Perspectives & Prospectives: Mon désir d'avenir pour mon école

Perspectives & Prospectives

Fin juin 2017, je partirai à la retraite. J'aurai donné 13 ans de ma vie à l'Athénée Royal Crommelynck de Woluwé-Saint-Pierre. J'y ai enseigné une philosophie morale attachée à la conquête d'autonomie des élèves ainsi qu'à leur libre examen. J'ai tenté de leur transmettre l'ouverture au monde ainsi qu'au questionnement philosophique et spirituel, de les sensibiliser à l'histoire de la philosophie et au fait religieux. Je ne sais pas si j'y ai réussi. Seuls les adultes qu'ils seront demain pourront dire si, dans les choix qu'ils auront à faire, mon enseignement, bienveillant et exigeant, aura porté ses fruits. Dans ma vieillesse, si elle advient, je penserai à eux, aux très nombreux défis planétaires et humanitaires qu'ils auront à relever. Avant que de tourner la page, j'ai voulu laisser une trace, celle d'un désir d'avenir pour mon école. C'est pourquoi, j'ai soumis à sa direction ainsi qu'à mes collègues une réflexion en forme de projet pédagogique. Il s'agit avant tout d'inciter chacune et chacun à s'approprier davantage le devenir d'une école qui, dans le paysage scolaire bruxellois, a toujours eu sa marque de fabrique, celle d'un lieu où le pluri-culturalisme est un bien commun partagé. Ces dernières années, cet établissement a connu un certain déclin et rencontré de nombreuses difficultés. Les inscriptions en 1ère secondaire y ont connu une baisse inquiétante, la diversité sociale et culturelle s'y est appauvrie avec, osons le dire, la diminution sensible des élèves d'origine européenne. La ligne de crête que notre athénée a su tenir longtemps, celle d'un vivre ensemble de personnes d'origines très variées, s'avère aujourd'hui précaire. Si cette tendance devait se confirmer dans les années à venir, nul doute que la ghettoïsation menacerait l'équilibre actuel. Ce serait sans doute la mort programmée d'un lieu de vie pluriel qui recèle un potentiel extraordinaire. C'est donc vers un projet d'établissement repensé et refondé auquel il faut travailler. Lui donner une vraie personnalité, qui lui assure à la fois une singularité marquée au sein de l'offre scolaire générale ainsi qu'une fidélité vigilante aux socles d'excellence fixés par le pouvoir organisateur, voilà ce à quoi j'ai songé. 

 Les enjeux sociétaux de l’enseignement   

 

1. Une responsabilité collective

 

« La fonction première d’une société est d’éduquer,  c’est-à-dire de faire prendre conscience à chacun qu’il peut se choisir un destin et s’efforcer de le réaliser ».    Albert Jacquard.

 

Il incombe à l’école d’élever l’enfant, ce très beau mot de la langue française, non par rapport à une norme sociétale imposée par le pouvoir politique ou académique, mais par rapport à ce qu’il donne à voir et à comprendre en entrant dans le cursus scolaire : handicaps, forces, faiblesses, atouts, potentiel. C’est d’ailleurs pour cela que nous les appelons, l’a-t-on oublié, des élèves.

Un enseignement ambitieux pour tous, sans discrimination d’origine, d’appartenance sociale, de choix religieux et philosophique, garanti par le contrat social, devrait être la clé de voûte de tout Etat de droit.   

Une évidence, qui doit cependant être constamment rappelée aux thuriféraires de l’individualisme forcené comme de l’uniformité généralisée ; les êtres humains sont différents, ce qui devrait les rendre ouverts aux richesses d’autrui ; ils sont aussi semblables, ce qui devrait les rendre égaux entre eux.  

N’est-ce pas à cette double réalité ontologique de l’Homme que toute société démocratique se doit de répondre ?

