanuel Macron ait refusé de nommer leur candidate à Matignon, Lucie Castets, sorte de clone féminin du profil type de La France insoumise (LFI), entretenant dans l'opinion publique le mirage qu'ils étaient majoritaires. Ou comment s'arranger avec la vérité des urnes ...
Michel Barnier aura le soutien de son camp, Les Républicains (LR), à défaut, ce parti, jadis puissant, se suiciderait. Le bloc central libéral, qu'on ne peut plus qualifier vraiment de "macroniste", Ensemble (Renaissance, Horizons et Modem) devrait également apporter son soutien à Michel Barnier. En tout cas, il faut l'espérer. Quelques sociaux-démocrates du PS, allergiques aux méthodes expéditives de LFI, rejoindront peut-être une majorité relative qui devrait se profiler derrière un programme gouvernemental axé sur le pouvoir d'achat, les services publics, la sécurité, l'immigration, au pas touche à la réforme des retraites, si ce n'est pour l'améliorer, et soutien à l'Ukraine. Et pour octobre, l'élaboration et le vote d'un budget 2025, avec des arbitrages entre les priorités et les contraintes qui s'annoncent musclés. A défaut, la Commission européenne sera dans l'obligation de rappeler à l'ordre et de sanctionner la France pour non-respect du cadre financier fixé par les Vingt-Sept eux-mêmes.
Conséquence, le RN devient l'arbitre de la stabilité gouvernementale tant recherchée par Emmanuel Macron. Suivra-t-il la motion de censure que la gauche radicale et ses obligés socialistes et écologistes ne manqueront pas de déposer sur le bureau de la présidente de l'assemblée, Yaël Braun-Pivet ? Tout dépendra du contenu du programme et des mesures phares présentés par Michel Barnier.
On peut compter sur lui pour tenter de trouver les bons compromis, là où d'autres prévoient avec allégresse de souffler sur les braises, d'accentuer à dessein les divergences bien naturelles en régime démocratique. C'est le cas des LFI, d'autres encore, que de jouer la stratégie du chaos, en passant par la case RN en 2027 ou avant, en attendant le grand soir. D'ici là, ils vont devoir vivre les petits matins.
Le 05 septembre 2024.
La séquence qui s'ouvre à l'Elysée et au Palais Bourbon annonce, non pas une clarification, mais une complexification.
Le Jour d’après, stopper l'incendie qui couve !
Le second tour des élections législatives françaises a été conforme à ce que les instituts de sondage annonçaient : il n’y aura pas de majorité absolue à l’Assemblée nationale. Les trois blocs d’extrême droite, de gauche, avec une extrême gauche factieuse, et central sont, bien davantage qu’avant la dissolution suicide d’Emmanuel Macron, dans un rapport de force qui confine à l’inextricable.
On se croirait revenu sous la bonne vieille IVème République, avec des partis politiques qui ont pris largement le dessus sur un président affaibli, fantoche diront certains, bunkérisé à l’Elysée et dans l’obligation de suivre, bon gré mal gré, les futurs et pesants soubresauts d’une Chambre parlementaire toute puissante. Le général de Gaulle doit en être outré, lui qui n’aimait pas le spectacle politicien qu’il qualifiait de "chienlit". Ça s'appelle tout de même la démocratie. Y va-t-on tout droit ? C’est probable mais pas certain. Cela va dépendre de la maturité d'une classe politique française hystérique.
En tout cas, le scrutin majoritaire à deux tours a accouché, déjà les 12 et 19 juin 2022, encore plus ces 30 juin et 7 juillet 2024, d’une assemblée plurielle à la quasi proportionnalité. On peut dire qu’à l’heure qu’il est, l’esprit de la Vème République est, si pas mort, du moins en très mauvaise santé.
Le pouvoir nouveau des élus, qui ne serait que de l’agitation sans cap clair, ne sera réalité que si une majorité absolue de députés est capable de se dégager sur base d’un accord soit de coalition, comme le font toutes les démocraties libérales européennes, soit de soutien extérieur à un gouvernement de plein exercice. A défaut, la France va goûter aux délices de la particratie, qui n’a pas que des défauts, mais dont l’efficacité de la gouvernance est pour le moins discutable.
Selon les résultats définitifs du ministère de l’Intérieur, la participation a été élevée, à 66,63%. En 2022, elle n’était que de 46,23%. Le Nouveau Front populaire (NFP : PS, Les Verts, PCF et LFI)) arrive en tête avec 178 députés (+ 29), juste devant le bloc présidentiel (Renaissance, Modem, Horizons), avec 156 députés (-94). En troisième position, le RN et ses alliés de droite, qui décrochent 142 sièges (+53). Les Républicains (LR) canal historique se maintiennent à un étiage bas, avec 66 sièges (+4). Les Divers et Divers gauche obtiennent respectivement 23 et 12 députés (+10).
C’est une incontestable défaite pour le camp macroniste, qui, paradoxalement, semble plutôt satisfait des résultats, compte tenu des très mauvais sondages qui les donnaient à moins de 100 sièges. C’est une défaite relative pour le RN. Il espérait une majorité absolue, bien que tous les instituts de sondage ne projetaient nullement cette perspective. Mais l’extrême droite attendaient à tout le moins devenir le premier groupe parlementaire au Palais Bourbon. Elle est troisième. La gauche NFP peut se prévaloir d’une relative victoire. Elle représente le premier groupe à l’Assemblée nationale. Mais ses élus sont loin d’obtenir une majorité absolue. Et malgré un accord pré-électoral alimentaire, ils apparaissent divisés, à la fois sur les valeurs républicaines et sur la stratégie à adopter à l’égard du président Macron et de ses troupes. Est-ce que les socio-démocrates du PS et les modérés des écologistes vont supporter longtemps encore les oukases, menaces et agressions, sans parler de l’antisémitisme, de Jean-Luc Mélenchon et de La France insoumise ? Qu'en pense l'ex-président François Hollande ?
De sérieuses difficultés commencent. Une fois rassuré sur le rejet du RN (relatif; il gagne en nombre d’élus, dans les territoires et sociologiquement) et un système de désistements républicain qui a bien fonctionné, la question est de savoir comment les partis démocratiques, qui semblent n’être d’accord que sur l’exclusion de l’extrême droite, vont parvenir dans les semaines, voire les mois à venir à s’entendre, soit sur un programme gouvernemental ad minima, avec l'adoption du budget, pendant au moins une année (une autre dissolution ne pourrait intervenir que dans un an), soit sur un accord politique de votes au cas par cas et d’interdiction de motions de censure pendant une durée similaire.
Troisième voie possible, le président recourt à un gouvernement constitué de techniciens, personnalités respectées et qualifiées, le temps de laisser aux partis politiques une période de décantation suffisante pour qu’ils se familiarisent culturellement et idéologiquement avec la pratique de coalitions. On peut bien vivre sous ce type de régime, mais c’est évidemment plus aléatoire, moins confortable que le système du scrutin majoritaire, qui a du plomb dans l’aile aujourd’hui, moribond pour d'aucuns.
Le président Emmanuel Macron va certainement se donner un temps de réflexion, bien nécessaire, au-delà de la tenue des J.O., après le séisme qu’il a lui-même provoqué. Il attendait une "clarification", hem ... Y voit-on plus clair à présent ? Pas sûr. Ce qui est certain, c'est que le processus en cours est celui d'une complexification. Le Chef de l'Etat devrait être à l'aise avec un tel sac de noeuds ...
Il ne pourra appeler qu'un(e) représentant(e) issu(e) des rangs du NFP, à l’exclusion de Jean-Luc Mélenchon et de quelques-un(e)s de ses aboyeurs. Comme le rapport de force entre LFI, le PS et DVG (Divers gauche) a changé au profit des socialistes, il ne nous étonnerait pas qu’il choisisse, c’est sa prérogative, un représentant de la social-démocratie, voire un(e) modéré(e) des Verts ou encore un élu d'extrême gauche, qui aura démontré sa capacité à résister aux diktats et menaces de Mélenchon.
Nous pensons pour LFI à François Ruffin, qui a pris plus que ses distances avec le leader islamo-gauchiste. Nous songeons à Raphaël Glucksmann, bien que député européen, non élu à l’Assemblée nationale (rien ne l’interdirait). Nous entrevoyons aussi le premier secrétaire national du PS, Olivier Faure. Et nous n'excluons pas enfin la patronne des écologistes, Marine Tondelier, qui se distingue d’une Sandrine Rousseau, véritable Khmère verte et féministe ultra qui mange un mec à chaque repas.
La séquence du Jour d’après, du point de vue de la politologie, va être passionnante. En revanche, politiquement, elle va être compliquée, tendue et risquée. Reste à espérer que le big-bang qui vient de se produire, plutôt que d’observer les forces politiques s’entredéchirer et la France plonger dans un chaos institutionnel permanent vers la crise de régime, avec de graves conséquences économiques et financières pour le pays et l’Europe, ainsi qu’un paysage social en ébullition, va permettre aux hommes et femmes sensés de faire leur révolution mentale, en intégrant à leurs manières de penser et d’agir la culture du compromis, qui n’est pas celle de la compromission. C’est indispensable.
Quant au fond, sur quelles thématiques le RN prospère-t-il ? Une immigration quasi incontrôlée, une pandémie du trafic de drogue qui pourrit la vie des quartiers, une insécurité généralisée dans les villes, un pouvoir d'achat en baisse qui touche durement les populations les plus démunies, des déserts médicaux qui fracturent les territoires, un sentiment de déclassement face à une mondialisation déshumanisante. Voilà à partir de quoi le venin d'une extrême droite raciste et populiste se répand dans la tête de beaucoup de citoyens; des hommes et des femmes qui n'ont rien de fascistes en rut.
Si les forces démocratiques de la gauche social-démocrate et écologiste, mais aussi du centre et du centre droit - hors extrême gauche, disqualifiée et dangereuse, tant son programme et ses "solutions" sont des accélérateurs et des amplificateurs structurels de ces problématiques - continuent à regarder ailleurs et refusent de prendre ces cancers de la vie sociale à bras le corps, alors, oui, partout en Europe et aux Etats-Unis, le pire est à craindre. La colère est toujours mauvaise conseillère.
Il ne faudra pas s’étonner, d’ici l’élection présidentielle de 2027, de voir le Rassemblement national grandir encore et être prêt pour accéder à tous les niveaux de pouvoir, à commencer par celui d’obtenir les clés de l’Elysée. Pour Emmanuel Macron, ce serait le pire des scénarios. Pour la France et l'Europe, une ère pleine de dangers. Une classe politique avertie devrait en valoir deux. A jouer trop longtemps avec le feu, il n’y aura plus assez de pompiers français pour stopper l’incendie qui couve.
Le 08 juillet 2024.
Front républicain pour faire barrage au RN et non à LFI !
Le 12 juin dernier, nous soulignions que la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale après les résultats catastrophiques des élections européennes pour sa "majorité (relative) présidentielle" était très risquée. Le premier tour des élections législatives de dimanche 30 juin ont confirmé les sondages qui montraient un Rassemblement national (RN) au top niveau, un bloc de gauche en forme moyenne et un groupe central macroniste en grande difficulté. Ce fut le cas. Le RN et ses alliés ont fait 34,2%, le "Nouveau Front populaire" (NFP) 29,1% et "Ensemble pour la République" 21,5%. Les projections en sièges ne donnent aucune majorité absolue à l’issue du second tour. Nous pensons qu'il sera très difficile au RN d'atteindre les 289 sièges nécessaires.
Sur les 577 sièges que compte l’Assemblée, il faut donc atteindre ces 289 sièges pour obtenir une majorité absolue. En réalité, il en faut un peu plus; afin qu'une nouvelle majorité ne se retrouve à la merci de quelques absences ou de malades en cours de législature. Les projections en sièges donnent de 240 à 270 élus pour le RN, de 180 à 200 pour le NFP, de 60 à 90 pour Ensemble et de 30 à 50 pour Les Républicains (LR) canal historique (hors Ciotti, qui a rallié le RN).
Tambouille politique !
Les conciliabules et tractations vont bon train au sein des états-majors politiques quant à savoir qui se désiste pour qui au second tour. Il y aurait dû avoir 310 triangulaires suite aux résultats de dimanche. Il y a 219 désistements de candidat(e)s arrivés en troisième position, dont 131 NFP en faveur d'autres candidats non RN (Ensemble et LR la plupart du temps) et 82 Ensemble en faveur de candidats NFP, y compris ou non LFI, selon les positions à géométrie variable des uns et des autres. 3 RN, dont on ne sait pour qui ils se sont retirés, seulement 2 LR, ce qui en dit long sur leur volonté de brouiller les cartes et 1 divers. Rappelons tout de même qu'au parlement les années 2017/mi-2024 ont vu les troupes LFI se déchaîner en outrances, incivilités et expressions de haine.
Faire barrage au RN !
Ce Front dit républicain, qui a extrêmement bien marché en 2002 pour faire élire Jacques Chirac contre Jean-Marie Le Pen, est en train de se fissurer. Existe-t-il encore ? L’ex-majorité présidentielle centriste se déchire depuis deux jours pour savoir jusqu’où doit aller les désistements en faveur des candidats du NFP : y inclut-on ou non les candidats de La France insoumise (LFI) ?
Eux qui ont eu un comportement quasi factieux à l’Assemblée nationale, jouant le chantage à la rue dès que possible, vociférant à toute occasion, eux qui ont eu des propos antisémites notoires et qui ont réclamé avec les pro-Palestiniens la disparition d’Israël "de la rivière (le Jourdain) à la mer (la Méditerranée)", eux qui cultivent un communautarisme mortifère dans les banlieues, visiblement payant, eux qui proposent un programme économique et financier délirant, au coût exorbitant de 300 milliards d'euros, un programme qui entrainerait la France vers la faillite.
Ensemble mais séparément ...
Quand François Bayrou (Modem) dit qu’il faudra voir "au cas par cas", selon les circonscriptions, sous-entendu que ses candidats pourraient se désister pour certain(e)s candidat(e)s LFI et pas d'autres, Edouard Philippe (Horizons) annonce qu’il ne pourra être question de demander le désistement de ses candidat(e)s pour un(e) LFI. Dans le même temps, Gabriel Attal (Renaissance), qui prépare aussi 2027, en appelle à faire barrage au RN, si l’on comprend bien, quel que soit le cas de figure. Autrement dit, on se désiste pour un(e) LR canal historique, un(e) PS, un(e) Ecolo, un(e) communiste et même un(e) LFI; ceci n'est ni acceptable moralement ni tolérable politiquement.
C’est malheureusement aussi la position du social-démocrate Raphaël Glucksmann, que nous apprécions, qui a mené la liste socialiste aux élections européennes en faisant une bonne campagne, bien qu’insulter, parce que juif, quant à sa position mesurée sur le conflit israélo-palestinien par des militants LFI, qui ne cesse de répéter qu’il faut que chacun prenne sur soi et passe sur ses rancunes pour voter pour les candidat(e)s, quels qu'ils soient, en situation de battre les candidat(e)s du RN.
Les Républicains canal historique, à ce point affaiblis et marginalisés depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, aigris et revanchards, sont incapables de prendre une position courageuse d’appel au désistement en faveur de candidat(e)s dits républicain(e)s, autres que ceux issus de leurs propres rangs. Il est vrai que dans certains cas, le maintien d’un candidat LR face à un RN et un NFP pourrait soustraire des électeurs de droite potentiellement tentés par le vote RN et ainsi permettre à un candidat de gauche de l’emporter. Rien n'est décidément simple.
Front dit républicain sans LFI !
Au coindevue.be, nous sommes clairs. Même si nous n’y croyons pas, on ne sait jamais, il faut évidemment barrer la route du RN vers une majorité absolue à l’Assemblée nationale. Un Jordan Bardella à Matignon, avec des équipes gouvernementales sans aucune expérience et munies d’un programme hautement toxique pour l’Etat de droit et les finances publiques, représenterait, dès les premiers mois de sa gouvernance, un risque majeur de dérapage budgétaire, avec des marchés internationaux à l’affût et sans état d’âme, ainsi qu’une situation sociale explosive, à la fois dans la rue - il faudra compter avec des syndicats et une gauche radicale en recherche de confrontation directe avec le nouveau pouvoir – et dans les banlieues, dont les émeutes à l’été 2023 ne pourraient être qu’un hors-d’œuvre. Les jeunes issus de l'immigration qui y vivent sont d'ores et déjà désignés comme l'ennemi intérieur à dégager. On entend déjà la libération de la parole raciste ...
Il y a un mais pour nous. Il ne peut être question d’en appeler au désistement républicain pour les candidat(e)s LFI, au titre, précisément, qu’ils n’appartiennent pas, tout comme ceux du RN, à "l’arc républicain". Leur idéologie totalitaire les rapproche d’un Nicolas Maduro, président dictateur du Venezuela, marxiste-léniniste, stalinien pro-Poutine, tout ce qu’il y a de plus anti-démocratique. Leur mot d'ordre commun pourrait être "qui n’est pas avec moi est contre moi". A Paris comme à Caracas, cela se traduit dans les débats politiques par des injures, des insultes, des propos antisémites et des agressions à l’égard de toute personne qui s’oppose et se met en travers de leur chemin. Non, il n’est décidément pas possible de voter pour ces gens-là. Jamais.
Jordan Bordella ?
Si le RN arrive au pouvoir, il n’aura que deux ans et demi pour faire ses preuves. Il ne fait aucun doute, vu l’état des finances publiques (180 milliards d’euros de déficit) et de la dette française (3000 milliards d’euros), que la marge de manœuvre du RN sera très étroite. Ils ont déjà reculé sur certaines de leurs mesures phares, comme le retour à la retraite à 60 ou 62 ans. Face au désordre, Jordan, qu'on appellera peu-être alors Bordella, pourrait décevoir son électorat ; ce qui ne faciliterait pas la tâche d’une quatrième candidature présidentielle de Marine Le Pen. Ce scénario-là, ils le connaissent par cœur. Aussi, en cas de non majorité absolue, le préposé au poste de premier ministre l’a dit à maintes reprises, "en ce cas, nous n’irons pas au gouvernement". Ce serait trop risqué et permettre à Emmanuel Macron de reprendre la main. Est-ce que celui-ci, vu son tempérament et son appétence pour la confrontation, ne verrait pas d'un oeil gourmand une cohabitation tendue, voire brutale entre lui et un premier ministre trop raide pour résister au défi ?
D'aucuns souhaitent que le RN parvienne avec ses alliés actuels et ceux de demain (des députés LR tentés par des postes ministériels) au pouvoir. Leur calcul est que l'extrême droite et la droite dure échouent d'ici 2027; meilleur moyen, selon eux, de plomber la campagne présidentielle de Marine Le Pen. C'est une hypothèse qui tient la route, mais qui n'a rien d'inéluctable.
L’alternative !
Alors ? Si, comme nous le pensons, il n’y aura pas de majorité absolue RN au terme du second tour des élections législatives, comme l’a répété Raphaël Glucksmann, à l’exception de LFI pour notre part, il faut tout faire pour battre l’extrême droite dimanche 7 juillet. Des LR au PCF, en passant par les Verts, le PS, le Modem, Renaissance et Horizons, toutes celles et tous ceux qui partagent des valeurs démocratiques et laïques, qui tiennent à une France plus unie et si possible plus apaisée, doivent, en leur âme et conscience, choisir de repousser, non pas le danger fasciste, on en est pas ou plus là, mais le péril populiste anti-européen, anti-Ukraine, raciste et asphyxiant.
Qui ne voit et ne sait que nous avons besoin d'Europe comme d'oxygène face aux empires autocentrés, militaires et économiques que sont la Russie de Vladimir Poutine, la Chine de Xi Jinping et demain, probablement, les Etats-Unis de Donald Trump. L'Europe ne peut céder à leurs menaces. Jordan Bardella et Marine Le Pen sont les jalons français de ces prédateurs.
En cette heure grave pour la France et l'Europe, l'alternative est simple: choisir entre une société ultra-fracturée, où la haine de l’Autre s’invite dans les villages et les villes, les quartiers, les usines et les bureaux, à l’école, et une société qui ouvrirait enfin la voie à une entente a minima, sur base de grands principes sacrés et d'adhésion aux valeurs du droit: la laïcité, le respect des minorités, de l'égalité entre les hommes et les femmes, les droits des LBGT+, le refus total du communautarisme, une redistribution des richesses équitable et mesurée, la lutte contre la fraude fiscale et sociale, une gouvernance éthique et citoyenne plus horizontale, la priorité à une transition environnementale audacieuse mais non-punitive, un engagement politique au service d'une Union européenne souveraine, de sécurité, à la fois libérale et de protection sociale. Moins naïve aussi.
Est-ce que les femmes et les hommes de bonne volonté existent encore ? Nous voulons le croire. On parle de plus en plus d'une "majorité plurielle". Pourquoi pas. Il faut essayer. A défaut, ce qui se passe en France est appelé à se répandre, c'est déjà le cas, et à rompre les équilibres que les bâtisseurs de l'Etat de droit et de l'Europe ont construit patiemment. L'enjeu n'est pas mince.
Le 02 juillet 2024.
La réindustrialisation de la France (de l'Europe) est le défi relevé par le forum "Choose France" de
Versailles.
La France, leader européen
pour l'accueil des investissements industriels !
"C’est devenu, au fil des années, un "petit Davos", un passage obligé pour de nombreux grands patrons internationaux. Pour sa septième édition, le sommet Choose France ("choisissez la France") va prendre ses quartiers, lundi 13 mai, sous les ors du château de Versailles. Présidé par Emmanuel Macron, cet événement "pro business" lancé en 2018 a pour objectif d’attirer les investisseurs étrangers en leur vantant les mérites économiques et fiscaux de l’Hexagone.
En 2023, vingt-huit projets d’investissements avaient été annoncés, pour un total de 13 milliards d’euros, un record depuis la création du forum. Douze mois plus tard, en cette année olympique, l’Elysée promet des performances encore plus élevées, avec plus de 15 milliards d’investissements pour 56 nouveaux projets.
La grand-messe de Versailles se déroule alors que la France vient d’être désignée pour la cinquième année de suite pays le plus attractif d’Europe en matière d’investissements étrangers, devant le Royaume-Uni et l’Allemagne, selon le cabinet d’audit EY. L’exécutif veut voir dans ces résultats la preuve du bien-fondé de sa politique business friendly depuis 2017 : réforme du code du travail, suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (hors immobilier), baisse de l’impôt sur les sociétés et des impôts de production…
Un environnement qui s’inscrit, selon l’Elysée, dans la stratégie de réindustrialisation du pays. "La France se réindustrialise et reste très innovante parce que notre politique depuis 2017 est la même, stable et lisible", affirme-t-on à la présidence de la République.
180 dirigeants de groupes étrangers
Ce discours ne devrait pas changer lundi, alors que le gouvernement veut aller toujours plus vite en la matière : la loi "industrie verte" votée à l’automne 2023 et le nouveau projet de loi sur la simplification présenté en avril prévoient notamment de simplifier les démarches juridiques et de réduire les délais administratifs pour trouver du foncier industriel disponible et permettre des ouvertures d’usines ou de mines.
En plus d’une soixantaine de patrons d’entreprises françaises, quelque 180 dirigeants de groupes étrangers sont attendus, lundi, à Versailles, dont 20 % de Nord-Américains et 20 % d’Asiatiques, selon l’Elysée. Ils déjeuneront avec Gabriel Attal – une première en sept ans pour un chef du gouvernement –, accompagné de nombreux ministres et de Thierry Breton, le commissaire européen au marché intérieur. Emmanuel Macron, de son côté, sera présent pour le dîner donné dans la galerie des Glaces. Auparavant, le chef de l’Etat présidera une table ronde sur la décarbonation et une autre sur l’intelligence artificielle.
Comme les années précédentes, le président de la République s’entretiendra en tête à tête avec les patrons de quatre groupes étrangers : le suisse Novartis, le suédo-britannique AstraZeneca, l’indien ArcelorMittal et le chinois SVolt, un fabricant de batteries électriques. Avant de se rendre à Versailles, Emmanuel Macron devait également visiter, lundi matin, l’usine du grand groupe canadien spécialiste de l’agroalimentaire McCain, à Matougues (Marne), qui prévoit de décarboner ses lignes de production de frites surgelées.
Du numérique à la santé
Dans le domaine du numérique, Microsoft a déjà annoncé un investissement de 4 milliards d’euros dans le développement de data centers en France pour renforcer son infrastructure dans l’intelligence artificielle (IA) et le cloud. Le grand groupe américain d’e-commerce Amazon devrait, lui, annoncer à Choose France « plus de 1,2 milliard d’euros »d’investissements, selon l’Elysée, et la création de "plus de 3 000 emplois directs en CDI". Ces investissements porteraient sur le développement du cloud d’Amazon Web Services (AWS), dans le domaine de l’IA générative et dans la logistique de distribution de colis.
L’opérateur japonais KDDI, avec sa marque Telehouse, devrait lui aussi investir 1 milliard d’euros dans plusieurs centres d’IA. Du côté de l’informatique quantique, l’américain IBM devrait consacrer 45 millions d’euros à son site de recherche de Paris-Saclay et le finlandais IQM, 100 millions à son site de Grenoble.
Dans le secteur de la santé, les grands laboratoires prévoient d’investir 1 milliard d’euros en France. L’américain Pfizer devrait poursuivre ses investissements dans le pays, avec des projets de développement de médicaments contre le cancer et un programme de recherche contre la drépanocytose, une maladie génétique héréditaire qui touche les globules rouges, pour un montant total de 500 millions d’euros.
AstraZeneca devrait, lui, engager 365 millions d’euros sur son site de Dunkerque (Nord), qui produit des aérosols contre l’asthme. Le britannique GSK devrait moderniser trois de ses sites français de production (dans l’Eure, le Nord et en Mayenne) pour 140 millions d’euros. Enfin, Novartis devrait investir 28 millions d’euros sur son site d’Huningue (Haut-Rhin) de recherche en médecine nucléaire contre le cancer.
Des programmes de long terme
Du côté des technologies liées à la décarbonation de l’économie, le ministre délégué à l’industrie, Roland Lescure, a annoncé dans La Tribune dimanche que le consortium européen FertigHy pourrait investir 1,3 milliard d’euros dans une usine à Languevoisin (Somme) pour produire des engrais azotés sans gaz naturel mais avec de l’hydrogène. L’allemand Lilium pourrait débourser 400 millions d’euros pour une usine de développement d’avions électriques en Nouvelle-Aquitaine.
Dans la même région, la ville de Blanquefort (Gironde), marquée par la fermeture de l’usine Ford en 2019, pourrait accueillir une raffinerie de nickel créée par le suisse KL1, qui investirait 300 millions d’euros. Le groupe chimique belge Solvay dépenserait, lui, 100 millions pour reconvertir son usine de La Rochelle en une unité de production de terres rares, des minerais indispensables à la fabrication des batteries électriques.
A Versailles, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, devrait déjeuner avec des représentants de plusieurs banques internationales. Des investissements sont aussi à prévoir dans le secteur, notamment de la part de la banque américaine Morgan Stanley, de l’émiratie First Abu Dhabi Bank et de la nigériane Zenith Bank.
Au-delà des moissons annuelles d’annonces, il n’est pas aisé de tirer un bilan précis des retombées économiques de Choose France au bout de sept années. Selon des données communiquées par le gouvernement, 122 projets d’investissements ont été rendus publics lors du forum, pour 31 milliards d’euros au total, entre 2018 et 2023. La plupart sont des programmes de long terme, qui courent sur plusieurs années. Un décompte publié le 10 mai par le magazine mensuel L’Usine nouvelle indique que ces projets portent en majorité sur des extensions de sites industriels déjà existants. Seul un quart environ sont des implantations de nouvelles usines ou de centres de recherche et développement. En revanche, très peu de projets nés à Versailles ont été abandonnés à ce jour."
Bastien Bonnefous, "Le Monde", le 13 mai 2024.
Poutine dans les pas de Staline !
"Dans la Russie d’aujourd’hui, on met les esprits libres au Goulag et on les y condamne à la mort. Colère et indignation ! (...) La Russie est entrée dans une nouvelle phase d'agression à l'égard des pays européens et de durcissement dans son pays". Emmanuel Macron, Elysée, le 16 février 2024.
A l'Assemblée nationale pour défendre sa loi sur l'abolition de la peine de mort en septembre 1981. Chez lui, en juin 2012.
Robert Badinter: Mensh et part humaine des Lumières !
30 mars 1928 / 09 février 2024, là est la trajectoire hors norme d'un homme lui-même exceptionnel. Incarnation jusqu'au bout du verbe, des gestes et des actes de l'esprit républicain français, Français juif ou Juif français, Robert Badinter était issu d'une famille israélite de Bessarabie, dans l'empire tsariste, aujourd'hui Moldavie. Comme avocat, Garde des Sceaux et citoyen, il aura consacré sa vie à trois grands combats: abolir la peine de mort (1981) - l'Europe suivra - dépénaliser l'homosexualité et traquer l'antisémitisme (1). En somme, trois flèches morales et politiques qui n'avaient qu'une seule cible: faire avancer, partout où c'est possible et même où cela semblait impossible, les droits humains. Malgré les injures, les menaces et la haine, il ne varia jamais sur le chemin, sans vaciller ou rompre devant l'adversité. Les ténèbres étaient ses ennemis et lui, part humaine de Lumière, faisait face.
Dans l'un de ses derniers livres consacrés à sa grand-mère maternelle, voici comment il évoque le rêve fou de ses grands-parents d'immigrer en France: "Au Shtetel (village juif), pendant ce temps, le déchaînement des violences antisémites, les pogroms de Kichinev et des bourgs avoisinants avaient convaincu Schulim et Idiss de quitter la Russie. Les lettres de leurs deux fils établis à Paris, écrites en yiddish, lues et commentées devant le samovar à l'intention des parents et des amis, apparaissaient comme autant de promesses d'une vie meilleure. Comme l'assurait le proverbe: "Heureux comme un Juif en France" ..."Idiss", Fayard, 2018.
Les promesses de la révolution française de 1791, qui consacrèrent les Juifs comme citoyens à part entière et celle de 1870 du décret d'Adolphe Crémieux, qui déclara citoyens français les israélites d'Algérie, ne furent pas toujours tenues. L'accusation mensongère de "trahison" de l'état-major français à l'égard du capitaine Alfred Dreyfus, condamné à la relégation au bagne de Cayenne en 1894 et réhabilité seulement en 1899 ainsi que les lois antisémites du régime de Vichy (1940-1944) et sa collaboration active avec l'occupant nazi dans la déportation massive des Juifs étrangers et Français, demeurent de profonds marqueurs dans la mémoire juive et l'histoire de France.
Avec la disparition de Robert Badinter, un Mensh (2), la France et l'Europe ont perdu une voix immense au service de la conscience et de la résistance. La conscience de ne jamais faire l'impasse sur l'inconfort moral de se tenir face aux atteintes au droit. La résistance sans condition de les combattre pour faire avancer l'oeuvre de civilisation. Une civilisation qui permette aux femmes et aux hommes de vivre debout dans la dignité et la liberté. Ce grand tribun révolté a su nous emmener bien au-delà de sa toge noire.
Avec son épouse, la philosophe et féministe (non-wokiste) Elisabeth Badinter, toujours parmi nous, nous pensons qu'ils pourraient un jour, comme Antoine et Simone Veil, avoir leur place au Panthéon. N'incarnent-ils pas ensemble la détermination à ne rien lâcher du beau et grand projet humaniste ?
(1) Le 09 février 1943, son père, Samuel Badinter, dit Simon, a été arrêté à Lyon, rue Sainte-Catherine, par la Gestapo. Déporté de Drancy au camp de Sobibor par le convoi 53, il sera gazé fin mars de la même année.
(2) Un Mensh, dans la tradition juive, est un grand homme ou une grande femme qui, par ses valeurs et son engagement, est un symbole pour toutes et tous. C'est bien le cas de Robert Badinter, qui fuyait les honneurs mais qui honore l'humanité.
Le 09 février 2024.
"Le plus grand massacre antisémite de notre siècle" !
Discours du Président de la République française, Emmanuel Macron, lors de l'hommage aux victimes françaises des attaques terroristes du Hamas en Israël du 7 octobre 2023.
"La cour des Invalides est trop étroite ; 4 mois, jour pour jour, après. Car nous sommes 68 millions de Français endeuillés par les attaques terroristes du 7 octobre dernier, 68 millions moins 42 vies fauchées. 68 millions, dont 6 vies blessées. 68 millions, dont 4 vies à jamais meurtries par leur captivité. 68 millions, dont 3 vies sont encore prisonnières, pour la libération desquelles nous luttons chaque jour. Leurs chaises vides sont là, Orion, Ohad, Ofer.
Les visages des suppliciés du 7 octobre nous tendent un miroir où se reflète un peu de nous, dans chacun d'eux. De ce que nous étions, de ce que nous serons à leurs âges, de ce qu'ils ne seront jamais.
Ils n'avaient pas 20 ans. Noya, comme Nathan, ne les auront jamais. Leurs traits qui s'affirment, leurs questions qui se bousculent, Dieu, la vie, le monde, les hésitations et l'irrévérence, leurs regards comme des interrogations, leurs sourires en forme de promesse, mémoire de nos propres adolescences.
Ils n'avaient pas 30 ans. Avidan, Valentin ou Naomi ne les auront jamais. Des rêves plein la tête. Des études de droit ou d'informatique, un métier, un grand amour, des fiançailles, la foi ou l'athéisme, une guitare, une planche de surf sur les vagues de la Méditerranée, des idéaux dans la houle du monde.
Ils étaient dans la force de l'âge. Céline, Marc, Elias ne vieilliront pas. Leurs chemins frayés à prix d'efforts, peuplés de projets, d'amis, d'enfants parfois, et ce sourire qui n'aura pas eu le temps de marquer leurs visages.
