Champ & Contre-Champ: L'intérêt d'Israël n'est pas dans le déni ou le repli

                                                                          On peut légitimement se demander jusqu'à quand cette attitude de refus durera-t-elle ?

Perspectives & Prospectives

La résolution 2334, du 23 décembre 2016, du Conseil de sécurité de l'ONU rappelle la nécessité d'une solution à deux Etats au Moyen-Orient. Le bilan lucide et amer qu'a fait John Kerry est une mise en garde au gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu. Le désormais ex-Secrétaire d'Etat américain, dans son discours "testament" de 28 décembre 2016, a notamment déclaré, au sujet de la colonisation massive dans les territoires de Jérusalem-Est et de Cisjordanie, condamnant, ipso facto, la solution à deux États: "Si le choix est celui d'un seul État, Israël peut être un État juif ou un État démocratique. Il ne peut être les deux. Et il ne sera jamais vraiment en paix." Comprenez que si Israël absorbe les territoires palestiniens en renonçant à la création d'un État palestinien à ses côtés, s'il veut rester un État juif, il ne pourra pas offrir aux Israéliens arabes, donc palestiniens, les mêmes droits que les Juifs israéliens, sous peine de diluer la judéité d'israël dans un tout multiculturel et multireligieux indistinct. En ce cas, Israël ne sera plus, comme aujourd'hui, un État de droit. Si il respecte les droits des nouveaux Israéliens arabes, vu leur nombre, alors, il ne pourra plus prétendre à sa judéité historique homogène. C'est l'évidence et le bon sens même. D'où l'importance vitale, pour l'Etat hébreu lui-même et le peuple palestinien, de stopper net le processus de colonisation, de démanteler une grande partie de ces colonies illégales, voire de les échanger contre d'autres territoires, et ainsi de préserver la solution à deux États. On ne peut pas, d'un côté, se réjouir de la résolution de l'ONU qui a permis la création d'Israël, en 1947 et, d'un autre côté, vitupérer contre cette même ONU, dès lors qu'elle condamne, unanimement, la politique de colonisation, il n'y a pas d'autre mot, des ultras nationalistes et des religieux délirants. Il faut tout de même avoir à l'esprit que la Torah est un texte d'une richesse prodigieuse écrit par des êtres humains faillibles, enracinés dans un contexte historique précis. Ce texte demeure un outil de réflexion incontournable pour tous, y compris les Juifs laïques et les non-juifs, et de prières pour les croyants. Mais il n'est pas, en aucun cas, tout le Talmud ne cesse d'en témoigner, à l'instar des illuminés islamistes avec le Coran et les hadiths, un dogme de marbre. Il est vivant et son interprétation évolue avec le temps et les êtres qui l'étudient, qu'ils soient rabbins ou non, hommes ou femmes. C'est pourquoi, nul n'a le droit d'en faire une loi rigide, une sorte d'idéologie religieuse asséchante parce que déshumanisée. "Ne fais pas à l'Autre ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse". La légitimité de l'Etat hébreu est dans la résolution 181 de l'Assemblée générale de l'ONU, du 29 novembre 1947, sur le plan de partage de la Palestine sous mandat britannique, et non dans la Bible, référence spirituelle et culturelle foisonnante et respectable, mais non scientifique et historique, au sens de la relation de faits avérés par l'étude archéologique et historique des sciences humaines. Lire à ce sujet la passionnante étude du grand archéologue, Israel Finkelstein, et de l'historien, Neil Asher Silberman, tous deux israéliens, "La Bible dévoilée".

 

Le peuple palestinien a le droit à l'autodétermination et donc à l'établissement d'un Etat souverain et démocratique. Mais ses éléments extrémistes, comme le Hamas, notamment, doivent renoncer unilatéralement au terrorisme. La reconnaissance d'Israël comme Etat juif est indispensable à toute solution.

 

Peut-on encore rêver, si pas d'une entente, du moins d'une cohabitation pacifique et démocratique entre les deux peuples et, à terme, entre les deux Etats ?

 

Israël paie un lourd tribut au conflit, chaque jour victime d'attaques terroristes individuelles et de lancement de roquettes aveugles depuis Gaza, le Sud-Liban ou la Syrie. Mais sa politique de colonisation, appuyée par la droite et l'extrême droite nationalistes et religieuses, est illégale, aggrave le conflit et reporte sine die toute solution.

 


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