Lui assurer un cadre de vie qui fait de son épanouissement individuel et collectif sa mission fondamentale, voilà qui pourrait définir l’humaniste qui sommeille en chacun d’entre nous.

Cette exigence démocratique et éthique devrait assurer le lien entre le projet politique sociétal - ses enjeux sociaux, culturels, économiques - et tout corpus pédagogique ancré dans la réalité humaine de la cité.

Est-ce le cas ? Non, évidemment. Dès sa naissance, l’enfant naît avec un bagage plus ou moins maigre, plus ou moins privilégié. La situation sociale de son milieu de vie sera, pas toujours mais souvent, un facteur déterminant de sa construction à venir.

Pour certains, le dénuement familial se traduira par la méconnaissance des diverses voies vers l’ouverture culturelle sur le monde : pas de livres à la maison, d’où absence du plaisir de la lecture, de la découverte de la littérature, de la poèsie ; pas d’accès ou accès non régulé, non maîtrisé à Internet, avec les dérives que l’on connait ; pas de conquête de l’univers de la musique, dans toute sa variété et sa richesse ; pas de fréquentation des mondes du théâtre, de l’opéra, des arts plastiques.

Et même si l’enfant, par son propre désir ou grâce à certains relais extra-familiaux, a pu s’approprier quelque peu l’une ou l’autre de ces pratiques culturelles, si, au sein de la cellule familiale, il n’y a pas ou peu d’usage d’un certain niveau de langage, voire de langue, qui lui permette de traduire en échanges interculturels ses émotions et sentiments, ses impressions et réflexions, alors, il portera au monde plus difficilement qu’un autre son regard singulier et son libre arbitre en gestation.

Les mots sont les outils du langage qui ouvrent, dans leur relation au réel, à la compréhension de la complexité. Ils sont autant de ponts ou de murs qui favorisent ou freinent l’intégration sociale de l’homo sapiens.   

Pour d’autres, tout au contraire, une ouverture quasi naturelle du milieu familial à ces dimensions culturelles, à ces codes de la langue et du langage, qui permettent de bâtir dans le temps un être autonome nourri au sein de la beauté, de l’intelligence et de la curiosité, ouvrira bien des portes à celle et celui qui en a pu bénéficier.

La naissance peut être un lourd handicap qui plombe les uns ou qui porte les autres comme une brise légère.

Un Etat démocratique digne de ce nom a donc l’obligation morale et citoyenne de pallier à cette inégalité, dont on peut affirmer qu’elle n’est pas le fruit de la nécessité mais bien du hasard. Quelle iniquité !

Afin de combler autant que faire ce peut cette injustice liée au sort que nous réserve la loterie humaine – le lieu comme l’espace – il va de soi que notre société ne peut se résoudre à accepter cette situation.

C’est pourquoi, il est si important pour l’Etat et tout un chacun d’être mis devant ses responsabilités.

L’enseignement est-il une priorité ?

Si la réponse est timorée, voire négative, il faudra sans doute se résoudre au dilitement du tissu social, au renoncement au vivre-ensemble dans la sérénité, à la démission de toute ambition véritablement démocratique. Il faudra aussi se résigner à ce que notre Fédération Wallonie-Bruxelles, notre pays, la Belgique, notre continent, l’Europe, soient relégués plus tôt que tard au rôle international et servile d’exécutants.

A défaut d’avoir correctement formé des hommes et des femmes capables de relever les défis majeurs de la modernité, nous aurons échoué quant à une éducation d’excellence pour tous.

En n’assurant pas ou insuffisamment une relève intellectuelle et technique qui puisse trouver sa place dans le village planétaire du XXIème siècle, nous nous privons d’une recherche novatrice, d’un système de santé de qualité, d’une protection sociale de référence, de technologies numériques innovantes au service du progrès de l’humanité et d’industries de pointe créatrices de richesses et d’emplois.