Ils avaient les tempes grises, pour Carmela, Jean-Paul, elles ne blanchiront plus. Leurs voix résonnent encore, en hébreu comme en français, leurs voix qui se cassaient par moments, de tendresse ou de pudeur, transmettant des récits puisés au fond des âges, que leur avaient livrés leurs propres grands-parents.
Leurs visages sont là, comme autant de vies interrompues. Des histoires de famille où s'entrebâillait parfois un gouffre indicible et où, comme l'odeur de l'espérance, le parfum des collines de Jérusalem se mêlait à celui des sous-bois d'Île-de-France ou des ruelles du Vieux-Port.
Le 7 octobre dernier, à l'aube, l'indicible a ressurgi des profondeurs de l'histoire. Il était 6 heures, au Festival Nova, à quelques kilomètres de la bande de Gaza, où sous les banderoles et le ciel qui pâlissait, s'achevaient 24 heures de fête et de retrouvailles. Les jeunes qui dansaient-là ne savaient pas qu'ils étaient dans la mâchoire de la mort, déjà. Des voitures, des motos hérissées d'armes allaient fondre sur eux.
Il était 6 heures et le Hamas lança, par surprise, l'attaque massive et odieuse, le plus grand massacre antisémite de notre siècle. Et dans les notes de musique d'un lieu de fête ont éclaté les tambours de l'enfer. Et les téléphones de nos enfants, qui jusque-là filmaient les joies de leur vie, sont devenus les boîtes noires de l'horreur. Elles nous hanteront, ces images. Le ciel livide qui se zèbre de missiles. Les brigades infernales qui écument le Festival se répandent dans les plaines, puis dans les villages, fracassent les portes, font irruption dans les foyers, dans les chambres, sous les lits. Les déflagrations, les cris de “Massacrons les Juifs”, les grenades, les hurlements, les pleurs, puis le silence, comme un linceul. Le silence face à l'indicible. La sidération face à la sauvagerie. Les larmes face à la barbarie.
La barbarie. Celle qui brûle et qui brise, qui abuse et qui tue. Celle qui déchire les familles, abat une petite fille parce qu'elle ralentit la colonne, happe sur son chemin un enfant en pyjama, en tue un autre au creux même des bras de son père. Celle qui nie la joie, l'art, la culture, la liberté de la fête. Et nos cœurs se serrent aux échos du Bataclan, de Nice ou de Strasbourg. La barbarie. Celle qui fauche cette jeunesse à peine éclose, qui ravage ces kibboutz, souvent forts de convictions pacifistes, prêts à entendre la souffrance palestinienne que les terroristes ont piétinée en prétendant la défendre.
La barbarie, celle qui se nourrit d'antisémitisme et qui le propage. Celle qui veut annihiler, détruire et qui pourtant ne peut empêcher des rayons de lumière au milieu de la nuit. Les messages d'adieu de ces jeunes qui savent qu'ils vont mourir et qui envoient à leurs parents une dernière expression d'amour et de gratitude. Cet homme qui s'interpose entre l'explosion d'une grenade et ses deux enfants, sauvant leurs vies, au prix de la sienne. Et le sacrifice de cet autre père qui n'était pas sur les lieux de l'attaque et qui, quand il a reçu l'appel de sa fille prise sous le feu des tirs à Nova, a sauté dans sa voiture pour aller la chercher, allant au-devant de la mort.
La barbarie et nos lumières. Car ceux qui tuent par haine trouveront toujours face à eux ceux qui sont prêts à mourir par amour. Et toujours, ils verront s'élever contre eux notre pays qui, ce 7 octobre, a été touché dans sa chair. De Montpellier à Tel Aviv, de Bordeaux au Néguev, les morts français du 7 octobre n'étaient pas tous nés sur le sol de France. Ils ne sont pas tombés sous le ciel de France, mais ils étaient de France. De France, parce qu'ils la portaient en eux et que notre pays était partout où ils étaient. De France, parce qu'ils avaient l'exigence de l'idéal, le goût de l'universel. De France, parce qu'ils aimaient notre pays avec la force ardente de ceux qui, en apprenant sa langue, se plongeant dans sa culture, ne le quittent jamais. Et en cette cour, sur notre sol que certains n'avaient jamais foulé, leurs visages sont là, rappelant l'évidence de leur vie, la trace ineffaçable qu'ils laissent dans les nôtres, notre viatique pour l'éternité.
Leurs destins ne sont pas les seuls que le déchirement du Moyen-Orient continue de broyer dans cette tornade de souffrance qu'est la guerre. Et toutes les vies se valent, inestimables aux yeux de la France. Et les vies que nous honorons aujourd'hui sont tombées, victimes d'un terrorisme que nous combattons sous toutes ses formes et qui nous a frappés en plein cœur. La France, recueillant ses enfants, parmi d'autres de ses enfants, dont elle n'oublie aucun, refusant les séparations, comme les divisions, refusant l'esprit de mort, de chaos et de clivages que nourrissent précisément les terroristes. Jamais en nous, nous ne laisserons prospérer l'esprit de revanche.
Et dans ces moments de deuil, dans les épreuves du temps, rien jamais ne doit nous diviser. La France restera unie pour elle-même et pour les autres. Unie pour se tenir au-delà des destins et des différences, au sein de notre nation. Unie dans ces moments de souffrance pour les Israéliens et les Palestiniens, afin d'œuvrer sans relâche pour répondre aux aspirations à la paix et à la sécurité de tous au Proche-Orient.
"Beit Hahaïm", dit-on en Israël pour désigner les cimetières : la Maison de la vie. Car pour ceux qui restent, leur vie sera faite de ces absences. Une vie différente, un monde différent à l'aune du souvenir. Et nous avons, dès lors, à habiter ce deuil, non pas comme une victoire de la mort mais comme une invitation à leur trouver une place dans nos vies. Et ils sont là, chacune et chacun, pour nous rappeler que nos vies, leurs vies, méritent sans relâche de nous battre contre les idées de haine, de ne rien céder à un antisémitisme rampant, désinhibé, ici comme là-bas. Car rien ne le justifie, rien. Car rien ne saurait justifier, ni excuser ce terrorisme, rien.
Alors, nous nous tenons là, quatre mois après, devant ces visages et ces chaises vides, bouleversés de tristesse, aux côtés des familles de ceux qui ne sont plus, chargés d'affection aux côtés de ceux qui soignent leurs blessures et ne cédant rien pour ramener ceux qui sont encore là-bas. Sentiments mêlés que nous vivons ensemble, debout.
Car regardant ces visages, nous savons que nous ne sommes pas juste 68 millions, en ce jour. Nous sommes beaucoup plus, un peuple épris de liberté, de fraternité, de dignité, un peuple qui ne les oubliera jamais.
Vive la République, vive la France !"
Gabriel Attal, un vice-président français, en attendant plus ?
Les Français ont dû attendre trois semaines depuis la nomination comme premier ministre de Gabriel Attal avant de pouvoir entendre sa déclaration de politique générale. En une heure et vingt minutes, sur un rythme soutenu et vif, il a parcouru la quasi totalités des secteurs qui défient aujourd'hui le chef du gouvernement français. Ils sont nombreux. La crise de l'agriculture et la révolte des agriculteurs, aux conditions d'existence insupportables, sont venues percuter les premiers pas de Gabriel Attal dans ce qu'un ancien premier a décrit comme "l'enfer de Matignon". Comment dire ? Quelle énergie ! A l'évidence, il porte haut, fort et brillamment ses 34 ans. Nous avons été séduits, en attendant, on l'espère, d'être convaincu par ses actes à venir. Tant de projets et de propositions concrètes à réaliser - ça change du rond-rond de certains exécutifs européens - en finalement peu de temps. Le premier ministre a particulièrement rendu hommage, sous les ovations de la quasi totalité des députés, combien les Français et le pays étaient redevables aux militaires et aux forces de l'ordre, qui les protègent et les sécurisent au prix parfois de leur vie, aux soignants, qui leur garantissent, dans des conditions très difficiles, une médecine de qualité, et aux agriculteurs, qui les nourrissent, alors que leur travail n'est pas assez reconnu et rémunéré. De annonces en la matière suivront. Devant l'ambition et l'audace d'un homme jeune, qui n'a pas craint de rappeler à la tribune de l'Assemblée nationale qu'il assumait pleinement son homosexualité, on ne peut que lui souhaiter le meilleur, pour lui et la France. Voilà qui fera date. Poutine et ses alliés en tyrannie des régimes illibéraux et autoritaires vont s'étrangler; eux les parangons d'un ordre liberticide. En regardant la performance de son premier ministre cet après-midi, Emmanuel Macron a dû faire du "en même temps". D'un côté, il peut se féliciter d'avoir nommé "the right man, at the right place, at the right moment". D'un autre, il doit craindre que les trente trois mois qui restent à son second mandat ne soient ceux d'un vice-président et bientôt, peut-être, d'un présidentiable avec lequel les opposants et les "amis" politiques macronistes devront compter. Pour cela, tâche redoutable, il devra faire un quasi sans faute. Il en est capable.
L’identité de la France
"Dans un monde où tout s’accélère et se transforme, je refuse que notre identité puisse se diluer ou se dissoudre", a déclaré Gabriel Attal. "La France a son rang à tenir, sa voix à faire entendre, sa singularité à imposer : nous avons une fierté française à maintenir, une fierté européenne à consolider", a poursuivi le chef du gouvernement, répétant son souhait d’"affronter pour avancer". Le premier "affrontement" sera pour ce jeudi 1er février, lors du Somment européen. La France devra convaincre ses partenaires de renoncer à l'accord de libre-échange du Mercosur (pays d'Amérique latine), accord qui serait défavorable au marché européen par l'importation de produits et denrées ne bénéficiant pas de garanties de qualité alimentaire et de mesures respectueuses du bien-être animal ainsi que d'un bilan carbone conforme aux accords climatiques de Paris de décembre 2015.
L'agriculture française
Le premier ministre a assuré qu’il devait y "avoir une exception agricole française" et promis que le gouvernement et le président Emmanuel Macron seraient "au rendez-vous, sans aucune ambiguïté", pour répondre à la crise agricole actuelle, notamment lors du Sommet européen du 1er février. .
"Notre agriculture est notre force et notre fierté aussi", a affirmé le chef du gouvernement. "Alors, je le dis solennellement : il doit y avoir une exception agricole française", a-t-il déclaré. Il a salué "nos agriculteurs, nos pêcheurs, qui travaillent matin, midi et soir pour nous nourrir".
Confronté à sa première crise depuis sa nomination, le chef du gouvernement avait annoncé la semaine dernière un premier train de mesures, sans apaiser pour autant la colère des agriculteurs. Ils bloquent depuis lundi des axes stratégiques autour de Paris et un convoi de tracteurs fait route vers le marché de gros de Rungis. "Supprimer des normes, c’est possible : vendredi dernier, j’ai annoncé la suppression de dix normes nationales pour nos agriculteurs – et beaucoup d’autres suivront !", a assuré le premier ministre.
Le dialogue social et politique
Gabriel Attal a déclaré aux oppositions que "(sa) porte sera toujours ouverte" et qu’il ne "renoncera jamais à dialoguer". "A travers vous, mesdames et messieurs les députés, ce sont les voix de millions de Français qui s’expriment (…) C’est aussi cela, la méthode que je veux pour mon gouvernement : respecter les Français, respecter les oppositions, respecter notre Parlement", appelant à cesser "les querelles de principes". Il y a du boulot ...
Le champ social
Le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé par ailleurs une réforme sur les bas salaires, pour "désmicardiser" de la France". "Nous devons faire évoluer un système qui nous a conduits, depuis des décennies, à concentrer nos aides, nos exonérations, au niveau du smic", a déclaré le chef du gouvernement, assurant que "oui, j’assume de le dire, il faut désmicardiser la France". "Dès le prochain projet de loi de finances, nous commencerons à réformer ce système", a-t-il poursuivi. Sa priorité est clairement de soutenir les travailleurs au salaire modeste et d'encourager, y compris par des sanctions, les chômeurs de longue durée à retrouver le chemin de l'emploi. Plusieurs centaines de milliers d'emplois ne trouvent toujours pas preneurs. Cherchez l'erreur.
Les chômeurs en fin de droits n’auront plus d’allocation spécifique de solidarité permettant "sans travailler, de valider des trimestres de retraite", en ce cas, ils basculeront au Revenu de solidarité active (RSA). "Nous avons une conviction et une cohérence forte : nous considérons que la retraite doit être le fruit du travail. Et donc nous proposerons la bascule de l’allocation de solidarité spécifique au RSA et la suppression de cette allocation".
Gabriel Attal a confirmé la volonté du gouvernement d’aller "plus loin dans la réforme de l’assurance-chômage", indiquant qu’il demandera aux partenaires sociaux de négocier de nouvelles règles si sa trajectoire financière dévie. "Nous combattrons toutes les trappes à inactivité", a ajouté le chef du gouvernement, qui a rappelé que l’exécutif maintenait son "objectif de plein emploi".
Le Premier ministre a acté "le report au second semestre" de la réforme de la fonction publique, un texte annoncé initialement pour février et qui doit élargir les possibilités de payer les fonctionnaires au mérite. Un fonctionnaire motivé doit être mieux payé qu'un fonctionnaire qui gère une rente de nomination à vie."Nous agirons pour nos fonctionnaires, qui permettent à l’Etat d’avancer et s’engagent au service de l’intérêt général, en intégrant leur mérite et leurs efforts à leur rémunération". "Un projet de loi sera déposé dès le second semestre de cette année", a-t-il ajouté.
L’industrie verte
Il a annoncé aussi qu’il allait déposer "un deuxième projet de loi industrie verte", qui "proposera de demander" à la Commission nationale du débat public "de concentrer ses travaux uniquement sur les projets d’envergure nationale", les autres étant laissés à la décision des élus locaux. "Ce sera six mois de gagnés dans les procédures pour les autres projets : la bureaucratie qui recule, c’est la liberté qui avance".
Pousser le logement
Le premier a annoncé encore "un choc d’offre" pour "déverrouiller" le secteur du logement, en revoyant le diagnostic de performance énergétique (DPE) et en simplifiant l’accès à "MaPrimeRénov". L'objectif aussi est d'une part, de sanctionner les municipalités qui ne respectent pas le quota obligatoire de logements sociaux sur leur territoire, d'autre part, de promouvoir le logement pour les classes moyennes, qui n'ont pas les moyens d'accéder à la propriété privée et qui se voient refuser la possibilité d'obtenir un logement social pour cause de revenus trop élevés.
"Nous désignerons dans deux semaines, vingt territoires engagés pour le logement, où nous accélèrerons toutes les procédures, comme nous l'avons fait pour l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques, avec comme l'objectif d’y créer 30.000 nouveaux logements en trois ans".
Une déclaration historique
Le premier ministre a fait référence à son homosexualité lors d’un des moments politiques des plus solennels, y voyant la preuve que "les mentalités évoluent". "Être Français en 2024, dans un pays qui, il y a dix ans seulement, se déchirait encore sur le mariage pour tous, c'est pouvoir être premier ministre en assumant ouvertement son homosexualité", a-t-il déclaré. Seuls les parlementaires de la majorité présidentielle se sont levés pour l'applaudir ... "De tout cela, je vois la preuve que notre pays bouge, la preuve que les mentalités évoluent".
Fin de vie
Gabriel Attal a réaffirmé la volonté de son gouvernement de faire évoluer la loi concernant la fin de vie. "Les Français nous demandent de légiférer dans un domaine intime et délicat". Il a annoncé davantage de moyens pour les unités de soins palliatifs, mais aussi l'adoption d'une loi équilibrée pour les malades en souffrance ultime et leurs familles souvent en détresse, face à l'impuissance qui est la leur de choisir et d'accompagner leur proche sur le chemin à pouvoir mourir dans la dignité. La République française va se mettre en cohérence avec les valeurs laïques inscrites dans sa constitution. Il semble que le président Emmanuel Macron ait enfin pu surmonter ses réticences en la matière.
Remettre de l'ordre dans la République
Bien d'autres mesures ont été déclinées par le premier ministre français. Mais l'effet "catalogue" nous pousse à ne pas les énoncer toutes ici. Retenons la philosophie générale de sa déclaration de politique générale: remettre de l'ordre juste en France, dans les territoires comme dans les comptes publics. "Démiscariser", déverrouiller et libérer les énergies sont les maîtres mots de son ambition politique.
Le 31 janvier 2024.
Gabriel Attal: Le Successeur ?
Une trajectoire d'exception !
Après la démission forcée d’Elisabeth Borne, il aura fallu presque 24 heures à Emmanuel Macron pour désigner Gabriel Attal à Matignon. La première ministre sortante n’avait pas démérité au cours des 20 mois de fonction à un poste dont tout le monde dit et sait qu’il "essore" rapidement son locataire. Et ce d’autant plus qu’elle ne disposait pas à l’Assemblée nationale d’une majorité, étant obligée par 23 fois, pour faire passer ses projets de lois, d’en passer par le fameux article 49.3 de la constitution française. Elle et son gouvernement ont ainsi pu éviter le vote des députés, qui, toutes oppositions confondues, soit neutres sur certains textes, soit frontales sur d’autres, soit encore coalisées, avalaient très difficilement et amèrement une procédure qui n’est pas réputée pour ses qualités démocratiques. Elisabeth Borne a tenu courageusement, il faut lui reconnaitre une solide opiniâtreté. Mais en bonne technocrate polytechnicienne - c'est avant tout une femme de dossiers - il lui aura toujours manqué une chose: le savoir-faire politique.
Gabriel Attal est né le 16 mars 1989 à Clamart (Hauts-de-Seine). Elevé dans les beaux quartiers de Paris, il est un ancien élève de la prestigieuse Ecole alsacienne, fréquentée par les familles privilégiées de Saint-Germain-des-Près. Pour ses études supérieures, il enchaîne avec Sciences Po Paris. Sa mère, Marie de Couriss, issue d’une famille de Russes blancs d’Odessa, a élevé ses enfants dans la religion chrétienne orthodoxe. Son père, Yves Attal, issu d’une famille juive tunisienne, était producteur de cinéma (Talons aiguilles, de Pedro Almodovar, en 1991, Beauté volée, de Bernardo Bertolucci, en 1996), avant de disparaître brutalement en 2015, à l'âge de 66 ans.
Le nouveau premier ministre ne cache pas son homosexualité, dont il a souffert en secondaire; recevant moqueries, insultes et injures. Il en est resté marqué, mais il n'est pas un activiste de la cause LGBT+. Il a été pacsé avec Stéphane Séjourné, le secrétaire général du parti "Renaissance" (l'héritier d’En Marche) et sera très probablement, soit tête de liste aux prochaines élections européennes de juin, soit ministre dans le gouvernement Attal. Des informations filtrent sur les Affaires étrangères.
Ancien militant au Mouvement des jeunes socialistes et conseiller de la ministre de la Santé, Marisol Touraine, sous le quinquennat de François Hollande, Gabriel Attal vient du courant social-démocrate strauss-kahnien. Dès l’annonce de la création du mouvement "En Marche", en 2016, il rejoint le petit groupe de soutien à Emmanuel Macron, appelé ironiquement "les Mormons", sans en être membre pour autant, et ce, dès avant que ce dernier ne démissionne de ses fonctions de ministre de l’Economie et des Finances du gouvernement de Manuel Valls. François Hollande ne s'en est jamais remis.
Gabriel Attal fait tout de même partie du cercle restreint des fidèles acquis à la cause macroniste. En juin 2017, il est élu député dans la 10ème circonscription des Hauts-de-Seine. En 2018, il est nommé secrétaire d’Etat aux côtés du ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, chargé de la Jeunesse. En juillet 2020, période plutôt compliquée de covid, il devient porte-parole du gouvernement de Jean Castex, où il ne commettra aucune faute politique et de langage, maniant le discours et les réparties avec maestria. Il est nommé simultanément secrétaire d’Etat au Budget - place sensible et stratégique au sein de tout exécutif - Là encore, il y fera preuve d’une grande compétence (et discrétion) ainsi que d’un entregent remarquable avec ses adversaires politiques, "une plasticité" diront certains. C'est là tout son art; il ne tourne pas autour du pot mais avec respect et élégance.
Le 9 janvier 2023, lors d’un énième remaniement ministériel, Emmanuel Macron le préfère à Pap Ddiaye, grand intellectuel qui n’aura guère convaincu (trop lié, semble-t-il, au mouvement wokiste), au poste ultra-exposé de l’Education nationale. En moins de six mois, il s’y forge une vraie popularité, équivalente, dans les baromètres, à celle de l’ancien premier ministre, Edouard Philippe. Il devance tous ses collègues du gouvernement, où il fait des jaloux: Clément Beaune (Transports), issu de la gauche, qui se rêve maire de Paris et voit d’un mauvais œil les prétentions d'un rival dans la capitale ; ou encore l’ambitieux Gérald Darmanin (Intérieur), issu de la droite, qui reconnaît, en grimaçant, le talent de Gabriel Attal et sait qu’il le trouvera un jour ou l’autre en travers de son chemin.
Laïcité, exigence et excellence !
Avec l’interdiction de l’abaya , le rappel de l’exigence des apprentissages de base et l’expérimentation de l’uniforme à l’école, en promettant d’"élever le niveau" et en tenant un discours d’autorité, il séduit à droite (mais aussi au centre, moins à gauche). Le très sarkozyste, Brice Hortefeux, reconnait volontiers qu’il est plutôt bien vu au sein du parti Les Républicains (LR) : "C’est un homme qui vient de la gauche, mais il est vrai que ses paroles sont fortes et ses actes appréciés".
Si, à la présidentielle de 2007, il a voté pour la candidate socialiste, Ségolène Royal, Gabriel Attal admire secrètement la campagne de Nicolas Sarkozy qui le "fascine", et avec lequel d'ailleurs, il a déjeuné, pour la première fois, à la rentrée scolaire 2023. "Parmi les politiques, il y a ceux qui sentent le pays et les autres", confiait-il au "Monde", à l’été 2023. Le nouveau premier ministre est conscient du "déficit d’âme" qui continue de hanter la macronie : "Il faut parler davantage au cœur", répète celui qui se revendique, à la fois de Jean-Pierre Chevènement et de Jack Lang ; le premier, pour l’affirmation de l’importance des matières régaliennes (les compétences d’autorité), le second, pour un savoir-faire et surtout un faire savoir qui firent jadis merveille sous François Mitterrand.
Dans une tribune au journal "Le Monde", le 15 septembre 2023, pour que les choses soient claires quant à ses intentions comme nouveau patron du mastodonte ministère de l’Education (1 million d’enseignants), il ne craint pas de paraphraser François Mitterrand qui, deux ans avant sa mort, le 31 décembre 1994, avait déclaré: "Je crois aux forces de l’esprit". Pour Gabriel Attal, cela devient: "Je crois aux forces de l’écrit". En peu de mots, il montre à la fois une filiation, une volonté et un chemin.
Contrairement à Elisabeth Borne, Gabriel Attal est un véritable politique. C’est son atout majeur. Il sent les choses effectivement, beaucoup mieux que la plupart de ses pairs. Il est certes un homme de dossiers, gros travailleur, mais aussi de terrain. Vous ne l'entendrez pas se perdre dans les faux-semblants et l'hypocrisie de la langue de bois, si prisée des marquis du landerneau. Pour mieux saisir les valeurs et l'orientation politique de Gabriel Attal, relisons, si vous voulez bien, un extrait du texte et message de la tribune qu’il avait voulu faire entendre aux Français. Ils n'ont guère tardé d'ailleurs à lui en savoir gré, en le plaçant aussitôt dans les sondages, deuxième personnalité politique préférée (39% d’opinions favorables), derrière Edouard Philippe (41%) et Marine Le Pen (36%).
Lisons-le, écoutons-le !
"Je suis un ministre lucide. Les savoirs fondamentaux, et singulièrement la lecture et l’écriture, sont ceux qui rendent possibles tous les autres. Partant, l’absence de leur maîtrise est ce qui rend tout impossible. Au moment où je prends mes fonctions, en France, pays des plus merveilleux auteurs et des plus grands talents qui ont marqué notre histoire intellectuelle, qui continue d’éclairer le monde de ses plus beaux textes, près d’un élève sur trois ne sait pas lire ou écrire convenablement à son entrée en 6ᵉ. Une baisse de niveau qu’il faut nommer sans fard et sans détour : une urgence républicaine.
J’ai annoncé, dès ma nomination, mon ambition d’un « choc des savoirs » pour nos élèves, préalable absolu pour élever le niveau, bâtir une école qui émancipe et qui rend heureux. C’est l’objectif qu’a fixé le président de la République dès 2017, et grâce à son implication, l’investissement qui a été consenti ces six dernières années n’a connu aucun précédent dans l’histoire récente. Sa détermination nous a permis d’agir avec trois constantes claires : l’effort massif sur les petites classes, la volonté farouche d’agir pour l’égalité des chances et l’éducation prioritaire, et la prééminence des savoirs fondamentaux.
Plus de 500. 000 élèves apprennent dorénavant dans des classes dédoublées, et 300. 000 élèves ont bénéficié des stages de réussite l’année dernière. L’école est à ce point au cœur de notre projet que nous avons été, en France, le premier pays à rouvrir nos écoles à la fin du confinement du printemps 2020, permettant à nos élèves de progresser, au contraire de tant de leurs camarades européens. Nous irons encore plus loin. Nous devons faire plus et nous devons faire mieux. Pour développer vraiment la culture de la trace écrite dans notre école, nous avons un devoir d’exigence et d’excellence.
Etre exigeant, c’est assumer l’impératif absolu de l’apprentissage des règles, de la grammaire et de l’orthographe. C’est aussi rappeler que l’écriture est un tout : elle est la combinaison de la graphie et de l’orthographe, avec l’imaginaire individuel et l’émancipation intellectuelle. Cette culture est inscrite dans les gestes professionnels de nos professeurs, et je souhaite les remercier pour le travail indispensable qu’ils réalisent pour nos élèves. Sans eux, tous nos efforts seraient vains. Comme eux, je crois aux forces de l’écrit. C’est donc avec eux que j’avancerai. Je veux saisir l’opportunité qui m’est donnée de dire les convictions que j’aurai l’occasion d’exprimer à leurs représentants. D’abord, il nous faut collectivement sortir d’un certain nombre de débats qui ont inutilement polarisé. La dictée est un exercice indispensable, qui doit être utilisé autant que nécessaire, et ce, dès le primaire.
Autre fait établi : la maîtrise de l’écrit procède certes de l’orthographe, mais elle se nourrit d’une ambition tout autre, celle de développer et de restituer une pensée. Beaucoup de professeurs s’y engagent et me le disent : si, chaque jour, dans chaque classe du cours élémentaire, deux élèves étaient chargés après l’école d’écrire un très court texte racontant une histoire et de la lire le lendemain matin devant leurs camarades, nous ferions des pas de géant pour l’imaginaire. De la même manière, nous devrons travailler à ce que, en CM2, chaque semaine, les élèves produisent au moins un texte libre, que ce soit un récit d’invention, un texte artistique ou une réflexion sur une thématique donnée."
Voilà qui était dit et bien dit. Cela a marqué les esprits, à commencer par celui d’Emmanuel Macron. C’est pourquoi, vu son âge, 34 ans (le plus jeune premier ministre des cinq Républiques françaises), ses compétences de fond et de forme, il n’est pas étonnant de le voir propulsé aux plus hautes fonctions. Il lui reste à constituer un nouveau gouvernement, avec le concours, c’est un euphémisme, du président. Un gouvernement sans doute plus resserré et de combat, dans la redoutable et redoutée perspective du scrutin européen. Le Rassemblement national (RN) de Jordan Bardella est donné actuellement en tête, avec 31% des intentions de vote, contre 21% à Renaissance, dont la tête de liste se fait officiellement toujours attendre. Qu'attend Emmanuel Macron pour officialiser son candidat ?
Le challenge est de taille. Car l’élection européenne, à n'en pas douter, sera un marche-pied pour l’extrême droite avant la cavalcade des élections présidentielle et législatives de 2027. Le cauchemar d’Emmanuel Macron, qui veut absolument laisser une trace (positive) dans l’histoire, serait de céder la place à la fille de Jean-Marie Le Pen. Autant combattre sans merci jusqu'au bout, doit-il se dire.
Le travail et les défis ne vont pas manquer sur la route du nouveau premier ministre. Nous aurons l’occasion de revenir sur les chantiers qui l'attendent (à commencer par le projet de loi sur la fin de vie). Au sortir de la crise de la réforme des retraites et surtout de celle, plus intense encore, sur l'immigration, pour le couple de l'Exécutif, main dans la main, espérons-le, impérativement, il est question d’un sursaut, d'un "réarmement" de toutes les politiques de la France (militaire, économique, environnementale, éducative, sociale, culturelle, sociétale). Le président n'a cessé de répéter ce mot magique, lors de ses voeux de fin d'année, le 31 décembre. REARMEMENT, commençons, c'est notre vive recommandation, par celui de l'Ukraine face à l'agression et la menace russes sur l'Europe.
Dès ce 9 janvier, après sa nomination, le titre du premier communiqué de Gabriel Attal a été: "Exigence à tous les étages". Voilà qui annonce un serrage de vis, d'aucuns interpréteront par un virage à droite. Il lui reste 40 mois pour faire définitivement ses preuves à un poste casse-gueule et usant. Ses nuits seront aussi longues que ses jours. C’est le prix à payer pour clore sans trop de honte les deux quinquennats d’Emmanuel Macron. A l'heure qu'il est, le bilan est contrasté. 40 mois, c’est le parcours du combattant qu’il faut assumer et assurer pour que le jeune Premier se retrouve, d'ici deux ans, en posture de présidentiable. Il n'aura que 37 ans en 2027, le temps de voir loin, si nécessaire.
Sa nomination au 57 rue de Varenne (Matignon) n’est pas une bonne nouvelle pour Jordan Bardella, Edouard Philippe, Bruno Lemaire et Gérald Darmanin, tous avec des étoiles élyséennes dans les yeux et une mitraillette sous la langue. Ainsi, Emmanuel Macron a voulu se donner toutes les chances de terminer honorablement son passage au pouvoir ainsi que pour voir lui succéder un des siens. Sans aller jusqu'à l'indépendance, le premier ministre aura-t-il suffisamment d'autonomie pour s'affirmer face à un président finissant vertical et orgueilleux ?
En choisissant de parier sur la réussite de son jeune protégé, cela permettra à Emmanuel Macron un dernier "en même temps": réfuter l’adage journalistique selon lequel "il ne supporte pas qu’un autre (que lui) prenne la lumière" et montrer qu'il est capable d'envisager le jour d'après. Rien n’est écrit. En politique, l’imprévu est une donnée dont nul ne fait l’économie. Mais disons que si la trajectoire de Gabriel Attal se poursuit sous les mêmes auspices, il a tout pour devenir "Le Successeur".
Le 10 janvier 2024.
Emmanuel Macron se fourvoie, comme pris de vertige par l'idée qu'il se fait de lui-même.
Emmanuel Macron,
sans doute plus ambitieux pour lui-même que pour la France !
Désenchantement
Nous ne pouvons cacher plus longtemps, non pas notre déception, qui est grande, mais notre prise de distance avec la manière dont Emmanuel Macron a pratiqué sa politique jusqu'à ce jour. Certains savent ici que nous avons été des premiers soutiens du candidat Macron à l’élection présidentielle de 2017. Nous y avons pris une place modeste mais effective dans l’équipe de campagne.
Puis, malgré un désaccord profond quant à la danse du ventre du président français devant le despote Poutine, agresseur de l’Ukraine, nous avons renouvelé notre contribution discrète et concrète à sa réélection. Il nous reste le sentiment que le 24 février 2022, Emmanuel Macron n'a pas vraiment compris l'enjeu capital pour l'avenir de l'Europe de l'invasion russe de son voisin slave. Il paraît qu'il "ne fallait pas humilier la Russie" et qu'il "fallait lui donner des garanties de sécurité". Rien que ça.
Au nom d’une "realpolitik", d’autant plus humiliante qu’elle était inutile, et d’un sentiment de toute puissance de conviction et de séduction, dont on a vu les résultats par le mépris affiché du petit Tsar à l’égard du chef de l’Etat français, bien souvent, devant des choix politiques discutables, nous nous sommes abstenus de le critiquer trop ouvertement. Nous étions convaincu qu’en face, à gauche comme à droite, il n’y avait personne pour faire le job. Qui d’autre ? L’idée de faire travailler ensemble des personnes de bonne volonté autour d’un programme qui se voulait "disruptif" et même "révolutionnaire" a continué à inspirer notre approche. Nous en avions assez des conservatismes d'une droite cramponnée à ses lunes idéologiques en naphtaline et d'une gauche, syndicats en tête, arc-boutée sur des acquis catégoriels et corporatistes totalement décalés par rapport à la nouvelle donne.
Dépenser sans compter
En mars 2018, il y eut le cycle inquiétant des Gilets jaunes, irruption spontanée d'un ras-le-bol populaire au visage tantôt populiste, tantôt fascisant. Sur les ronds-points des entrées des villes, la parole et le geste libérés, on entendait l'appel à l'insoumission, suivez notre regard, et on voyait la décapitation symbolique d'Emmanuel Macron. Chaque semaine et pendant plusieurs mois, la France était devenue l'otage de manifestations de plus en plus violentes; les Champs-Elysées pris d'assaut et l'Arc de Triomphe vandalisé. Pour calmer les esprits, la réponse du pouvoir a été de délier les cordons de la bourse: 20 milliards d'euros comme prime de fin d'année. Banco et bravo, M. le président.
En novembre 2019, éclate la crise sanitaire du covid, l'une des plus importantes pandémie depuis le Moyen Âge. Personne ne l'a vu venir, si ce n'est le gouvernement chinois, puisque le virus, c'est une certitude aujourd'hui, s'est "volatilisé " d'un laboratoire de recherche dans la ville de Wuhan, province centrale du Hubei. Mais le président Xi Jinping s'est bien gardé pendant de longues semaines d'en informer la communauté internationale, OMS complice. L'Europe s'est retrouvée totalement démunie face à la contagion ainsi qu'aux aux centaines de milliers de morts qui ont saturé les morgues et les cimetières. Il faudra plusieurs mois à l'Union européenne pour réagir avec l'achat massif, en commun pour la première fois, de masques et de vaccins en phase de commercialisation.