Si la réponse est plus enthousiaste, voire positive, le choix devrait se porter logiquement sur l’investissement dans la matière grise comme dans son prolongement manuel, l’un n’allant pas sans l’autre, dans la mise en place d’un cadre d’enseignement aux objectifs sans complexe.  

Cela a un coût, dont la société tout entière ne peut faire l’économie. Cela signifie la recherche d’un juste équilibre entre les rentrées de l’Etat et ses dépenses.

Cela veut dire plus concrètement que l’impôt, source essentielle mais limitée de revenus de la puissance publique, devra être soupesé à l’aune des fortes attentes liées aux défis pédagogiques présents.

En Fédération Wallonie-Bruxelles, la charge financière de l’enseignement représente à elle seule plus de 75% de son budget global. Celui-ci se monte à un peu moins de 10 milliards d’euros. C’est considérable, si on le compare relativement,en terme d’investissement par tête d’apprenant, aux autres systèmes d’éducation européens.

La question est de savoir si l’on peut faire mieux et plus avec la même enveloppe fermée ou s’il faut permettre, et comment, à l’institution communautaire de sortir de son carcan budgétaire ? Chacun devrait y réfléchir comme citoyen d’une cité peut-être plus solitaire que solidaire.

La transmission aux jeunes générations des savoirs, des savoirs-faire et des savoirs-être, ne peut souffrir d’un traitement différencié. Il y va d’une maison, avec ses fondations, son rez-de-chaussée et ses étages, comme de l’édification d’une personne.

Comment séparer les référents cognitifs, que sont les impératifs de maîtrise des connaissances, dans un monde compétitif en perpétuelle mutation, des valeurs éthiques et morales que sont les nécessités sociétales de liberté, d’égalité et de fraternité ?

En effet, privilégier le modèle inégalitaire élitiste, basé sur de « purs » savoirs, serait trahir le pacte démocratique de l’école de la réussite pour tous (*).

A l’inverse, vouloir imposer un nouveau paradigme pédagogique en recourant unilatéralement à la parcellisation des apprentissages, en saturant l’élève de tâches isolées des sources qui lui donnent sens, serait contreproductif en terme d’excellence pour tous.

 (*) La réussite au sens de « trouver sa voie ».

On prête au Bouddah, Siddhartha Gautama, il y a plus de 2500 ans, la phrase suivante sur la voie du milieu : « Si tu tends trop la corde, elle finit par se rompre. Si tu ne la tends pas assez, elle ne résonne pas ». 

Nous souhaitons à nos ministres de l’enseignement, présents et futurs, qu’ils renoncent aux réformes brutales, bancales, non concertées avec les acteurs de terrain : directions d’écoles, professeurs et parents. Ces réformes qui n’auraient pour but que la marque personnelle ou idéologique de leur passage au pouvoir.

Nous espérons qu’ils ou elles puissent garder mesure en tout. Relever les nombreux défis d’un enseignement bien malade est une nécessité de survie. Rappelons-le, la démocratie a un prix. Encore faut-il le fixer.

Les symptomes de cette maladie sont connus:  échec et décrochage scolaires, inégalités sociales renforcées par l’école elle-même, dérive élitiste ici, tentation de nivellement là, projets pédagogiques chaotiques, financements publics précarisés, concurrence stérile et nocive entre réseaux, délabrement des établissements, démotivation et perte de confiance des enseignants, méfiance et stratégies individualistes des parents.

L’Etat, dans toutes ses composantes, est aujourd’hui face à ses responsabilités. Mais une sortie de crise par le haut ne se trouvera pas sans que tous les acteurs et secteurs de la société n’y prennent leur pleine part.

 

  L’Athénée Royal de Woluwé-Saint-Pierre: le partenaire des élèves et des parents

 

2. L’excellence et l’épanouissement pour tous

 

« Il ne s’agit pas de fabriquer des hommes tous conformes à un modèle, ayant tous appris les mêmes réponses, mais des personnes capables de formuler de nouvelles questions ».                 Albert Jacquard

 

Si la Fédération Wallonie-Bruxelles entend désormais promouvoir un enseignement basé sur l’excellence pour tous, l’Athénée Royal Crommelynck de Woluwé-Saint-Pierre a pour ambition de faire vivre cet objectif démocratique.

Donner à chaque enfant qui nous rejoint l’assurance de suivre un cursus général (et technique de transition *) qui donne tout son poids au mot « humanités ». Avoir la chance d’être accompagné par une épuipe pédagogique formée, motivée et engagée à ses côtés.

L’idée étant de permettre à chacun de nos élèves, par l’encouragement à l’effort régulier et le suivi personnalisé de leur évolution affective et cognitive, de se découvrir, en exprimant, au sein de la communauté éducative, sa voix personnelle et en trouvant, à l’issue de son parcours secondaire, sa voie singulière.

 (*) Voir proposition ci-après sur la création de nouvelles filières.

Tous nos enfants ne sont pas identiques, comme formatés au moule d’un système uniformisant. Si le mode de vie de nos odolescents se ressemble à bien des égards, il n’en reste pas moins que chaque chemin est particulier et que chaque vécu n’a pas la même résonnance dans le cadre scolaire.

La formation et le diplôme qu’ils viennent chercher dans notre école doivent leur assurer le meilleur passeport possible pour l’enseignement supérieur ou pour une orientation professionnelle qualifiante. Par ailleurs, nous sommes conscients qu’ils sont également en attente d’écoute, de conseils et d’expériences de vie.

Tout en maintenant avec obstination la référence au travail et à l’effort dans le parcours des études, Crommelynck accorde une grande importance au vivre-ensemble.

Nous vivons toutes et tous dans un monde globalisé, au sein de sociétés multiculturelles. Bruxelles, région à part entière, capitale de la Belgique et de l’Europe, ainsi que son interland sont un beau symbole de cette internationalisation de nos vies, de cette plongée, parfois difficile, souvent enrichissante, dans les cultures du monde.

S’internationaliser, c’est s’universaliser.

C’est pourquoi, notre projet pédagogique donne la priorité à cette dimension incontournable de la pluriculturalité, source, on ne le dit pas assez, d’enrichissement personnel et collectif.

Direction, professeurs, personnels d’encadrement et ouvrier, élèves sommes engagés pleinement dans les valeurs laïques et démocratiques qui garantissent à chacun de pouvoir vivre sa différence sans confrontation avec la singularité des autres.

Pour et dans notre école, nous revendiquons un projet pédagogique citoyen ; à savoir basé sur les valeurs communes de l’universalité.

Malgré la politique d’égalité des chances voulue par les pouvoirs publics, on ne peut nier que l’offre scolaire à Bruxelles, comme on dit aujourd’hui - comme si les seules lois du marché régissaient désormais notre enseignement - est multiple, voire contrastée.

Dans ce contexte que nous n’avons pas choisi, mais qui est une réalité, Crommelynck entend défendre son originalité, sa personnalité.

Ni école ghetto, où les parcours de relégation s’additionnent malheureusement souvent au sein des mêmes communautés culturelles. Ni école tour d’ivoire, où la politique délibérée de l’entre soi régit la vie d’établissements davantage fermés sur eux-mêmes qu’ouverts sur la société.

Crommelynck n’est ni l’endroit du nivellement ni le lieu de l’élitisme. Crommelynck, c’est à la fois une famille, une communauté et une micro-société.

Comme dans tout groupe humain appelé à partager du temps régulé et de l’espace limité, les relations entre les personnes y sont parfois problématiques. Toutefois, elles sont toujours appelées et rappelées à se vivre dans le strict respect des uns et des autres.

Au cours du cursus scolaire, c’est ce défi d’apprentissage de la démocratie qui va constituer le cadre de vie quotidien de nos élèves. Il n’est pas question d’un simple usage académique, mais bien de tendre à un art de vivre.