Le président français, c'est incontestable, a joué un rôle central dans la prise de conscience que la souveraineté européenne ne pouvait plus se négocier à Washington ou Pékin. En France, Emmanuel Macron décrète "le quoi qu'il en coûte", face à la menace d'une récession économique dramatique. Le pays, comme partout ailleurs, est à l'arrêt. Aucune entreprise ne fera faillite, l'Etat y pourvoira, aucun salarié ne sera licencié, le gouvernement y veillera. La facture colossale de cette générosité sera payée par l'endettement, justifié alors, nous semble-t-il. Mais il plombera les finances publiques françaises pour le demi-siècle à venir. Le déficit public en 2022 était de 4,7% du PIB et la dette publique, en 2023, a atteint des sommets, plus de 3000 milliards d'euros alimentés par des taux d'intérêt croissants.
Nous ne reprochons pas au président ces largesses dans une période tout de même très particulière. Le problème, c'est que la vielle habitude française de s'endetter pour financer les politiques sociales et fiscales devrait avoir ses limites. Paris n'en a visiblement pas la volonté. Comme d'autres Etats - en Belgique, la catastrophe pointe - contrairement à l'Allemagne, la France aime dépenser sans compter. A voir si les générations futures apprécieront de devoir supporter pour longtemps la charge de dettes contractées par des générations antérieures aussi dispendieuses qu'inconséquentes. Pas sûr du tout.
Minoritaire et ne pas le savoir
Qu’avons-nous vu ensuite au début du second quinquennat d'Emmanuel Macron ? Que le président ne disposait plus d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale et qu'il n'avait pas l'air de s'en apercevoir. Avait-il seulement participé à la compagnie des législatives de 2022 ? Aux abonnés absents, l'hôte de l'Elysée. Nous avons vu encore un président n’hésitant pas à recourir au fameux article 49.3 de la constitution pour faire passer en force ses projets au palais Bourbon; procédé peu démocratique mais bien utile politiquement. Michel Rocard, que nous admirions pour son courage, sa lucidité et son pragmatisme - nous avons travaillé à ses côtés lorsqu’il était député européen et que nous étions attaché parlementaire au groupe socialiste du parlement européen - n’a-t-il pas lui-même eu recours fréquemment à ce dispositif législatif inscrit dans la constitution ? Oui, bien sûr. Gêné aux entournures, pourquoi le nier, nous comprenions cependant les impératifs d'un pouvoir minoritaire.
Puis la réforme des retraites, en 2022, après celle de la SNCF en 2021, dont on parlait depuis 2018, s'est réinvitée au menu des gouvernements d'Emmanuel Macron. Une donnée simple: si la France voulait assurer dans les décennies à venir un système de retraite par répartition juste, équitable et tenable financièrement, alors, une telle réforme, entreprise partout en Europe, devait aussi voir le jour dans l'Hexagone. Deux reculs successifs d’Emmanuel Macron nous ont interpellé. Entre ses deux quinquennats, il a d'abord renoncé à la retraite par points, modèle d’équité incontestable et imbattable de calcul du montant des retraites, qui avait aussi le grand mérite de la simplicité. Les syndicats, évidemment, vent debout contre le projet, n'ont pas craint de tourner le dos au principe d'égalité entre citoyens, entre cotisants, puisqu’ils défendaient ainsi le maintien de régimes de retraite multiples, accordant aux uns des privilèges que d’autres ne pouvaient aucunement espérer, même pas en rêve.
Psychodrame à la française
En 2023, après une bataille féroce à l’Assemblée nationale, orchestrée par l'inéffable NUPES et son leader maximo Mélenchon, ainsi que l’occupation bruyante mais disciplinée de la rue par les organisations syndicales, patatras, nouveau recul du président et du gouvernement: ils abandonnent les 65 ans pour pouvoir partir à la retraite, retiennent les 45 ans de cotisation pour en bénéficier à taux plein et se rabattent sur les 64 ans, en sachant que cela ne suffira pas à garantir un système de financement fragile. In fine, le projet, via le 49.3, a passé la rampe parlementaire; l’Elysée comme Matignon pérorant dans les médias sur leur grande victoire. Reste que tous les experts avertis du dossier disent pourtant qu’il faudra revoir le dispositif des retraites dès 2030. Ça, c'est du long terme.
Nous sommes fin décembre 2023 et cela fait 18 mois que le psychodrame, un de plus, sur le projet de loi sur l’immigration fait la Une de l'actualité en France. A l'Assemblée nationale, la gauche se déchaine et transforme l'hémicycle en guerre de tranchées. Nous n’avons pas connaissance d’un tel spectacle affligeant depuis la IIIème République. Même les chausses trappes sous la IVème, Dieu sait si il y en eut, ne peuvent rivaliser avec la tragi-comédie humaine à laquelle nous avons assisté.
D’abord une motion de rejet parlementaire, à l’initiative des écologistes - que venaient-ils faire dans cette galère ? - qui rassemble les extrêmes droite et gauche et les droite et gauche radicalisées. La majorité présidentielle relative, qui est en réalité la plus importante minorité, obligée d’avaler son chapeau, à commencer par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, dont les fanfaronnades ont fait pschitt. Le président, depuis son bunker parisien, touché mais pas coulé, décide de reprendre la main. Ni démission du gouvernement du soldat Borne, ni dissolution de l'Assemblée nationale. Mais, après un vote favorable au Sénat, sur base d'une sérieuse révision du texte, une Commission Mixte Paritaire (CMP) Sénat/Assemblée de 12 membres, au prorata de l’importance des groupes parlementaires dans les deux Chambres siège un jour et demi. Au terme d'un jeu piteux de "retiens-moi ou je fais un malheur", un accord est finalement trouvé entre Les Républicains, qui tiennent leur revanche, ils ne se le font pas dire, et un camp présidentiel divisé et sonné. Demain, devra-t-il affronter ses frondeurs ?
Nécessaire loi sur l'immigration
Rappelons que 70% des Français soutiennent une loi plus sévère sur l'immigration. Pour faire court, c'est une tentative d'un nouvel "en même temps". Le texte durcit sensiblement tous les dispositifs d’aides dites universelles pour les étrangers sans travail. Il permet aussi plus rapidement l’expulsion de personnes délinquantes, criminelles ou illégales. Moyennant l’allongement de certains délais de soutiens financiers contributifs, c'est-à-dire pour les personnes qui travaillent et qui paient des impôts, et l’exigence de montrer une volonté de s’intégrer, la loi a pour objectif précisément de renforcer le parcours d’intégration des travailleurs immigrés et de leurs familles. C'est ainsi, malgré l'opposition de principe de la droite, que des régularisations d'immigrés illégaux pourront se faire, "au cas par cas", pour permettre aux secteurs économiques en grande pénurie de main d'œuvre (restauration, bâtiments, transports ...) de bénéficier d'un apport légal de travailleurs motivés et bienvenus.
C’est sur ce socle administratif, on vous épargne la technicité de la loi, que l’Assemblée nationale a voté majoritairement le projet de loi sur l’immigration. C'était nécessaire. Avec quelles voix ? Eh bien, celles de la droite LR, celles des deux tiers de la "majorité" présidentielle (Renaissance, Horizons, Modem) et celles du Rassemblement national de Marine Le Pen. N'ayant peur de rien, surtout pas du ridicule suite aux nombreux changements de pied sur l'opportunité de voter ou non la loi, elle y a vu "une victoire idéologique", car "la préférence nationale" serait en marche. Ah bon ? Nous lui ferons remarquer que seuls les Français peuvent accéder à la fonction publique en France, seuls les Français peuvent voter aux régionales, aux législatives et aux présidentielles (aux européennes et aux communales, les Européens vivant en France peuvent voter. Ils peuvent aussi se faire élire conseiller municipal). La préférence nationale est déjà effective en France depuis fort longtemps.
Les enragés des Insoumis et leurs porteurs d'eau socialistes et écologistes ne le savaient-ils pas ? Dans le camp des gauches NUPES, on s’étrangle, on vocifère et on dénonce la dérive, non plus vers la droite, mais vers l’extrême droite d’Emmanuel Macron et de ses troupes, du moins, celles qui ont voté la loi. Voici une gauche, par ses excès, ses outrances et son laxisme - en matière d'immigration, à l'entendre, c'est "open bar" - qui s'ingénie chaque jour à faire le lit de l'extrême droite. A ne pas vouloir traiter un dossier explosif, on finit par encourager les électeurs à choisir la manière forte. Le projet est passé, mais les macronistes, de leur côté, en pleine débandade, sortent laminés de l'épisode.
Instrumentalisation du Conseil constitutionnel
Et voilà le président de la République, il y a deux jours, dans un entretien télé d'une heure et demie, que lui offre France 5, en plein exercice acrobatique du "en même temps". D'abord, il se réjouit que la loi ait été votée. Au passage, il botte en touche sur les voix du RN, dont les siens "n’auraient pas eu besoin" ... si les parlementaires lepennistes "s’étaient abstenus". Quelle contorsion de la réalité ! Ou comment faire de la pratique de la dialectique un tour de passe-passe pitoyable. Le président semble s'être converti à la pensée magique. Puis, sans transition, il n’ a aucune honte à affirmer qu’il "est mal à l’aise avec certains articles de la loi", qu’il vient pourtant d’approuver. C’est pourquoi, il a décidé de s'en remettre au Conseil constitutionnel dans l’espoir ... qu’il invalide ces articles gênants.
Là, Emmanuel Macron se surpasse. Etant lui-même tombé dans le piège tendu par la droite et l’extrême droite, le voilà qui se félicite d’un vote auquel elles ont participé et d'une loi qu'elles ont aussi contribué largement à adopter. Le voilà qui espère l’invalidation constitutionnelle de plusieurs de ses dispositions. Diantre ! Nous serions membre du Conseil constitutionnel, professeur de droit ou simple juriste, nous nous étranglerions devant une telle instrumentalisation politicienne de la plus haute juridiction du pays. C'est que le président veut à son tour piéger ses opposants. C’est à croire qu'il est aux manettes d'une Game Boy dans sa tour d’ivoire, autocentré sur ses TOC présidentiels, qui deviennent pénibles pour tout le monde, qu’il n’a plus de limite à ses dérives politiciennes.
Depardieu ou le déshonneur
Ce n’est pas tout. Nous connaissons tous l’immense acteur qu’était Gérard Depardieu, que nous avions particulièrement aimé, entre autres, dans le film "Cyrano de Bergerac" de Jean-Paul Rappeneau. Nous écrivons "était", car l’homme désormais n’a plus rien d’un "monstre sacré" , mais semble dérivé lui aussi vers l'état de monstre tout court. Lorsqu'on vous adore au point d'être aveuglé par un tropisme d'hyper-puissance, sans doute pensez-vous que l'impunité est un droit, voire un devoir.
Voilà un homme qui a reçu des mains de l’ancien président Jacques Chirac la Légion d’honneur et qui, quelques années plus tard, n’a pas hésité à demander la nationalité russe à son ami Vladimir Poutine. Quelle est donc sa fidélité, où place-t-il sa loyauté, entre les crimes barbares du satrape russe et les carences de la démocratie française ? Curieux tout de même de continuer à honorer quelqu'un qui s'est déshonoré et vautré dans les délires assassins de grandeur d'un ennemi de la France.
Voilà un homme, selon nombre de témoignages crédibles, qui s’est comporté sur les tournages comme un ogre affamé de "bons mots" grossiers et machistes et de belles cuisses féminines; la main voyageuse aidant. Tout le monde savait, mais personne n'a parlé. La face sombre de l'écran noir en marche.
Voilà un homme accusé de viols par plusieurs femmes dignes de foi, actrices ou non - il dénie tout abus sexuel - mises à présent en quasi accusation pour "procès publique", quand ce n’est pas "chasse à l’homme", avec le concours d’une presse qui s’acharnerait sur l'icône du cinéma français. Inversion des situations et des valeurs, tribunal dit populaire contre tribunal de l'entre-soi. Carole Bouquet, ex-compagne pendant 10 ans de Gérard Depardieu, n'est-elle pas venue au secours de son grand homme, affirmant "qu'il n'avait jamais violenté une femme" ? Etait-elle présente à chacune de ses sorties ?
Voilà un homme en visite en Corée du Nord, singulière fréquentation - il est vrai que le dictateur nord-coréen est l'allié du camarade Poutine - qui n’hésite pas, devant le spectacle d'une gamine de 12 ans à cheval, d’évoquer la jouissance sexuelle qu’elle doit ressentir par le frottement de son entrejambe avec la selle … on vous passe les mots exacts. Depardieu atteint-là le summum de l'abject.
N’est-ce pas assez pour considérer le personnage suffisamment repoussant, "un porc", selon certain(e)s, non pour le condamner judiciairement - il faudra attendre le verdict des cours de justice - mais pour au moins accorder crédit aux femmes courageuses et humiliées qui ont osé porter plainte et pour le considérer, dès à présent, comme persona non grata au titre des gloires françaises ?
Eh bien non, selon Emmanuel Macron. "Gérard Depardieu est un grand acteur (…) la France est fière de lui (…)". Ah bon ? La France est fière qu'il bave sur une jeune fille dont il fait, dans sa langue ordurière, un objet de fantasme répugnant ? Non, M. le président, la grande majorité des Français n'est pas fière de pareille saloperie et le grand talent de l'acteur n'est en rien une excuse.
Que le président veuille rappeler l’importance de la présomption d’innocence en l'absence de jugement, très bien. Mais qu’il s’engage publiquement, par un trop plein de paroles dérangeantes, dans une sorte de présomption de mensonge à l’égard des victimes - Depardieu reconnait lui-même des comportements "inappropriés", voilà qui en est trop selon nous.
Vous qui aviez fait de la lutte contre le harcèlement sexuel et la violence faite aux femmes une priorité de vos mandats, vous voilà qui servez la soupe à un individu, présenté maintenant comme une victime, "au bord du suicide". Si il n’est pas un violeur - on verra ce qu’en disent les tribunaux - c'est à l'évidence un personnage au langage et au comportement nauséeux qui donne envie de vomir. Prédateur, peut-être, peut-être pas, chasseur sans scrupule de "gibier femelle" certainement.
Président désaccordé
Au terme de ce passage en revue des différends, de plus en plus grands, que nous avons avec l’homme et le président Macron, à la question de savoir si nous avons été naïfs de le suivre et de le soutenir depuis 2017, et même dès 2016, lorsqu’il était toujours ministre de l’Economie et des Finances du président François Hollande, nous répondons que nous regrettons avoir fait confiance à un candidat, à un président à ce point imbu de lui-même, engoncé dans ses certitudes, méprisant à l’égard du commun des mortels, que l'on perçoit comme étranger aux réalités de terrain, sans doute à l'insu de son plein gré, ami de puissants qu'il veut intouchables, bref, la caricature froide et cynique qu'une certaine presse décrit abondamment. On y croit pas au début, à force, on finit par ouvrir les yeux.
Isolé dans son hôtel de l’Elysée, quitté par beaucoup de ses anciens ministres, collaborateurs, proches et amis - Daniel Cohn-Bendit en est le dernier exemple - le voilà à trois ans et quatre mois de la fin de son second quinquennat. Le voilà à la tête d’une France malade de ses démons et de ses divisions, sur le point de se donner au Rassemblement national. En 2027, il risque de passer le témoin du pouvoir à Marine Le Pen, alors qu’il avait promis d’être un bouclier face à la menace de l’extrême droite.
Certes, tout n’est pas négatif dans son bilan, notamment son action en faveur d'une Europe souveraine et puissante. Mais ses atermoiements incompréhensibles et insupportables, comme pour le dossier de la fin de vie et de l’euthanasie (des malades souffrent aujourd'hui énormément et ne peuvent plus attendre), ses sorties scabreuses et provocatrices, ses mauvais castings ministériels (*), ses volte-face politiques et ses manoeuvres politiciennes, ses caprices de diva, il n'y a pas d'autres mots, son absence de sensibilité humaine - c’est en tout cas l’impression qu’il donne à un entourage mal récompensé de ses efforts et de son dévouement - cette façon de s'adresser de haut à toutes et à tous, tout cela nous conduit à penser qu’il restera dans les manuels d’histoire, mais pas nécessairement là où il souhaite être. Notre sentiment est qu'il est un président désaccordé qui ne sait plus où il veut aller.
On ne se proclame pas grand homme, on le devient, ceint du regard critique de la postérité. C'est la marque des hommes et femmes d'Etat, qui mettent leurs pas dans l'Histoire et la font. Emmanuel Macron a trois ans devant lui pour montrer la face aimable que l'on espère présente dans sa personne et pour démontrer au monde qu'il a su comprendre son époque et donner un sens à son action.
Nous avons le sentiment d’avoir été trompé, plus par nos illusions, un idéal de bienveillance et une intelligence captive, que par un homme sans doute plus ambitieux pour lui-même que pour la France.
(*) Après la démission du 5ème ministre de la Santé français, Aurélien Rousseau, pour cause de désaccord avec certaines dispositions de la loi sur l'immigration, deux jours après la nomination de la nouvelle ministre, Agnès Firmin Le Bodo, le site Mediapart révèle qu'elle avait reçu des laboratoires Urgo, lorsqu'elle était pharmacienne, des cadeaux d'une valeur estimée à 20.000 euros. Mauvaise pioche d'Emmanuel Macron et d'Elisabeth Borne, qui n'en sont pas à leur première erreur de casting.
Le 23 décembre 2023.
Comme chacune et chacun, Françoise Hardy
a le droit de mourir dans la dignité !
Pendant que la France vit un énième psychodrame avec le projet de loi sur l'immigration, qui devrait être voté ce soir - enfin, les Français attendent cette loi depuis un an et demi * - une autre promesse d'Emmanuel Macron traine lamentablement, quant à l'évolution de la loi sur le droit de mourir dans la dignité, autrement dit sur l'euthanasie. Après avoir installé une conférence citoyenne sur le sujet, dont le rapport recommande une nouvelle législation en ce sens, le voilà qui hésite et tergiverse, comme paralysé par une décision éthique qui concerne chaque citoyen. La Belgique, qui n'a rien d'un Etat laxiste et sans morale, comme aiment à le décrire les opposants français à une loi émancipatrice et laïque, a dépénalisé l'euthanasie ... en 2002. Beaucoup de Français sont obligés de venir dans les hôpitaux belges pour pouvoir partir en paix et sans souffrance ajoutée. Une grande majorité de Français se prononce régulièrement pour une telle disposition législative. Combien de temps le président de la République, dont la culture catholique affleure par épisodes dans ce dossier comme dans d'autres, va-t-il retarder l'adoption au parlement d'une loi qui n'oblige personne - les patients comme les médecins ont un droit irréfragable à la liberté de conscience - mais qui autorise celles et ceux qui le souhaitent à mettre fin à des souffrances intolérables et inapaisables, à une vie qui n'a plus de sens que le désir ardent d'y mettre fin ? Nous publions ici après la lettre ouverte que vient d'adresser Françoise Hardy au président français - dont on ne dira jamais assez l'immense qualité humaine au service d'une voix, d'une écriture et de compositions qui auront marqué notre époque - en proie depuis de nombreuses années à deux cancers du système lymphatique et du pharynx. Aujourd'hui, cette voix, qu'elle porte blessée et ténue, dit son désir de "partir bientôt".
(*) Enfin. La loi devrait être adoptée grâce à un accord entre la majorité présidentielle (Renaissance, Horizons, Modem) et la droite Les Républicains au sein de la Commission mixte paritaire (Sénat/Assemblée nationale). Nul doute que le Rassemblement national de Marine Le Pen profitera de l'occasion pour s'approprier la paternité "d'une avancée dans la lutte contre l'immigration". Lorsqu'il pleut, on ne pas pas dire qu'il y a beau temps parce qu'une personne inamicale dit qu'il pleut.
Le 19 décembre 2023.
"Cher Emmanuel Macron,
Ma mère a eu elle aussi la maladie de Charcot, et c'est l'un de ses bras qui a été attaqué. Elle a confié à son médecin son aspiration à ne pas aller au bout de cette horrible maladie. Il lui a dit de ne pas s'inquiéter et que quand elle le souhaiterait, il ferait le nécessaire. Son deuxième bras ayant été attaqué, ma mère a voulu en finir et son médecin lui a envoyé un médecin hospitalier qui l’a d’abord interrogée pour être certain que c’était sa décision à elle.
Elle a fixé la date et il lui a fait prendre chaque soir des sept jours précédents un médicament calmant. Ma mère a donc été enthanasiée le jour de son choix, et j’ai été complice du médecin hospitalier pour la déclaration de décès au médecin légiste de la mairie. C’est grâce à deux médecins compréhensifs et courageux que ma mère n’a pas dû aller au bout d’une maladie incurable et insupportable.
J'ai séjourné dans une clinique pour un cancer, et j'étais à l'étage où il n'y avait que des cancéreux dont plusieurs en étaient à leur deuxième ou troisième récidive et n'en pouvaient plus. Tous regrettaient que l'euthanasie ne soit pas légalisée, car ils avaient conscience de souffrir inutilement.
Vous le savez, une grande majorité de gens souhaitent la légalisation de l’euthanasie. Nous comptons tous sur votre empathie et espérons que vous allez permettre aux Français malades et sans espoir d’aller mieux de faire arrêter leur souffrance quand ils savent qu’il n’y a plus aucun soulagement possible.
Françoise Hardy."
Lettre ouverte publiée dans "La Tribune", le 17 décembre 2023.
Antisémitisme: qui dira le chagrin du Sisyphe juif ?
Il est vrai que nous craignions, comme beaucoup au sein des communautés juives européennes, la faible mobilisation des manifestations françaises contre l'antisémitisme. Nous avons été surpris de voir, qu'à Paris, 105.000 personnes, en ce dimanche 12 novembre, ont bravé le mauvais temps et le climat politique délétère pour venir témoigner de leur attachement aux valeurs républicaines et à l'égard d'une minorité juive agressée par 1500 actes antisémites recensés en deux semaines. Nous ne trahirons aucun en disant que le ressenti dominant était jusque-là la grande solitude d'être juif. Sur l'ensemble du territoire, ils étaient plus de 180.000 à battre le pavé, à Strasbourg, Lyon, Nice, Marseille, Montpellier, Nantes, Bordeaux; renvoyant dans les cordes Jean-Luc Mélenchon, son parti islamo-gauchiste et leur prurit israélite obsessionnel. Autant de présences chaleureuses et salutaires, sur 68 millions de Français et 400 millions d'Européens, pour exprimer une chose aussi nécessaire qu'aléatoire et fragile: la fraternité, l'universelle fraternité.
Si le Rassemblement national de Marine Le Pen était bien présent, suscitant des polémiques stériles - le RN, qui a évolué sur l'Europe, sur l'avortement, a aussi viré sa cuti en matière d'antisémitisme; le temps d'un Jean-Marie Le Pen, friand de jeux de mots abjectes à l'égard de l'Holocauste et des Juifs, étant visiblement révolu - En revanche, le président de la République française, Emmanuel Macron, a cru bon se distinguer en étant absent d'une manifestation républicaine nationale, dont le sujet, qui devrait faire sens commun, n'était pas le soutien à Netanyahou, voire à Israël, mais le combat contre l'antisémitisme. Sa place était donc à la tête du cortège, parmi les Français de toutes origines, de tous âges et de tous milieux sociaux - à l'exception notable et regrettable, mais pas étonnante, des populations des banlieues issues de l'immigration - Quelle faute politique majeure de la part d'un chef d'Etat qui a fait de la gestion de la complexité sa marque de fabrique ! Mais là, comme sur d'autres problématiques, il jette une confusion dommageable sur un enjeu limpide.
Comme toujours, l'extrême gauche, en manque d'un prolétariat évanescent, leurs amis des médias borgnes et leurs alliés islamistes, depuis le 7 octobre dernier, jour des pogroms du Hamas en Israël, vite rangés dans le tiroir aux accessoires, s'adonnent à leur sport favori: importer en France (l'Europe et les Etats-Unis n'échappent pas au même syndrome) la guerre en Israël et à Gaza.
La communauté arabo-musulmane française, qui compte près de 5 millions d'âmes, est chauffée à blanc H 24, sous les auspices et l'argent de la chaîne qatarie Al Jazeera. Elle les abreuve d'images cadrées, non-vérifiables, des destructions de Tsahal et des nombreuses victimes civiles dans l'enclave palestinienne. Il y a là pour la gauche radicale un réservoir électoral qui permettrait, selon le leader maximo Mélenchon, de gravir (enfin) la marche, manquée déjà par deux fois, du second tour de l'élection présidentielle de 2027. En fait, nous croyons qu'il creuse sa tombe, tant sa descente volontaire aux enfers est irrattrapable, même pour certains de ses séides, alertés et convaincus désormais d'assister à un suicide personnel à dimension collective. Nous ne nous en plaindrons pas. Relevons au passage qu'Al Jazeera n'a pas dit un mot concernant la barbarie hamassienne du 7 octobre, quand le parti d'extrême gauche LFI était incapable de parler de terrorisme ...
Une armée régulière d'un Etat démocratique sauvagement agressé, du jamais vu depuis la Shoah, pour se défendre et protéger sa population face à un ennemi mortel et asymétrique, comment doit-elle s'y prendre pour ne pas provoquer de victimes dans le camp adverse, sans risquer de perdre une guerre existentielle par excès de prudence ? Oui, Israël joue sa survie, tant ses ennemis sont nombreux, puissants et acharnés à vouloir l'anéantissement du "diable sioniste", à commencer par l'Etat terroriste iranien et ses proxis gazaouis, libanais, irakiens et yéménites. Ceux-ci oublient-ils que l'Etat hébreu fait partie du club restreint des puissances atomiques ? Certainement pas. Mais les discours et les actes d'agression, orchestrés depuis Téhéran et soutenus à Moscou, pourraient faire douter. La dissuasion nucléaire est-elle encore opérationnelle ? On l'espère pour la planète.
Tous les Israéliens, de droite et de gauche, religieux comme laïques, juifs, chrétiens et musulmans, certes avec des variations, sont derrière une armée majoritairement constituée de conscrits et de rappelés, juifs, pour la plupart, mais aussi arabes - c'est beaucoup moins connu - issus directement de la population civile. Qui connait une solution miracle autre que de se battre pour ne pas disparaître ferait bien de la brandir rapidement à la face du monde inquiet. Nous sommes preneurs.
L'antisémitisme n'a jamais disparu. On en parlait moins dans les salles de rédaction et sur les plateaux télé, alors que les actes ignobles se déroulaient sous les yeux indifférents de citoyens distraits. Pour ne prendre que trois exemples, en février 2006, Ilan Halimi, vendeur dans un magasin de téléphonie mobile à Paris, a été enlevé, emmené en banlieue parisienne et torturé à mort au chalumeau par le gang des barbares. La police récupéra son corps martyrisé sur les rails d'une ligne de chemin de fer. Il avait 24 ans. En avril 2017, Sarah Halimi (aucun lien de parenté avec Ilan), médecin et directrice de crèche à la retraite, est défenestrée à Paris par son voisin musulman du 3ème étage aux cris de "sheitan" (satan) et de "Allahu akbar". Elle avait 65 ans. En mars 2018, Mireille Knoll, couturière retraitée, qui a échappé de peu à la déportation pendant la Seconde Guerre mondiale, est poignardée à son domicile parisien et incendiée par son voisin musulman. Elle avait 85 ans. Ce ne sont-là, parmi la multitude d'infamies antisémites, que les faits les plus atroces.
Tous trois ont eu le tort de naître juifs, comme jadis, sous la botte du IIIème Reich, d'être au mauvais endroit au mauvais moment, et de représenter aux yeux des bourreaux l'incarnation du mal absolu, tare génétique enseignée de longue date aux plus jeunes et moins jeunes dans nombre de centres islamistes et sur le déversoir immonde des réseaux sociaux. La parole antisémite y coule à flots continus, aussi libre et incandescente qu'une trainée de lave en pleine éruption.
Nous souhaitons vous donner l'occasion de lire ou relire l'article que nous avions écrit et publié ici même, le 12 février 2019, repris par un certain nombre de sites amis. Les temps sombres, éternel retour, ajoutent, nous semble-t-il, à l'acuité du propos. Qui dira le chagrin du Sisyphe juif ?
Le 14 novembre 2023.
Détester les Juifs, le Juif, c’est se haïr soi-même et l’humanité !
"Peine perdue" que de combattre et d’éradiquer la haine des Juifs, voilà ce que j’entends depuis des dizaines d’années au sein des communautés juives et en Israël. Comme un fatalisme sociétal insupportable, à l’exact opposé du judaïsme et de la philosophie juive, qui veulent que rien ne soit figé, qu’il n’y a pas de vérité absolue et définitive, même Dieu est une incertitude, une projection indéterminée, et qu’il appartient aux êtres humains pour avancer de ne pas renoncer à la remise en cause, aux troubles nécessaires qu’occasionne le doute. Le concept d’antisémitisme, arme oh combien efficace dans la bouche de ceux qui dénoncent, parmi d’autres tares, "la posture victimaire des Juifs", afin de mieux éluder la question de l’infondé éthique d’une haine tenace au point qu’elle détruit toute légitimité de celui qui la porte, globalise, en écrasant dans sa sémantique XXL, les visages de chaque personne, au demeurant juive ici, réduite en son individu, sa personnalité et son histoire à une tête d’affiche fourre-tout. Car, en généralisant par facilité langagière, voire paresse intellectuelle, l’esprit fait ainsi l’impasse sur la dimension humaine d’une condition, certes partagée par un peuple aux traditions singulières et, c’est moins connu, diversifiées, car elles s’inscrivent pleinement dans l’universel en posant toujours comme préalable l’égalité commune, une condition qui, en réalité, se décompose en autant de tribus, de communautés, de familles et d’individus. En globalisant, on échappe à la vérité ultime de chacun d’entre nous, qui est de se retrouver en face à face avec l’Autre, son semblable, son « soi-même ». Ce qui ramène une problématique informelle et théorique à une confrontation intime avec sa conscience et sa morale, au regard des paroles, des gestes et des actes, inspirés par la haine, commis à l’encontre de personnes dont le seul tort est d’être nées juives, d’avoir des origines israélites, de s’être converties au judaïsme, ou, oui, de se reconnaître juif par ses enfants (voir à ce sujet « Le dictionnaire amoureux du judaïsme de Jacques Attali). La mise à distance, qui n'est en rien ici une manière raisonnée de comprendre, permet le déferlement des fantasmes les plus féroces et crétins. Delphine Horvilleur, l’une des trois femmes rabbins en France, dans son dernier essai « Réflexions sur la question antisémite » mentionne: En octobre 2018, le leader suprématiste afro-américain, Louis Farrakhan, comparait les Juifs aux nuisibles qui rongent la nation et déclarait sur les réseaux sociaux : "Je ne suis pas antisémite, je suis anti-termite". Ces dernières années les exemples de propos et d’actes antisémites n’ont pas manqué, tant les anonymes que les revendiqués. Bien sûr, les antisémites les plus acharnés ne reculent pas lorsqu’ils sont face à leur proie. Nul besoin de revenir sur le révélateur de l'affaire Dreyfus ou de s’étendre sur la dimension eschatologique de la Shoah. Plus près de nous, en janvier 2006, le gang des barbares, qui a torturé Ilan Halimi pendant des semaines avant de le laisser nu, brûlé au troisème degré, sur une voie de chemin de fer, restera comme l’un des crimes antisémites les plus marquants depuis la Seconde Guerre mondiale. Malheureusement, il n’est pas le seul, en France, en Europe et dans le monde. Dans l’Hexagone, on assiste à un véritable déchaînement antijuif. Les actes antisémites y ont augmenté de 74% en 2018. "D’Internet aux Gilets jaunes, des universités aux cités de banlieue, le phénomène, comme l’écrit Le Monde du 12 février, s’étend et prospère." Ce 11 février 2019, l’arbre planté à Sainte-Geneviève-des-Bois, dans l’Essonne, là où avait été retrouvé Ilan, a été scié à deux jours de la commémoration de sa mort. On voit des portraits de Simone Veil, qui repose désormais avec son mari, Antoine, au Panthéon, recouvert de croix gammées, la vitrine d’un restaurant casher souillée d’une inscription « Juden », comme « au bon vieux temps » de la nuit de cristal à Berlin. Tant d’autres faits et forfaits nourris au sein de l’exécration des Juifs. Le mouvement des Gilets jaunes, gangréné par l’ultra-droite antisémite et l’ultra-gauche antisioniste, charrie dans son sillage les pires remugles de la haine des Juifs. Le président Emmanuel Macron fait l'objet d'une campagne écoeurante quant à sa servilité, pour être poli, aux "intérêts juifs", quand ce n'est pas sa supposée homosexualité cachée. Son passage à la banque Rothschild le voue à jamais à la finance juive et, au-delà, au projet complotiste. Que faire ? Se résigner ? Certainement pas. Résister ? Mais comment ?Jean-Paul Sartre, dans son fameux essai « Réflexions sur la question juive » expliquait comment le Juif est défini en creux par le regard de l’antisémite. Combattre par l’intelligence, la culture et la connaissance cette catégorie hors norme de la capacité humaine à la sauvagerie, en renforçant l’éducation aux valeurs laïques et démocratiques, au travail incessant de civilisation, à savoir l’apprentissage de la maîtrise de nos instincts (Albert Camus disait, « Un homme, ça s’empêche ») et l’appropriation acceptée et apaisée de la diversité en notre propre singularité et nos appartenances, est assurément indispensable. Cela suffit-il ? Comment faire si tout cela échoue ? Delphine Horvilleur, qui appartient au mouvement libéral français du judaïsme, minoritaire en France mais majoritaire aux Etats-Unis, proche en Belgique du Centre Communautaire Laïque Juif (CCLJ), nous propose d’aller chercher dans les textes talmudiques des portes de sortie. Ses réflexions offrent des outils de résilence pour échapper au repli identitaire, des Juifs comme des autres personnes, car, écrit-elle, "la tradition rabbinique ne se soucie pas tant de venir à bout de la haine des Juifs (peine perdue …) que de donner des armes pour s’en prémunir." Le message n’est évidemment pas destiné qu’aux seuls Juifs. Cela ferait le jeu du repli communautariste, comme un oxymore à sa démarche, mais à tout le monde, à toute personne qui reconnaît dans le visage de l’Autre, quel qu’il soit, la figure de l’humanité et pour le Juif, selon la Rabbin, celle de la féminité, à savoir, cette cavité incertaine où peuvent se nicher tous les dérèglements et les impuretés. Pour le philosophe juif, Emmanuel Levinas, dans "Ethique et Infini", la morale est un absolu qui règle l’existence et désigne la relation à autrui. Comme la relation à autrui est pour lui asymétrique – nous ne pouvons attendre la réciprocité des actions sans l’activation de la morale – c’est pourquoi, il nous appartient d’agir sans savoir ce qu’autrui fera. C’est par le vis-à-vis direct, tous masques baissés, avec le visage de cet Autre, métaphoriquement désignant notre nudité, notre fragilité, comme le véritable siège de notre humanité individuelle en sa dimension holistique, que nous pourrons dépasser nos peurs et fantasmes des apparences "étranges" d’autrui. L’humanité est collective, c’est le sens même de sa définition, elle ne peut donc assurer sa survie que par la morale, qui, comme chacun sait, civilise, sans quoi son tropisme anthropophage, dont l'histoire et l'actualité regorgent de manifestations, pourrait prendre le dessus. C’est pourquoi regarder l’Autre, c’est le dénuder et lui offrir sa propre nudité. Ainsi, c’est notre vulnérabilité qui engendre la morale, qui ne trouve sa valeur éthique que par l’action voulue et dédiée à l’Homme social. La haine antisémite désigne en vérité celle de l’humanité tout entière. Chaque partie est équivalente à la somme des parties, les Juifs, évidemment, comme tout être humain, en sont une composante consubstantielle. La pensée juive est ontologiquement universelle, tant au travers les textes religieux que philosophiques. Elle a dû très tôt intégrer à sa pratique – elle est une orthopraxie et non une orthodoxie – le contre-poison moral aux tentatives mortifères et protéiformes qu’elle a rencontrées tout au long de son long cheminement. Les sept Lois noahides, celles de Noé, destinées à organiser la vie en société de tous les êtres humains, en bonne harmonie avec la nature, et les cinq dernières Lois mosaïques, celles des Dix Commandements de Moïse (les cinq premières sont des Mitsvot, parmi les 613, qui s'appliquent, avec aussi les cinq dernières, aux seuls Juifs) ne sont que la tension juive, au sens tendre vers, d'offrir au monde des règles communes, afin de permettre, par la régulation morale, à la fois à l'humanité de ne pas sombrer dans ses divisions et au peuple juif de ne pas être englouti par le déchaînement de ces dernières. La pensée juive nous amène à transcender nos particularismes identitaires, source, pour le meilleur, d’enrichissement, et pour le pire de désolation. Il s’agit de garder intacte la capacité de chacun d’entre nous à réfléchir autrui en sa pulsion de vie et son désir de vivre. Comment ? Par le travail incessant qui consiste à fixer le périmètre de l’éthique dans notre rapport à la différence, à celui qui propose, dans le meilleur des cas, non pas un autre être, car l'espèce humaine est une, mais un autre avoir, un autre vouloir, un autre savoir et un autre pouvoir. Détester les Juifs, Simone Veil la Juive, vomir ses obsessions racistes et populistes sur les institutions démocratiques, c’est se haïr soi-même et l'humanité. 12 février 2019.
Nicolas Sarkozy ou la voie de son maître !
On savait que Nicolas Sarkozy avait toujours eu les dents longues et les idées courtes. Mais là, il atteint des sommets. Non de l’ignorance, car il sait d’où vient le mal, mais de l’épaisseur de sa duplicité avec Poutine, de la profondeur de l’ignominie qu’il exprime à l’égard du peuple ukrainien. Un peuple victime depuis presque 10 ans de l’agression la plus grave et dévastatrice depuis 1945. Les crimes de guerre et contre l'humanité sont la marque de fabrique du maître du Kremlin.
Son idée ? Une solution soft, via la diplomatie, qui n’a de doux que sa connivence avec le dictateur. Elle se calque précisément sur le narratif et la propagande du régime despotique. Après avoir voulu envahir toute l’Ukraine, devant l’échec patent de sa tentative, Poutine et sa nomenklatura corrompue ne cessent de faire monter une petite musique selon laquelle une "paix serait possible sur base du gel" de la situation actuelle. Cette petite musique est bien évidemment relayée par la cohorte des amis de la Russie, Donald Trump en tête, de nombreux chefs d'Etat africains et sud-américains. Même le Pape François n'a pas manqué de renvoyer dos à dos agresseur et agressé.
Autrement dit, pour ces choeurs de l'armée russe, ce qui est à moi est à moi, ce qui est à toi est à moi … Ça ne peut pas marcher ainsi ! A l’évidence, l’ancien locataire de l’Elysée ne connait pas le droit international, puisqu’il s’est assis dessus à maintes reprises.
Dans un entretien au "Figaro", publié ce 16 août, Nicolas Sarkozy, depuis un de ses lieux de villégiature où la lumière de la scène médiatique ne lui parvient plus apparemment, n’a pu s’empêcher une sortie sur "l’issue" de la guerre. Son hallucinante proposition aboutirait, ni plus ni moins, qu’à livrer le Donbass et la Crimée au petit Tsar en récompense de la barbarie et du chantage qu'il exerce contre le peuple ukrainien et l’Europe.
Pour sûr, tous les alliés de Poutine en Asie, en Afrique, en Amérique latine, ses fans complaisants et écervelés en Europe vont applaudir la sortie de Sarkozy. Tout aussi certain que les Ukrainiens et l’immense majorité des Etats de l’Union européenne et de l’OTAN ne trouveront pas à leur goût ce cadeau fait à Moscou. Je crains pour l'ancien parrain de la droite française que son plaidoyer en faveur "de garanties à donner à la Russie", qu'il "ne faudrait pas humilier", comme l'a dit Emmanuel Macron, ne produise l'effet inverse à celui recherché. Son interview a eu pour résultat de faire parler de lui, c'est le seul point positif de cette "opération spéciale".
Rappelons une nouvelle fois à tous les poutinolâtres de gauche et de droite que le conflit ne pourra se clore qu’avec le départ manu militari des Russes de tous les territoires occupés, Crimée comprise.
Selon le retraité élyséen qui joue les prolongations de luxe au sein du groupe d’hôtels ACCOR et des lobbies pro-russes, avec généreuses rétributions, c’est par "la diplomatie, la discussion" ainsi que "des référendums très encadrés" pour décider du sort des "régions disputées" que l’on pourra "sortir par le haut", excusez du peu, de la guerre.
La seule solution diplomatique possible, nécessaire et incontournable pour préserver l’Europe d’une guerre élargie et interminable, c’est le retour sans condition des soldats russes dans leurs foyers, dans "cette mère patrie" qui se moque bien des souffrances qu’ils endurent et de leur survie. Mais c’est leur problème. Quant aux "référendums" recommandés par M. bling-bling, ne sait-il pas que les "régions disputées", comme il les appelle hypocritement, le sont pour l’unique raison qu’elles ont été envahies en 2014 et 2022 et vidées ethniquement de leurs populations ukrainiennes, soit par fuite vers l’ouest, soit par déportation en Russie, soit encore par exécutions et massacres ? Donner ainsi crédit à la propagande moscovite est une honte.
Quant à la demande (légitime) des Ukrainiens d’adhérer à l’Union européenne et à l’Alliance atlantique, Nicolas Sarkozy ne trouve rien de mieux à dire qu’elles ne sont pas souhaitables et que l’Ukraine devrait devenir un Etat tampon, "entre l’ouest et l’est", et se contenter "d’une neutralité" aléatoire. La seule alternative à l'entrée de l'Ukraine dans l'OTAN serait de livrer l'arme nucléaire à Kiev, afin de dissuader à jamais l'empire russe d'être un prédateur pour ses voisins.
L'ex-chef d'Etat français se rend-t-il compte qu’une telle assertion signifie juridiquement qu’un pays agressé n’aurait pas le droit de choisir son avenir en rejoignant le club des démocraties et qu’un peuple terrorisé ne pourrait pas rechercher la sécurité en adhérant à un groupe de défense militaire solidaire et protecteur ? Tout est dit de la conception de ce personnage sur la souveraineté et la liberté des Etats et des peuples. Nicolas Sarkozy est bien la voie de son maître, la voix aussi.
On le savait qu'il n’a rien appris de ses erreurs, lui qui reçut de Mouammar Kadhafi moult valises pour financer sa campagne présidentielle de 2007, qui le reçut ensuite en grande pompe à Paris, lui léchant les babouches au passage, puis qui décida d’éliminer ce témoin gênant par une intervention militaire aéroportée sur Tripoli en 2011. On connait la suite. Avec la disparition du satrape et de sa "Jamahiriya" (Etats des masses), le chaos s’installa en Libye et dans tout le Sahel. Il serait trop fastidieux de recenser ici toutes les fautes géopolitiques du personnage; elles témoignent en tout cas de son incapacité à dépasser sa fascination pour les hommes forts, Poutine et Xi Jinping en tête.
Les largesses de Kadhafi tous azimuts disparaissant, l’armement massif de son armée se dispersant dans toute la sous-région, rien de tel pour favoriser de nouveaux chefs de guerre claniques et islamistes, rien d’aussi encourageant pour propager un terrorisme aveugle au sein des populations sahéliennes. Cerise sur le gâteau, Poutine et Prigojine décidèrent d’en profiter pour y envoyer les mercenaires mafieux du groupe Wagner. L’objectif ? Mettre la main sur les immenses ressources minières africaines, tout en promettant aux dictateurs en place une protection contre les djihadistes.
M. Sarkozy, vos propos ne sont ni crédibles ni tolérables. En répandant ainsi dans la presse toute votre russophilie poutinienne, vous avez achevé le portrait peu flatteur que l’on avait déjà de vous. Pour reprendre votre vocabulaire singulier, votre "mat" à vous (*), "les racailles" à nettoyer "au casher" sont aujourd'hui à Moscou et à Minsk. Nulle part ailleurs en Europe. Le 17 août 2023.
(*) Le "mat" est un parlé russe ordurier des Bas-fonds de Saint-Pétersbourg et de Moscou, pas même un argot, juste une manière brutale d'être au monde, coutumière chez Poutine et Prigojine, qui en savent long sur les usages des voyous.
a La marche organisée à l'initiative de la mère de Nahel D., qui demande que "justice soit faite", sans appeler au calme.
La France, quoi !
La mort d'un garçon de 17 ans, tué au cours d'un contrôle de police de la route, a mis le feu à un certain nombre de quartiers populaires de villes françaises. Deux nuits d’affrontements entre forces de l’ordre et jeunes des banlieues ont suivi ce qui apparaît comme une grave bavure policière.
Mardi 27 juin au matin, deux motards de la compagnie territoriale de circulation et de sécurité routière des Hauts-de-Seine ont repéré une Mercedes Classe A, immatriculée en Pologne. Elle circulait sur une voie de bus à vive allure en direction de la gare de Nanterre.
Cherchant à interroger le conducteur en raison de sa conduite et de son jeune âge apparent, les deux fonctionnaires ont tenté une première fois de le contrôler en activant leurs avertisseurs sonores et lumineux, se portant à la hauteur du véhicule au niveau d’un feu rouge en lui demandant de se garer.
Le véhicule a redémarré en grillant le feu. Les policiers ont noté la présence à bord de trois individus : le conducteur, un passager avant, un autre sur le siège arrière droit. Les fonctionnaires ont suivi la Mercedes. Elle s'est ensuite encastrée dans un mobilier urbain. Le passager arrière en est sorti et les policiers l’ont interpellé. Le passager avant droit a pris la fuite. On le cherche toujours.
Peu après, le décès du jeune Nahel M., le conducteur, a été constaté. Le policier auteur du tir a expliqué son geste "par la volonté d’éviter une nouvelle fuite du véhicule, par la dangerosité du comportement routier du conducteur et par la peur que quelqu’un soit renversé".
La scène du tir à bout portant a été filmée par une passante. La vidéo a été diffusée largement sur les réseaux sociaux. On y voit le policier ouvrir le feu sur le conducteur au moment où il redémarre. Le fonctionnaire ne semble pas menacé.
Le soir même, 20 personnes ont été interpellées à Nanterre lors de heurts avec les forces de l’ordre. Selon un premier bilan de la nuit agitée qui a suivi, on a relevé 31 interpellations pour troubles graves sur la voie publique dans plusieurs villes de la région parisienne (Asnières, Colombes, Clichy-sous-Bois et Mantes-la-Jolie notamment).
"Rien ne justifie la mort d’un jeune", a déclare depuis Marseille Emmanuel Macron, où il était en déplacement. "Je veux dire l’émotion de la nation tout entière", a ajouté le président de la République. Il a exprimé à la famille "toute notre solidarité et l’affection de la nation". Il a par ailleurs évoqué un drame "inexplicable, inexcusable", souhaitant que la justice "fasse son travail avec célérité". Ces déclarations n'ont pas manqué de faire réagir d'aucuns, pour atteinte à l'indépendance de la justice.
Les réactions des principaux syndicats de police se sont succédées, exprimant colère et incompréhension, après les propos du Chef de l'Etat français. Alliance, Unité SGP Police-FO, Synergie-Officiers et Alternative Police-CFDT ont dénoncé le manque de respect de la "présomption d’innocence", dont doit bénéficier le policier désormais mis en examen.
Une seconde nuit d’affrontements s'est déroulée la nuit du mercredi 28 au jeudi 29 juin. Des incidents se sont produits dans nombre de villes de France. Des véhicules, une rame de tramway, des magasins et des immeubles publics, comme des écoles, des mairies et des commissariats ont été incendiés. A Nanterre, une station de métro a même été endommagée par le feu. D'autres nuits devraient suivre.
Des groupes très mobiles, visiblement bien coordonnés et déterminés ont multiplié les destructions. Presque toutes les communes de la Seine-Saint-Denis ont été touchées par des pillages ou des dégradations de mairies. Le poste de sécurité de l’entrée du domaine de la prison de Fresnes, dans le Val-de-Marne, a été attaqué. La mairie de Mons-en-Barœul, dans le Nord, a été en partie incendiée. La médiathèque d’Amiens a été complètement détruite.
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé 150 personnes interpellées lors "d’une nuit de violences insupportables". Quant au président, il a dénoncé "des violences injustifiables" et convoqué une cellule de crise interministérielle. La droite et l'extrême droite n'ont pas raté l'occasion pour récupérer ces dramatiques événements. Eric Ciotti, le président du parti Les Républicains, et Eric Zemmour (Reconquête) ont réclamé "l’instauration de l’état d’urgence" ...
La volonté de détruire des jeunes des cités punit sévèrement la vie des quartiers déjà difficile. Elle sanctionne les habitants eux-mêmes, en les privant de leurs propres biens privés et publics. Dès lors que l'origine de cette forme de guerre urbaine se situe du côté de la police, les actes qui s'en suivent déferlent sur la France. En revanche, lors de la décapitation de Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine, de l'assassinat du père Hamel dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray ou de l'attaque récente au couteau d'un jardin d'enfants à Annecy, si l'émotion a toujours été très forte, il n'y eut aucune réaction violente dans les quartiers aujourd'hui en ébullition. Cherchez l'erreur !
La France est coutumière d'émeutes depuis bien des années. Comme si elle n'était pas capable de gérer avec mesure les problèmes de sécurité liés à une société qui paraît malade. Ce sont les mêmes difficultés que partout ailleurs, mais en France, il semble impossible de les aborder sans violence.
Vu de l'étranger, du président Chirac au président Macron, en passant par l'ère Sarkozy, la France apparaît comme la malade d'une Europe elle-même en santé fragile. La tradition révolutionnaire, fantasmée autant qu'entretenue par la gauche radicale, couplée à la fracture sociologique des territoires - archipels du désespoir, des origines, de la drogue mortifère et ceux d'une apparente légèreté, qui ne doit rien à l'esprit mais plutôt à la culture de l'entre-soi - ajouté à cela les angoisses existentielles liées à la mondialisation, au climat, aux violences urbaines, au terrorisme et à la guerre russe en Ukraine - angoisses parfaitement instrumentalisées par l'extrême droite - et vous avez-là un cocktail explosif qui n'annonce rien de rassurant. La France, quoi ! Le 30 juin 2023.
La chocolaterie. Jean-Baptiste et son père, Jean-Alexandre, violenté par le seul fait qu'il est de la famille du président ...
Ce sont les idées qui doivent débattre entre elles
et non les personnes qui doivent se battre entre elles !
Hier soir, dans la bonne ville d'Amiens, cité du Nord de la France où Brigitte et Emmanuel Macron ont grandi et vécu, le petit-neveu de la Première dame, Jean-Baptiste Trogneux, à la porte même de sa chocolaterie, a été tabassé par une dizaine d'individus juste après l'intervention du président français sur TF1. Ces voyous sortaient d'une "casserolade" dans le centre-ville où ils manifestaient contre l'adoption du projet de loi de réforme des retraites à 64 ans. Huit d'entre eux ont été identifiés et mis en examen. Trois seront jugés devant le tribunal d'Amiens le 5 juin prochain, veille d'une énième manifestation nationale de l'intersyndicale. Jean-Baptiste Trogneux, 6ème génération à exploiter la chocolaterie, a été hospitalisé avec des contusions et un oedème cérébral. Son état est "satisfaisant".
Cette agression à l'encontre d'une personne membre de la famille de Brigitte et Emmanuel Macron est écoeurante, totalement inacceptable; alimentée par la haine répandue ces derniers mois par Jean-Luc Mélenchon et ses sbires politiques, qui n'ont cessé d'appeler "le peuple", "les vrais gens" à la révolte, à la violence. Dans les cortèges syndicaux, les mêmes ont très souvent décapité symboliquement le président Macron. A l'Assemblée nationale, ils l'ont qualifié de "Caligula". Tout dans la nuance.
Rien de plus normal que d'être en désaccord avec un projet de loi, rien de plus factieux que d'inciter les populations et les manifestants à basculer de l'autre côté de la décor. Alors que l'ensemble de la classe politique française, y compris Marine Le Pen, a condamné fermement l'agression, le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, n'a pu s'empêcher de relativiser les faits concernant "le chocolatier Trogneux", expression impersonnelle qui rappelle sans surprise le vocabulaire administratif du Tribunal révolutionnaire de 1793. Il est vrai que le grand homme du tribun gauchiste n'est autre que le criminel de masse Maximilien Robespierre. La filiation est parfaitement assumée.
On connait les conséquences de la terreur et du chaos qu'ils ont engendré, avec le coup de force et l'arrivée au pouvoir de Napoléon Bonaparte et ses régimes autoritaires. Après la bordélisation orchestrée par les agitateurs de gauche, il est donc à craindre que les électeurs, lassés et pressés de voir le retour à l'ordre, ne confient leurs votes à une extrême droite qui se la joue républicaine et dans la réserve. Comment ne pas voir que la stratégie des gauches au sein de la NUPES sent le soufre ?
Brigitte Macron, très touchée, s'est indignée de la "lâcheté, la bêtise et la violence" des auteurs. Après de nombreuses agressions d'élus locaux, de maires et d'adjoints au maire, la France "qui est dans la rue", de la CGT à la NUPES, et qui crie sa colère a suscité un peu partout dans l'Hexagone un climat de peur. Voilà le projet politique d'une gauche radicale totalement à la dérive et sans limites. Nous ne cesserons jamais de rappeler ici et ailleurs cette évidence: ce sont les idées qui doivent débattre entre elles et non les personnes qui doivent se battre en elles. Cela s'appelle le débat démocratique.
Le 17 mai 2023.
Le siège du Conseil constitutionnel et ses membres, dont les anciens premiers ministres, Laurent Fabius et Alain Juppé.
Réforme des retraites validée, très bien, et après ?
Après une campagne présidentielle française, en avril 2022, qui a vu le président-candidat, Emmanuel Macron, remettre sur le tapis son projet de loi de l’âge de la retraite à 65 ans - après avoir voulu la retraite par points à laquelle il a renoncé - après des mois de négociations avec les syndicats et le patronat à l’automne 2022, puis, pendant l’hiver 2023, de longues semaines de débats à l'Assemblée nationale houleux, violents, parfois quasi insurrectionnels de la part de la gauche radicale, ensuite, le recours à l’article 49.3 sans majorité absolue et une motion de censure de l’opposition manquée de peu, ce vendredi 14 avril, c’était au tour du Conseil constitutionnel de dire le droit sur un texte que l'Exécutif avait pris la précaution de délimiter à sa finalité budgétaire.
Que les pas-contents, les râleurs et les factieux le veuillent ou non, incontestablement, c’est une victoire politique pour le gouvernement d’Elisabeth Borne et le président Emmanuel Macron. Ainsi, la plus haute juridiction française a validé le recul de l’âge légal de la retraite finalement à 64 ans et rejeté le référendum d’initiative partagée (RIP) que les élus de gauche avaient déposé sur le bureau des "Sages". La rédaction de ce RIP était tellement mal ficelée, aux dires mêmes de ses auteurs, qu’ils ont veillé à produire une seconde mouture et à l’envoyer au même Conseil constitutionnel. Ses neuf membres, trois femmes et six hommes, doivent désormais juger de sa légalité pour le 03 mai prochain.
Dans la nuit du 14 au 15 avril, soit quelques heures à peine après la validation, Emmanuel Macron n’a pas tardé à promulguer la loi expurgée de deux dispositions relatives à l’index sénior (évaluation de la performance des entreprises en matière d’embouche des plus âgés) et du contrat de travail des mêmes séniors; dispositions, présentées sous forme de cavaliers budgétaires, que les juges ont censuré pour incompatibilité formelle au sein d’un projet de loi étranger à leur objectif social. A la grande colère de ses détracteurs, la loi entrera en application dès le 1er septembre prochain.
Qu’en sera-t-il de la validité juridique de l’arrêt du Conseil constitutionnel sur le RIP version 2, alors que la loi est d’ores et déjà promulguée et parue au Journal officiel ? Attendons la suite.
Quoi qu’il en soit, les opposants à la nouvelle loi ne désarment pas et n’ont pas attendu, dès hier soir, pour manifester leur refus, à défaut de sa légalité, sa légitimité. L’intersyndicale, CFDT-CGT-FO et autres, appelle à faire du prochain 1er mai, fête du travail, paraît-il (le travail est-il encore une valeur aux yeux de certains ?), un grand rassemblement national pour montrer urbi et orbi que le combat continue. A n’en pas douter, il y aura du monde dans les cortèges à Paris et en province, mais on ne voit pas comment le front anti-retraite à 64 ans va pouvoir maintenir dans la durée une fronde qui s’épuise depuis plusieurs semaines. Sans doute qu'une faible minorité voudra toujours en découdre.
En Europe, où la pension est à 65 ou 67 ans dans la plupart des pays, les Français apparaissent, une fois encore, en proie avec les démons de la pensée magique, comme si le réel ne les concernait pas, comme si dans nos démocraties privilégiées nous ne vivions pas de plus en plus longtemps avec un nombre d'actifs de moins en moins important. Pour ne prendre qu'un exemple, "The Observer", hebdomadaire britannique de gauche, trouve les manifestations françaises "disproportionnées" ...
Aux Etats-Unis, les commentaires ne sont pas moins lucides. Le quotidien économique américain "The Wall Street Journal" écrit que "La France a besoin d'être réformée parce que son système des retraites par répartition (ce sont les actifs qui financent les retraites) n'est pas viable. Le dilemme pour les démocraties à l'Etat-providence, c'est que leurs droits étendus sont inabordables, mais ils sont politiquement enracinés. Les élus hésitent à demander à leurs concitoyens de faire le moindre sacrifice. M. Macron a été une exception, et son épreuve politique est probablement ce qui attend l'Amérique". Le "Washington Post", quotidien très libéral, traduction pour les Européens, à gauche, écrit de son côté: "Malgré les protestations, des réformes à la Macron sont nécessaires - et pas seulement en France. Il serait facile mais aussi trompeur de rejeter (les événements français) comme un nouvel épisode de la politique idiosyncrastique (prédisposition particulière) de la France, alors que toutes les grandes démocraties sont confrontées au vieillissement démographique" ...
L’Elysée et Matignon, s'ils veulent renouer le dialogue social avec les forces syndicales – dialogue en morceaux, à qui la faute ? – pour parler notamment des conditions de travail et des fins de carrière, devront changer de méthode et la jouer beaucoup plus subtil qu’ils ne l’ont fait jusqu’à présent. En particulier, le président jupitérien devra opérer une véritable mue quant à sa façon de dire et de faire. Decrescendo d’égo, moins de déclarations provocantes, davantage de pédagogie et plus de modestie.
Garder le cap, c’est nécessaire, c'est ce qu'il vient encore de déclarer. Encore faudrait-il que les Français sachent où il veut les emmener. Sûr de lui et emmuré trop souvent dans ses certitudes, il va devoir apprendre à écouter, à comprendre et à dialoguer. Lui qui n'a apparemment jamais connu le véritable échec, même si, avec Brigitte, son épouse, ils ont vécu des moments difficiles, il va devoir intégrer à son parcours exceptionnel le fait que le succès ne passe pas toujours par l'humiliation de ses interlocuteurs, que la réussite ne peut s'enorgueillir d'une promesse dont personne ne connait la fin.
Souvenons-nous qu'Achille, l'invincible, est mort d’un talon fragile. Emmanuel Macron pourrait politiquement le suivre, s’il ne prend pas garde à un tempérament qui le dessert ainsi qu’à ses propres vulnérabilités. Le pouvoir devrait toujours être une école du devoir, mais aussi de la sensibilité.
Le 15 avril 2023.
Réforme des retraites: tout ça pour ça ! Et après ?
Elisabeth Borne lors de sa déclaration relative à l'article 49.3 à l'Assemblée nationale.
La première ministre est chahutée par les députés des extrêmes gauche et droite.
Paris, 16 mars 2023.
Entre ligues fascistes du 6 février 1934 et manifestants du 16 mars 2023, comparaison n'est pas raison ! On veut le croire.
La place de la Concorde à Paris, ex-place de Grève, est aussi celle où Louis XVI et de Marie-Antoinette furent guillotinés.
Voilà bientôt 6 ans que la présidence d’Emmanuel Macron est marquée par le projet d’une réforme systémique des retraites. Une réforme qui maintienne le principe de répartition - les impôts des actifs financent l’enveloppe des retraites - et qui assure pour les 20 prochaines années sa pérennité.
Lors de son premier quinquennat, jusqu’à l’émergence de la crise sanitaire, il n’était question dans la bouche du président comme celle du gouvernement d’Edouard Philippe que d’une réforme par points. Celle-ci aurait été paramètrée sur base d’indicateurs objectivables en fonction du nombre d’années de cotisation, de la pénibilité des carrières et d’un coefficient de rattrapage financier pour les femmes aux parcours professionnels hachés. Tous les régimes spéciaux de retraites auraient été supprimés. Les forces syndicales avaient déjà envoyé à l’Exécutif un message clair: c'est non !
Et puis, en 2019, est venu le covid, deux années de latence et le "quoi qu’il en coûte" d’Emmanuel Macron, laissant beaucoup de Français penser que l’argent tombait du ciel et que l’Etat protecteur garantissait à toutes et à tous une vie sans risque. L’effet magique n’eut qu’un temps puisque les comptes publics ont montré depuis un déficit budgétaire alarmant, une dette colossale soumise à l’inflation, c’est-à-dire à des taux d’intérêt croissants. Car toute dette doit un jour être remboursée.
Il y a un an et demi, lors de la rentrée de septembre 2021, en préparation de l’élection présidentielle d’avril 2022, Emmanuel Macron a reparlé d’une réforme des retraites qui, premier changement de pied, ne serait plus à points et dont le coeur de cible ne serait pas le report de l’âge de retraite à 65 ans, dont il disait ne pas vouloir, mais plutôt le nombre d’années de cotisation. L’alternative eut été soit d’augmenter les cotisations des actifs, soit de diminuer le montant des retraites, soit encore d’abandonner le régime par répartition. Solutions inacceptables pour le président-candidat.
Chemin faisant, la réflexion du camp présidentiel évoluant, encore majoritaire début 2022, on a assisté à un deuxième revirement et donc à une troisième posture, avec un nouveau totem, celui de repousser l’âge de la retraite à 65 ans. Difficile parfois de suivre la logique d'une pensée aussi erratique.
La cheffe du gouvernement, à l’automne 2022, a consacré une bonne partie de son temps à la concertation sociale avec les forces syndicales et patronales. Quelques modifications, plutôt à la marge, ont ainsi été intégrées au projet de réforme des retraites, comme l'incidence des carrières longues, la pénibilité de certains métiers et les interruptions de carrière des femmes. Le tabou des 65 ans restait la clé de voûte de l'édifice macronien. Une clause de revoyure demeure prévue en 2027.
Tous les syndicats, en front commun, y compris le premier syndicat de France, la CFDT de Laurent Berger, avec lequel le dialogue est beaucoup plus constructif qu’avec les syndicats de pure contestation, voire de confrontation, comme la CGT communiste et FO, tous les syndicats des fonctionnaires comme des salariés, bien que ultra-minoritaires dans le pays par rapport à la masse globale des travailleurs, ont fait savoir qu’il s’agissait-là d’une déclaration d'agression.
Face au fossé qui séparait la majorité présidentielle du mouvement social, pourquoi le président de la République a-t-il refusé systématiquement de rencontrer les leaders syndicaux et prioritairement Laurent Berger, syndicaliste modéré, réformiste et légaliste, avec lequel Emmanuel Macron et Elisabeth Borne auraient pu co-construire un compromis gagnant-gagnant ? C'est une faute.
A l’Assemblée nationale, après les mauvais résultats des élections législatives de juin 2022, entretemps, la majorité présidentielle est devenue relative (Renaissance, Modem et Horizons), la nouvelle première ministre, confrontée à des oppositions radicales et populistes de la NUPES (LFI, PS, Ecolos) et du RN (extrême droite), s’est tournée vers les LR (droite), afin d'élargir sa majorité, non sous forme d'un rapprochement programmatique, mais d'un accord circonstanciel.
Comme la gauche parlementaire relayait bruyamment les revendications de la rue, avec la volonté de paralyser tout débat démocratique en déposant des dizaines de milliers d'amendements, les responsables de la majorité en ont conclu qu'il fallait fermer la porte à un dialogue social épuisé, en se tournant uniquement vers la droite des LR. Erreur, nous semble-t-il, que cette exclusive politique, qui dès lors privait le gouvernement de toute alternative au chantage que n'ont pas manqué d'exercer une partie des élus de la droite républicaine. Ou comment se mettre dans la main de ses adversaires.
Depuis janvier 2023, le regard du gouvernement s’est donc tourné vers les députés LR, afin de faire l’appoint majoritaire à l’Assemblée nationale. En coulisses, depuis l’Elysée, Emmanuel Macron dictait la stratégie. Beaucoup de concessions leur ont été faites; Eric Ciotti, leur nouveau président et député des Alpes-Maritimes, acceptant de jouer le jeu mais sans tenir ses troupes. Bilan financier: sur les 17 milliards d'euros de gains escomptés avec la réforme, puisque les Français travailleront plus longtemps dans l'ensemble, les abandons concédés à la droite coûteront à l'Etat 5 milliards d'euros.
Sous pression, Elisabeth Borne a accepté de passer alors de 65 à 64 ans, enregistrant ainsi un quatrième positionnement sur le sujet. Les carrières commencées avant 20 ans se sont vues bénéficier de possibilités de départs anticipés, le monitoring de l’emploi des séniors en entreprise a été supprimé et remplacé par un CDI incitatif cher à la droite. Au terme de cet accord, à partir de 2030, pas moins de 4 Français sur 10 partiront à la retraite avant 64 ans. Une partie de la réforme ainsi vidée de ses effets, quand tous les Etats européens sont passés à l'âge de la retraite de 65 à 67 ans.
On a souvent critiqué le Sénat pour son conservatisme, chambre aux mains de la droite républicaine (LR et alliés) et la lenteur de son fonctionnement. Depuis deux mois, sa "sagesse" tant vantée par ses pairs est redevenue une vertu. Le 15 mars, le projet de loi de réforme a fait l’objet d’un compromis au sein d’une commission mixte de 7 sénateurs et de 7 députés. On s'est dit, la raison est peut-être de retour, finalement, ce Sénat a tout de même son utilité. Hier matin, 16 mars, fidèle à sa réputation de modération, une majorité s'y est dégagée pour adopter la réforme. Un autre pas dans le bon sens pour les plus lucides. Mais hier après-midi, après le vote du Palais de Luxembourg, c'est au Palais Bourbon, soit à l'Assemblée nationale, qu'elle aurait dû être enterinée.
Le problème est qu’au sein des LR, le clan des frondeurs opportunistes a semblé grossir au fil du temps. Allez comprendre que les membres d'un même parti, qui a toujours fait de la retraite à 65 ans une priorité, s'affrontent entre sénateurs et députés d'une part, au sein même des élus LR de l'Assemblée nationale d'autre part ! Les opposants de droite à la réforme, pour des raisons tactiques et purement politiciennes, alors que leur propre candidate à l’élection présidentielle 2022, Valérie Pécresse, proposait dans son programme de repousser l’âge de la retraite à 65 ans, n'ont pas manqué de propager le doute quant au résultat final du vote. Le poison s'est ainsi répandu jusqu'à l'Elysée.