Afin de parvenir à tenir les deux bouts de la cohérence de notre projet pédagogique ; à savoir, maintenir les objectifs de réussite scolaire par le recours à des méthodes évolutives, voire innovantes, tout en accordant à la sphère affective de l’élève, à son épanouissement toute l’attention nécessaire, l’équipe pédagogique de Crommelynck sera chaque jour sur le pont, mobilisée aux côtés des élèves.

Ainsi, elle oeuvrera au plus près possible des réalités vécues par chacun. Elle sera un véritable partenaire pour tous. Elle sera certes exgeante quant à l’atteinte des socles de compétences définis par le pouvoir organisateur pour chaque degré d’enseignement, mais elle sera aussi attentive aux difficultés ou handicaps rencontrés dans la situation individuelle de chacun.

L’acquisition des connaissances, qui n’est pas un vilain mot, ne peut se faire sans préalablement mettre en œuvre des tâches didactiques visant, à terme, la maîtrise de compétences multiples identifiées, graduellement plus complexes et évaluées en fin des cycles courts et longs des matières.

Ces évaluations, en fonction du tempo du programme à réaliser, mais aussi selon la situation réelle de chaque classe, seront certificatives ou non. L’idée étant de permettre à l’élève et à ses parents, sans nécessairement recourir à la sanction d’une cotation, de connaître précisément où il se situe dans son parcours scolaire mensuel, trimestriel et annuel, voire bisannuel.

Bien sûr, les évaluations certificatives, entre degrés et en fin d’études secondaires, demeurent obligatoires pour toute mention de réussite et de passage.

Pour l’élève, ce dispositif évaluatif et évolutif, une fois connu et assimilé, avec l’appui d’un suivi continu de ses professeurs, éducateurs et personnel socio-psycho-pédagogique, devra devenir pour lui un véritable monitoring, lui renvoyant une somme d’informations précieuses sur son parcours à Crommelynck.

Pour les parents, par les moyens modernes des technologies de communication et le contact régulier avec l’épuipe pédagogique, ils doivent également pouvoir prendre connaissance de l’évolution du travail et des résultats de leur enfant.

Pouvoir compter sur la disponibilité du corps enseignant, soit via le journal de classe, qui est en fait un journal de bord, soit par mails, soit encore par des rencontres programmées ou sollicitées, voilà qui fera du rapport parents/professeurs un véritable partenariat.

Le but est d’atteindre ensemble la réussite scolaire des enfants et adolescents, non par rapport à une norme punitive et indistincte, mais bien par rapport à la recherche d’un parcours de vie, fruit d’un dialogue quasi permanent entre élèves, parents et professeurs.

Et donc, à plus longue échéance, au terme du cursus des six années du secondaire, l’objectif n’est autre, pour nos rhétoriciens, que l’accès, dans les meilleures conditions possibles, soit au choix des fortes exigences de l’enseignement supérieur, de cycle court ou long, soit au choix d’une solide formation professionnelle ouvrant sur des métiers hautement qualifiés.

En accompagnement des cours généraux, pour les élèves en difficulté, nous souhaitons mettre le paquet sur un programme crédible de remédiation.

Comment ? En tournant le dos aux séances frugales de rattrapage entre deux courants d’air ; en faisant place à des cours de remédiation à part entière, inscrits au sein même de la grille horaire légale de l’établissement.

Nous affirmons que l’urgence est précisément de remédier à ce problème lancinant que représente le décrochage scolaire. Nous le constatons, trop d’élèves renoncent au suivi régulier des cours et aux nécessaires efforts demandés pour des raisons souvent extra-scolaires.

Car nous savons que tous les élèves ne sont pas égaux devant l’institution scolaire. Les handicaps culturels, sociaux, économiques viennent renforcer les difficultés d’apprentissage à l’école. Pire, dans bien des cas, cela a été largement souligné par nombre d’études, l’école, à son tour, peut devenir un facteur supplémentaire d’inégalités.