Sous la bannière du jeune et ambitieux député du Lot, Aurélien Pradier, ils n’ont eu de cesse que de saper l’autorité d’Eric Ciotti, partisan de se ranger derrière un vote positif. Ces mêmes cécessionnistes ont réussi à instiller la peur de l'échec dans l'esprit de l'Elysée. Après quatre réunions du Conseil des ministres en 24 heures et des centaines d’appels téléphoniques pour établir le comptage des votes, Emmanuel Macron et Elisabeth Borne, contraints et forcés par l’incertitude, ont finalement décidé d’en passer par le fameux article 49.3 de la constitution française. Un article qui permet d’éviter un vote de rejet du parlement et qui ouvre la voie au dépôt d’une ou plusieurs motions de censure des oppositions. Voir explication ci-dessous.
Courageusement et fébrilement, Elisabeth Borne, en 7 minutes chrono, a tenté de justifier le recours à l'article 49.3 devant un hémicycle en ébullition, disons-le, indigne de la représentation nationale (chant de la Marseillaise et insultes d'un côté, cris, huées et insultes de l'autre). Un spectacle qui n'encouragera certainement pas les Français, les jeunes en particulier, à respecter eux-mêmes les institutions d'une Vème République, certes, pas (encore) en crise, mais bien malade tout de même.
Cette décision en forme de coup de massue a profondément indisposé, irrité une partie significative de la majorité présidentielle elle-même; plusieurs députés Renaissance, Modem et Horizons n'ont pas applaudi Elisabeth Borne au terme de son intervention chahutée. On peut se poser la question du devenir de la cohésion de cette majorité bien malmenée également.
Nous pensons ici que la décision du président et de la première ministre, bien sûr, constitutionnelle et donc légale, est cependant regrettable. Le message ainsi envoyé aux élus de la nation, aux forces syndicales et aux Français, rappelons-le, opposés à 75% à la réforme, porte en lui de sérieuses menaces, "comme la nuée porte l'orage", dixit Jean Jaurès, à propos du capitalisme et de la guerre.
Emmanuel Macron a expliqué son choix par les conséquences "financières et économiques" qu'un rejet du projet de loi des retraites aurait, selon lui, au sein de la communauté internationale et des marchés. La nouvelle crise bancaire qui touche depuis une semaine certaines banques américaines de la high tech, comme la Silicon Valley Bank, et désormais le Crédit Suisse, montre la grande fébrilité du système bancaire ainsi que la nervosité de marchés prêts à réagir au quart de tour à toute suspicion de rémanence de la crise de 2008. Pourtant, des dispositions de sécurité financières ont été mises en place depuis en Europe, comme aux Etats-Unis, avec la création d'une autorité de régulation bancaire et des règles strictes quant à la capitalisation des banques et la transparence du phénomène de titrisation (fonds investis en poupées russes à l'inextricable contrôle).
Le président français n'a pas voulu voir la France attaquée par des milieux financiers suspicieux quant à la solidité de ses fondamentaux (ne parlons pas de solvabilité, l'Etat français demeure tout à fait fiable), avec la montée de taux d'emprunt trop différenciés par rapport à ceux de l'Allemagne et l'évaluation contrastée des deux économies européennes dans le chef des agences de notation.
Emmanuel Macron s'est résolu à prendre le risque plus mesuré et peu probable, pense-t-il, d'un vote majoritaire d'une motion de censure déposée sur le bureau de l'Assemblée nationale. Un grand nombre d'observateurs avertis de la chose politique pensent en effet qu'aucune motion ne pourra atteindre, lundi 20 mars, une majorité susceptible de faire tomber le gouvernement, voire d'ouvrir la porte à une dissolution et, qui sait, à la convocation de nouvelles élections législatives. Ces analystes ne croient pas à une dissolution et pronostiquent que le projet de réforme des retraites, tel que négocié avec la droite républicaine et présenté par Elisabeth Borne, passera la rampe. Il aura ainsi force de loi et représentera aux yeux du président Emmanuel Macron un réel succès, malgré la bronca générale que le passage en force par le 49.3 a provoqué dans l'Hexagone.
Ce qui est légal sur le plan juridique et nécessaire sur le plan financier peut-il faire l'économie d'un procès en illégitimité d'équité démocratique ? Visiblement, non ! Comment les forces sociales se comporteront à l'avenir ? La rue prendra-t-elle le pas sur le débat politique, ou du moins, ce qu'il en reste ? Dès hier soir, dans la capitale, place de la Concorde, et dans plusieurs villes de province, des rassemblements dits spontanés de manifestants, auxquels sont venus se joindre les casseurs des Black Blocs, ont été marqués par de la violence urbaine. Cela risque de s'étendre dans les jours prochains.
Le gouvernement d'Elisabeth Borne pourra-t-il tenir dans le temps ? Il reste quatre années au second quinquennat d'Emmanuel Macron pour réformer une France qui n'aime décidément pas le changement. Quels sont les chantiers prioritaires ? Une nouvelle loi travail, une sur le délicat dossier de l'immigration, une sur la transition climatique, une autre sur les conditions de la fin de vie ? Nul ne sait aujourd'hui. L'ensemble de ces interrogations sur l'avenir appelle le président à réagir et vite.
Avec "la bordelisation" qui anime le pays, terme qu'a popularisé le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, comment l'Exécutif compte-il s'y prendre pour renouer les fils d'un dialogue social fracturé et trouver, au cas par cas, une majorité parlementaire de circonstance ? Tout cela relève à l'évidence d'une totale incertitude. Incertitude, c'est d'ailleurs le mot clé qui caractérise cette époque trouble.
En attendant, outre que les LR se sont totalement discrédités et démonétisés par l'incohérence de leur ligne politique et leur fragilité existentielle, que les oppositions d'extrême gauche et d'extrême droite, les deux faces de la médaille d'un populisme quasi factieux, la "majorité présidentielle", Elysée, Matignon et Palais Bourbon réunis, sort très affaiblie d'un épisode aussi piteux que scabreux, qui restera dans les annales de l'histoire politique française comme un mauvais coup porté à la démocratie parlementaire, au dialogue social et à l'unité (introuvable) des Français. Le gâchis est grand, beaucoup d'énergie, de temps et d'argent perdus. On en est là et ce n'est guère encourageant.
* Si il fallait justifier la nécessité d'une réforme systémique des retraites en France, les données officielles que nous publions ci-dessous montrent clairement que le système actuel n'est pas tenable financièrement à moyen et long termes.
Le 17 mars 2023.
Les retraites et les retraité(e)s en chiffres !
Le versement des pensions de retraites constitue le premier poste de dépense de la protection sociale avec 332 milliards d’euros versés chaque année aux retraités. C’est l’équivalent de 13,5% du PIB en 2019.
16,9 millions, c'est le nombre de retraités français fin 2020. Près de 1,1 millions d’entre eux résident à l’étranger. La population active en France, en emploi ou non, est de 28,8 millions de personnes. Selon les estimations du Conseil d’Orientation des Retraites, la population active devrait rester stable à horizon 2050 (28,9 millions), mais le nombre de retraités devrait augmenter pour s’établir à 23 millions de personnes.
1 509 euros bruts mensuels., c'est la pension moyenne tous régimes confondus versée aux retraités résidant en France. Une forte inégalité entre hommes et femmes demeure, puisque la pension moyenne versée aux femmes est de 1 154 euros contre 1 931 euros pour les hommes.
62,4 ans, c’est l’âge de départ moyen constaté fin 2020. Une moyenne qui cache certaines disparités : 29% des personnes de plus de 61 ans sont déjà à la retraite quand 14% des plus de 65 ans sont toujours en activité. Les femmes partent en moyenne plus tard à la retraite : 62,6 ans contre 62 ans pour les hommes.
1,67, c’est le nombre d’actifs cotisants pour chaque retraité selon l’Insee. Un chiffre qui ne cesse de diminuer d’année en année. Il était de 2,6 en 1990 et de 2,02 en 2004. Or selon l’Insee, le nombre d’actifs n’augmente que de 20 000 personnes par an (dix fois moins qu’il y a dix ans) et devrait stagner jusqu’en 2040.
Sources: Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques du Ministère des Solidarités et de la Santé.
L'article 49.3 de la constitution française !
Après l'instabilité chronique des gouvernements de la IVème République (27 octobre 1946 - 04 octobre 1958), Félix Gaillard, ancien président du Conseil (premier ministre) du Parti radical, souhaite mettre de l'ordre dans la constitution issue de la Seconde Guerre mondiale. Il entend réécrire l'article 49, qui autorise le dépôt d'une motion de défiance du gouvernement, en s'inspirant du modèle allemand. Celui-ci oblige les oppositions parlementaires à assurer une alternative majoritaire pour pouvoir renverser le gouvernement. Autrement dit, toute motion de censure doit impérativement être constructive pour aboutir. En 1958, avec l'avènement de la Vème République, par la plume de Pierre Pflimlin, Ministre d'Etat, Charles de Gaulle, revenu au pouvoir, souhaite ajouter à l'article 49.3 de Félix Gaillard une disposition autorisant les élus de l'Assemblée nationale à s'abstenir sur une motion de censure de l'opposition - ce n'était pas encore le cas. En 1995 et en 2009, deux autres modifications dudit article viendront ensuite quelque peu préciser les choses, avec l'obligation de réserver une motion de censure aux seuls projets de loi de finances ou de financement de la sécurité sociale, aussi le fait d'obliger le gouvernement à n'engager sa responsabilité que sur un seul texte au cours d'une même session. Par ailleurs, seuls seront comptés dans le résultat final le vote des élus physiquement présents en séance plénière - il y a toujours des absents - ce qui élève mécaniquement le plafond pour atteindre une majorité de défiance. Lundi 20 ou mardi 21 mars, on en saura davantage. Le 17 mars 2023.
Michel et Vanessa Schneider, père et fille, confrontés à l'abandon français de la fin de vie.
Une fin de vie face à la faillite de l’hôpital français !
Vanessa Schneider, grand reporter au "Monde", raconte les derniers mois de son père, l’écrivain et psychanalyste Michel Schneider, mort d’un cancer en juillet 2022. A l’heure où la question de la fin de vie s’impose dans le débat public, ce récit en dit long sur la faillite française de la prise en charge des patients condamnés. Et dire que certains osent encore affirmer que la loi Leonetti actuelle est largement suffisante pour accompagner dignement les malades jusqu'au terme de leur vie ...
"On invoquera probablement le manque de chance. Se faire diagnostiquer un cholangiocarcinome intra-hépatique – en langage courant, un cancer des voies biliaires –, maladie très rare, incurable, à quelques semaines du confinement, le timing était mauvais, on ne va pas prétendre le contraire.
Janvier 2020. Mon père, 75 ans, me demande les coordonnées d’un gastro-entérologue de ma connaissance, me confiant avoir "un peu mal au ventre". Consultation, batterie d’examens, puis silence radio. Le verdict tombé, il décide de ne rien dire du mal qui le ronge. Lorsque Emmanuel Macron décrète le confinement, le 16 mars, je prends prétexte de la situation pour le contraindre à me parler : il m’avoue le cancer, la présence d’une tumeur de 10 centimètres dans son foie, l’opération programmée.
Il était temps : il est attendu le surlendemain à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne), pour ce que le chirurgien appelle une "intervention risquée". Puisque je suis désormais dans la confidence, mon père me demande de bien vouloir signer les formulaires me désignant "personne de confiance". C’est à moi, désormais, que le personnel médical s’adressera, c’est moi qui serai chargée d’attester de ses directives anticipées en cas de décès.
J’encaisse la charge. Il se sait condamné, mais m’assure que tout va bien se passer, qu’il va se battre. Alors je lui dis la même chose en retour : "Tout va bien se passer, tu vas te battre et nous serons à tes côtés." Il me fait promettre de ne parler à personne de la gravité de sa maladie. J’insiste pour qu’il prévienne au moins mon frère et ma mère. Nous nous quittons sans savoir quand nous allons nous revoir – à cause de l’épidémie de Covid-19, l’hôpital est interdit aux visites, y compris aux familles des patients.
Le médecin sans visage
C’est par téléphone que je prends connaissance du compte rendu opératoire, un bilan en demi-teinte : l’intervention s’est bien passée (comprendre : il n’y a pas eu de complications), mais le chirurgien n’est pas parvenu à enlever la totalité de la tumeur – "trop dangereux" –, le cancer est jugé "très agressif". Pendant les huit jours qui suivent l’opération, mon père, comme des milliers de malades, reste seul, sans visites dans sa chambre d’hôpital. Passons sur l’épisode où sa valise avec ses effets personnels a été perdue pendant vingt-quatre heures, le plongeant dans un état de stress phénoménal…
Dès sa sortie, ou presque, il enchaîne les traitements avec une résistance et un courage sidérants. A chaque consultation, je l’accompagne pour faire le point avec l’oncologue. Les premiers mois se déroulent plutôt bien. La maladie ne progresse pas, il supporte la médication, on peut continuer. Mais au fil du temps, les nouvelles sont moins bonnes.
Printemps 2021. Nouveau rendez-vous. L’oncologue nous explique que les images montrent une prolifération des tumeurs. La chimiothérapie ne sert plus à rien. Comme à chaque fois, il est pressé, les patients se succèdent tous les quarts d’heure dans son bureau, une pièce sans fenêtre dont la peinture s’écaille. L’endroit est sinistre : une table, un ordinateur, des dossiers entassés et deux chaises en plastique sur lesquelles nous sommes assis.
De ce médecin, je n’ai jamais vu le visage, mangé par des lunettes et un masque chirurgical. Seule une voix dotée d’un fort accent, celle d’un médecin étranger probablement, comme j’en ai croisé beaucoup durant ces années d’accompagnement, main-d’œuvre importée, la seule à accepter de travailler dans de telles conditions. Tout est résumé dans cette pièce : le manque de moyens, la déréliction de l’hôpital public, l’impuissance.
"Emmène-moi en Suisse"
L’oncologue ne nous regarde pas pendant qu’il annonce la mauvaise nouvelle. Ses yeux sont rivés sur l’écran de son ordinateur. Sa voix couvre à peine les grondements incessants d’un marteau-piqueur qui fait trembler les murs. Des travaux ont lieu en sous-sol pour accueillir un imageur IRM ; il n’y en a pas encore dans ce service supposé de pointe. Le docteur fait le bilan tant redouté : son patient s’est battu comme un lion, mais il n’y a désormais plus rien à faire. Mais mon père ne veut pas qu’on le laisse mourir. Il se sent bien, il exige d’être soigné, il supplie : "Trouvez quelque chose !" L’oncologue lui assure finalement qu’il va parler de son cas au collègue de l’hôpital voisin, Gustave-Roussy, qui expérimente de nouvelles techniques, mais il ne promet "rien".
Je raccompagne mon père chez lui. Il est à la fois assommé et très angoissé : "Il est hors de question que je souffre, emmène-moi en Suisse." Je lui réponds que ce n’est pas le moment de parler de ça, il est sous le choc (moi aussi), il faut digérer la nouvelle. De la Suisse, il ne sera plus question car, quelques jours plus tard, l’oncologue de Gustave-Roussy accepte de le prendre dans son protocole.
30 mai 2022. Malgré cette ultime tentative de soin, son état physique s’est considérablement dégradé. Il tient à peine debout, il a perdu l’appétit, parfois la mémoire, et son corps est épuisé. "Et maintenant ?", demande mon père, alors que l’oncologue, qui le suit depuis maintenant plus de deux ans, lui annonce l’arrêt de tout traitement. "Eh bien, vous allez rentrer chez vous." Je serre sa main amaigrie.
Il a tenu des mois sans se plaindre, sans raconter, cachant sa maladie au plus grand nombre, continuant à travailler, à voyager, à écrire et à lire, à partager du temps avec ses proches, joyeux et confiant. Mais ce jour-là, quand tombe la phrase : "Il n’y a vraiment plus rien à faire", il s’affaisse d’un coup sur la chaise en plastique.
Pour qu’il comprenne bien, le docteur fait pivoter l’écran de son ordinateur, montre l’évolution des images, le foie complètement atteint. Il rappelle la chronologie des soins : l’ablation de la tumeur, puis les douze séances de chimiothérapie, la rechute, les essais d’immunothérapie, le traitement expérimental de chimiothérapie injectée directement dans le foie. Mon père détient le record de séances de chimio de Paul-Brousse, et cette "performance" lui arrache un sourire. L’oncologue explique ce qu’il va se passer dans les jours et les semaines à venir : une jaunisse va probablement se déclarer, les organes vont lâcher les uns après les autres, les atteintes neuronales vont se multiplier. Il me glisse : "Il ne passera pas l’été."
J’insiste, puisqu’il est déjà debout pour nous dire au revoir : "Et maintenant, on fait quoi ?" Et c’est là, à cet instant précis, que la folie commence.
Les places sont chères
"Il rentre chez lui", répète le médecin. Comme ça, sans rien, ni médicaments ni soins à domicile ? Mon père ne peut quasiment plus se lever ni marcher sans aide, il dort presque toute la journée, il a perdu énormément de poids, son ventre est gonflé par l’eau car les reins ne font plus leur travail, il manifeste des signes de confusion, s’emmêle dans les jours et les dates. L’oncologue finit par proposer une consultation par téléphone quinze jours plus tard. "En cas de problème, appelez les urgences."
Autant sa maladie a été admirablement traitée, autant sa fin de vie aura été honteusement négligée. Lui voulait juste mourir dignement, et cela n’a pas été le cas. Le retour chez lui après l’arrêt des traitements se révèle vite intenable. Un ami médecin me conseille de chercher d’urgence une unité de soins palliatifs ou bien la mise en place d’un accompagnement à domicile. Le parcours du combattant commence. Comme il veut rester chez lui, je sollicite des associations spécialisées. Des heures au téléphone à attendre que quelqu’un décroche. On me balade gentiment de structure en structure. Fin de non-recevoir polie à chaque fois. On m’explique que son appartement n’est pas adapté aux soins à domicile : il ne comporte pas de douche, seulement une baignoire, et la cuisine est à l’étage, personne n’acceptera de s’occuper de lui dans ces conditions. Surtout, il ne souffre pas, et il faut souffrir pour être éligible aux soins à domicile : les traitements antidouleur ne peuvent en effet être administrés sans une surveillance médicale, mais puisqu’il n’a pas si mal…
Je réclame à l’hôpital au moins une visite régulière d’un médecin ou d’une infirmière : on me répond "sous-effectifs", en me renvoyant sur son médecin traitant, qui refuse sèchement : il ne se déplace pas, pas le temps. Il n’aura jamais vu mon père pendant les deux ans et demi du cancer, jamais pris de ses nouvelles non plus. Je me cogne à des murs. "Bienvenue dans l’effondrement du système médical français", me lâchent, dépités, des médecins de ma connaissance. Même eux ne peuvent intervenir.
L’option "unité de soins palliatifs" se révèle, elle aussi, infructueuse. Liste d’attente, aucune place disponible. On me glisse un "tuyau" : quelqu’un peut tenter de le faire accepter à Jeanne-Garnier, le "meilleur en la matière" à Paris, dit-on. Je connais, ma cousine y a fini ses jours il y a dix ans. Je découvre qu’il faut désormais du "piston" pour être accepté en soins palliatifs, tant les places sont chères. Je piétine, je m’épuise dans des démarches qui n’aboutissent pas. Mon père, lui, s’enfonce. Il ne quitte plus son lit, ne se nourrit plus, ne peut plus se déplacer jusqu’à sa baignoire, ne se lave plus. Bientôt, il ne peut plus se rendre aux toilettes.
On bricole, sans aide extérieure
Le spectacle de sa dégradation est insupportable. Son amie s’installe chez lui pour l’aider. Mon frère pose également un arrêt maladie pour s’en occuper. On fait ce que l’on peut, mais aucun d’entre nous n’a une formation médicale. On bricole, sans aide extérieure, et le voici qui commence à tousser, à parler de moins en moins bien. Une semaine à peine après la dernière consultation avec l’oncologue, il se plaint d’avoir passé une très mauvaise nuit, il souffre de douleurs au ventre. J’appelle Paul-Brousse, qui me conseille de téléphoner à SOS-Médecins.
Un médecin arrive deux heures plus tard. Tétanisé par l’état de délabrement physique de ce patient dont il ignore tout, il me demande son dossier médical. Nous ne l’avons pas, l’hôpital ne nous l’a pas donné. Prudent, il refuse de faire quoi que ce soit sans avoir l’historique de la maladie et prescrit des analyses de sang. Dans la journée, la situation se dégrade. Premier séjour aux urgences du Kremlin-Bicêtre. Un aller-retour, plutôt. L’hôpital qui l’a accueilli étant saturé, mon père passe la nuit sur un brancard dans un couloir.
Le lendemain, retour à domicile. Petit progrès : un infirmier viendra désormais matin et soir pour prendre ses constantes et lui poser une perfusion de sérum physiologique afin d’éviter la déshydratation. Je me débats pour obtenir de Paul-Brousse son dossier médical. La secrétaire de l’oncologue me répond qu’ils sont débordés, elle n’a pas le temps de lui parler tellement les consultations s’enchaînent. Le médecin n’a même pas pris de pause déjeuner. Deux jours plus tard, toujours rien. Je harcèle le service d’appels suppliants, entre deux rendez-vous professionnels, je finis par éclater en sanglots, je suis à bout de fatigue et de découragement. Je hurle : "Vous ne pouvez pas nous laisser seuls comme ça !" Je récupère enfin le dossier dans l’après-midi, une feuille et demie conclue par ces mots : "Prise en charge palliative".
Deuxième alerte, le 13 juin. Mon père vomit du sang. Pompiers, transfert à la Salpêtrière, le plus grand hôpital d’Europe, la crème de la crème, du moins sur le papier. J’appelle un ami médecin qui y a ses entrées, dans l’espoir d’obtenir une attention particulière. Je comprends que ça ne marche que comme ça. Un médecin me rappelle à 20 heures : "Votre père va mieux, on va le renvoyer chez lui." Je m’étrangle. "Vous ne pouvez pas le garder ne serait-ce qu’une nuit ?" "Nous n’avons pas de lits, des dizaines de malades sont dans les couloirs des urgences." Il me rappelle deux heures plus tard : "Votre père a revomi du sang, on le garde dans le couloir." Impossible de le voir, visites interdites aux urgences depuis l’épidémie de Covid-19.
Des "complications" dans la nuit
Le médecin me donne un numéro pour joindre une collègue chargée de prendre sa relève le lendemain matin. Ça ressemble à un petit traitement de faveur. A l’heure dite, j’appelle : la femme en question m’explique qu’il y a eu des "complications" dans la nuit. Mon père a probablement avalé son sang, il a fait une infection pulmonaire, ils vont le transférer à Paul-Brousse. D’après elle, il parle et dit qu’il "va bien". Je lui réponds : "Mon père dit toujours qu’il va bien." Je saute dans un taxi pour le rejoindre. Je n’ai pas encore atteint Villejuif qu’un numéro masqué s’affiche sur mon portable. C’est l’hôpital Paul-Brousse : "On vient de réceptionner votre père, il est dans le coma." Choc. Je ne saurai jamais ce qui s’est passé à la Salpêtrière cette nuit-là, entre le "il va bien" et le diagnostic du coma une heure plus tard. Je n’ai pas cherché à savoir, je crois que je préfère ne pas savoir.
L’oncologue m’attend devant la chambre où mon père a été installé. "C’est fini, m’annonce-t-il, il ne passera sans doute pas la nuit, il faut lui dire au revoir." Mon frère saute dans un train pour Paris, mon fils revient de Marseille, je préviens ma mère, son amie, les plus proches. Nous nous succédons à son chevet. Mais, deux jours plus tard, le voici qui se réveille. Il ne veut décidément pas nous quitter. Il ne se souvient de rien. Il se sent très fatigué. Je lui raconte le coma, aucun soignant ne lui avait expliqué. Les antibiotiques ont jugulé l’infection pulmonaire, on lui enlève l’oxygène. Il parle à nouveau, heureux de nous voir, demande qu’on lui apporte ses livres de chevet, Proust et le texte posthume de Céline qu’il a entrepris de lire, sa radio, sa tablette, son portable. Mais déjà le médecin nous dit qu’il ne peut pas rester là, le service n’est pas adapté. Retour à la case départ.
Mon père n’est pas du tout en état de rentrer chez lui : il est tombé de son lit en tentant de se rendre aux toilettes, présumant de ses forces. Le personnel soignant avait omis de mettre les barrières de sécurité. Je me démène pour trouver une solution. On me répète qu’il n’y en a pas. Je fais intervenir le médecin qui a diagnostiqué son cancer, le docteur L., un homme exceptionnel, d’un soutien sans faille, qui me rejoint à Paul-Brousse pour faire avec moi le siège de l’oncologue. Ce dernier refuse de nous recevoir, il n’a pas le temps. Par chance, le docteur L. a fait ses études avec le chef du service. La situation se débloque : le 22 juin, mon père est transféré à l’unité de soins palliatifs de l’hôpital. Il est rassuré, content, apaisé. Il reçoit des visites, son amie dort à ses côtés, le personnel est prévenant, doux, il se sent enfin en sécurité. On met à sa disposition un fauteuil roulant pour lui permettre d’accéder au jardin. Il goûte le soleil sous les arbres. On le douche, on le rase, il retrouve allure humaine. Le répit sera de courte durée.
"C’est à toi de prendre une décision"
Deux jours après son installation, le médecin responsable de l’unité vient le voir dans sa chambre, flanqué d’une infirmière. Je suis présente. Il explique doctement à mon père qu’il va "très bien" et qu’il peut rentrer chez lui. Je tombe de ma chaise. Mon père me jette des regards affolés, il balbutie qu’il est bien là, qu’il ne se sent pas de rentrer tout de suite. "Vous n’avez pas envie de revoir votre appartement une dernière fois ?", insiste le médecin. Bien sûr qu’il a envie de retrouver les lieux qu’il occupe depuis quarante ans, dans lesquels nous avons vécu enfants, là où il a tous ses livres, ses objets, son piano. Ne sachant que répondre, il se tourne vers moi : "C’est à toi, ma fille, de prendre une décision." Le médecin me fixe. Il voit en moi la personne susceptible de contrarier ses plans. Mais quels plans ? Je ne comprends pas. Je réponds que je ne l’estime pas en mesure de retourner chez lui, c’est trop risqué, il n’est pas en état, mais que je le soutiendrai et l’accompagnerai quel que soit son choix. Je demande au médecin de le laisser réfléchir. Il est sorti du coma il n’y a pas quarante-huit heures. Le docteur quitte la chambre, contrarié.
Le lendemain matin, mon père me téléphone. Il a très mal dormi, il est angoissé, on a dû lui donner du Xanax. Il se sent trop faible pour quitter l’hôpital, mais l’argument de revoir son appartement l’a ébranlé. Je le rassure, lui conseille de prendre son temps pour décider. Mais le médecin n’a pas dit son dernier mot. Chaque matin, avant l’ouverture du service aux visites, il se rend à son chevet pour l’inciter à signer une demande de prise en charge à domicile.
Quand j’arrive à l’hôpital, la fois suivante, mon père a le front tuméfié. Il est tombé lors de la douche. Le soignant l’a lâché une fraction de seconde pour attraper une serviette et il s’est effondré. Je demande à voir le médecin. Celui-ci me fait attendre plus de trois heures. Seules trois ou quatre chambres sont pourtant occupées dans le service, ce qui ne manque pas de m’intriguer. Je comprendrai plus tard que la plupart des lits ont été fermés pour défaut de personnel. Nous sommes au mois de juillet, certains soignants ont le Covid-19, d’autres sont partis en vacances.
"C’est une question d’heures"
La discussion avec le médecin démarre mal. Il commence par ces mots : "Je vous sens très en colère, madame." Je lui rétorque qu’on ne va pas commencer comme ça, le coup de la misogynie, la femme hystérique… "Je ne suis pas en colère, je suis inquiète pour mon père. Il est bien ici, on s’occupe bien de lui, pourquoi le harceler pour partir ? " Il m’oppose une batterie d’arguments, du condescendant : "Vous êtes médecin ?" aux explications les plus incompréhensibles du genre : "C’est un service pour les cas aigus, ici." Moi : "C’est écrit “soins palliatifs”, et mon père est en soins palliatifs. Il a donc toute sa place ici, non ?" Je crois deviner qu’il estime que ce patient-là ne va pas mourir assez vite. Il prononce le mot "coûts". Le ton monte encore : "Il a cotisé toute sa vie sans jamais se rendre à l’hôpital jusqu’à son cancer, il a tout de même le droit d’être pris en charge !"
Furieux, le médecin me tourne le dos. Il a abandonné la bataille. Les jours s’écoulent. Mon père a de moins en moins de périodes d’éveil. Je fais régulièrement des points santé avec le médecin, qui ne me parle plus de départ. Le jeudi 21 juillet, en présence de ma mère et de mon compagnon, il nous explique que mon père est désormais dans un "coma profond". "Il ne se réveillera plus, prévient-il, c’est une question d’heures ou de jours." Il a l’air ennuyé : "Je dois vous donner une information : nous fermons le service la semaine prochaine." Je comprends soudain pourquoi il voulait à tout prix le convaincre de rentrer chez lui. Il ajoute : "On lui trouvera une place ailleurs, mais c’est sûr, ce n’est pas idéal de le bouger dans son état." Je retourne serrer mon père dans mes bras. Il mourra deux heures plus tard, comme s’il avait senti qu’il était de trop.
Un mois plus tard, je contacte son médecin traitant fantôme pour lui annoncer la mort de son patient et lui demander un certificat réclamé par les assurances. Il me propose de passer à son cabinet après ses consultations. Il remplit en quelques secondes le formulaire que je lui ai apporté puis croise les bras. Alors que je m’apprête à partir, il me lance : "La carte Vitale de votre père doit être désactivée puisqu’il est décédé, il me faudrait la vôtre." Je tarde à comprendre puis, stupéfaite, je lui tends la mienne et règle le tarif d’une consultation." Vanessa Schneider, le 16 janvier 2023.
Gilles Le Gendre dit tout haut ce que beaucoup n'osent même pas penser tout bas.
Un regard lucide et critique sur les enjeux du macronisme !
"Le macronisme donne l’impression d’avoir perdu son originalité et sa force réformatrice". Le député Renaissance de Paris, Gilles Le Gendre, pose un regard critique sur l’action du camp présidentiel depuis 2017. Après un premier quinquennat au bilan "contrasté", il juge, dans un entretien sans concession, qu’il y a urgence "à répondre à l' intense crise démocratique que traverse le pays". L'Elysée appréciera à sa juste valeur cette sortie audacieuse et pourtant bien nécessaire. Le problème central que pointe l'élu parisien est la verticalité des institutions de la Vème République, dans lesquelles, tout comme François Mitterrand, Emmanuel Macron s'épanouit, peu en phase avec une époque qui demande aujourd'hui bien davantage d'horizontalité et de transversalité. Et quid de l'après Macron ?
"Gilles Le Gendre fut un "marcheur" convaincu ; le député (Renaissance) de Paris est aujourd’hui un député macroniste déçu. Alors qu’Emmanuel Macron a réuni, lundi 12 décembre, à l’Elysée, le Conseil national de la refondation, l’ancien président du groupe La République en marche (LRM) à l’Assemblée nationale regrette que ce rendez-vous ne soit pas à la hauteur du moment. Il appelle le macronisme à retrouver sa vision et dresse un bilan sans fard du premier quinquennat au cours duquel son camp a échoué à révolutionner "la pratique politique". Il juge surtout que "le compte n’y est pas sur la revitalisation démocratique" ou sur "la transformation de l’action publique". Et appelle la majorité à ne pas "pencher trop à droite".
Emmanuel Macron a réuni à l’Elysée son Conseil national de la refondation (CNR). A quoi sert-il ?
C’est une tentative de réponse à l’intense crise démocratique que nous vivons. Deux autres initiatives ont été prises parallèlement : la promesse d’une commission transpartisane sur les institutions et la réforme de la haute fonction publique, qui vise à transformer le fonctionnement de l’action publique. Je soutiens les trois. Mais il aurait fallu aller beaucoup plus loin : les grouper (parce que tout est lié), en faire un objet politique et, surtout, une absolue priorité. En montrant que c’était « le » sujet français et qu’il y avait urgence à le traiter, on dessinait une vision et on évitait l’enlisement. Je regrette, en outre, que le CNR fonctionne par silos (il se décline par secteurs) alors qu’il devrait s’attaquer à des problématiques transversales comme l’excès des normes, la superposition des doublons administratifs, la qualité du service public, son accessibilité et son coût. Avant même de penser au contenu des politiques publiques, nous aurions dû poser la question de la règle du jeu et du fonctionnement collectif de la nation, qui montre depuis des années des signes d’essoufflement. Tout le monde dit que le macronisme a perdu sa vision : c’est précisément là qu’elle devrait être. Il y a urgence.
Pourquoi ?
Nous avons perdu du temps en sous-estimant la profondeur de la crise démocratique. Nous ne sommes pas les seuls concernés. La complexité et la violence des bouleversements actuels (révolutions économique, numérique, climatique, migratoire, etc.) défient toutes les vieilles démocraties sur le terrain de l’efficacité. Tout le monde a une conscience aiguë de l’urgence qu’il y a à trouver des solutions mais personne ne sait comment s’y prendre. Ce hiatus est un poison démocratique. En France, deux facteurs aggravent cette tendance.
Lesquels ?
Nos institutions sont fondées sur une verticalité du pouvoir exécutif, ce qui a eu la vertu d’assurer pendant des décennies une forme de stabilité. Mais cette verticalité est totalement opposée à toutes les tendances dominantes des sociétés modernes où les institutions (famille, école, associations, entreprise) plaident pour plus d’horizontalité. Deuxième facteur aggravant : l’inefficacité de l’action publique. Nous avons réformé pendant cinq ans et néanmoins jamais les services publics – hôpital, école, justice – n’ont semblé aussi fragiles et en péril. La crise sanitaire, le recours à des contractuels dans l’éducation nationale, la saturation des urgences, les menaces de coupure d’électricité : tout cela alimente chez les Français le sentiment que le pays ne fonctionne plus. Ce qui nous oblige à faire notre examen de conscience. La force du macronisme des origines était d’avoir livré un diagnostic complet : c’était d’ailleurs le titre du livre d’Emmanuel Macron, Révolution [XO Editions, 2016]. Mais l’ampleur de cette révolution et son efficacité ont été entravées. Les crises, qui ont été remarquablement gérées par le président, ne peuvent pas tout excuser. Nous n’avons pas su engager les réformes aux bons endroits, au bon niveau et à la bonne intensité.
Est-ce à dire que le premier quinquennat d’Emmanuel Macron est un échec ?
Non. Mais nous aurions dû profiter de la campagne présidentielle pour porter un projet, une vision, et tirer un bilan de notre action depuis cinq ans. Ce bilan est contrasté. Le macronisme a rempli deux promesses : remettre l’économie sur de bons rails et obtenir d’importantes avancées en Europe (budget commun, etc.). En revanche, le compte n’y est pas sur la revitalisation démocratique, la pratique politique, et la transformation de l’action publique.
C’est-à-dire ?
Les facteurs qui ont emmené les vieux partis au tapis – défiance démocratique, individualisme, etc. – se sont opposés à nous avec la même violence. Nous avons péché aussi par excès d’angélisme. Nous pensions que parce que nous étions neufs, nous allions révolutionner la pratique politique. On a mis le mot « bienveillance » à toutes les sauces avant d’y renoncer : il vaut mieux, il était obsolète. Car notre pratique politique n’est en rien différente de celle des partis que nous aspirions à remplacer. Notre fonctionnement démocratique interne laisse également à désirer. De ce point de vue, l’échec de LRM est patent. Même déception en ce qui concerne la doctrine macroniste : elle n’a pas été travaillée de manière à constituer un socle à l’action politique et à la pérennité de ce courant de pensée. Pour pouvoir être capable, le jour venu, d’assurer une succession au président, le macronisme doit se structurer, se lester d’un corps doctrinal : est-ce jouable au cours d’un second mandat, avec un président non rééligible et avec une majorité relative à l’Assemblée nationale ? J’en doute.
Le macronisme, c’était aussi le dépassement des clivages…
Nous avons en effet réussi à faire travailler utilement des gens de sensibilité de droite et de gauche. Mais le clivage n’a pas disparu, les origines des uns et des autres ne demandant qu’à se réveiller. Pendant la campagne présidentielle, le clivage droite-gauche a même été au cœur d’un certain nombre de propositions, activées pour séduire tantôt la droite, tantôt la gauche, en fonction du contexte et des publics. Notre incapacité à donner au dépassement un corps doctrinal et programmatique solide – ce qui aurait permis à tous de se fondre dans un nouvel espace central – suscite une forme d’incertitude et d’inconfort dans la vie politique du pays. De notre côté, nous avons échoué à réunir nos forces : on se retrouve aujourd’hui avec un mouvement balkanisé entre Renaissance, Horizons et le MoDem, sans compter les sous-chapelles afférentes. Ces échecs nous ont conduits à poser l’acte de décès de LRM à la fin du premier quinquennat.
Renaissance, qui a remplacé LRM, peut-il renouer avec la promesse originelle ?
Comme tous les militants, je l’espère. Mais Renaissance est obligé de porter le passif de LRM et part donc avec ce handicap. Et puis, une question n’a pas été tranchée : ce parti est-il créé pour accompagner le second mandat du président et le faire réussir ou est-il déjà en train de préparer la suite ? Cette ambiguïté devra être levée. Par ailleurs, prenons garde de ne pas nous tourner exclusivement vers le parti Les Républicains. Cette stratégie a peut-être un sens pour trouver des accords au Parlement mais en nous faisant pencher trop à droite, elle signe la fin du dépassement.
Vous vous êtes engagé avec enthousiasme dans l’aventure macroniste. Six ans plus tard, vous semblez déçu…
Bousculé par l’épreuve du pouvoir, le macronisme donne l’impression d’avoir perdu son originalité et sa force réformatrice. Beaucoup ont déchanté. Un exemple : en 2019, nous portions une réforme des retraites essentiellement systémique et extrêmement ambitieuse ; cette année, nous défendons une réforme à dominante paramétrique, fondée, mais dans une approche très classique. Une question nous hante : quelle trace le président et la majorité qui le soutient peuvent laisser dans l’histoire ? Tout dépendra de la réponse à une autre question : est-ce que le pays se portera mieux qu’en 2017 ? L’honnêteté oblige à répondre que, pour l’instant, ce n’est pas le cas. Le macronisme doit se réinventer, lever un certain nombre d’ambiguïtés et se doter d’une vision susceptible d’embarquer le pays et d’éloigner les démons qui le menacent. Si nous n’en sommes pas capables, le risque d’une victoire de Marine Le Pen en 2027 doit être pris au sérieux." Le Monde, Solenn de Royer.
Le 14 décembre 2022.
>17 septembre 2022: Naissance du parti Renaissance !
Stéphane Séjourné, député européen Renew, nouveau Secrétaire général du parti Renaissance (*).
Sans surprise, les membres du parti de la majorité présidentielle ont entériné, ce samedi 17 septembre, le nouveau nom de leur formation, Renaissance, et ont élu le député européen Stéphane Séjourné pour en prendre la tête. Le président des eurodéputés Renaissance était le seul candidat pour prendre la suite de Stanislas Guerini, ancien Délégué général, désormais Ministre de la Transformation et de la Fonction publiques.
Les résultats du vote de quelque 25 000 adhérents, qui s’est étalé sur deux jours, ont été annoncés en début de soirée, en présence de la Première ministre, Elisabeth Borne. Les militants ont approuvé à 83 % la nouvelle direction, à 87 % les nouveaux statuts du parti, et non plus mouvement, et à 96 % le corpus des valeurs élaboré fin août.
"L’unité et le dépassement est ce cap que je veux donner ce soir", a déclaré Emmanuel Macron dans une vidéo diffusée au Carrousel du Louvre, où se déroulait le congrès. "Nous avons su réconcilier tant de femmes et d’hommes qui jusque là ne travaillaient pas ensemble » et « c’est unis et rassemblés que nous allons ouvrir un nouveau chapitre de la vie politique de notre pays », a également déclaré le Chef de l’État. Mais « sans l’unité, les extrêmes l’emporteront", a néanmoins averti Emmanuel Macron, désormais Président d’honneur de Renaissance ... pointant sans doute aussi l'absence délibérée de François Bayrou, l'éternel poil à gratter capricieux de la macronie, opposé ouvertement au vote "précipité" de la réforme des retraites, pourtant urgente et nécessaire. Le 17 septembre 2022.
(*) Stéphane Séjourné naît le 26 mars 1985 à Versailles. Fils d'expatriés, il grandit à l'étranger ; à Madrid, alors que son père travaille chez France Télécom, puis à Buenos Aires, où il obtient son baccalauréat. C'est en Argentine, en 2001, alors que le pays sombre dans une crise sans précédent, qu'il décide de s'engager en politique, au sein du Parti socialiste, "car c’est la seule organisation qui avait une structure à l’international". Il décide ensuite de revenir en France pour étudier le droit à la faculté de Poitiers. Il vit en couple avec l'homme politique Gabriel Attal, Ministre du Budget dans le gouvernement d'Elisabeth Borne, avec lequel il est pacsé. Après avoir soutenu au PS Dominique Strauss-Kahn, dont la carrière politique se brisa suite à l'affaire du Sofitel de New York, il devient conseiller d'Emmanuel Macron au ministère de l'Économie et participe au lancement des Jeunes avec Macron puis d'En Marche, devenu La République en Marche (LREM). Engagé dans la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron, ce dernier le nomme conseiller politique à ses côtés lorsqu'il est élu pour la première fois Président de la République. En décembre 2018, il quitte l'Élysée pour devenir directeur de campagne et candidat de la liste LREM pour les élections européennes de 2019. Élu député européen, il préside le groupe Renew Europe (libéral et centriste) depuis 2021, après avoir présidé la délégation française. Il est de nouveau conseiller d'Emmanuel Macron de fin 2020 à octobre 2021, après avoir continué d'exercer cette fonction officieusement surtout pendant la seconde campagne présidentielle d'Emmanuel Macron. Le voilà Secrétaire général du parti Renaissance à l'âge de 37 ans. Nul doute qu'on reparlera de lui dans les années à venir ...
>Borne to be alive et mise en demeure présidentielle !
Ainsi donc le Président Emmanuel Macron a maintenu Elisabeth Borne à la tête du gouvernement français. Après les mauvais résultats des élections législatives et la perte de la majorité absolue, certains pensaient la Première ministre sous-dimensionnée, non par rapport à la fonction - sa maîtrise des dossiers n’a jamais été mise en doute - mais comme politique, car le poste exige une grande capacité à la manoeuvre ainsi qu’un certain pouvoir sur ses propres troupes comme à l’égard d’oppositions en proie à une fièvre radicale.
La polytechnicienne, la technocrate aura passé la rampe d’une nomination confortée à Matignon, à défaut d’être confortable. Piètre oratrice, elle ne devrait cependant pas décevoir tant sa résilience et sa détermination sont grandes. Le remaniement de son gouvernement n’appelle pas de grands développements. C’est la continuité, avec quelques changements dûs au remplacement de trois ministres battues aux législatives et l’arrivée de personnalités des territoires et d’experts de terrain. Sous pression de toutes parts, le feu vert de l’Elysée est venu aussi pour élargir l’accueil aux alliés du MoDem, d’Horizons et d’Agir. Voilà un attelage qui aura intérêt à dépasser les égos surdimensionnés.
La continuité s’est avant tout illustrée avec le renforcement des équipes ministérielles rattachées au Ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Lemaire, et au Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Comme si le Président avait souhaité conforter ces deux piliers issus de la droite, telles deux tours de guet en période d’annonce de fortes tempêtes.
Il y a un fait indiscutable que nous voudrions marquer pour l’avenir. Après avoir tenté, en vain, de convaincre les oppositions républicaines (socialistes et écologistes non soumis à LFI et la droite LR) d’accepter un processus, non pas d’alliance, mais de construction de compromis sur base du programme présidentiel - avec, évidemment, la possibilité d’amender les projets de loi déposés au parlement par la majorité (relative) d’Ensemble - devant l’intransigeance des représentants de ces élus, Emmanuel Macron a voulu reprendre la main et en faire témoins les Français. Perdre une bataille n’est pas perdre la guerre. Puisqu’ils ont refusé l’ouverture dans l’intérêt du pays, il a décidé de cantonner le périmètre du gouvernement aux seuls membres de son camp, comme pour assumer ouvertement le pacte d’agression envoyé par les oppositions.
Le message de l’Elysée ressemble à une mise en garde: nous allons tout faire pour réussir, pour développer l’emploi et les richesses indispensables ainsi produites, pour relever le challenge d’une France en perte de compétitivité. Nous allons tout faire pour faire face aux crises sociale (pouvoir d’achat, sytème de santé, école), économique (balance commerciale déficitaire, perte de marchés, sous-effectifs, relocalisations) et financière (déficits publics abyssaux). Nous allons tout faire pour faire face au redoutable défi du réchauffement climatique. Nous allons tout faire pour répondre à l’agression de la Russie, soutenir l’Ukraine et contenir les conséquences alimentaires et énergétiques engendrées par la guerre. Rien de ce qui nous attend ne sera facile.
C’est pour ces raisons que nous aurions besoin de travailler avec les forces politiques républicaines à vocation gouvernementale, à l’exception des extrêmes droite et gauche du RN et de LFI. Devant nous, devant la nation, l’urgence d’élaborer des compromis s’impose à tous, comme le font la plupart des démocraties européennes. Le réalisme et le bon sens prendront-ils le dessus sur la pratique et la culture des institutions de la Vème République ? Rien n’est moins sûr, mais rien n’est impossible.
A défaut, les Français ne comprendront pas une attitude au final destructrice et jugeront sur pièce. A défaut, si l’inertie devait s’installer au Palais Bourbon, le Président, seul détenteur de ce pouvoir selon la constitution, n’hésitera pas à dissoudre l’Assemblée nationale. En ce cas, nul doute qu’il appellera les électeurs et les électrices à sanctionner le blocage voulu et organisé par les oppositions. Mais avant d’en arriver là, Emmanuel Macron et Elisabeth Borne multiplieront les initiatives pour parvenir à des accords ponctuels, voire durables - sait-on jamais - afin d’éviter à la France une crise institutionnelle, pire, de régime, qui aggraverait le climat de crise générale, au détriment de tous et toutes, particulièrement des plus fragiles.
La feuille de route de la Première ministre est désormais sur les rails. Chacun et chacune sait à quoi s’attendre dans les semaines et mois à venir. Soit la coopération, sans reniement et sentiment de trahison, au profit des Français, de la France et de l’Europe, soit le gâchis de l’obstruction et de la paralysie, voire, pour les extrêmes, de l’appel quasi factieux à la rue.
L’ambition chevillée au corps de la Première ministre sera donc de tenir et de rester en vie le plus longtemps possible. « Borne to be alive » est son mantra. Quant au Président, il vient de signifier à ses opposants une mise en demeure d’agir, qui ne pourra longtemps les laisser ignorants des conséquences d’un non-recevoir. Le 07 juillet 2022.
La composition du Gouvernement !
La Première ministre est chargée de la Planification écologique et énergétique.
Les ministres
Bruno Le Maire, Ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique ;
Gérald Darmanin, Ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer ;
Catherine Colonna, Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères ;
Éric Dupond-Moretti, Garde des sceaux, Ministre de la justice ;
Sébastien Lecornu, Ministre des Armées ;
Olivier Dussopt, Ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion ;
Pap Ndiaye, Ministre de l'Education nationale et de la jeunesse ;
Sylvie Retailleau, Ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche ;
Marc Fesneau, Ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire ;
Christophe Béchu, Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires ;
Agnès Pannier-Runacher, Ministre de la Transition énergétique ;
Rima Abdul-Malak, Ministre de la Culture ;
François Braun, Ministre de la Santé et de la Prévention ;
Jean-Christophe Combe, Ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées ;
Stanilas Guerini, Ministre de la Transformation et de la Fonction publiques ;
Amélie Oudéa-Castéra , Ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques.
Les ministres délégués
Auprès de la Première ministre :
Olivier Véran, chargé du Renouveau démocratique, Porte-parole du Gouvernement ;
Franck Riester, chargé des Relations avec le Parlement ;
Isabelle Rome, chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Egalité des chances.
Auprès du Ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique :
Gabriel Attal, chargé des Comptes publics ;
Roland Lescure, chargé de l'Industrie ;
Jean-Noël Barrot, chargé de la Transition numérique et des Télécommunications ;
Olivia Grégoire, chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme.
Auprès du Ministre de l'Intérieur et des Outre-Mer et du Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires :
Caroline Cayeux, chargé des Collectivités territoriales.
Auprès du Ministre de l'Intérieur et des Outre-Mer :
Jean-François Carenco, chargé des Outre-Mer.
Auprès de la Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères :
Olivier Becht, chargé du Commerce extérieur, de l'Attractivité et des Français de l'étranger.
Auprès du Ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion et du Ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse :
Carole Grandjean, chargée de l'Enseignement et de la Formation professionnels.
Auprès du Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires :
Clément Beaune, chargé des Transports ;
Olivier Klein, chargé de la Ville et du Logement.
Auprès du Ministre de la Santé et de la Prévention :
Agnès Firmin Le Bodo, chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé.
Auprès du Ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées :
Geneviève Darrieussecq, chargée des Personnes handicapées.
Les Secrétaires d'État
Auprès de la Première ministre :
Charlotte Caubel, chargée de l'Enfance ;
Hervé Berville, chargé de la Mer ;
Marlène Schiappa, chargée de l'Economie sociale et solidaire et de la Vie associative.
Auprès du Ministre de l'Intérieur et des Outre-Mer :
Sonia Backès, chargée de la Citoyenneté.
Auprès de la Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères :
Laurence Boone, chargée de l'Europe ;
Chrysoula Zacharopoulou, chargée du Développement, de la Francophonie et des Partenariats internationaux.
Auprès du Ministre des Armées et du Ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse :
Sarah El Haïry, chargée de la Jeunesse et du Service national universel.
Auprès du Ministre des Armées :
Patricia Mirallès, chargée des Anciens combattants et de la Mémoire.
Auprès du Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires :
Bérangère Couillard, chargée de l’Ecologie ;
Dominique Faure, chargée de la Ruralité.
Au 04 juillet 2022.
Capture d'écran.
Législatives: l'échec d'Emmanuel Macron !
Les résultats du second tour des élections législatives françaises sont un coup de semonce. Ils donnent les abstentionnistes, les pêcheurs à la ligne, les plagistes, les distraits, les sans conviction et les dégoûtés premier parti de France. C'est dramatique. Cela portera à conséquences. Comme partout, la démocratie française est malade. Ces résultats révèlent un bilan catastrophique pour le regroupement macroniste, Ensemble, avec 245 sièges, loin des 289 nécessaires.
Ici, même, le 6 juin dernier, nous annoncions la très probable défaite de cette alliance, victime d'un rejet significatif de la manière dont le président français avait conduit les affaires de l'Etat au cours de la dernière période. Jupiter, qui a snobé les élections présidentielles et législatives, paie le prix fort en n'obtenant pas l'indispensable majorité absolue dont il avait besoin pour réaliser ses réformes structurelles. La réforme des retraites, essentielle pour assurer la viabilité du système et accroître la richesse nationale par le travail, a du plomb dans l'aile. Même l'important train de mesures pour le pouvoir d'achat risque de faire les frais de ces législatives.
La NUPES, bien que bénéficiaire d'un accroissement sensible du nombre de ses élus, mais pas en pourcentages, avec 131 députés, cache difficilement sa déception de ne pas avoir pu obtenir une majorité, fût-elle relative. Jean-Luc Mélenchon, comme annoncé par les instituts de sondage et contrairement à ce qu'il a prétendu depuis des semaines, ne sera jamais premier ministre.
En revanche, le RN de Marine Le Pen, avec 89 sièges, contre 7 dans le précédent hémicycle, peut revendiquer une grande victoire inattendue, tout en étant pénalisé par le mode de scrutin. L'extrême droite conquiert des territoires jusque-là réservés à la gauche gouvernementale ou à la droite républicaine. Est-il scandaleux de voir un parti qui fait près de 25% des voix et une candidate à la présidentielle qualifiée pour le second tour obtenir une représentation parlementaire conforme à leur présence dans le pays ? L'extrême droite est un poison qui n'a pas été traité à temps.
Quant au parti Les Républicains, avec 64 élus, contre 112 il y a cinq ans, et à peine 10% des voix, c'est une descente continue, malgré des commentaires faussement satisfaits. Dans les semaines, mois et années qui viennent, ils vont devoir choisir entre la macronie républicaine d'Edouard Philippe, Horizons, et l'extrême droite du RN, dans le style grotesque et dangereux du député des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti. La pilule amère ou le soufre mortel pour les ex-sarkozistes ...
Que vont faire les élus de la gauche non soumise au diktat de Jean-Luc Mélenchon ? Ils ont refusé d'être dilués sous la coupole de la NUPES et se retrouvent à présent, avec 22 sièges, dans le dilemme de savoir si ils vont ou non apporter leur soutien à des projets de loi qui vont dans le sens du progrès social, comme le bouclier fiscal sur les énergies, ou sociétal, comme, on peut l'espérer, la dépénalisation de l'euthanasie sous conditions. Mais leurs voix ne seront pas suffisantes pour permettre au groupe relativement majoritaire, Ensemble, d'atteindre une majorité absolue ...
La nouvelle composition de l'Assemblée nationale ressemble à un paysage fragmenté, en forme d'archipel, à l'image d'une France morcelée. Il ne fait aucun doute que les débats y seront vifs, brutaux, voire violents, avec l'appel "au déferlement", agité par des mélenchonistes borderline.
Ensemble (Renaissance, MoDem et Horizons) va devoir gérer au cas par cas, projet par projet, prioritairement avec la droite Les Républicains, mais aussi, selon l'orientation des textes, avec la gauche dissidente modérée. Sortira-t-il de cette donne une nouvelle culture politique, fondée sur la négociation et le compromis ? On peut en douter en observant les outrances des oppositions, qui s'épanouissent dans la confrontation, et un système majoritaire à deux tours totalement inadapté à une configuration qui penche désormais vers la proportionnelle. La Vème République, voulue par le Président Charles De Gaulle, est en réanimation. La IVème, si critiquée, semble de retour.
Nous vivons un moment triste et historique, avec l'arrivée massive des extrêmes gauche et droite au sein de la représentation nationale française. Est-ce dû au bilan contrasté du premier quinquennat d'Emmanuel Macron, comme le hurlent les représentants de la NUPES ? En partie seulement. Les Gilets jaunes ne sont pas l'oeuvre du président actuel, mais l'héritage partagé de Nicolas Sarkozy et François Hollande. La crise de la covid n'a pas été inventée par l'hôte de l'Elysée. La montée de l'inflation est liée à des causes internationales, indépendantes de la volonté du Chef de l'Etat français. La montée de l'extrême droite, des populismes, est un phénomène mondial qui touche beaucoup de démocraties. En France, il remonte aux années Mitterrand et Chirac et il serait hypocrite pour la gauche et la droite de ne pas voir dans leurs responsabilités communes l'une des origines du mal français. Il est à craindre que le débat démocratique, étalon emblématique d'un Etat de droit idoine, ne sera ni serein, ni constructif.
Comment le gouvernement d'Elisabeth Borne, qui doit être remanié rapidement, va-t-il pouvoir faire adopter par l'assemblée d'ambitieux projets de loi qui visent à permettre à la France de faire face aux nombreux défis qui mettent en danger son unité, son modèle social et sa compétitivité. La Première ministre est-elle en capacité d'assumer le combat qui s'annonce ? Le Président Emmanuel Macron, devant la possible paralysie du parlement, procèdera-t-il à terme à sa dissolution ?
La crise politique et institutionnelle qui s'ouvre dans l'Hexagone, ajoutée aux crises sanitaire, sociale, financière, économique et climatique, la guerre en Ukraine, va fragiliser la France en France et en Europe. Ses partenaires continentaux, l'Allemagne en tête, ont exprimé, dès hier soir, leur grande inquiétude. L'incertitude et l'instabilité sont décidément le lot des temps présents.
Le 20 juin 2022.
>LFI de Mélenchon ne vaut pas mieux que le RN de Le Pen !
D'aucuns s'étonnent ou s'étranglent devant le fait qu'au sein de la macronie certains aient déclaré que pour le second tour des élections législatives, en cas de duels NUPES/RN, ils recommandaient de voir individuellement ce qu'il s'agit de faire. Selon nous, il n'y a aucune ambiguïté dans le choix du cas par cas. Pourquoi ? Parce que LFI est un parti extrémiste, à l'idéologie totalitaire (qui n'est pas avec moi est contre moi ...), à la laïcité poreuse au radicalisme islamiste et au leader maximo autant furieux qu'autocrate, donc dangereux. Il est logique de ne pas appeler à voter pour les candidats estampillés insoumis, vu leur tropisme stalinien. En revanche, malgré une faute historique du PS et de EELV de se soumettre aux injonctions mélenchonistes, ces deux partis, jusqu'à preuve du contraire, représentent encore une gauche gouvernementale. Espérons-le. Il est donc normal, dans le cas de second tour opposant un candidat NUPES socialiste ou Ecolo, voire communiste, pour autant qu'il ait fait ses preuves républicaines, et un candidat Rassemblement National, d'appeler à faire barrage à l'autre extrême, celle de droite. Dans le cas de figure NUPES/LFI contre RN, renvoyer dos à dos ces deux extrêmes est par conséquent cohérent. La confiance démocratique, ça se mérite. Le 15 juin 2022.
>Législatives: résultats serrés et décevants, mais pas d'état d'âme !
Les résultats du 1er tour des élections législatives françaises du 12 juin 2022 ne peuvent être que regret, remord et déception pour le Président Emmanuel Macron. Il a joué constamment la montre, en retardant systématiquement l'heure du débat démocratique et de la confrontation, comme si il se croyait vraiment le maître des horloges, pourtant en panne depuis les crises climatique, des Gilets jaunes, sanitaire et la guerre en Ukraine. Voilà que ses partisans, longtemps amorphes, voient leurs adversaires de la gauche radicale faire jeu égal. La NUPES et Ensemble sont au coude à coude dans la course à une majorité à l'Assemblée nationale, alors que l'abstention bat tous les records, avec 52% des inscrits qui n'ont pas voté. Un grave et solennel avertissement pour un système démocratique malade. Tout va donc se jouer en une petite semaine d'ici dimanche prochain.
Nous l'avions annoncé ici même, en rubrique Macron 22/27, il est désormais probable que la macronie perde la majorité absolue, ne conserve qu'une majorité relative et se retrouve dans l'obligation de négocier au cas par cas, projet ou proposition de loi par projet ou proposition de loi, soit avec la droite Les Républicains, soit avec ce qui restera de la gauche modérée gouvernementale.
A qui la faute ?
Incontestablement, il s'agit d'une conjonction de situations et de choix des uns et des autres ...
La mauvaise stratégie d'Emmanuel Macron, trop confiant, voire condescendant, à l'égard d'un processus électoral qui veut qu'une majorité présidentielle entraîne automatiquement dans son sillage une majorité parlementaire. Eh bien, pour la première fois sous la Vème République, on pourrait voir cette règle frappée de caducité. La concordance majoritaire n'est pas constitutionnelle.
A l'opposé, la stratégie maline et maligne d'un Jean-Luc Mélenchon aux aguets, lui, le troisième homme de la présidentielle, à l'initiative d'un regroupement forcé et soumis de la gauche de gouvernement sous sa bannière extrême, se retrouve aujourd'hui en capacité, non pas de remporter une majorité absolue au parlement et d'être nommé premier ministre, comme il le crie sur tous les toits depuis des semaines, mais bien de faire échec au roi-président, dans l'attente non dissimulée, avec le concours de la rue, qu'il appelle de ses voeux, d'un échec et mat de sa politique.
Troisième stratégie étonnante, celle de Marine Le Pen, en vacances, puis en réserve de la République, puis, devant la place vide que son parti laissait sur le terrain et qu'occupait largement la NUPES, un rappel tardif à la mobilisation générale des troupes. Cela, ajouté au handicap que constitue pour l'extrême droite, divisée et solitaire, le scrutin majoritaire à deux tours, tout en espérant augmenter son groupe parlementaire, a marginalisé le Rassemblement national - alors que sa candidate est arrivée deuxième à la présidentielle - qui se retrouve à présent en quatrième position à l'issue du premier tour des législatives. Ou comment faire d'un succès une demi-défaite.
Le contexte international - guerre sur le continent européen, pénurie alimentaire, plus généralement des matières premières, des composants électroniques et des matériaux, inflation inquiétante et pouvoir d'achat entamé des classes pauvres et moyennes, réchauffement climatique catastrophique - tout cela diffuse dans l'opinion publique la peur du lendemain et le sentiment d'un basculement vers l'inconnu. Le vote des citoyens s'en ressent; les extrêmes populistes en profitent.
Rien n'est fait, rien n'est joué, certes. Mais le risque de retrouver au soir du second tour, le 19 juin, une Assemblée nationale éclatée et chaotique, sans majorité stable, pourrait implanter en France un climat délétère, voire insurrectionnel. Rien ne serait pire qu'un tel scénario, celui du chaos.
Alors ?
Alors, malgré nos réserves sur les voies bancales empruntées par le locataire de l'Elysée tout au long du cycle interminable des élections présidentielle et législatives, il n'y a pas à hésiter, pas d'état d'âme à avoir ou à propager. Chaque voix compte et constituera le socle indispensable sur lequel une majorité équilibrée des centres droit et gauche, le "en même temps" cher à Emmanuel Macron, pourra s'appuyer pour que la France et l'Europe avancent à l'unisson, pour que le social, l'environnemental, l'économique et le sociétal, ne l'oublions pas (*), s'articulent enfin au service de réformes structurelles proposées, concertées, négociées et adoptées. En espérant que la méthode que choisira Emmanuel Macron l'éloigne d'un exercice jupiterien du pouvoir malsain et inefficace.
(*) Dans un Etat où le principe de laïcité est inscrit dans la constitution, nous attendons une avancée majeure en matière de fin de vie. La loi française Léonetti d'avril 2005, sur l'accompagnement des malades, a montré ses limites pour aider les personnes qui le demandent de pouvoir mourir en droit et dignité. En Belgique, depuis mai 2002, l'euthanasie a été dépénalisée sous conditions strictes. Environ 28.000 personnes ont pu bénéficier du cadre légal. Un documentaire exceptionnel, "Les mots de la fin", réalisé par Agnès Lejeune et Gaëlle Hardy, en 2021, évoque avec simplicité et compassion le sujet. On y voit le Docteur François Damas, réanimateur au CHR de la Citadelle à Liège, en dialogue suivi avec les malades et leurs proches, notamment un certain nombre de Français. Une immersion hautement humaine et respectueuse, qui permet d'approcher au plus près la souffrance et la demande des malades, en toute complicité avec leur entourage. Ce reportage a été primé à Namur, Lausanne et Varsovie. Il est sorti dans les salles de cinéma et diffusé à la RTBF en avril dernier. ARTE s'apprête à en faire de même. Il ne véhicule aucune leçon morale, mais touche profondément par sa dimension éthique. La France devrait s'inspirer de la loi belge et sortir ainsi d'une hypocrisie latente.
Le 13 juin 2022.
Les résultats en voix et en sièges à l'issue
du 1er tour des élections législatives du 12 juin 2022 !
- Taux d'abstention: 52% !
- NUPES (LFI, PS, Ecolo, PC): 4 élus, 26,10 %
- Ensemble (Renaissance, MoDem, Horizons): 1 élu, 25,81%
- RN (extrême droite: Rassemblement National): 0 élu, 18,67%
- LR-UDI (Les Républicains): 0 élu, 11,31%
- Reconquête (extrême droite: Zemmour): 0 élu, 4,25%
- Divers (sans étiquettes): 0 élu, 3,82%
- Gauche (PS dissidents et indépendants): 0 élu, 3,35%
- Droite (indépendants): 0 élu, 1,87%
- Centre (indépendants): 0 élu, 1,33%
* Ce chiffrage prend en compte les résultats des départements d'Outre-Mer.
Projection de la répartition des sièges à l'issue du premier tour !
- Ensemble: 255 à 295 sièges;
- Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale: 150 à 190 sièges;
- LR-UDI et droite divers: 50 à 80 sièges;
- Rassemblement national: 20 à 45 sièges;
- Divers gauche (hors NUPES) de 15 à 25 sièges;
- Autres: 10 à 17 sièges.
- Reconquête: 0 siège;
* La majorité absolue est de 289 sièges.
>Ligue des Champions: la France humiliée face au monde !
Un certain nombre de supporters anglais étaient munis de faux tickets. Beaucoup d'autres en détenaient de vrais et ont été malmenés.
Le samedi 28 mai 2022 restera dans les annales du football européen et du désordre public comme une date d'humiliation pour la France. Devant un demi-milliard de téléspectateurs, le Stade de France, où se tenait la finale de la Champion League entre le Real de Madrid et Liverpool, a été le théâtre d'un chaos que l'on aurait pu croire organisé. Les images du fiasco sont accablantes pour l'UEFA, organisatrice de l'événement, le Stade lui-même, infrastructure accueillante (drôle d'accueil) et le gouvernement français, en les personnes du Préfet de police de Paris, Didier Lallemant, maître en maintien de l'ordre, et le Ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, prompt à sauter l'obstacle dès lors qu'une chute éventuelle soit imputable à autrui.
Que s'est-il passé ?
85.000 spectateurs attendus, dont 40.000 places réservées aux supporters des deux équipes, à raison de 20.000 chacune. Côté espagnol, rien à redire, les Blancos de Madrid étaient tous entrés dans le stade avant l'heure du début du match, soit 21 heures. Côté anglais, les Reds, beaucoup plus nombreux que le nombre de places disponibles et de tickets officiels vendus, pour partie installés dans leurs tribunes, pour une autre, coincés et malmenés devant les grilles fermées du stade.
Reprenons les faits. Le RER B parisien, sensé amené les nombreux supporters anglais quasi au pied de l'entrée du stadium qui leur était dédiée, était en grève ... Du coup, le RER D a véhiculé ces mêmes nombreuses personnes jusqu'à Saint-Denis. Le problème, c'est que la station de sortie est située plus loin, séparée de l'enceinte sportive par un couloir étroit. Un premier barrage de contrôle des tickets a stoppé la marche des Anglais. Devant l'afflux de la foule et les risques encourus, ce check-point a été levé. Un second contrôle a été effectué en bout de goulot. Les stadiers, en nombre probablement insuffisant, ont été débordés. Leur rôle était de vérifier si les tickets étaient vrais ou faux. La procédure étant lente, la masse des gens a forcé le barrage jusqu'aux grilles. Pendant ce temps, des individus français en ont profité pour faire les poches des supporters de Liverpool, d'autres pour sauter au-dessus des grilles sans ticket et pénétrer gratuitement dans le stade. Les stadiers submergés, paniqués, sur ordre du Préfet Lallemant, conscient des risques éventuels, qui considère apparemment toute foule comme une menace, la police a chargé pour disperser les gens, distribuant coups de matraque et jets lacrymogène de manière indistincte. C'est ainsi que des familles, munies pourtant de bons tickets, femmes et enfants compris, ont été brutalisées, alors qu'elles ne souhaitaient qu'une chose, rêve pour beaucoup d'entre elles, assister à ce match prestigieux. Les images diffusées sont accablantes. La rencontre a débuté avec une bonne demie-heure de retard et, pour les distraits, a vu la victoire du Real par un but à zéro.