Certes, il n’appartient pas à celle-ci, tel un Sisyphe contemporain appelé à réparer sans cesse les malheurs du monde, à redresser à elle seule les injustices sociales.

Cependant, il lui incombe d’offrir à chaque famille, quels que soient son niveau social, son origine, sa culture, son appartenance religieuse et ses choix philosophiques, un enseignement humaniste de qualité, conscient des nouveaux challenges qu’impose le monde moderne, et ouvert à la diversité culturelle.

Un autre constat regrettable que nous partageons est celui de l’absence totale de passerelle entre les enseignements primaire et secondaire. Crommelynck a la chance de disposer en son sein de classes maternelles, primaires et secondaires. Pourquoi cette indifférence partagée ?

L’enfant qui vient d’obtenir son CEB, à l’issue de ses six années du cycle primaire, se retrouve sans transition en secondaire, plongé dans un nouveau cadre où les codes, consignes et modus operandi changent complètement.

Les socles de compétences qu’il est sensé avoir atteint n’ont de continuité pédagogiques cohérentes au niveau secondaire que sur le papier. Les évaluations non certificatives à l’entrée de la 1ère secondaire ne sont pas intégrées à un véritable programme commun entre les personnels enseignants des deux niveaux.

Nous proposons donc de créer des plages horaires d’interfaces pédagogiques entre les deux pôles. Sous la conduite des professeurs, les élèves de 1ère S pourraient parrainer les enfants de 6ème P ; des instituteurs et institutrices pourraient venir en classe de 1ère S pour donner des leçons ciblées sur les faiblesses constatées au CEB. A leur tour, les professeurs pourraient procéder à l’évaluation non certificative de ces 1ère S en présence et avec l’appui des institutrices et instituteurs.

L’idée est d’assurer plus harmonieusement le passage entre les deux niveaux scolaires. Elle est de rassurer les élèves, en les emmenant progressivement pendant la 1ère S vers une émancipation affective et une aptitude plus évidente à suivre les cours de « la grande école ».

Aux côtés des cours obligatoires, que sont la langue de la scolarité à Crommelynck, qui est le français, mais pas toujours la langue maternelle ; les langues étrangères; les mathématiques, les approches scientifiques ; désormais, le cours de citoyenneté obligatoire pour tous ; les pratiques artistiques et sportives, les cours à option viennent compléter l’unité pédagogique et s’adapter au profil particulier et motivations spécifiques de chaque élève.

A moyen terme, nous voudrions que Crommelynck offre aux parents et à leurs enfants trois nouvelles possibilités.

La première, il s’agit de mettre en place une filière innovante axée sur les sciences de l’environnement et du climat.

Plus concrètement, au premier degré, en tronc commun, nous proposons, par la création d’un cours faisant appel à la multidisciplinarité, un programme de sensibilisation aux problèmes d’environnement et climatique.

Au deuxième degré, pour la 3ème, toujours en tronc commun, pour la 4ème, en option, cette première approche serait renforcée par une étude du milieu naturel sur le terrain, en laboratoire et en classe.

Au troisème degré, en option, le programme des 5ème et 6ème visera à une formation pré-scientifique ambitieuse, afin de les préparer aux filières universitaires et des Hautes Ecoles des sciences de l’environnement, au sens large du terme.

Inutile de dire que ces filières déjà présentes, comme par exemple, à l’Institut Agronomique de Gembloux (Ulg), à l’avenir, sont appelées à se développer sensiblement dans le monde universitaire, des startups et des entreprises. Elles font et feront de plus en plus appel aux fruits de la recherche appliquée ainsi qu’aux technologies les plus pointues.

Au niveau du secondaire inférieur, sensibiliser tous nos élèves aux problèmes aigus d’environnement et climatiques ne peut plus être aujourd’hui facultatif et annexe. Cette démarche doit pouvoir intégrer pleinement l’offre d’une école comme Crommelynck.

Au niveau du secondaire supérieur, pour celles et ceux qui auront choisi cette orientation, benéficier d’une bonne formation aux méthodes scientifiques qui prépare aux cycles de spécialisation en ce domaine de l’enseignement supérieur, pour ingénieurs ou techniciens qualifiés, voilà qui donnerait à notre école une originalité, une singularité et une image forte dans le bassin bruxellois.  Nous en sommes convaincus.

Dans cette perspective, il serait souhaitable d’adosser Crommelynck avec une université qui offre à ses étudiants la possibilité de choisir un cursus en sciences de l’environnement et développement durable, comme le propose l’ULg à Gembloux Agro-Bio Tech.

Pour la deuxième filière, toujours à moyen terme, il s’agit d’organiser, dans les trois degrés et de manière progressive, un programme axé sur le développement artistique et esthétique devant aboutir, au 3ème degré, à une préparation crédible aux métiers du design.

Ce secteur artisanal et industriel de la création artistique est en pleine expansion en Belgique et dans le monde. Nous possédons, en Fédération Wallonie-Bruxelles, des instituts supérieurs artistiques de grande qualité, voire de prestige. Songeons, entre autres, à La Cambre. Ces Hautes Ecoles sont en demande d’étudiants qui ont déjà un certain bagage artistique, en ce qui concerne notamment l’histoire de l’art, le dessin, l’architecture, la géométrie, les tendances internationales de la création, l’analyse et la connaissance des marchés etc.

Nous voudrions que ce cycle puisse aussi permettre aux plus jeunes, qui n’iront pas jusqu’au terme de cette filière, mais qui suivront un cours en tronc commun, d’être sensibilisés à la curiosité et à la découverte artistique, à la dimension esthétique des arts, à la recherche personnelle du beau, à la libération des émotions et à leur propre expression créatrice.  

Pour ce faire, nous sommes conscients que l’offre actuelle d’un enseignement général à Crommelynck est corsetée par son statut unique. C’est pourquoi, nous proposons d’ouvrir, à terme, une section d’enseignement technique de transition. Celle-ci serait appelée à accueillir les nouveaux cours à orientation artistique et, plus spécifiquement, au niveau du supérieur, la ou les classes de « prépa désign ».

Dans la même logique que pour la filière environnementale, nous proposons pour celle du design d’établir également avec une institution académique de  l’enseignement supérieur orientée sur le secteur artistique, comme l’Ecole nationale supérieure des arts visules de la Cambre, un partenariat rapproché permettant des échanges axés sur les matières enseignées.

La troisième filière permettrait aux élèves des 2ème et 3ème degrés de choisir un cours de troisème langue étrangère non proposé à l’heure actuelle par notre établissement. Il s’agit du mandarin, plus couramment appelé le chinois.

L’évolution économique et sociale, ces dix dernières années, de la République Populaire de Chine a été phénoménale. La place qu’occupe aujourd’hui la Chine dans le concert international des nations est déterminante. Le temps n’est plus seulement aux productions bas de gamme chinoises, tels que les vêtements et autres produits à faible valeur ajoutée.

L’avènement d’une classe moyenne de plusieurs centaines de millions de personnes, à revenus équivalents aux classes moyennes occidentales, annonce l’arrivée en Europe et, par conséquent, en Belgique, d’une masse considérable de touristes – le mouvement est déjà amorcé – qui exigera des pays d’accueil un accompagnement professionnel adapté avec, au cœur du dispositif, la pratique du mandarin.

La chine est désormais présente dans les services, les hautes technologies biomédicales, de communication, de l’information et de l’environnement, de l’automobile classique mais aussi hybride et électrique, de l’aéronautique et de l’aérospatial ainsi que des infrastructures, entre autres, ferroviaires.