Le constat !
La responsabilité du chaos revient à l'UEFA, qui ne maîtrise pas visiblement l'émission de droits d'entrée sécurisés et non duplicables. Elle revient aussi au Stade de France, qui n'a pas été à même de fluidifier la masse des supporters anglais. Surtout, elle est celle du Ministre de l'Intérieur français, supérieur hiérarchique du Préfet, qui, depuis que l'épisode a fait la Une des médias internationaux, se contente de renvoyer l'ascenseur dans le chef des Britanniques. Il est vrai qu'ils ont pris la mauvaise habitude de tolérer la diffusion à grande échelle de faux tickets. En ce qui concerne le hooliganisme prêté aux Anglais, tropisme récurrent en France, c'est de la vieille histoire. Cela fait des dizaines d'années que les autorités sportives, judiciaires et politiques britanniques ont pris le taureau par les cornes et ont réglé structurellement le problème. Ce qui n'est pas toujours le cas de beaucoup de clubs et pays continentaux. Voyez la paille, pas la poutre.
Les explications de Gérald Darmanin nous semblent un peu courtes. Un peu grosse la ficelle de la "Perfide Albion". Il est désormais établi que les services de police français avaient rédigé, dès le 25 mai, une note alertant sur le danger sécuritaire que ferait courir l'arrivée à Paris de très nombreux supporters de Liverpool, pour les uns, munis de faux tickets, pour les autres, sans ticket du tout ... Contrairement à ce qu'a affirmé le ministre, ce n'est pas une manne de "20 à 30.000 faux tickets" qui ont déferlé sur Paris, mais 2.700 précisément. Pourquoi ment-il de manière aussi grossière ? Comment comprendre le manque d'anticipation de la Place Beauvau ? Quel dogmatisme a donc piqué le ministre et ses services en n'assumant pas leurs responsabilités ?
Une chose tout de même à relever, et qui a toute son importance, la charge de la police française, si brutale qu'elle ait été, en dispersant la masse des supporters de Liverpool, a permis d'éviter un drame humain, comme celui que la Belgique a connu au Stade du Heysel, le 29 mai 1985. Il n'y eu au Stade de France ni mort ni blessé.
Le Ministre de l'Intérieur français et sa collègue des Sports, Amélie Oudéa-Castera, seront auditionnés cette semaine devant les Commissions des Lois et de la Culture du Sénat. Ils devront s'expliquer quant à leurs interprétation et attitude concernant les "incidents" survenus au Stade de France. Il est évident que les oppositions de droite et de gauche à Emmanuel Macron se sont ruées sur ce déplorable épisode - un os à ronger comme un autre - pour attaquer et affaiblir, en pleine campagne des législatives, la majorité présidentielle. C'est dans l'ordre des choses. Cela dit, la mauvaise foi de Gérald Darmanin est telle et le retentissement de l'affaire est d'une telle ampleur, en France, en Europe et bien sûr au Royaume-Uni, où l'incompréhension et la colère sont grandes, qu'il n'est pas exclu que le ministre de la police doive démissionner dans quelques jours. A suivre ...
L'avenir ?
Cela pose évidemment question. Qu'en sera-t-il des futurs événements sportifs de grande ampleur en France ? Samedi prochain se jouera, toujours au Stade de France, un France/Danemark. En 2023, ce sera la Coupe du monde de rugby, qui se déroulera sur tout le territoire français. En 2024, il y aura l'organisation des Jeux olympiques à Paris, qui, pour la séance d'ouverture, devrait voir plus d'un million de personnes s'agglutiner sur les bords de Seine sur une distance de 12 kilomètres. L'expérience du match entre le Real et Liverpool fait craindre tout de même un scénario si pas du pire, espérons-le, du moins, problématique.
Comment les forces de sécurité vont-elles pouvoir gérer un aussi grand nombre de spectateurs sur un espace aussi étroit, les quais du fleuve, mais étendu ? Assurément, ce serait l'occasion pour tous les provocateurs, perturbateurs, saboteurs ou terroristes de démontrer au monde entier leur savoir-faire. Quid d'une intervention des pompiers lors d'un incident ou d'un accident fluvial ? Selon nombre d'experts en sécurité publique, un tel dispositif en plein air ne pourra pas être sous contrôle des services policiers et de renseignement. Un lieu unique, comme une grande enceinte sportive, est déjà une gageure en la matière, mais des centaines de milliers de personnes, étalées le long de la Seine sur une douzaine de kilomètres, relève selon eux de l'impossibilité.
La France a démontré par le passé son savoir-faire sécuritaire lors de grandes fêtes sportives. Il lui faudra cependant évaluer et réactualiser cette compétence à l'aune des derniers événements. Il n'y aura aucun luxe non plus à ce qu'elle prenne le temps et les moyens de mieux étudier la sociologie ainsi que les mouvements de foules, qui ne sont pas toutes, loin de là, des menaces potentielles. Le Président Emmanuel Macron, grand amateur de sports et soucieux de la sécurité des Français et des étrangers en terre de France, doit en prendre la mesure.
Le 31 mai 2022.
Questionnement sur Pap Ndiaye !
Loin de nous reconnaître dans les cris d'orfraie de Marine Le Pen ou l'agacement de Jean-Luc Mélenchon suite à la nomination de Pap Ndiaye au poste de Ministre de l'Education nationale, nous sommes tout de même interpellés sur le risque que le Président Macron et la Première Borne ont pris en le choisissant. D'un côté, on ne peut que se réjouir de voir arriver à l'Education nationale un brillant intellectuel, un enseignant de terrain et un éminent historien. C'est là un choix qui tranche avec la technocratie monopolistique. D'un autre côté, on peut s'interroger sur sa conception du rapport des minorités avec l'égalité des chances. A lire ses déclarations passées, il est à craindre qu'il réduise le principe d'égalité à la doctrine de l'égalitarisme et qu'il ouvre grande la porte au sein des classes à une forme de pratique séparatiste au nom d'une discrimination positive communautariste. Que l'extrême droite s'étrangle et que l'extrême gauche s'esquive; ni l'une ni l'autre ne sont crédibles. Mais les résistants humanistes, qui se battent depuis des années contre une laïcité vidée petit à petit de ses valeurs républicaines, ne peuvent qu'exprimer leur doute quant à l'arrivée possible de programmes pédagogiques teintés d'un wokisme culturel dissimulé ou affirmé. Le 21/05/22.
Un gouvernement recyclé mais pas de renouveau !
L'annonce par le Secrétaire général de l'Elysée, Alexis Koëlher, de la composition du nouveau gouvernement. Alors que le Président Emmanuel Macron avait promis une nouvelle ère, on ne peut pas dire que la liste des ministres, ministres délégués et secrétaires d'Etat ouvre grande la porte au changement. Ce premier exécutif devra passer l'examen des élections législatives des 12 et 19 juin prochains; il est donc probable que soit il évoluera dans sa composition, soit il sera remplacé. Le sort d'un Eric Dupont-Moretti, mis en examen et détesté de la magistrature - sa nomination est une faute - est entre les mains la justice. Il est aussi certain que l'arrivée de l'éminent historien Pap Ndiaye, porteur de valeurs laïques disons molles, teintées de communautarisme, ne laissera pas non plus indifférents celles et ceux qui résistent depuis des années à la lente édulcoration des principes d'égalité républicaine. Voilà deux exemples qui risquent de fragiliser, dès l'entame, l'autorité d'un président, qui ne pourra plus se représenter, et qui aura besoin dans les mois et années à venir d'éviter les erreurs de casting et autres chausses-trappes rencontrées lors du premier quinquennat. Ce sera assez difficile comme ça. Il lui faudra aussi renoncer à une posture trop en surplomb et contrôler son tempérament.
Le 20 mai 2022.
>Liste du premier gouvernement d'Elisabeth Borne !
Bruno Le Maire reste à Bercy et est nommé Ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique ;
Gérald Darmanin conserve son poste de Ministre de l’Intérieur ;
Catherine Colonna est nommée Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères ;
Eric Dupond-Moretti garde son poste de Ministre de la Justice ;
Amélie de Montchalin devient Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires ;
L’historien Pap Ndiaye est nommé Ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse ;
Sébastien Lecornu devient Ministre des Armées à la place de Florence Parly ;
La députée LRM Brigitte Bourguignon est nommée Ministre de la Santé et de la Prévention ;
Olivier Dussopt devient Ministre du Travail, du Plein Emploi et de l’Insertion ;
L’ancien LR Damien Abad est nommé Ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées ;
Sylvie Retailleau est noméme Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ;
Marc Fesneau devient Ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire ;
Le patron de La République en marche, Stanislas Guerini, est nommé Ministre de la Transformation et de la Fonction publique ;
La députée LRM Yaël Braun-Pivet est nommée Ministre des Outre-Mer ;
La conseillère culture d’Emmanuel Macron, Rima Abdul-Malak, est nommée Ministre de la Culture ;
Agnès Pannier-Runacher devient Ministre de la Transition énergétique ;
Amélie Oudéa-Castera est nommée Ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques ;
L’ancien Ministre de la santé, Olivier Véran, est nommé Ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement et de la vie démocratique ;
La magistrate Isabelle Rome est devient Ministre déléguée chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Egalité des chances ;
L’ancien Porte-Parole du gouvernement , Gabriel Attal, devient Ministre délégué chargé des Comptes publics ;
Le maire d’Angers, Christophe Béchu, est nommé Ministre délégué chargé des Collectivités territoriales ;
Franck Riester reste Ministre délégué chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité ;
Ancien Secrétaire d’Etat, Clément Beaune devient Ministre délégué chargé de l’Europe ;
La députée LRM Olivia Grégoire est nommée Porte-Parole du gouvernement ;
Justine Benin devient Secrétaire d’Etat chargée de la Mer ;
Charlotte Caubel est la nouvelle Secrétaire d’Etat chargée de l’Enfance ;
La députée européenne Chrysoula Zacharopoulou est nommée Secrétaire d’Etat chargée du Développement, de la Francophonie et des Partenariats internationaux, auprès de la Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères.
Le 20 mai 2022.
>La descente aux enfers du PS français !
Si le PS avait su choisir la voie d'une social-démocratie assumée, en tournant le dos aux nombreux dénis qui ont jalonné son existence politique - sur la laïcité version 1905 et non revisitéé par l'islamo-gauchisme, sur la nécessaire immigration choisie, son intégration conditionnelle dans la société française, sur la sécurité, qui n'est pas qu'un fantasme obsessionnel droitier, sur l'équilibre entre exigences sociales et impératifs des entreprises, sur une régulation forte quant au cadre juridique global, mais accompagnatrice d'un dialogue social mature, sur l'âge de la retraite adapté aux évolutions du travail et de l'espérance de vie, sur une avancée sociétale quant à la fin de vie ... - bref, si le PS avait été capable, il y a 20 ans, de réaliser son aggiornamento, son Bad-Wurtemberg, en acceptant la rupture avec sa composante radicalisée (aujourd'hui chez Mélenchon), il aurait probablement évité son effacement de l'histoire et avoir aujourd'hui un(e) des sien(ne)s à l'Elysée ...
Le 19 mai 2022.
>PS: L'autre voie de Carole Delga !
Carole Delga veut faire vivre la contestation de Jean-Luc Mélenchon au sein du Parti socialiste:
« La question de l’éthique, de la droiture en politique me hante », a déclaré Carole Delga sur RTL. La formule résonnait spécialement dans la bouche de cette socialiste vent debout contre l’accord conclu entre son parti et La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon.
La présidente de la région Occitanie a évoqué une « période de confusion », constatant que « 17 millions de Français ont choisi de ne pas choisir », à l’élection présidentielle, en s’abstenant de voter ou en glissant dans l’urne un bulletin blanc ou nul. A cela, selon elle, il faut répondre par « l’exemplarité » et « la démonstration que la politique peut transformer les choses ».
Ces déçus de la politique « ont dit : nous en avons assez de ces divisions » à gauche, selon Mme Delga, qui pour autant continue de s’opposer mordicus au programme de Jean-Luc Mélenchon, dénonçant une « union de façade » dans les accords signés par La France insoumise avec les écologistes, les communistes et les socialistes.
« Je suis convaincue que nous devons avoir un Etat fort, laïc, et je pense que l’Europe est une solution », a-t-elle ajouté, évoquant aussi la nécessité d’une « relation apaisée avec les entreprises », autant de points qui, selon elle, ne se retrouvent pas chez son concurrent. « On ne peut pas être dans un mouvement de bruit et de fureur », a-t-elle ajouté.
« La gauche du faire, c’est nous, et nous allons nous mettre au travail », a-t-elle poursuivi, remarquant que « nous n’avons pas assez travaillé ces dernières années ». A Olivier Faure, le premier secrétaire du PS et cheville ouvrière de l’alliance avec LFI, « je dis : nous devons travailler ensemble, nous ne partirons pas du Parti socialiste », a conclu Mme Delga. Le 19 mai 2022.
>Selon nos informations, Elisabeth Borne serait nommée Première ministre !
Ministre du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion sortante, Elisabeth Borne, nommée Première ministre.
16 mai, 16 h 15.
C'est évidemment une excellente chose qu'une femme entre à Matignon, 31 ans après Edith Cresson. Avec l'ampleur des défis politiques, sociaux, économiques et environnementaux qui l'attendent, tant sur les plans national, européen et international, une Assemblée nationale qui s'annonce comme le fer de lance d'une opposition radicale, houleuse, voire haineuse, une rue chauffée à blanc, elle devra être aussi compétente que solide. Compétente, elle l'est incontestablement, son parcours dans les Cabinets de Lionel Jospin et de Ségolène Royal, la redoutable réforme de la SNCF, les bons chiffres du chômage le prouvent. Solide aussi, selon tous ses interlocuteurs qui ont dû négocier avec elle. C'est une polytechnicienne brillante, à l'expérience aux postes de responsabilité riche et intense. Attendons les élections législatives de juin pour en savoir davantage. Même si la macronie et ses alliés ont une majorité parlementaire, les cinq années à venir risquent de ressembler à l'enfer.
>La stratégie gramscienne de LFI pour le contrôle de la gauche française !
Certains se demandent comment Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise ont fait pour engloutir, en un peu plus d'une semaine, Europe-Ecologie-Les-Verts, le Parti communiste et le Parti socialiste. Cela faisait 20 ans qu'ils en rêvaient et en avaient fait un objectif central de leur stratégie.
Cette OPA ne doit rien au hasard; elle a été savamment préparée en amont par un long, lent et intense travail tous azimuts, à la base, dans les médias traditionnels et sur la toile. Le leader maximo français a certes pas mal de défauts et de travers, colérique, brutal, intolérant, imbu de sa "personne sacrée", manipulateur, mais il a aussi de grandes qualités. Il est intelligent, pas né de la dernière pluie, cultivé, stratège, bon tribun et communiquant. La politique, qu'il a toujours pratiquée en professionnel, comme apparatchik puis élu - il n'a jamais travaillé en entreprise - lui colle à la peau, aux tripes, au cerveau. Il ne sait faire que ça, mais il sait bien le faire. Ce n'est pas le cas de tous, voyez Monsieur Z ...
Examinons rapidement ce qui peut expliquer le coup politique de LFI sur ses adversaires directs de la gauche française. Dans ses "Ecrits politiques", Antonio Gramsci (*) théorise la conquête du pouvoir par la conquête des esprits, par l'hégémonie historique des idées communistes sur la société (prendre l'ascendant au sein des superstructures), stratégie non-violente que le philosophe italien a élevée au rang d'art noble de la politique et qu'il recommandait au Parti communiste de son pays.
Pour y parvenir, le PCI devait devenir, par un travail incessant dans le débat d'idées, dans les urnes, la fonction publique, les syndicats des enseignants, dans les entreprises, dans le monde académique et de la recherche, dans l'édition, la presse, aujourd'hui, on y ajoute les médias et les réseaux sociaux, en fait, dans tout l'arc de la production culturelle, de la pensée, des savoirs, du sport et des loisirs. C'est le concept "d'intellectuel collectif". Le parti n'est pas pour lui une fin en soi, mais un instrument de propagande dialectique qu'il faut faire vivre puissamment. Sa conception de la marche vers le pouvoir doit passer par le suffrage universel et s'y inscrire durablement.
On peut dire que la pensée gramscienne est à l'idéologie léniniste ou à la doctrine maoïste, l'héritière, ce que le soft power est à présent au hard power. Dans le premier cas, on accepte le verdict des urnes, quitte à perdre le pouvoir, dans le second, on confisque le pouvoir en excluant tout Etat de droit.
C'est ainsi qu'à l'opposé du "communisme à visage humain", cher aux adeptes de Gramsci, ce que d'aucuns ont appelé l'eurocommunisme, depuis la seconde moitié du XIXème siècle jusqu'à nos jours, circule et innerve, dans toutes les strates de la gauche révolutionnaire internationale et au-delà, les compagnons de route et les marxistes qui s'ignorent, la doxa classique du déterminisme historique que Marx et Engels ont théorisé dans leurs essais politiques, philosophiques et économiques. Lénine et Staline l'ont mise en pratique dès l'entame de la révolution d'octobre. Mao, Castro, Pol Pot également. On connait le bilan dramatique. Cette idéologie prône la prise du pouvoir par la force, via son avant-garde ouvrière, le parti communiste et son Bureau politique. La dictature du prolétariat et le centralisme dit démocratique en sont l'alpha et l'omega. Chez les communistes et dans toute l'extrême gauche, on a toujours beaucoup plus pratiqué la dictature et le centralisme que la démocratie ...
Une fois la machine de guerre en marche, comme un seul homme, elle s'empare et collectivise les moyens de production et d'échanges; les usines, les banques, le monde agricole, les moyens de communication, les centres névralgiques de l'Etat. Prendre le contrôle des infrastructures doit entraîner, par la contrainte et la répression d'une police politique aux ordres et de l'armée, la chute du pouvoir en place et de ses alliés politiques, culturels et cultuels, que ce pouvoir soit monarchique, bourgeois ou républicain. Dans la foulée, il est facile ensuite de mettre au pas les producteurs, diffuseurs et consommateurs des savoirs et de la culture. Enfin, imposer au peuple, pour son bien, c'est évident, un économie de guerre, un socialisme de guerre, car les ennemis intérieurs et extérieurs sont toujours là, menaçants les "acquis" de la révolution et, in fine, installer au long cours un communisme fantasmatique, qui ne mange pas de pain, mais concrètement, humainement totalitaire. L'individu est réduit à sa portion congrue au nom d'un intérêt dit collectif qui, en réalité, se réduit au parti.
Des intellectuels d'extrême droite, dont l'essayiste Alain de Benoist dans les années '80 ont repris à leur compte le tropisme gramscien de l'importance des superstructures dans l'accession au pouvoir. Il faut que les valeurs identitaires, reprises aujourd'hui avec plus ou moins de bonheur par Marine Le Pen et Eric Zemmour, irriguent dans toute la société et finissent par s'imposer, d'abord socialement, puis culturellement et politiquement. Jusqu'à ce jour, c'est un échec. Pour combien de temps ?
Jean-Luc Mélenchon, féru d'auteurs marqués idéologiquement, nostalgique "du grand parti, bras armé du peuple", fasciné par les leaders charismatiques arrivés au pouvoir sur la pointe des pieds ou par effraction et demeurés en place au nom d'un populisme de bon aloi, cet homme-là a compris à son tour l'intérêt de préparer sérieusement la phase de l'avènement d'une hégémonie de son radicalisme islamo-gauchiste, via LFI, sur l'ensemble de la gauche. C'est désormais chose faite et bien faite.
Exceptés quelques centaines de trublions socialistes, qui n'entendent pas s'écraser et disparaître devant le rouleau compresseur et qui ne renoncent pas à croire en l'Europe, à une laïcité sans concession avec le communautarisme et le séparatisme, avec la régulation réformiste du marché, ce sont pas moins des centaines de bastions écologistes et sociaux-démocrates qui ont viré de bord en se faisant harakiri sur l'autel des intérêts bien compris d'un Mélenchon faussement modeste.
Ainsi, il ambitionne pas moins d'être "élu" premier ministre au terme des élections législatives de juin. Outre que c'est le président, qui est élu, lui, qui nomme une personne à ce poste, la Nouvelle Union Populaire Ecologiste et Sociale (NUPES), sur base de l'analyse des résultats respectifs au premier tour de l'élection présidentielle, circonscription par circonscription, peut espérer entre 100 et 150 élus au maximum. Ce serait inespéré, mais largement insuffisant pour atteindre les 289 sièges nécessaires d'une majorité parlementaire. Jean-Luc Mélenchon est donc loin de pouvoir faire son entrée à Matignon. Toujours est-il qu'il a fait main-basse sur toute la gauche modérée; un succès incontestable.
Reste tout de même à savoir si le chef des Insoumis et ses poursuivants garderont toujours le cap sur l'Etat de droit est si, par malheur, ils accédaient un jour au pouvoir, n'auront-ils pas la tentation d'abandonner les sages conseils d'Antonio Gramsci pour les remplacer par des impératifs de conservation révolutionnaires ? En l'état actuel du fonctionnement peu démocratique de LFI, on peut légitimement se poser la question.
Point positif tout de même, en avalant les écologistes et les socialistes, Jean-Luc Mélenchon a effrayé la franche réformiste et modérée de la gauche; un électorat qui risque de se tourner vers Emmanuel Macron et la nouvelle maison commune, Ensemble, que son parti, Renaissance, partage avec le Modem de François Bayrou et Horizons d'Edouard Philippe. Pas sûr que Gramsci eût apprécié.
(*) Antonio Gramsci, 22/01/1891-27/04/1937, philosophe et écrivain politique italien, membre fondateur du PCI.
Le 11 mai 2022.
"Je fais le serment de léguer à notre jeunesse un monde plus
vivable et une France plus vivante et plus forte."
Emmanuel Macron, seconde investiture à la présidence de la République française, Elysée, samedi 07 mai 2022.
Le pouvoir passé est une statue de pierre !
Il y a des centaines, voire des milliers de personnes qui entourent et suivent Emmanuel Macron dans sa chevauchée fantastique. L'homme a toujours eu le sentiment qu'il devait compter, d'abord aux yeux de sa grand-mère maternelle, Germaine Noguès-Arribet, qu'il appelait Manette. Institutrice, professeure de géographie, puis directrice d'école, issue d'une famille enracinée dans les Hautes-Pyrénées, elle fut son émancipatrice, sa partenaire d'éducation sentimentale et intellectuelle, sa complice tant aimée: "Ma grand-mère m'a appris à travailler. Dès l'âge de 5 ans, une fois l'école terminée, c'est auprès d'elle que je passais de longues heures à apprendre la grammaire, l'histoire, la géographie. Et à lire". Tout est dit d'un garçon, d'un homme qui va.
Le futur président voulut aussi compter pour ses parents, tous deux médecins. Pour sa mère d'abord, Françoise Noguès, avec laquelle il noua une relation proche, sans égaler pour autant celle avec Manette. Pour son père ensuite, Jean-Michel Macron, qu'il aima toujours de manière plus distante. Pour son frère, Laurent, et sa soeur, Estelle, tous deux médecins également, qui sont restés dans l'ombre de celui qui brillait plus que les autres, un temps distants, toujours discrets. Emmanuel n'a pas eu besoin de leur regard affectueux pour exister, reste qu'aujourd'hui, si ils se voient peu, ils se reconnaissent une fratrie dispersée mais rassemblée.
Et puis, bien sûr, il y eut le coup de foudre et de grâce, qui s'appelle Brigitte Auzière-Trogneux, qu'il conquit haut la main malgré son jeune âge. Il avait 17 ans; le statut de son amoureuse, celui d'épouse rangée de la bourgeoise provinciale, de mère de trois enfants, de professeure de français et de théâtre dans un collège catholique n'était pas fait pour l'impressionner. La belle Brigitte avait 42 ans. Il voulut la séduire, la charmer et l'étreindre, en dépit des nombreux obstacles et méchancetés qu'ils rencontrèrent sur leur chemin. Ils se marièrent au Touquet le 20 octobre 2007, dans l'enthousiasme des uns et le scepticisme des autres.
La suite nous est connue aussi. Après des études brillantes (élève chez les Jésuites d'Amiens, Lycée Henri IV à Paris, sciences-po, philo, assistant de Paul Ricoeur, ENA (échec à Normale Sup), il devint inspecteur des Finances, banquier d'affaires chez Rothschild, rapporteur de la Commission Attali "pour la libération de la croissance française" (sous Nicolas Sarkozy), Secrétaire général-adjoint de l'Elysée sous François Hollande, puis Ministre de l'Economie et des Finances, fondateur du mouvement La République en marche (LREM) en 2016, élu Président de la République le 7 mai 2017, réélu le 24 avril 2022. C'est dire que la trajectoire d'Emmanuel Macron ressemble à celle d'une fusée dont le carburant ne semble jamais s'user. Ce n'est bien sûr qu'une impression. Une telle existence attire les convoitises, les intérêts et les jalousies. Les amitiés aussi, mais en petit nombre. Le pouvoir isole et rend celle ou celui qui le possède méfiant quant aux intentions d'autrui ...
Si vous observez de près le 8ème président de la 5ème République française, vous vous apercevrez rapidement de sa fluidité - certains parlent de sa plasticité derrière l'image du commandeur - mais aussi de sa grande solitude. Très entouré, certes, approché, courtisé, monarque républicain, droit dans ses noirs mocassins dans les institutions gaulliennes, tel un Jupiter adulé, craint ou haï, il trône en majesté parmi les siens et les autres, guettant jadis son Cassandre, aujourd'hui son Brutus ou son Ravaillac. Nul n'apprécie l'ombre d'un successeur ...
Etre président, c'est être seul, à décider, à récompenser, à décevoir et à malmener les conforts et les conservatismes de tous bords. Le Président De Gaulle et son ministre de l'Intérieur, Michel Debré, ont voulu donner à la France une architecture institutionnelle solide et stable. C'était nécessaire, à l'opposé de celle de la 4ème République, qui vit les gouvernements de coalition se suivre rapidement. En quelque sorte, le Général et son collaborateur ont ainsi donner un sursis, qui dure, à une monarchie qui serait devenue constitutionnelle.
François Mitterrand, pourtant auteur d'un pamphlet assassin sur la 5ème République, dans "Le coup d'Etat permanent", s'est parfaitement glissé dans les habits du président monarque. Les suivants aussi, mais dans une moindre mesure. Emmanuel Macron, jusqu'à présent, est l'héritier de cette tradition verticale.
Il s'est pourtant engagé à changer, à présider autrement, à l'écoute des corps représentatifs et intermédiaires, Assemblée nationale et Sénat, Conseil économique, social et environnemental, des pouvoirs locaux, départementaux et régionaux, de la Cour constitutionnelle, du Conseil d'Etat et de la Cour des comptes, des contre-pouvoir que sont le patronat, les syndicats et les ONG et, last but not least, en dialogue avec la société civile sous forme participative. Reste à inventer la méthode ...
N'oublions pas l'Union européenne, qu'il préside jusque fin juin, pour laquelle il se bat pied à pied, s'affichant comme son avocat fervent et son meilleur procureur des adversaires populistes intérieurs et des ennemis extérieurs. Très actif au Conseil européen des Chefs d'Etat et de gouvernements, aux côtés de son Président, Charles Michel, en symbiose avec la Commission européenne présidée par Ursula von der Leyen, mais aussi en contact et échange permanents avec le Parlement européen, via sa Présidente, Roberta Metsola, et le groupe parlementaire libéral Renew, Emmanuel Macron ne renonce jamais à aucun effort pour consolider l'Union, renforcer son unité et favoriser sa souveraineté.
La France et l'Allemagne demeurent le couple-socle de l'intégration européenne. Le Chancelier Olaf Scholz et son homologue français s'inscrivent tous deux dans la continuité des prédécesseurs: Adenauer/De Gaulle; Schmidt/Giscard; Kohl/Mitterrand; Schröder/Chirac; Merkel/Sarkozy/Hollande/Macron et, depuis l'élection du premier allemand, en décembre 2021, le couple Scholz/Macron. Celui-ci rencontrera le Chancelier demain, 9 mai (la première visite d'un président français élu ou réélu à Berlin est devenue une tradition), alors que peu avant, il aura présidé la Journée de l'Europe à Strasbourg. Voyez combien le calendrier est parfois révélateur.
Pendant ce temps, à Moscou, Vladimir Poutine tentera ce 9 mai, jour de commémoration de la victoire soviétique sur le nazisme, de terroriser le monde entier par une démonstration militaire de force; engins nucléaires bien en vue, puissance narcissique étalée, allocution menaçante et violente au programme ...
Sur les bords du Rhin, en face, devrait-on dire, au lendemain du 8 mai, telle une désynchronisation Est-Ouest lourde de sens, le Président Emmanuel Macron montrera à la communauté internationale une autre image, une autre réalité, une autre voie que celle de la guerre et de la dictature. L'Europe ne cédera rien des droits des peuples à disposer d'eux-mêmes. Elle réaffirmera son soutien à l'Ukraine, appelée, avec la Moldavie, la Géorgie, et les pays des Balkans, à rejoindre un jour, pas si lointain, une communauté politique démocratique, sas juridique de l'entre-deux, en attendant d'intégrer pleinement le club pacifique et guéri de sa naïveté européen.
Lors de sa seconde investiture, le président réélu a promis d'agir essentiellement sur trois plans, qui en regroupent d'autres: le social, l'écologique et le productif (entendez la croissance). L'école, la santé, le pouvoir d'achat, le remboursement de la dette et la souveraineté de l'Europe étant ses lignes de force. Rien que ça !
Il y a donc beaucoup d'attente de toutes parts, dans un contexte de crise sanitaire, qui n'est pas close, de réchauffement climatique et de destruction de la biodiversité, de terrorisme, de guerre criminelle de la Russie en Ukraine. Comment dire ? C'est la quadrature du cercle, la martingale magique que le président réélu va devra trouver dans les semaines, les mois et les cinq années à venir. Il le sait, nous aussi, le temps presse.
Cette urgence, au seuil des nombreux défis qui l'attendent, qui attendent la France et l'Europe, malgré sa volonté d'être plus horizontal et plus rassembleur, va immanquablement renforcer et intensifier son obligation de décider, de trancher, parfois rapidement, et donc de diviser, voire de fracturer, à l'exact nadir du zénith qu'il recherche.
Chacun sait maintenant qu'il ne pourra plus se représenter, en tout cas en 2027. La loi interdit trois mandats successifs. Beaucoup songent déjà à l'élection suivante, qui élira le ou la 9ème président(e). Forcément, le locataire de l'Elysée actuel va perdre en autorité politique ce qu'il a gagné en trace dans les livres d'histoire.
Quels que soient les résultats des élections législatives de juin prochain, avec trois blocs plus ou moins compactes - si l'on excepte la droite Les Républicains, en pleine confusion et débâcle - trois blocs qui se font face (la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale - NUPES - de Jean-Luc Mélenchon; Ensemble, qui regroupe désormais la macronie, centre gauche et centre droit de Renaissance, ex-LREM, centristes du Modem de François Bayrou, libéraux d'Horizons d'Edouard Philippe; et le Rassemblement National de Marine Le Pen, auquel va s'agréger, par peur du vide, Reconquête d'Eric Zemmour, même sans accord), l'Assemblée nationale va se transformer, c'est une certitude, en chaudron volcanique, qui ne manquera pas de relayer au Palais Bourbon des manifestations de rue d'autant plus menaçantes qu'elles auront été rougies aux braises de la revanche.
Reste donc à espérer que la coupole fédérale d'Ensemble parviendra à obtenir une majorité absolue, à défaut, relative, afin d'assurer le vote et la promulgation des projets de loi du nouveau gouvernement issu des élections parlementaires. Sa deuxième mission sera de contenir les assauts des troupes d'extrême gauche et d'extrême droite réunies, d'y répondre sur le terrain républicain et démocratique. Une toute autre majorité à l'Assemblée nationale, de l'un des deux blocs extrémistes - c'est peu probable, mais on ne sait jamais - signifierait l'instauration d'une cohabitation frontale, celle avec le démagogue radical Mélenchon ou avec la radicale populiste Le Pen, dont on peut être certain qu'elle serait violente et déstabilisatrice pour la France et l'Europe.
Quoi qu'il arrive, Emmanuel Macron a inscrit son nom aux côtés de ceux du Général De Gaulle, de François Mitterrand et de Jacques Chirac, les présidents réélus. Mais lui, tout comme l'homme du 18 juin, il l'a été hors cohabitation. Ces quatre hommes se distinguent donc par la pratique de deux mandats, qui n'ont pas souvent été brillants d'ailleurs. Les Présidents Pompidou, Giscard d'Estaing, Sarkozy et Hollande ne peuvent en dire autant. L'Histoire distinguera certainement les "grands" des "petits" présidents. La mémoire du passé est une chose, mais l'action du présent en est une autre. Pour l'heure et 60 mois, Emmanuel Macron doit agir.
Le succès ou l'échec ne sont évidemment pas encore au bilan du cycle politique nouveau d'Emmanuel Macron. Manette n'est plus là pour l'écouter, l'aiguiller et le rassurer, tandis que Brigitte va poursuivre discrètement sa fonction de première dame. Elle va continuer à le soutenir, à l'entourer et à l'aimer. Mais le temps, seul vrai maître des horloges, ne donne-t-il pas déjà rendez-vous à Emmanuel, un miroir braqué vers lui ? Rien du reflet de sa grandeur d'hier et du moment ne lui échappe, mais tout désormais le conduit à une marche en solitaire.
Au terme échu de la gloire, le temps pousse la passagère condition humaine à se retirer de la lumière, de la cour des servants, des foules sentimentales ou haineuses et des médias frénétiques. Bien sûr, en 2027, Emmanuel n'aura que 49 ans, Brigitte davantage. L'espace pour eux de ne plus rien rechercher de l'attraction d'un pouvoir qui rend fou, dit-on, mais qui rend plus seul encore une fois accompli. Il devient alors cette statue de pierre noircie au centre d'une place que l'on traverse distraitement, fût-elle au coeur de Paris, Washington, Pékin ou Moscou. Et l'on ne compte plus ... Les princes qui nous gouvernent ne devraient pas l'oublier. Le 08 mai 2022.