L’époque est venue de voir « l’empire du milieu » intensifier considérablement ses activités économiques, militaires et politiques au sein du commerce mondial et de la communauté internationale.

Il ne fait donc aucun doute que les échanges multiples avec ce pays vont connaître, dans un avenir proche, une croissance qui donnera à celle des dernières années une couleur quelque peu délavée.

C’est pourquoi, il nous paraît opportun que notre école s’inscrive le plus rapidement possible dans ce processus dynamique porteur.

Proposer aux élèves du 2ème degré, par un cours à une période, en 3ème, puis à deux périodes/semaine, en 4ème, une démarche transversale de l’étude de l’histoire et de la culture chinoises, en parallèle avec un apprentissage du mandarin, serait une bonne manière de sensibiliser et de motiver nos adolescents à une première approche de la Chine.

Ensuite, au 3ème degré, offrir l’opportunité à nos jeunes d’approfondir leurs connaissances du pays ainsi que de la langue, par l’instauration d’un cours à trois, en 5ème, puis quatre périodes/semaine, en 6ème, leur permettrait ensuite de se lancer dans les filières supérieures économiques, commerciales, d’interprétariat et de traduction, dotés d’un bagage qui pourra faire la différence lors de la recherche d’emploi, à la sortie du parcours universitaire ou des Hautes écoles.  

Pour les filières environnementale et de design, nous proposons aussi la mise en place d’un parrainage/partenariat avec une institution universitaire de traduction et d’interprétariat.  Je songe, par exemple, à l’Université Saint-Louis, qui offre ces formations au sein de sa faculté Marie Haps.

Ces parrainages/partenariats ont deux avantages majeurs. D’une part, de tels accords ouvrent les portes d’échanges multiples axés sur les matières enseignées, au bénéfice des élèves du secondaire et, à terme, de l’établissement supérieur. D’autre part, en ce qui concerne Crommelynck et ses enseignements, ils y gagneraitent en visibilité au sein d’une offre scolaire, qu’on le veuille ou non, de plus en plus concurrentielle.

Par ailleurs, Crommelynck devrait étendre, sans les généraliser, les pratiques pluridisciplinaires des enseignants chaque fois que cela est possible. Il va de soi qu’un professeur de français peut travailler avec un professeur de biologie ; un professeur de mathématiques peut partager ses exercices avec le professeur de physique ou encore d’économie ; comme le professeur de citoyenneté/philosophie pourra croiser son approche du fait religieux ou de l’histoire de la philosophie avec les professeurs d’histoire, de français, voire de langues étrangères.

Crommelynck se veut une école en phase avec le monde et la société. Il s’engage à offrir à ses élèves, dans un environnement agréable, un enseignement d’excellence et d’épanouissement pour tous.

Voilà quelques idées et réalisations qui pourraient redonner vigueur à notre athénée. C’est en lui donnant un projet d’établissement ambitieux et novateur qu’on lui permettra de voir venir.

Afin d’atteindre les objectifs certificatifs de l’école et pour réaliser le projet de vie scolaire et professionnel de chacun, élèves, parents, direction, professeurs et personnels d’encadrement doivent marcher main dans la main. C’est à ce véritable partenariat que nous voulons coucourir chaque jour.

Crommelynck a besoin de rebondir, de sortir de l’anonymat, de l’indifférence, voire de la malveillance. 

S’il ne veut pas mourir, ce que chacun d’entre nous souhaite, il doit pouvoir proposer, au-delà de l’offre actuelle basique, que l’on retrouve indistinctement un peu partout, autre chose. A savoir, une originalité, une marque personnelle pour esprits libres et conquérants.

C’est à ce prix que nous pourrons sauver notre chère école. Car, dans le paysage bruxellois, elle peut et doit avoir sa place, toute sa belle place. 

 

 

 

 


        L'Athénée Royal Crommelynck de Woluwé-St-Pierre

 

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