Comme Première ministre d'Emmanuel Macron, nous verrions bien
Carole Delga, Présidente de la région Occitanie, social-démocrate.
Anticiper le temps long dans le court terme ne s'improvise pas !
Le quotidien "Le Monde", daté de ce 06 mai, soit même pas deux semaines après la réélection d'Emmanuel Macron, telle une ingénue avant son premier bal, en vient à s'impatienter. Il titre: "Les premiers jours immobiles du nouveau quinquennat d’Emmanuel Macron." Et d'introduire en chapeau : "Investi officiellement le 7 mai, le président réélu repousse toujours la nomination d’un nouveau premier ministre, celle de son gouvernement et le début des premières réformes promises." Ce journal sérieux ne confond-il pas vitesse et précipitation ?
D'un côté, beaucoup se plaignent que tout va trop vite, jusqu'à faire l'éloge de la lenteur. D'un autre, dans des médias qui en viennent à faire du commentaire politique une extension journalistique du tweet, on en vient à s'exaspérer d'une séquence élyséenne de préparation sérieuse à ce qui vient et qui ne manquera pas d'en décoiffer plus d'un. Les prochains mois seront décisifs.
Il est donc vrai que prendre trois semaines de réflexion, de contacts, d'échanges, d'analyses et, in fine, de décisions, quant aux mouvements systémiques de la société française, bouleversements géopolitiques européens et mondiaux et décantations et flux politiciens, non, ce n'est pas trop. Tenter d'anticiper le temps long, tout en gérant les court et moyen termes, voilà qui ne s'accommode pas aisément de la frénésie de l'actualité. En ce domaine, il ne peut y avoir d'improvisation.
Quoi qu'il en soit les choses bougent. Après que La France insoumise (LFI) du leader maximo, Jean-Luc Mélenchon, ait englouti Europe-Ecologie-Les-Verts (EELV), reniant leur engagement existentiel en faveur d'une construction européenne forte, et avalé le Parti socialiste (PS), qui voit ainsi la ruine d'une existence centenaire de la social-démocratie, voilà que La République en Marche (LREM) devient Renaissance et que les macronistes pur jus s'allient sous une nouvelle coupole, appelée Ensemble, à nouveau avec le Modem de François Bayrou et, c'est une première, avec le parti Horizons d'Edouard Philippe. Par ailleurs, Renaissance a publié une première liste de 187 candidats, sur 577 éligibles, qui se présenteront aux élections législatives des 12 et 19 juin prochains, dont 101 députés sortants, 86 nouveaux candidats, pour une parité de 94 femmes et 93 hommes. Le Modem s'octroyant une centaine de candidatures et Horizons une soixantaine. A l'extrême droite, Marine Le Pen se repose toujours en vacances et Le Rassemblement National (RN) a fait savoir qu'il refusait tout accord avec Reconquête, le parti frère ennemi et raciste d'Eric Zemmour. La suite sera intéressante à observer.
On le voit, pendant que les flux politiciens s'épanouissent, le président réélu prépare sérieusement la suite, avant de se lancer dans un second quinquennat bien différent du premier. De toute façon, soyez tranquille, cela va tanguer. Premier signe, la nomination la semaine prochaine, vraisemblablement d'une première ministre à la fois politique et d'expérience, en raccord sur les plans social, écologique et productif. L'oiseau rare pourrait se trouver en région Occitanie. Sa présidente, la socialiste Carole Delga, a refusé l'alliance, l'absorption pense-t-elle, du PS par LFI. Elle est donc, sur le papier du moins, Macron compatible. Reste à voir si les deux protagonistes pensent la même chose. Pas sûr !
Le point d'achoppement devrait être le projet d'Emmanuel Macron de reculer l'âge du départ à la retraite à 64 puis 65 ans, au cours des 9 années à venir, à raison d'une augmentation de 4 mois chaque année. La retraite officielle est aujourd'hui de 62 ans, suite à la réforme de la ministre du Travail sous la présidence de François Hollande, Myriam El-Khomery. L'idée du président Macron est d'élargir la base sociale de personnes en activité - selon le système de répartition, ce sont les actifs qui paient les retraites - afin de créer davantage de rentrées fiscales permettant de financer les pensions, appelées à croître encore pendant une quinzaine d'années, alors que l'espérance de vie est plus grande. Précisons que les carrières longues et la pénibilité de certains métiers seront prises en compte.
De manière purement idéologique et démagogique, Jean-Luc Mélenchon a fait du retour de l'âge de la retraite à 60 ans un marqueur de gauche. Pour des raisons alimentaires, sacrifiant le fond du dossier sur l'autel de quelques dizaines de mandats, les écologistes et socialistes ralliés au grand chef rouge feignent de croire à un modèle financier et budgétaire qui ne tient pas la route. Que vont faire les socialistes non-soumis ? L'ancien second premier ministre de François Hollande, Bernard Cazeneuve, a déjà rendu sa carte du PS. D'autres, comme l'ex-président en personne et son autre premier ministre, Jean-Marc Ayrault, condamnent l'accord, se tâtent et se taisent. A suivre.
Carole Delga est devant un choix stratégique. Ou elle se met en marge du PS, s'isole dans son fief occitan, tout en soutenant des candidatures sauvages de non-alignés, ou elle rejoint la gauche de la macronie, aux côtés par exemple de Jean-Yves Le Drian, l'actuel ministre des Affaires étrangères du gouvernement sortant de Jean Castex. Si l'Elysée venait à la contacter sous peu, en vue de lui proposer le poste redouté mais prestigieux de première ministre, elle devra sortir de sa réserve, quitte à négocier un compromis sur la réforme des retraites qui tienne la route: réaliste, donc crédible, et efficient.
Le 06 mai 2022.
Toute la violence du personnage est dans cette photo.
Mélenchon veut faire main-basse sur la gauche modérée !
Le projet communiste de LFI est incompatible avec l'Union européenne, ses valeurs, objectifs et fonctionnement. La gauche modérée ne peut se reconnaître dans un projet idéologique héritier d'un marxisme-léninisme à peine toiletté, de liens géopolitiques qui sentent le soufre et l'autocratie, dissimulés derrière un pseudo non-alignement, ainsi que d'un populisme aussi démagogique et manipulateur que celui de l'extrême droite. Un projet de société en vérité totalitaire. Tout cela au service d'un personnage volcanique, brutal, coupeur de têtes, un Saint-Just actualisé. Qui n'est pas avec Mélenchon est un ennemi de classe ... Le PS a mieux à faire. Construire, enfin, un véritable mouvement social-démocrate qui s'assume, réformiste, innovant, en phase avec les grandes causes que sont l'approfondissement d'une démocratie participative, locale, régionale, nationale et européenne, la transition écologique, la défense de la biodiversité au service d'un nouveau pacte social. Quant aux Ecolos, s'ils ne veulent pas disparaître, ils doivent tourner le dos à la soumission. Ils n'ont pas le monopole du message vert, mais sans eux, il risque d'être moins entendu et suivi.
Le 26 avril 2022.
Emmanuel Macron, réélu Président de la République française !
Champ de Mars, dimanche 24 avril 2022.
Le candidat.
Nous tous !
Emmanuel Macron et Marine Le Pen au second tour de la présidentielle le 24 avril !
Deux conceptions de la France et de l'Europe vont désormais s'affronter. Soit l'humanisme, la laïcité, une France de la solidarité, du progrès et de l'innovation, au service d'une économie sociale ouverte mais régulée, une Europe forte et souveraine. Soit le repli sur la pré-carré d'un pays frileux, carapaté sur les peurs et la haine de l'Autre, une France abîmée par l'extrémisme, le racisme, une Europe affaiblie, voire impuissante. Aucune voix ne doit et ne peut manquer au candidat-président, Emmanuel Macron, pour un second quinquennat de continuation et d'intensification des réformes structurelles, pour davantage d'unité et de rassemblement. Il y aura donc de la consolidation et du nouveau, un grand projet de justice pour toutes et tous. Le 24 avril, il ne faudra pas se tromper.
Emmanuel Macron (27,35%) et Marine Le Pen (23,97%) seront face à face le 24 avril prochain.
Le meeting d'Emmanuel Macron à Paris
La Défense Arena devant 35.000 personnes
le samedi 02 avril 2022 !
Si rien ne change dans les intentions de vote, ces deux-là vont se retrouver !
>La candidate de l'extrême droite aux portes de l'Elysée ?
Ne nous voilons pas la face, la tendance barométrique des intentions de vote pour le premier comme pour le second tour de l'élection présidentielle française commence à ressembler à une vague. Cela fait plusieurs semaines, après s'être mieux préparée qu'en 2017, que Marine Le Pen engrange auprès des électorats populaire, jeunes et désormais des retraités, par des propos aussi démagogiques que dissimulateurs. Eric Zemmour, toujours dans l'outrance, l'a en quelque sorte présidentialisée ...
Le programme de la fille Le Pen, par un travail de relooking de son catalogue, cache en réalité une série de ruptures sytémiques, avec le principe de solidarité, avec l'Etat de droit constitutionnel, avec l'Alliance atlantique et avec l'Union européenne, qu'elle exècre, pour lui substituer un rapprochement stratégique avec la Russie poutinienne et les régimes autocratiques. Le candidat Emmanuel Macron, absorbé par la fonction présidentielle en contexte international chamboulé, n'a pas semblé en capacité d'opposer à cette masse critique de fractures une réponse forte, suffisante et convaincante.
Il ne fait aucun doute que le président sortant a sous-estimé l'importance dans l'opinion publique du thème du pouvoir d'achat. Dans le même temps, le candidat, marginalisé par l'urgence de la guerre en Ukraine, effacé par le président, a manqué de temps et de réactivité pour mettre en avant ses propositions pour lutter contre l'inflation. Eu égard aux nombreuses crises qu'il a dû gérer, le bilan du président sortant est satisfaisant à bon et le programme du candidat ambitieux. Visiblement, de nombreux Français ne partagent pas ce constat. Ou quand la rationalité perd pied face au désarroi.
D'après une enquête d'opinion réalisée par l'institut Elabe, Emmanuel Macron engrangerait 28% des intentions de vote (+0,5 point) au premier tour, pour lequel il terminerait en tête. L'écart avec Marine Le Pen se réduirait de 7 points au second tour, à 52,5% face à 47,5%. Les deux candidats étaient donnés respectivement à 56% et 44% la semaine passée, soit 12 points d'avance en faveur du Chef de l'État. Tous les sondages, avec une marge d'erreur de 2,5%, affichent la même photographie.
Le duel Macron-Le Pen, annoncé depuis un an, semble donc plus serré qu'attendu. Le président sortant, sur fond de la terreur russe en Ukraine, a vu sa posture d'homme d'État renforcée, certes, mais désormais rattrapée par des problèmes franco-français, dont l'horizon et la résolution sont brouillés.
La volatilité de l'électorat, les indécis et les abstentionnistes en balance ou adeptes de la pêche à la ligne, doublée de l'actuelle dynamique de Marine Le Pen, renforce l'hypothèse d'un basculement possible, d'une remontada populiste, nationaliste et raciste, hier encore improbable.
La fragilité du président sortant est qu'au second tour, il devra aller chercher avec les dents les renforts nécessaires; le rejet, voire la haine de sa personne sont sensibles dans le pays. Il ne pourra pas compter bien sûr sur les électeurs d'Eric Zemmour, d'un tiers des votants de Valérie Pécresse, dont le score s'annonce médiocre, ainsi que de nombreux citoyens qui votent à gauche et qui préféreront renvoyer dos-à-dos le candidat de LREM et la patronne du Rassemblement national. Une équation à plusieurs inconnues qui rend très aléatoire la résolution du problème d'Emmanuel Macron.
Oui, Marine Le Pen pourrait faire son entrée à l'Elysée le 24 avril prochain ... 1er avril 2022.
Ecouter les Français, voir Paris La Défense Arena !
Le candidat Macron déploie son projet !
Rien n'est écrit, rien n'est gagné !
Le voici, avec vous !
Appel aux sympathisants et militants d'Emmanuel Macron !
Chers amis,
Vous l’avez vu, j’ai écrit aux Français ce jour pour solliciter leur confiance pour un nouveau mandat comme Président de la République.
Si je me suis porté candidat c’est pour une raison simple : j’ai la conviction que je peux être utile dans les cinq ans à venir.
Le contexte international, marqué par la guerre en Europe, ne me permettra pas hélas, de faire campagne comme je l’aurais souhaité.
Que vous soyez militants de la première heure ou que vous ayez rejoint récemment les mouvements de la Majorité présidentielle, votre engagement est donc plus précieux que jamais pour porter notre bilan et notre projet dans chaque village, chaque ville. Auprès de chaque Français.
Ce qui se joue avec cette élection présidentielle n’est pas la victoire d’un camp ou d’un parti. C’est le destin d’un pays qui, dans ces temps troubles, doit continuer de renforcer son indépendance et d’agir pour bâtir une Europe-puissance, capable de peser sur le cours du monde. C’est l’avenir de nos enfants et de nos petits-enfants et c’est pour cela que nous donnerons la priorité à l’éducation.
Nous avons 37 jours. 37 jours pour porter nos propositions. 37 jours pour défendre notre vision de la France et de l’Europe. 37 jours pour convaincre. Soyez engagés, fiers de ce que nous sommes, mobilisés pour faire gagner la France, l’Europe et nos valeurs de démocratie, d’indépendance et de progrès.
Nous pouvons faire de ces temps de crise le point de départ d’une nouvelle époque française et européenne. Avec vous. Je compte sur vous, militants de l’idéal, pour être au rendez-vous de ce moment d’Histoire. Le 04 mars 2022.
La Lettre aux Français d'Emmanuel Macron !
« Mes chers compatriotes,
Depuis cinq ans, nous avons traversé ensemble nombre d’épreuves. Terrorisme, pandémie, retour de la violence, guerre en Europe : rarement, la France avait été confrontée à une telle accumulation de crises. Nous avons fait face avec dignité et fraternité.
Nous avons tenu bon sans jamais renoncer à agir. Grâce aux réformes menées, notre industrie a pour la première fois recréé des emplois et le chômage a atteint son plus bas niveau depuis quinze ans. Grâce au travail de tous, nous avons pu investir dans nos hôpitaux et notre recherche, renforcer nos armées, recruter policiers, gendarmes, magistrats et enseignants, réduire notre dépendance aux énergies fossiles, continuer à moderniser notre agriculture.
Grâce à nos efforts, nous avons, avant la pandémie, réduit nos déficits et, tout au long du quinquennat, baissé les impôts de manière inédite. Tout cela nous a permis d’être crédibles et de convaincre nos principaux voisins de commencer à bâtir une Europe-puissance, capable de se défendre et de peser sur le cours de l’Histoire.
Nous n’avons pas tout réussi. Il est des choix qu’avec l’expérience acquise auprès de vous je ferais sans doute différemment. Mais les transformations engagées durant ce mandat ont permis à nombre de nos compatriotes de vivre mieux, à la France de gagner en indépendance. Et les crises que nous traversons depuis deux ans montrent que c’est bien ce chemin qui doit être poursuivi.
Nous connaissons des bouleversements d’une rapidité inouïe : menace sur nos démocraties, montée des inégalités, changement climatique, transition démographique, transformations technologiques. Ne nous trompons pas : nous ne répondrons pas à ces défis en choisissant le repli ou en cultivant la nostalgie. C’est en regardant avec humilité et lucidité le présent, en ne cédant rien de l’audace, de la volonté et de notre goût de l’avenir que nous réussirons. L’enjeu est de bâtir la France de nos enfants, pas de ressasser la France de notre enfance.
Voilà pourquoi je sollicite votre confiance pour un nouveau mandat de Président de la République. Je suis candidat pour inventer avec vous, face aux défis du siècle, une réponse française et européenne singulière. Je suis candidat pour défendre nos valeurs que les dérèglements du monde menacent. Je suis candidat pour continuer de préparer l’avenir de nos enfants et de nos petits-enfants. Pour nous permettre aujourd’hui comme demain de décider pour nous-mêmes.
Il n’y a pas d’indépendance sans force économique. Il nous faudra donc travailler plus et poursuivre la baisse des impôts pesant sur le travail et la production. Pour ne pas nous laisser imposer par d’autres les technologies qui rythmeront demain notre quotidien, il nous faudra aussi continuer d’investir dans notre innovation et notre recherche afin de placer la France en tête dans les secteurs qui, comme les énergies renouvelables, le nucléaire, les batteries, l’agriculture, le numérique, ou le spatial feront le futur et nous permettront de devenir une grande Nation écologique, celle qui la première sera sortie de la dépendance au gaz, au pétrole et au charbon.
C’est à la condition de cette reconquête productive par le travail que nous pourrons préserver et même améliorer ce modèle social auquel nous tenons tant et qui a fait ses preuves.
Nous lutterons contre les inégalités, non pas tant en cherchant à les corriger toujours trop tard qu’en nous y attaquant à la racine. Nous ferons en sorte que tous les enfants de France aient les mêmes chances, que la méritocratie républicaine redevienne une promesse pour chacun. Pour cela, la priorité sera donnée à l’école et à nos enseignants, qui seront plus libres, plus respectés et mieux rémunérés.
Nous investirons pour permettre à chacun de vivre le grand âge à domicile tant qu’il le peut, pour rendre les maisons de retraite plus humaines. Nous poursuivrons sans relâche notre travail pour l’inclusion de nos compatriotes en situation de handicap. En matière de santé, nous opérerons la révolution de la prévention et ferons reculer les déserts médicaux.
La force de notre modèle social est là : dans cet investissement dans l’humain tout au long de la vie, qui donne confiance aux familles et a fait de la France l’un des pays d’Europe à la plus forte natalité.
Défendre notre singularité française implique enfin de promouvoir une certaine manière d’être au monde. Un art de vivre millénaire, enraciné dans chaque région, chaque canton, chaque ville et chaque village que ce soit en métropole ou dans nos outre-mer. Une histoire, une langue, une culture que lorsque l’on est Français, on se doit de connaître, d’aimer, de partager. Une citoyenneté, qui ne repose pas seulement sur des droits, mais sur des devoirs et un engagement de chaque jour. Parce que le respect des lois n’est pas négociable, nous poursuivrons l’investissement dans nos forces de sécurité et notre justice. Nous encouragerons l’engagement avec une ambition simple : former non pas seulement des individus et des consommateurs, mais des citoyens. Faire des républicains.
Tout au long de mon mandat, j’ai vu partout un esprit de résistance à toute épreuve, une volonté d’engagement remarquable, une inlassable envie de bâtir. Je l’ai retrouvée dans notre pays mais aussi en allant à la rencontre de nos compatriotes vivant à l’étranger. En chaque lieu, j’ai perçu le désir de prendre part à cette belle et grande aventure collective qui s’appelle la France.
C’est pourquoi le moment électoral qui s’ouvre est si important. Cette élection présidentielle déterminera les directions que le pays se donne à lui-même pour les cinq années à venir et bien au-delà. Bien sûr, je ne pourrai pas mener campagne comme je l’aurais souhaité en raison du contexte. Mais avec clarté et engagement j’expliquerai notre projet, notre volonté de continuer à faire avancer notre pays avec chacun d’entre vous.
Ensemble, nous pouvons faire de ces temps de crises le point de départ d’une nouvelle époque française et européenne.
Avec vous. Pour vous. Pour nous tous.
Vive la République !
Vive la France !
>Emmanuel Macron est candidat à sa réélection !
Emmanuel Macron annonce sa candidature à l’élection présidentielle française dans une "Lettre aux Français", mise en ligne ce soir.
Mobilisé par la guerre en Ukraine, le Chef de l’Etat aura attendu le dernier moment pour officialiser sa candidature à un second mandat, que les candidats doivent formaliser avant vendredi 18 heures.
A 38 jours du premier tour, Emmanuel Macron va ainsi devenir officiellement Président-candidat et pourra donner le coup d’envoi à une campagne plus que perturbée par le conflit et qui sera l’une des plus courtes jamais effectuée par un président sortant.
L’invasion de l’Ukraine, a-t-il reconnu mercredi soir, dans une allocution télévisée "vient percuter notre vie démocratique et la campagne électorale". Il a assuré que "cette campagne permettra un débat démocratique important pour la nation et ne nous empêchera pas de nous réunir sur l’essentiel".
Cette guerre a aussi un impact sur les sondages; ils montrent qu’elle favorise Emmanuel Macron, jugé par de plus en plus de Français comme un président ayant fait ses preuves.
Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine il y a huit jours, le Président-candidat a gagné plusieurs points dans les intentions de vote, les sondages le donnant à 27-28 %, soit une dizaine de points devant sa rivale d’extrême droite, Marine Le Pen (RN), qui creuse l’écart avec Valérie Pécresse (LR) et Eric Zemmour (Reconquête !). Le 03/03/22.
>Le chômage au plus bas depuis 2008 !
Le timing ne pouvait pas mieux tomber pour Emmanuel Macron. A moins de deux mois de l’élection présidentielle, et à quelques jours de devoir annoncer sa candidature, le Chef de l’Etat peut se targuer d’une conjoncture de l’emploi très favorable.
Au quatrième trimestre 2021, le nombre de chômeurs, au sens du Bureau international du travail, a diminué de 189 000 par rapport aux trois mois précédents, et monte désormais à 2,239 millions, selon les statistiques publiées ce vendredi matin par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).
Le taux de chômage, lui, recule de 0,6 point, à 7,4 %, soit le ratio le plus faible depuis 2008. Cet indicateur est proche de l’objectif qu’Emmanuel Macron s’était fixé au début du quinquennat : redescendre à 7 % en 2022.
"Personne n’imaginait qu’on puisse avoir de tels résultats en sortant d’une des crises économiques les plus graves qu’on ait connues au cours des dernières décennies", a déclaré la Ministre du Travail, Elisabeth Borne, sur France Inter, vantant également un taux de chômage des jeunes au plus bas "depuis près de quarante ans".
"Contrairement à ce que disent toutes les Cassandre, matin, midi et soir, l’économie française se porte très bien", a renchéri son homologue Bruno Le Maire, Ministre de l'Economie et des Finances.
Information "Le Monde", 20 février 2022.
>Emmanuel Macron annonce de nouveaux réacteurs nucléaires !
On peut très bien ne pas être (encore) candidat à sa réélection et prononcer de grands discours stratégiques. Emmanuel Macron était à Belfort, jeudi 10 février, afin d’annoncer son plan pour l’énergie. Il se fonde sur la construction de six nouveaux réacteurs nucléaires, avec une première mise en service en 2035, et des "études" pour huit autres. Il entend aussi prolonger la durée de vie des centrales qui peuvent l’être. "Le monde de demain sera plus électrique", a-t-il dit, notamment du fait du changement de motorisation des véhicules et de la décarbonation de l’économie.
La donne a aussi changé depuis des mois; les énergies fossiles, le pétrole et le gaz, outre qu'elles contribuent largement au réchauffement climatique, sont de plus en plus chères et nous rendent dépendants des sources d'approvisionnement, nous mettent dans la main des pays producteurs, comme la Russie, l'OPEP et les Etats-Unis. L'indépendance énergétique est donc essentielle.
Et les énergies renouvelables ?
Le Chef de l’Etat français n’a pas ignoré les énergies renouvelables, promettant de décupler la capacité solaire d’ici à 2050, à 100 gigawatts, et d’avoir à la même date cinquante parcs éoliens en mer, pour 40 gigawatts. L'objectif est bien un mix énergétique tenable sur la durée.
Le Président français a prévenu que, faute d’atome, les campagnes de France seraient excessivement constellées d’éoliennes et obligées d’importer des énergies carbonées. Le Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (GIEC) le dit: "La transition énergétique a besoin du nucléaire".
Emmanuel Macron avait choisi avec soin l’endroit et le moment. Il a parlé depuis le site de fabrication des turbines Arabelle équipant les centrales nucléaires françaises, vendu en 2015 à l’Américain General Electric, quand il était Ministre de l’Economie. Ce choix lui avait été reproché, d’abord comme un abandon de souveraineté, puis du fait de la suppression de plus d’un millier d’emplois en 2019. La visite a suivi de quelques heures à peine l’annonce par EDF et General Electric du projet de rachat par la compagnie française d’une partie de l’activité nucléaire du géant américain.
C’était donc de bonnes nouvelles pour le patron d’EDF, Jean-Bernard Lévy, qui s’est fait lyrique en prenant la parole devant des employés, le Président et une énorme turbine : "Ça a été l’hiver du nucléaire, avec Fukushima. Ça fait dix, onze ans ; ce sont les premiers printemps qui reviennent".
Reste tout de même, et ce ne sont pas de petits problèmes, l'évaluation des coûts de cette relance du nucléaire, au regard des gains engendrés par le non-recours possible aux énergies carbonées, ainsi que la gestion des déchets nucléaires, en attendant la solution que pourra nous offrir à l'avenir la fusion nucléaire. Le 11 février 2022.
Emmanuel Macron, président et candidat en devenir !
"J’ai déjà dit ce que je pensais des projets, de l’enthousiasme et de l’amour que j’ai pour notre pays. Pour l’instant j’ai l’obsession de la phase aiguë de l’épidémie et que le pic de la crise géopolitique actuelle soit derrière nous. Je ne peux pas raisonnablement expliquer aux Français que je vais m’adonner à ce temps démocratique important, alors que je leur ai dit que je serai président jusqu’au bout et que nous avons une crise à la frontière ukrainienne qui menace notre sécurité collective."
"Ces derniers jours, j’ai eu trois fois Vladimir Poutine au téléphone, deux fois le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Il est possible que je me rende vendredi en Allemagne pour la deuxième fois en dix jours pour un sommet avec le Chancelier allemand et le Président polonais. Et je prendrai d’autres initiatives."
Emmanuel Macron, La Voix du Nord, 02 février 2022.
>Préparons-nous, le compte à rebours a commencé ...
Emmanuel Macron a été élu Président de la République française le 17 mai 2017. Son quinquennat n'a pas été de tout repos. De la révolte des Gilets jaunes à la crise du Covid19, en passant par les grèves contre la réforme des retraites, le temps n'a jamais suspendu son vol pour le locataire de l'Elysée. Il y eu des erreurs de communication, des paroles provocatrices et des fautes de casting. C'est vrai. Mais il y eut aussi de très ombreuses réformes sociales, sociétales et économiques insuffisamment expliquées aux Françaises et Français. Un déficit de pédagogie a marqué les cinq années des gouvernements d'Edouard Philippe et de Jean Castex. Deux faits, non contestables demeurent: la crise sanitaire a été bien gérée, malgré des approximations au début de la pandémie; la reprise économique est là, + 7% de croissance attendus en 2022, selon l'INSEE, et le chômage est en baisse continue depuis l'accession au pouvoir d'Emmanuel Macron. Il y a mis le paquet, avec son "Quoi qu'il en coûte !", qui, il faut le dire, devra, tôt ou tard, faire l'objet d'un plan de retour à l'équilibre des comptes de la nation.
La gauche, Jean-Luc Mélenchon et Anne Hidalgo en tête, tous deux candidats de leur parti à la présidence, France insoumise et Parti socialiste, lui reprochent de ne pas en avoir fait assez, faisant fit, comme d'habitude, de l'équilibre des comptes publics ... Tandis que la droite républicaine, par la voix de sa candidate, Valérie Pécresse, l'accuse "d'avoir cramé la caisse", laissant penser qu'à la place du Chef de l'Etat, elle aurait abandonné sur le bord de la route des dizaines de millions de salariés, des millions d'indépendants et des milliers d'entreprises ... La mauvaise foi et la soif de revanche caractérisent évidemment leurs déclarations politiciennes, ce qui, convenons-en, allège sensiblement la crédibilité de leurs paroles et programmes.
Pendant ce temps, Marine Le Pen se voit doubler sur son extrême droite par un Eric Zemmour toujours plus odieux. L'une tente désormais de rassurer en banalisant un discours qui cache mal tout de même la dangerosité du projet. L'autre laboure les terres fangeuses d'un pétainisme de fond aux allures ... gaullistes. Ces deux-là sont faits pour s'entre-tuer ... à moins que l'un des deux n'en vienne à renoncer à son égotisme électoraliste pour se ranger derrière la bannière du ou de la mieux placé(e) dans les sondages. On peut en douter, ce serait en effet étonnant de la part d'individus formatés pour la filière du chef de meute, et donc très inquiétant; ensemble, à l'heure qu'il est, ne totalisent-ils pas 30% des sondés ? C'est considérable !
Quant aux Ecolos et leur candidat, Yannick Jadot, pourtant en phase avec l'urgence climatique, trop absorbés par des luttes de clans, entre "puristes" radicaux et gouvernementaux compatibles, ils n'arrivent pas à convaincre au-delà des franges sensibilisées à la cause verte.
469.000 personnes se sont inscrites à la Primaire populaire, c'est beaucoup mieux que les primaires Ecolo et des Républicains, qui ont plafonné en dessous des 200.000 électeurs. On peut comprendre la volonté de certains de voir les candidats des gauches se rassembler et stopper la descente aux enfers des déchirements. C'est sans doute sous-estimer l'impact des égos sur la dynamique politicienne, la logique personnaliste de l'élection présidentielle française, où l'incarnation d'une personnalité prime sur le projet, ainsi que des jeux d'appareils qui ne veulent pas mourir. Les organisateurs de la primaire ont choisi de désigner les candidats en lice, sans leur avis et accord, et de convoquer, in fine, Christiane Taubira pour compléter la brochette des candidats. Les électeurs sont appelés, non pas à voter, mais à évaluer les têtes d'affiche. Malgré le succès réel de la participation, autant dire que celle ou celui qui sortira vainqueur(e) de la primaire populaire entamera la campagne électorale avec un certain handicap, non de crédibilité, mais de légitimité ... Il semble que l'opération soit formatée pour Christiane Taubira, déjà responsable, en 2002, de la défaite de Lionel Jospin, lors du premier tour du scrutin présidentiel au profit de Jean-Marie Le Pen et de son retrait de la vie politique. Tout n'est-il pas dit de la soif de la Guyanaise d'exister, quitte à diviser davantage et à faire perdre son camp ?
Il reste la majorité présidentielle composée de La République En Marche (LREM), animée par le peu charismatique "Délégué général", Stanislas Guérini, du Modem centriste, de François Bayrou, du nouveau parti de centre droit, Horizons, d'Edouard Philippe, et du regroupement, plus que discret, du centre gauche de la macronie, Territoire de Progrès, présidé par le Ministre chargé des Comptes publics, Olivier Dussopt, ancien député socialiste, où l'on retrouve également le Ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, ancien Ministre de la Défense de François Hollande, et du Secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Clément Beaune, ancien collaborateur du premier Premier ministre de François Hollande, Jean-Marc Ayrault. Nous l'avons souligné, la majorité sortante macroniste peut faire valoir des résultats économiques et sociaux honorables ainsi qu'un bilan européen positif, avec le généreux plan de relance sous forme de subventions, le Green Deal et la nouvelle frontière d'une souveraineté géo-politique face à la Chine, à la Russie, à l'Inde mais aussi aux Etats-Unis; qui restent cependant, à la lumière des crises sanitaires, diplomatiques et militaires, notre allié stratégique.
Toute la classe politique, la presse, les médias audiovisuels, les réseaux sociaux et l'opinion publique attendent maintenant la déclaration de candidature d'Emmanuel Macron. Celui-ci a laissé entendre à plusieurs reprises qu'il en avait envie, mais que le moment n'était pas encore venu. Il est vrai que dès lors qu'il se déclarera, le Président laissera la place au candidat, ce qui diminuera de facto la hauteur de sa parole et de ses actes. Ses prédécesseurs, Charles de Gaulle, (Georges Pompidou est décédé avant la fin de son premier mandat), Valéry Giscard d'Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy (François Hollande a dû renoncer tant le contexte ne lui était pas favorable) n'étaient pas plus pressés ... Selon nos informations, le Président de la République devrait annoncer sa candidature, par voie de presse et des réseaux sociaux, entre le 12 et le 21 février. Le compte à rebours a donc commencé. Le programme présidentiel 2022/2027 est désormais dans les starting blocks. Nous y reviendrons. Les premier et second tours se tiendront les dimanches 10 et 24 avril prochains. Comme à chaque élection, des événements imprévus risquent de débouler dans la campagne. L'alignement des planètes est aléatoire, parfois favorable, parfois toxique, toujours surprenant. Ce sera passionnant, il est à craindre, violent, mais déterminant pour l'avenir de la France et de l'Europe.
Le 29 janvier 2022.
En attendant, quelques informations ...
Le site qui accueillera la candidature d'Emmanuel Macron est en ligne:
- https://avecvous2022.fr/
Bonne nouvelle ! Dès ce mois de janvier, plusieurs changements continuent à faire entrer l’écologie dans nos vies de tous les jours. Ces nouvelles interdictions et obligations sont des engagements forts pour que notre quotidien s’améliore. Nous agissons pour :
L’interdiction de la destruction des invendus non-alimentaires.
Produire pour détruire c’est terminé ! Les vêtements, produits d’hygiène, appareils électroniques et électriques seront désormais donnés ou recyclés.
La fin des chaudières au fioul et à charbon.
+ d’économie d’énergie, - de pollution !
La fin des emballages plastiques :
- pour une trentaine de fruits et légumes comme les pommes, les bananes ou les carottes ;
- autour des publicités et journaux.
La fin des jouets en plastique dans les menus enfants.
C’est la fin du plastique mais pas des jouets !
L’inscription du logo « Triman » désormais obligatoire sur les produits pouvant être recyclés.
Le logo ainsi que des « infos-tri » claires doivent être visibles pour le consommateur sur les produits concernés !
Ces actions concrètes aident les Français à faire entrer l’écologie dans leur quotidien. En 2022, pour la planète, on continue !
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